UN AUDIT 1/11 EST-IL VRAIMENT UTILE? LA RÉVISION DES COMPTES ZOOM SUR. Magazine des entrepreneurs ZOOM. Audit Fiduciaire Conseil

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Audit Fiduciaire Conseil Magazine des entrepreneurs ZOOM 1/11 UN AUDIT EST-IL VRAIMENT UTILE? LA RÉVISION DES COMPTES SOURCE DE VALEUR AJOUTÉE! ZOOM SUR CLAUDE NICOLLIER, LE SUISSE DE L'ESPACE

Audit Fiduciaire Conseil ZOOM Magazine des entrepreneurs 1/11 14 BAROMÈTRE CONJONCTUREL Dans un monde qui bouge, il est de plus en plus difficile de donner des prévisions UN AUDIT EST-IL VRAIMENT UTILE? LA RÉVISION DES COMPTES SOURCE DE VALEUR AJOUTÉE! ZOOM SUR CLAUDE NICOLLIER, LE SUISSE DE L'ESPACE 16 PORTRAIT CLIENT L Hôtel de la Paix fête ses 100 ans. Rencontre avec son directeur, Stefano Brunetti Imfeld 4 THÈME PRINCIPAL La révision des comptes : source de valeur ajoutée! Ou comment maximiser les rapports entre l entreprise et son réviseur 18 ZOOM SUR Interview de Claude Nicollier, l unique astronaute suisse 8 COMITÉ D AUDIT, AUDIT INTERNE ET AUDIT EXTERNE: COMMENT VALORISER LES SYNERGIES? Trois organes dont il faut exploiter la complémentarité 22 23 AGENDA LÉGAL Les dernières nouveautés légales touchant nos domaines de compétence ACTUALITÉS BDO Notre entreprise présente ses dernières actualités 10 À QUOI L AUDIT INFORMATIQUE PEUT-IL BIEN SERVIR? Les systèmes informatiques sont rarement sans faille, l audit informatique permet d y remédier 12 COMMENT TRAITER LES ÉCARTS DE CHANGE? La chute de l euro influence la comptabilité de nombreuses entreprises Impressum : ZOOM 1/2011, magazine BDO SA Suisse romande Editeur : BDO SA, Direction Suisse romande, 1002 Lausanne, 021 310 23 23, www.bdo.ch Rédaction : Olivier Grivat, Jacques Blanc, Sarah Balimann Photos : Jean-Luc Grossmann / Photopulse sauf pp. 14 et 16 (portrait) François Wavre / Rezo, p. 16 (médaillon) Hôtel de la Paix, pp. 18 19 et 20 21 Keystone Layout : Pomcany's Kommunikationsagentur, Zurich/Soleure Imprimerie : Swissprinters Lausanne SA, Renens (VD) Paraît trois fois par année. Egalement en allemand. Reproduction autorisée avec mention de sources. BDO est membre de la Chambre fiduciaire

ÉDITORIAL René-Marc Blaser Partner / Membre du directoire Responsable Direction régionale Suisse romande Chères lectrices, chers lecteurs, Vous tenez entre vos mains le premier exemplaire de notre magazine ZOOM de l année 2011. Un certain nombre d articles seront consacrés au thème de l audit. Ce domaine a beaucoup fait parler de lui ces dernières années et pas toujours de façon très positive. Ce n est pas parce qu il représente une part significative de l activité de BDO que nous avons décidé de mettre l audit sous le feu des projecteurs. Bien souvent, force est de constater que le travail d audit est méconnu et mal compris. L objectif visé dans ce magazine n est pas d expliquer en détail en quoi consiste le travail d auditeur, mais plutôt de mettre en lumière certains aspects de l audit afin de démontrer la réelle valeur ajoutée pouvant résulter de ces prestations. C est ainsi que, sur le thème de «La révision des comptes: source de valeur ajoutée», Jean-Frédéric Braillard vous fera découvrir quelques facettes de plus-values pouvant se dégager d un mandat d audit. Notre spécialiste, Alessandro Oberti, vous parlera de l utilité d un audit informatique. Dans une interview captivante d un homme hors du commun, l astrophysicien Claude Nicollier nous confie les clés de la réussite d un vol spatial et les parallèles qu il est possible d en tirer avec un secteur d activité aussi normé que l audit. Délia Nilles, Directrice adjointe de l Institut de macroéconomie appliquée de l Université de Lausanne, nous parlera de la difficulté croissante à effectuer des prévisions fiables. Devant la volatilité des taux de change, Nigel Le Masurier vous énumérera les différentes méthodes de conversion des monnaies étrangères et leurs incidences sur les états financiers. Céline Couval fera un tour d horizon des synergies pouvant se dégager entre le Comité d audit, l audit interne et l audit externe. Enfin, le 100 e anniversaire fêté par l Hôtel de la Paix à Lausanne est l occasion pour son directeur, Stefano Brunetti Imfeld, de retracer l épopée de ce grand hôtel et de parler des défis auxquels est confrontée une entreprise familiale qui entend bien maintenir son niveau d excellence. Vous conviendrez que ce bref survol du sommaire de cette édition s annonce très alléchant. J espère que vous aurez autant de plaisir à lire ce magazine que l équipe de rédaction en a eu pour le préparer. Bonne lecture à tous.

