ROCHAMBEAU 1 La réhabilitation du quartier, une histoire en cours L opération de reconquête urbaine qui doit être conduite dans le quartier Rochambeau succédera, dans le temps, à la construction du nouveau quartier des Aigremonts. Avec 20 000 habitants, Vendôme n a pas la capacité financière de mener de front deux opérations de grande ampleur, fortement consommatrices de crédits pour la réalisation des espaces publics (rues, places, stationnements, espaces verts, mobilier urbain, etc.). Il reste donc encore quelques années pour préciser les contours de ce quartier et son rythme de réalisation future. En 1981, Robert Lasneau, maire de Vendôme, interroge pour la première fois le général Rigaud, commandant les compagnies régionales de la Gendarmerie nationale, sur le devenir de cet ensemble immobilier. Vingt-cinq ans plus tard, le regard porté sur cet ancien quartier militaire, d une superficie de 5 hectares au cœur de la ville, s est profondément modifié. Les objectifs de sa requalification ont changé, comme le rôle qui lui est assigné dans le développement de la ville. Cette exposition est l occasion de faire un retour sur une histoire qui s écrit encore. Plan de l ancienne abbaye Avant de devenir un quartier de cavalerie, le quartier Rochambeau fut pendant près de huit siècles dans l environnement immédiat de l abbaye de la Trinité. Sa partie occidentale était occupée par les jardins de l abbaye. Plan du site militaire du xix e siècle Au lendemain de la Révolution française, la Ville achète l ensemble des bâtiments conventuels de l abbaye pour y installer la garnison. La cavalerie prend possession des lieux en 1802 et s étend sur le site dans une logique de continuité et de rationalité (manœuvre des troupes et des chevaux).
ROCHAMBEAU 2 Années 80 fin du quartier militaire Le centre historique de la ville représente moins de 10 % de la population de Vendôme. Sa rénovation, tout juste engagée après la mise en circulation de la déviation de la RN 10, laisse entrevoir la possibilité de lui donner un poids démographique plus important. L urbanisation du quartier Rochambeau, dont les bâtiments vétustes ne répondent plus aux besoins de la gendarmerie, apparaît comme une excellente opportunité. La densification du centre-ville a pour objectif de conforter le rôle de pôle commercial et de services du centre-ville par un apport significatif de population. La construction de logements sociaux en ville et la réhabilitation des logements vacants engagées dans la même période vont également dans ce sens. Selon la volonté du ministère de la Défense, propriétaire des terrains, la construction dans ce quartier d une nouvelle gendarmerie et de logements pour les gendarmes est une condition indispensable à l ouverture des négociations sur la cession de l ensemble immobilier. Le projet est étudié et évalué à 16 millions de francs en 1987. C est la Ville qui doit construire la gendarmerie pour le compte de l État, le montage financier final entre cession des terrains et coût de construction de l équipement devant aboutir à une juste participation pour la Ville. L ouverture de l allée de Yorktown, en 1985, est la première opération d aménagement réalisée dans le quartier. Poursuivant son objectif, la Ville formule, en première intention, le projet de transformer le quartier Rochambeau en secteur essentiellement résidentiel, après démolition des bâtiments existants. En 1989, l aspect patrimonial de ce quartier militaire, jusque-là absent du dossier, est mis en avant par quatre associations locales. La Ville revoit son projet. maquette du projet envisagé à la fin des années 80
ROCHAMBEAU 3 Années 90, Rochambeau : un quartier de la ville Les négociations foncières pour l acquisition des terrains sont reprises car l évaluation plus précise du projet de construction de gendarmerie fait apparaître un coût très supérieur à celui annoncé. La Ville plaide aussi, mais en vain, pour une implantation de cet équipement au sud de la ville (route de Blois). Le chantier démarre en 1995 par la démolition de deux bâtiments et la gendarmerie emménage début décembre 1996. Le programme d aménagement du quartier Rochambeau s est complexifié, il ne s agit plus seulement d un secteur résidentiel. La Ville veut en faire un quartier vivant, d une densité comparable à celle de l hypercentre, doté d équipements, de services et de commerces. L idée de renforcer les fonctions du centre-ville, pour qu il reste le lieu de rencontre de tous les Vendômois, est toujours là. Trois cent cinquante logements sont annoncés dont 20 % de logements sociaux, 5 000 m 2 d activités commerciales ou artisanales supplémentaires et un pôle culturel à proximité de l ancienne abbaye. Une salle de spectacles, de nouveaux locaux pour l école de musique et des espaces pouvant accueillir des congrès dans les domaines culturels et touristiques sont envisagés. L histoire du quartier transparaît