Traumatismes du rachis dorso-lombaire

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Transcription:

5 e année médecine Rotation 3 2016/2017 ISM Copy Module de Traumatologie Orthopédie Introduction Traumatismes du rachis dorso-lombaire Lésions sévères, peuvent compromettre le pronostic fonctionnel et parfois vital des blessés Ces lésions sont dominées par le spectre des lésions neurologiques. Lésions traumatiques de T1 à L5 en 3 groupes : Fractures thoraciques hautes (T1 à T10) : à ce niveau, en effet, les complications neurologiques s intègrent dans un tableau de polytraumatisme (cage thoracique, crâne ), posant ainsi des problèmes d indications très particuliers ; par contre le traitement de l atteinte vertébrale obéit aux mêmes principes que ceux du rachis sousjacent. Fractures thoraco-lombaires (T11 à L2) : la charnière dorso-lombaire est fréquemment concernée, son atteinte soulève deux problèmes : Mécanique : exigence d une bonne réduction Neurologique : le con terminal est plus fragile et moins libre que le fourreau dural sous-jacent. Fractures lombaires basses (L2 à L5) : les lésions de L2 associent toutes les difficultés thérapeutiques et les atteintes du cône sont nombreuses. Les fractures lombaires inférieures (L3, L4, L5) sont caractérisées par leur relative rareté, la difficulté de les traiter de façon tout à fait satisfaisante et le pronostic généralement très bons de leurs atteintes neurologiques Les classifications doivent préciser : L instabilité immédiate et secondaire de la lésion Le risque évolutif et donc les indications thérapeutiques Le bilan comporte : radiographies simples, TDM, IRM

Moelle épinière Cordon blanc légèrement aplati d avant en arrière. Se continue en haut par le bulbe rachidien, en bas par un cordon fibreux d environ 25 cm de long «filum terminal» Diamètre moyen : transversal 10-12 mm, antéro-postérieur : 8 mm Longueur : 45 cm Limites vertébrales : C0 L2 Particularités anatomiques Rachis dorsal : 12 vertèbres Rachis lombaire : 5 vertèbres Statique rachidienne SMV : Segment Moyen Vertébral SMR : Segment Mobile Rachidien

Concept des trois colonnes Mécanisme L analyse radiologique doit permettre de classer une lésion traumatique et de préciser le degré d instabilité et le risque évolutif et les possibilités thérapeutiques orthopédiques et chirurgicales Après l analyse anatomopathologique, le mécanisme du traumatisme peut être pressenti La TDM permet une meilleure exploration de l arc vertébral postérieur et la communition du corps L IRM permet l étude des ligaments et du disque Les 4 mécanismes lésionnels élémentaires : compression pure, compressiondistraction, distraction pure et translation Classifications Boehler (1929) Watson-Jones (1931) Tassements corporaux simples : compression Tassement + distraction des ligaments postérieurs Fractures ; luxations Denis : classification bien admise par les anglo-saxons mais de faible valeur pronostique Type I : fracture en compression (antérieure ou latérale). La colonne moyenne reste intacte et va agir comme une charnière Type II : Burst fracture (05 sous-groupes). Elles résultent d une compression axiale sur le corps vertébral entrainant une atteinte à la fois des colonnes antérieure et moyenne Type III : Seat belt fracture par distraction. Elles sont représentées par une atteinte à la fois de la colonne postérieure et de la colonne moyenne Type IV : Fracture dislocations. Le fait caractéristique de ces fractures-dislocation est que les trois colonnes sont atteintes sous des forces de compression, de tension, de rotation ou de cisaillement (type IV) Laulan (1990) : basée sur l analyse de la hauteur du mur antérieure (HMA) et postérieure (HMP). Sur la radiographie de profil : Si compression-distraction : HMA HMP normal ou Si compression pure : HMA HMP Si distraction pure : HMA normal HMP normal ou

Magerl : Type A : lésion par compression de la colonne antérieure A1 : fractures par tassement A2 : fractures par séparation A3 : fractures comminutives ou burst-fractures Type B : lésion de la colonne antérieure et des deux colonnes postérieures avec distraction des éléments antérieurs ou postérieurs B1 : lésions avec flexion-distraction postérieure à prédominance ligamentaire B2 : lésions avec flexion-distraction postérieure à prédominance osseuse B3 : lésion par hyperextension et cisaillement à travers le disque Type C : lésion rotatoire des trois colonnes C1 : lésion de type A avec composante rotatoire C2 : lésion de type B avec composante rotatoire C3 : fracture à trait oblique et cisaillement rotatoire

