8 QUESTIONS CLÉS POUR ÉPARGNER Pour loger votre épargne dans des produits adaptés et bien les choisir, il est nécessaire de réfléchir avant d agir. Vous devez ainsi vous poser certaines questions. C est en fonction des réponses que vous pourrez ensuite choisir en toute connaissance de cause le ou les placements qui conviennent à vos attentes. 1- Sur quelle durée épargner? Cela tombe sous le sens : il ne faut pas investir sur un placement de longue durée des sommes dont vous pourriez avoir besoin rapidement. Le cas échéant, vous risquez de perdre les avantages éventuellement attachés au produit. Vous risquez aussi d être pénalisé soit fiscalement parlant, soit par des frais de sortie anticipée liés au placement choisi. Si vos économies doivent servir à la réalisation d un projet d ici quelques mois, voire d ici un an ou deux, il est inutile de leur faire prendre des risques en allant les investir sur les marchés boursiers. Les livrets ou les comptes à terme sont ainsi parfaits pour de l épargne à court terme. A contrario les placements boursiers, pour lesquels il n existe aucune garantie du capital, doivent être dédiés à une épargne de très long terme, afin qu avec le temps, et en dépit de pertes en capital subies parfois durant quelques années, les gains puissent être au rendez-vous. Durée de détention ou durée de vie? Il ne faut pas confondre la durée minimale de détention, fixée par la loi pour bénéficier des avantages attachés à certains produits, et la durée de vie du produit, qui peut être plus longue et fixée par l établissement financier. C est le cas par exemple pour les fonds communs de placement dans l innovation (FCPI) dont la durée minimale pour bénéficier de l avantage fiscal, est de 5 ans, mais la durée de vie est en général plus longue, de 8 à 10 ans, pour optimiser au mieux ce placement, qui vous fait prendre des participations dans les entreprises innovantes. *2- Comment épargner en souplesse? Avec un grand nombre de produits d épargne (livrets, contrats d assurance vie.) vous pouvez choisir le système d épargne qui vous semble le plus pertinent : versement d une somme d argent en une seule fois, ou versements libres ponctuels, ou encore versements réguliers et programmés selon une périodicité définie (mensuelle, trimestrielle ). Ces placements sont évidemment les plus souples car ils s adaptent en permanence à vos capacités financières du moment.
Tous placements confondus, pour épargner en souplesse, il existe une règle : celle qui consiste à vous habituer à épargner régulièrement, chaque mois si possible, même une somme modeste. Et si vous êtes plutôt cigale que fourmi, programmez des versements réguliers entre votre compte courant et vos placements : cela vous permettra d épargner sans effort, presque sans y penser. BON A SAVOIR Avec certains placements, vous pouvez être obligés de verser un montant minimum annuel. C est le cas par exemple du Plan épargne logement pour lequel une certaine somme suffit certes à l ouverture, mais pour lequel au moins 540 minimum de versements par an sont nécessaires. A défaut, le plan est clos. *3- Comment épargner avec efficacité? Les livrets réglementés (livret A, LDD, Livret d épargne populaire ), le Plan et le Compte épargne logement ont une spécificité à connaitre : leurs intérêts ne sont pas calculés au jour le jour, mais par quinzaines échues. Pour que votre épargne vous rapporte un maximum de rendement, il faut donc veiller à effectuer vos versements avant le 15 ou à la fin du mois et, lorsque les retraits ponctuels sont permis, il faut également veiller à effectuer vos retraits à partir du 16 ou du 1 er du mois. A défaut, l argent sera certes en compte, mais il ne rapportera pas du tout. Dans le même esprit, les intérêts des contrats d assurance vie sont acquis pour les sommes inscrites en compte le dernier jour de l année. Récupérer une partie de votre épargne au cours du quatrième trimestre par exemple revient ainsi à vous priver, sur la somme retirée, d une fraction de la rémunération annuelle qui sera rétrospectivement accordée. Si cela vous est possible, il faut donc veiller à échelonner dans le temps vos retraits 4- Comment épargner à moindres frais? Côté frais, certains placements sont totalement «indolores» : c est le cas des livrets d épargne réglementés, du Plan et du Compte épargne logement. D autres placements comportent en revanche différents frais librement fixés par chaque gestionnaire et qui réduisent le rendement attendu : il est donc important d en examiner les montants. Les principaux frais sont : - les frais de souscription Quand il s agit d acquérir des parts d un fonds commun de placement (FCP) ou d une SICAV, on parle aussi de «droits d entrée» ; pour l acquisition d actions ou d obligations achetées sur les marchés, on
