Traitement du Kyste Anévrysmal de l os.

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Transcription:

Traitement du Kyste Anévrysmal de l os. www.nicoledelepine.fr

Introduction Le kyste anévrysmal est une dystrophie pseudo tumorale rare dont le diagnostic parfois difficile et l évolution capricieuse peuvent rendre les indications thérapeutiques délicates. L essentiel étant de ne pas nuire en adoptant une thérapeutique trop agressive

Possibilités thérapeutiques Curettage simple en un temps lors de la biopsie ou secondairement après diagnostic de certitude complet ou incomplet Curettage comblement Curettage cryothérapie Curettage cryothérapie comblement Embolisation Excision Résection monobloc?? Radiothérapie???

TRAITEMENT du KYSTE ANÉVRYSMAL La biopsie est indispensable pour faire le diagnostic La simple surveillance basée sur la rare régression spontanée de KA ne se justifie que rarement. Curetage + comblement au niveau des os longs porteurs avec ostéosynthèse en cas de fragilité Résection pour les os accessoires (péroné..) Résection et reconstruction pour les cas où le simple curetage est insuffisant. La radiothérapie ne doit plus être utilisée même dans les curetages insuffisants ou les récidives(cancers radio induits) L embolisation permet de préparer la chirurgie dans les localisations rachidiennes, iliaques ou fémorales hautes difficiles à opérer.

Guérison après Curetage + comblement

Stabilisation lésionelle après biopsie et comblement phosphocalcique 1997 2003

Guérison en 6 mois Petite fille de 8 ans traité par simple biopsie

Curettage comblement ostéosynthèse d un kyste anévrysmal du col du fémur 2.1983 Curettage comblement ostéosynthèse par plaque 4.1985 jeune fille de 13 ans souffrant depuis 3 mois.

Guérison après simple biopsie curettage

Kyste Anévrysmal guéri par curettage simple 11.1982 10.1983

3 1994 Évolution radiologique après curettage simple d un kyste anévrysmal du 9 1994 pubis

Le curetage comblement constitue le traitement de choix La biopsie préalable est indispensable pour faire le diagnostic

Guérison en 6 mois après curettage biopsique Petite fille de 8 ans traité par simple biopsie

Enfant de 9 ans souffrant de son genou depuis 2 mois

Guérison par curettage biopsie 4 1995 Adolescent de 13 ans souffrant de 4 1995 cervicalgies Biopsie curettage 11 1995 aussi complet que possible sans comblement

3 1994 Évolution radiologique après curettage biopsie simple d un kyste anévrysmal du 9 1994 pubis

Évolution après curetage comblement

Résultat lointain d un curettage incomplet 5 19981 volumineux kyste anévrysmal chez un enfant de 4 ans et demi. Curettage incomplet pour respecter le cartilage de conjugaison 1984 récidive : curettage complet suivi de comblement 1991 : 15 ans guéri. cliniquement normal Très minime séquelles radiologiques 5 1981 10 1991

Le curettage incomplet peut être utile 7 1986 5 1992 6 1993 reprise évolutive Comblement par céramique phosphocalcique après Enfant de 5 ans. Kyste volumineux évolutif au contact direct du cartilage de conjugaison Adolescent de 12 ans Aucun signe clinique Lacune résiduelle

Guérison par enclouage d un kyste anévrysmal Jeune de 17 ans guéri par biopsie curettage et ostéosynthèse par clou plaque

Évolution d un kyste anévrysmal 2.1994 2.1995 5.1997

Récidive.Comblement par céramique phosphocalcique 6.1988 8.1993 12.1994

Guérison par enclouage

Récidive.Comblement par céramique phosphocalcique 6.1988 8.1993 12.1994

Résection reconstruction par prothèse Jeune fille de 14 ans venue d Afrique pour une lésion historique ayant détruit l extrémité inférieure du fémur Résection reconstruction par prothèse

