CSL Préface Une information courte, pertinente, transmise en priorité Le CSL flash renforce l éventail des newsletters que la Chambre des salariés consacre aux thèmes juridiques, socioéconomiques, liés à l environnement du travail. Par son format court et son contenu ciblé, il constitue l utile prolongement, actualisé et périodique, du Panorama social annuel. Cette lettre d information originale s appuie sur des données économiques et sociales, mensuelles, trimestrielles ou annuelles, moins médiatisées. Ce numéro est consacré aux femmes et à leur situation socio-économique. Jean-Claude Reding, président de la CSL Un taux d emploi féminin qui croît sur le long terme Le taux d emploi des femmes suit une tendance croissante pour atteindre 61,9% en 2011 (+3,5 points par rapport à 2005). Celui des hommes oscille autour de 78,5% et connaît une diminution de 1,3 point sur la période. Ainsi, l écart entre les deux taux se réduit : de 21 points en 2005, il est passé à 16,2 points en 2011. Taux d emploi des 20-64 ans par genre, Luxembourg Par ailleurs, le taux d emploi des femmes au Luxembourg se situe en dessous de la moyenne de l Union européenne (58,4% contre 60,2% en 2005), même si l écart s amenuise depuis 2009 (il n est plus que de 0,4 point en 2011). Le taux luxembourgeois (61,9% en 2011) est relativement proche du taux belge (61,5%), alors que les taux français (64,7%) et allemand (71,1%) leur sont supérieurs. Une particularité luxembourgeoise réside dans un léger recul en 2008 du taux d emploi des femmes, que les pays voisins et l Union dans son ensemble n ont pas connu. Depuis 2009, à l exception notable de l Allemagne, le taux d emploi des femmes tend à se stabiliser (données non représentées). Taux d emploi des femmes de 20-64 ans, Grande Région, 2011 Pour l année 2011, le taux d emploi féminin national est toujours supérieur à celui de la région du pays correspondant. Les écarts entre la Rhénanie-Palatinat et l Allemagne ainsi qu entre la Lorraine et la France sont ténus (respectivement 0,7 et 1,7 point). En revanche, ils sont assez élevés entre la Wallonie et la Belgique de même qu entre la Sarre et l Allemagne (respectivement 5,7 et 5,6 points). Les taux d emploi ne tiennent pas compte des durées moyennes du travail qui varient sensiblement entre pays. 1
Travail féminin atypique : un bilan mitigé Emploi temporaire en pourcentage de l emploi salarié, Luxembourg 9% 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 3.1 2.4 1.8 2.6 5.3 4.0 4.2 2.4 5.8 7.6 6.6 8.3 8.2 6.2 5.9 6.3 6.3 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Femmes Hommes Les salariées résidentes ont un taux d emploi temporaire supérieur à celui des hommes. De 1996 à 2011, la proportion de femmes dans ce type d emploi est de plus en plus importante. Elle croît en moyenne de 0,4 point chaque année. Si en 2008 la part de l emploi temporaire chez les femmes chute (-13%), en 2009, elle repart à la hausse (+26%) pour se stabiliser ensuite aux alentours des 8%. Selon Eurostat, les travailleurs en emploi temporaire sont ceux ayant un contrat de travail à durée déterminée ou un emploi prenant fin au moment de l accomplissement de certains critères objectifs, comme l achèvement d une mission d intérim ou le retour de la personne temporairement remplacée. Part des salariées à temps partiel Au Grand-Duché, en 2011, les salariées à temps partiel représentent 35,8% des salariées résidentes (38,2% en 2005). Sur toute la période, leur part est supérieure à celles de la France et de l Union européenne (aux alentours de 30%). En revanche, elle est nettement inférieure à celles de la Belgique et de l Allemagne qui affichent respectivement des taux de 43,3% et de 45,1% en 2011. À titre de comparaison, la part de salariés des deux genres à temps partiel oscille au Luxembourg autour des 17-18% (de 17,4% en 2005 à 18,0% en 2011). La part des hommes à temps partiel parmi les salariés hommes résidents est de 2,4% en 2005 et de 4,3% en 2011 (données non représentées). Part des salariées à temps partiel involontaire Le temps partiel involontaire varie nettement selon les pays. Si en France environ un tiers des salariées à temps partiel souhaiterait travailler davantage, au Luxembourg cette part est en dessous de 9% depuis 2007. En Belgique et en Allemagne, elle diminue fortement sur la période considérée. Les salariées à temps partiel involontaire préfèreraient occuper un emploi à temps plein. On parle aussi de temps partiel subi, contraint ou non choisi. 2
