DIVERGENCES DES PERFORMANCES EUROPÉENNES DÉCEMBRE 2013



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DIVERGENCES DES PERFORMANCES EUROPÉENNES DÉCEMBRE 2013

MONDE PIB 108 106 Pays développés début 2007 = 100 104 États-Unis 102 100 98 96 94 92 Japon Royaume-Uni Zone euro 90 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Sources nationales

MONDE La contraction de 4 % de l activité aux États-Unis pendant la crise de 2008-2009 a laissé place à un rebond régulier depuis lors. Le pays distance nettement les autres grandes économies développées. À l inverse, en zone euro, le retour de la croissance en 2010-2011 a été suivi d une contraction en 2012 et au début de cette année. La reprise observée depuis deux trimestres demeure modeste. La situation est plus favorable au Royaume-Uni où la croissance est repartie après un an et demi de quasi-stagnation. Surtout, le réveil japonais, lié à la mise en œuvre d une nouvelle politique économique, est spectaculaire. Le PIB a désormais rejoint son plus haut du début 2008.

PIB 106 Principaux pays début 2007 = 100 105 Irlande, Portugal, Grèce 104 102 100 Allemagne France 100 95 Portugal 98 Espagne 90 Irlande 96 85 94 92 Italie 80 Grèce 90 07 08 09 10 11 12 13 75 07 08 09 10 11 12 13 Sources nationales

Au sein de la zone euro, les disparités nationales subsistent. En Allemagne, le PIB dépasse de près de 3 % son pic d il y a cinq ans et demi, alors qu il lui est inférieur de 9 % en Italie. Depuis la fin 2011, l activité s inscrit sur une ligne horizontale en France, affectée par le recul des dépenses d investissement, tandis que la récession espagnole semble interrompue. Les économies les plus touchées par la crise sont en voie de stabilisation. C est notamment le cas de la Grèce, à l issue d un plongeon de 23 % du PIB en l espace de cinq ans.

EXPORTATIONS DE BIENS ET SERVICES 120 115 110 France, Allemagne début 2007 = 100 Allemagne 120 115 110 Italie, Espagne Espagne 105 105 100 France 100 95 95 90 90 Italie 85 85 80 78 07 08 09 10 11 12 13 80 78 07 08 09 10 11 12 13 Sources nationales

Les exportations françaises plafonnent depuis plusieurs trimestres, en raison de la stagnation des achats de l Europe mais aussi des pays tiers. Les ventes de l Allemagne sont également à l arrêt mais avaient fortement bénéficié du regain des échanges mondiaux en 2010 et 2011. En conséquence, ces dernières sont supérieures d environ 11 % à leur pic de 2008, alors que les exportations françaises se situent à un niveau équivalent. La performance espagnole est impressionnante. Les ventes à l étranger repartent franchement de l avant depuis le début 2013, alors que le statu quo se prolonge en Italie.

EXPORTATIONS DE BIENS ET SERVICES/PIB 55 Principaux pays % du PIB 50 Allemagne 45 40 35 Espagne 30 Italie 25 France 20 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Sources nationales

Parmi les quatre grands pays de la zone euro, l Allemagne est de loin la plus intégrée dans le commerce mondial. Ses exportations représentent en effet plus de 50 % de son PIB. Ce fort degré d ouverture lui permet de bénéficier de l accroissement continu de la demande dans les pays émergents. L Espagne se distingue par une forte progression du ratio exportations/pib, passé de 27 % en 2007 à près de 35 % à l été 2013. Cette évolution traduit les efforts réalisés par le pays pour restaurer sa compétitivité et augmenter ses parts de marché à l exportation. En Italie, le ratio a à peine progressé depuis 2007, ressortant à 30 % du PIB. En France, il est au même niveau qu avant la crise, à 27 %, soit la moitié du ratio allemand.

COÛTS UNITAIRES DU TRAVAIL Industrie manufacturière 125 120 115 début 2005 = 100 Italie 110 105 Espagne France 100 95 Allemagne 90 85 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Source : Eurostat

Les coûts unitaires du travail, qui rapportent le coût du travail à la productivité, ont évolué de façon différenciée dans les pays européens. En Allemagne, malgré l accélération salariale récente, ils ressortent en hausse de seulement 3 % entre 2005 et la mi-2013. En Espagne, après la progression de près de 20 % entre 2005 et 2008, les coûts unitaires sont revenus à leur niveau d il y a huit ans, grâce aux forts gains de productivité et au freinage des rémunérations. En France et en Italie, les coûts unitaires ont augmenté respectivement de 10 et 22 % entre 2005 et 2013. Ces rythmes, supérieurs à ceux de la productivité, expliquent la dégradation de la compétitivité de ces deux pays.

PRIX À LA CONSOMMATION Inflation sous-jacente (hors énergie, alimentation et tabac) 4 variation sur un an en % 4 3 3 Espagne 2 Zone euro 2 1 1 0 France 0-1 -1 Portugal -2-2 Grèce -3 2010 2011 2012 2013-3 2010 2011 2012 2013 Source : Eurostat

La faiblesse de l activité et l apaisement des tensions sur les cours des matières premières pèsent sur l inflation en zone euro. L indice sous-jacent, c est-à-dire hors produits à prix volatils (énergie, alimentation et tabac), ralentit ainsi à 0,8 % en octobre, au plus bas depuis début 2010. Cette moyenne masque toutefois des écarts importants entre pays. Ainsi, alors que l indice est encore nettement en territoire positif en France, il est proche de zéro au Portugal et en Espagne. En Grèce, la situation est très inquiétante, le pays s enfonçant dans la déflation.

Au sein du monde développé, les États-Unis font la course en tête. Ces derniers trimestres, la reprise s est affermie au Japon et au Royaume-Uni, mais marque le pas en Europe. Au sein de la zone euro, l Allemagne se détache nettement. L Espagne, où la recession a été très sévère, fait reposer tous ses efforts sur l amélioration de sa compétitivité. Ses exportations progressent désormais nettement plus vite que celles de la France et de l Italie. La restauration de la compétitivité des entreprises françaises constitue donc une priorité, afin que notre économie tire parti de la progression de la demande mondiale, au moment où les perspectives de croissance sur la demande nationale s avèrent modestes.

Les séries statistiques sont issues de la banque de données Thomson Reuters Datastream.