Vaccaro (2005) : classification nouvelle qui insiste à nouveau sur l importance de l intégrité ou non des éléments ligamentaires postérieurs (postérieur tension band). Bien explorés par l IRM, il est proposé un score de sévérité (Thoraco-Lumbar Injury Classification and Severity score ou TLICS) dépendant de 03 critères : Morphologie de la lésion corporéale (sur radiographies simples TDM et IRM) : la lésion corporéale peut se faire en : Compression (1 ou 2 points (s il y a communition) Translation (3 points) Distraction (4 points) Intégrité ou non des ligaments postérieurs : les ligaments postérieurs sont : Intacts (0 points) Suspects (2 points) Rompus (3 points) Etat neurologique : Normal (0 points) Lésion radiculaire (2 points) ou médullaire incomplète (2 points) Médullaire complète (3 points) Si total < 3 traitement orthopédique Si total > 5 traitement chirurgical Classification assez simple mais désavantage récente et donc peu évaluée et l obligation de l IRM Actuellement pour la majorité des auteurs : la classification de Magerl plus complète et plus intéressante en termes de gravité et de décision thérapeutique Bilan clinique Sur les lieux de l accident : deux problèmes : Savoir évoquer une lésion rachidienne, la suspecter sur les données cliniques, voir à partir du mécanisme lésionnel Savoir apprécier en urgence la gravité potentielle d une lésion rachidienne ou le risque de complication neurologique secondaire est possible et grave Examen initial : dépistage de la lésion rachidienne, transport : Les lésions rachidiennes sont fréquentes lors d accident de la circulation, accident de la voie publique, chute d un lieu élevé. Les lésions multiples associées peuvent alors masquer l atteinte de la colonne vertébrale (polyfracturé polytraumatisé) Examen clinique : Patient est conscient : mécanisme lésionnel, douleur (principal signe), palpation du rachis (mobilité anormale d une épineuse, cyphose locale) La suspicion d une lésion du rachis impose deux attitudes : Pas de manipulation de façon inconsidérée du rachis Examen neurologique rapide pour dépister les signes d une complication neurologique (paresthésie des membres inférieurs, notion d engourdissement ou de difficulté de mobilisation, étude rapide de sensibilité et de motricité). Parfois, l examen initial justifie une mise en route de réanimation respiratoire et hémodynamique adaptée Transport du blessé : lors du transport, il faut observer les mêmes précautions qu une atteinte neurologique soit manifeste ou non

0 1 2 3 4 5 NE Examen en centre spécialisé : l examen reprend les éléments déjà cités (mécanisme, douleurs, signes neurologiques, recherche de lésions associées) Examen neurologique : il est soigneux et conduit de façon systématique et consigné par écrit pour servir de base de référence évolutive. Il a pour objectif de rechercher une atteinte neurologique et de préciser le niveau moteur et sensitif de la lésion et son caractére complet ou incomplet Étude de la motricité/sensibilité : score d ASIA (American Spinal Injury Assocation) L examen du périnée est une étape essentielle avec étude de la motricité et la sensibilité du sphincter anal et vésical. Cet examen impose la recherche du reflexe bulbo-caverneux et clitorido-anal. La recherche des signes pyramidaux : leur existence signe une souffrance médullaire qui associe reflexes vifs diffusés, poly-cinétiques, trépidation épileptoïde de la rotule, signe de Babinski. Paralysie totale. Flexion de la hanche L2 0 Anesthésie. Contraction palpable ou visible. Extension du genou L3 1 Hypo ou hyperesthésie. Mouvement actif sans pesanteur. Flexion dorsale du pied L4 2 Sensibilité normale. Mouvement actif avec pesanteur. Extension du gros orteil L5 Mouvement actif contre légère résistance. Flexion plantaire S1 Mouvement actif contre résistance complète. Non évaluable. L étude précise de la sensibilité, motricité, et des réflexes en sous lésionnel permet de classer l atteinte neurologique selon l échelle de Frankel Atteinte neurologique complète. Aucune fonction motrice ou sensorielle n'est conservée en souslésionnel, en particulier dans les segments S4-S5. A Atteinte neurologique incomplète. Seule la fonction sensorielle est conservée au-dessous du niveau B neurologique, parfois dans les segments sacrés S4-S5. Atteinte neurologique incomplète. La fonction motrice est conservée en-dessous du niveau C neurologique et la majorité des muscles clés en dessous de ce niveau ont un score moteur inférieur à 3. Atteinte neurologique incomplète. La fonction motrice est conservée en dessous du niveau D neurologique et la majorité des muscles clés ont un score moteur égal ou supérieur à 3. E Les fonctions sensorielles et motrices sont normales. Bilan radiologique Radiographie : un examen clinique normal ne justifie en aucun cas l inutilité du bilan radiologique. Dans ce cadre, il faut souligner l intérêt irremplaçable de l exploration radiologique classique du rachis. Elle a le double intérêt de permettre un premier bilan global et surtout de reconnaitre une éventuelle luxation antéro-postérieure qui sera beaucoup mieux étudiée qu en scanner Mesure la cyphose vertébrale (CV) : angle entre les tangentes aux plateaux vertébraux supérieur et inférieur de la vertèbre tassée