Les salariées selon le temps de travail, 2011 Sur l ensemble des salariées, une part non négligeable travaille à temps partiel. Cependant, ce ne sont pas les pays qui ont le plus fort taux de temps partiel qui font le plus de mécontentes. Ainsi, la France qui a le taux le plus faible (30,0%) a aussi le taux d insatisfaction le plus élevé (8,9%). En revanche, la Belgique et le Luxembourg, qui ont des taux de temps partiel plus élevés, présentent peu d insatisfaction. L Allemagne est dans une situation intermédiaire : un taux de temps partiel très élevé et un taux de temps contraint assez fort. Le choix du temps partiel n est pas toujours lié à l impossibilité de trouver un poste à temps plein. Il peut être la conséquence de contraintes diverses, comme des problèmes de santé, l impossibilité de concilier temps plein et charges familiales ou encore la situation professionnelle du conjoint. Un chômage féminin qui peine à se réduire Au Luxembourg, les femmes sont plus frappées par le chômage que les hommes. Jusqu en 2011, les taux de chômage pour les deux genres ont évolué dans le même sens. L année 2012 marque un rapprochement des deux taux par l effet conjugué de deux évolutions contraires : une diminution de 0,4 point pour les femmes et une hausse de 0,6 point pour les hommes. Taux de chômage par genre, Luxembourg Le Luxembourg connaît un taux de chômage féminin peu élevé par rapport aux pays limitrophes et à la moyenne européenne. Seule l Allemagne a un taux plus bas depuis 2011. Cependant, si les Allemandes sont moins touchées par le chômage que les Luxembourgeoises, elles travaillent aussi plus fréquemment à temps partiel (45,1% contre 35,8%). La Belgique est dans une situation intermédiaire, plus enviable que celles de la France et de l Union européenne où un peu plus d une femme active sur dix est à la recherche d un emploi. Taux de chômage féminin 3
Les inégalités salariales qui perdurent Écart de rémunération entre hommes et femmes, Luxembourg L écart de rémunération entre hommes et femmes est bien réel au Luxembourg et atteint 8,7% en 2010. Toutefois, cet écart s est réduit de 1 point depuis 2008. Sur la période, il a également diminué dans les autres pays, à l exception de la Belgique où il stagne. Le Grand-Duché tire son épingle du jeu par rapport à ses voisins et à l Union européenne : en 2010 l écart de rémunération atteint 16% dans l UE, 22% en Allemagne, 16% en France et 10% en Belgique. Part des travailleurs à bas salaires, Luxembourg L écart non ajusté de rémunération entre hommes et femmes représente l écart entre la rémunération horaire brute moyenne des hommes et des femmes en pourcentage de celle des hommes. Les secteurs considérés regroupent l industrie, la construction et les services, à l exclusion de l administration publique, de la défense et de la sécurité sociale obligatoire. Dans les entreprises ayant au moins 10 salariés, en 2010, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir un bas salaire, c est-à-dire un salaire égal ou inférieur aux deux tiers du salaire horaire brut médian. L écart entre les genres s est toutefois réduit par rapport à 2006 : la part des hommes a augmenté de 1,4 point, celle des femmes a diminué de 2,6 points. Outre la sécurité sociale obligatoire, l administration publique et la défense, est exclu le secteur Agriculture, sylviculture et pêche. Le salaire horaire brut médian est tel que la moitié des personnes gagne plus et l autre moitié gagne moins. Il est de 17,83 euros en 2010. Proportion de salariés rémunérés au voisinage du SSM selon le secteur d activité, Luxembourg (au 31 mars 2012) Secteur Femmes Hommes Agriculture, sylv. et pêche 51,2% 45,5% Industrie 29,7% 10,8% Energie et eau 10,9% 5,0% Construction 18,4% 13,2% Commerce, réparation auto. 39,2% 23,0% Transport et entreposage 15,8% 13,0% Hébergement et restauration 62,9% 38,1% Information et communication 7,4% 4,8% Activ. financ. et assurance 2,2% 2,3% Activités immobilières 19,1% 18,7% Activ. spécial., scient. et tech. 7,6% 5,0% Act. services adm. et soutien 12,7% 17,2% Adm. publ. - Enseignement 11,5% 15,2% Santé humaine, action sociale 10,1% 18,9% Arts, spect. et activ. récréat. 