RÉVISION LA RÉVISION DES COMPTES: SOURCE DE VALEUR Des petites et moyennes entreprises aux sociétés cotées à la Bourse, en passant par les administrations publiques, les organisations sans but lucratif et les institutions de prévoyance professionnelle, nos clients tirent profit du savoir-faire de leur réviseur et de ses conseils en matière de présentation de comptes. Accessible ou non au grand public, le rapport financier est de plus en plus considéré comme un instrument de com munication de l entreprise. La mission du réviseur des comptes consiste à vérifier les comptes annuels afin de s assurer qu ils sont conformes à la loi et aux statuts ainsi qu aux principes définis par le conseil d administration en matière d évaluation et de présentation. Soucieux de la qualité du service qu il rend à son client, le réviseur délivre plus qu une attestation de conformité : il est le garant d une présentation optimale des états financiers. Ces derniers, lorsqu ils sont clairs et faciles à lire, renforcent la confiance des destinataires : actionnaires, membres du conseil d administration, créanciers et autres partenaires d affaires. Dûment attestés par l organe de révision, les comptes annuels gagnent alors en pertinence. L expérience montre que l ampleur de la tâche de l organe de révision est trop souvent sous-estimée. De la première balance des comptes, tout juste sortie de l imprimante, jusqu au jour de l assemblée générale, lorsque les actionnaires ont entre leurs mains une information claire et synthétique de la situation financière et du résultat de l entreprise, les travaux réalisés par le réviseur sont conséquents. Parmi les clients qui accordent leur confiance à BDO pour la révision des comptes, pratiquement 100 % des états financiers vérifiés font l objet de modifications plus ou moins importantes à la suite des conseils que nous apportons. Dans 80 % des cas, nous amenons également une assistance marquée au stade de l établissement et de la présentation des comptes annuels. Ces travaux, qui permettent de disposer de comptes annuels de qualité irréprochable, ont bien entendu un coût. Ce coût peut être important lorsque le bouclement n est pas achevé ou lorsque les comptes annuels ne sont pas établis au moment où le réviseur débute ses travaux. L art d établir les comptes annuels Les pourcentages élevés de modifications de comptes annuels après le passage de l auditeur est la conséquence de la complexité de la tâche qui consiste à les établir. Si autant de modifications des comptes annuels des petites et moyennes entreprises sont rendues nécessaires, cela résulte à la fois de la méconnaissance ou de la mauvaise interprétation des principes régissant l établissement régulier des comptes et aussi, bien trop souvent, de l attention faible portée par le conseil d administration à ces questions. Il n est pas surprenant de constater que les sociétés qui disposent d un contrôle interne insuffisamment développé dans les questions financières sont aussi celles qui rencontrent les plus grandes difficultés au moment d établir leurs comptes annuels. La connaissance incomplète des principes d évaluation et de leur portée, les erreurs fondamentales d enregistrements comptables et l absence de double contrôle sont à la source de la plupart des ajustements des états financiers. Les principes de la présentation régulière des comptes annuels L une des principales lacunes relevées lors de l audit des comptes annuels est la définition lacunaire des principes d évaluation dans les comptes annuels. Combien de conseils d administration ont-ils formellement défini les principes qu ils entendent appliquer pour évaluer les 4 BDO ZOOM 1/2011

AJOUTÉE! débiteurs, les stocks, les travaux en cours, les immobilisations corporelles, financières et incorporelles, les provisions, voire thème d actualité ceux permettant de valoriser les créances et les dettes en monnaies étrangères? Rappelons que, conformément aux dispositions de l art. 716a al. 1 ch. 3 CO, le conseil d administration porte la responsabilité de l établissement des comptes annuels. L objectif principal de la présentation des comptes annuels selon l art. 959 CO consiste à permettre aux destinataires de se rendre compte aussi exactement que possible de la situation économique de l entreprise. Les comptes doivent être complets, clairs et faciles à consulter. Pour la plupart des entités qui exercent en la forme commerciale, les prescriptions du droit de la société anonyme (art. 662ss CO) prévalent sur les prescriptions générales. Aujourd hui, nombre de nos clients ont adopté des règles d