Mesure de la cyphose locale (CL) : définie comme comprenant la vertèbre lésée et les deux segments mobiles intervertébraux sus et sousjacent à cette vertèbre, et plus importante à considérer. Mesure de la cyphose régionale (CR) : angle entre le plateau supérieur de la vertèbre sus-jacente et le plateau de la vertèbre sous jacente à la vertèbre fracturée (peu de valeur, les valeurs physiologiques ne sont pas pris en compte) Argenson et Lassale : Angle Régional Traumatique qui comporte la cyphose régionale traumatique dont on soustrait la cyphose physiologique pour le niveau Clichés dynamiques : difficile sur un traumatisme récent cependant les clichés en flexion et extension sur un patient en décubitus latéral = reconnaissance des lésions postérieures modérées comme en région cervicale mais plutôt cliches préopératoires dans les pseudarthroses et les cals vicieux du rachis Tomodensitométrie : permet une bonne analyse de l arc postérieur, calcul de la surface du canal résiduel posttraumatique, les reconstructions (fragments intracanalaires ; translation ; communition). Il faut être prudent car il ne peut montrer que la zone explorée Imagerie par Résonnance Magnétique : apprécie l état du contenu rachidien, moins performante que la TDM pour l analyse des traits de fracture, performante pour l analyse des tissus mous et particulièrement les ligaments postérieurs et le disque inter vertébral. Cet examen est réservé en urgence aux fractures avec troubles neurologiques Profil physiologique selon Stagnara Niveau étudié Angulation physiologique T11 9 T12 7 L1 1 L2-8 L3-18 L4-33 L4-36 Formes cliniques Les syndromes neurologiques sont fonction du siège et de l étendu de la lésion médullaire et / ou radiculaire L atteinte médullaire peut-être ou non dépendante du type lésionnel vertébral, mais le caractère d instabilité d une lésion définit le plus souvent le pronostic neurologique Lésions complètes : Choc spinal : phase d apparition immédiate mais transitoire : paralysie flasque, anesthésie, aréflexie sous lésionnelle, troubles sphinctériens (rétention d urine et atonie anale) Paraplégies : paralysie motrice, troubles sensitifs, abolition des réflexes ostéotendineux, atteinte respiratoire par paralysie partielle des muscles respiratoires

Lésions incomplètes : Lésions médullaires : Hémisection de moelle (syndrome de Brown- Séquard) : perte de la sensibilité proprioceptive, hémiplégie homolatérale, anesthésie thermoalgésique controlatérale Contusion antérieure de moelle (syndrome de Kahn- Schneider) : atteinte motrice complète, sensibilité tactile ± conservée, récupération possible Contusion postérieure de moelle (syndrome de Roussy-Lhermitte) : hyperesthésie, perte de la sensibilité proprioceptive, évolution favorable. Contusion centrale de moelle (syndrome d Alajouanine-Schneider) : tétraplégie incomplète, atteinte majorée aux membres supérieurs, évolution favorable sans récupération complète Lésions radiculaires : Monoplégie : complète ou incomplète, de diagnostic difficile si lésion plexique associée. Lésion du cône terminal (L4-L5) : automatisme urinaire, troubles sphinctériens, récupération mauvaise. Syndrome de la queue de cheval : Forme complète : paralysie flasque au-dessous de L2, abolition des réflexes (rotulien, achilléen), anesthésie en selle, troubles génitosphinctériens (vessie autonome, impuissance) Forme incomplète : similaire au syndrome du cône Traitement Traitement non-chirurgical : Traitement fonctionnel (méthode de Magnus) : installation du blessé en décubitus dorsal strict sur un plan dur pendant 21 jours Indications : tassement corporéal au niveau dorso-lombaire inférieur au tiers de la hauteur (déformation frontale inférieure à 10 ) Immobilisation par corset sans réduction : pose d un corset assez rapidement. Sujet en hyperlordose debout ou sur table orthopédique. Corset amovible, en plâtre ou en résine. Selon les principes de Bohler avec prise pelvienne ; appui sternal et même sternoclaviculaire. Moulage lordose lombaire +++ Réduction corset : posturer le malade en lordose grâce à un Traversin ou drap pour déplisser la vertèbre et améliorer la CV (interdit dans les lésions en extension) pendant 3 semaines (anticoagulants-exercices actifs membres supérieurs et membres inférieurs) puis corset Technique : méthode en trois temps : Réduction par traction axiale avec un casque de cuir céphalique et deux lacs pelviens du foyer dans sa position (10-15Kg) Cyphose du foyer Établir une lordose modérée en passant un lac sous le foyer traumatique pour tracter le rachis verticalement en haut, la tension est arrêtée au point de l obtention d une lordose physiologique. Le patient conscient signale toute douleur ou signe neurologique qui vont arrêter ce procédé Contention par un corset plâtré de Böhler à trois appuis : sternal, dorsal, et pubien. Contrôle de la réduction 3 semaines après plâtre, éviter l atrophie musculaire : prescrire 3 mois après corset plâtré des exercices proprioceptifs isométriques pour maintenir la musculature abdominale et spinale