17,3% 13,5% Autres activités de services 38,4% 20,1% Activ. ménagères privées 16,3% 31,8% Autres 20,7% 16,7% Taux moyen 19,3% 13,4% Données : IGSS Dans l ensemble des entreprises au Luxembourg, la part des salariées rémunérées au voisinage du salaire social minimum (SSM) est supérieure à celle des hommes : 19,3% contre 13,4%. Les femmes payées au SSM sont surreprésentées(>19,3%)* dans seulement 6 secteurs, alors que les hommes le sont dans 11 secteurs sur 18. Ces 6 secteurs concentrent 65,4% des femmes à bas salaire, tandis que les 11 ne regroupent que 54,7% des hommes. L hébergement et restauration, avec près de deux tiers de bas salaires, arrive en tête des secteurs les moins rémunérateurs pour les femmes, suivi par l agriculture (51,2%). Pour les hommes, c est le classement inverse, avec respectivement 38,1% et 45,5%. Au 31 mars 2012, le salaire social minimum pour un adulte non qualifié s élève à 1.801,49 euros par mois. * La surreprésentation signifie que le taux dans le secteur concerné est supérieur au taux moyen. 4
Des femmes plus défavorisées Le taux de risque de pauvreté connaît au Luxembourg un pic en 2009, année qui suit le début de la crise en Europe. Cependant, ce taux continue de grimper en 2010 pour la gent masculine, ce qui aboutit à placer les femmes dans une meilleure position que les hommes. Cette situation disparaît en 2011 : les hommes bénéficient d une spectaculaire baisse de leur taux de pauvreté alors que celui des femmes augmente légèrement. Une constante : hors 2010, chaque année, le taux de risque de pauvreté des femmes est nettement supérieur à celui des hommes. Personnes à risque de pauvreté, Luxembourg Les personnes à risque de pauvreté sont celles vivant dans un ménage disposant d un revenu disponible équivalent-adulte inférieur au seuil de pauvreté qui est fixé à 60% du revenu disponible équivalent-adulte médian national (après transferts sociaux). Quel que soit le pays, le travail ne protège pas les femmes de la pauvreté. Mais tous les États ne sont pas sur un pied d égalité. Et le Luxembourg n est pas particulièrement bien placé. Si la Belgique est le pays où le taux de risque de pauvreté au travail reste le plus faible (entre 3 et 5%), la France et l Allemagne, partant de taux de plus de 5%, rejoignent en 2011 la moyenne de l Union européenne (8,3%). Sur la période, le Grand-Duché a un taux de travailleuses pauvres résidentes supérieur à celui de l Union et des pays frontaliers. Il en est de même pour les hommes, à l exception de l année 2011 où le Luxembourg connaît un taux légèrement inférieur à celui de l Union. Taux de risque de pauvreté laborieuse des femmes Parmi les adultes, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à bénéficier du revenu minimum garanti (RMG) : 55,1% contre 44,9%. L écart (10,2 points) s agrandit pour les 25-44 ans (13,2 points) et encore davantage pour les personnes de 60 ans et plus (22,6 points). Pour les plus jeunes, il est moindre (4 points) et quasi inexistant pour les 45-59 ans (0,8 point). Bénéficiaires du RMG selon l âge et le genre, 2011 Données : SNAS ; Graphique : CSL 5
Des femmes promptes à se former Participation des femmes de 25 à 64 ans à l éducation et à la formation Alors que la crise a eu peu d impact sur le comportement des femmes des pays voisins, celles du Luxembourg ont participé activement à l accroissement de leur capital humain : leur taux de participation à l éducation/formation est multiplié par 1,9 entre 2007 et 2010 (pour les hommes, il l a été par 2,2 : de 6,5% à 14,2%). Par ailleurs, une analyse plus fine montre qu au Grand- Duché ce sont surtout les 25-34 ans qui ont cherché à améliorer leurs compétences Participation à l éducation et à la formation selon le statut d activité et le genre, Luxembourg actifs inactifs Les actifs se forment davantage que les inactifs, quel que soit le genre. Après le début de la crise, les actifs ont d ailleurs fortement augmenté leur capital humain (+7,0 points pour les hommes et +5,5 pour les femmes entre 2008 et 2009). Ce phénomène ne s observe pas pour les inactifs. Globalement, les femmes actives participent davantage à la formation que les hommes actifs. L inverse se produit pour les inactifs, à l exception de l année 2010. 6 Chambre des salariés 18, rue Auguste Lumière L-1950 Luxembourg csl@csl.lu T. +352 27 494 200 F. +352 27 494 250