OÙ EST PASSÉE LA GUERRE?

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1 1,60 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO9881 LUNDI 18 FÉVRIER LA SILVER ECONOMY: LE PAPY BOOM QUI RAPPORTE OÙ EST PASSÉE LA GUERRE? CAHIER CENTRAL Majorité: le grand blues vert STÉPHANE MAHÉ. REUTERS Des soldats français à Bourem, au nord du Mali, hier. PHOTO PASCAL GUYOT. AFP Mali CHRISTOPHE MAOUT ECOFUTUR Faut-il rester dans un gouvernement où l on n obtient rien? Le dilemme rebondit chez EE-LV, qui s estime peu considéré par l exécutif. PAGES Images rares, informations parcellaires Après sa première phase victorieuse, l opération Serval est devenue furtive. PAGES 2 4 Matmos, l electro a de l esprit Le duo américain bouleverse une nouvelle fois son univers sonore avec un huitième album télépathique. PAGES IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,30, Andorre 1,60, Autriche 2,80, Belgique 1,70, Canada 4,50 $, Danemark 27 Kr, DOM 2,40, Espagne 2,30, Etats Unis 5 $, Finlande 2,70, Grande Bretagne 1,80, Grèce 2,70, Irlande 2,40, Israël 20 ILS, Italie 2,30, Luxembourg 1,70, Maroc 17 Dh, Norvège 27 Kr, Pays Bas 2,30, Portugal (cont.) 2,40, Slovénie 2,70, Suède 24 Kr, Suisse 3,20 FS, TOM 420 CFP, Tunisie 2,40 DT, Zone CFA 2 000CFA.

2 2 EVENEMENT ÉDITORIAL Verrouillée, sans images ou presque, l intervention qui se déroule depuis un mois au Sahel reste floue, condamnant les médias à une information parcellaire. Par NICOLAS DEMORAND Contraintes Dans la Chartreuse de Parme, Stendhal décrit magnifiquement Fabrice, courant tous azimuts sur le champ de bataille, le nez tellement collé à l événement Waterloo qu il ne le voit même pas. De la difficulté à raconter la guerre : de trop près, le risque d en capter l horreur sans en saisir la portée ; de trop loin, la vue au mieux sur les grands mouvements mais parfois aussi sur rien du tout. Les journalistes se battent avec ces contradictions, frustrantes et fécondes, dangereuses, parfois mortelles. A elles s ajoutent les contraintes externes : rétention de l information, propagande, manipulations. Regardons froidement la guerre au Mali, ce énième cas d école : les autorités françaises contrôlent de facto le travail journalistique et offrent aux citoyens un récit contrôlé qui ne permet pas l information légitime du pays. Quant au camp d en face, il pratique le terrorisme, soit une forme de violence abjecte, spectaculaire et médiatique usant de la redoutable toxicité des images sur les esprits non violents des démocraties apaisées. Au milieu : des journalistes donc, cibles potentielles, obligés de travailler avec l armée française s ils veulent approcher et dont la simple présence dans une ville malienne peut conduire les jihadistes à y déclencher une offensive Saluer le courage des journalistes français couvrant les grands conflits de la planète et les empêcher de travailler au Mali : une contradiction de laquelle la France doit sortir. Mali: ce conflit qui ne veut pas faire parler de lui Par THOMAS HOFNUNG C inq semaines après le lancement de l opération «Serval», les informations en provenance du Mali sont plus que jamais parcellaires. Pas de black-out total sur ce qui se passe sur le terrain, mais la communication de Paris est réduite au strict minimum, rendant difficile l établissement d un bilan fiable de l intervention française dans le Sahel. OÙ EN EST ON SUR LE PLAN MILITAIRE? La France dispose actuellement de 4000 soldats au Mali, pour l essentiel dans le Nord. L armée est notamment présente à Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit, une localité située dans l extrême-nord du pays, près de la frontière avec l AlDÉCRYPTAGE gérie. Les hommes de l opération Serval sont désormais présents au nord et au sud du massif montagneux de l Adrar des Ifoghas, le sanctuaire «historique» des jihadistes au Mali, où pourraient se trouver les otages français. Paris reste toujours très discret sur Villes reprises par l armée française depuis le 11 janvier ALGÉRIE MALI Adrar des Ifoghas Tessalit Aguelhok REPÈRES 942 m LE CONTEXTE Plus d un mois après le début de la guerre au Mali, il est difficile d en dresser un bilan provisoire. L ENJEU Pourquoi garder secrète une opération qui apparaît plutôt réussie et légitime? les actions en cours, peut-être parce qu elles relèvent de plus en plus de la surveillance et du renseignement que de l opérationnel au sol. Jeudi, lors du point de presse hebdomadaire au ministère de la Défense, le porte-parole de l état-major, le colonel Thierry Burkhard, a évoqué 200 sorties aériennes durant la semaine écoulée, dont une cinquantaine consacrées à des frappes (le reste concerne des vols de reconnaissance et de transport de troupes et de fret). Objectifs visés : des dépôts de carburant, des centres d entraînement, des véhicules ennemis. Mais, dans cette guerre asymétrique où des Rafale se retrouvent à viser des Suite page 4 Après la bataille. A Konna, repris aux islamistes le 26 janvier LA GUERRE AU NORD MALI w Juillet Le MNLA est chassé des grandes villes Kidal MAURITANIE Tombouctou Gao Léré Konna Diabali Douentza Mopti Sévaré SÉNÉG L ESSENTIEL w 17 janvier 2012 Les indépendantistes NIGER Bamako Ségou BURKINA FASO GUINÉE GHANA CÔTE-D IV NIGERIA 300 km touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l Azawad) attaquent l armée malienne. Les islamistes du Mujao, d Ansar ed Dine et d Aqmi s allient au MNLA pour instaurer une république islamique dans le Nord Mali. du Nord Mali par les islamistes. w 10 janvier 2013 L alliance islamiste prend Konna et menace Bamako, la capitale. w 11 janvier Début de l opération Serval. L armée française intervient à Konna et, épau lée par les militaires maliens et tchadiens, entame la reconquête du nord du pays. w 14 janvier Les islamistes évacuent les grandes

3 3 Les relations entre la presse et l armée sont très tendues, chacun renvoyant l autre dans son camp. Médias contre soldats, un duel de guerre lasse L (en haut), et dans Gao libéré, le 27 janvier. PHOTOS ÉRIC GAILLARD.REUTERS ET REUTERS villes du Nord après des bombardements français et prennent Diabali. w 26 janvier Gao est libéré. w 28 janvier Tombouctou est libéré. w 5 février Les forces spéciales françaises contrôlent l aéroport de Kidal et la ville est «sécurisée» par quelque 1800 Tchadiens. w 8 février Après Aguelhok, le 7, les soldats français et tchadiens s emparent de Tessalit. «Pour certains journalistes, rejoindre Gao, c était comme l arrivée d une étape du Tour de France au sommet du Puy-de-Dôme, entre Poulidor et Anquetil.» Une source militaire es images envoyées, depuis l interven- l espoir de rejoindre Kidal, on se défend de tion française, pourraient parfois se ré- filtrer les demandes : «C est un problème de sumer à celles d une prodigieuse avan- places dans les avions et ensuite notre but n est cée vers le Nord. Avec le sentiment donné évidemment pas de contrôler l information, d avoir été produites par l école des beaux- mais d éviter qu un journaliste se fasse tuer sur arts de la guerre et expliquées au journal de le terrain», explique une source militaire. Une 20 heures. Mais le hic, c est que les reporters autre, proche de l armée française, se dit très de guerre cherchent toujours, eux, à fréquen- agacée par des journalistes qui auraient ter l école buissonnière. «Certains comme devanciers les sprinters journalistes, que nous avons transreportage du Tour de France. «La guerre ce portés sur le théâtre des opérations, n est pas une étape cycliste entre alors que nous ne sommes pas des transporteurs Tombouctou et Gao!» s indigne-t-elle, en rede presse, ont le sentiment, dit cette source, grettant que les convois de blindés montant sous couvert d anonymat, de ne pas être libres vers le Nord, quand Gao était en train de de leurs mouvements ou encore de ne pas pou- tomber, aient été doublés par des voitures de voir tourner autant de sujets qu ils le désire- journalistes, comme sur la Grande Boucle, raient.» Et de poursuivre son argumentaire: pour rattraper les éléments précurseurs des «Mais nous avons des images tournées par nous forces maliennes et françaises. à leur disposition. Et c est donc faux de dire Selon un témoignage recueilli auprès d un qu il s agit d une guerre sans images.» Un confrère frotté à ce type d opération, l assaut confrère rentré de Gao la semaine dernière donné contre le commissariat de Gao (le reconnaît que sans l assistance des vols mili- 10 février) aurait mis en lumière le manque taires il n aurait pas eu accès à Gao et que la de sang-froid de certains reporters «qui ont couverture aurait été infiniment plus compli- appelé l armée à l aide». «L armée n est pas quée, ce qui ne l empêche pas de se montrer là pour faire du baby-sitting : ici c est quand lucide : «L armée contrôle évidemment sa même la guerre», s emporte le reporter. propre communication. Elle était enchantée, au Fadaises. Les journalistes maliens, dont le début, d accueillir la presse ; mais beaucoup sentiment patriotique ne saurait être pris en moins dès qu elle se trouve avec 50 personnes défaut, se sont fait remonter les bretelles par leur propre armée. Ils ont été «con«mais nous avons des images tournées voqués» par le ministre de la Défense, Yamoussa Camara, la semaine par nous à [la] disposition [des dernière. Ce dernier leur a passé un journalistes]. Et c est donc faux de dire méchant savon. En substance: vous qu il s agit d une guerre sans images.» écrivez n importe quoi, des fadaises, des calembredaines. Un conun militaire français au Mali frère indigné d avoir été traité de la à gérer et avec des contenus publiés qui risquent sorte s est défendu, une fois l engueulade de lui échapper.» passée: «Nous n avons aucune information séa Bamako, une équipe anglo-saxonne d AP- rieuse de l armée malienne. Les services du mitélévision, qui a patienté toute la semaine nistre ne nous répondent pas. Et, quand il fait un dernière pour un embarquement militaire point presse, il nous humilie et regrette presque vers le Nord, a finalement préféré rentrer à de l avoir organisé. Ce type se fout de nous car, Londres, de guerre lasse. Avec le sentiment, en plus, nous en savons moins qu avant sur ce dit-elle, d avoir été «mise à l écart» et qui se passe dans le Nord.» l amertume de voir les équipes françaises La Misma, force de soutien au Mali, dit voumonter dans les rares avions qui assurent les loir jouer la transparence et organise ainsi un rotations : «Londres se demandait ce qu on «point hebdomadaire», chaque mardi; c est foutait à Bamako depuis une semaine. On leur dire sa volonté vigoureuse et alerte de tenir répétait : demain on part vers le Nord. Puis la presse en haleine. Un officier ivoirien, le après-demain Et ainsi de suite.» colonel Yao Adjoumani, a des réponses rapiun autre «recalé» des vols militaires s en- des et précises comme un swing de boxe. flamme: «Tout cela donne l impression déplai- Non, il ne peut répondre à la question sur le sante d un tri sélectif de l information qui serait nombre de soldats africains déployés. Non, fait à Paris et au seul profit des grands médias, il ne peut dire si le contingent nigérian sera qui joueraient le jeu de l armée.» totalement déployé. Et non de non, il ne peut «Baby sitting». L armée n a jamais caché dire dans quelles villes les soldats seront déson désir de voir sa guerre «contre le terro- ployés. La presse le quitte en disant à mardi risme» faire l ouverture du 20 heures. Et au prochain et en reconnaissant à l officier de PC Serval de Bamako, qui croule chaque jour presse «une cohérence» dans ses réponses. sous les demandes de la presse internationale Envoyé spécial au Mali pour se rendre notamment à Gao et dans JEAN-LOUIS LE TOUZET MÉTIER REPORTER DE GUERRE CE SOIR AU THÉÂTRE DE LA VILLE à 18 heures Patricia Allemonière (TF1) et Jean Pierre Perrin (Libération) viendront partager leur expérience de reporters de guerre lors d un entretien avec Nicolas Demorand. Inscriptions au et sur place (2, place du Châtelet Paris). Entrée: 5.

4 4 EVENEMENT pick-up Toyota, les cibles viennent à manquer. Dans ce contexte, impossible de mesurer l état d affaiblissement réel des jihadistes. Sur le plan financier, le déploiement et le soutien de hommes coûte cher. Le 6 février, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a cité le chiffre de 70 millions d euros. C était il y a dix jours. Suite de la page 2 QUEL EST LE BILAN DES PERTES? L opération Serval reste très largement une guerre sans mort. «Plusieurs centaines» de jihadistes ont été éliminés, a toutefois déclaré Jean-Yves Le Drian, le 5 février. L essentiel de ces pertes a vraisemblablement eu lieu lors des premiers combats à Konna, le 11 janvier, quand les hélicoptères français ont stoppé l offensive des jihadistes sur Sévaré, puis à l occasion des frappes aériennes qui ont surpris l adversaire à Gao et Tombouctou. Mais depuis? L état-major français ne donne aucun bilan. Il y a eu très peu de combats au sol, les jihadistes fuyant généralement avant l arrivée des troupes. Des accrochages ont eu lieu, fin janvier, lors de la prise de Gao, sur le pont qui enjambe le Niger et aux abords de l aéroport, se soldant par une vingtaine de morts. Dans les autres opérations à Tombouctou ou à Diabali, aucune estimation fiable n a pu être avancée. Pour les frappes aériennes, difficile d évaluer le nombre de morts, sinon en se livrant à un calcul aléatoire en extrapolant à partir du ratio véhicule détruit/jihadistes à bord. Côté français, on dénombre 1 mort, le lieutenant Damien Boiteux, touché à bord de son hélicoptère au tout début de l opération. Depuis, les combats auraient fait quelques blessés au sein des forces spéciales, fer de lance de la reconquête des villes du Nord-Mali. Mais tout ce qui relève des forces spéciales est classé «secret défense» (lire ci-contre). Dans les rangs de l armée malienne, pas plus de précision. Ses pertes sont de toute façon limitées : depuis le début de Serval, elle n a guère combattu en première ligne. Le Mali a perdu quelques hommes, début février, avec l explosion d un véhicule sur une mine entre Douentza et Gao, et lors de l attaque surprise, la semaine dernière, des terroristes à Gao. QUEL BILAN HUMANITAIRE? Le nombre de victimes civiles semble a priori très faible. Des envoyés spéciaux ont fait état de blessés dans les bombardements, par exemple à Diabali, au début de la guerre. A Gao et à Tombouctou, les frappes ont visé des bâtiments situés loin du centre-ville. Des exactions ont été signalées pour l essentiel juste après la prise des principales localités du Nord-Mali contre des populations jugées collectivement complices des jihadistes, les Touaregs et les «Arabes». Mais leur nombre reste restreint (quelques dizaines au total), sans doute parce que la plupart des membres de ces communautés avaient pris les devants en fuyant il y a plusieurs semaines ou plus récemment, au début de l opération Serval. ET LES PRISONNIERS DE GUERRE? Là encore, peu d informations ont filtré. Le CICR, qui a demandé aux autorités maliennes l accès aux détenus, a commencé des visites sur place. De son côté, Paris renvoie vers les autorités locales, dont la communication est en la matière proche de zéro. Pourtant, audelà des discours martiaux sur la «liquidation des terroristes» tenus à Paris, l interrogatoire d activistes pouvant donner des renseignements sur les repaires des islamistes, leur organisation interne, voire sur le lieu de détention des otages, est un enjeu stratégique. Les forces françaises et maliennes ont donc tout intérêt à faire des prisonniers. La rétention d informations tient beaucoup au déploiement massif sur le terrain des forces spéciales, les commandos qui agissent en première ligne. La Défense tenue au secret Un combattant touareg du MNLA à Kidal, le 4 février. La ville a été reprise le lendemain. PHOTO REUTERS n pourrait l appeler le «paradoxe Serval». Depuis son lancement, l opération de l armée française au Mali est un succès : fin janvier, elle avait repris en quelques jours le contrôle des principales villes du Nord, sous les vivats d une population terrorisée durant de longs mois par les islamistes. De plus, elle ne déplore qu un seul mort dans ses rangs, et son action n a, jusqu ici, été entachée d aucune bavure (lire ci-contre). Dans ces conditions, on pourrait imaginer que le ministère de la Défense favorise la O publicité de l opération Serval. Il n en est rien. Zones. Depuis le 11 janvier, l état-major des armées délivre les informations au comptegouttes, essentiellement relatives au nombre de sorties aériennes et au déploiement des troupes. Pour des raisons de confidentialité et, donc, de sécurité. Mais ce souci de discrétion est majoré par un fait propre à ce conflit : le recours massif aux forces spéciales, dont Paris ne dit traditionnellement rien, secret défense oblige. Depuis le début des combats, la presse se plaint, non sans raisons, de n avoir pas accès aux zones de combat (lire page 3). Mais les choses ne sont pas si simples. Sur les routes, ce sont les forces maliennes qui bloquent les journalistes, officiellement pour des raisons de sécurité. Paris assure avoir fait pression sur Bamako pour les laisser passer. «Quand un journaliste a accès au terrain, il peut écrire un article positif ou négatif. Si on l empêche d exercer son métier, le papier sera à coup sûr négatif», commente un haut gradé à Paris. Toutefois, nombre de reporters soupçonnent que l ex- puissance coloniale n est pas mécontente de tenir la presse à distance et se garde d exercer une pression trop forte sur son partenaire malien, «maître chez lui», dit-on à Paris. Libres. Pour preuve de sa bonne foi, l armée souligne qu elle a embarqué des journalistes dans ses colonnes de blindés remontant, fin janvier, en direction de Gao et de Tombouctou. Puis, une fois les villes libérées, elle en a transporté d autres en avion, les laissant ensuite libres de leurs mouvements, à leurs risques et périls. Ce souci d ouverture a néanmoins trouvé ses limites à Kidal, où la situation reste tendue. Cette fois, plus de places disponibles dans les avions. Les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l Azawad) ont, en effet, profité de la débandade des jihadistes pour reprendre pied dans cette localité située près du massif de l Adrar des Ifoghas. Or, il y a un an, c est ce même mouvement qui avait déclenché les hostilités dans le Nord-Mali, infligeant une série de défaites cuisantes aux troupes de Bamako. Le MNLA est notamment accusé par les autorités maliennes d avoir massacré plusieurs dizaines de soldats maliens prisonniers au début du conflit. Aujourd hui, les forces françaises et tchadiennes sont présentes à Kidal, mais pas les forces maliennes Pas davantage les journalistes. THOMAS HOFNUNG Le gendarme de l audiovisuel a rappelé France 2 à l ordre pour un reportage. Images de guerre: le CSA est très regardant un coup, elles sont arrivées. D un coup, les images de la guerre, absentes depuis le début de l opération Serval, le 11 janvier, ont fait leur apparition: c était le week-end dernier à l occasion de la contre-offensive islamiste à Gao. Des tirs, des corps morts : la guerre. Jusqu alors, il avait fallu se contenter d images tournées après les batailles, de celles fournies par l armée ou des sujets de journalistes «embedded» parmi les soldats français. Ce dimanche 10 février, aux JT, les envoyés spéciaux de TF1 et France 2 ont pu montrer au plus près les échanges de tirs entre islamistes dans un commissariat, soldats maliens arrosant en vain les moudjahidin et armée française arrivant à grand renfort de blindés. Images toujours soumises au bon vouloir des armées française et malienne qui, entre contrôle et crainte des enlèvements, verrouillent le conflit comme on ne l avait plus vu depuis la première guerre du Golfe. «Vigilance». Le 7 février, d autres images avaient déjà réussi à franchir la barrière de D la Grande muette. C était, dans Envoyé spécial, un reportage d Etienne Huver et Pierre Creisson (Camicas Productions) enquêtant sur les exactions commises par l armée malienne. Les images, accompagnées de l avertissement «déconseillé aux moins de 10 ans», sont rudes, montrant ici un bras déterré, là un puits regorgeant de corps en putréfaction. Rudes certes, mais ce sont les images d un conflit. Et pourtant, alors qu il ne s était pas plaint de l absence d images «libres», c est celles-ci que le Conseil supérieur de l audiovisuel (CSA) a choisi de pointer. Et a mis France 2 «fermement en garde contre le renouvellement de tels manquements». Des manquements? «Des plans répétés et particulièrement insistants sur les corps de personnes décédées, sans analyse correspondante», juge le CSA qui demande de «veiller au respect du principe de dignité humaine». Allant jusqu à réclamer de la «vigilance afin de limiter aux exigences de l information la diffusion d images montrant les victimes des affrontements». L étrange analyse du CSA, qui semble vouloir une guerre sans image de morts, a fait bondir à France 2. La Société des journalistes de la chaîne s interroge : «Peut-on couvrir une guerre, un conflit ou un génocide sans rien montrer? Nous considérons qu il est de notre devoir de ne rien masquer de la réalité.» «Charniers». Thierry Thuillier, le directeur de l info de France Télévisions, n a pas apprécié non plus la remontée de bretelles: «Il faudra, a-t-il pesté auprès de l AFP, qu on nous explique ce qu est une image de guerre qu on ne peut pas diffuser par rapport à celles qu on peut diffuser.» Et de marteler : «Je ne sais pas si avec ce type de démarche de la part du CSA, on aurait pu prendre connaissance [ ] des charniers en Bosnie ou du génocide au Rwanda.» Thuillier a demandé à être entendu par le CSA et l ambiance risque d être tendue : «Je veux savoir exactement si c est une nouvelle doctrine qui nous dit attention ne montrez pas les victimes.» RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS

