Semestre Licence Université Lille 1 Pour toutes remarques : Mathématiques discrètes :

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V0 (22-11-2010) théorie Licence Université Lille 1 Pour toutes remarques : Alexandre.Sedoglavic@univ-lille1.fr Semestre 3 2010-2011

Un graphe est l abstraction des relations binaires entre objets. Cette notion est une structure combinatoire permettant de représenter la notion de réseau (circuits électriques, réseaux de transport, d ordinateurs, etc). Un graphe est constitué d un ensemble de sommets et d un ensemble d arcs (orientés) et/ou d arêtes (non orientées) reliants ces sommets. Les peuvent être valués lorsque des valeurs sont associées à leurs sommets ou leurs arcs/arêtes.

Un graphe orienté G := (S, A) est la donnée d un ensemble S dont les éléments sont appelés sommets et d un sous-ensemble A du produit cartesien S S dont les éléments (couples ordonnés) sont appelés arcs. Exemple : Avec S l ensemble des entiers {2, 3,..., 12}, on peut construire le graphe orienté des diviseurs : { } (2, 4), (2, 6), (2, 8), (2, 10), (2, 12), (3, 6), A := (3, 9), (3, 12), (4, 8), (4, 12), (5, 10), (6, 12) V48 (22-11-2010) Un graphe symétriques (alias non orienté) se distingue du cas orienté par le fait que les éléments de A sont des paires (non ordonnés) appelés arêtes. Un multigraphe est un graphe dont plusieurs arêtes/arcs peuvent relier deux sommets. Un graphe mixte possède des arcs et des arêtes.

Isomorphisme de graphe Un arc est incident à un sommet si ce sommet est une des extrémités de cet arc. Un sommet est incident à un arc s il est une des extrémités de cet arc. Deux sommets incidents au même arc sont adjacents. Deux G et H sont isomorphes s il existe une bijection φ entre leurs sommets telle que pour tout couple (u, v) de sommets de G, les sommets φ(u) et φ(v) sont adjacents si, et seulement si, les sommets u et v le sont.

(non orientée) Outre sa représentation sagittale (dessin), un graphe peut être représenté par : (Matrice d adjacence) La matrice d adjacence associée à un graphe (orienté ou pas) (S, A) est de taille S S, symétrique et définie par : S := { { } 1, si (si, s s 1,..., s S, Mi,j = j ) A, 0, sinon. (Matrice d incidence) La matrice d incidence associée à un graphe non orienté (S, A) est de taille S A et définie par : S := { } s 1,..., s S, 2 si a j est une boucle de s i, A := { } M i,j = 1 si a a 1,..., a A, j est incident avec s i, 0 sinon.

(orienté) (Matrice d incidence) La matrice d incidence associée à un graphe orienté (S, A) est de taille S A et définie par : S := { s 1,..., s S }, A := { a 1,..., a A }, 1, si a j A, part de s i S, 1, si a M i,j = j A, arrive à s i S, 0, si a j A, est une boucle de s i S, 0, sinon.

La représentation par matrice d adjacence permet de déterminer l existence des chemins dans un graphe par le biais du théorème suivant : Théorème Notons M(ν) la puissance νième de la matrice M d adjacence d un graphe (S, A). Le coefficient M(ν) i,j est le nombre de chemins de longueur ν dans (S, A) dont le sommet s i est l origine et le sommet s j est l extrémité. Montrons ce résultat par récurrence : pour ν = 1, il découle de la définition de la matrice d adjacence. Pour ν > 1, on a M(ν) i,j = n M(ν 1) i,k M k,j. k=1 par définition du produit matriciel. Chaque terme de cette somme est constitué du nombre de chemin de longueur ν 1 entre s i et s k fois le nombre de chemin entre s k et s j. cqfd.

Graphe probabiliste Un graphe orienté est probabiliste si pour tout couple de sommet (i, j) distincts ou confondus il existe au plus une arête de i vers j et si chaque arête est étiquetée par un réel p (i,j) compris entre 0 et 1 tel que la somme des poids des arêtes issues d un même sommet est égale à 1. Étant donné un graphe probabiliste à n sommets, la matrice de transition associé est la matrice n n dont les coefficients sont p (i,j) si l arête (i, j) existe et 0 sinon. La matrice de transition permet de calculer l évolution des états au cours du temps discret t. En notant V t le vecteur ligne à n éléments dont le iième coefficient est la probabilité que le système se trouve à l instant t dans l état i, on a : V t+1 = V t M = V 0 M t+1.