Embolisation Beaucoup de kystes anévrysmaux ne saignent pas lors de l intervention. L embolisation préopératoire (qui n est pas anodine) n est généralement pas nécessaire dans les localisations distales si l on peut opérer sous garrot. Elle doit par contre être discutée pour les localisations pelviennes et rachidiennes volumineuses si la lésion est vascularisée sur l angio IRM. L embolisation à titre de traitement exclusif n a pas fait ses preuves et se révèle parfois impraticable quand elle serait utile

l Embolisation n est pas toujours possible! 1985 1988 1997 Adolescent souffrant de son rachis depuis 1985.Biopsie très hémorragique empêchant le curettage complet.tentative d embolisation récusée car l artère médullaire du renflement lombaire est l artère nourricière principale de la tumeur

Risque de récidive selon le traitement 60 50 40 30 20 10 0 % RL curettage curettage comblement curettage +cryothérapie résection marginale résection large Irradiation Le curettage simple et l embolisation sont exposé à un grand risque de récidive. Le comblement associé diminue fortement le risque de récidive La cryothérapie et les résections partagent les plus faibles risques de récidives

Risque de récidive après curettage comblement 250Capanna Ruiter Vergel Martinez Biesecker 200 150 100 50 0 % Récidive Nb Le curettage comblement est exposé à un risque de récidive de 18% à 59%. Sur 484 cas rapportés en 10 séries majeures 149 récidives ont été observées (30,8%)

Kyste anévrysmal simulant un kyste essentiel 1992 : Fracture révélatrice embrochage 1994 Consolidation de la fracture Persistance du kyste 1997 récidive Diagnostic porté seulement en 1997 lors du curettage comblement de la récidive tumorale.

Risques des traitements Le curettage simple (et le curettagecomblement ) offrent le moins de risques thérapeutiques surtout s il est prudent au contact du cartilage de conjugaison. La cryothérapie expose aux nécroses cutanées, aux infections et aux fractures secondaires par nécrose osseuse La résection oblige fréquemment à une reconstruction squelettique qui expose à ses propres complications

Proposée en 1968 par Nobler qui ne rapporte qu une récidive sur 11 malades La radiothérapie ne doit jamais être utilisé sur un kyste anévrysmal!!! 1979 kyste anévrysmal de l astragale traité par radiothérapie (23grays) 1985 douleurs de la cheville Attribuées à une nécrose post radique de l astragale pendant 6 mois

Notre stratégie thérapeutique Les indications thérapeutiques doivent être adaptées chaque cas en évaluant les dangers de l évolution naturelle et les risques des traitements L essentiel est de ne pas nuire en adoptant une attitude chirurgicale trop agressive Dans cette affection pseudo tumorale,mieux vaut une récidive qu une complication iatrogène.

La biopsie chirurgicale est toujours indispensable au diagnostic Cette affection ne constitue pas une exception licite à la biopsie. Dans de nombreux cas le curettage lors de la biopsie,par une petite voie d abord sans augmenter les risques opératoires et carcinologiques potentiels peut être complet.il permet souvent d éviter une deuxième anesthésie mais impose une surveillance longue du malade. les petites récidives asymptomatiques n impose pas toujours de traitement actif.

Curettage incomplet Lorsque la tumeur siége au contact direct du cartilage de croissance le curettage sera incomplet afin de ne pas risquer une fermeture précoce de celui-ci

curettage complet suivi de comblement En cas de récidive évolutive symptomatique ou lorsque l évolution spontanée paraît menaçante Risque de fracture d un os long, De complication articulaire sur kyste iliaque Déficit neurologique par compression médullaire une attitude plus active est justifiée. Le curettage complet suivi de comblement et éventuellement complété par une ostéosynthèse représente l indication de choix.

La cryothérapie Les récidives itératives ou les kystes dont la récidive exposerait à des complications graves représentent l indication de la cryothérapie suivie de comblement. Une ostéosynthèse est alors indispensable pour diminuer le risque de fracture secondaire.

Kyste anévrysmal du péroné La résection osseuse (5) La résection ne doit se discuter qu en cas de petit os non indispensable ou lorsque la tumeur a totalement détruit l os porteur.

Conclusions Le kyste anévrysmal est une dystrophie osseuse bénigne dont le diagnostic repose sur un faisceau d arguments.. a biopsie d une zone représentative déterminée par un scanner ou une IRM est toujours nécessaire. Il peut s agir d une lésion secondaire ou associée à une autre tumeur éventuellement maligne. Son évolution après traitement, habituellement favorable, est cependant imprévisible et justifie une surveillance prolongée.