Cérémonie commémorative 73 e anniversaire du massacre du 20 août 1944

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1 Cérémonie commémorative 73 e anniversaire du massacre du 20 août 1944 Discours de Roland CRIMIER, Maire de Saint-Genis-Laval, dimanche 27 août 2017 à 11h30 au fort de Côte Lorette Madame la Préfète représentant le Préfet de la région Rhône-Alpes, Préfet du Rhône, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Madame la Conseillère régionale déléguée, représentant le président du conseil régional, Monsieur le Président du Conseil Départemental du Rhône, Monsieur le Vice-Président représentant le Président de la Métropole de Lyon, et le Maire de Lyon Mesdames et messieurs les Maires et leurs représentants, Mesdames et messieurs les élus, Madame le Commandeur de la Légion d Honneur, Monsieur le Colonel, commandant d armes délégué, représentant le général gouverneur militaire de Lyon, Monsieur le Colonel, représentant le général corps d armée, commandant la région de gendarmerie de Rhône-Alpes, Mesdames et messieurs les représentants des cultes, Monsieur le Président de l'association des rescapés de Montluc, Mesdames et messieurs les Présidents d associations d'anciens combattants, Mesdames, messieurs et chers amis,

2 A titre liminaire je tiens à saluer la présence parmi nous d une délégation d élus de Bizange-la-petite, commune de Moselle détruite lors de la seconde guerre mondiale et parrainée à la fin du conflit par la commune d Irigny, notre voisine. Je salue tout particulièrement la présence des élèves du collège Daisy- Georges Martin, célèbre résistante qui fait partie des nombreuses victimes de Côte Lorette. Entretenir la mémoire c est servir le présent et à ce titre la mobilisation des jeunes est primordiale. C est à eux que l on doit transmettre la mémoire des faits et des souffrances passés, car c est à eux qu il appartient d en tirer les enseignements et d être vigilant pour l avenir. C est tout le sens que nous souhaitons donner à St Genis Laval lors des commémorations ou avec l opération «les chemins de la mémoire» avec l USEP ou encore le parcours citoyens avec le collège Giono. Je vois Messieurs les Maires de Bizange et d Irigny, chers collègues, que nous partageons cette conviction. Merci de votre présence aujourd hui. C'est toujours avec une émotion intense que je vous retrouve en ces lieux, témoins de l'épisode le plus sombre de l'histoire de notre ville, pour cette commémoration du massacre de Côte Lorette, barbarie commise il y a 73 ans. Rien pourtant, dans ce parc paisible, au panorama si beau, ne laissait présager l' indicible, l'horreur de ce dimanche 20 août 1944, quelques jours seulement avant la fin de l occupation allemande dans notre région. Sentant la défaite approcher, Klaus Barbie et les officiers allemands accompagnés de la milice française, décidèrent d abattre une centaine de détenus de la prison de Montluc, à Lyon, qui avait été réquisitionnée par les nazis en novembre 1942.

3 Au petit matin, un convoi composé de 5 ou 6 voitures et d'un car, quitte la prison. A leurs bords se trouvent 120 prisonniers : des résistants, des raflés, des hommes et des femmes de toutes confessions, de toutes sensibilités. Ils arrivent à Saint-Genis-Laval, passent sur la place Mathieu Jaboulay, empruntent la rue de l'observatoire, devenue aujourd'hui rue des Martyrs, et gravissent le chemin qui mène au Fort de Côte Lorette. Les détenus, liés deux par deux, furent introduits par groupes de six dans la maison dite "du gardien du Fort" située à l'entrée où ils furent abattus sommairement à la mitraillette. Les corps des victimes furent ensuite aspergés d'essence, incendiés, et la maison dynamitée pour effacer les traces de ce massacre et des victimes elles-mêmes. Leur crime effroyable commis, les soldats allemands et la milice se retirèrent. Ce que les Saint-Genois découvrent alors au milieu des décombres encore fumants est au-delà des mots et de l entendement. Et pourtant, mettre des mots aujourd'hui sur l'impensable est crucial, vital, comme de mettre un nom sur les victimes. Car si nous sommes réunis aujourd'hui pour nous remémorer ces faits, ce n'est pas seulement pour honorer ces morts du passé, que nous ne devons pas oublier. Ce n'est pas seulement en hommage aux victimes et à leur familles, dont nous nous associons à la douleur. Ce n'est pas seulement un retour sur le passé, un devoir de mémoire. C'est également un devoir pour les vivants, pour nos enfants, pour les générations futures dans un monde troublé.

4 Le 30 juin dernier, Simone Veil s'est éteinte. Rescapée des camps de la Mort, de Drancy à Auschwitz, devenue ministre, elle aura marqué l'histoire par ses combats, ses engagements et ses témoignages. Elle considérait en effet comme un devoir d'expliquer inlassablement aux jeunes générations, aux opinions publiques et aux responsables politiques : «comment sont morts six millions de femmes et d'hommes dont un million et demi d'enfants, simplement parce qu'ils étaient nés juifs". Simone Veil nous a quitté. Et le plus grand des hommages que nous pouvons lui rendre est de continuer à porter sa voix et celles de toutes les victimes identifiées ici. Moi, vous, nous tous ici présents. Comme nous rendons hommage à tous ceux qui ont laissé leur vie pour défendre la liberté, notre liberté, par leur engagement contre le nazisme. En ce jour et à la triste lumière des attentats qui bouleversent le monde, c'est à nos jeunes que je pense. Ils seront les remparts contre les idéologies funestes - racistes, xénophobes nihilistes et mortifères contre lesquelles nos aînés de Côte Lorette ont résisté. Il faut tout faire pour permettre à cette jeunesse de tirer les leçons du passé. Pour cela notre devoir est immense. «Il faut lutter pour garder son humanité» disait Simone Veil. Alors luttons, engageons nous, chacun à notre niveau. Car l'engagement n'est pas que politique. Il peut être associatif, éducatif, professionnel, social, individuel ou collectif.

5 Comme Simone Veil, comme toutes ces femmes pendant l'occupation auxquelles on ne pense pas suffisamment et dont le rôle a pourtant été essentiel : cacher, héberger, nourrir, approvisionner, transmettre des messages, telles étaient les missions qu'elles exerçaient dans la clandestinité. Au sein des réseaux de la Résistance, elles assuraient un rôle essentiel. D autres avaient rejoint les unités de la France Libre, comme médecins, infirmières, aviatrices. A Lyon, il y eu parmi elles Rolande Becker, Hélène Bertaud, Lucie Aubrac, Denise Lallich, Denise Vernay - la sœur de Simone Veil - et Daisy Georges Martin qui dirigea le comité de la Résistance avant d'être emprisonnée à Montluc : «Il y a des forces morales que nulle puissance physique ne peut atteindre» dira t-elle alors qu'elle était torturée par la Gestapo. Elle sera assassinée à Cote Lorette. C'était il y a 73 ans ici même à Côte Lorette. C'était hier, et aujourd hui leur exemple doit plus que jamais nous guider. Pensons à elles. Pensons à eux. Ne les oublions jamais. Sinon leur sacrifice aurait été vain. N oublions jamais leur courage et leur message : celui de notre humanité qui s exprime aussi ce jour en direction des victimes des attentats et de leur familles éprouvées. Vive la République Vive la France