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6 6 MONDE Arménie,terre d évictions De l achat de voix aux pressions, le chef de l Etat sortant a usé de tous les moyens en vue de la présidentielle d aujourd hui. Par VERONIKA DORMAN Envoyée spéciale à Erevan Pour défier la machine du pouvoir, le Congrès national arménien et Arménie prospère avaient décidé cette fois d unir ne tentative d assassinat leurs forces dans la course présidentielle contre un candidat, un autre autour d un candidat unique. Mais en en grève de la faim et, au fi- vain. «Quand nous avons échoué à former nal, un scrutin présidentiel, un front commun, nous avons pris la très aujourd hui, joué d avance au profit du mauvaise décision de ne pas participer aux président sortant, Serge Sarkissian, du élections, admet le président de la fracparti républicain. «Pour la première fois tion parlementaire du Congrès national, de l histoire de l Arménie postsoviétique, Levon Zourabian. Mais c était un moindre il n y a absolument aucun mal. Il n y avait pas de doute sur les résultats, reconreportage meilleure alternative.» naît d emblée Sergey MinaPour justifier sa défection, syan, politologue à l Institut du Caucase l opposition invoque le refus de particid Erevan. Ce scrutin n est concurrentiel per à un simulacre d élections démoque formellement. En réalité, le candidat cratiques. «Elle boycotte ces élections car du pouvoir n a absolument aucun rival sé- elle ne veut pas partir avec une longueur rieux.» Sarkissian a effectivement fait de retard», explique l analyste politique campagne dans un vide politique puis- David Petrossian, qui décrit le principal que ses plus sérieux concurrents ont outil de falsification utilisé par le pouabandonné la course, à la fin de l année voir dans toutes les élections : de à électeurs inscrits sur les listes électorales «Le pouvoir est aux mains d un ne résident pas en Arménie et groupe qui se place au-dessus n ont légalement pas le droit de des lois.» voter. Néanmoins, ces voix finissent toujours par gonfler les Andreas Ghukasyan scores du pouvoir. «Pour un candidat en grève de la faim pays de 1,1 million d électeurs dernière. Selon Andrei Arachev, de réels, c est énorme, continue Petrosl Institut des études orientales à Mos- sian. Cela annule toute chance pour toute cou, les candidats de l opposition, Ga- réelle concurrence.» gik Tsarukian (Arménie prospère) et Le pouvoir utilise également ses reslevon Ter Petrossian (Congrès national sources administratives. Plusieurs méarménien) se sont retirés pour des rai- thodes sont énumérées par les critiques. sons différentes, mais essentiellement Le «carrousel» : on fait circuler des parce que le pouvoir leur a fait com- groupes de gens de bureau en bureau prendre que leurs chances de gagner pour les faire voter plusieurs fois. Le étaient nulles. pot-de-vin ou l achat du vote, «souvent une proposition que l on ne peut pas refusoulèvement. En 2008, l Arménie ser, surtout en milieu rural pauvre», note avait vécu un soulèvement suite à un Petrossian. Et la simple pression, via ses scrutin jugé frauduleux. Levon Ter-Petrossian, le premier président de l ArREPÈRES ménie postsoviétique, s était vu refuser un second tour contre Serge Sarkissian, alors Premier ministre et candidat du GÉORGIE pouvoir, alors qu il avait rassemblé le AZERBAÏDJAN nombre de voix nécessaires. Il avait ARMÉNIE mobilisé des dizaines de milliers de mahautnifestants, qui n avaient pas quitté la TURQUIE Erevan Karabakh rue pendant dix jours. Les autorités AZ avaient fini par faire fusiller la foule, 50 km tuant dix personnes. «Le pouvoir a tiré IRAN Superf. : km2 Pop : hab. les leçons de 2008 et a fait en sorte de contrôler totalement le processus politi86e sur 187 sur l indicateur de développement humain (Pnud-2011) que», analyse l expert. U supérieurs à l école à l armée, et dans toute administration. «Le pouvoir joue sur le besoin et la pauvreté des gens, ou alors sur leur sentiment de peur», est convaincue Ana Chakhnazarian, 27 ans, une militante de l opposition qui ira en observatrice dans un bureau de vote. «Ils font du porte-à-porte dans les villages, et sont venus proposer drams [18,4 euros] à mon père pour qu il vote comme il faut», s indigne la jeune femme, en rappelant que plus de 30% de la population vit avec moins de deux euros par jour. Affiche du président sortant, Serge Sarkissian, dans une rue d Erevan. Sarkissian est en poste depuis PHOTO DAVID MDZINARRISHVILI. REUTERS SERGE SARKISSIAN Le président arménien sortant, qui brigue à 59 ans un deuxième mandat, est natif du Karabakh, région sépa ratiste d Azerbaïdjan passée sous contrôle arménien après la guerre de Ex chef des forces sépara tistes de sa région natale, il se dit prêt à combattre à nouveau l Azerbaïdjan, tout en affirmant privilégier les négociations. Ministre de la Défense, puis Premier ministre, il fut élu président en 2008 après un scrutin controversé et marqué par de sanglants affrontements. A quelques pas de là, au pied de l Académie des sciences, sous une tente de fortune, le candidat Andreas Ghukasyan en est à son 27e jour de grève de la faim. «Depuis l indépendance, le principe d égalité des droits ne s est pas affirmé dans notre société. C est une oligarchie, le pouvoir est aux mains d un groupe qui se place au-dessus des lois et contrôle, sans partage, les ressources politiques et économiques du pays», explique le politologue. BALLE. Il n est pas le seul outsider à faire parler de lui : Paruyr Hayrikyan, 63 ans, a, lui, reçu une balle à l épaule, le 31 janvier, lors d une tentative d assassinat. Les experts sont convaincus que les taux de participation seront bas, vu l absence d alternative. Le pouvoir pourrait même, cette fois-ci, se payer des élections plutôt honnêtes. Mais ce serait compter sans l ascension du candidat Raffi Hovanessian, qui a fait une campagne fulgurante. Il serait même favori dans les grandes villes. Contestant les pronostics des fatalistes, Hovanessian est convaincu que l Arménie est à l orée d une «révolution électorale».

7 MONDEXPRESSO «Une surexposition des activités de renseignements et de sécurité peut porter gravement atteinte à la sécurité de l Etat. Dans toute discussion, il ne faut donc pas mépriser nos intérêts de sécurité.» Par ANNE FRANÇOISE HIVERT La Suède débordée par l afflux de réfugiés syriens Nicos Anastasiades, candi dat du principal parti de droite, a remporté hier l élection présidentielle de Chypre dès le premier tour. Crédité de 51,1% des voix, il devance largement son principal rival, Stavros Malas (27,3%), soutenu par les communistes d Akel, le parti du président sortant, Demetris Christofias. Pour la première fois dans l his toire de ce pays divisé depuis la guerre de 1974, l élection s est jouée sur les solutions à apporter à la profonde récession écono mique que connaît le pays, et non sur la question des relations entre Chypriotes grecs et turcs. Anasta siades, 66 ans, chef du parti Disy, s est dit déterminé à obtenir un plan de sauve tage international, même au prix d une grande austé rité. Plombé par la dette grecque, le pays a besoin de 17 milliards d euros d aide. PHOTO REUTERS e ministre suédois des Migrations, Tobias Billström, a osé le mot qui fâche : évoquant l afflux record de demandeurs d asile en Suède, il a annoncé une réflexion sur les «volumes». Car, selon lui, la situation «n est plus tenable». Les communes, chargées d intégrer les nouveaux arrivants, ne parviennent plus à faire face. L an dernier, la Suède a enregistré demandes d asile, soit deux fois plus que durant l année 2011, faisant du royaume de 9 millions d habitants le troisième pays d accueil en Europe, après l Allemagne (64 500) et la France (61 200). L Manifestants d Ennahda sur l avenue Bourguiba, samedi à Tunis. PHOTO GIANLUIGI GUERCIA. AFP CHYPRE : NICOS ANASTASIADES ÉLU PRÉSIDENT 7 VU DE STOCKHOLM Benyamin Nétanyahou Premier ministre israélien, hier, suite à la mort d un juif australien détenu sous une fausse identité LES GENS Ennahdaentend semaintenirparlarue TUNISIE Le parti islamiste a tenté de mobiliser, samedi à Tunis, pour contrer le Premier ministre. ombien étaient-ils, samedi, à manifester sur l avenue Bourguiba, à Tunis? Environ , d après les premières estimations faites depuis les toits? 16000, comme l a annoncé le ministère de l Intérieur? , comme il l a finalement prétendu? Pour le deuxième samedi consécutif, les partisans d Ennahda ont voulu faire masse pour soutenir le mouvement islamiste, en proie aux difficultés: cloué au pilori après l assassinat de l opposant Chokri Belaïd, traversé de profondes divisions, il est aussi critiqué pour son incapacité à sortir le pays de la crise. Cette fois, Ennahda a déployé les grands moyens : une scène a été montée sur le parterre central, des tours d enceintes disposées le long de l avenue. Cars et minibus ont afflué de tout le pays. Les Ligues de protection de la ré- C volution et le Front de la réforme, principal parti salafiste légalisé, ont joué les renforts. Les manifestants ont crié leur colère contre les «médias de la honte», accusés de comploter pour renverser le régime, la «contre-révolution» et la France. «Le peuple veut un Ennahda de fer» et «l application de la charia», a revendiqué la foule. Le principal mot d ordre restait le «soutien à la légitimité». «Je suis venu pour montrer qu Ennahda est fort avec ses partisans et que rien ne peut se faire sans nous», plaide Abdelkader Ghenim, venu de Sidi Bouzid. «Le peuple a choisi d être gouverné par des politiciens», ajoute Hichem Larayedh, un cadre des Jeunesses d Ennahda, qui défend l option d une nouvelle coalition de partis politiques. Ce qui irait à l encontre de la proposition du Premier ministre, Hamadi Jebali, le numéro 2 d Ennahda, qui s est affranchi des pressions de son parti pour tenter de former un exécutif de technocrates apolitiques. «Ce qui équivaut à un coup d Etat contre le gouvernement élu», a répliqué depuis une estrade le numéro 1, Rached Ghannouchi. A ses côtés, d autres figures de l aile dure: Habib Ellouze et le prédicateur salafiste Béchir ben Hassen. De quoi peser sur la position officielle du parti? Réunie hier pour la première fois depuis l assassinat de Belaïd, la choura, l assemblée décisionnelle d Ennahda, devait émettre un avis définitif sur la proposition de Jebali. Le Premier ministre a, lui, repoussé son ultimatum. Un compromis pourrait se dégager, pour un gouvernement de politiques et de technocrates. De notre correspondante à Tunis ÉLODIE AUFFRAY RETOUR SUR LA VAGUE D ATTAQUES ANTI CHIITES DANS LE PAYS A Un nouvel attentat fait 81 morts au Pakistan La communauté chiite a été une nouvelle fois victime d un grave attentat à la bombe au Pakistan qui a fait 81 morts et 178 blessés, samedi à Quetta, dans le sud-ouest du pays. Et cela un mois à peine après une série d attentats anti-chiites dans la même ville ayant fait plus de 90 morts et revendiqués eux aussi par le mouvement suprémaciste sunnite Lashkar- e-jhangvi. Depuis le début de l année, les attentats anti-chiites ont déjà fait près de 200 morts, contre 400 en 2012, qui était déjà, selon Human Rights Watch, l année la plus meurtrière pour les chiites. La communauté chiite, qui constitue environ 20% des 180 millions de musulmans du pays, ne cache pas sa colère. Azizullah Hazara, le président du Parti démocratique Hazara, une petite formation représentant les chiites de l ethnie hazara, aussi présente en Iran et en Afghanistan, a donné dimanche un ultimatum de quarante-huit heures aux autorités pour lancer une opération ciblée contre les suprémacistes sunnites, sans quoi il allait appeler à une forte mobilisation dans la rue. Un chiffre qui devrait encore augmenter cette année, selon l Agence des migrations, surtout si la situation en Syrie ne se stabilise pas. Car la Suède est aujourd hui la première destination d asile des réfugiés syriens en Europe. Plus d un millier déjà sont arrivés au mois de janvier. Contrairement à de nombreuses capitales européennes, Stockholm a décidé en juin de leur accorder systématiquement l asile. Résultat: leur nombre a progressé de 450% sur les six derniers mois de l année. Mais si une majorité des parlementaires est favorable à la politique d asile menée par le gouvernement de centre droit, fidèle à la tradition d accueil du pays, les élus locaux sont beaucoup plus réservés. Un tiers des conseillers municipaux du Parti IRAK Une série d attentats à la voiture piégée a visé hier des quartiers à majorité chiite de Bagdad, faisant au moins quinze morts. RUSSIE Les fragments du météorite dont l onde de choc a fait plus d un millier de blessés, vendredi dans l Oural, étaient toujours introuvables hier. VATICAN Des dizaines de milliers de fidèles sont venus assister hier à l avant-dernier angélus du pape Benoît XVI avant sa démission, prévue le 28 février. NIGERIA Sept étrangers, employés d une société de construction libanaise, ont du rassemblement modéré (droite), dirigé par le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, souhaite par exemple un durcissement de la politique de l asile. L Agence des migrations, de son côté, tire la sonnette d alarme : dans un rapport publié début février, elle affirme que «la capacité des communes à accueillir de nouveaux arrivants ne devrait pas suffire». D ici la fin de l année, les municipalités suédoises vont devoir trouver un toit à près de personnes, puis leur proposer un programme d intégration, des cours de langue, les aider dans la recherche d un emploi Faute de place, de plus en plus de réfugiés ayant obtenu l asile se retrouvent coincés dans des centres d hébergement d urgence. Pour faire face à l afflux, plusieurs nouvelles unités ont été ouvertes l an dernier. Sans que cela suffise. A un an et demi des législatives, le Premier ministre a fait savoir qu il ne cautionnait pas les propos de son ministre des Migrations, critiqué par la quasi-totalité de la classe politique. Mais il s interroge : «Peut-on, au même niveau de qualité, continuer à faire de l espace pour les gens qui arrivent en Suède?» Jimmie Akesson, le leader des Démocrates de Suède (extrême droite), lui, accuse la majorité de le «plagier». Sans se plaindre pour autant : son parti est en pleine ascension dans les sondages. été enlevés hier à Jama, dans le nord du Nigeria, par des assaillants qui ont tué un garde. ÉGYPTE Des milliers de manifestants à Port-Saïd ont évacué les employés de bâtiments officiels, appelant à la désobéissance civile et réclamant justice pour les dizaines de personnes tuées le mois dernier. SYRIE Le médiateur de l ONU pour la Syrie, l Algérien Lakhdar Brahimi, a suggéré hier au Caire qu un dialogue entre l opposition et une délégation «acceptable» du régime de Damas se tienne sous l égide de l ONU.

8 8 MONDE savent sûrement pas ce que veut dire le mot démocratie», confie-t-elle, désespérée devant l ampleur de sa tâche. Pourtant, au siège de la Fawu, son secrétaire général, Katishi Masemola, se veut optimiste. Les grèves du mois de janvier, dans la région du Cap, se sont rapidement multipliées. «Grâce aux portables et aux radios, les ouvriers agricoles ont su que leurs camarades se battent de l autre côté du pays», précise-t-il. Si son syndicat a appelé à la fin de la grève, lui espère que ces événements vont mener les fermiers à la table des négociations. Des travailleurs agricoles en grève, sur l autoroute reliant Le Cap à Johannesburg, le 9 janvier. PHOTO MIKE HUTCHINGS. REUTERS EnAfriqueduSud,larévolte desexploitésagricoles Faiblesse des salaires, conditions de vie: les grèves se multiplient dans les fermes. Par SOPHIE BOUILLON Correspondante à Johannesburg T Seuls 6% à 9% des travailleurs sont syndiqués. Cela n empêche pas les grèves, qui se multiplient dans les campagnes depuis le début de l année. Aussi le gouvernement a-t-il décidé, le 4 février, de porter leur salaire minimum à 105 rands (9 euros) par jour, une hausse de 55%. ous les week-ends, Pulane Maine, déléguée syndicale, attend sur le bord des routes que les travailleurs agricoles sortent enfin de leur ferme. Pour leur faire connaître leurs droits et les convaincre de s affilier à son syndicat, la Fawu «LICENCIEMENTS». Cette nouvelle (Food and Allied Workers Union). réglementation a déclenché de vi«j aimerais bien rencontrer ces ves réactions chez les propriétaires ouvriers-là, souffle-t-elle, les yeux agricoles. Dawie Maree, éconorivés sur une immenmiste pour l associasité de champs de maïs. tion Agri SA, voit déjà REPORTAGE Mais je ne vois pas leurs «une perte de revenus habitations. Ils doivent vivre trop loin pour les fermiers, qui peut conduire de la route» L Afrique du Sud à de nombreux licenciements. Avec compte ouvriers agricoles l augmentation des prix de l élecpour exploitations. Le sec- tricité, du carburant et de l eau, teur est le plus gros employeur du beaucoup vont devoir mettre la clé pays, mais aussi le plus opaque. sous la porte». BOTSWANA LIMPOPO Pretoria NAMIBIE NAMIB Johannesburg AFRIQUE DU SUD Le Cap MOZAMBIQUE REPÈRES Océan Indien 400 km Pulane Maine a rendez-vous dans une ferme où on cultive des champignons, à 70 kilomètres de Johannesburg. Il a fallu attendre l obscurité pour rejoindre les ouvriers. «Le fermier peut appeler la police car nous sommes sur sa propriété», bien gagnez-vous désormais?» demande le leader autoproclamé du groupe. Joyce, timide, prend la parole: «On reçoit 200 rands de salaire fixe par semaine, plus un bonus en fonction de la récolte.» Combien par kilo? «Je ne sais pas. Le manager nous donne de l argent mais il ne dit pas le L ANC au pouvoir, déjà empêtré nombre de kilos ramasdans ses vaines promesses de sés.» Chaque mois, redistribution des terres, a laissé Joyce gagne environ la situation pourrir jusqu aux rands. Ses collègues réclament grèves du début d année rands. «C est prévient-elle en dévalant les sept beaucoup trop! s insurge Joyce. Le kilomètres de piste qui mènent patron ne voudra jamais.» aux baraques. Une cinquantaine Devant des regards perplexes, Pud ouvriers sont déjà réunis. Lorsque lane explique ensuite ce que signifie Pulane les a «trouvés», il y a à peine congé maternité, heures supplédeux ans, les salaires les plus bas ne mentaires ou pensions de retraite, dépassaient pas les 40 rands par tous ces droits censés être acquis jour. «Camarades cueilleurs! Com- depuis la fin de l apartheid. «Ils ne UN PAYS INÉGALITAIRE L Afrique du Sud est, avec la Namibie voisine, le pays le plus inégalitaire au monde. La pauvreté touche plus d un habitant sur trois fermiers blancs contrôlent 80% des terres vouées à l agricul ture commerciale. 105 rands (soit 9 euros), ce devrait être le salaire minimum quotidien des travailleurs agricoles à partir du 1er mars (contre 69 aujourd hui). REDISTRIBUTION. Depuis 1994, le dialogue est difficile entre les syndicats, le ministère de l Agriculture et Agri SA. Concernant les droits des travailleurs, Dawie Maree désigne le gouvernement comme «responsable» de l application de la loi. L ANC (African National Congress, parti au pouvoir), déjà empêtré dans ses vaines promesses de redistribution des terres, a laissé la situation pourrir jusqu aux grèves du début d année. «On craint un nouveau Marikana [grèves meurtrières dans le secteur minier en août, ndlr], explique Katishi Masemola. Bientôt on ne pourra plus contrôler les frustrations.» Premier pas vers les réformes, 80 fermiers du Limpopo, une province du Nord, ont contacté le syndicat pour des négociations salariales. Mais, dans la ferme aux champignons, on n ose même pas rêver de faire appliquer la loi. Sunny Boy travaille comme ouvrier agricole depuis plus de vingt ans. Avec 150 autres personnes, il vit sur les terres du «master». Ils ont quelques robinets, l électricité, mais, en guise de toilettes, un trou à l odeur pestilentielle. Les huttes mises à leur disposition sont tellement petites qu elles ne peuvent contenir qu un lit simple et quelques bassines. Les murs et le toit sont en contreplaqué, des plaques de bois moisies par l humidité. «Le toit s est effondré il y a six mois, raconte Sunny Boy. Mon fils dormait dessous. Quand je suis allé le dire au patron, il m a répondu que ma famille n avait rien à faire là. Que j étais là pour travailler, pas pour m occuper de mes enfants.» Contactée par Libération, la direction a refusé tout commentaire. A 22 heures, Pulane décide de partir. Pour la remercier, les ouvriers entonnent des chants de la révolution, le poing gauche levé. Ils hurlent «le pouvoir au peuple», au risque de se faire entendre par le «master». «Tant pis! s emporte Sunny. Ils peuvent nous insulter, nous menacer, mais on sait maintenant qu ils ne pourront pas nous tuer.» «Les représentants des propriétaires ont fait preuve de racisme à peine caché et d arrogance blanche.» Nosey Pieterse du syndicat des travailleurs agricoles

9 VENDREDI 22 FÉVRIER Quelles priorités pour les mobilités de demain? 17h-18h30 Jean Paul Huchon président de la région Ile-de-France Guillaume Pepy président de SNCF Ville intelligente? 17h-18h30 Bruno Marzloff sociologue Philippe Gargov géographe Catherine Peyge maire de Bobigny Comment réconcilier la police et les quartiers populaires? 18h30-20h Daniel Vaillant maire du XVIIIe arrondissement, ancien ministre de l Intérieur Bruno Beschizza conseiller régional d Ile-de-France Sihame Assbague porte-parole du collectif Stop le contrôle au faciès Ian Brossat président du groupe PCF-PG au conseil de Paris SAMEDI 23 FÉVRIER > Concert avec Disiz, Nakk Comment la mobilité façonne- Mendosa, L indis 13h15-14h15 En coproduction avec Canal 93. t-elle la ville? 10h-11h30 Jean Marie Duthilleul architecte, ingénieur Une heure avec 14h30-15h30 en chef de la SNCF Douwe Jan Joustra architecte néerlandais Emmanuelle Cosse vice-présidente du conseil Une heure avec Jan Gehl, urbaniste danois, auteur de Pour des villes à l échelle humaine. régional d Ile-de-France, chargée du logement Ile-de-France: villes riches contre villes pauvres? 14h30-16h Périurbain: mobilité forcée ou mobilité choisie? 10h-11h30 Martine Berger géographe Luc Gwiazdzinski géographe Alain Amedro vice-président de la région Ile-de-France en charge de l aménagement Le bobo, menace ou chance pour les quartiers populaires? 11h30-13h Dominique Voynet maire de Montreuil-sous-Bois Stéphanie Vermeersch chargée de recherche au CNRS Ville et voiture, la fin? 18h30-20h Pierre Laurent sénateur de Paris, secrétaire nationale, ancien adjoint aux transports à la mairie de Paris Thierry Viadieu directeur du programme Nouvelle Mobilité de Renault Alain Meyere directeur du département Mobilité et transport à l IAU Banlieues, comment activer l ascenseur social? 11h30-13h Denis Baupin vice-président de l Assemblée > Retrouvez également une perfortmance de graffeurs avec Marko93, toute la journée du samedi En partenariat avec national du PCF Saïd Hammouche directeur de Mozaïk RH Xavier Lemoine maire de Montfermeil Youness Bourimech fondateur de Be Clean Hapsatou Sy entrepreneure et chroniqueuse TV L entreprise peut-elle changer la ville? 11h30-13h Chantal Jouanno sénatrice de Paris Stéphane Troussel président du conseil général de Seine-Saint-Denis A qui appartient la rue? 14h30-16h Nicolas Soulier architecte et urbaniste Jean Yves Chapuis vice-président de RennesMétropole chargé des formes urbaines C215 artiste urbain Logement, quelle priorité pour les Franciliens? 16h-17h30 Cécile Duflot ministre de l Egalité des Territoires et du Logement Benoist Apparu député de la 4e circonscription de la Marne et ancien ministre chargé du logement Diversité en politique, comment briser le plafond de verre? 16h30-18h Catherine Wihtol de Wenden sociologue, directrice de recherche au CNRS Naïma Charaï présidente de l Acsé Mohamed Mechmache président de l association AC le feu Catherine Barbaroux présidente de l Adie Patrick Braouezec président de Plaine commune Ralentir? 16h30-18h et ancien maire de Saint-Denis Gilbert Coulombel directeur du Réseau du bassin parisien BNP Paribas est à nous Paul Ariès politologue, rédacteur en chef de la Vie Martine Billard coprésidente du Parti de gauche