évaluation et de présentation de comptes plus transparentes et unanimement reconnues, telles les normes Swiss GAAP RPC. Ce faisant, en concrétisant le principe de l image fidèle, ils ont trouvé leur intérêt en allant au-delà des exigences minimales prescrites par la loi. La transparence obtenue par l application de règles d évaluation clairement définies influence de manière positive la confiance des destinataires des états financiers, des bailleurs de fonds en particulier. Nous amenons régulièrement des améliorations sur les points suivants a. Dispositions relatives à la structure des comptes annuels Le classement des rubriques de l actif par échéance, à savoir en fonction du degré de réalisation, ainsi que le regroupement en actif circulant et en actif immobilisé, de même que le regroupement du passif entre fonds étrangers et fonds propres ne sont pas toujours correctement effectués. La même remarque vaut pour la différenciation au niveau du compte de profits et pertes entre les produits et les charges d exploitation, hors-exploitation et exceptionnels. La compensation d actifs et de passifs ainsi que de charges et produits importants et n ayant aucun lien entre eux de par leur nature doit souvent être corrigée à la suite de l audit afin d assurer une image aussi sûre que possible de la situation économique de l entreprise. b. Contenu insuffisant Le bilan et le compte de profits et pertes ne font pas ressortir toutes les indications nécessaires pour une appréciation aussi objective que possible de l état du patrimoine et des résultats de l entreprise. L annexe permet ainsi de communiquer ces indications aux destinataires des comptes annuels sous une forme bien ordonnée. Le réviseur propose souvent des modifications de l annexe, en raison notamment de publications inexactes et souvent incomplètes. c. Communication de l état des réserves latentes La diminution nette des réserves latentes, lorsqu elle est significative, doit être publiée dans les comptes selon l art. 663b al. 8 CO. L état des réserves latentes doit être dressé par le conseil d administration lors de chaque bouclement annuel. Dans de nombreux cas, le tableau du suivi des réserves latentes n est pas disponible au moment où débute l audit. Cette situation n est hélas guère surprenante, dès lors que les principes d évaluation ne sont souvent pas formellement arrêtés par le conseil d administration. Dans ce domaine également, le réviseur joue un rôle essentiel de conseiller. d. Compréhension du référentiel comptable Ces quelques observations illustrent bien les difficultés que les entreprises éprouvent dans un cadre normatif aussi complexe que celui de la présentation des comptes, indépendamment du référentiel comptable choisi. BDO ZOOM 1/2011 5

RÉVISION Efficacité des contrôles et communication avec l organe de révision Il est fréquemment nécessaire d apporter des corrections dans les comptes annuels lorsque surviennent des événements qui modifient de manière significative l environnement de l entreprise : forte croissance ou ralentissement économique, réorganisation, nouveaux actionnaires, développement des activités. Par expérience, les entreprises bien structurées appréhendent en général très bien les aspects relatifs à l établissement des états financiers. Au-delà de ces contraintes, ces entreprises : disposent d une approche documentée des processus de bouclement et d établissement des comptes annuels ; ont développé un système de contrôle interne efficace, intégrant le principe du double contrôle (principe des «quatre yeux») ; communiquent de manière ouverte et régulière avec leur réviseur ; impliquent l auditeur avant le début de la révision lorsque des opérations particulières sont survenues durant l exercice. 6 BDO ZOOM 1/2011

Ces quelques exemples montrent bien l intérêt de la collaboration avec l organe de révision, bien avant le début de l audit. Dans ce contexte, le réviseur devient un véritable partenaire pour l entrepreneur. En outre, autres sources de valeur ajoutée, les entretiens de fin d audit, les rapports détaillés au conseil d administration (art. 728b CO) et les lettres de recommandation permettent au réviseur de faire part de ses remarques et de ses constatations effectuées lors de la révision. Par ces interventions, l organe de révision apporte une contribution non négligeable à l amélioration de la qualité des états financiers et aux processus qui permettent de les établir. Conclusion Le réviseur est aussi un conseiller, dont l expérience et les compétences dépassent largement le cadre strict de l émission d une attestation d organe