Objectifs. Pouvoir différencier les aspects habituels, les complications et les récidives après traitement du cancer du pharyngo-larynx.

Documents pareils
Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

Cancers de l hypopharynx

IRM du Cancer du Rectum

Apport de l IRM dans la

Cancers du larynx : diagnostic, principes de traitement (145a) Professeur Emile REYT Novembre 2003 (Mise à jour Mars 2005)

Qu est-ce qu un sarcome?

De la chirurgie du nodule aux ganglions

Cancer et dyspnée: comment peut-on soulager? Dr Lise Tremblay 10 mai 2010

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Les différents types de cancers et leurs stades. Dr Richard V Oncologie MédicaleM RHMS Baudour et Erasme La Hulpe 1/12/07

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

Recommandations Prise en charge des patients adultes atteints d un mélanome cutané MO

L HYGIÉNISTE DENTAIRE ET L ONCOLOGIE

Le cliché thoracique

Épidémiologie des maladies interstitielles diffuses

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

F-FLUORODÉOXYGLUCOSE EN ONCOLOGIE Expérience en Ile de France

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

Cancer du sein in situ

Coordinateur scientifique: Prof. Univ. Dr. Emil PLEŞEA. Doctorant: Camelia MICU (DEMETRIAN)

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

OTO-RHINO- LARYNGOLOGIE pharyx, larynx, cancer

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la scintigraphie osseuse et le TEP-SCAN

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

Radiologie Interven/onnelle sur les nodules pulmonaires. J. Palussière, X. Buy Département imagerie

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

La nouvelle classification TNM en pratique

Pathologies tumorales thoraciques : intérêt de l IRM de perfusion et de diffusion avant biopsie

.( /.*!0) %1 2"+ %#(3004) 05' 203 .(.*0"+ ) '!2"+ %#(30+ 0!"%) 4!%2) 3 '!%2"+ %#(30! &' 4!!% .+.*0%!!'!(!%2" !

L ACCÈS VEINEUX DE COURTE DURÉE CHEZ L ENFANT ET LE NOUVEAU-NÉ

F. LAVRAND CHIRURGIE INFANTILE HOPITAL DES ENFANTS CHU BORDEAUX

Marchés des groupes à affinités

CORRELATION RADIO-ANATOMIQUE DANS LE CARCINOME HEPATOCELLULAIRE TRAITE PAR TRANSPLANTATION HEPATIQUE : IMPACT SUR LA RECIDIVE

Cancer broncho-pulmonaire du sujet âgé. Mathilde Gisselbrecht Capacité de gériatrie- Février 2009

Développement d'une nouvelle interface utilisateur multi-modalité en scanner interventionnel

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Définitions. PrioritéVie Enfant MC. Assurance contre le risque de maladie grave

MIEUX COMPRENDRE VOTRE TRAITEMENT. LA RADIOTHÉRAPIE DES CANCERS DES Voies Aéro-Digestives Supérieures

Sein inflammatoire. Isabelle Leconte Cliniques universitaires St Luc

1 of 5 02/11/ :03

ENDERMOTHÉRAPIE THÉRAPIE TISSULAIRE, ARTICULAIRE ET MUSCULAIRE

ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE

Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques

K I N é S I T H é R A P I E & D B C

Quels sont les facteurs qui font augmenter les risques de cancer du rein?

TUMEURS ET PSEUDO-TUMEURS DES PARTIES MOLLES : QUEL CRÉDIT PEUT-ON ACCORDER À L ÉCHOGRAPHIE?

INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

Introduction. Lésion pulmonaire dite suspecte en l absence l nignité:

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Item 145. Tumeurs de la cavité buccale et des voies aérodigestives. Objectifs pédagogiques

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

TRAITEMENT DES TUMEURS HEPATIQUES. Paul Legmann Radiologie A Pôle Imagerie

TVP fémorale. Systématisation. La TVP : écho-doppler JP Laroche Unité de Médecine Vasculaire CHU Montpellier. Thrombus mobile

Actualités s cancérologiques : pneumologie

Médecine Nucléaire : PET-scan et imagerie hybride

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

APRES VOTRE CHIRURGIE THORACIQUE OU VOTRE PNEUMOTHORAX

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

Item 308 : Dysphagie

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

Apport de l IRM dans le bilan préthérapeutique du cancer du rectum

Imagerie TDM et IRM des obstacles du bas cholédoque

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

Les cancers des voies aérodigestives supérieures

LE LARYNX VUE ANTERIEURE DU LARYNX : Décembre 2007 Sources Étudiantes. Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes

OSSIFICATION DU LIGAMENT VERTEBRAL COMMUN POSTERIEUR ET DU LIGT JAUNE: MYELOPATHIE CERVICALE SUBAIGUE

Chambres à cathéter implantables

TUTORAT UE Anatomie Correction Séance n 6 Semaine du 11/03/2013

Charte régionale des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de PACA, Corse et Monaco

Collection Soins infirmiers

DIVERTICULE PHARYNGO-OESOPHAGIEN (DPO) DE ZENKER À PROPOS DE QUATRE CAS J. MOALLA, L. BAHLOUL, B. HAMMAMI, I. CHARFEDDINE, A.