10 10 FRANCE Bien que satisfaits du bilan de leurs ministres, les responsables d EE-LV ne cachent plus leur impatience face au manque de «respect» des socialistes. Par LILIAN ALEMAGNA A u moment du café dans un restaurant italien, le chef des écologistes, Pascal Durand, résume en une phrase le désarroi de ses troupes : «On est dans l espérance du changement et la désespérance de ne pas donner les moyens à la société française de se changer.» Comme nombre de responsables d Europe Ecologie - les Verts (EE-LV), Durand ne cache plus son agacement: «L écologie n est pas respectée en actes.» MORAL. La complainte des écolo- Cécile Duflot, ministre du Logement, et Pascal Durand, secrétaire national d EE LV, lors d une soirée débat à Paris, le 29 janvier. PHOTO LAURENT TROUDE gistes n est pas nouvelle. Depuis l entrée de leurs deux ministres au gouvernement Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin au Développement, la température entre eux et les socialistes est montée à intervalles réguliers : gaz de schiste, aéroport de Notre-Damedes-Landes et surtout, en septembre, lorsqu EE-LV a décidé de ne pas ratifier le traité budgétaire européen Depuis, le thermomètre était bien redescendu, mais le dépiautage, fin janvier à l Assemblée nationale, de leur proposition de loi sur les ondes électromagnétiques leur a remis un coup au moral. et l éolien». Les gaz de schiste Je ne comprends pas», poursuit cialistes de faire leur aggiorna- vine?» Même le chef des députés «On sent que l écologie n est pas la aussi: «L arbitrage rendu par le Pré- l eurodéputé Yannick Jadot. Même mento écolo. «Pourquoi la ministre s y met: «Je m interroge sur le poids priorité du gouvernement», regrette sident est une victoire pour nous! as- constat chez la députée du Val-de- de l Ecologie [Delphine Batho, ndlr] de la ministre de l Ecologie dans ce François de Rugy, coprésident du sure Pascal Canfin. Ne confondons Marne Laurence Abeille : «Le ré- n est-elle pas intervenue dans les gouvernement, dit François de groupe écologiste à l Assemblée. pas les déclarations de quelques-uns, flexe est d abord : Sauvons l em- médias lorsque sa collègue [Fleur Rugy. Elle se fait très discrète alors «On ne s attendait pas à grand- comme Arnaud Montebourg, avec les ploi. Mais le rôle des politiques est Pellerin] a attaqué l application du qu il y a des ministres résistants à chose, enchaîne son collèarbitrages rendus.» Soit principe de précau- tout changement écologiste qui n hégue, Sergio Coronado. Mais, tion en parlant de sitent pas à se faire entendre.» RÉCIT aucun permis d exploitation «On a un rendez-vous très clair malgré l éclaircie du discours délivré tant que la technique à l automne avec la fiscalité peurs irrationnel- «Delphine veut montrer que c est une de Hollande à la conférence environ- en restera à la fracturation hydrau- écologique et les conclusions du les?» interroge élève sérieuse et bûcheuse, mais elle nementale et le bon travail de nos mi- lique. «C est la ligne rouge. Ils l ont n est pas faite pour ça», insiste Serdébat sur la transition énergétique.» Durand. nistres, il n y a pas de cap fixé.» «Il compris», souligne Sergio CoroJusqu ici épargnée gio Coronado, qui l a connue du serait temps de passer à la vitesse nado. Pascal Canfin ministre du Développement par les responsables temps où ils militaient ensemble à supérieure», demande Christophe Au-delà? «Dans l industrie, on reste EE-LV, la ministre SOS Racisme. Canfin, son collègue Cavard, autre député EE-LV. Dans dans des logiques anciennes, soupire aussi de voir comment on opère la re- de l Ecologie s attire de vertes criti- au gouvernement, la défend : la colonne «plus» des mesures du Pascal Durand. Ils n ont rien compris conversion de l outil industriel en ques : «La quoi?» plaisante un élu «C est structurellement une alliée. gouvernement en faveur de l envi- à la logique du changement de mo- France. Sinon on va tout perdre!» En écologiste. «Ce ministère n est pas Son bilan, c est notre bilan.» Du ronnement, les écologistes placent dèle.» «Plus on est au fond de la ligne de mire des écologistes : «les habité, poursuit-il. Pourquoi ne l en- coup, alors qu ils avaient valorisé des «avancées sur le photovoltaïque crise, plus on investit dans le passé lobbies». Qui empêcheraient les so- tend-on presque pas sur la viande bo- le fait de ne pas être cantonnés à Unvertgouvernementalà moitiévidepourlesécolos

11 FRANCE REPÈRES LES DOSSIERS QUI FÂCHENT 11 La ministre a dit «ne rien exclure» pour les municipales. A Paris, Duflot ou du flanc? w La construction de l aéro port de Notre Dame des Landes au nord de Nantes, fief du Premier ministre. w Les incertitudes sur la sor tie du nucléaire promise par le candidat Hollande, depuis le report de la fermeture de Fessenheim à w L exploitation des gaz de schiste au sujet de laquelle François Hollande a précisé que la recherche de techni ques alternatives à la fractura tion hydraulique continuait. L Office parlementaire d éva luation des choix scientifiques et technologiques travaille en ce sens. w La ligne à grande vitesse Lyon Turin et ses dommages collatéraux pour l environne ment. «Je pense que les Parisiens attendent autre chose que la précipitation sur les prochaines élections.» Cécile Duflot la ministre EE LV du Logement, hier, dans le JDD Europe Ecologie les Verts compte 17 députés, 12 séna teurs, 16 eurodéputés et deux ministres: Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement). l écologie, les responsables d EE-LV réfléchissent à récupérer le portefeuille dans un prochain remaniement. «Mais on est lucide, dit Durand, François Hollande ne va pas nous donner la gestion de l énergie en France.» Malgré ces difficultés, pas question pour autant de remettre en cause pour l instant la participation au gouvernement. «On a un rendezvous très clair à l automne avec la fiscalité écologique dans la loi de finances et les conclusions du débat sur la transition énergétique, avance Canfin. Ce sont deux marqueurs qui permettront de juger de l ambition structurelle du gouvernement en matière d écologie.» «On verra la vérité des prix à ce moment-là», prévient Jean-Vincent Placé, le patron des sénateurs EE-LV. «On est au milieu du gué», ajoute son collègue de Loire-Atlantique, Ronan Dantec. Jadot prévient : «Si on est à quatre fermetures de réacteurs en 2025, ce sera un problème. A un moment donné, ça ne sert à rien d être dedans si tu n obtiens rien.» Pascal Durand est plus sceptique sur le bénéfice politique d un départ : «Si on quitte la table, on perd toute capacité à être entendus. Après, c est sûr qu on n est pas à l aise dedans» «COUPLE». Mais même François de Rugy, pourtant réputé pour calmer les tensions avec le PS, se met à évoquer un départ : «On ne va pas faire un mandat complet en se contentant de suivre le mouvement.» En attendant l automne, dit Canfin, il faut gérer la «phase rationnelle du couple» avec les socialistes: «Nous avons besoin d une instance de dialogue, d échange dans la majorité pour prévoir les difficultés, les risques de clash et d incompréhensions en amont.» Surtout qu aux beaux jours les affrontements sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes risquent de reprendre : «Que va-t-il se passer au printemps quand les jeunes vont venir planter leurs tentes?» interroge Jadot. Les écologistes craignent également de voir la loi sur le logement de Cécile Duflot repoussée. Pascal Durand s en désole : «Comme Nicolas Sarkozy a tenu Martin Hirsch avec le RSA, ils vont nous tenir avec la grande loi de Cécile. Et, avec ça, ils nous scotchent jusqu aux élections de 2014.» écile Duflot a créé la surprise jusque dans ses propres rangs. En annonçant, hier dans le JDD, que «rien n est exclu» quant à sa candidature aux municipales à Paris, la ministre écologiste envoie un avertissement au chef du gouvernement avec qui elle est en pourparlers pour sa grande loi sur le logement. Mais elle s invite aussi dans le duel qui s anonce au second tour des municipales à Paris entre Anne Hidalgo, candidate PS à la succession de Bertrand Delanoë, et sa nouvelle adversaire de droite, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s est déclarée jeudi soir. Interrogée sur l hypothèse Duflot, Hidalgo a répondu, hier sur Radio J, être «toujours partante pour qu on se rassemble dès le premier tour. Avec les Verts, nous gouvernons Paris depuis 2001 et nous sommes au gou- C vernement ensemble», a-t-elle dit, avant de se rendre au défilé du nouvel an chinois en compagnie d élus écolos parisiens. «Il n y avait pas une ambiance de guerre, raconte Denis Baupin, député EE-LV. Pour Cécile, Paris c est surtout un plan B, pas un plan A.» L eurodéputé Yannick Jadot abonde :«Elle garde le fer au feu sans quitter la coalition gouvernementale. C est une façon de peser pour que cela se passe bien.» «Sur Paris, elle ne rouvre pas le feu, elle garde une option pour rappeler que les personnalités écolos ne se défileront pas aux municipales», désamorce François de Rugy coprésident du groupe EE-LV à l Assemblée. Pas sûr que cela suffise à calmer le jeu avec la candidate PS. «Hidalgo a dit: je veux bien tout le monde à Paris mais pas Duflot», confie pour sa part Yves Contassot, pressenti pour mener la liste des Verts. Lors de la désignation de Duflot pour les législatives de juin, dans le cadre de l accord avec les socialistes, Delanoë avait crié au «parachutage», Hidalgo accusant même Martine Aubry, alors patronne du PS, de l avoir trahie. «Hidalgo n aime pas et ne veut pas Duflot. Entre elles, le contentieux est lourd», précise Pascal Durand, le numéro 1 d EE-LV, qui rappelle que le calendrier de la loi logement vote au Parlement à l automne l empêcherait de se lancer avant fin «La campagne aura alors largement commencé.» Un élu vert doute de l ambition de la ministre: «Dans les sondages de premier tour, Cécile est à 8% et Hidalgo à 35%. Si elle y va, ce ne sera pas pour la gagne.» MATTHIEU ÉCOIFFIER LES LUNDIS LE 18 FÉVRIER DEUX REPORTERS DE GUERRE INTERVIEWÉS PAR NICOLAS DEMORAND AU THÉÂTRE DE LA VILLE Avec Patricia Allémonière (TF1) et Jean-Pierre Perrin (Libération) À 18 heures. Entrée : 5 euros. Réservation : theatredelaville-paris.com, par téléphone : ou sur place : 2, place du Châtelet Paris 4e

12 12 FRANCE LeGrandParisExpress àl âgederéseau Réseau de transport public du Grand Paris A Selon nos informations, Matignon aurait décidé de lancer la construction de toutes les lignes en même temps pour réaliser le métro francilien. Par SIBYLLE VINCENDON lignes de métro, soit la 14 qui partirait vers Pleyel au nord, voire Le Bourget, et rançois Hollande, candidat en au sud vers Orly. Et, rajout de dernière campagne, l avait écrit aux minute, la 11 qui irait jusqu à Rosnymaires d Ile-de-France : «Je Bois-Perrier. serai bien entendu très attentif à Enfin, troisième paquet, trois lignes de ce que le projet du Grand Paris se pour- «transport à capacité adaptée», exploisuive.» Mais il avait aussi ajouté : tées avec des solutions techniques entre «Reste à trouver les financements néces- le métro souterrain hors de prix et le saires pour aboutir.» Nous y voici. A la tramway pas suffisant. Cela concernefin du mois, le Premier mirait le tronçon de Pleyel au nistre, Jean-Marc Ayrault, DÉCRYPTAGE Mesnil-Amelot (desserte de devrait rendre des arbitraroi s s y - C ha rle s - de ges sur le réseau de métro automatique Gaulle); à l est la ligne rouge qui désengrand Paris Express, lancé par le pou- clave Clichy-sous-Bois; et au sud la livoir précédent et désormais sous la gne verte sur le plateau de Saclay. La houlette de Cécile Duflot, ministre partie Versailles-Nanterre (verte) et la chargée du dossier. Mais aussi sur le liaison Nanterre-Saint-Denis (orange) plan de mobilisation pour les trans- passent, elles, à la trappe. ports en Ile-de-France en clair la re- Côté calendrier, l idée est de démarrer mise à niveau des RER existants tout en même temps mais chaque voulu par la région. tronçon à son rythme. Les plus avancés Depuis quelques jours, il y a consensus partiraient en premier. Pour chaque lipour réaliser le Grand Paris Express gne, le lieu exact de début des travaux dans son ensemble en suivant le schéma relèverait de choix politiques sur les que Libération s est procuré (lire ci-con- territoires prioritaires. Les promesses tre). Tout en améliorant les RER en pa- sarkoziennes de bouclage total en 2025 rallèle et en fixant un calendrier global. sont oubliées pour un objectif 2030 Mais la question des ressources finan- moins casse-gueule. Comme dit un cières pour y parvenir reste plus épi- proche du dossier, «on ne va pas tourner neuse que jamais, et les arbitrages de autour de l Ile-de-France pendant vingtmatignon seront capitaux. cinq ans» Reste que le Grand Paris Express est né de la loi Grand Paris et a fait LE RÉSEAU l objet d un acte motivé et d un débat Récupérant le projet de 205 kilomètres de métro automatique du Grand Paris REPÈRES Express, chiffré à 20 milliards d euros, Duflot a demandé en novembre un rapport à Pascal Auzannet, ancien direcdeux VOLETS teur des RER, pour remettre à plat les coûts et le calendrier du mastodonte. D une part, un schéma de trans Auzannet a conclu que l addition se ports comprend le Grand Paris montait en fait à 30 milliards d euros et Express et le plan de remise a proposé divers scénarios de à niveau des RER. De l autre, «phasage», qui renvoyaient nombre de une instance métropolitaine tronçons aux calendes grecques. Le de gouvernance regroupe les Grand Paris Express était explosé façon intercommunalités et une auto puzzle. Hurlements des élus locaux, périté organisatrice du logement. titions et protestations. Tous réclament tout le schéma tout de suite. Aujourd hui, exit le découpage. C est bien tout le schéma qui devrait se réaliser selon la méthode suivante. Il y aurait trois paquets. Le premier serait la rocade, composée de la ligne rouge à l ouest et au sud jusqu à Noisy-Champs. C est en kilomètres, la longueur Puis complétée à l est par la ligne totale des quatre lignes orange de Champigny-sur-Marne à du projet de Grand Paris Saint-Denis-Pleyel. Express, dont l essentiel figure Deuxième paquet, les prolongations de dans le schéma retenu. F 205 public. Le gouvernement a sollicité l avis du Conseil d Etat pour savoir si les modifications ne risquaient pas de rendre tout caduc, avec obligation de redémarrer à zéro. Le calendrier deviendrait alors un cauchemar. Réponse le 28 février. Côté moins cher, des solutions techniques plus légères peuvent «optimiser les coûts, admet un des acteurs du dossier, mais à condition de ne pas se retrouver avec des lignes très vite saturées parce qu on aura fait des économies de bouts de chandelle». Côté ressources, les taxes affectées par la loi à la SGP, dont une sur L ARGENT les bureaux, ont été prudemment plabébé chéri de l ère Sarkozy, le Grand fonnées par le ministère des Finances Paris Express bénéficie par la loi de re- qui n apprécie guère que des adminiscettes fiscales «fléchées» une rareté trations se constituent un magot trop budgétaire qui rapportent à son cons- garni. Le «déplafonnement» de cette recette est «arrachable» à Bercy, selon le terme d un Les promesses sarkoziennes proche du dossier. En revande bouclage total en 2025 sont che, la création de nouvelles oubliées pour un objectif 2030 taxes affectées, en discusmoins casse-gueule. sion, s annonce ardue. Il faudra justifier une augmentructeur, la Société du Grand Paris tation de la pression fiscale en Ile-de(SGP), 400 millions d euros par an. Le France, interdite ailleurs. Dans l entouplan de mobilisation de la région pour rage de Duflot, on estime légitime que la remise à niveau des RER, lui, doit se «la fiscalité de l économie francilienne contenter de ressources budgétaires an- puisse financer le développement des nuelles fragiles. Résultat: les 7 milliards transports franciliens». d euros qu il faudrait pour aboutir à une rénovation des RER en 2017 n existent LA POLITIQUE pas. Dès lors, l équation peut se résu- Dans ce débat se jouent des retournemer à deux questions : comment faire ments inattendus. Duflot était une élue moins cher (pour le nouveau métro), et régionale verte hostile au Grand Paris quelles ressources fiscales dégager Express, en opposition frontale avec le (pour le nouveau comme pour le président de la région, Jean-Paul Huvieux)? chon, qui le défendait. Elle avait fait campagne sur le passe Navigo à tarif unique. La voilà ministre défenseure du schéma complet, semblant avancer main dans la main avec Huchon. Pour présenter un front uni aux arbitrages de Matignon? Cette tactique agacerait en haut lieu. Et dans l entourage d Huchon, on dit minute papillon. «Nous n avons aucune garantie de financec est, en milliards d euros, ment», souligne un des proches du préle coût d investissement sident de région, qui parle de «coup de du Grand Paris Express, com de Duflot». auxquels s ajoutent les 7 milliards La région réclame depuis longtemps la d euros pour les lignes RER. participation de la riche SGP au financement du plan de mobilisation. Mais les socialistes franciliens sont aussi liés par l accord électoral avec les écologis«on ne balaie pas tes sur le passe Navigo à tarif unique, d un revers de main dont ils ne rêvaient pas mais qu ils ont les travaux et l énergie désormais sur le dos. Une source gou[consacrés au Grand vernementale l assure: «Si l idée d une ressource affectée est de financer le plan Paris] sous prétexte de mobilisation mais aussi Navigo, on ne d une élection marchera pas.» Le Grand Paris, résume présidentielle.» ce même spécialiste, «est un casse-tête François Hollande en avril relativement puissant». 30 N C N -U 2 km

13 Réseaux complémentaires V LG Ligne verte Gare retenue à titre conservatoire Gare du réseau complémentaire D R H RE Saint-Denis La Courneuve Six Routes Les Grésillons Pleyel Nanterre St-Ouen RER C Porte de Clichy Pont Cardinet Rueil Nanterre La Boule La Défense Fort d Aubervilliers Mairie d Aubervilliers Bobigny-Drancy Madeleine Pyramides Bondy C RER A RE R N L-U YVEL YV LINES L RER C Satory Saint-Quentin Université Versailles Chantiers Olympiades LGV ESSONNE Métro RC RE Palaiseau Transilien RER D Aéroport d Orly Tramway RE RER B RC Antonypôle RER RE Pont de Rungis Massy Opéra Gares TGV et aéroports RD RER D LGV Sud-Est Aéroport existant Gare TGV existante C LG AtlantiV que E R B RER A RE RER RER A Réseau existant VAL-DE-MARNE VAL-DE-M M.I.N. Porte de Thiais Massy Palaiseau B Noisy-Champs Maison Châtillon Bry Villiers Champigny Blanche Montrouge Issy RER Paris XIII Champigny Centre Fort d Issy / Saint-Maur KremlinVanves / Clamart Créteil Bicêtre Hôpital Bagneux M4 Villejuif Arcueil Cachan H UTSHAUTSCréteil l Échat L. Aragon Villejuif Institut DEDE G. Roussy Vitry Le Vert de Maisons SEINE Centre Les Ardoines B Saint-Quentin Est CEA Saint-Aubin E Bibliothèque Chevilly Trois Communes Orsay Gif Chelles NeuillyHôpitaux RER A Le PerreuxNogent Cour St-Émilion TCSP de Vallée e la Sein RER C C P Neuillys Les F Val de Fontenay SEINENEET ARNE ET-MARNE E RE Villemomble Châtelet Les Halles Bercy Pont de Sèvres RE RER E Saint-Cloud Transilien Clichy-sous-Bois Montfermeil Bobigny P.-Picasso Pont de Bondy RosnyBois Perrier Gare de Lyon L SEINEESAINT-D DEN DE NIS St-Lazare E Rueil / Suresnes Mont-Valérien L Stade de France Sevran Livry Le Bourget RER A A Mairie de St-Ouen Bécon-lesBruyères B s Sevran-Beaudo RER L BoisColombes LGV Est Interc en Il onn e-de exio -Fra n n ce L Eur GV Es opé t enn e La Garenne-Colombes RB Aulnay Le BlancMesnil Le Colombes A RE RER Le Bourget Aéroport J R B Parc des Expositions C J RE Aéroport Charles de Gaulle (T2) B Triangle de Gonesse RER Le Mesnil-Amelot Aéroport Charles de Gaulle (T4) Ligne 14 Gare TGV en projet La future structure regroupera 10 des 11 millions d habitants de la région Ile-de-France. La première couronne fait la métropole C est le vrai Grand Paris. Parallèlement au volet transports, la métropole parisienne se dessine dans le futur acte III de la décentralisation, qui devrait être présenté en Conseil des ministres fin mars. Mais il n est pas exclu que le Premier ministre rende publique cette organisation en même temps que les arbitrages transports (lire ci-contre), à la fin du mois. Moins spectaculaire que le débat sur le métro automatique, l affrontement sur la métropole est bien plus tendu. L émergence d une structure chapeautant 10 millions d habitants, au sein d une région qui en compte 11, est la bête noire de Jean-Paul Huchon, président de l Ile-de-France. Depuis près de dix ans, Bertrand Delanoë et son adjoint 13 rd VA VAL-D OISE V E Ligne orange Ligne bleue Gare du réseau de transport du Grand Paris Ligne rouge No K Tracés de référence A C FRANCE Pierre Mansat ont patiemment tissé le regroupement des collectivités de la zone dense au sein de Paris Métropole. Jean-Paul Huchon allant répétant que le Grand Paris, c est la région. La zone dense (les 10 millions d habitants) représente 400 communes sur un total de en Ile-de-France. Dans ce débat, le prudent François Hollande avait posé que le Grand Paris serait désormais «celui des élus». Mais lesquels? Apparemment, la vision parisienne l a emporté sur la demande régionale. Il y aura bien une structure du Grand Paris, dont le périmètre ne sera pas celui de la région mais bien celui de 20 à 30 grandes agglomérations de la première couronne, qui n existent pas encore (sauf trois). Mais le texte, dont Libération a lu les grandes lignes, rendra obligatoire leur constitution, avec un seuil minimal de habitants. Cette intercommunalité forcée, qui a trente ans de retard sur la province, est l élément clé du Grand Paris. Le regroupement des agglomérations formerait un «conseil métropolitain», le Grand Paris pour le dire simplement. Juridiquement, ce serait un établissement public. Cette instance comporterait un conseil d administration comprenant les présidents des intercommunalités et le maire de Paris. Une instance issue des communes donc, à laquelle s ajoutera une conférence métropolitaine réunissant la région et les départements. Désireux peut-être de sauver la face du soldat Huchon, Bertrand Delanoë avait poussé une solution de gouvernance de la métropole assez alambiquée, avec présence de la région et vote par collèges, lui permettant de peser sur les choix. Le gouvernement ne semble pas être entré dans ces finesses. Le Grand Paris, ce sont les élus des communes. En revanche, la région souhaitait que soit créée une autorité organisatrice du logement à périmètre régional. Accordé, et à cette autorité la stratégie: combien de logements à bâtir et où? Aux intercommunalités revient la mise en œuvre dans leurs plans locaux de l habitat. Enfin, preuve que la métropole a gagné, elle devrait bénéficier de ressources fiscales en propre. S.V.