de révision. Pour les entreprises, il est recommandé de ne pas hésiter à faire appel à son conseiller pour des questions de définition des principes de la comptabilité et de présentation des états financiers et à mettre à profit son savoir-faire : les possibilités d amélioration sont presque toujours significatives. Il est donc essentiel de nouer le dialogue avec le réviseur, tout spécialement lors de la survenance d événements particuliers ou en cas d incertitudes relatives à l application du référentiel comptable choisi. Avec cette approche, la phase de bouclement, d établissement des comptes annuels et de révision est plus dynamique et aussi plus efficace. Elle constitue une source de valeur ajoutée pour tous nos clients. i En bref Le réviseur est plus qu un prestataire de service, il est un allié pour l entreprise Grâce à son expérience, il conseille de manière neutre et objective Il est essentiel pour l entreprise d entretenir des rapports de confiance avec son réviseur Jean-Frédéric Braillard Expert-comptable diplômé Responsable audit BDO Suisse romande jean-frederic.braillard@bdo.ch Téléphone 021 310 23 23 BDO ZOOM 1/2011 7

RÉVISION COMITÉ D'AUDIT, AUDIT INTERNE ET AUDIT EXTERNE: COMMENT VALORISER LES SYNERGIES? Les exigences posées au conseil d administration et au comité d audit en matière de surveillance des comptes de leur entreprise ne cessent de s accroître. La multiplication des réglementations et les nombreuses modifications des normes comptables exigent une grande disponibilité à apprendre, beaucoup de compétences et d expérience de la part de chaque membre d un comité d audit. Pour les aider, deux organes existent au sein de l entreprise: l audit interne et le réviseur agréé (aussi appelé l audit externe). Le rôle du comité d audit consiste, en général, à examiner les comptes annuels, à participer au choix des réviseurs et à instituer une relation directe avec eux, à vérifier l efficacité du système de contrôle interne, de l audit interne le cas échéant, ainsi qu à surveiller la gestion des risques de la société. Le comité ne prend pas de décisions, son rôle se limite à préparer l information que le conseil d administration utilisera dans ses débats. Ce que l audit interne apporte au comité d audit L audit interne apporte une appréciation systématique et objective des diverses activités et des contrôles de l entreprise. L audit interne a comme objectif permanent de permettre au comité d audit de déterminer si: les informations financières et les données d exploitation sont exactes et fiables, les risques d exploitation de l institution sont identifiés et réduits au minimum, les réglementations externes ainsi que les politiques et les procédures internes sont respectées, les critères d exploitation sont remplis de façon satisfaisante, les ressources sont utilisées de manière efficace et économique, les objectifs de l entreprise sont effectivement atteints. Alors que l audit externe est plongé dans les comptes, l audit interne est chargé de traquer les risques au sein de l entreprise. Un accueil déficient des clients constitue un risque, au même titre que des défauts de qualité ou le piratage informatique. L audit interne examine donc les pratiques de tous les services : comptable, financier, commercial, juridique, compliance, achats, informatique, sites de production, gestion de fortune, risk management, etc. Il faut aussi relever que l audit interne connaît la culture de l entreprise et les personnes clés au sein de son organisation. Les standards de la profession d audit interne exigent que les rapports contiennent une note d évaluation qui permette au comité d audit d apprécier la gravité des recommandations et de juger l organisation de chaque service par comparaison aux autres services. Cet élément «quantitatif» du rapport est un bon outil de pilotage pour le comité d audit et l aide à fixer les priorités. Ce que l audit externe apporte au comité d audit Au terme de ses contrôles, l audit externe présente les points de faiblesses constatés. Cela permet au comité d audit d avoir une assurance complémentaire à celle donnée par l audit interne sur les processus de traitement et de production de l information comptable et financière, ainsi que sur le gouvernement d entreprise lorsque les contrôles de l audit externe se sont étendus à d autres services que le service comptable. Mais ce qu apporte l audit externe, c est surtout son appréciation sur les comptes. En ce sens, l audit externe fournit un soutien précieux au comité d audit dans sa tâche d examen des comptes. Mais attention, l audit externe atteste formellement les comptes uniquement après que le conseil d administration les a émis et approuvés! En outre, l audit externe représente pour le comité d audit une source d informations clés quant à la comparaison du fonctionnement de l entreprise par rapport aux processus adoptés par les autres entreprises de son secteur concurrentiel. Cette vision «benchmark» n est en effet pas donnée par l audit interne, sauf dans les cas où la fonction d audit interne est externalisée. 8 BDO ZOOM 1/2011

