Maladies contagieuses transmissibles à l hôpital et en EHPAD



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Transcription:

Maladies contagieuses transmissibles à l hôpital et en EHPAD Epidémiologie et conduite à tenir autour d un cas Dr JAFFUEL Sylvain Définitions Maladies infectieuses à transmission directe inter-humaine et à fort potentiel de diffusion épidémique dans une collectivité Epidémie : augmentation significative de fréquence d une maladie au-delà de ce qui est observé habituellement Service de Maladies infectieuses CRHU de BREST Centre de vaccinations polyvalentes Centre de vaccinations internationales Définitions Diagnostic Mesures préventives Investigations Réforme du dispositif de surveillance et d alerte Transmission de maladies infectieuses à l intérieur d un établissement de soins représente un risque pour les patients et les soignants Nécessité d un haut degré de suspicion Connaître en détail. Les modes de transmissions. Les périodes d incubation. L efficacité des modes de préventions Quelques exemples Maladie éruptive due à Myxovirus Une des maladies les plus contagieuses R0= 10 à 20 Transmission par les sécrétions respiratoires, éventuellement par objets contaminés Incubation 10à 12 jours Invasion 2 à 4 jours Eruption maculo-papulleuse 5 à 6 jours Durée de contagiosité 10 jours ±5 débute 24 heures avant premiers symptomes jusqu à 5 jours après le début de l éruption 1

Epidémie actuelle de rougeole en France 2008 604 cas 2009 1525 cas 2010 5075 cas 8 encéphalites 287 pneumonies 2 décès 2011 14600 cas 16 encéphalites 647 pneumonies 6 décès Formes compliquées chez les patients de moins de 1 an et plus de 20 ans Pneumonie chez l enfant 2 à 7% Encéphalite aigue chez l adulte 1/1000 Protection vaccinale 95% 60 aine de cas lié à une contamination nosocomialedéclarée en 2010 Essentiellement personnel de santé en formation et en exercice Cas groupés NICE 2/03/2008-31/05/2008 12 cas confirmé biologiquement J0 cas index enfant retour de thailande hospitalisé pour dengue pas d isolement J0 à J30 contamination frère visiteur hospitalisé MNI 2 autres cas diagnostiqué par autre médecin J31 à J45 4 cas (3 hospitalisés) J45 à J60 3 cas dont interne de garde J75 1 cas infectiologue (interne de garde) BREST 2010 juillet Service Urgences adulte et réanimation médicale 2 IDE urgences 1 IDE réanimation médicale 2 internes de médecine 1 interne de psychiatrie (Rhône alpes) 1 interne de réanimation médicale (Nice MNI?) Pas de contamination de patient retrouvé 2

Conduite autour d un cas Signalement MISP de l ARS si critères cliniques ou biologiques Critères cliniques : Fièvre > 38 5 + éruption maculo-papuleuse + soit conjonctivite,coryza, toux, Koplik Critères biologiques Ig M spécifiques sérologique ou salivaire Séroconversion ou élévation X4 IgG sérique PCR sang, rhinopharyngé, salivaire ou urinaire Culture + sang, rhinopharyngé, salivaire ou urinaire Recherche sujets contacts 5 jours avant début éruption et 5 après Eviction du patient Vaccination des cas contacts si nécessaire Cas en milieu de soins Mesure barrière.dgs/ri1/2009/334 du 4 novembre 2009.Confirmation biologique indispensable du cas (PCR).DO (ARS).Mesures concertées entre EOH, CLIN, Médecine du travail, ARS, Service. Isolement du patient (AIR) jusqu à 5 jours d éruption. Limitations des déplacements ou masque.prise en charge par personnel immunisé.hygiène standard. Utilisation de masque de protection. Si soignant éviction Recherche active sujets contacts.parcours du patient.personne exposée avant mesure de protection.si soignant patients ou collègues exposés Compte tenu contagiosité très élevée toute personne ayant côtoyé le malade pendant phase contagieuse 3

Immunoglobuline jusqu à 6 jours.femme enceinte non vaccinée et sans ATCD.Immunodéprimé.enfant de moins de 6 mois mère atteinte.enfant de moins de 6 mois mère sans ATCD non vaccinée.enfant de 6 à 11 mois non vacciné dans les 72 heures Vaccination après 3 mois schéma classique 2 inj Mesures prises au CHRU de BREST Médecine du travail vérification vaccination ROR et rattrapage Mise en place circuit aux urgences avec isolement repérage des patients avec symptômes respiratoires Port de masque jusqu à examen par médecin et box seul (même problématique que tuberculose coqueluche, grippe ) Pas de déclaration obligatoire cas communautaires Surveillance par réseau sentinelle En 2009 augmentation de 22% du nombre de prélèvement + CNR et de l age des patients En établissements de santé signalement coqueluche nosocomiale entre 2000 et 2005 67 cas groupés Bordetella pertussis Pathogene humain exclusif Transmission aérienne Taux d attaque environ 70 à 80% si contact proche Transmission en milieu familial et collectivités (scolaire, etablissement de soins et milieu professionnel) non vacciné. Incubation 10 jours (7 à 21). Invasion (10 jours) rhinite, toux. Phase d état (2 à 4 semaines) quinte de toux (congestion, cyanose) chant du coq apyrexie asymptomatique en dehors quinte hyperlymphocytose classique. Convalescence (longue) persistance toux 4