14 14 FRANCEXPRESSO 33% AU RAPPORT Par ANNE CLAIRE GENTHIALON Dominique Bertinotti présente ses vœux pour la petite enfance près avoir mobilisé 300 parents et 200 acteurs du secteur, la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, a dévoilé, samedi, son plan pour la petite enfance. Bilan? Dix mesures se basant sur les résultats de cette consultation ont été présentées, allant du développement d un «plan métiers de la petite enfance» à la mise en place de «guichets uniques» d information aux parents. Par ailleurs, le «décret Morano», qui permettait du surbooking dans les crèches avec un encadrement qualifié a minima, a été abrogé. Mais aucun objectif chiffré n a été annoncé. «Il manque des places en crèches, c est évident, mais le problème de la petite enfance ne va pas se régler en créant uniquement des établissements. Avec l évolution des modes de travail, nous avons l exigence de trouver des modes d accueil beaucoup plus sophistiqués, a rappelé Dominique Bertinotti. L urgence, c est de réduire les inégalités géographiques et sociales.» A Selon le Haut Conseil à la famille, il manquerait places pour les enfants de moins de 3 ans. Et la capacité d accueil varie, selon les départements, de 9 places (en Guyane) à 80 places (en Haute-Loire) pour 100 enfants. Parce que les besoins ne sont pas partout les mêmes, des schémas territoriaux seront signés entre les caisses d allocations familiales, les collectivités et les parents. A charge pour eux de définir des objectifs chiffrés, des so- MUNICIPALES La présidente du FN, Marine Le Pen, a déclaré hier qu il n y aurait «pas d accord national» avec l UMP pour les municipales. Néanmoins, il pourrait y avoir «de-ci, de-là des accords locaux avec des candidats de l UMP, mais aussi avec des candidats divers droite et, pourquoi pas, avec des candidats divers gauche». SURSIS Les deux éléphantes tuberculeuses du cirque Pinder, menacées d euthanasie à Lyon et dont le sort a ému lutions et un calendrier d ici à Pour réduire les inégalités sociales 92% des enfants issus de familles précaires sont gardés à leur domicile par leurs parents, la ministre souhaite développer la préscolarisation pour les moins de 3 ans dans des «territoires prioritaires», pour l heure non précisés. Ces «classes passerelles» réunissant une puéricultrice, un professeur des écoles et un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem) permettraient aux enfants de découvrir la structure collective, d acquérir une sociabilisation et de lutter ainsi contre l échec scolaire. Une dizaine d entre elles devrait ouvrir dès la rentrée Quid des moyens? Les mesures présentées sont pour l instant suspendues aux négociations entre le gouvernement et la Cnaf (Caisse nationale des allocations familiales). Celles-ci détermineront les moyens alloués au Fonds national d action sociale et, donc, à la petite enfance. «Je plaide pour que ce budget soit maintenu, voire augmenté», a déclaré la ministre. «On a envie de dire chiche, mais avec quels moyens et à quelles échéances?» questionne de son côté Pierre Suesser, du collectif Pas de bébés à la consigne, qui plaide pour la création de places de crèche sur cinq ans. «Nous ne sommes pas contre le fait de mettre le paquet là où il y a du retard, mais il y a du retard partout. A moyens constants, voire moindres, on risque d en rester aux intentions» l opinion publique, vont bénéficier d un nouveau sursis. Les quarante jours du premier sursis ayant expiré hier, le ministre de l Agriculture a décidé de procéder à de nouveaux tests. BALLES Le pronostic vital d une automobiliste d une vingtaine d années blessée, hier matin, par plusieurs tirs d armes alors qu elle se garait dans un parking souterrain de Montrouge (Hautsde-Seine), était toujours engagé hier soir. des Français, seulement, ont une image positive de la députée UMP de l Essonne Nathalie Kosciusko Morizet, qui vient d annoncer sa candi dature à la mairie de Paris, selon un sondage LH2 pour le Nouvel Observa teur publié hier. Ils sont 39% à en avoir une image négative et 19% affirment ne pas la connaître. L HISTOIRE Serge Charney, hier, salue depuis la grue sur laquelle il s est retranché. PHOTO FRANK PERRY. AFP Leva-toutd unpère privédedroitdegarde FAMILLE Des militants de la cause paternelle sont venus soutenir Serge Charnay, sur une grue depuis vendredi. epuis vendredi matin, Serge Charnay est perché en haut d une grue désaffectée des anciens chantiers navals nantais. Privé des droits de garde et de visite de son fils, condamné pour «soustraction d enfant», jugement dont il demande l annulation, cet informaticien de 42 ans, au RSA, joue son va-tout en se retranchant sur cet engin aujourd hui entouré de manèges et de bistrots. Son action déclenchée dans la ville du Premier ministre et diffusée en continu tout le weekend sur les chaînes d information a contraint ce dernier à réagir. Jean-Marc Ayrault a ainsi demandé à Christine Taubira, la garde des Sceaux, et Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, de recevoir dès cette semaine les associations de défense des droits des pères. 15 heures, hier. Méfiance. Au sommet Serge Charnay prend la pose dans le vent d est frisquet, salue de la main, lève les bras, enfile un harnais pour se suspendre en varappe sur le flanc de la grue, bombant à la peinture noire et rouge «Sauver nos enfants de la justice» au-dessus d un cœur. Quarante mètres plus bas, le commissaire le tutoie. «Serge! On va t amener de l eau et de la nourriture.» Perché dans la grue Titan jaune, l intéressé se méfie: «Besoin de rien, juste d un téléphone.» Une heure après, il hèle : D «Commissaire, je boirais bien un coup, si vous avez le temps» En fait, les agents qui cernent le périmètre autour de la grue ont ordre de ne rien laisser monter. En début d après-midi, une tentative de fournir des vivres a tourné court. Un ami de Charnay a tenté d accrocher un sac contenant à boire et à manger, mais deux policiers sont aussitôt accourus pour confisquer le sac. Serge Charnay n en démord pas. «Si la police vient me chercher, je ne vais pas me laisser faire, ça peut être un déconseillé des actions publiques. Etre vu comme un père militant, ce n est pas foncièrement bien vu. Mais s il a gain de cause, c est sûr, je monte aussitôt dans une grue!» «Désespoir». Son geste n étonne pas les associations de défense des pères séparés. «C est un acte de désespoir», dit Gérard Reverend, président de l association Les papas=les mamans, qui compte membres. «Dans neuf cas sur dix, le père n a pas la garde. Etre parent deux fois par mois, c est une escroquerie intellectuelle, c est très violent.» Selon un rapport du mi«etre parent deux fois par nistère de mois, c est une escroquerie la Ju s t i c e intellectuelle.» de 2009, plus Gérard Reverend président de de trois quarts l association Les papas=les mamans des enfants mineurs dont peu dangereux», crie-t-il de- les parents divorcent vont répuis une passerelle intermé- sider chez leur mère, 8% diaire, à mi-hauteur. Avant chez leur père et 15% en réside dénoncer le siège policier. dence alternée. «Je ne suis pas en grève de la Hier les autorités comme faim, je suis affamé par ces l entourage de Charnay tenmessieurs en bleu en bas. Deux taient d évaluer l issue de jours que je n ai pas mangé. Je son geste. «Il est très fort suis épuisé», lance-t-il à mentalement. Ce n est pas un l auditoire. forcené, c est une force née. En bas ils sont une centaine Il ne menace pas de mettre fin de badauds et une dizaine de à ses jours. L action est cool, pères dans des situations bon enfant», assuraient ses semblables, venus de Nantes proches au pied de l engin. et de sa région. Tous applau- Une manifestation est prévue dissent et crient «merci!» mercredi. Serge Charnay esquand Charnay apparaît dans père tenir jusque-là. l encoignure d une fenêtre de NICOLAS DE LA CASINIÈRE la grue. «C est un geste cou(à Nantes) rageux, dit l un d eux. Dans et ANNE-CLAIRE nos parcours, on nous a tous GENTHIALON NON CUMUL : LE CALENDRIER QUI AGITE LA GAUCHE Ça défouraille toujours sec à gauche sur le non cumul des mandats. La faute à Manuel Valls qui, vendredi, a semblé enterrer l affaire, en estimant «très difficile» d instaurer la mesure avant les municipales de 2014, comme l avait pourtant promis François Hollande. De quoi relancer la polé mique. Y compris au sein du gouvernement. Invitée du Grand Entretien sur RCJ, la ministre PS de l Ecologie, Delphine Batho, a pris le contre pied de son collègue de l Intérieur: «Je veux que le non cumul des mandats entre en vigueur le plus vite possible [ ]. Que, sur cet engagement de changement de la vie politique, on donne le sen timent qu il y ait un flou, non. Donc oui, je suis plutôt pour 2014 que pour 2017.» Même détermination du côté de la candidate PS pour Paris, Anne Hidalgo: «Je souhaite appliquer le non cumul des mandats sur les listes que je conduirai en 2014.» L allié écologiste n est pas en reste qui, dans un communiqué, «réaffirme sa détermination à l adop tion d une loi de limitation du cumul des mandats qui soit applicable dès le prochain renouvellement électoral en 2014». «Je souhaite personnellement que Nicolas Sarkozy se représente. Et vous verrez que le résultat sera tout à fait positif et différent du dernier.» Bernadette Chirac samedi, sur i Télé

15 ECONOMIEXPRESSO LeG20necrachepas danslasouplesse 15 LES GENS DIDIER MIGAUD VEUT IMPOSER LES ALLOCS FINANCES Les pays les plus riches se sont mis d accord à Moscou pour modérer des politiques de rigueur qui menacent la reprise. Le président de la Cour des comptes ne craint pas de bousculer les totems de l Etat providence. Après avoir plaidé l an dernier pour un relèvement de la fiscalité des retraités les plus aisés, susceptible de rapporter 12 mil liards d euros, l ex parlementaire PS propose maintenant de taxer les prestations familiales: «On peut considérer que c est une prestation qui rentre dans les revenus et qui peut [ ] être fiscalisée.» Selon le Journal du dimanche, le gouvernement hésiterait entre soumettre cette presta tion à l impôt ou la diminuer de 1 milliard en 2014 puis de 1,5 milliard supplémentaire en PHOTO REUTERS AU BOULOT Par DIDIER ARNAUD Le monde du travail sur le devant de la chaîne est une rencontre à l initiative de la bibliothèque OscarWilde, dans le XXe arrondissement de Paris. Il y est question, ce samedi de février, du monde du travail dans le théâtre contemporain. On y parle d entretien d embauche, d un mur qui se construit, d un patron qui se jette par la fenêtre, de licenciements, du cloisonnement des services Cette lecture a pour titre «Au boulot!» Le théâtre précède parfois nos réalités quotidiennes. Souvent, il les accompagne. Dans Top Dogs, d Urs Widmer, un certain Chariéras raconte qu il a dû «licencier des collaborateurs» : «En 1992, nous avons supprimé plus de 1000 postes. Des gens bien qui, pour la plupart, faisaient partie de l équipe depuis plusieurs années. C est un vrai problème humain, ce genre de choses. Mais ça fait partie du profil demandé à un cadre: savoir cacher ses sentiments.» C Pierre Moscovici (à g.), ministre des Finances, derrière son homologue sud africain, samedi à Moscou. PHOTO YURI KADOBNOV. AFP près le Fonds monétaire international et la Commission européenne ces dernières semaines, c est au tour du G20 de procéder, mais sans le dire clairement, à un début d aggiornamento. Réunis vendredi et samedi à Moscou, les ministres des Finances et banquiers centraux des 20 pays les plus riches de la planète ont appelé à un assouplissement des politiques de rigueur qui menacent de dégénérer en une nouvelle récession mondiale. Derrière la novlangue faussement consensuelle des «communiqués finaux», un changement n en était pas moins perceptible. Alors que depuis le sommet de Toronto, en 2010, tous les membres du G20 campaient sur l objectif de réduire d au moins de moitié leur déficit public à l horizon 2013, ils se sont abstenus cette fois de fixer de nouveaux seuils chiffrés de désendettement. «Il a été réaffirmé que la consolidation budgétaire était une question de moyen terme», analysait prudemment, à l issue du sommet, Pier Carlo Padoan, économiste en chef de l OCDE. La présidence A russe a reconnu pour sa part que les objectifs fixés à Toronto étaient «assez optimistes» et qu il convenait de fixer de nouveaux «objectifs réalistes», mais sans dire lesquels. Et ce n est pas le ministre français de l Economie, Pierre Moscovici, dont c était la première sortie internationale depuis le renoncement officiel de la France à tenir l objectif de 3% de dé- pas ces assouplissements où elle ne voit que le retour d un laxisme. Dans la recherche d un rééquilibrage de la croissance mondiale qui devrait atteindre 3,5% selon le FMI, le G20 appelle justement, mais sans les nommer, les pays «en surplus» et au commerce extérieur largement excédentaire (comme la Chine ou l Allemagne) à «dynamiser leur croissance La difficulté à dégager interne». une position commune s est La difficulté à retrouvée sur la question dégager une de la «guerre des monnaies». position commune sur l asficit à la fin 2013, qui allait le souplissement de la rigueur contredire. «La prise en s est retrouvée sur la quescompte de la dégradation de tion de la «guerre des monl économie doit nous permettre naies». Une guerre relancée de ne pas ajouter de l austérité dernièrement par le Japon, à la récession», a-t-il déclaré accusé d encourager la chute à Moscou, avant d expliquer du yen en faisant tourner sa que le G20 recherchait un planche à billets afin de renouvel équilibre entre «le sé- lancer ses exportations et sa rieux budgétaire auquel nous croissance au détriment de ne renonçons pas» et la né- ses partenaires. cessité «du maintien de la Dans son communiqué final, croissance à court terme». le G20 se contente d affirmer Laxisme. Un compromis qu il cherchera à «minimiser entre rigueur et croissance les conséquences négatives que ne partage visiblement sur les autres pays, de politipas l Allemagne, qui a fait ques menées à des fins domessavoir qu elle n approuvait tiques». S ils s engagent comme le G7 à «s abstenir de procéder à des dévaluations compétitives», les ministres des Finances du G20 restent en deçà du club des 7 pays les plus riches, qui affirment que les changes «doivent être déterminés par les marchés». Pain. Le G20, qui compte en son sein des pays à la politique de change ultra-dirigiste comme la Chine, se fixe seulement pour objectif de parvenir «rapidement» à un tel système. Certes, il entend les Européens, qui sont pénalisés par l appréciation de l euro, en réclamant une «plus étroite collaboration», mais il comprend aussi le Japon, en affirmant que la politique monétaire doit «continuer à soutenir la reprise économique». Finalement, un seul point aura mis tout le monde d accord à Moscou. A la recherche de recettes qui font défaut en ces temps de régime budgétaire au pain sec, le G20 a unanimement déclaré la guerre aux multinationales que le raffinement croissant des montages fiscaux a laissé ces dernières années payer toujours moins d impôts. CHRISTOPHE ALIX problème lorsque les ventes explosent. «[Les employés] mettent leur fierté à prendre leur temps», répond Matsubayashi, en désaccord avec son chef, qui finit par lâcher: «Un bon service des affaires générales, c est comme une bonne cuvette. [ ] Il évacue correctement les matières qui doivent être évacuées.» Les bibliothécaires vont et viennent, déplacent les chaises, s interpellent. Le public est bouche bée. Dans la Hauteur à laquelle volent les oiseaux (Oriza Hirata), Matsubayashi l affirme : «La qualité, pour notre usine, ça vient avant tout. On ne va pas leur demander de bâcler le travail.» Shimozuma, son supérieur, rétorque que c est un Dans Made in China, de Thierry Debroux, il est question d un entretien d embauche et du stress inhérent. «Tu as trois minutes. C est jouable. Mais plus tu causes plus tes chances diminuent.» Peu de temps avant, Nicolas conseillait à Philippe : «A ta place, j irais me soulager les intestins Si tu pètes pendant l entretien, ça va faire mauvais genre.» Le recruteur s appelle Lisa. Elle explique aux candidats : «Les Français ne sont pas pris très au sérieux dans le monde des affaires en Chine Ils font très peu d efforts pour aller vers l autre Ce que je vous propose: partir à la découverte d un monde inconnu, accepter d être déstabilisés, entraînés loin de vos certitudes. Par une série de petits exercices [ ], vous développerez votre capacité à accepter le changement.» C est samedi. Les spectateurs applaudissent. L exercice se clôt par un pot. Lundi, il leur faudra encore se lever tôt pour se rendre au boulot. VIANDE DE CHEVAL Le gouvernement reçoit aujourd hui les représentants des 300 salariés de Spanghero, afin d étudier les conditions d un redémarrage de l activité suspendue suite au scandale des lasagnes au cheval. RÉFORME BANCAIRE Les patrons de six grandes banques françaises ont écrit au gouvernement pour attirer son attention sur les conséquences qu aurait sur l emploi le plafonnement des frais bancaires de tous les déposants.

16 16 SPORTS Baladeàdomicile pourmarcelhirscher L Autriche, organisatrice des Mondiaux de ski alpin, aura attendu le dernier jour de compétition pour remporter sa première médaille d or en individuel. Par LIONEL FROISSART Envoyé spécial à Schladming D ès qu il est apparu dans la cabane de départ, la clameur des spectateurs, situés sur les bords de la piste de la Planai de Schladming et autour de l aire d arrivée, n a plus baissé d intensité. Elle est même devenue assourdissante lorsque Marcel Hirscher, le sauveur de la nation, a passé la ligne. Pour une poussière de temps, ces quelques REPÈRES centièmes de seconde qui font la différence entre un vice-champion dont personne ne retient le nom et un titre mondial qui vous transforme un garçon de 23 ans en héros national. RESPONSABILITÉ. Marcel Hirscher, meilleur skieur du moment vainqueur de la Coupe du monde 2012 et leader de l exercice en cours, est logiquement devenu champion du monde de slalom. Et, surtout, il a offert à son pays le premier titre individuel de cette quinzaine. Déjà «En plus de la foule présente ici, je le plus rapide de la première man- pense qu il y avait 4 millions de perche, devant son pote allemand Felix sonnes qui regardaient cette course à Neureuther, et son aîné (33 ans) et la télévision. Je me suis dit : houlà, si compatriote Mario Matt, le prodige tu fais une erreur, ils vont te tuer, a autrichien reconnaîtra qu il plaisanté avec calme le noua mesuré le poids de sa resrécit veau champion du monde. ponsabilité à mesure qu apbien sûr, j ai ressenti la presprochait le départ de la seconde sion. Mais j ai relativisé en me disant manche. Il avait déjà été l artisan qu il y avait des choses plus imporde la victoire de l Autriche dans tantes dans la vie que de gagner un la course par équipes en début de titre de champion du monde ou perdre semaine, mais ça ne pouvait pas une course de ski. J avais donc décidé suffire. Il lui fallait faire mieux. d attaquer. Je ne voulais pas avoir de LE BILAN FRANÇAIS SKI ALPIN LE TABLEAU DES MÉDAILLES Or 1 ÉTATS-UNIS 2 AUTRICHE 3 FRANCE 4 SLOVÉNIE 5 ALLEMAGNE Or Argent Bronze Total 6 NORVÈGE 7 ITALIE 8 SUÈDE 9 CROATIE 9 SUISSE Argent Bronze Total Avec 4 médailles dont 2 en or pour Marion Rolland et Tessa Worley, le bilan français est le meilleur depuis trente neuf ans. Etonnant pour un pays qui n a fait que 9 podiums (dont 2 succès) en Coupe du monde cette saison. regrets.» Car il n était pas question de se contenter d un accessit. Alors, sur une neige moins glacée que les jours précédents, mais plus marquée et piégeuse, Hirscher a fait ce qu il avait décidé. Il a attaqué du premier piquet au dernier, dans un style qui n est pas dénué de risques, mais il n a jamais semblé en perdition. La plupart de ses adversaires ou des observateurs avertis ont du mal à se mettre d accord sur un point à son sujet. Pour certains, comme le «Niveau dramaturgie, on ne pouvait faire mieux ni imaginer meilleure publicité pour le ski alpin que ce genre de course.» L Allemand Felix Neureuther deuxième du slalom spécial, hier

17 L Autrichien, hier, après sa victoire en slalom spécial. PHOTO OLIVIER MORIN.AFP en rupture veut dire, regarde Marcel Hirscher comme un boxeur. «Il est rapide et précis. Personne ne peut rivaliser avec la qualité de ses virages. Mais, en plus, il est puissant, dynamique, et met une intensité incroyable dans son ski. Lorsqu il évolue à son niveau, il est intouchable.» Tout juste, Bode. Hier encore, ses compagnons de podium l ont constaté et n avaient pas à rougir d avoir été battus par un tel champion. SECRET. Pourtant, Marcel Hirscher n est pas un extraterrestre. Le skieur est en passe de devenir une superstar en Autriche, mais il n a rien d une diva. Au contraire, il est le plus ouvert et le plus sympathique de l équipe d Autriche et parle volontiers avec tous les adversaires qu il croise à l entraînement ou lors des reconnaissances. Le Français Steve Missillier, qui a le même équipementier que l Autrichien, confirme que le bonhomme est bon camarade, mais souligne la méticulosité et le secret qu il met à choisir ses skis en fonction de la neige. Contrairement aux autres sociétaires de la «Wunderteam» qui, pour la plupart, ne parlent pas autre chose que leur langue natale, et se protègent derrière la structure fédérale, Hirscher a choisi de s émanciper. A l initiative de son père, il a constitué autour de lui (à la manière de Tina Maze chez les filles) une petite structure indépendante. Chose plus rare, la complicité entre le père et le fils est totale et sans heurt. Il faut dire que Marcel Hirscher semble avoir la maturité que certains n atteignent qu à l approche de la trentaine. C est sans doute l expression de la formidable confiance qui l anime et qui explique son palmarès, déjà riche de 18 victoires en Coupe du monde qu il vient d enjoliver de ses deux médailles glanées à Schladming il a aussi terminé deuxième du géant derrière l Américain Français Jean-Baptiste Grange, Ted Ligety. qui lui a cédé son titre, ou l Améri- Avant de songer à la suite de la cain Bode Miller, Hirscher est Coupe du monde (à Garmisch-Parcapable d être à 110% du haut en tenkirchen, le 24 février), Marcel bas de la pente, tout en maîtrise. Hirscher espère profiter de quelpour d autres, au contraire, il n est ques jours pour se relaxer avec sa jamais à la limite. Mais tous se copine, chez lui, à Annaberg, à rejoignent sur une chose : l Autri- une portée de fusil de la piste de ses exploits. Evoquant la pression et les sollicita«[hirscher] est rapide et précis. tions depuis le début de Personne ne peut rivaliser avec ces championnats, la qualité de ses virages.» l Autrichien a reconnu Bode Miller quintuple médaillé olympique qu il s était senti parfois au bord de la rupture : chien peut encore accélérer le «J étais en feu depuis quatorze jours. rythme. Ce qui n est évidemment Je suis enfin relax.» Vu le propas une bonne nouvelle pour eux. gramme médiatique qui l attend, ça Bode Miller, qui sait ce que skier risque de ne pas durer. 3 C est le nombre de médailles d or remportées par l Américain Ted Ligety, en super combiné, super G et géant à Schladming. L Autrichienne Michaela Kirchgasser a accueilli sa deuxième place de samedi en slalom comme une victoire tant elle désespérait de monter sur un podium des championnats du monde (Elle fut 4e en 2007 à Are, 5e en 2009 à Val d Isère, et 4e du combiné à Schladming). SPORTS Si ces championnats ont vu l éclosion ou la confirmation de champions, le bilan est inquiétant pour certains. Les Mondiaux autrichiens de haut en bas D u choc provoqué par la jeune Américaine Mikaela Shiffrin jusqu au fiasco majuscule du ski suisse, retour sur les championnats du monde autrichiens qui se sont achevés hier. Avec cette jeune fille qui fêtera bientôt ses 18 ans, le ski américain semble tenir sa nouvelle star. Déjà victorieuse cette saison de trois slaloms, Mikaela Shiffrin s est également adjugé celui des Mondiaux de Schladming, effaçant plus de quarante ans de disette des EtatsUnis dans cette discipline à l occasion d un championnat du monde. Avant elle, la tout aussi charmante Lindsey Vonn (blessée lors du super-g de Schladming) occupait le petit espace médiatique consacré au ski alpin dans son pays. Les rôles sont bien répartis : à Vonn l ivresse de la vitesse, à Shiffrin la bagarre avec les piquets. Mais cela ne devrait pas durer : la petite bombe de Vail (Colorado) a pris une telle envergure qu il lui faudra s exprimer dans des espaces plus vastes. de prendre les pronostiqueurs à revers au cours de cette quinzaine. Gauthier de Tessières, argenté en super-g, n était qu un remplaçant de la dernière heure et David Poisson, bronzé en descente, un outsider de second rang. Le cas Alexis Pinturault fait l unanimité : même si le skieur de Courchevel a quitté Schladming sans médaille, il a fait forte impression, comme le résume le directeur technique national du ski français, Fabien Saguez : «Alexis est une grande satisfaction. Il s est classé dans les six premiers dans les quatre courses auxquelles il a participé. Ce sera très bénéfique pour lui dans l avenir. Il peut être fier de son parcours.» Enchanté par le bilan global de ses équipes, Saguez a également confirmé que Patrice Morisod (le responsable du groupe vitesse hommes) et David Chastan (celui du groupe technique) resteraient à leur poste jusqu aux championnats du monde de 2015, organisés à Beaver Creek, aux Etats-Unis. Une stabilité qui devrait aussi permettre de préparer sereinement les Jeux olympiques de Sotchi, en Russie, en La France, balèze La Suisse, malaise Chez les tricolores, les plus gros espoirs de sacre reposaient sur les hommes et Alexis Pinturault qui, du haut de ses 21 ans, avait été désigné chef de file. Mais ce sont les filles qui ont apporté à la France la plus belle récolte d or. Tessa Worley, qui comptait parmi les favorites, a écrasé les deux manches du géant. A l opposé, aucun parieur n aurait misé le moindre euro sur les chances de médaille de Marion Rolland. C est pourtant la skieuse des Deux-Alpes qui est repartie avec le titre le plus envié: celui de la descente, la discipline reine. Il faut croire que les représentants tricolores avaient décidé Grâce à la médaille d argent décrochée par la tonique Lara Gut à l occasion du super-g, la Suisse a évité de revivre le cauchemar de Bormio (Italie), en 2005, lorsque l une des deux grandes nations du ski (avec l Autriche) était revenue bredouille des championnats du monde. Mais la suite de la compétition a ressemblé à une déroute. Les responsables de la Fédération suisse de ski ont donc pour chantier de reconstruire l encadrement de leur équipe alpine, dépourvue de patron depuis le début de la saison, afin de se refaire d ici aux Jeux de Sotchi. Mikaela Shiffrin, genèse L.F. (à Schladming) 17 CARNET Décès Sa famille et ses proches, ont la douleur de vous faire part du décès de Sarah LEROY Chargée de recherches au CNRS, et directrice adjointe du laboratoire MoDYCo. La cérémonie d'adieux aura lieu le vendredi 22 février, à 13h, au cimetière du Père Lachaise, salle Mauméjean et sera suivie de l'inhumation. Cet avis tient lieu de faire-part. Antonio GRACI a la douleur de vous faire part du décès de son compagnon Michel DEGAND après 32 ans de vie commune, survenu le 3 février 2013, à Agadir (Maroc), à l'âge de 68 ans. La crémation aura lieu le mardi 19 février 2013, à 11h15, au crématorium du Père Lachaise, 71, rue des Rondeaux, Paris (20è), par la place Gambetta. Le Carnet Vous Vous organisez organisez un un colloque, colloque, un séminaire, un séminaire, une une conférence conférence Contactez-nous Contactez-nous Réservations et insertions la veille de 9h à 11h pour une parution le lendemain Tarifs 2013 : 16,30 TTC la ligne Forfait 10 lignes : 153 TTC pour une parution (15,30 TTC la ligne supplémentaire) Abonnés et associations : -10% Tél Fax Vous pouvez nous faire parvenir vos textes par e.mail : carnet-libe@amaurymedias.fr «La seule fatigue qu il y a eu, c est la fatigue nerveuse. Cela pompe de l énergie d être toujours autour du podium sans monter dessus. Une médaille, ça aurait tout inversé. J ai accumulé de la frustration et c était usant.» La reproduction de nos petites annonces est interdite Alexis Pinturault classé trois fois sixième (slalom, super G et super combiné) et une fois cinquième (géant) lors de ces Mondiaux carnet-libe@amaurymedias.fr Le Carnet Christiane Nouygues

