Olivier SITBON. Service de Pneumologie Hôpital Antoine Béclère Clamart

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LA TUBERCULOSE PULMONAIRE PLAN Pathogénie Epidémiologie Diagnostic Complications Pi Principes i thérapeutiquesti

Maladie infectieuse transmissible due à Mycobacterium tuberculosis (BK: Bacille de Koch) Transmission interhumaine par voie respiratoire Primo infection tuberculeuse : risque de développer une tuberculose maladie = 10 % dans les 2 à 3 ans Infection pulmonaire +++ Mais aussi : méningite péricardite ganglionnaire Mais aussi : méningite, péricardite, ganglionnaire, osseuse (mal de pott), rénale

Groupes à hauts risques Personnes agées Ethylo-tabagiques Groupes socio économiques défavorisés Population étrangère en provenance de pays à forte prévalence (Maghreb, Afrique noire, Asie du sud est) Immunodéprimés, VIH Personnel de santé

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES L incidence (nombre de nouveaus cas par an) de la tuberculose pulmonaire ne diminue i plus en France depuis plus de 10 ans

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES * Hétérogénéité géographique de plus en plus nette - Paris + Région = Incidence croissante et élevée (46,3 / 100 000) - France hors Paris = Incidence en baisse (< 10 / 100 000) * Incidence très élevée dans les populations migrantes - Afrique subsaharienne (117 / 100 000)

INCIDENCE (ILE DE FRANCE 1993-1999)

INCIDENCE (MONDE 1995) > 100 cas / 100 000 habitants

Diagnostic Terrain favorisant Groupe à risque, Contage récent, ATCD de tuberculose, BCG Signes généraux Altération de l état général (asthénie, anorexie, amaigrissement) Fièvre, Sueurs Signes respiratoires Toux ++ Parfois expectorations, Hémoptysies py ++ Douleurs thoraciques

Examens complémentaires Radiographie thoracique Nodules, infiltrats ou cavernes (risque de contagion +++) prédominants aux lobes supérieurs IDR (intra dermo reaction à la tuberculine) élément d orientation, évocateur du diagnostic si > 15 mm ou phlycténulaire Permettent t d évoquer le diagnostic mais pas de certitude +++

IDR à la tuberculine 0,1 ml soit 10 UI de tuberculine Mérieux Injection intradermique stricte attestée par le phénomène de peau d orange et l absence de saignement Lecture entre la 48 ème et la 72 ème heure Mesure de l induration dans son plus grand axe Monotest : à éviter, toléré jusqu à 3 ans, IDR à la seringue possible à partir de 1 an.

IDR interprétation ti Si IDR > ou = 10 mm, absence de vaccination antérieure, faible prévalence d infection à mycobactérie atypiques, absence d immunodépression cellulaire, Sujet pouvant être considéré é comme infecté par le BK

Virage tuberculinique i Indépendamment du statut vaccinal : augmentation de 10 mm ou plus de la taille de l induration Sujet non vaccinés par le BCG : passage d une induration nulle à 6 mm ou plus

IDR faussement positive Vaccination antérieure par le BCG Infection à mycobactérie atypique Effet de réactivation : positivation d une IDR effectuée 1 à 2 semaines après une première IDR négative

IDR faussement négative Erreur technique de réalisation ou de lecture Âge supérieur à 70 ans Maladie intercurrente : virose, infection bactérienne sévère Immunodépression (HIV en particulier)

Examens complémentaires Seul l isolement de Mycobacterium tuberculosis permet d affirmer le diagnostic de tuberculose +++ Recherche de BK dans les crachats 3 jours de suite ou si difficulté d expectoration, recherche de BK dans le liquide gastrique («BK tubage») x 3 jours de suite Si BK crachats et tubages négatifs : Fibroscopie bronchique À l examen direct: BAAR (Bacille Acido-Alcoolo Résistant) Culture lente sur milieu spécifique

Complications Complications précoces Atteintes extra pulmonaires Hémoptysies Pleurésies, Pneumothorax Complications tardives Dilatation des bronches Séquelles fibreuses, possible insuffisance respiratoire i chronique Rechute (si traitement mal suivi, risque de résistance)

PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES Traitement antituberculeux Mesures associées Isolement respiratoire Déclaration obligatoire Prise en charge à 100% Dépistage des sujets en contacts

PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES Association initiale de plusieurs antituberculeux Pour éviter la sélection de souches résistantes Au moins 3 antituberculeux au départ (généralement 4) Prise unique le matin à jeun Durée prolongée (généralement 6 mois) Schéma habituel: Quadrithérapie / 6mois Isoniazide + Rifampicine + Ethambutol + Pyrazinamide pendant 2 mois Puis Isoniazide + Rifampicine pendant 4 mois

ISONIAZIDE (Rimifon ) Doit être inclus dans TOUS les régimes thérapeutiques Bactéricide Peu coûteux Pénètre tous les liquides biologiques et les cavités Toxicité avant tout hépatique +++ et neurologique Nécessite une surveillance du bilan biologique hépatique

RIFAMPICINE (Rifadine ) Antituberculeux bactéricide Une résistance à la rifampicine témoigne en général d une multirésistance (isoniazide + Rifampicine) Effets secondaires Réaction secondaire la plus fréquente = troubles digestifs Hypersensibilité (éruption, fièvre, thrombopénie, hémolyse.) Nombreuses interactions médicamenteuses +++ (Inducteur enzymatique) Excrétion urinaire, larmes, sueurs... (coloration orange, témoin de la bonne observance au traitement)

PYRAZINAMIDE (Pirilène ) Antituberculeux bactericide Bactéricide dans un environnement acide (macrophage +++) Toxicité avant tout hépatique Limiter son utilisation aux 2 premiers mois de traitement Hyperuricémie en général asymptomatique (permet de vérifier l observance)

ETHAMBUTOL (Myambutol, Dexambutol ) Antituberculeux bacteriostatique Bactériostatique aux doses habituelles (15-20 mg/kg) Principal effet secondaire = Névrite optique rétrobulbaire dose dépendante d (<1% des patients t à 15 mg/kg ) Rechercher symptômes visuels et informer les patients + examen ophtalmologique avant et sous traitement

ASSOCIATIONS FIXES Elles permettent de réduire le nombre de comprimés et donc de favoriser l observance 1 cp de Rifater = 120 mg Rifampicine + 50 mg isoniazide + 150 mg pyrazinamide 1cp de Rifinah = 300 mg Rifampicine + 150 mg isoniazide Elles ne permettent pas d adapter les posologies de chaque molécule

SURVEILLANCE DU TRAITEMENT Consultations (J15, M1, M2, M4, M6, M9, M12) - Observance thérapeutique - Examens biologiques (BHC, NFS, uricémie) - Examen ophtalmologique (vision couleurs et champ visuel) - Radiographies de thorax +/- Bactériologie (recherche de BAAR) = J15, M2 - Consultation M2 = antibiogramme, sensibilité souche, passage bithérapie

SURVEILLANCE DU TRAITEMENT Evolution classique - Amélioration clinique (toux, fièvre ) < 15 jours - Lever d isolement à J15

Nouvelles procédures de déclaration La déclaration obligatoire est remplacée par le signalement et la notification Signalement : effectué dans les 7 jours suivant le diagnostic au Médecin du conseil général du lieu de résidence afin de pouvoir mettre en œuvre rapidement les mesures préventives nécessaires (non anonyme) : dépistage entourage Notification : transmise à la DDASS (qui transmet à l InVS) InVS), anonyme, même informations que la DO, afin de réaliser un suivi épidémiologique gq de la maladie.

Vaccination (BCG) Efficacité estimée autour de 50%, protège surtout des formes graves de l enfant (méningites, miliaires) estimée à 90% 2004 : suppression des IDR de contrôle systématiques et revaccination Reste aujourd hui obligatoire pour : Les enfants de moins de six ans accueillis en collectivités Les enfants de plus de six ans, les adolescents et les jeunes adultes qui fréquentent des établissements d enseignement Les étudiants en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie ainsi que les étudiants sages-femmes et les personnes qui sont inscrites dans les écoles et établissements préparant aux professions de caractère sanitaire ou social (Article R3112-1 1du code de la santé publique)