Malgré les progrès dans la chirurgie de correction et de stabilisation, le traitement orthopédique est toujours d actualité (dans la littérature beaucoup d articles récents sur des séries orthopédiques ou des comparaisons entre traitement orthopédique et chirurgical). Mais difficile et doit être bien fait Indications : Fracture de la jonction dorsolombaire jusqu à L3. Fractures sans signes d atteinte médullaire. Fractures présentant une obstruction canalaire de moins de 50% sans atteinte neurologique. Fractures avec cyphose vertébrale déformation frontale inférieures à 20 Traitement chirurgical : Chirurgie par voie postérieure : quel que soit le matériel d ostéosynthèse utilisé, elle doit répondre à trois impératifs. Réduire la déformation fracturaire. Assurer une bonne liberté du canal rachidien. Stabiliser les lésions fracturaires. Chirurgie par voie antérieure : plus exigeante techniquement plus hémorragique permet une meilleure reconstruction antérieure Abord par thoracotomie ou lombotomie (laparotomie). Voie de décompression antérieure du canal vertébral. Ostéosynthèse inter-corporéale facile Double voie d abord : réalisée dans le cas de non obtention de résultat formel après un seul abord. Burst-fracture complète avec lésion neurologique présentant une compression antérieure résiduelle après le premier temps chirurgical. Le temps postérieur représente dans la majorité des cas le premier temps. Les deux temps peuvent être successifs dans la même séance, mais de préférence réalisés à intervalle d une semaine