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

La santé bucco-dentaire au cabinet OMS. Problèmes majeurs. Santé bucco-dentaire et santé générale. Santé. Déterminants sociaux et santé bucco-dentaire

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

GUIDE - AFFECTION LONGUE DURÉE. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer du sein

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

pathologie du 8cd terminologie :

Cancer de l œsophage. Comprendre le diagnostic

Volume 1 : Epidémiologie - Etudes des facteurs de risques

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

Les tumeurs bénignes ne sont pas cancéreuses. Elles ne se propagent pas à d autres parties du corps.

LA HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Après l intervention des varices. Informations et conseils sur les suites du traitement. Réponses aux questions fréquemment posées

Le problème de la première ou nouvelle. céphalée. Il faudra avant tout :

POLYCOPIES DES COURS d ORL Faculté de médecine d Angers

Le traitement conservateur des tumeurs malignes des membres a largement remplacé les amputations

Le syndrome de Cushing

Le cancer de la thyroïde GRAND PUBLIC

LA PROTHESE TOTALE DE GENOU

Cancer de l'œsophage. Comprendre le diagnostic. Le cancer : une lutte à finir

Les cancers de la peau non-mélanome

Histoire d une masse pancréatique

Transcription:

Surveillance post-radique des cancers pharyngo-laryngés par scanner cervical F Cenoui, R Latib, L Jroundi, I Chami, M N Boujida Service de radiologie. Institut national d oncologie. Rabat. Maroc

Objectifs. Pouvoir différencier les aspects habituels, les complications et les récidives après traitement du cancer du pharyngo-larynx.

Matériel et méthodes. Patients atteints de cancer pharyngo- laryngé recrutés dans notre formation. Les patients ont bénéficiés d un scanner cervical dans le cadre de leur suivi post- radique et/ou postopératoire. Il est réalisé en mode hélicoïdal, coupes de 3mm d épaisseur, après injection de produit de contraste avec des reconstructions coronales et sagittales.

Le traitement repose sur la radiothérapie associée ou non à une chimiothérapie ou chirurgie. La taille des champs est fonction du stade T et de la probabilité d atteinte ganglionnaire. La dose totale dépend du degré de différentiation et du taux de régression tumorale pendant l irradiation

Résultats. La TDM montre: Des remaniements tissulaires habituelles: œdème, fibrose, troubles salivaires, fibrose pulmonaire et épaississement pharyngolaryngé.

Des complications post-opératoires: opératoires: la nécrose; la fibrose; la myélopathie tardive et la récidive locale, ganglionnaire ou à distance. L interprétation scanographique est difficile pour distinguer les remaniements tissulaires locaux des récidives.

L oedème: ASPECT HABITUEL - Maximal à la fin du traitement - varie de 3 mois à plus d un an pour les doses élevées. - Évolution: disparition complète, fibrose.

*Peau : Les changements symétriques, apparaissent dans les 5 premiers mois. l œdème se traduit par: - un épaississement du revêtement cutané, - une infiltration réticulaire de la graisse sous-cutanée. - Une trabéculation prononcée doit être différenciée d une lymphangite carcinomateuse. TDM cervicale en coupe axiale C+

*Muscle : aspect de myosite : - muscle épaissi, hyperhémié - prise de contraste hétérogène. TDM cervicale en coupe axiale C+

*Muqueuse : - épaississement diffus - épaississement du mur pharyngé postérieur oblitération de la lumière. - rehaussement intense TDM cervicale en coupe axiale coronale et C+

*Espace graisseux : œdème: - des espaces parapharyngés, - de la loge pré-épiglottique - des espaces graisseux périjugulocarotidiens. TDM cervicale en coupe axiale C+

La fibrose 1- La fibrose cervicale: densité proche du muscle ne prenant pas le contraste. comprime les structures vasculaires notamment les veines jugulaires. TDM cervicale en coupe axiale C+

2- Fibrose pulmonaire apicale: Deux phases: - La pneumonie - La fibrose, localisation bi-apicale. La pneumonie: condensation parenchymateuse bien limitée avec bronchogramme aérique. TDM thoracique en coupe axiale C+

La fibrose: opacités en bande responsables de traction bronchovasculaire. TDM thoracique en coupe axiale C+

Épaississement de la coiffe pleurale: TDM thoracique en coupes axiales fenêtre médiastinale et parenchymateuse: Épaississement bilatéral de la coiffe pleural.