18 RENCONTRE PIERRE LEFÈVRE, L INVENTEUR DE LA VOITURE FANTÔME P.IV ENQUÊTE LE FURET DU NORD, UN LIBRAIRE À L ASSAUT DE L HEXAGONE P.VI ECOFUTUR SILVER ECONOMY BÉNISSOIENT LESSENIORS PHOTO CHRISTOPHE MAOUT PAPY BOOM SURVEILLANCE MÉDICALE, ÉQUIPEMENT SPÉCIFIQUE TOUJOURS PLUS NOMBREUX, LES PLUS DE 60 ANS REPRÉSENTENT UN MARCHÉ EN PLEIN ESSOR.

19 II ECOFUTUR Par CORALIE SCHAUB Photos CHRISTOPHE MAOUT U n déambulateur, ça peut être sexy. Si, si ; Philippe Starck va le prouver. La ministre déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay, lui a demandé de rajeunir l accessoire d aide à la marche de mamie. «Rien qu à regarder c eu x qui ex i s tent aujourd hui, je prends vingt ans dans la figure», rigole cette femme énergique de 66 ans. L anecdote n est pas anodine. Le déambulateur design est un «produit d appel», une façon pour Michèle Delaunay de mettre les projecteurs sur le défi du vieillissement lancé à notre société. Qui est aussi une opportunité en ces temps de crise: la silver economy est en plein boum, selon elle. Silver, pour chevelure argentée, c est plus sexy que gris. Et, accessoirement, pour argentés tout court. Car les seniors de 2013 ont un pouvoir d achat confortable. FRINGANT. «Leur niveau de vie est supérieur à ce qu il était en 1984, et reste en moyenne plus élevé que celui des moins de 50 ans», relève le Credoc (Centre de recherche pour l étude et l observation des conditions de vie), selon lequel, bigre, on est donc classé senior quand on a passé le demi-siècle. A l horizon 2015, le poids des vieux dans les dépenses de consommation dépassera les 50%, bien plus que leur poids démographique (39%). Lequel, lui aussi, ne cesse de croître. Plus d un tiers des Français a plus de 50 ans. Et les plus de 60 ans, au nombre de 15 millions aujourd hui, seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en Une lame de fond papy-boomesque qui déferle sur tout le globe y compris dans de nombreux pays émergents et touchera tous les secteurs : santé, alimentation, logement et équipement du foyer, loisirs, assurances D après le sociologue québécois Richard Lefrançois, nous nous trouvons à un tournant historique: l entrée dans l ère de l Homo senectus. Tout un programme. Pas de panique, chacun sait bien qu entre un sexagénaire fringant et une centenaire qui n a plus toute sa tête, il y a un monde. Il s agit juste de comprendre que «nous sommes tous des personnes vieillissantes en devenir», explique Jérôme Pigniez, fondateur du site Gerontechnologie.net. «Il faut proposer des produits et services adaptés, qui pourront ensuite servir à tout le monde, comme la télécommande qui s est généralisée alors qu elle a été conçue pour les handicapés.» N en déplaise au jeunisme ambiant, il n y a pas de mal à prévoir ses vieux jours, l enjeu étant de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible. Ni à choisir des produits adaptés à ses capacités. «Seulement 25 à 30% des plus de 65 ans le font aujourd hui. Certains en ont besoin mais ne l admettent pas. Nous essayons donc de séduire ces derniers via le design», témoigne Jérôme Arnaud, DG de Doro, PME suédoise, leader européen des téléphones à grosses touches destinés à faciliter la vie des seniors. Sus à la stigmatisation! Au clou les objets ringards. «Ma génération sera plus exigeante que la précédente», assure la ministre Delaunay, qui prépare pour ce printemps un projet de loi estampillé «Triple A»: anticiper le vieillissement, adapter la société et accompagner les personnes âgées. «Même un pendentif de télé-assistance, qui permet d appeler en cas de problème, doit être beau : il faudrait quelque chose que mon mari ait envie de m offrir en cadeau.» Glamourissime, puisqu on vous le dit. «Une baignoire adaptée aux La silver economy pourrait créer emplois d ici à 2020, selon la ministre déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay.

20 ECOFUTUR personnes âgées ne doit pas forcément être moche, poursuit la ministre. Il y a là une niche à saisir, pour des entreprises comme Porcher ou Jacob Delafon, qui ne sont pas au top de leur forme.» Michèle Delaunay en est persuadée, l économie argentée offre un fort potentiel de redressement productif: «J ai créations d emplois nettes à mettre sur la table d ici à 2020 pour l aide à domicile en faveur des âgés, et au moins autant dans la silver economy.» Pour preuve, selon une étude du cabinet Accenture, cette dernière devrait gonfler le PIB des Etats-Unis de 2,2 % d ici à 2020, et créerait 5 millions d emplois supplémentaires. Du coup, le ministère Delaunay travaille avec celui d Arnaud Montebourg sur un plan d action ad hoc, qui doit être finalisé avant l été. L enjeu: ne pas rater la compétition qui s engage face au Japon, la GrandeBretagne ou la Finlande, qui ont déjà pris le train de l économie du vieillissement. «En France, nous avons un savoir-faire, mais si on ne passe pas un cap, il s en ira voir ailleurs», estime Jérôme Pigniez, qui a créé l Asipag, une association en train de se muer en syndicat professionnel des produits et services pour l autonomie. «Le problème, ici, c est que dès qu on parle business, les bienpensants s offusquent et disent: oh mon Dieu, encore des gens qui veulent faire du fric sur le dos des petits vieux. Il ne s agit pas du tout de cela! La technologie n est pas là pour remplacer le contact humain, mais pour aider, y compris les aidants. Et puis, permettre à une personne de conserver son indépendance six mois ou un an de plus, c est un bénéfice pour la société.» Pour Gilles Duthil, président d honneur de l Institut SilverLife, un centre de recherche sur l économie du vieillissement, «la France est très forte sur la recherche fondamentale, notamment sur Alzheimer. En revanche, nous sommes en retard sur les biens de grande consommation, le high-tech et les bâtiments intelligents adaptés aux seniors. Il y a beaucoup de Géo Trouvetout, or il nous faut des Bill Gates!» A l instar des étrangers, GE, Samsung, Philips ou Siemens, les grands groupes français commencent à flairer le filon. Air Liquide, numéro 1 mondial des gaz industriels, s est offert en 2012 le spécialiste de la santé à domicile, LVL Medical. Legrand, l expert en électricité du bâtiment, s est lancé dans la télé-assistance [lire ci-contre]. L Oréal met le paquet sur la cosmétique. Renault a conçu un siège qui pivote et se relève. La pyramide des âges PÉPINIÈRE. «Un jour, il y aura un responsable Autonomie et vieillissement dans toutes les entreprises», prédit Jérôme Pigniez. De belles start-up se développent, comme H2AD (gestion de dossier médical), Link Car Services (logiciel de vidéo-vigilance qui détecte les chutes et donne l alerte), Technosens (appareil «ergotuitif» qui permet de communiquer sur l écran de sa télé) ou Blue Linea [lire cicontre]. Même la robotique est de la partie, avec AldebaranRobotics, concepteur du robot d assistance Romeo. Des gérontopôles poussent un peu partout, à Nantes, Besançon, Saint-Etienne ou Toulouse, qui articulent recherche, soins, et industrie. A Ivrysur-Seine, l association Sol iage ouvrira en 2014 une silver valley, pépinière dédiée aux gérontechnologies. La région du Limousin, la plus vieille de France, redouble d idées, à l image d Autonom Lab, programme de soutien aux boîtes du secteur. Mais ces initiatives éparses ne suffisent pas, estime Gilles Duthil: «Il nous faut une politique industrielle.» Mine de rien, Philippe Starck a la pression. L essor de la silver economy, qui souffre en France d un sérieux déficit d image, dépendra un peu du succès de son déambulateur funky. En % des 65 ans et plus En milliers d habitants 2008 Projection 2025 ANS ALZHEIMER SOUS CONTRÔLE SUCCÈS DES BRACELETS DE SURVEILLANCE DES MALADES. Les 60 ans et plus En millions Les 85 ans et plus En millions 1,4 C.S. LA STRATÉGIE DOMOTIQUE DES LOGEMENTS AUTOMATISÉS, UN MARCHÉ FLORISSANT Les technologies ayant connaissance de la technologie souhaitant utiliser la technologie Alarme logement Appareil pour réguler la température, l éclairage Capteur de chutes Aide à la cuisine Téléalarme Distributeur de médicaments Téléphone mobile simplifié A B C 20 ple une balance) alertent une plateforme de téléassistance. Un psychologue ou une infirmière appelle et avertit si nécessaire la famille. Depuis son entrée en Bourse début 2012, Blue Linea a monté un modèle fondé sur le paiement à l usage. Le bracelet Alzheimer, hors de prix auparavant, coûte désormais 150 euros de frais de dossier, plus un abonnement mensuel de 69 euros. Résultat, un boom des ventes : 1000 malades en sont équipés dont un tiers dans les maisons de retraite, dix fois plus qu il y a un an. Le chiffre d affaires suit (4 millions d euros en 2012, contre euros un an plus tôt) et la société, quasi à l équilibre, recrute: en un an, les effectifs ont bondi de 6 à 60 personnes. 4,8 0 C est l histoire d une entreprise qui a découvert la silver economy en visant les bébés. En 2006, Laurent Levasseur, cofondateur et DG, lance la société Blue Linea, pour vendre des bracelets GPS destinés à surveiller les nouveaunés. Mais ce sont aussi les maisons de retraite qui l appellent pour en équiper les malades d Alzheimer. «On s est aperçu que le sujet était beaucoup plus large, raconte Laurent Levasseur. Il s agit de rendre possible le maintien à domicile, qui coûte trois fois moins cher qu une hospitalisation.» Blue Linea propose une panoplie de services. Si la personne âgée s éloigne trop ou ne rentre pas chez elle, si elle chute, si sa température baisse ou si elle perd du poids, des capteurs installés sur elle ou sur un objet (par exem Sources : Insee, AgeVIPNetwork L a silver economy, une sacrée opportunité stratégique! Voilà ce que se sont dit, en 2009, les boss de Legrand, l un des champions mondiaux des infrastructures électriques et numériques du bâtiment. «A l époque, on nous a regardés avec de gros yeux. Tout le monde parlait d efficacité énergétique, personne ne s intéressait au maintien à domicile des personnes âgées», se souvient Giovanni Ungaro, chef de projet Assistance à l autonomie chez Legrand. Le groupe, très fort en domotique, cherche une solution pour faire communiquer le logement avec le monde extérieur. La société Intervox, leader français de la fabrication d équipements pour la télé-assistance, rachetée en février 2011, lui permet de développer ses nouveaux services. Un appel d ur- gence volontaire (si mamie chute) ou automatique (par un détecteur de fumée), et le plateau de téléassistance est prévenu. Le logement s anime alors tout seul : les volets s ouvrent, les lampes s allument, tout comme un chemin lumineux destiné à prévenir les chutes. Aujourd hui, Legrand explore de près télémédecine, télésanté et terminaux tactiles qui permettent de communiquer avec la famille ou de surveiller les maladies chroniques. «Legrand compte être l un des acteurs majeurs de la silver economy, indique Giovanni Ungaro. Nous investissons des millions dans ce domaine et voulons nous développer à l international. Tout dépendra de l impulsion donnée par l Etat. Nous avons besoin de visibilité.» C.S. III EXTENSION DU DOMAINE DE L ÉCO HOMO SENECTUS Par JEAN CHRISTOPHE FÉRAUD Quinze, bientôt vingt millions de vieux et moi et moi Il va falloir s y faire: le baby-boom est devenu papy-boom. Nous sommes cernés par l âge, qui devient la figure dominante de nos sociétés occidentales. «Vivre c est vieillir, rien de plus» (Simone de Beauvoir): cette évidence, que l on occultait par peur atavique de la mort, nous rattrape. Drôle de paradoxe. Jamais notre civilisation du spectacle n a autant fantasmé une jeunesse photoshopée, liftée, botoxée. Mais l Homo senectus, homme (et femme) vieillissant(e), autrefois en retraite de la société, ne se cache plus. Au contraire de leurs parents qui «traversaient le présent en s excusant déjà de n être pas plus loin» comme le chantait Brel, les seniors s affichent, s activent, consomment. Cette vieille garde qui a eu 20 ans en 68, revendique, conteste et parfois proteste. Elle dit son désir de vivre bien, mieux, plus longtemps. C est la première génération qui en a les moyens. Ces cent dernières années, l espérance de vie s est accrue de vingt-sept ans. Autant qu entre la naissance de Rome et 1900! En 2011, l espérance de vie était de 84,8 ans pour les femmes, 78,2 ans pour les hommes. «La durée moyenne de vie tend à se rapprocher de la longévité maximale de l espèce», écrit le sociologue Richard Lefrançois. Demain tous centenaires? C est un formidable défi économique comme le montre le débat sur les retraites. C est aussi, et c est nouveau de le dire, une chance et une opportunité historique. Domotique, télémédecine, robotique l Homo senectus sera de plus en plus «augmenté» par la technologie. Des centaines d entreprises sont en train de se positionner sur cette silver economy high-tech. Avec des centaines de milliers d emplois potentiels à la clé. Et si vieillir c était aussi aider l avenir?

21 IV ECOFUTUR PIERRE LEFÈVRE CONSTRUCTEUR SANS PILOTE PROFIL L AUTO ROBOT CRÉÉE PAR CET INGÉNIEUR POURRAIT BIENTÔT ROULER DANS LES PARCS, SITES MUNICIPAUX, ETC. Par BENOIST SIMMAT Photo EMMANUEL PIERROT. VU P ierre Lefèvre, 53 ans, rigole. Bouc court et cheveux blancs, idées longues et clope aux lèvres, le patron d Induct, start-up automobile francilienne, orchestre avec bonne humeur le montage final d un véhicule plutôt étrange : la «Navia». Ce matin-là, dans un garage de la zone industrielle du chic Vesinet (Yvelines), le septième exemplaire de l engin quelque part entre la voiture, la navette et le minibus se voit doté d un impressionnant dispositif de capteurs électroniques. Et pour cause : ce véhicule de 700 kilos a pour particularité de rouler sans chauffeur. «La Navia fonctionne comme une chauve-souris. Elle se repère en temps réel dans l espace par projection lasers sur un trajet assez court, quelques kilomètres maximum», explique, l ingénieur. GÉANT. Capable de rouler, freiner et de s insérer dans le trafic toute seule, «la voiture sans chauffeur» intéresse les départements recherche et développement de l industrie automobile. Mais si Audi ou Google (avec sa Google Car) sont en phase de tests avancés, la Navia est encore loin de rouler sur nos autoroutes. Avec sa «diligence intelligente», le français Induct a des vues plus modestes: dotée de batteries lithium polymère, la Navia est limitée à de courts trajets urbains avec une vitesse moyenne de 20 à 25 km/h. Un handicap? Pierre Lefèvre balaye l objection en assurant que la vitesse moyenne en ville n excède pas 10 km/h. Avec le renfort de son fils Max, directeur commercial d Induct, il prospecte des clients dans le monde entier: les six premiers exemplaires effectuent actuellement leurs derniers tests en Suisse, en Angleterre, à Singapour ainsi qu aux Etats-Unis, où un certain Disney a commandé deux Navia. Si l essai est concluant, le géant du loisir pourrait acheter plusieurs dizaines d exemplaires pour en équiper ses parcs. Et les premières commandes françaises arrivent : Pôle santé Sud du Mans, ville de Lyon, Strasbourg, etc. Induct dit avoir déjà vendu une vingtaine d exemplaires ( à euros pièce) et table sur 100 véhicules produits en 2013 et 400 en 2014 dans les quatre sites où le modèle est «assemblé» (Montreux, Poitiers, Laval et Le Vesinet). Les arguments d Induct semblent commencer à porter : pour transporter des visiteurs dans une université, un parc d attractions ou un complexe de santé, il est moins onéreux d acheter une Navia, 100% électrique et disponible 7 jours sur 7, que d affréter des bus, 30% plus coûteux avec chauffeur et carburant. Les Lefèvre assurent avoir identifié entre 3000 et 5000 sites urbains dans l Hexagone, en zones réservées (non soumises au code de la route) où leur invention pourrait circuler. La Navia ou comment anéantir les deux socles de la civilisation automobile : la vitesse et la conduite. Gonflés, les Lefèvre! Pierre est pourtant un authentique «porschiste», nostalgique de la conduite à grande vitesse. Son fils Pierre Lefèvre dans une Navia en montage, en février. gnole: «Les voitures doivent devenir des périphériques des téléphones portables», ose Pierre, qui a fait l essentiel de sa carrière dans l ingénierie télécoms avant de se reconvertir dans les quatre roues. Dans un coin du garage, la Modulgo, prototype électrique à trois places frontales, sort toute seule de son parking quand on la sollicite par téléphone portable. Pierre Lefèvre espère pouvoir la produire pour 4000 euros, batterie comprise. Le père de la Navia rêve de villes entièrement piétonnes où les autos se feraient aussi discrètes que des «ascenseurs et rempliraient la même fonction, mais horizontalement». Regardé de haut par les constructeurs automobiles français, ce self-made-man pense que la sacro-sainte voiture individuelle «est peut-être en train d en mourir». C est pourtant Citroën qui lui a donné sa vocation. En 1995, le fondateur de Microsoft, Bill Gates, est annoncé à Paris pour lancer Windows 95. Un consortium d industriels français a juré de lui présenter une voiture «intelligente» et Il est moins onéreux d acheter une Navia 100% électrique et disponible 7 jours sur 7, que d affréter des bus. Max, 27 ans, a lui été sacré champion de France de Formule Ford en 2007, et champion d Europe de Formule Renault en Et les deux hommes ont convaincu Gérard Lopez, patron de l écurie Lotus F1, mais également cofondateur du fonds Mangrove, de prendre 20% du capital d Induct. Les Lefèvre parient sur une réduction drastique de la place de la voiture en ville. Leur vision de l automobile devrait faire frémir les amoureux de la ba- CV Né en 1959, ce passionné de bolides arrête ses études après math sup pour se lancer comme consultant télécom, travaillant avec Yoplait, BMW, Volkswagen, PSA, etc. Il lance sa société, Induct, en 2004, puis conçoit la Navia, qui sera exportée à partir de fait notamment appel à Pierre Lefèvre. «On lui a créé une Citroën Evasion connectée à Internet. Il s est assis à côté de moi et a commencé à surfer sur le Web. En 1995, vous vous rendez compte!» Déclic. Depuis, l entrepreneur est obsédé par l idée de véhicules qui se partagent, se conduisent tout seul, se garent devant chez vous à la demande. CAPTEURS. Reste un obstacle de taille: la législation. En droit bruxellois, tout véhicule évoluant sur la chaussée doit posséder un «chauffeur», ce qui n est plus tout à fait le cas aux Etats-Unis : grâce à ses lobbyistes, Google a réussi à faire évoluer la loi au Nevada et en Californie. Sa Google Car peut déjà rouler sur les highways, mais le conducteur doit reprendre le volant en ville. Avec son parcours préprogrammé et ses capteurs, la Navia pourrait, elle, effectuer n importe quel trajet en ville. Pierre Lefèvre est donc parti à l assaut de la citadelle Europe aux côtés de municipalités, laboratoires et autres entreprises pour que «sous cinq ans», les voitures-robots puissent rouler un peu partout. Alors, Pierre Lefèvre pourra se racheter une Porsche 911 et filer à la campagne.

