Les Algèbres de Tarski avec un nombre fini de générateurs libres



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Transcription:

Les Algèbres de Tarsi avec un nombre fini de générateurs libres Antonio Monteiro et Luisa Iturrioz Instituto de Matemática - Universidad Nacional del Sur - 1965 1 Introduction Bahía Blanca - Argentina Soit A = 2 E la famille de toutes les parties d un ensemble donné E et considérons l opération binaire définie sur A au moyen de la formule : X Y = CX Y (où C représente le complément de X par rapport à E et l opération de réunion d ensembles. Dans ces conditions le système (A, est une algèbre. Une sous-algèbre de A est une partie non-vide, A de A telle que: si X, Y A alors X Y A.Si G est une partie de A, la sous-algèbre engendreé par G est l intersection S(G de toutes les sous-algèbres de A qui contient G. SiG est une partie finie de A: G = {G 1,G 2,...,G n } il est bien connu que S n = S(G est un ensemble fini et que le nombre de ses éléments N(S n vérifie la condition: N(S n < 2 2n. Nous nous proposons dans cette note, de déterminer le nombre maximun N, d éléments qui peut avoir l algèbre engendré par un nombre fini de sous-ensembles G 1,G 2,...,G n, d un ensemble arbitraire E. Nous voulons démontrer ici, que: N = ( 1 +1( n 2 2n. Un problème complètement analogue est celui qu on obtient en remplaçant l opération d implication par celle de différence, définie au moyen de la formule: X Y = X CY.

Nous montrerons que N est le nombre de formules logiquement distincts qu on peut obtenir dans le calcul propositionnel implicatif classique, avec n variables propositionnelles, ou ce qui est équivalent, que N est le nombre d éléments de l algèbre de Tarsi avec n générateurs libres [4]. 2 Les algèbres de Tarsi Nous allons reproduire dans ce paragraphe un certain nombre de notions et de résultats qui ont été exposés par A. Monteiro, pendant le premier semestre de 1960, [5] et qui ont un rapport direct avec le problème que nous étudions ici. Définition 2.1 Soit (A,, 1 un système formé par un ensemble non vide A, une opération binaire définie sur A, et1 A, qui vérifie les axiomes suivants: T1 1 a = a. T2 a a =1. T3 a (b c =(a b (a c. T4 (a b b =(b a a. Nous dirons alors que A est une algèbre de Tarsi [1], [2], [6]. Parmi les règles de calcul valables, nous pouvons indiquer les suivants: H1 a (b a =1. H2 (a (b c ((a b (a c = 1. H3 a 1=1. H4 Si a b =1 et b a = 1, alors a = b. Nous pouvons donc affirmer que A est un modèle implicatif au sens de L. Henin, [3]. Définition 2.2 Nous écrirons a b, pour indiquer que a b =1. [3]. Théorème 2.1 La relation est une relation d ordre, et x 1, pour tout x A. [3]. Théorème 2.2 Une algèbre de Tarsi A est un ensemble réticulé superiéurement. Plus précisement, si a, b A, alors: a b =(a b b. Théorème 2.3 Si A est une algèbre de Tarsi avec un premier élément 0, alors A est une algèbre de Boole, par rapport à la relation d ordre indiqué dans le théorème 2.1. Le complément de a A est donné par la formule a = a 0. 2

Corollaire 2.1 Si A est une algèbre de Tarsi, et a A, alors l ensemble D(a = {x A : a x} est une algèbre de Boole. D autres règles de calcul valables dans une algèbre de Tarsi, sont: T5 a (b c =b (a c. (loi de commutation T6 b a b. T7 a (b c =(a b (a c. En effet, soit z =(a b (a c. D après le théorème 2.2, z =((b a a ((c a a. D après T5, z =(c a (((b a a a =(c a ((b a a. En vertu de T6, z =(c a (b a, et d après T5, z = b ((c a a, et selon T3, z =(b (c a (b a =((b c (b a (b a, et d après le théorème 2.2 et T3, z =(b c (b a =(b a (b c = ((b a (b c (b c =(b (a c (b c, et par T5 : z =(a (b c (b c =a (b c. 3

