Quelle place pour l aidant proche à l hôpital? Bénédicte HAMOIR et l équipe de gériatrie de liaison CHU DINANT-GODINNE.



Documents pareils
L articulation Hôpital de jour Accueil de jour

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

droits des malades et fin de vie

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

PRESENTATION ACTION SOCIALE PREVOYANCE MICHELIN

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

Vous êtes frontalier, comment être soigné(e) aux HUG?

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Aide kinésithérapeute : une réalité?

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

I. Qu est ce qu un SSIAD?

Centre Régional de soins Psychiatriques «Les Marronniers» MSP

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

IFAS 11 décembre janvier M. BLOT Ergothérapeute. CHU de NIMES

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Définition, finalités et organisation

Calendrier des formations INTER en 2011

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

STACCINI Pascal UFR Médecine Nice Université Nice-Sophia Antipolis

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

MÉMOIRE RELATIF À L ÉVALUATION DU RÉGIME GÉNÉRAL D ASSURANCE MÉDICAMENTS PRÉSENTÉ PAR LA FÉDÉRATION DES MÉDECINS SPÉCIALISTES DU QUÉBEC

Capteurs pour la santé et l autonomie. Nouvelles approches technologiques. pour le suivi sur les lieux de vie

NOTRE HÔPITAL S ENGAGE. Au-delà du soin, vous comprendre. Au-delà du soin, vous comprendre

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

L ostéopathie au service des professionnels

Comment la proposer et la réaliser?

MON DOS AU QUOTIDIEN COMPRENDRE, ÉVITER ET SOULAGER LE MAL DE DOS

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

Définition de l Infectiologie

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

Le service public hospitalier et la vulnérabilité : Les équipes mobiles de gériatrie. Pr Nathalie Salles Pôle de Gérontologie CHU Bordeaux

Retours d expériences ATELIER EQUILIBRE. Viviane Granseigne Animatrice et formatrice d Ateliers Equilibre et Prévention des Chutes

Proyecto Telemedicina

Conditions supplémentaires d assurance (CSA) Assurance complémentaire d hospitalisation HOSPITAL CLASSICA

PRADO, le programme de retour à domicile. Insuffisance cardiaque

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

Évaluation et recommandations

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

Application DCC Réseau ONCOLIE --- Application DMI Réseau Gérontologique de Baumes Les Dames ---- Application RAPID Réseau RAPIDFR-NAT

INTERET ET LIMITES DU TIIH DANS LES TRANSPORTS INTER HOSPITALIERS. Marc FOURNIER SAMU13- APHM

Lépine Providence DOSSIER DE PRESSE

ET DE LA STRATEGIE. Note de Synthèse. Domaine : Financement Version : 1 Mise à jour : 04/03/2012

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

INAUGURATION Du service de Pédiatrie Dossier de presse JEUDI 14 NOVEMBRE 2013

L impact des avis des usagers sur l amélioration de la prise en charge du patient dans un CHU

Page1 LE DROIT AU RESPECT DE LA DIGNITE

1. Rappel des engagements - Roadmap actuelle (RM) Action 8

Information aux patients et à leurs proches. Espace médiation. Lieu d écoute et de dialogue pour les patients et leurs proches

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

PROCEDURE SUR DEMANDE D UN TIERS OU EN CAS DE PERIL IMMINENT

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Démence et fin de vie chez la personne âgée

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

Pour un soutien médical sur mesure

Référentiel Officine

Moteur de recherche : Daniel Goutaine Page d'accueil Rubrique : contentions

«Politique des ARS pour les seniors»

Une offre de lecture numérique sur liseuses et Smartphones pour les patients de l Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

Une infirmière re clinicienne en et soins de. Stomathérapie. fonction? L infirmière. re «clinicienne?» Rôle de l infirmil. ressource?

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

GUIDE PRATIQUE. Droit d accès

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Troubles de la vigilance au travail. Tests d aide à la décision d aptitude et structures de dépistage du syndrome d apnées du sommeil à Grenoble

DIPLÔME UNIVERSITAIRE

UEMS - OB/GYN SECTION LA FORMATION DU SPECIALISTE EN GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL DE L' EBCOG 1.

Procédure relative à la protection juridique des majeurs vulnérables

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

Jour 1 : Les concepts Les forces du système de santé québécois Comparaisons internationales. 22 octobre Pause réseautage et visite des exposants

Le système d information (bases de données) l évaluation de la qualité des soins.

Bonnes pratiques RÉSEAUX SOCIAUX DES

dans la Loire... I ACCUEILS DE JOUR

Causes d insatisfactions du patient pris en charge en ambulatoire

Note de recommandation Médecins du Monde. Concertation sur la Réforme de l Asile. Octobre 2013

Les technologies de l information, support de la réorganisation territoriale

Logiciel «My-Labo Cool!»

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Le début de l aventure

Parcours du patient cardiaque

La prise en charge de votre épilepsie

Le bilan neuropsychologique du trouble de l attention. Ania MIRET Montluçon le

Transcription:

Quelle place pour l aidant proche à l hôpital? Bénédicte HAMOIR et l équipe de gériatrie de liaison CHU DINANT-GODINNE.

