Les dysfonctionnements souscortico

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Transcription:

Les dysfonctionnements souscortico frontaux P Pfitzenmeyer Capacité novembre 2005

Généralités Entité de description récente : 1974 Altération des connexions entre structures striato - pallido-thalamique et cortex moteur préfrontal Evolution des techniques morphologiques : IRM: altérations +++ des structures sous-corticales: leukoaraïose

Clinique (1) Troubles de l initiation Signes psychiques : troubles conatifs Troubles exécutifs Troubles de la planification (acalculie.) Aboulie (volonté), apathie (émotionnel) Ralentissement idéatoire Quelques troubles de l encodage dus à un trouble attentionnel, amélioré par l indiçage. Pas de déficit cognitif: orientation, gnosies, praxies, phasiques

Clinique (2) Signes moteurs Perte des automatismes moteurs Troubles de la posture et de l équilibre Akinésie et hypertonie oppositionnelle Troubles de la marche Cf: le syndrome de désadaptation psychomotrice

Clinique (3) Diagnostic différentiel Syndrome dépressif: - pas de tristesse pathologique, pas d ennui - ralentissement psychomoteur en l absence de troubles majeurs de la posture et de la marche Démences corticales : - Pas de déficit cognitif: orientation, gnosies, praxies, phasiques - Pas de trouble des automatismes moteurs

Le syndrome de désadaptation psychomotrice

Généralités Entité sémiologique décrite en 1985 par Mr Gaudet et son équipe En 15 ans Evolution des populations prises en charge Vieillard fragile Evolution du concept physiopathologique

CLINIQUE (1) Les signes posturaux : la rétropulsion Assis - Déjettement du tronc en arrière Passage assis-debout - Perte de la projection du tronc en avant - Position des pieds en avant, tronc vertical - Augmentation de la rétropulsion si traction sur les bras

CLINIQUE (2) Debout - Tendance à la chute arrière: projection du CM en arrière de la base de sustentation - Possibilités de compensations flexum des genoux et/ou inclinaison du tronc en avant

CLINIQUE (3) Les altérations de la marche - Difficultés d initiation «freezing» - Marche à petits pas sans déroulement du pied au sol, augmentation du temps de double appui, aggravation au demi-tour et aux modifications de l environnement Aspécifique. Témoin de l instabilité posturale

CLINIQUE (4) Les signes neurologiques - Hypertonie oppositionnelle: augmente au fur et à mesure de la traction exercée sur les membres, améliorée par la réassurance - Diminution ou disparition des réactions d adaptation posturales et des réactions parachutes

CLINIQUE (5) Les signes psycho-comportementaux - Bradyphrénie - Indifférence, apathie, aboulie - Anxiété majeure lors du passage debout et inhibition psychomotrice

PHYSIOPATHOLOGIE (1) Equivalent d une décompensation de la fonction souscortico-frontale Cumul d erreurs afférentielles et altération du traitement de l information Pas de localisation neurologique centrale précise : Atteinte des systèmes de connexion sous-corticofrontaux

Caratéristiques scannographiques des patients SDPM comparés aux DSTA

Physiopathologie des atteintes sous-cortico-frontales: Affections chroniques fragilisantes (1) Atteinte vasculaire +++: Différentes formes Artériosclérose : «leucoencéphalopathie de type Binswanger» Lésions d ischémie chronique avec démyélinisation favorisée par la vascularisation termino-terminale

Physiopathologie des atteintes sous-cortico-frontales: Affections chroniques fragilisantes (2) Maladies dégénératives: Maladie de Parkinson et syndrome parkinsoniens, dégénérescences multisystémiques, mal. à corps de Lewy Les pathologies à atteinte corticale dominante peuvent se sous-corticaliser» Ex: DSTA évoluée

Physiopathologie des atteintes sous-cortico-frontales: Affections chroniques fragilisantes (3) Atteinte mécanique: Hydrocéphalie chronique de l adulte Non utilisation : Syndrome de régression psychomotrice, mari «aphone» dépression?? Dépression chronique associée à leucoaraiose

Facteurs aigus décompensants, responsables du SDPM Hypoperfusion de la SB: hypota, FA, insuffisance cardiaque Troubles métaboliques: T, hypoxie, déshydratation et troubles électrolytiques Médicaments: neuroleptiques, BZD, antalgiques Chutes et impossibilité de relever du sol : «syndrome post-chute» Non utilisation : alitement

Caratéristiques cardiovasculaires des patients SDPM comparés aux DSTA

EVOLUTION, TRAITEMENT (1) Forme d installation brutale: le SDPM Décompensation brutale à l occasion d un facteur aigu Composante motrice dominante Ex: syndrome post chute Bon pronostic si traitement rapide : urgence Prise en charge : médicale du facteur décompensant rééducation

EVOLUTION, TRAITEMENT (2) Forme d installation progressive : les dysfonctionneements sous-cortico-frontaux Sémiologie motrice et psychocomportementale Impacts des maladies sous corticales et de la non utilisation au long cours: cercles vicieux Pronostic réservé. Dépendance très lourde

Dysfonctionnements sous cortico-frontaux et fragilité Augmentation remarquable des vieillards fragiles parallèle à l augmentation des SDPM (10% du recrutement du service dijonnais) L insuffisance posturale, les troubles de la marche et les chutes à répétition font partie intégrante de la définition et des caractéristiques sémiologiques du syndrome de fragilité Ex: caractéristiques de la population étude Dijon- Strasbourg

Caratéristiques générales des patients SDPM comparés aux DSTA

Dysfonctionnement sous-cortico-frontal et chutes Un exemple de causalité circulaire et de cercle vicieux Le DSCF favorise les chutes Dans les 6 mois : 3,3 SDPM vs 1,3 DSTA (p < 0.001) La chute aggrave la composante phobique et l inhibition psychomotrice favorisant le SDPM et l aggravation du DSCF

Caratéristiques neuropsychiques des patients SDPM comparés aux DSTA