3 Les algèbres de Tarsi avec un nombre fini de générateurs libres Soit A une algèbre de Tarsi et X A, nous noterons par ST(X la sous-algèbre de Tarsi de A engendrée par X, et si A est une algèbre de Boole, par SB(X la sous-algèbre de Boole de A engendrée par X. Il est bien connu que si A est une algèbre de Boole et nous posons x y = x y, où x est le complément de x A, alors (A,, 1 est une algèbre de Tarsi, où 1 est le dernier é l ement de A. Lemme 3.1 Si A est une algèbre de Boole, et X A alors SB(X =ST({0} X, où 0 est le premier élément de A. Lemme 3.2 Soient A et A des algèbres de Tarsi, h un homomorphisme de A dans A, et X A, alors: h(st(x = ST(h(X. La notion d algèbre de Tarsi ayant n générateurs libres (où n est un nombre naturel est définie de la manière habituelle. Son existence et son unicité résultent d un théorème d algèbre universelle, du a Birhoff. Soit T (n l algèbre de Tarsi avec un ensemble fini de n générateurs libres, G = {g 1,g 2,...,g n }, un nombre naturel tel que 1 n, s la borne supérieure de générateurs différents deux à deux, et B n = {x T (n :s x}, alors : Théorème 3.1 B n est l algèbre de Boole ayant (n générateurs libres. Dem. que: Nous pouvons supposer, sans perdre de généralité (il suffit de changer la notation s = g 1 g 2 g. Prenons: g i = s g +i, 1 i n, et considérons la transformation h défine sur T (n, par: Alors: h(x =s x. 1 h est un homomorphisme de T (n dans T (n. En effet: h(x y =s (x y =(s x (s y =h(x h(y. 2 h est un homomorphisme de T (n sur B n. En effet: s s x = h(x, donc h(x B n, pour tout x T (n. Si x B n, c est-à-dire, si s x, alors h(x =s x = x, et alors h(t (n = B n. Soient G = {s,g 1,g 2,...,g n } B n et G = {g 1,g 2,...,g n }. 4

3 ST(G =B n. h est un homomorphisme de T (n sur B n, alors d après lemme 3.2 on a: et comme B n = h(t (n = h(st(g = ST(h(G, h(g 1 =h(g 2 = = h(g =s h(g +1 =g 1,h(g +2 =g 2,...,h(g n =g n alors h(g =G, donc B n = ST(G. 4 Les éléments g 1,g 2,...,g n, engendrent l algèbre de Boole B n. B n est une algèbre de Tarsi, qui possède s comme premier élément, alors B n est une algèbre de Boole, donc en tenant compte du lemme 3.1 et 3 on a: B n = ST(G =ST({s } G =SB(G. Soit L n l algèbre de Boole avec un ensemble G = {b 1,b 2,...,b n } de générateurs libres. Considérons la transformation de G = {g 1,g 2,...,g n } T (n, dans L n définie par: α(g 1 =α(g 2 = = α(g =0, α(g +1 =b 1,α(g +2 =b 2,...,α(g n =b n. Alors α peut se prolonger a un homomorphisme β de T (n dans l algèbre de Tarsi (L n,. Par lemme 3.2 et 3 nous avons β(b n =β(st(g = ST(β(G. Mais: (i β(s =β( g i = β(g i = α(g i =0, β(g 1=β(s g +1 =β(s β(g +1 =α(s α(g +1 =0 b 1 = b 1, β(g 2=β(s g +2 =β(s β(g +2 =α(s α(g +2 =0 b 2 = b 2, β(g n =β(s g n =β(s β(g n =α(s α(g n =0 b n = b n, donc en tenant compte du lemme 3.1 β(b n =ST(β(G = ST({0} G =SB(G =L n. 5

De (i on déduit que: g 1,g 2,...,g n sont distincts deux á deux. Alors, on peut dire que B n est une algèbre de Boole ayant (n générateurs distincts et que L n est une image homomorphique de B n, et par conséquant B n est isomorphe à L n. Nous pouvons maintenant démontrer que: Théorème 3.2 N = N(T (n = ( 1 +1( n 2 2n. Dem. Soit A i = {x T (n :g i x}. Comme T (n est l algèbre de Tarsi engendrée par G, alors d après T6 on a : pour chaque x T (n, il existe, au moins, un indice i, 1 i n, tel que g i x. Donc il est clair que T (n = n A i, et alors N(T (n = N( n A i. Mais par théorème 3.1 : N(A 1 =N(A 2 = = N(A n =2 2n 1 = N(B 1. Remarquons que si i j, A i A j = {x T (n :g i g j x} = B n 2, et D une manière analogue: N(A i A j =N(B n 2 =2 2n 2. Alors In particulier, pour n =, A i = {x T (n : g i x} = B n. N( A i =2 2n. n N( A i =2 20 =2. D après un théorème d Analyse Combinatoire, qui est une generalization du ce que dit : N(A B =N(A+N(B N(A B, nous avons: n N( A i = ( 1 +1( n N( A i. Alors N = ( 1 +1( n 2 2n, ce qui achève la démonstration. 6

References [1] Abbott J.C., Semi-boolean algebras, Mat. Vesni, 4 (19, (1967, 177-198. [2] Abbott J.C., Implicational algebras, Bull. Math, R.S. Roumaine, 11 (1967, 3-23. [3] Henin L., An algebraic characteriztion of quantifiers, Fund. Math., 37 (1950, 63-74. [4] Iturrioz L. y Monteiro A., Cálculo proposicional implicativo clásico con n variables proposicionales, Rev. Un. Mat. Argentina, XXII, 3 (1965, 146. [5] Monteiro A., Cours sur les algèbres de Hilbert et de Tarsi, Instituto de Matemática, Universidad Nacional del Sur, Bahía Blanca, 1960. [6] Rasiowa H., An algebraic approach to non-classical logics, North-Holland, Amsterdam, 1974. 7