Bref historique.vaccination généralisée 1966 polyvalent.déclaration obligatoire jusqu en 1986.Crainte de résurgence 1996 Renacoq.Peu d augmentation du nombre de cas mais incidence maladie 276/100000 chez moins de 3 mois 32 décès jusqu en 2005. 1996-2005 1598 enfants <6mois hospitalisés 17% en réanimation Primovaccination 2, 3 et 4 mois 96 % CV Exemple en France Maladie immunise pendant 12 à 15 ans Vaccination immunise pendant 8 à 10 ans Nourrissons non ou partiellement vaccinés : risque de complications Adultes: réservoir de B. pertussis Rappel à 16/18 mois 91 % VCV Pas de rappel ultérieur, perte de l immunité Diagnostic. Culture peu sensible peu fait. PCR sur sécrétions nasopharyngées si <3 semaines. Sérologies Ac antipt (Pble immunité vaccinale) Pr Salmon Risque professionnel Québec 384 coqueluches 8% chez personnel de santé 5% population générale RR 1,7 De serres et al Morbydity of pertussis infection in adolescents and adults J Infect Dis 2000;182 : 174-9 USA Incidence X3 chez personnel urgences/service moins exposé Wright SW et al Incidence of pertussis infection in healthcare workers Infect Control Hosp Epidemiol 1999;20 : 120-3 En France 67 cas groupés entre 2000 et 2005 27 en établissement de santé personnel systématiquement touché Mesures prises 1 service a contacté 440 personnes exposés Maison de retraite Gironde 2006 2 mois d épidémie 13 cas 5 résidents 8 membres personnel Traitement préventif résidents 5

Vaccination depuis 1959 Vaccin combiné 2004 cocooning adulte 2008 rappel adulte Vaccination de l ensemble des personnels soignants y compris EHPAD à l occasion rappel décennal étudiant compris Vaccination personnel de la petite enfance Traitement si <21 jours Macrolides 3 jours azitrhomycine 7 jours clarythromycine si allergie Bactrim 14 jours Eviction durée du traitement 3 ou 5 jours Autour d un cas ou cas groupés Cas clinique ou confirmé biologiquement ou épidémiologiquement Contacts proches Contacts occasionnels famille flirt enfants personnel crèche école même classe prof même bureau amis même activités Xfois établissement de santé patients et collègues Hospit si <3 mois Isolement a domicile 3 semaines de toux ou 3 jours si traitement Isolement chambre seul à l hopital précaution gouttelettes Recherche tousseurs PCR Antibioprophylaxie contacts proches enfants non ou mal vacciné ou + de 5 ans adulte vaccins + de 5 ans contacts occasionnels si à risque femme enceinte, immunodéprimé insuf respiratoire Incubation : 1 à 7 jours symptomes (fièvre, toux, courbature): 5 à 10 jours contagiosité : 6 à 12 jours (24h avant signes) Transmission voie aérienne contacts rapprochés confinement 5 min sur les mains 6

Efficacité de la vaccination chez les patients Méta-analyse (20 cohortes) diminution du risque maladies respiratoires (-56%) pneumonies (-53%) hospitalisations (-50%) décès (-68%) Chez le plus de 65 ans diminution du risque hospitalisation pour IVR (-32%) Pneumonie et grippe (-39%) Insuffisance cardiaque (-27%) Décès (-50%) Gross et al, Ann Intern Med 1995 Couch et al, NEJM 2000 Vaccination des soignants protection des patients Etude randomisée Intérêt de la vaccination systémique des soignants Institutions de personnes âgées Mortalité chez les résidents Carman et al lancet 2000 102/749 (13.9%) si soignants vaccinés (cv 49.8%) 154/688 (22,4%) si soignants non vaccinés (cv 4.8% Mortalité attribuée à la grippe en France et couverture vaccinale chez le plus de 75 ans Oseltamivir voie orale diffusin systémique dans tous les sites infectés elimination rénale bonne tolérance résistance faible Oseltamivir Traitement curatif. Réduction sévérité des symptomes.réduction durée des symptomes.réduction incidence des complications adulte sinusites -32% VRB -37% sujet à risque 14 à 17%.Réduction portage viral nasal Oseltamivir réduction des complications des VRB induisant le recours aux ABT chez patients grippés Données RCP 7

Autour d un cas Recommandations DGS/DGAS, consensus Résidents Renforcement précaution standard précaution «gouttelettes» Maintien en chambre Limitations des visites et regroupement au sein collectivité Cas groupés (2) prophylaxie post-exposition par oseltamivir dans les 48h ou au max 7 jours Personnel Arrêt de travail personnel malade jusqu'à guérison Signalement à l ARS Au moins 3 cas en moins de 8 jours Entourage Intérêt de la vaccination si visite régulière Couverture vaccinale Couverture vaccinale personnel de santé Hees L et al Vaccination coverage among health care workers in the pediatric emergency and intensive care department of Edouard Herriot hospital in 2007, against influenza, pertussis, varicella, and measles Arch pediatr. 2009 Jan;16(1):14-22 Couverture vaccinale 8