dans l organisation du nouveau quartier : conservation de certains bâtiments, reconstitution du canal qui bordait l enceinte de l ancienne abbaye. La conservation ou non du manège reste ouverte. Sa réhabilitation, sans affectation répondant à un usage collectif, est financièrement hors de portée de la Ville. Les caractéristiques du bâtiment (longueur 64 m, largeur 22 m, hauteur libre 6 m et charpente métallique de type Pollonceau à conserver) rendent sa réappropriation délicate. L État refuse de délivrer les autorisations de démolir les bâtiments non conservés dans le projet. L opération est différée dans le temps, la construction du quartier des Aigremonts est accélérée pour répondre aux besoins en logements. La salle de spectacles est construite dans le prolongement du palais des Fêtes et donne naissance au Minotaure. Le projet devient irréalisable. maquette du projet adopté par le conseil municipal en 1993
ROCHAMBEAU 4 Fin des années 90, l hypothèse du collège comme élément de valorisation du patrimoine En 1997, la décision du Conseil général, en concertation avec la Ville, de doter Vendôme de trois collèges au lieu de deux, à l occasion de la démolition du collège Gérard-Yvon, offre l opportunité de relancer la réflexion sur l aménagement du quartier Rochambeau. Avec cet équipement, la Ville entrevoit la possibilité de valoriser le patrimoine bâti du quartier tout en offrant aux jeunes générations la chance d étudier dans un environnement de grande qualité, et pour beaucoup d entre eux de s y rendre à pied. La procédure du marché de définition utilisée par la Ville est novatrice, elle lui permet d organiser un concours d idées et de tester leur faisabilité. Trois équipes pluridisciplinaires composées d un architecte, d un urbaniste, d un paysagiste et d un économiste sont missionnées en 1998. Leur production est riche, deux équipes proposent une réutilisation totale ou partielle du manège et des écuries, avec la construction d un collège pour 450 à 500 élèves, comme l envisage le Département. La troisième répond à la commande sans utiliser le manège, qui est laissé en attente. plans d aménagement proposés par l équipe d Olivier Chaslin dans le cadre du marché de définition. Le refus du Département, en mars 1999, de suivre la Ville dans sa proposition met un terme à cette hypothèse, la plus séduisante de toutes celles émises jusqu alors. La décision de reconstruire le collège Gérard-Yvon sur le site actuel est prise, tandis que le troisième collège (le collège Robert-Lasneau) est implanté dans le quartier des Aigremonts. Le pont des Tanneurs, ouvert en 2001, désenclave le quartier. Il donne le ton d un programme plus vaste d aménagement de promenades publiques en bord de Loir, avec notamment le projet de créer une passerelle piétonnière, connectée à la promenade Saint Bienheuré et donnant accès au quartier depuis le faubourg.
ROCHAMBEAU 5 Années 2000, la qualité de vie en partage Le manège de cavalerie est inscrit à l Inventaire supplémentaire des Monuments historiques par l État en juillet 2002 et, sur proposition de la Ville, les trois écuries le sont également. Ces décisions modifient singulièrement la donne. L espace urbanisable du quartier est désormais réduit et la Ville, qui a acquis l ensemble des surfaces au prix du terrain à bâtir, demande à l État de compenser la perte subie de ce fait par les contribuables vendômois. La cession du manège à l État est conclue ; sa réhabilitation, son entretien et son affectation sont désormais à la charge du ministère de la Culture. La Ville devient propriétaire de tous les terrains du quartier en mars 2004. La réflexion sur l aménagement du quartier Rochambeau se poursuit aujourd hui sur des bases très différentes de celles des années 80 : l offre en logements publics et privés à Vendôme s est notablement accrue, faisant baisser la pression immobilière ; le développement des activités commerciales dans les quartiers Nord et Sud de la ville, et leur fort renouvellement au centre ne laissent que peu de place à des emprises nouvelles ; la ville est large- ment dotée en équipements publics et les projets à l étude sont envisagés dans d autres secteurs. Seule subsiste la volonté de doter cet espace d une image positive et attractive en réponse à sa situation exceptionnelle dans la ville. Les principes de cette requalification sont réaffirmés en décembre 2002 : valorisation paysagère de l ensemble abbatial ; construction de 150 à 200 logements dont 20 % de logements sociaux ; aménagements de circulations douces piétons/ vélos ; requalification et réaffectation des écuries à un usage commun (à déterminer) ; reconquête des bords de Loir. La finalisation d une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager constituera le cadre de cet aménagement. Elle en garantira la qualité, sans pourtant renoncer à formuler des propositions contemporaines. Photo aérienne du quartier