Nouvelles techniques : Ostéosynthèse percutanée : cherche à réduire les dégâts musculaires ; la perte sanguine et la durée d hospitalisation grâce aux progrès de l instrumentation spécifique. On peut faire une ostéosynthèse courte et lordosante, en réalité elle n évite pas la contention externe. Cette technique a été retenue pour les fractures de type A ou B sans troubles neurologiques et recul du mur postérieur < à 40%. La greffe n est pas possible. Ce traitement est en fait en concurrence avec le traitement chirurgical. Vertébroplastie : réduire les dégâts osseux de l abord chirurgical surtout dans le traitement des fractures ostéoporotiques. Le principe est d injecter par le pédicule du ciment dans le corps vertébral ou dans un ballon (cyphoplastie) avec ou sans ostéosynthèse. Peu de séries publiées Indications thérapeutiques : le choix entre traitement fonctionnel, orthopédique ou chirurgical ne repose pas sur la valeur de la CV ou sur l importance de la réduction du canal rachidien, puisque des réductions de >50% peuvent disparaitre sous l effet du remodelage naturel. Le choix thérapeutique dépend de deux éléments : clinique (existence d une atteinte neurologique, le traitement chirurgical est proposé d emblée) et état anatomique de la lésion (l Angle Régional Traumatique parait important > 15 traitement chirurgical conseillé), il faut situer aussi la lésion entre le tout osseux (A) ou le tout ligamentaire (C). Si lésions purement osseuses reconnaitre les degrés de communition (si éclatement osseux majeur type A3 le traitement orthopédique peut être insuffisant) Fracture de type A1 traitement orthopédique Fracture de type A2 (prudence disque touché) traitement orthopédique Fracture de type A3 apprécier la communition Ne pas confondre type A et type B (instabilité ligamentaire) En dehors de la lésion traumatique il y a des fractures qui limitent l indication orthopédique : lésions étagées (accumulation des cyphoses), polytraumatisé, lésions lombaires basses (car posture difficile à obtenir) ; La chirurgie en cas de contre-indications du traitement orthopédique ou de première intention si la fracture est instable Cas particuliers Enfants et adolescents : les fractures du rachis de l enfant sont plus fréquentes que l on ne pense car la plasticité de l os permet d avoir une contusion du corps vertébral sans véritable fracture ou tassement. Ces traumatismes sont rares chez le jeune enfant mais augmentent significativement à l adolescence. Ces lésions sont donc multiples et difficiles de diagnostic à la radiologie conventionnelle. C est pour cela que l imagerie moderne avec en particulier la résonnance magnétique à une place prépondérante dans le diagnostic et l étendu de ces lésions rachidiennes traumatiques afin d adapter la thérapeutique. Leur traitement et leur surveillance sont différent de ceux de l adulte : cela tient à la fois aux particularités anatomiques et biomécaniques du rachis thoracique et lombaire liées à l ossification progressive des vertèbres et, par ailleurs aux séquelles évolutives liées à la croissance. La classification de Francis Denis est tout à fait applicable à l enfant. Fracture par compression (type I) Fracture «burst» (type II) Fracture «seat belt» (type III) Fracture luxation (type IV). Quel que soit Le type de lésion traumatique, le risque c est la stérilisation des listels marginaux d autant plus importante que l enfant est peu mature. Cependant la croissance permet d espérer des possibilités de correction. Le choix des méthodes thérapeutiques est basé sur : Classification de Denis pour le type de la fracture Localisation pour le choix du corset (plâtré ou plastique) ou le type de montage Âge de l enfant et le stade de Risser sont important

Fracture sur ostéoporose : traumatisme faible, énergie cinétique (inclinaison ; rotation ; soulèvement de poids ; voire spontanée). Les premiers tassements apparaissent entre T4 et T7 Traitement préventif : biphosphonates Corset court lordosant (car sujet âgé) Vertébroplastie : spectaculaire Chirurgie : exceptionnelle Fracture sur une colonne rigide : spondylarthrite ankylosante ou maladie de Forestler (hyperostose vertébrale ankylosante) Diagnostic difficile Traitement chirurgical +++ Complications Complications thrombo-emboliques : phlébites des membres, embolie pulmonaire Facteurs favorisants : immobilisation prolongée, parfois terrain propice : sujet âgé, sujet taré Infection post-opératoire Pseudarthrose et cal vicieux : ne se discutent qu au minimum 3 mois après le traumatisme. Pseudarthrose : la non-consolidation peut être fibreuse donc en rapport avec des lésions disco-ligamentaires principalement mais osseuses suite à des fractures comminutives (71% charnière thoraco-lombaire 25% lombaire). On peut l évoquer généralement avant 6 mois post-fracturaires mais peut se révéler à l ablation du matériel Cal vicieux : se caractérise par une consolidation du foyer du fracture avec une déformation structurale le plus souvent en cyphose angulaire mais aussi en translation ou scoliose segmentaire. Le plus souvent cal vicieux régional dû à une fracture du corps qui a consolidée en cyphose sévère Complications neurologiques : Douleur rachidienne Signes de compression : radiculalgie, irritation pyramidale, claudication neurogène Paraplégie : handicap si lésion complète, retentissement psychique sévère avec risque de déception. L appareillage représente l essor dans plusieurs cas. Troubles sensitifs Troubles moteurs Troubles sphinctériens Conclusion Complications mécaniques : débricolage du matériel, bris de vis Le traitement orthopédique doit être toujours discuté si les dégâts sont purement osseux en dehors d une communition importante. Le traitement chirurgical a pour but de décomprimer et de stabiliser le plus souvent voie postérieure ; et dans 10% des cas antérieure La chirurgie combinée peut être proposée pour une reconstruction antérieure complémentaire et secondaire au temps postérieur L ostéosynthèse percutanée et la vertèbroplastie : place entre traitement orthopédique et chirurgical Le traitement chirurgical des CV ne s envisage qu en cas de retentissement fonctionnel net et sera efficace par double temps le plus souvent simultané. Enfin la grande variabilité des lésions même non compliquées doit être prise en charge dans des centres spécialisés Il vaut mieux un bon traitement orthopédique qu un traitement chirurgical médiocre