22 ECOFUTUR AMAZONIE Le Brésil va compter les arbres de l Amazonie. Ce recensement, qui s étend sur les 63% de la forêt du territoire brésilien va durer quatre ans. Il a pour but de mieux connaître la faune amazonienne «de l intérieur», selon le ministre brésilien des Forêts, pour envisager comment exploiter et préserver cette forêt. Le recensement commencera par l analyse de photos satellite, qui déterminera les différents types de forêts. Puis, des équipes sur le terrain identifieront par GPS la position des arbres et mesureront leur diamètre. Le gouvernement brésilien a promis de donner des résultats chaque année, et s est engagé à réduire la déforestation de 80 % d ici à «Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nos classements mondiaux actuels en matière d innovation. Quatorzième mondial pour la Commission européenne, parfois même 64e mondial pour l efficacité de son système mondial d innovation pour l Insead!» Fleur Pellerin ministre de l Economie numérique, le 13 février, au Forum capital innovation 1,75 DRING C est, en milliard, le nombre de téléphones mobiles vendus dans le monde en 2012, selon Gartner. Pour la première fois depuis 2009, les ventes de mobiles ont reculé de 1,7%. Samsung et Apple ont trusté la moitié des ventes, le premier écoulant 64,5 millions d unités contre 43,5 millions d iphones pour le second. LEVI S SE RETAPE EN SAPES PLASTIQUE L IDÉE Par PHILIPPE BROCHEN O JEAN L ÉTERNEL Un petit pas pour la mode, un grand pas pour l environnement: c est le pitch de la gamme lancée par Levi s pour sa collection de jeans fabriqués à partir de bouteilles en plastique recyclées. Baptisée Waste<Less («gaspillez moins»), elle incorpore dans sa toile 20% de fibres plastiques. Ou comment faire oublier que l industrie du jean est régulièrement accusée de gaspiller de l eau (3000 litres pour un seul jean), et de mettre en danger ses ouvriers avec ses teintures et procédés de «sablage». PHOTO DR LA CRÉATION INDUSTRIELLE OBJET DU DÉSIR MINISTÉRIEL RENDEZ VOUS A ttention «Ofni» ou plutôt «Onfi»: Arnaud Montebourg organise, demain à Bercy, la première édition des «Objets de la nouvelle France industrielle». Un rendez-vous «dans l esprit des conférences TED où des ingénieurs, des entrepreneurs sont invités à présenter des objets technologiques innovants conçus en France qui vont peut-être changer nos vies», explique avec enthousiasme Emmanuelle Zoll, chargée de mission au cabinet du ministre du Redressement productif. Tricolore. Une nouvelle lubie montebourgeoise que ces objets, vitrines de l innovation tricolore? Et pourquoi pas s il y a du made in France et des créations d emplois en vue. «La France est historiquement un pays de créateurs, d inventeurs et d innovateurs», il faut se réapproprier «cette aventure industrielle comme un levier de résilience collective pour lutter contre l idée du déclin», résume avec lyrisme une note ministérielle conceptualisant l événement. Pour cette première édition qui sera suivie d autres rendez-vous «toutes les six semaines», Montebourg a donc invité trois entreprises à venir présenter leurs objets devant 400 à 500 invités: éco- V DES PETS DE VACHE QUI VALENT LEUR PESANT D EUROS L HISTOIRE LES ARBRES BRÉSILIENS RECENSÉS les d ingénieurs et de design, pôles de compétitivité, élus locaux Et surtout fonds d investissement et capitaux-risqueurs. Un géant du CAC 40, Michelin, viendra vanter son Activ Wheel : une roue équipée d un moteur électrique récupérant l énergie cinétique au freinage pour contribuer à la propulsion du véhicule et faire des économies de carburant dans le cadre des systèmes de motorisation hybride. Dévoilée par le fabricant de pneus au Mondial de l auto 2008, cette technologie pourrait intéresser des constructeurs français en difficulté et sommés par le Premier ministre de mettre au point «la voiture qui consomme 2 litres au cent». L autre innovation présentée demain au ministère de l Economie est dans la même veine «transition énergétique». Il s agit du projet Deinol de la start-up montpellieraine Déinove : un nouveau procédé de transformation de déchets végétaux utilisant des bactéries pour produire des «biocarburants de deuxième génération» (plus précisément de l éthanol, essence «verte»). Intérêt: «réduire notre dépendance au pétrole», sans consommer de grandes quantités d eau, contrairement aux plantations de betterave, blé ou maïs qui alimentent les bioraffineries. Et pour finir, des biotech. L entreprise Stentys spécialisée dans la cardiologie présentera un stent «révolutionnaire» destiné au traitement des infarctus : fabriqué en nitinol, un alliage de titane super élastique, ce petit tube en mailles expansives s adapte aux parois de l artère coronaire. Ce qui évite au patient une nouvelle opération (et les risques associés) pour ajuster le stent. Lauréats. En répondant à l invitation du ministre, ces trois lauréats ne gagnent rien d autre qu un bon coup de com. Et l occasion de faire du contact sous les ors de Bercy. Mais il y a des conditions pour recevoir cette labellisation «Onfi»: être implanté en France, avoir passé la phase du prototypage, avoir reçu un financement d Oseo (le projet Deinol est par exemple soutenu à hauteur de 8,9 millions d euros). Bref «l objet» doit avoir une «chance raisonnable» de succès commercial, et contribuer au «progrès». Arnaud Montebourg ne tient pas à cautionner un «concours de Géo Trouvetou» sans lendemains qui chantent. JEAN-CHRISTOPHE FÉRAUD -industrielle.fr n vit une époque (vraiment) formidable. Après le temps qui, dit-on, vaudrait de l argent, on redécouvre que les flatulences itou. Ou, du moins, leur diminution. Présentée comme ça, la chose surprend tout autant qu elle plaît. Et on a raison. Mardi, dans un hôtel parisien de Montparnasse, l entreprise Valorex a réussi le tour de force de réunir des journalistes pour leur expliquer que la lutte contre le réchauffement climatique passait par la réduction des pets de vaches. Le méthane émis par les éruptions et flatulences des bovidés représenterait 5% des rejets de gaz à effet de serre en France. En cause: le régime alimentaire dominant (maïs et soja) desdits bestiaux. Lesquels, s ils adoptaient un régime alimentaire moins riche en graisses saturées, constitué de graines riches en protéines (lupin) ou en oméga 3 (lin), émettraient moins de signes en direction des extraterrestres. «L ambition est de créer un cercle vertueux sans contrainte ni taxe, mais uniquement par des méthodes d incitation», a expliqué Pierre Weill, président de Valorex, société à l origine de l initiative, spécialisée dans la nutrition animale, qui a donné naissance à la filiale Bleu-Blanc-Cœur. Selon lui, «en mangeant herbe, luzerne et lin, les vaches laitières peu- vent émettre jusqu à 64% de méthane en moins». Mais là où l affaire prend tout son sel, c est quand Valorex et Bleu-Blanc-Cœur décident de valoriser monétairement la réduction des pets. Soit donner un prix (100 euros) à la tonne de CO2 évitée par l éleveur bienveillant. Cet agriculteur dispose alors d un «compte épargne CO2» avec lequel il peut payer, en partie, toutes sortes de produits «vertueux», tels des luminaires LED ou des variétés de semences proposés par des fabricants qui ont accepté de rentrer dans la boucle de Valorex et de jouer le jeu proposé. Ces fabricants, qui sont une quinzaine, «trouvent un intérêt» dans ce système parce que Valorex leur «fournit un listing de gens motivés par le développement durable, avec des tonnes d équivalent CO 2 à dépenser sur leur compte» en bons d achat. En échange, ils baissent leurs prix. Dans le catalogue de produits, «l éleveur vertueux» sur producteurs de lait en France, ils sont 500 à suivre le cahier des charges peut ainsi choisir une clôture électrique de euros qu il paiera 900 euros grâce à sa tonne de CO2 économisée avec ses vaches. Ce système a été certifié par l Etat français et les Nations unies. Quelque 8635 tonnes de CO2 ont été attribuées au compte officiel CO2 de BleuBlanc-Cœur. LES GENS NANSHU LU TATOUE POUR SAUVER DES VIES RÉCOMPENSE Cette jeune Sino Américaine a inventé le tatouage électronique pour sauver des vies: Nanshu Lu a reçu jeudi le grand prix Netexplo 2013 à Paris, à l occasion de la sixième édition de ce forum dédié à l innovation numérique mondiale. Titulaire d un PhD en physique des matériaux de Harvard, elle a eu l idée d insérer dans un banal tatouage en fait un patch collé sur la peau des capteurs ultraminiaturisés qui surveillent les paramètres de santé du patient pour les transmettre directement au médecin traitant. La peau devenant une surface connectée, un Internet du corps après celui des objets Il fallait y penser. PHOTO LORAN DHERINES. NETEXPLO

23 VI ECOFUTUR LE FURET, LISEUR DE BONNE AVENTURE ENQUÊTE INSTITUTION DU NORD, CE VENDEUR DE PRODUITS CULTURELS LILLOIS PART À LA CONQUÊTE DE L HEXAGONE. SUR UN MARCHÉ FRAGILISÉ, IL FAIT LE PARI DE METTRE EN AVANT L OBJET LIVRE. Par MARIE RIVIER «L Le fu-quoi? Connaît pas.» C est la réponse courante lorsqu on entend parler du Furet du Nord. Normal : jusqu en 2011, cette enseigne de biens culturels (livres, vidéos, musique, jeux vidéo) se cantonnait au Nord Pas-de-Calais, son fief historique. Mais aujourd hui, l entreprise basée à Lille affiche des ambitions nationales, et s en tire bien sur un marché fragilisé par la dématérialisation des biens culturels et le recul des ventes de l électronique grand public. Alors que les Virgin Megastores ont été placés en redressement judiciaire le 14 janvier, et que la Fnac se repositionne façon Darty branché en vendant des aspirateurs et des machines à café haut-degamme pour survivre, le modeste Furet a vu son chiffre d affaires grimper de 14% entre 2008 et Avec une dizaine de magasins, ses ventes ont atteint 88,5 millions d euros l an dernier. On est loin de la Fnac qui affichait encore 4 milliards de chiffre d affaires en 2012, avec ses 80 lieux de vente en France et à l étranger. Mais là où la filiale de PPR ferme magasin après magasin et licencie (510 suppressions de postes annoncées l an dernier), l enseigne nordiste a ouvert quatre nouvelles boutiques depuis trois ans, dont deux en Ile-de-France. De fait, Le Furet se présente comme une affaire «rentable»; mais, en bonne entreprise nordiste, garde le secret sur ses chiffres Faché avec le greffe (les comptes n ont pas été déposés au tribunal de commerce de Lille depuis 2008), le patron de l enseigne, Pierre Coursières, préfère parler de sa grande ambition : faire du Furet une chaîne de produits culturels aussi connue sur le territoire national que sur ses terres d origine. LAPIN. Dans le Nord, le Furet est déjà une institution. L histoire commence en 1936, lorsque Georges Poulard transforme un magasin de fourrure de la rue de la Vieille-Comédie, à Lille, en librairie. Il conserve le nom de la boutique, qui fait référence au petit animal utilisé dans la région pour chasser le lapin. En 1959, Paul Callens, fils d un boucher de Tourcoing, rachète la boutique et l installe sur la mythique GrandPlace de Lille. Aujourd hui, le «vaisseau amiral» du groupe est toujours là. Précurseur, le jeune Callens sera l un des premiers à parier sur le libre-service en librairie, à laisser ses clients feuilleter sans acheter et à aménager un rayon pour le livre de poche. Depuis, le Furet a ouvert douze magasins dans le Nord-Pas de Calais, d Arras à Douai, en passant par Roubaix et Valenciennes. En 1989, l entreprise est devenue une société anonyme. Mais sur ses terres d origine, elle conserve son image familiale. «Il y a un côté affectif: le Furet, c est une enseigne du Nord perçue comme telle. Le succès tient à l habile mélange entre la grande enseigne et la petite librairie de spécialiste», résume Raphaël, originaire d Haubourdin, près de Lille. Pierre Coursières, qui vient pour sa part de Toulouse et préside le directoire de l entreprise depuis 2003, l assure: un livre sur deux vendu dans le Nord-Pas de Calais vient de son enseigne. Car le Furet est avant tout un libraire. Dans les rayons, CD et DVD introduits au début des années 2000 sont toujours restés secondaires. C est en partie ce qui explique ses bons résultats concentre les ventes sur peu de titres», explique Yves Marin, consultant du cabinet Kurt Salmon. Fort d une indépendance retrouvée en 2008 depuis que Lagardère Services l a revendu et que le groupe a été racheté par un fonds d investissement, le Furet du Nord fait donc le pari de s aventurer hors du Nord - Pas-de-Calais. Deux magasins ont ouvert en Ile-de-France: à Arcueil en octobre 2011, et au Kremlin-Bicêtre en octobre «Et ce n est qu un début», promet Pierre Coursières, qui prévoit d essaimer d autres points de vente sur le territoire national. Le prochain vient d être signé pour 2014, à Beauvais (Oise). Habitué des centres-ville, le libraire cible désormais les centres commerciaux de périphérie délaissés par ses concurrents. Car avec l augmentation des loyers, un espace en cœur d agglomération peut devenir un gouffre financier. Virgin en a fait les frais sur les Champs-Elysées. «Les bailleurs en centre commercial sont très intéressés de voir une enseigne comme le Furet s installer car nous augmentons le passage. A Arcueil, le trafic a ainsi augmenté de 5%. Cela nous permet de négocier le loyer plus facilement», ajoute Pierre Coursières. «Reste à voir comment ils vont s adapter à l essor du livre numérique», remarque MarieHélène Fosse-Gomez. En France, ce dernier représente moins de 2% du marché du livre (lire EcoFutur du 14 janvier). Mais les analystes parient qu il atteindra rapidement les 15%, comme aux Etats-Unis. «Les enseignes qui ont fait le choix d être spécialisées sur le livre sont protégées car ce bien souffre moins de la dématérialisation.» Claude Terrier de l institut d études GfK sur un marché des biens culturels dont le chiffre d affaires a chuté de 6% entre 2011 et 2012, selon l institut GfK. «Les enseignes qui ont fait le choix d être spécialisées sur le livre sont protégées car ce bien souffre moins de la dématérialisation», explique Claude Terrier, chef de groupe de l institut d études GfK. Alors que la vidéo a reculé de 8,7% et la musique de 12,2%, le livre n a perdu que 1,9% sur cette période, selon Gfk. D où les difficultés de Virgin, principalement axé sur le disque, et de la Fnac, qui a opté pour la stratégie «des 25%» (chaque rayon livres, CD, vidéo, électronique mis en avant à égalité). Mais pour Pierre Coursières, la résistance du Furet tient aussi au respect des basiques du commerce. Les équipes de vente, qui représentent les deux tiers des 384 salariés, «jouissent d une grande autonomie pour gérer les stocks. En contrepartie, ils sont très impliqués dans leur travail», souligne cet ancien de la Fnac. «Contrairement à certaines enseignes, il y a encore des vendeurs dans les rayons du Furet. Ils savent ce que veulent les gens, et adaptent l offre à la demande locale. Vous ne trouvez pas les mêmes produits d un magasin sur l autre», ajoute Marie-Hélène FosseGomez, professeure de marketing à Lille-II. Au Furet, classiques de la littérature et manuels attirent une clientèle d élèves et de professeurs. «Ces produits font plus de marge. D autres ont fait le choix de privilégier les nouveautés, mais cela LOGES. Le Furet place donc ses pions. Son site internet revendique déjà 1,3 million de références. On peut y commander des livres papier, mais aussi télécharger la version numérique de ouvrages ( pour la Fnac). L onglet Livres numériques figure d ailleurs aux premières loges sur la page d accueil. Pour les lire, le Furet commercialise la liseuse Cybook Odissey du français Bookeen. Une alternative maison au Kobo de la Fnac et au Kindle d Amazon. «Ce qui m intéresse, ce n est pas sur quel support le lecteur lit, c est qu il achète Furet du Nord», tranche Pierre Coursières. Pour lui, le numérique ne tuera pas les lieux physiques de vente. Il parie sur la complémentarité. «Plus de la moitié des gens qui réservent un livre sur notre site vont retirer leur achat en magasin.» Coursières est convaincu que le client de demain ne se rendra pas forcément au Furet pour acheter, mais pour être conseillé et vivre une expérience culturelle agréable. Et si le Furet était tout simplement en train de réinventer le modèle Fnac? REPÈRES 1936 Création de la librairie le Furet 1959 Rachat par Paul Callens et installation sur la Grand Place de Lille L entreprise familiale devient société anonyme Rachat par Lagardère Services. Décembre 2007 Lagardère annonce qu il cède 80% du groupe Virgin Furet du Nord au fonds d investissement Butler Capital Partners. Eté 2008 Butler Capital Partner vend le Furet à Vauban Partenaires et Participex Gestion, un actionnaire régional piloté par le Crédit agricole. Octobre 2011 Premier magasin ouvert hors du Nord Pas de Calais, à Arcueil (Val de Marne).

24 ECOFUTUR VII A Englos (Nord), en janvier. PHOTO P. HUGUEN. AFP LE PARI FRANCILIEN, DANS LES GALERIES COMMERCIALES FACE AUX LOYERS PROHIBITIFS EN CENTRE VILLE, L ENSEIGNE MISE SUR LA BANLIEUE POUR SON EXPANSION HORS DE SA RÉGION. C est le dernier né du Furet du Nord. La vitrine sur laquelle l enseigne parie pour séduire une clientèle nationale. Ouvert en octobre 2012, ce magasin est situé dans le centre commercial d Okabé, au Kremlin-Bicêtre (Val-deMarne). De l autre côté du périphérique, la porte d Italie et Paris sont à quelques centaines de mètres. Baies vitrées. Face aux loyers des centresville «devenus intouchables», selon Pierre Coursières, président du Furet du Nord, l enseigne a décidé ici comme à Arcueil (Val-deMarne) et à Beauvais (Oise) ouverture prévue pour 2014 de miser sur la périphérie des gros centres urbains. Coincé au deuxième niveau du centre entre une enseigne de jouets et un magasin de prêt-à-porter, c est le seul espace de biens culturels des environs. La façade tout en baies vitrées ne laissent aucun doute aux visiteurs sur ce qu ils pourront y trouver: des livres, surtout des livres. Malgré ses 1600 mètres carrés, le magasin est sondé en un coup d œil. «Nous voulions faire des espaces très lisibles: on voit tous les rayons de l extérieur grâce à des étagères à hauteur d épaule. Ça change de certains de nos concurrents», souligne Pierre Coursières. Les zones musique et vidéo ont été reléguées au fond. Elles occupent 15% de l espace, contre 40% pour le livre. Dans ce nouveau concept, les rayons ont été rééquilibrés au profit de la librairie. Autre originalité: les étagères et murs consacrés à la papeterie couvrent autant d espace que le livre. Et pour cause : en ces temps où le «fait maison» est à la mode, les loisirs créatifs (la moitié des produits présentés dans cette zone) se vendent plutôt bien. En plein milieu du hall d entrée, trône un «totem» bleu dédié au livre numérique. Mais on est encore loin du magasin connecté : quelques liseuses Cybook y sont exposées, et un texte invite les clients à se connecter au site du Furet pour y télécharger la version digitale des livres. Mais l écran est éteint. Petites feuilles. Comme le veut l esprit maison, les vendeurs en gilet rouge sont accueillants et viennent au contact du client. Au rayon des nouveautés, l un d eux conseille une femme qui veut faire un cadeau, et ne sait pas lequel choisir des deux livres qu elle a entre les mains. Accrochées aux étagères, les notes de lecture des vendeurs sont rédigées à la main sur de petites feuilles. Comme chez les «vrais» libraires. «Pour travailler au Furet, il faut aimer lire. Nous faisons partie de ces gens qui ont toujours un livre dans la poche», sourit l un d entre eux. Mais en ce samedi après-midi, peu de clients déambulent entre les étagères. «Ça fait un peu rayons de biens culturels qu on trouve dans les grandes surfaces. Ça manque de charme», confie un client qui découvre l enseigne. Quand on connaît le magasin historique de Lille, ses huit niveaux, ses recoins où il fait bon s asseoir pour feuilleter, son espace rencontre avec les auteurs, on cherche vainement cette ambiance particulière qui donne envie de fureter. Bref entre la concurrence des grandes surfaces, des nombreuses librairies de quartier et de la Fnac, le pari parisien du Furet n est pas gagné d avance. La greffe sera peut-être plus facile et moins risquée en province. M.R.

25 VIII ECOFUTUR FINI DE SE SURMENER AU PAYS DE L HYPERACTIVITÉ EN DIRECT DE SÉOUL Par EVA JOHN Correspondante en Corée du Sud A LE VENT, BIENTÔT PUITS D EAU POTABLE L éolienne est installée pour des essais aux Emirats arabes unis. ILLUSTRATION DR DEMAIN INVENTÉE PAR UN FRANÇAIS, UNE ÉOLIENNE RÉCUPÈRE LA VAPEUR D EAU. N ous sommes en En plein désert africain, des populations boivent de l eau née du vent. Mirage? Non. Grâce à un système imaginé et mis au point par un entrepreneur français, des éoliennes d envergure captent la vapeur d eau qui se trouve dans l atmosphère, et chacune d elles produit une moyenne de 1000 litres d eau en vingt-quatre heures. Le principe: mues par les courants aériens, les pales activent une turbine qui aspire l air. L effet né de la condensation, couplé à un compresseur de refroidissement, produit de l eau, laquelle est récupérée et filtrée pour devenir potable. Frigos. C est un simple bricoleur qui est l auteur de cette invention. En 1995, Marc Parent, alors âgé de 30 ans, s ennuie dans une entreprise de réparation de frigos à Saint-Barth. «Je suis quelqu un qui cherche le mouton à cinq pattes. A l école, que j ai quittée en troisième, ce qui ne me plaisait pas, c était d aller dans les chemins balisés.» Aux Antilles, il ré- cupère l eau qui s échappe de sa climatisation. Lui vient ainsi l idée d un système frigorifique couplé à une hélice qui, par condensation de l air, produirait de l eau. De retour dans l Hexagone, Marc Parent brevète son invention en Son premier prototype naît en «Je l ai bricolé tout seul, il faisait 2 mètres de diamètre.» Il dépose un deuxième brevet en En 2008, après trois autres prototypes, et avec euros en poche, il fonde une entreprise, Eole Water, à Sainte-Tulle, son village familial des Alpes-de-Haute-Provence. Sept ans plus tard, sa société compte sept sala- tiques difficiles, aussi : températures élevées et des vents de sable.» Jusqu à présent, l éolienne WMS1000 a pu collecter jusqu à 62 litres d eau par heure avec un taux d humidité moyen de 45% et une température moyenne de 24 C. Des analyses de l eau montrent un niveau de qualité très supérieur aux normes de potabilité de l OMS. Visibilité. Après «quelques difficultés» dans la recherche d un terrain d installation, la WMS1000 devrait être définitivement installée sur un mât dans les prochaines semaines en conditions réelles pour lui offrir une visibilité commerciale. Désormais, l éolienne va devoir gagner un autre combat: financier celui-là. Son prix se situe entre et euros. «Si on parvient à en fabriquer une centaine par an, le prix pourrait descendre à moins de euros.» «Naïvement», Marc Parent croyait qu en proposant d apporter de l eau en Afrique les contacts d ONG allaient pleuvoir. «C est vrai que la WMS1000 représente beaucoup d argent, reconnaît-il. Mais c est comme si on avait fabriqué la première automobile. Pour trouver des clients, il va falloir prouver qu on peut gagner de l argent en fabriquant de l eau. Pas en sauvant des vies.» L éolienne collecte jusqu à 62 litres d eau par heure avec un taux d humidité de 45%. riés et a levé 1,5 million d euros d un fonds d investissement. «Mon idée est devenue un passe-temps, avant d être mon unique activité. J y ai consacré quinze ans et tout mon argent.» Son éolienne WMS1000, de cinquième génération, est installée pour des essais aux Emirats arabes unis depuis octobre «On cherchait un pays stable entre l Afrique et l Asie, avec une bonne visibilité et susceptible de générer de gros investissements. Avec des conditions clima- PHILIPPE BROCHEN u rez-de-chaussée, un café et une salle de jeux pour enfants. A l étage, un open space dont les murs blancs et les meubles en bois rappellent une publicité pour un vendeur de meubles suédois. Sur le sol, des mots-clés peints, en anglais et en coréen: créativité, utopie, égalité. En plein quartier des musées de Paju, ville située à une trentaine de kilomètres de Séoul, on se croirait dans une start-up américaine ou une galerie d art. Pourtant, JenniferSoft est une petite entreprise spécialisée dans l optimisation des performances réseau. Pas très glamour. Samsung, Hyundai, Toyota ou encore la Deutsche Bank comptent parmi ses clients. Si cette société fait beaucoup parler d elle en Corée du Sud, c est parce qu elle propose à ses 26 employés des conditions de travail bien plus favorables que celles de la plupart des entreprises du pays. Yun-hee, directrice-adjointe du marketing, y travaille depuis sept ans. Elle arrive le matin à 10 h 30 et repart à 18 heures. Il y a trois ans, elle a bénéficié d un congé maternité en bonne et due forme. Aujourd hui, il lui ar200 km CORÉE DU NORD rive d amener sa fille de 3 ans au bureau. Horaires flexibles, Paju Séoul semaine de cinq jours, possibilité de télétravail, et entre CORÉE Mer DU SUD quatre semaines et deux mois Jaune de congés par an selon l ancienneté : des avantages uniîle de Jeju JAPON ques au pays du matin calme, où passer ses soirées et ses week-ends au bureau est bien vu. Avec 2090 heures par an, c est le deuxième pays au monde où l on travaille le plus, juste derrière le Mexique. Et la majorité des femmes sont contraintes d arrêter leur carrière au moment de leur première grossesse. Chez JenniferSoft, une psychologue tient permanence trois fois par semaine. Les salariés peuvent faire une pause dans la piscine et au jacuzzi, au sous-sol. «Les gens sont trop stressés. Les profits sont nécessaires, mais ils ne devraient pas être notre motivation première», estime Andy Lee, le directeur. Quand il a fondé JenniferSoft il y a huit ans, cet ingénieur de formation a tenté de «créer un lieu où tout le monde aurait envie de travailler». Ancien programmeur chez LG et IBM, il ne cache pas s être inspiré du modèle Google. Récemment, il a fait venir un philosophe pour donner une conférence sur le bonheur. Trop beau pour être vrai? «Non, nous sommes numéro 1 sur notre secteur en Corée», assure-t-il. Avant de concéder : «Parfois, nos partenaires coréens ont du mal à comprendre quand personne ne décroche le téléphone après 18 heures. Mais, ils rappellent le lendemain.» Ch. Abramowitz/RF Initiative France Info, Lucie Montchovi sur France Info du lundi au vendredi à 6h20 et 11h20 Et tous les lundis avec Eco/Futur franceinfo.fr