parle de «frais de courtage» et pour l investissement dans un contrat d assurance-vie, il peut s agit aussi de «frais de versement ". Ces frais peuvent être proportionnels au montant de l investissement : dans ce cas, ils viennent immédiatement réduire la somme effectivement investie (sur 100 épargnés, 98 seront en fait investis si l on défalque les 2% de frais sur versements). Ils peuvent également être débités en supplément, au moment où l opération a lieu. les frais d adhésion Ces frais sont perçus à l ouverture d un contrat, généralement d assurance vie. Ils sont souvent l apanage des associations ou des mutuelles d assurances. les frais de gestion annuels Ces frais généralement peu élevés (0,50% à 1% par an) finissent toujours par peser lourd car ils sont prélevés chaque année sur la totalité de l épargne constituée. On les trouve notamment dans les contrats d assurance-vie ou les PERP. - les frais d arbitrage Ils sont prélevés lorsque l épargne passe d un support financier à un autre, dans le cadre d un contrat d assurance-vie multisupports. Ils peuvent être soit forfaitaires soit proportionnelles aux montants transférés, avec un maximum. - les droits de garde Les supports qui abritent des valeurs mobilières acquises en direct (actions, obligations, SICAV ), comme le compte titres ou le PEA supportent des droits de garde annuels. - les frais de sortie Ces frais prennent également différents noms : on parle de frais de courtage lors de la revente d actions ou d obligations détenues en portefeuille, de droits de rachat sur certains FCP ou SICAV, notamment les fonds à capital garanti, ou encore de "pénalités de sortie anticipée" lorsque l on doit interrompre prématurément un compte à terme. 5- Comment viser un rendement élevé? Quel que soit votre objectif d épargne, vous attendez que votre argent vous rapporte. Mais il existe une règle en termes de placements : le rendement est souvent proportionnel au risque pris. Il vous faut donc évaluer votre sensibilité au risque afin de déterminer au plus juste votre profil d investisseur. Etes-vous réfractaire à toute perte en capital, surtout si celle-ci s inscrit dans la durée du fait d une mauvaise conjoncture boursière ; ou êtes-vous prêt à endosser des risques en échange d un rendement potentiellement plus élevé? Un placement sécurisé garantit à tout moment ou au terme d une période donnée et connue à l avance, la
restitution des sommes versées, déduction faite des éventuels frais de souscription ou de gestion. Cela vaut pour tous les livrets d épargne réglementés (livret A, LDD ) et les livrets bancaires. Cela vaut aussi pour les comptes à terme, l épargne logement, les fonds à capital garanti et pour l assurance-vie dès lors que l argent est investi sur un fonds en euros. Au contraire, un placement risqué évolue en fonction de la bonne ou de la mauvaise tenue des marchés boursiers : le montant des sommes initialement placées varie donc en permanence à la hausse comme à la baisse. C est ce que l on appelle le risque de perte en capital. Lorsque ce risque est à son maximum, l argent investi est même susceptible d être totalement perdu. Pour évaluer ce degré de risque, les spécialistes mesurent la volatilité du capital récupéré à l issue du placement : les actions détenues en direct au sein d un compte titres ou d un PEA, ou les actions détenues au travers de l épargne salariale font partie des actifs les plus risqués. Il en va de même pour les unités de compte proposées au sein des contrats multisupports d assurance vie. 6- Comment bien diversifier? En matière de placements, «ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier» est une expression incontournable! Pour cela, il faut tout d abord choisir des placements qui n évoluent pas dans le même sens : cela permet de réduire les risques de perte en capital, puisque les placements les plus sûrs servent d amortisseurs en quelque sorte aux placements les plus risqués. Il faut également faire le choix d investir régulièrement, de façon programmée, dans les placements risqués comme les actions (ou les SICAV actions) et non en une seule fois, même si l on pense que les marchés vont poursuivre leur hausse : le prix d acquisition des titres sera ainsi lissé dans le temps et surtout, il sera au final moins élevé tout en vous évitant d investir au «mauvais» moment. Dans ce compartiment risqué, il faut investir une partie seulement (10 à 20 %) de son épargne, surtout si l on est novice. Il faut aussi faire attention de panacher ses avoirs au sein même des placements risqués : si vous investissez une partie de votre épargne en actions par exemple, il vous faut donc choisir des titres de secteurs économiques (agro-alimentaire, pharmacie, immobilier ) ou géographiques (actions de la zone euro, actions de sociétés américaines, chinoises ) différents. Enfin, les placements à risques exigent une surveillance régulière afin de les vendre au «bon» moment : vous allez ainsi régulièrement engranger vos plus-values, quitte à les réinvestir peu de temps après, afin de limiter les pertes en capital, si les marchés se retournent. Cette gymnastique quotidienne suppose un minimum de temps et d expérience que vous n avez peut-être pas. Le cas échéant, vous pouvez alors opter soit pour une formule de gestion pilotée au sein d un