Ce que l audit interne apporte à l audit externe L audit externe utilise certains des contrôles effectués par l audit interne pour réduire l étendue de ses tests lors de l audit des comptes. Par exemple, les rapports de l audit interne sur l organisation de l entreprise en matière de réconciliation des soldes bancaires, des balances intercompagnies dans un groupe ou sur les processus de suivi des impayés fournisseurs, permettent à l audit externe d économiser du temps lors de l audit des rubriques des comptes annuels qui sont concernées par ces processus. Audit interne, audit externe: des objectifs différents L audit externe présente au comité d audit les points de faiblesses détectés lors des contrôles effectués en relation avec l audit comptable. Dans le cas de réglementations spécifiques, comme dans le secteur bancaire et des assurances, ses contrôles s étendent au respect des dispositions réglementaires. Mais les rapports de l audit externe mentionnent rarement des solutions et des actions correctrices concrètes. Pour l audit interne, détecter des dysfonctionnements ne suffit pas. Il émet des recommandations pour améliorer les procédures, les contrôles et l organisation des services. Et il fait prendre conscience au personnel qu en adoptant ces méthodes, il gagnera en temps et en efficacité. Outre l évaluation du système de contrôle interne, l audit interne peut aussi être sollicité pour établir des rapports ad hoc à l attention de la direction ou des instances de contrôle. mais des méthodes de travail similaires Dans le cadre d un groupe international, il arrive aussi que la direction de la société suisse refuse que des auditeurs étrangers viennent contrôler certains processus (infraction au secret bancaire suisse par exemple). L audit interne suisse peut alors effectuer les travaux sur mandat de l auditeur du groupe, tant externe qu interne. En effet, les normes de travail de l audit interne sont très proches de celles de l audit externe : les auditeurs internes travaillent selon le standard de l Association suisse des auditeurs internes (ASAI), affiliée à l association internationale Institute of Internal Audit (IIA) ; les auditeurs externes travaillent sur la base des Normes d audit suisses (NAS) inspirées des normes d audit internationales (ISA). Quelles sont les sociétés qui doivent se doter d un comité d audit? Le «Code suisse de bonne pratique pour le gouvernement d entreprise» s adresse aux sociétés ouvertes au public, c est-à-dire aux sociétés cotées ou émettant des emprunts obligataires. Ce «Code suisse» recommande que le conseil d administration se dote d un comité de contrôle appelé comité d audit. Ce comité est composé de membres du conseil d administration non exécutifs, de préférence indépendants. La majorité des membres, dont le président, doivent posséder de solides connaissances financières et comptables. Des sociétés ou organismes économiques importants non cotés, même s ils ont une autre forme juridique que celle de la société anonyme, peuvent emprunter au «Code suisse» ses lignes directrices. Communication entre ces trois acteurs Les auditeurs externes et internes sont invités à participer aux réunions du comité d audit, sauf décision contraire de ce dernier. Il est aussi fréquent que ceux-ci soient entendus en dehors de la présence de la direction. L audit interne et l audit externe mènent souvent des discussions en dehors des séances du comité d audit. Ces rencontres bilatérales sont le signe d une bonne interaction et d un échange efficace entre ces deux acteurs. Les deux auditeurs communiquent leurs conclusions au comité d audit généralement par écrit. Alors que les destinataires des rapports de l audit externe sont multiples (comité d audit, conseil d administration, actionnaires, instituts de surveillance), les rapports de l audit interne ont une diffusion moindre (comité d audit et conseil d administration). Conclusion Comité d audit, audit externe et audit interne sont trois acteurs qui ont des rôles et des compétences qui se recoupent. Il est donc essentiel qu ils interagissent afin de