26 18 SPORTS QUESTIONS À NICOLAS MICHAUD DIRECTEUR DU SKI NORDIQUE TRICOLORE «Les Mondiaux de biathlon sont de bon augure pour les JO» C. PALLOT.AGENCE ZOOM Les Mondiaux de biathlon se sont achevés hier à Novo Mesto (Slovénie), la France occupant la deuxième place au classement final avec une médaille d or, contre huit aux Norvégiens. Un résultat qui satisfait Nicolas Michaud, directeur du ski nordique tricolore. w Quel bilan tirez-vous de ces Mondiaux? A Ruhpolding, l an dernier, la France était rentrée avec huit médailles. Nous savions que c était un résultat exceptionnel, difficile à égaler. Et, en partant à Novo Mesto, nous n étions sûrs de rien. La France termine ces Mondiaux avec quatre médailles individuelles et une mixte chez les garçons, un résultat obtenu grâce à la performance de Martin Fourcade. Mais, derrière lui, Jean-Guillaume Béatrix, Alexis Bœuf et Simon Fourcade [frère de Martin, ndlr] se placent en vrais outsiders. Ce qui est de bon augure en vue des JO. Hier, dans la mass-start, Martin a réalisé un tir à 19 sur 20, mais ça ne suffit pas quand les dix cadors se retrouvent ensemble au dernier tir. Il ne faut pas en rater un à ce moment-là. w Pourquoi les filles rentrent-elles bredouilles? C est vrai que nous étions habitués aux médailles féminines, mais nous ne sommes pas paniqués, car le niveau de ski chez les filles n est pas loin de celui des meilleures. Aujourd hui, même en faisant un super shoot, il faut être bon en ski pour aller chercher une médaille. Il leur manque juste un peu de sérénité. Et puis, cette fois, Marie-Laure Brunet n a pas pu réaliser l exploit de l an dernier où elle avait réussi à aller chercher deux médailles. Là, elle n a rien pu faire. Elle a trop puisé dans ses réserves cette saison et il faut qu elle fasse une pause de trois mois dès maintenant pour pouvoir envisager une remise en forme pour la saison prochaine. w Le biathlon va quand même rester le grand pourvoyeur de médailles du nordique aux JO de Sotchi l année prochaine? Nous tablons sur quatre médailles en Russie grâce au biathlon, mais n oublions pas les deux médailles qui peuvent venir du combiné nordique et celle du saut féminin. Recueilli par D.D.M. RETOUR SUR LE MEURTRE DE SA PETITE AMIE PAR L ATHLÈTE SUD AFRICAIN A Oscar Pistorius, la belle et la batte La presse sud-africaine n en finit plus de dévoiler des détails sur la mortelle Saint-Valentin de l athlète Oscar Pistorius, accusé par la justice d avoir tué avec préméditation, dans la nuit de mercredi à jeudi, sa petite amie, Reeva Steenkamp. L hebdomadaire City Press a notamment révélé qu une batte de cricket couverte de sang a été retrouvée chez Pistorius, le journal affirmant de surcroît que la tête de Reeva Steenkamp a été «écrasée». Des médias se sont fait l écho d une dispute au sein du couple, le Sunday Independent la faisant remonter au début de soirée, et affirmant que des gardiens du domaine fortifié de la banlieue de Pretoria ou habitait l athlète sont même intervenus pour calmer l algarade. Le même journal affirme qu une fois les coups de feu tirés, Pistorius a donné au moins deux coups de fil: un à son père (qui n a appelé ni la police ni une ambulance) et un autre à une amie, qui a appelé les secours. Des analyses concernant le sang trouvé sur la batte de cricket ainsi qu un bilan toxicologique de l athlète sont en cours. Oscar Pistorious doit comparaître mardi devant un tribunal de Pretoria. 8 C est le nombre de finales perdues par le tennisman français Julien Benne teau pour autant de dis putées. Celui qui avait réussi vendredi l exploit de sortir Roger Federer s est incliné sèchement (6 7 [2], 3 6) à Rotterdam, hier, face à l Argentin Juan Martin Del Potro, 7e mondial, qui a passé 13 aces. LES GENS Jimmy Vicaut (gauche) a remporté le 60m devant Emmanuel Biron. THIERRY ZOCCOLAN. AFP ChristopheLemaitre rangédespointures «Le ski de fond dans les années 90, c était ATHLÉ Le sprinteur tricolore a raté ses championnats comme les Tours de France d Armstrong. Le scandale en 2001 de l équipe de Finlande de France en salle, 3e du 60m et forfait sur 200m. décapitée [pour dopage, ndlr] a créé un choc. Mais, chaque année, des Russes se font epuis les Jeux de Lon- mise en route. Jimmy Vicaut a en quelque sorte cassé une dres en août, il plane l attendait de pied ferme : barrière psychologique : choper. Leurs coachs étant eux-mêmes sur le sprint français même pas 20 ans (contre 22 à «Jimmy était très nerveux à d anciens dopés, ça pose question.» e D Maurice Magnificat fondeur français, dans l Equipe Magazine. Les Mondiaux s ouvrent mercredi en Italie. FOOT L Olympique lyonnais a explosé Bordeaux (4-0), qui évoluait pourtant à domicile, lors de la 25e journée de Ligue 1; Clément Grenier a mis deux buts, symbole d une jeune classe lyonnaise (Alexandre Lacazette, Rachid Ghezzal) qui a remis la marche avant. La 25e journée de Ligue 1 : Vendredi Lille-Rennes 2-0. Samedi Lorient-Evian 2-1, Montpellier-Nancy 1-0, Toulouse-Troyes 2-2, BrestAjaccio 1-1, Marseille-Valenciennes 1-0, Bastia-Nice 0-1. Hier Bordeaux-Lyon 0-4, Reims-Saint-Etienne 1-1, Sochaux-Paris-SG (résultat non parvenu). VOILE Le skippeur français Tanguy de Lamotte (Initiative Cœur) a pris hier la 10e place du Vendée Globe en arrivant aux Sables-d Olonne plus de trois semaines après le vainqueur, François Gabart. Seul le Franco-Italien Alassandro Di Benedetto (Team Plastique) est encore en mer. BASKET Gravelines a remporté la Leader s Cup, exsemaine des as, en battant Strasbourg en finale (77 à 69). Si l Américain Dwight Buycks a été le meilleur marqueur avec 19 points, c est le pivot du BCM, le Français Ludovic Vaty, qui a été élu meilleur joueur. comme l idée d une passation. Christophe Lemaitre a traversé les compétitions olympiques à marée basse : une sixième place sur 200m, conséquence d une préparation erratique où le sociétaire de l AS Aix-les-Bains aura mal géré jusqu à son poids ; et le sentiment qu il n a plus sa place au très haut niveau sur la distance du 100m, qui aura vu cinq concurrents descendre en finale sous la barre des 9 secondes et 90 centièmes. Défaite annoncée. Samedi, Lemaitre était à Aubière (Puy-de-Dôme) pour disputer les championnats de France en salle, et plus précisément le 60 m, une distance qui n est pas faite pour ce grand gabarit (1,98 m) ayant depuis toujours des difficultés de Lemaitre), une 6 place sur 100 m aux Mondiaux de Daegu en 2011 et deux 6 53 sur 60 m cet hiver quand l Aixois plafonnait à Du point de vue de l ancien, c était un peu chronique d une défaite annoncée. Elle est survenue: un 6 53 de plus pour Vicaut, Lemaitre en 6 69 et Emmanuel Biron qui s intercale entre les deux (6 63), ce qui confine à l affront pour la star de l athlé français. Comme prévu, Lemaitre a eu du mal à mettre en route. Comme redouté, il a aussi peiné ensuite. Au final : première défaite aux championnats de France pour «l Express de Culoz» depuis ses années chez les juniors en Dans l Equipe, l entraîneur de Vicaut, Guy Ontanon, a expliqué que son sprinteur l échauffement des séries. J ai dû le reprendre en main après son faux départ. La victoire était attendue, mais c est un soulagement d avoir enfin conjuré le sort.» Pneumonie. Lemaitre, lui, a expliqué subir les suites d une pneumonie contractée début février au Portugal : «J ai encore des carences en vitamine C, les analyses sanguines ne sont pas bonnes. Il faut relativiser. Si je ne suis pas en forme au début de la saison estivale, là, oui, il faudra s inquiéter.» Peut-être est-il déjà l heure. Forfait hier sur 200m (après une légère douleur à un psoas à l échauffement), Lemaitre n a manifestement plus grand-chose à voir avec le guerrier de 2011, celui que la compétition exaltait. G.S. RAYMOND POINTU, RELIGION ATHLÉ L ancien journaliste de l Agence France Presse Raymond Pointu a reçu, hier, le prix Robert Parienté pour son travail et ses écrits sur l athlétisme durant près de cin quante ans. Cet hispano phone de 73 ans était une grande figure de l olym pisme sous toutes ses for mes, que ce soit sur le terrain ou dans les instan ces internationales. Ray mond Pointu, qui a pris sa retraite en 2005, a débuté la couverture de l athlé tisme en 1964 à Miroir Sprint puis Miroir de l athlé tisme, dont il fut également le rédacteur en chef. Il a ensuite effectué un long passage au Monde, de 1970 à 1977, pour terminer sa carrière à l AFP. Ce prix était remis par le Groupement des inter nationaux français d athlé tisme (Gifa) en marge de la 2e journée des cham pionnats de France d athlé tisme en salle, à Aubière. PHOTO AFP

27 FORMATION Contact: Tél: EDITION! Centre d Ecriture et de Communication Formez-vous à votre rythme Les 120 heures Réunion d'information Ce soir à 18 h Concevoir et publier des livres numériques Du 15 avril au 5 juillet 2013 (quatre fois une semaine) Correction et réécriture Du 13 mai au 26 juillet 2013 Les cours du soir Réunion d'information Ce soir à 18 h Du 27 mars 2013 au 26 juin 2013 Techniques de base du journalisme Outils de la PAO Correction relecture Du 27 mars 2013 au 15 mai 2013 Nouveauté: Faire vivre son blog 7, rue des Petites Écuries Paris 10e (%$'"!)%& "- '#!)*$ +*,%$$*,!*-$ -,&!%#, '"%$ )+*(,;# 30! &#5$0!!@5770<! 30 <; &#0!!0 0A 30 <(=3@A@57 ) ' :*+,*.5<@" ' 2* 9;<;30-40 >580#A' /* 9;73078#5?6%?0- /0<$573*.#?@3?6%3"#8%@>/*,>$$>4=9?:! 1/ "=/ $#85(8>!/* +354?=8?>35* <::4#>?=#/* ;;;*4/5?#//4*437 )' 20 -' '& )- 7, rue des Petites Écuries Paris 10e Prochainement la galerie FRESHva ouvrir ses portes Le lieu sera dédié à la jeune création contemporaine. L espace «jeunes créateurs» côtoiera l espace d exposition qui mettra chaque mois en avant un artiste plasticien. Cet artiste fera l objet d une mise en lumière particulière durant le temps de l exposition. La galerie est idéalement située à Vernon dans l Eure, à l entrée du circuit jusqu à Giverny. Ce lieu touristique est visité chaque année par personnes ; pour bon nombre, ils sont étrangers venus essentiellement des Etats-Unis et du Japon. La galerie Fresh est l occasion pour les artistes que nous souhaitons promouvoir de connecter à des publics internationaux. Vous qui êtes un jeune artiste nous souhaitons étudier votre dossier afin de le sélectionner ; et peut-être de vous compter parmi les premiers artistes à exposer dans notre galerie. Dossier à envoyer exclusivement par mail à Anne Ollivier - Bureau AOD - anne.ollivier@ymail.com Une participation de 650 sera demandée pour 3 semaines d exposition, inclus une personne dans la galerie chargée de vous représenter ainsi que les frais inhérents à la promotion de l exposition. A votre SERvICE Achète DIVERS RÉPERTOIRE cher Disquaire sérieux achète disques vinyles 33t/45t. Pop/rock, jazz, classique,... Grande quantité préférée. Déplacement possible. Tél. : Bibelots, horlogerie, meubles anciens, tableaux, armes anciennes, jouets, cartes postales, livres anciens, sculptures... DÉMÉNAGEURS Apprendre un métier Les parcours qualifiants Réunion d'information Ce soir à 18 h Découvrez la nouvelle communication. Éthique, sociale et solidaire. 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28 20 REBONDS Euthanasie, la «bonne mort» qui anesthésie les consciences Par GILLES FREYER Professeur de cancérologie au CHU de Lyon E n se prononçant sur la «sédation terminale», pratique relevant des soins palliatifs et non de l euthanasie médicalement assistée la mort provoquée de manière immédiate et intentionnelle, le conseil de l ordre des médecins n a guère contribué à la clarification du débat. Pour une large majorité de nos compatriotes, la légalisation de l euthanasie en finira avec le «mal-mourir», imputable à des décennies d archaïsme, de conservatisme idéologique et religieux ; dans le sillage de certaines démocraties européennes Pays-Bas, Belgique, notre pays entrerait ainsi dans l ère du progrès civilisateur : l ère du «mourir dans la dignité». Mourir dans la dignité. Comment réfléchir au-delà de cet encombrant poncif? La dignité serait donc, de façon inacceptable et surtout irrémédiable, altérée par la souffrance physique et psychique, la dégradation du corps, la perte de l autonomie. Pourtant, chaque jour, le dévouement des équipes formées aux soins palliatifs, l héroïsme et la solidarité des proches Il faut vingt ans pour former un font reculer la soufbon spécialiste de soins palliatifs, france. Dans la mort cinq minutes à n importe qui pour même, avec ou sans espoir d éternité, tous repratiquer une euthanasie. trouvent avec les mourants la dignité de leur condition commune. Il n est pas sûr que, par l euthanasie, l effacement brutal de la mort, devenue obscène pour nos contemporains, préserve cette sérénité si chèrement conquise sur l injustice. Qui enfin osera parler de la dignité des soignants «convoqués» par la loi, souvent en marge d une société hédoniste qui les voudrait instruments de son très matérialiste désir d immortalité? Pour autant, lutter contre la souffrance nécessite l emploi de médicaments sédatifs accusés d êtres des substituts euthanasiques, ce qui est faux. Une sédation bien conduite peut avoir certains effets positifs, notamment sur le plan respiratoire. L emploi de doses excessives, en revanche, précipitera une issue fatale : seule l incompétence tue. Il faut vingt ans pour former un bon spécialiste de soins palliatifs. Il ne faut que cinq minutes à n importe qui pour pratiquer une euthanasie. Dans les services de réanimation, la question se pose régulièrement d interrompre, par exemple, une ventilation artificielle lorsque la mort est inéluctable. Les soignants ont l habitude de ces longues entrevues avec les familles, qui aboutissent à la décision de «débrancher». La loi Leonetti autorise cet arrêt des soins inutiles, aucun autre dispositif réglementaire n est nécessaire. Ces décisions ne sont jamais prises à la sauvette, comme on tente abusivement de le faire croire, et il n y a pas dans les hôpitaux français les milliers d euthanasies cachées dont on mentionne si souvent l existence en un fantasme récurrent. La loi stipulera qu un praticien pourra refuser de pratiquer une euthanasie; un autre alors le fera à sa place. Qu adviendra-t-il donc si tout un service s y refuse? Créera-t-on un nouveau corps de soignants spécialistes en euthanasie? Le propos n est pas excessif: la création d unités mobiles, y compris à domicile, a été sérieusement imaginée aux Pays-Bas par l association Right to Die-Netherlands et des voix commencent à s élever pour promouvoir l euthanasie chez des personnes âgées, même éventuellement indemnes de maladies ou tout simplement atteintes d une démence de type Alzheimer. Après l eugénisme de triste mémoire, voici l eubiotie, la vie qui vaut le coup d être vécue, la vie digne. Mais selon quels critères? Une loi n est pas faite pour traiter des cas particuliers ou exceptionnels. Elle n a de sens que si son existence procure, au total, davantage de bienfaits que son absence. Consécration de la technoscience médicale au service du libre choix du patient pour les uns, elle devient une dangereuse généralisation de cas extrêmes pour les autres. Les dégâts collatéraux potentiels de ce «progressisme» social sont nombreux: dérive par incompétence du soignant je ne sais pas soulager la souffrance, donc j y mets fin, dérive par conviction personnelle et prosélytisme, en face de malades vulnérables que l on peut facilement convaincre; dérive socio-économique, car un mourant qui s éteint doucement coûte cher et épuise les soignants, accusés de gaspiller les ressources. Bien sûr, la loi garantira la collégialité des décisions et la multiplicité des précautions. Mais aucune collégialité, aucune expertise, aucune procédure administrative, aussi sophistiquée soit-elle, ne préviendra la dérive globale, imperceptible et progressive, d un système aussi abusivement consensuel. Sans retour en arrière possible pour les victimes de gestes inconsidérés, car la bonne mort (eu-thanasie) sous perfusion anesthésiera aussi les consciences. C est ainsi qu une régression sera vécue comme un progrès. Faut-il, à un prix sociologique et humain aussi élevé, vouloir à tout prix qu une loi s insinue à ce point dans les méandres du particulier, de l intime? Le choix du personnage des Invasions barbares, le beau plaidoyer de Denys Arcand, n est-il pas finalement de mourir sans les médecins, mais avec les siens? L unanimité du moment porte en elle-même son incongruité démocratique. En vingt ans de pratique cancérologique, je n ai jamais reçu une seule demande d euthanasie ferme, réitérée, irrévocable. Mais j ai passé beaucoup de temps au chevet des mourants, ce qui n a rien rapporté à mon hôpital, soumis à la «tarification à l activité». Demain, quelle que soit la loi, nul ne périra simultanément de ma main et par ma volonté. Ne laissons pas l ignorance faussement civilisatrice gagner le cœur des hommes. Fin de vie: courage fuyons Par VINCENT LENA Magistrat, président de l association Faut qu on s active! L a ligne Maginot défendue avec un bel ensemble par les moralistes et les mandarins de la Faculté contre le tabou de l euthanasie serait-elle en train de céder, avec l avis du conseil de l ordre des médecins en faveur d une «sédation terminale» en fin de vie à la demande du patient, par «devoir d humanité»? La gauche au pouvoir, qui vient de prouver qu elle est plus ouverte que la droite sur les sujets de société, va-t-elle réaliser une nouvelle avancée, conformément aux engagements de François Hollande? A y regarder de plus près, l espoir est vite déçu. La sédation terminale évoquée par le conseil de l ordre n est qu une modalité d application de la loi Leonetti de 2005, qui prévoit un «droit au laisser mourir», aussi hypocrite que cruel. Personne ne doit ignorer que la «mort douce» par sédation terminale se traduit dans les faits par l arrêt de l alimentation et de l hydratation qui finit par provoquer la mort par épuise- ment au bout de plusieurs jours, après parfois des phases de réaction spectaculaires imposant une nouvelle épreuve aux familles plongées dans la douleur. Finalement, l ordre des médecins ne fait rien d autre qu apporter son soutien aux conclusions du rapport remis il y a quelques semaines au président de la République par le professeur de médecine Sicard, qui se refusait à toute évolution législative, à l exception d un hypothétique «droit au suicide assisté» revendiqué depuis longtemps par l Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui ne gêne pas les médecins puisqu il renvoie aux individus et aux familles le geste de délivrance. La nouveauté vient d ailleurs. Par malice ou maladresse, le conseil de l ordre vient de rendre public un sondage auprès de 600 médecins, qui révèle que 60 % d entre eux sont favorables à l euthanasie active, qui permet dans certains cas exceptionnels, et à la de- mande du patient, une injection létale pour la délivrer, et que seuls 17% y sont tout à fait opposés. Finalement pas si éloigné des 90% de citoyens qui s expriment régulièrement en faveur de l euthanasie. La preuve est faite une fois de plus que le débat n avancera que si on laisse la parole aux praticiens, aux familles et aux citoyens, comme l association Faut qu on s active! l avait fait au moment de l affaire Humbert, en recueillant signatures pour une «loi Vincent Humbert» prévoyant une «exception d euthanasie» strictement encadrée, et autant de témoignages sur les scandaleuses inégalités face à la mort, selon l écoute et le courage des soignants, à l hôpital ou dans le secret des maisons. On ne saluera jamais assez le dévouement des équipes de soins palliatifs, et les souffrances inutiles évitées. Encore trop rares, ils ne sont pas non plus la panacée, parce qu ils n assurent pas toujours une mort sans souffrances, et que des demandes de mourir persistent. Les praticiens belges disposent d une expérience beaucoup plus longue que la nôtre, qu il serait utile de prendre en compte. Il restera donc toujours des cas de souffrance extrême, de déchéance physique, de désespoir incontrôlable, qui méritent que l on écoute jusqu au bout la parole des patients, et que la médecine se sente engagée, audelà d une confortable sédation terminale, qui pose d autres problèmes de conscience. Que répondre à ces cas limites dont personne ne veut jamais parler, sauf dans la rubrique des «faits divers», lorsqu un personnel médical trop à l écoute est dénoncé, ou qu une famille passe à l acte? La vraie lâcheté est de ne pas aborder ce sujet difficile, la faute impardonnable est de faire croire que le problème peut se régler par la sédation terminale ou le suicide assisté, le devoir est d écouter les citoyens et de respecter leurs dernières volontés.