contrat d assurance vie multisupports, soit donner un mandat de gestion à un professionnel pour qu il gère à votre place votre portefeuille actions. 7-Comment récupérer son épargne? Regarder de près, avant la souscription, la façon dont on «sort» d un placement n a rien d incongru. Au contraire : le mode de sortie doit correspondre en tous points à votre objectif d épargne. - Sortie en capital La plupart du temps, la sortie se fait en capital : vous récupérez alors une somme d argent correspondant au capital initialement investi, augmenté, dans le meilleur des cas, des intérêts acquis (pour les livrets bancaires par exemple) ou des plus-values réalisées (pour les actions). Pour récupérer votre épargne, vous serez dans certains cas obligé de clore votre placement : c est le cas avec un Plan épargne logement par exemple. Dans d autres cas comme avec les livrets d épargne ou l assurance vie, vous n aurez pas à effectuer de clôture : le contrat se poursuit quels que soient le volume et la fréquence des retraits, dès lors qu il reste un minimum d argent en compte. Ces produits sont donc très «liquides» puisqu ils vous autorisent à définir vous-même, sans contraintes ni pénalités contractuelles, votre flux de retraits. - Sortie en rente Vous percevez à vie (rente viagère) ou un certain temps seulement (rente temporaire) une somme d argent qui sera fixée par le gestionnaire en fonction de l épargne acquise. Cette rente peut être versée chaque mois, chaque trimestre voire chaque année. Les produits dédiés à l épargne retraite (PERP, PERCO ) privilégient ce mode de sortie. Avec un PEA comme avec un contrat d assurance vie, également vous pouvez choisir entre une sortie en capital et une sortie en rente, ou les panacher en fonction de vos besoins. 8- Comment épargner en optimisant sa fiscalité? La fiscalité applicable aux gains engrangés, lorsque l on sort en capital ou sous forme de rente, peut vous inciter à choisir tel placement et non tel autre. Il en va de même façon pour les avantages fiscaux octroyés au moment de la souscription de certains produits. Si ce paramètre est important, il ne doit pas pour autant vous aveugler : on ne souscrit pas un placement uniquement pour minorer ses impôts ou éviter d en payer au moment de la sortie! La fiscalité applicable aux placements est très variable, ce qui la rend complexe : sauf dispositions spécifiques, les gains ou plus-values sont soumis à l impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (15,50% en 2015).
De façon synthétique, on distingue plusieurs cas de figure : les placements totalement exonérés Ceux pour lesquels les gains au moment de la sortie, quels qu en soient les montants, sont totalement et à tout moment exonérés d impôt et de prélèvements sociaux : c est le cas des livrets d épargne réglementés (livret A, LDD, Livret d épargne populaire et livret jeunes). les placements totalement exonérés sous conditions Ceux pour lesquels les gains au moment de la sortie sont totalement exonérés d impôt sous certaines conditions, mais non de prélèvements sociaux : c est le cas du PEA pour lequel les plus-values et les dividendes versés échappent à l impôt sur le revenu si les retraits ont lieu après le 5ème anniversaire du plan ou si la sortie en rente viagère a lieu après le 8ème anniversaire du plan. Dans tous les cas, les gains sont soumis aux prélèvements sociaux. les placements temporairement exonérés Ceux our lesquels les gains au long cours sont temporairement exonérés d impôt, mais non de prélèvements sociaux : c est le cas notamment du Plan Epargne logement pour lequel les intérêts échappent à l impôt sur le revenu jusqu à son 12ème anniversaire. Ils sont en revanche soumis chaque année aux prélèvements sociaux. les placements normalement soumis à l impôt, sauf sous certaines conditions Ceux pour lesquels les gains au moment de la sortie sont normalement soumis à l impôt sur le revenu mais peuvent, sous certaines conditions, y échapper : c est le cas par exemple avec l assurance vie. Une fois que le contrat atteint son 8ème anniversaire, les gains ne sont en effet imposables qu après un abattement annuel de 4 600 ou de 9 200. Ils sont alors soit soumis au barème progressif de l impôt sur le revenu, soit soumis à un prélèvement forfaitaire de 7,5%. Ils sont dans tous les cas soumis aux prélèvements sociaux. les placements totalement imposés en sortie Ceux pour lesquels les gains sont soumis au moment de la sortie, à l impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux : c est le cas du PERP par exemple, pour lequel la rente viagère est imposable dans les mêmes conditions que les pensions de retraite et supporte également les prélèvements sociaux (à un taux moindre toutefois). Cette taxation est la contrepartie de l avantage fiscal octroyé à l entrée : les sommes versées chaque année sont en effet déductibles du revenu imposable dans certaines limites. Pour en savoir plus, consultez notre guide défiscalisation UNI-ÉDITIONS - JANVIER 2016