Voisins, successeurs et prédécesseurs Étant donné un graphe G := (S, A), un sommet σ est un voisin d un sommet s si, et seulement si, la paire {s, σ} est une arête de G ; successeur d un sommet s si, et seulement si, le couple [s, σ] est une arc de G ; prédécesseur d un sommet s si, et seulement si, la paire [σ, s] est une arc de G. Un graphe G := (S, A) est représentable par : une table V associant à chaque sommet une liste des sommets lui étant adjacents ; une table Succ associant à chaque sommet une liste de ces successeurs ; une table Pred associant à chaque sommet une liste de ces prédécesseurs.

V48 (22-11-2010) Étant donné un graphe orienté G := (S, A), pour chaqu un de ces arcs a i, on note org(a i ) (resp. ext(a i )) le sommet d origine (resp. d extrémité) de cet arc. Un chemin du graphe G est une suite finie d arcs (a 1,..., a n ) telle que pour tout indice i dans {2,..., n 1}, org(a i+1 ) = ext(a i ). La longueur d un chemin est le nombre d arcs qui le composent. Un circuit est un chemin de longueur n tel que org(a 1 ) = ext(a n ). Étant donné un graphe G non orienté, on peut le représenter par un graphe orienté en considérant les deux arcs définis par chaque arête. La composante connexe d un sommet s de G est l ensemble des sommets reliés à s par un chemin. Un graphe non orienté est connexe s il ne possède qu une seule composante connexe.

Quelques questions classiques connexité : étant donné un graphe et deux de ses sommets, existe-t-il au moins un chemin qui les relie ; si c est le cas, trouver un chemin qui optimise une fonction (plus court/long chemin par exemple) ; recherche de circuit dans un graphe ;

V48 (22-11-2010) de graphe Le problème de coloration consiste à savoir combien de couleurs différentes suffisent pour colorer entièrement un graphe de telle façon qu aucun nœud du graphe n ait la même couleur que les nœuds lui étant adjacent. Ce nombre est le nombre chromatique du graphe. Un graphe biparti est un graphe pour lequel il existe une partition de son ensemble de sommets en deux sous-ensembles U et V telle que chaque arête ait une extrémité dans U et l autre dans V. En d autres termes, les bipartis sont précisément ceux dont le nombre chromatique est égal à 2. Théorème (König) Pour qu un graphe G soit biparti, il faut et il suffit que G n ait pas de circuit de longueur impair.

Graphe planaire Un graphe planaire est un graphe que l on peut dessiner sur un plan sans que deux arêtes/arcs se coupent. Théorème (4 couleurs) Tout graphe planaire est 4 chromatique. Théorème Pour un graphe planaire connexe, on a s a + f = 2 avec s le nombre de sommets, a le nombre d arête et f le nombre de face. Pour un graphe simple, planaire et connexe, on a 3s 6 a.

Pour un graphe non orienté, le degré d un sommet est le nombre d arêtes dans la définition desquelles intervient ce sommet (un sommet ayant une boucle est donc de degré 2). Pour un graphe orienté, le degré entrant (resp. sortant) d un sommet est le nombre d arcs arrivant à (resp. partant de) ce sommet. Le degré d un sommet est la somme de ses degrés entrant et sortant. Un chemin est simple s il ne contient pas deux fois le même arc. Un chemin est élémentaire s il ne contient pas deux arcs de même origine ou de même but. Un circuit est eulérien s il est simple et contient tous les arcs d un graphe. Un circuit est hamiltonien s il est élémentaire et contient tous les sommets d un graphe.

Cycle eulérien et graphe hamiltonien Dans le cas des graphe non orienté, la notion équivalente au chemin (resp. circuit) est la notion de chaîne (resp. cycle). Un cycle eulérien peut être parcouru en empruntant chaque arête exactement une seule fois. Théorème Un graphe non orienté sans sommets isolés possède un cycle eulérien si, et seulement si, 1. il est connexe. 2. il a 0 ou 2 sommets de degré impair. Dans le cas où il n y a aucun sommet de degré impair, cette chaîne eulérienne est un cycle. Dans le cas où il y en a deux, ce sont les extrémités de la chaîne. Un graphe hamiltonien est un graphe possédant au moins un cycle passant par tous les sommets une et une seule fois. Trouver un tel cycle est un problème difficile.

Théorème Un graphe orienté connexe possède un cycle orienté eulérien si, et seulement si, de chaque sommet il part autant d arêtes qu il en arrive. Le théorème de Dirac donne une condition suffisante simple pour qu un graphe non orienté soit hamiltonien : Théorème Si chaque sommet d un graphe de n sommet est de degré supérieur ou égal à n/2 alors le graphe admet un cycle hamiltonien.