maximiser leur efficacité. Pour ce faire, ils doivent coordonner leurs travaux et utiliser les conclusions de chacun. Audit interne Concentre son action sur les événements futurs en effectuant des contrôles qui garantissent la réalisation des objectifs de l entreprise Sert les besoins de l entreprise Rédige ses rapports à l attention du conseil d administration/ du comité d audit Est directement concerné par la prévention de la fraude, en s assurant que le système de contrôle interne est adéquat Audit externe Vérifie que les états financiers reflètent précisément et de façon fiable les événements passés Sert aussi les besoins de tiers en informations financières fiables Rédige ses rapports à l attention du comité d audit, du conseil d administration, des actionnaires, des instituts de surveillance N est directement concerné par le contrôle de la fraude que lorsque celle-ci est susceptible d avoir des conséquences significatives sur les états financiers i En bref Bien qu ayant des objectifs différents, le comité d audit, l audit interne et l audit externe sont complémentaires Ces trois acteurs doivent instaurer entre eux une communication efficace, afin de maximiser leur complémentarité Céline Couval Experte-comptable diplômée Auditrice agréée FINMA Sous-directrice BDO Suisse romande celine.couval@bdo.ch Téléphone 022 322 24 24 BDO ZOOM 2/2010 1/2011 9

AUDIT INFORMATIQUE À QUOI L AUDIT INFORMATIQUE A l ère de WikiLeaks et des scandales bancaires, le système d informations de votre entreprise est-il vraiment aussi sûr que vous le pensez? Un audit informatique permet de répondre à cette interrogation. Un audit informatique peut être assimilé à un examen approfondi. Son objectif est de s assurer que les activités informatiques d une entreprise ou d une administration se déroulent conformément aux règles et aux usages professionnels, appelés de manière traditionnelle les bonnes pratiques. Il faut en outre que la gestion et l organisation du système d informations soient en parfaite conformité avec les différentes normes et règles en vigueur. L audit informatique apporte à l entreprise l assurance que la gestion, l organisation et les processus utilisés et gérés par le système d informations ayant une incidence sur les états financiers soient adéquats et opérés correctement. Ce résultat permet d influer sur la politique globale des risques présents et futurs auxquels l'entreprise peut être appelée à faire face. Les différents types d audits L audit informatique peut revêtir trois formes: les contrôles généraux informatiques (ITGC, IT General Controls), le contrôle de conformité à une norme nationale ou internationale, les contrôles spécifiques. Les différents domaines d activités Les différents domaines d activités susceptibles d être audités sont somme toute nombreux. Voici une liste non exhaustive des principaux domaines dans lesquels les experts de BDO peuvent intervenir. a. Archivage légal Bon nombre d entreprises ont décidé, pour différentes raisons, de restreindre ou de supprimer l utilisation du papier et d adopter un procédé de gestion électronique des documents (GED) et/ou d archiver leurs informations sur support électronique. Peu de solutions utilisées à ce jour sont conformes à la législation suisse. Pour qu un archivage soit considéré comme légal, il doit répondre à différentes exigences et suivre certains principes (qui, quoi, comment ) qui sont liés à la conservation des données, au support utilisé, à la durée de conservation et à la nature des documents. Un audit ou une mission de conseil sur l archivage peut permettre aux entreprises d éviter de supprimer par erreur des pièces importantes ou d investir dans une solution n étant pas conforme à la législation en vigueur. Une telle mission sur l archivage contribue donc à vérifier ces différents éléments et à statuer ainsi sur sa conformité. b. Outsourcing Dans le cadre bancaire, il est obligatoire de prendre position sur les entités qui délèguent tout ou partie de leur activité informatique. L objectif d un audit informatique dans ce domaine est de vérifier les neuf principes définis en Suisse par la FINMA, l autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, et de pouvoir ensuite statuer sur la gestion et le contrôle effectués par la banque dans ce domaine. 10 BDO ZOOM 1/2011