29 REBONDS L'ŒIL DE WILLEM Par DANIEL SCHNEIDERMANN Le monde de demain passe aussi par l Europe Par NEELIE KROES Commissaire européenne aux Technologies de l information et GILLES BABINET Entrepreneur (1) V ous pensez que l Europe de l innovation est à la traîne? Que la crise financière va nous maintenir dans une période d atonie économique pendant des années? Vous êtes convaincus que vos enfants vivront moins bien que vous-même? Et bien, l Europe n en reste pas moins la plus grande zone économique de la planète, et surtout celle où la richesse est la mieux partagée. L Europe est aussi première en nombre de prix Nobel et de brevets, en budget total de recherche et développement ou en nombre de docteurs en sciences issus chaque année de l université. Certes, l Europe, comme de nombreuses autres régions du monde, souffre de la crise: chômage, travail précaire et, dans certains pays, systèmes sociaux en repli. La réalité, c est qu il ne s agit pas seulement d une crise, mais plus encore d un changement d ère qui implique un changement du rythme des innovations et, plus largement, l émergence d une société de la connaissance mue par les technologies de l information. Le message doit être entendu fort et clair: les pays qui sont capables d anticiper cette évolution s extrairont plus vite et mieux de cette crise. C est pourquoi il faut arrêter de se morfondre et nous attacher à valoriser les compétences historiques de l Europe en particulier dans le domaine des technologies de l information et de la communication (TIC), qui est de loin le secteur économique qui crée le plus d emplois. C est pourquoi, dès maintenant, la Commission européenne lance une coalition pour les compétences et l emploi afin de former personnes par an en informatique et faire occuper postes d ici à Elle lance Startup Europe pour que 5000 start-up du Web puissent être créées d ici à 2015 permettant l émergence de deux ou trois leaders mondiaux. La France, en Europe, dispose d atouts particuliers en raison de la qualité de sa formation scientifique et de son écosystème numérique. Malgré cela, les indicateurs y sont mal orientés : la croissance numérique y est plus faible que dans d autres pays et il y a moins d ingénieurs spécialisés qui s y forment qu il y a dix ans. La réforme de l Etat par le numérique (il n y est consacré que 1,3 % de son budget, loin de la moyenne européenne), la modernisation de l enseignement sous toutes ses formes, avec des méthodes incluant le numérique, et la réforme du financement et de la fiscalité des entreprises innovantes afin de leur permettre d attirer facilement les capitaux, sont les trois facteurs clés pour l émergence d une économie numérique forte et inclusive. Il s agit de chantiers auxquels la France pourrait s atteler avec un grand bénéfice. Car l opportunité de construire une société de plein-emploi, avec des systèmes sociaux modernes et efficaces, ainsi qu un Etat à l écoute de ses citoyens, n a jamais été aussi concrète. C est pourquoi il faut dire non à l europessimisme et oui à la société de l innovation. (1) Désigné «champion du numérique» pour la France auprès de l UE. Gilles Babinet a cosigné, avec Frédéric Creplet, le rapport: «Un new deal pour le numérique» publié par l institut Montaigne. 21 La journaliste latiniste et l incroyable nouvelle Giovanna Chirri parle le latin. l écroulement de ses repères, de C est préférable: cette journaliste son monde (il faut imaginer la vie italienne suit le Vatican pour quotidienne d un accrédité au l agence italienne Ansa. Et c est Vatican). Faire confiance à son elle, en écoutant le discours du cerveau en pilotage automatique. pape en latin à propos de la béati- Arriver à associer ces deux mots fication des martyrs d Otrante, qui incompatibles : «pape» et «déa saisi la première les phrases mission». Savoir reconnaître incroyables : «Mes forces ne sont l Histoire quand elle survient dans plus aptes à exercer le ministère la rue, déguisée en passante ordipétrinien.» Et la suite que l on con- naire. Combien de fois dans une naît : renonciation du pontife à la vie un journaliste a-t-il ce privicharge à compter du 28 février. lège d écrire l histoire immédiate, Tout de suite, elle signale les phra- et de ne pas seulement la recoses à sa rédaction en chef. pier? Aujourd hui, quand un évé«j ai donné la nouvelle, et nement parvient dans les rédacj ai pleuré», dira-t-elle. Incrédu- tions, c est le fait qu il ait été lité de la rédaction en chef. Dis- «urgenté», ou non, par les agencussion que l on devine fiévreuse. ces de presse, qui détermine le reon s imagine à la place du rédac- gard que l on portera sur lui et teur en chef. Se lancer? Attendre le traitement qu on lui réservera. la confirmation officielle? Pen- Rude mission d être celui qui est dant l échange, le porte-parole du justement en charge d urgenter, Vatican, le père Fedirico Lom- ou non, une dépêche. bardi, rappelle Giovanna Chirri et L épisode rappelle la fameuse confirme l incroyable nouvelle. conférence de presse, en novemansa a perdu quelques minutes, bre 1989, du secrétaire du Parti mais grille tout de communiste est-almédiatiques même l AFP de lemand, Günter sept minutes. D où Schabowski, où fut l on déduit que le correspondant annoncée la chute du mur de Berde l AFP au Vatican ne parle pas le lin. latin. Ou peut-être que si. Il y a Lisant laborieusement son texte, des détails de la scène que l on ne Günter Schabowski rendait connaît pas. compte des travaux du Comité Dans la salle de presse du Vatican, central. A la fin du point de presse, Giovanna Chirri n est pas seule à vers 19 heures, toujours le nez suivre le discours du pape. Ils sont collé à sa feuille, il annonce que une poignée de confrères accré- le Comité a décidé que les visas dités, mexicains, et aussi français. pour l Ouest seraient désormais Pourquoi est-elle la seule à réagir? délivrés sur simple demande, sans Les confrères ne parlent-ils pas le délai d attente. Dans le brouhaha latin? Ou bien est-elle celle qui final, un journaliste demande parvient le plus vite à vaincre son quand cette mesure entrera en apincrédulité? On imagine les débats plication. «Tout de suite, je pense», affolés. Mais si, je t assure qu il a répond Günter Schabowski, hésibien dit ça. Tu rêves, c est impos- tant, après avoir vainement chersible. Il a seulement dit qu il avait ché la précision dans le texte un coup de mou, aujourd hui, et qu il a sous les yeux. qu il va se remettre. En bon allemand, cela signifie que Ces quelques secondes où le jour- oui, le mur de Berlin est tombé, là, naliste n est plus seulement un à cet instant. Pourtant, en dépit de journaliste, mais un homme, une la présence probable dans la salle femme, seul(e) face à ce que ses de journalistes étrangers, il n y sens lui transmettent. Arriver à aura pas d alerte des agences de croire les messages insensés de ses presse et, si la nouvelle fait le preyeux et de ses oreilles. Arriver à mier titre de l ARD, la chaîne puaccepter en quelques secondes blique de RFA, elle ne passe pas les frontières allemandes, et les téléspectateurs français s endorment paisiblement. Ce n est qu au masur LIBÉ.FR tin que le public européen apprendra que le mur de Berlin est tombé Toutes nos chroniques sur: dans la nuit. Les journalistes pré sents n avaient pas osé en croire /chroniques leur latin. Il n y avait pas de Giovanna Chirri dans la salle.

30 22 REBONDS Nous reconstruirons les mausolées de Tombouctou Par IRINA BOKOVA Directrice générale de l Unesco AURÉLIE FILIPPETTI Ministre de la Culture et de la Communication et BRUNO MAÏGA Ministre de la Culture du Mali L a renaissance du Mali passera par le patrimoine culturel. La reprise des villes de Gao et de Tombouctou marque une étape vers la reconstruction de ce pays. Mais les violences de ces derniers jours rappellent combien le chemin sera long. La situation humanitaire reste critique, la population est en deuil et divisée, marquée par les privations de la guerre et plusieurs mois d un régime de terreur. Comment reconstruire et par où commencer? La renaissance du Mali passera notamment par la culture. L Unesco réhabilitera les mosquées et les mausolées détruits. La France, qui apporte son aide à la protection du territoire du Mali, appuiera la reconstruction de ce patrimoine Aujourd hui même, l Unesco qui demande et la France organisent à Paris la mobilisation l Afrique et une journée de solidarité avec de de toute la le Mali, ce sera le coup d envoi communauté de cette réhabilitation internationale. La culture n est pas un luxe. Elle est la clé de l identité et de l unité de la société malienne. Le patrimoine incarne la fusion des différents éléments de la diversité culturelle du Mali. C est une force de cohésion indispensable à la réconciliation. Les trois mosquées et seize mausolées de Tombouctou, comme le tombeau des Askia à Gao, inscrits au patrimoine mondial de l Unesco, sont porteurs de l histoire d un peuple, et c est pour cette raison que les troupes d Ansar ed-dine, sitôt ces villes prises, ont décidé de les saccager. Ils l ont fait délibérément pour assujettir la population et diviser la société. Réhabiliter ces sites n est pas qu une réparation matérielle : c est montrer que le terrorisme n est pas une fatalité. C est rendre une dignité à tous ceux meurtris dans leur chair et dans leurs croyances. C est permettre au nord du Mali de redevenir ce lieu d échanges et de rayonnement qu il a été pendant des siècles. C est par le patrimoine que le peuple trouvera la confiance de reconstruire l unité nationale et de regarder vers l avenir. L Unesco et la France se mobiliseront aussi pour aider à protéger les centaines de milliers de manuscrits anciens de Tombouctou. La période de tumulte qui s ouvre est propice aux règlements de comptes, elle augmente aussi les risques de pillages et de trafic illicite des biens culturels. C est pourquoi l Unesco a appelé les pays voisins à la vigilance. Le sort des manuscrits est le plus à craindre: Tombouctou en abrite plus de , rédigés entre les XIIe et XVIe siècles, conservés dans des collections privées et publiques, cachés dans des caves et des greniers. Ils sont l héritage du temps où la ville était le centre culturel de l islam en Afrique. La protection de ces documents est une tâche infiniment complexe. A ce jour manuscrits ont été numérisés, sont conservés au centre de recherche Ahmed-Baba créé en 1974 avec le soutien de l Unesco et partiellement incendié par les troupes d Ansar ed-dine. De nombreux pays se mobilisent déjà pour apporter leur appui et le centre peut compter sur l aide de la Bibliothèque nationale de France (BNF) pour participer, dans l urgence du moment, à la conservation et à la restauration des manuscrits. La BNF pourra également devenir partenaire du programme de numérisation. L Unesco a déjà fourni aux autorités et aux forces armées les données nécessaires à la localisation et à la protection des sites plus de «passeports pour le patrimoine» reprenant ces informations ont été distribués aux soldats et aux humanitaires. Elle enverra une mission sur place, dès que la situation le permettra, pour déterminer les besoins les plus urgents et orienter l effort de réhabilitation, en collaboration avec le gouvernement du Mali. Il ne s agit pas de protéger le patrimoine comme supplément d âme à la vie des peuples : la culture est garante des valeurs qui fondent la société. Si le Conseil de sécurité des Nations unies a tant mis l accent sur le patrimoine culturel au Mali, c est qu en Libye, en Irak, en Afghanistan, le patrimoine a prouvé sa capacité fragile mais nécessaire à renouer le dialogue entre communautés, à faire avancer la paix. La protection de ce patrimoine est vitale pour le Mali, pour la région et pour notre regard sur l Afrique. Les manus- crits de Tombouctou réfutent les préjugés faisant de ce continent une terre de traditions exclusivement orales. Ils montrent la richesse des sources écrites en provenance de tout le monde musulman, en mathématiques, en droit, en littérature et révèlent la profondeur historique du continent. C est un immense potentiel de dialogue et de diplomatie culturelle. Ce patrimoine est surtout le témoignage d une tradition de tolérance et de partage des savoirs. Les extrémistes ont voulu l effacer: nous devons la soutenir. L écrivain malien Ahmed Baba disait : «Le sel vient du Nord, l or vient du Sud, l argent vient du pays des Blancs, mais la parole de Dieu, les choses savantes et les contes jolis, on ne les trouve qu à Tombouctou.» Aujourd hui même, l Unesco et la France organisent à Paris une journée de solidarité avec le Mali, et les dirigeants politiques, artistes et experts présents viendront dire leur attachement au Mali et à sa culture, qui doit continuer à rayonner malgré la guerre. Nous y donnerons le coup d envoi du plan de réhabilitation. Comme l Unesco a sauvé les temples d Egypte menacés par le barrage d Assouan et reconstruit le pont de Mostar détruit par la guerre en Bosnie-Herzégovine, l Unesco reconstruira les mausolées de Tombouctou. Il faudra du temps et ce doit être le symbole de notre détermination à protéger la culture comme ligne de défense contre la barbarie. Méliès de Montreuil: quelle politique pour le cinéma? Par DOMINIQUE VOYNET Maire de Montreuil, Europe Ecologie les Verts (EE LV) M esdames et messieurs les réalisatrices et réalisateurs, Merci pour votre tribune parue le 14 février dans ces colonnes. Merci de soulever enfin la question essentielle. Car, après des semaines de rumeurs et d allégations au minimum approximatives, après cette agitation pénible pour nous tous spectateurs, amoureux du cinéma, agents et élus municipaux vous posez enfin la bonne question à propos du cinéma Méliès: à travers cet équipement, quel service public du cinéma proposons-nous aux habitants de Montreuil et d ailleurs? J y reviendrai. Les événements récents autour du Méliès ne doivent rien aux supposées tentatives de «déstabilisation» dont vous vous faites l écho, Notre stratégie consiste à penser mais seulement aux responsabilités qui sont le temps long des œuvres et à les miennes en tant que concevoir des équipements pour maire de Montreuil, face les porter devant leur public. aux graves dérives constatées au sein de ce service municipal, dans la gestion des deniers publics. Après les enquêtes et contrôles réalisés par la ville et par le Trésor public, les faits sont là, incontestables : une double billetterie ne faisant l objet d aucune comptabilité a permis de soustraire des caisses du cinéma, donc des finances de la ville, des dizaines de milliers d euros, utilisés ensuite selon le bon vouloir de quelques-uns, à l insu de leur hiérarchie. Heureusement pour le service public, c est une pratique illégale et passible de sanctions pénales. Une illégalité immédiatement confirmée par le Centre national du cinéma (CNC), contrairement à ce que vous écrivez. Ceci étant dit, je suis bien sûr entièrement d accord avec vous quand vous rappelez l effet rouleau compresseur des logiques du marché sur la culture : sa pente naturelle l incline à concentrer les moyens sur les produits qui ont le plus de chance d engranger des profits. C est bien là que doivent intervenir les effets correcteurs de la puissance publique, en permettant la production d œuvres singulières, en créant des espaces où elles n auront pas à craindre la rotation effrénée des rythmes de diffusion, et en développant la sensibilité des publics du cinéma. Que serait la culture sans l intervention croissante des collectivités? Certains d entre vous ont probablement produit leurs films avec le soutien d une région, et vous comptez, avec raison, sur le réseau des salles d art et d essai pour donner aux plus exigeantes de vos œuvres la chance d être comprises par votre public. Cette ambition est aussi la mienne, je l affirme avec force. Le Méliès est et demeurera un «laboratoire de recherche», évidemment public, avec une ligne éditoriale dans la continuité de ce qui a fait son identité et sa renommée. Cela passera par la reconstruction d une équipe «professionnelle», forte de son expertise et de sa passion pour le cinéma, et soucieuse des règles de la comptabilité publique. Mon intervention se limitera à donner à cette équipe une feuille de route, issue d un projet culturel élaboré avec tous ceux qui en sont partie prenante, et de m assurer que cette équipe disposera des moyens nécessaires pour réussir sa mission. Notre ambition est celle de «l élitisme pour tous», selon la conception de Jean Vilar, d une culture à la fois exigeante et populaire, qui rassemble en un même lieu tous les publics du cinéma. Pour cela, la ville de Montreuil finance à hauteur de quinze millions d euros, avec la communauté d agglomération dont Montreuil est membre, l installation dans quelques mois du Méliès dans un nouvel espace, plus accessible, plus confortable, avec six salles au lieu de trois actuellement, et des espaces mieux adaptés pour débattre des films. Cet engagement financier exceptionnel ne changera rien à la tarification démocratique pratiquée au Méliès. C est le fruit du combat que j ai mené avec succès, avec de nombreux autres défenseurs du Méliès, lorsque j ai été élue en Nous continuerons donc de laisser le soin aux multiplexes de proposer des places à 10 euros et d élaborer leur stratégie commerciale, par ailleurs respectable. Notre stratégie, en revanche, est culturelle et patrimoniale. Elle consiste à penser le temps long des œuvres et à concevoir des équipements pour les porter devant leur public. Mesdames et messieurs les réalisateurs, ce que j essaie simplement de vous dire, c est que les principes de «bonne gestion», ou tout simplement de «gestion légale», ne sont pas un frein à l expression artistique, mais bien un socle sur lequel peut et doit s appuyer la culture, comme toute autre politique publique. Et c est bien dans ce sens que je souhaite, comme vous, que le Méliès retrouve au plus vite un climat apaisé. C est notre intérêt à tous.

31 page meteo du 18:LIBE09 17/02/13 16:05 Page1 Directeur délégué de la rédaction Vincent Giret Directeurs adjoints de la rédaction Stéphanie Aubert Sylvain Bourmeau Eric Decouty François Sergent Directrice adjointe de la rédaction, chargée du magazine Béatrice Vallaeys Rédacteurs en chef Christophe Boulard (technique) Gérard Lefort Fabrice Rousselot Françoise-Marie Santucci (Next) Directeurs artistiques Alain Blaise Martin Le Chevallier Rédacteurs en chef adjoints Michel Becquembois (édition) Jacky Durand (société) Olivier Costemalle et Richard Poirot (éditions électroniques) Jean-Christophe Féraud LIBÉRATION 11, rue Béranger Paris cedex 03 Tél. : Edité par la SARL Libération SARL au capital de , rue Béranger, Paris RCS Paris : Durée : 50 ans à compter du 3 juin Cogérants Nicolas Demorand Philippe Nicolas Associée unique SA Investissements Presse au capital de Directoire Nicolas Demorand Philippe Nicolas Directeur de la publication et de la rédaction Nicolas Demorand SUDOKU SUPÉRIEUR I 1 3 R 7 S SUDOKU E S L APRÈS-MIDI Large domination des conditions anticycloniques. Plus mitigé dans l'extrême Sud-Est avec quelques gou es. 0,3 m/7º Lille 0,3 m/10º Caen Paris Strasbourg Brest Orléans Dijon Nantes 1 m/11º 7 P O U Lyon Bordeaux T R R Limoges 0,6 m/10º E P I U 7 LE MATIN Fréquentes gelées matinales, ciel bien dégagé sauf en direction des Pyrénées et du golfe du Lion avec quelques gou es. B P E U 2 LUNDI «Pour joindre un journaliste, envoyez-lui un initiale duprénom.nom@liberation.fr ex: a.toto@liberation.fr B R T S 5 Marie Giraud Libération Medias. 11, rue Béranger, Paris. Tél. : Amaury médias 25, avenue Michelet Saint-Ouen Cedex Tél hpiat@manchettepub.fr Petites annonces.carnet. IMPRESSION Cila (Héric) Cimp (Escalquens) Midi-print (Gallargues) Nancy Print (Nancy) POP (La Courneuve), Imprimé en France Tirage du 16/02/13: exemplaires. Membre de OJDDiffusion Contrôle. CPPP:1115C ISSN Nous informons nos lecteurs que la responsabilité du journal ne saurait être engagée en cas de non-restitution de documents (éco-futur) Luc Peillon (économie) Nathalie Raulin (politique) Mina Rouabah (photo) Marc Semo (monde) Bayon (culture) Sibylle Vincendon et Fabrice Drouzy (spéciaux) Pascal Virot (politique) Directeur administratif et financier Chloé Nicolas Directrice de la communication Elisabeth Laborde Directeur commercial Philippe Vergnaud diffusion@liberation.fr Directeur du développement Pierre Hivernat ABONNEMENTS Marie-Pierre Lamotte sceabo@liberation.fr abonnements.liberation.fr Tarif abonnement 1 an France métropolitaine : 371. PuBLICITÉ Directrice générale de LIBERATION MEDIAS 23 MOT CARRÉ R 4 8 JEUX METEO O S 5 0,3 m/12º Toulouse Nice Montpellier Marseille B S R Ajaccio 0,3 m/11º MOT CARRÉ S T M R E I R U O S B M T E I B I E O U T S R M T S I U R E B M O E R B M O S I U O M U I T B R S E I O T E S R M B U U B S T M O E I R M E R B I O T S U U O 0,3 m/13º B T Certains coucous FRANCE MIN/MAX FRANCE -2/7-2/9 2/11-2/11-2/7-2/8-3/4 Lille Caen Brest Nantes Paris Nice Strasbourg MIN/MAX SÉLECTION MIN/MAX -5/4-4/7 1/14 2/9 3/12 3/10 6/11 Dijon Lyon Bordeaux Ajaccio Toulouse Montpellier Marseille 11/15-2/7 7/18 1/7-2/0 7/13-9/0 Alger Bruxelles Jérusalem Londres Berlin Madrid New York MARDI MERCREDI Gris et froid dans le Nord-Est, quelques flocons. Plus ensoleillé en allant vers l'atlantique et la Méditerranée. Le froid se renforce au nord de la Seine. Ciel nuageux sur le Nord-Est avec des flocons possibles. 0,1 m/7º 0,3 m/7º Lille 0,1 m/10º Lille 0,3 m/10º Caen Caen Paris Paris Strasbourg Brest Strasbourg Brest Orléans Orléans Dijon Nantes Dijon Nantes 0,6 m/10º 0,6 m/10º Lyon Lyon Bordeaux Bordeaux 0,1 m/12º 0,1 m/12º Toulouse Nice Montpellier Toulouse Marseille Marseille 0,3 m/11º 0,3 m/11º Soleil Éclaircies Nuageux Couvert Averses Pluie Orage Neige -10 /0 1 /5 6 /10 Nice Montpellier 11 /15 16 /20 21 /25 Faible Modéré Fort 26 /30 31 /35 Calme Peu agitée Agitée 36 /40

32 24 CULTURE MATMOS EN TROIS TEMPS MATMOS (1997, Vague Terrain) L acte de naissance du duo Daniel Schmidt, après quelques travaux sonores en commun sous le pseudonyme Disc, s appuie uniquement sur des enregistre ments faits maison. Matmos fabrique des beats avec un scanner (It Seems), détourne une «guitare à 5 dollars» ou noie le son d un «train polonais» dans une techno économe et texturée. Tout Matmos est déjà là, à la frontière de l électronique de salon et du ready made. BJÖRK VESPERTINE (2001, Barclay) Fatiguée par la nervosité rythmi que de Post et la grandiloquence orchestrale de Homogenic, Björk convoque pour ce disque translu cide quelques sculpteurs de beats parmi les plus avant gardistes du siècle qui commence alors. Les Matmos sont de ceux là, qui aident la chanteuse à fabriquer son pinacle sonore, aussi faussement fragile qu un glacier. Le succès de la rencontre les entraînera à accompagner Björk en tournée, puis à prendre part à l album Medúlla en THE ROSE HAS TEETH IN THE MOUTH OF A BEAST (2006, Matador) Matmos rend hommage aux personnalités homosexuelles qui l ont influencé, à coups de samples évocateurs: le roi des nuits new yorkaises Larry Levan a droit à son hymne postdisco, la romancière américaine Patricia Highsmith à une sérénade polar et William S. Burroughs à un ragtime qui semble fusionner tous les bruits d une de ses journées d écrivain. Plus qu un disque, un jeu de pistes intello. Matmos, médium est

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