Le travail de liaison, nos missions Détection des patients à risque de déclin fonctionnel. Avis multidisciplinaire complet (patients hospitalisés en dehors du service G). Participation à l établissement d un plan de soins. Suivi hebdomadaire des patients âgés fragiles. AIDANT Aidant proche PATIENT contact relation SOIGNANT échange interaction équipe de liaison 2

Cet aidant qui est- il? Un conjoint, un enfant, un voisin, un ami, Une personne qui a un lien significatif, particulier avec le patient qui est une personne de référence pour le patient. Cet aidant peut être aussi parfois : âgé malade «chargé» d émotions «positives» ou «négatives» ( hospitalisation = situation extrême) FRAGILE épuisé. 3

Aidants avec des niveaux différents d implication dans l aide apportée à leur proche (histoire de vie, histoire familiale, différences culturelles ) Détermination de l aidant : Personne qui s occupe le plus régulièrement du patient Personne désignéepar le patient comme la personne de référence. Détermination de l interlocuteur privilégié ou des interlocuteurs privilégiés. 4

Aidant pour quel patient? Patient souffrant de pathologies diverses ( polypathologie profil gériatrique). Patient souffrant d une atteinte cognitive. Patient souffrant d une dépendance fonctionnelle importante. Patient en fin de vie. 5

Cas clinique Mr D. arrive aux urgences accompagné de son épouse. Mr présente une AEG, il a fait plusieurs chutes ces dernières semaines. Il tient des propos incohérents lors de l entretien. Son épousenous explique que sonmarivamoins bien depuis 15 jours, que son équilibre est très instable, que les nuits sont agitées. On apprend également que les troubles de mémoire ne sont pas si nouveaux Le couple ne bénéficie pas d encadrement extérieur. Il y a 15 jours, Mr D. était encore relativement autonome pour les AVJ et il bénéficiait de l aide de son épouse pour une partie des AVJI. La situation est devenue ingérable 6

Place de l aidant dès l admission aux urgences Informateur Souvent capable d apprécier la sévérité du mauvais état de santé du patient => importance dans la recherche diagnostique. Soutien au patient compagnie apaisante. Implication, concertation dans l établissement éventuel de l échelle thérapeutique (état critique à l admission). 7

Suite cas clinique Le premier diagnostic posé aux urgences chez Mr. D est une insuffisance rénale et un AVC semi-récent. Le patient est maintenant hospitalisé dans une unité de soins. L épouse de Mr D. semble dans un premier temps soulagée que son mari soit pris en charge. Cependant, elle a du mal à le laisser seul à l hôpital et décidedelogeràlamaisond accueil. L épouse est alors pleine d interrogations : que va t-on lui trouver? Va-t-il guérir? Pourra-t-il rentrer à la maison? Retrouvera-t-il son degré d autonomie antérieur? 8

Place de l aidant en cours d hospitalisation Maintien du lien social : importance dans l objectif de bien-être pour permettre de conserver la santé physique, psychique et/ou cognitive. Entretien des liens familiaux, bien que la relation et la communication peuvent être perturbées par la maladie, la fatigue, l anxiété, le sentiment d impuissance, l incertitude par rapport à l avenir. Difficultés de«lâcher» prise. Moment de répit «sentiments partagés» 9

Soutien, stimulateur, accompagnateur tout au long de l hospitalisation. Soutienàlapriseenchargeinstauréeàl hôpital(mesuresnon pharmacologiques) Exemple : chez le patient confus, la présence de proches diminue l agitation et les troubles comportementaux (visite/nuit à côté du patient). Rôle de relai: participation à l éducation thérapeutique Exemple: nécessité d utilisation d un rollator à la marche afin de minimiser le risquedechute. demande une communication entre les proches et l équipe soignante relation de confiance. 10

Consultation dans l élaboration de l échelle thérapeutique ou de la révision du niveau de soins. (patient ne pouvant s exprimer atteinte cognitive sévère). Implication dans l élaboration du projet de soins, du projet de sortie «Partenaire» REUNION Contribue à l efficacité des soins. DE FAMILLE Indispensable afin de s assurer de l observance des mesures à mettre en place, du traitement à poursuivre, de la continuité des soins. 11

Et nous soignant face à cet aidant? Rôle d accueil et d écoute: «se poser» Tenir compte des circonstances extrêmes => charge émotionnelle. Détection de leur souffrance et de l état d épuisement:«valider» Détection dès les urgences par le Sega. Informer selon ses compétences afin de rassurer. Faire circuler les informations. 12

Mais. Ne pas juger(! préjugés) Ne pas imposer Mais Leur laisser une place c.-à-d. LEUR PLACE «celle qu ils ont envie de prendre» *1 EQUILIBRE A TROUVER Impact sur la santé de l aidant.. * 1 Cristina BAIANA ; «la place des proches en milieu hospitalier». 13

Relation en triadepas évident car il y a une personne vulnérable = le patient Déséquilibre de la relation Chacun doit trouver sa place Travail en équipe, réflexion au sein des services, de l institution. Dépend de la vision que l on a du proche : Fait-il partie du système de soins? Place encore parfois sous- estimée mais reconnue. A construire par la communication et l éducation. 14

Adaptations institutionnelles permettant de laisser «place» à l aidant: Adaptations structurelles: Lit d accompagnant Maison d accueil Isolement médical du patient en fin de vie permettant aux proches une présence continue auprès du patient Souplesse dans les heures de visites Participation à certains soins (alimentation, ) Soutien apporté au patient ainsi qu à ses proches par l équipe des bénévoles. 15

CONCLUSION L aidant un proche oublié? «L aidant n est pas quelqu un que l on peut négliger» L aidant a bien saplace. Interlocuteur privilégié pouvant s avérer indispensable. Tenir compte de sa fragilité DETECTION. Trouver le bon équilibre dans l espace qu il a envie de prendre et que l on peut lui céder. Rôle dans la bonne observance de la continuité des soins en intra comme en extrahospitalier. 16

MERCI DE VOTRE ATTENTION. 17