L atteinte salivaire Si glandes salivaires figurant dans le champ d irradiation. Deux phases: précoce: sialadénite aigue: Glande augmentée de taille, rehaussée intensément. tardive: sialadénite chronique: atrophie glandulaire avec involution graisseuse. TDM cervicale en coupe axiale C+ passant par les glandes sous maxillaires: sialadénite aigue

COMPLICATIONS La chondro-nécrose Laryngée: - lyse fragmentaire du cartilage thyroïde, - Erosion perméative du cartilage aryténoïde - présence de micro-bulles aériques autour de la structure cartilagineuse.

Ostéoradionécrose: - Surtout mandibule. - bombement inflammatoire adjacent à l os atteint, - ulcérations profondes contenant de l air, - aspect fragmenté et soufflé de l os, - formation de fistule.

AUTRES COMPLICATIONS Nécrose, surinfection tissulaire et récidive peuvent être isolées ou associées. Les complications vasculaires surtout carotidienne. Les complications neurologiques à type de plexopathie post-radique est rare et doit faire rechercher une récidive ganglionnaire

LA RECIDIVE évoquée sur les critères suivants Syndrome de masse ulcération : non spécifique, suspecte lorsqu elle est associée à une prise de contraste. oblitération de la lumière aérodigestive ; infiltration des plans graisseux, musculaires ou osseux adjacents. apparition ou progression des images ganglionnaires cervicales. TDM cervicale en coupe axiale C+: récidive: bourgeon tumoral endoluminal

Métastases ganglionnaires Image ganglionnaire de petit diamètre > à 10 mm, plutôt sphérique que ovalaire parfois en rupture capsulaire. Au maximum: infiltration interstitielle latérocervicale > à 35 mm, simulant parfois un abcès. Au minimum: regroupement d au moins trois ganglions contigus de faible diamètre.

TDM cervicale en coupes axiales C+: Coulées d adénopathies cervicales D allure maligne TDM cervicale en coupes axiales C+: -Épaississement circonférentiel laryngé -Coulée d adénopathies nécrosées.

Récidives à distance : pulmonaires (66 à 86 %), osseuses (20 à 31 % ) hépatiques (6 à 10 % ).

TDM thoracique FP : métastases pulmonaires chez un patient irradiée pour cancer du larynx. -Nodules pulmonaires multiples -hors champ d irradiation -siégeant aux terminaisons vaisculaires -aspect en verre dépoli au niveau du fowler droit.

CONCLUSION Le scanner cervical est la meilleure technique pour la surveillance post-thérapeutique du cancer du pharyngo-larynx, notamment après radiothérapie. la sémiologie scanographique est importante à connaître pour différencier les remaniements inflammatoires d une éventuelle récidive.

BIBLIOGRAPHIE 1- Stines J, Marcy PY, Henrot P. Cancers ORL. Chapitre 6. Imagerie et surveillance posthérapeutique en oncologie. Paris : Masson, 1999. 2-Marcy PY, Bensadoun RJ, Chevallier P, Bruneton JN. Imagerie et surveillance post-thérapeutique des carcinomes du larynx. EPU. JFR octobre 2000 : 1-8. 3-A. Grégoire, C. Clair, P. Bontemps, J.-M. Badet, B. Kastler, G. Genin. Surveillance post-radique du cancer du pharyngo-larynx par scanner cervical. Feuillets de Radiologie Vol 44, N 5-6 - décembre 2004.pp. 307-334

Test d évaluation 1- l œdème post-radique: A- Peut toucher le pharyngolarynx et les plans cutanés B- Évolue toujours vers la fibrose cervicale compressive. C- Peut disparaître complètement D- Peut poser le problème de diagnostic différentiel avec une lymphangite carcinomateuse 2- au cours d une radiothérapie du pharyngolarynx: A- Une fibrose pulmonaire apicale est habituelle B- Les ganglions sont considérés comme des métastases C- Des modifications salivaires peuvent être visibles

3- la principale complication de la radiothérapie pharyngolaryngée: A- La nécrose et la surinfection tissulaire. B- Les complications vasculaires. C- Les complications neurologiques. D- radio-chondro-nécrose Laryngée. 4- une récidive est suspectée devant: A- Une ulcération, ou syndrome de masse. B- envahissement osseux, cartilagineux, ou des parties molles. C- Un épaississement symétrique D- Des adénopathies.

Réponses 1- A,C,D. 2- A,C. 3-D. 4- A,B,D.

Points importants à retenir Les aspects habituels post-radiques sont: l œdème muqueux et des parties molles; la fibrose cervicale et pulmonaire bi-apicale. Les principales complications sont: radio-chondronécrose Laryngée,la nécrose et la surinfection tissulaire, les complications vasculaires, les complications neurologiques. La récidive est suspectée devant: ulcération, syndrome de masse, oblitération de la lumière aérodigestive ; infiltration des plans graisseux, musculaires ou osseux adjacents. apparition ou progression des images ganglionnaires cervicales.