h. Intégrité des données L intégrité des données est sans doute l élément de contrôle favori de l auditeur financier. Les revues effectuées lors d un tel audit informatique confirment que les données qui ont été envoyées, reçues ou stockées sont complètes et n ont pas été modifiées. c. Lutte contre le blanchiment Ce type d audit, qui s adresse principalement aux sociétés financières, est axé sur les mesures mises en place afin de garantir que le système informatique, et les paramètres utilisés pour gérer et contrôler les transactions, soient conformes et permettent de lutter efficacement contre le blanchiment. d. Lutte et prévention contre la fraude La lutte et la prévention contre la fraude sont des sujets sensibles mais rarement pris réellement au sérieux par les entreprises. Un audit dans ce domaine permet de mettre en évidence les lacunes et les faiblesses liées aux accès et aux changements non documentés ou mal référencés. Cet audit est axé sur la gestion des accès, la conservation des données, la traçabilité et l intégrité des données utilisées, traitées et conservées. e. Respect de la Loi sur la protection des données La Loi sur la protection des données définit un certain nombre de règles à respecter. Or, il est souvent constaté, lors d audits, que ces règles ne sont que partiellement, voire pas du tout appliquées. En cas de litige, les risques financiers pour l entreprise qui conserve de manière inadéquate ce genre de données peuvent s avérer élevés. Une revue dans ce domaine permet de définir les éléments à conserver, d indiquer aux employés les moyens de contrôle mis en place et selon quelles règles ces derniers sont gérés. f. Plan de secours et de continuité Les audits portant sur les plans de secours et de continuité sont la garantie que, d un point de vue opérationnel et fonctionnel, l environnement, la logistique et les systèmes suivent une logique de continuité. Ils garantissent qu en cas de sinistre ou de panne, l essentiel des activités dites sensibles sera disponible dans un mode réduit mais opérationnel et ce, en respectant les délais fixés par la direction de l entreprise. Un audit informatique dans ce domaine donne une assurance sur le respect des processus et des délais. g. Confidentialité des données Le sujet de la confidentialité des données est indiscutablement sensible. Il suffit de citer les récents problèmes liés au secret bancaire, aux données personnelles ou aux secrets de fabrication pour s en convaincre. Une revue de sécurité permet d attester que la sécurité logique mise en place, le transport des données, leur stockage ainsi que l accès aux données physiques sont gérés de manière adéquate et respectent ainsi le niveau de conservation et de protection attendu. Méthodologie de l audit informatique La méthodologie utilisée est un cocktail composé d une revue de documentation et d interviews avec des vérifications, tests ou analyses sur l environnement du système d informations. Après contrôle et discussion avec le management, un rapport finalisant la revue est publié. L approche utilisée dans le cadre d un audit informatique est orientée risques. Lors d une revue, une opinion sur un environnement est transcrite de manière indépendante. Les constats ainsi que les risques peuvent être discutés avec le client, le but étant de le sensibiliser sur les faiblesses et les manquements constatés, puis d y apporter des solutions adéquates. L audit informatique au service de l entreprise L auditeur informatique apporte son soutien et son expertise à l entreprise cliente ainsi qu à ses collègues auditeurs financiers. Son travail sera souvent considéré de différentes façons au sein de la même entreprise: pour le directeur financier, il est une méthode contribuant à apprécier la fiabilité des applications utilisées. Pour le directeur informatique, c est avant tout un conseil en organisation effectué par un spécialiste. Alors que pour le directeur général, c est une sorte de fil d Ariane permettant d y voir plus clair dans l activité d un service clé. Et à présent, le système d informations de votre entreprise vous semble-t-il vraiment conforme dans tous les domaines cités ci-dessus? Est-il vraiment si sûr? Les experts de BDO mettent à votre disposition leurs compétences, fondées sur les meilleures pratiques du marché, et vous aident volontiers à procéder à un état des lieux de votre informatique. i En bref Le système d informations de la plupart des entreprises comporte des failles de sécurité. L audit informatique permet de les déceler L audit informatique est une prise de position indépendante et factuelle, fondée sur l analyse des risques L auditeur informatique est un allié pour l entreprise et un support à l audit financier Alessandro Oberti Auditeur informatique Fondé de pouvoir BDO Suisse romande alessandro.oberti@bdo.ch Téléphone 021 310 23 23 BDO BDO ZOOM 1/2011 11