Dysphagie dans la SLA.

Documents pareils
Cancers de l hypopharynx

La langue, constituant la majeure partie de la partie inférieure de la cavité orale,

LA PRISE EN CHARGE DES TROUBLES DE LA DEGLUTITION EN EHPAD

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

déglutition-respiration : couple fondamental et paradoxal Article paru dans : kinéréa, 2005;42:1

LES TROUBLES DE LA DÉGLUTITION APRÈS UN AVC AVC

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

Incontinence urinaire. DR.L.PEYRAT C.H.U. Tenon, Paris

Item 308 : Dysphagie

Le syndrome de Moebius. ses conséquences et ses traitements

Troubles de la déglutition supraœsophagienne

L Incontinence Urinaire au FEMININ. Examen paraclinique. Résidu Post Mictionnel. Examen pelvien

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

Mieux informé sur la maladie de reflux

Les troubles de la déglutition postintubation et trachéotomie Swallowing disorders following endotracheal intubation and tracheostomy

Concours d Internat et de Résidanat

PROTHESES PIEZOGRAPHIQUES

INCONTINENCE URINAIRE

Fonction digestive. et maladies neuromusculaires REPÈRES AVRIL 2010 SAVOIR ET COMPRENDRE

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

o Non o Non o Oui o Non

le bilan urodynamique Dr René Yiou, CHU Henri Mondor

Questionnaire pour enfants avec trouble de voix

Maladies neuromusculaires

Os Hyoïde. Cartilage thyroïde. Cartilage Cricoïde. Cartilage Trachéal. S ouvre à la déglutition et à l expiration

quelques points essentiels

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

QUI PEUT CONTRACTER LA FA?

LES ASPECTS MEDICAUX DE L ALIMENTATION CHEZ LA PERSONNE POLYHANDICAPEE

La toux chronique de l adulte, démarche diagnostique

Service d Urologie - Hôpital de la Conception - APHM. 2. Service de Gynécologie Obstétrique - Hôpital de la Conception - APHM. 3

LE POINT TOX. N 7 - Juillet Bulletin du réseau de toxicovigilance de La Réunion L ÉVOLUTION TEMPORELLE DU NOMBRE D INTOXICATIONS

Guide du parcours de soins Titre GUIDE DU PARCOURS DE SOINS. Bronchopneumopathie chronique obstructive

Avantages - Voordelen. Organisation - Organisatie. Mutualité socialiste et syndicale de la province de Liège 319. Rue Douffet, Liège

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

PROGRAMME DU CONCOURS D ACCES AU RESIDANAT DE CHIRURGIE DENTAIRE

Applications Manométriques de la SWS

LES TROUBLES DE LA DEGLUTITION EN NEUROLOGIE

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

TRAITEMENT DE L INCONTINENCE URINAIRE. Dr B Pogu Urologue FMC Sud Marne

Marseille 21 > 23. Novembre

MERCI DE RETOURNER LE BON DE PRISE EN CHARGE ET/OU LA FICHE RÉCAPITULATIVE DANS L ENVELOPPE T

Erosions dentaires chez l enfant et l adolescent: arrière-plans gastroentérolo

Orthèse Narval O.R.M. L orthèse innovante et confortable dans le traitement du SAOS

K I N é S I T H é R A P I E & D B C

Migraine et Abus de Médicaments

phase de destruction et d'élimination de débris

Maternité et activités sportives

GYMNASTIQUE ABDOMINALE HYPOPRESSIVE Séminaire 1

Item 308 : Dysphagie

Les tests thyroïdiens

DIVERTICULE PHARYNGO-OESOPHAGIEN (DPO) DE ZENKER À PROPOS DE QUATRE CAS J. MOALLA, L. BAHLOUL, B. HAMMAMI, I. CHARFEDDINE, A.

recommandations pour les médecins de famille

Prise en charge médico-technique d une hémiparesie spastique: Evaluation clinique et instrumentale

La santé en entreprise :

GUIDE DE DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL EN SOINS INFIRMIERS. pour les centres d hébergement. Décembre 2007 Direction des soins infirmiers

Le soin diététique réalisé par un diététicien en établissement de santé

SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire, Environnement DG 1 Service Datamanagement

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

Les maladies vasculaires cérébrales

REUNION D INFORMATION LES ETUDES DE SANTE ET LES METIERS AUXQUELS ELLES MENENT

La chirurgie dans la PC

Le sevrage de la trachéotomie

Dossier Administratif du Patient

Simulation en santé. Outil de gestion des risques. Avril Dr MC Moll 1

SYSTEMES D INHALATION

TRAITEMENT DE LA MPOC. Présenté par : Gilles Côté, M.D.

Règlement sur les activités de formation des technologues en électrophysiologie médicale pour l exercice de certaines activités

en KINESITHERAPIE RESPIRATOIRE SAMEDI 23 JUIN 2012

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

PREVENTION DES TRAUMATISMES DENTAIRES LORS DE L ACCES AUX VOIES AERIENNES SUPERIEURES

Un guide à l attention des familles et proches COMA ET ÉTATS DE CONSCIENCE ALTÉRÉE SUITE À UNE ATTEINTE CÉRÉBRALE

Incontinence urinaire : trop souvent taboue

EVALUATION DES METHODES D AIDE A L ARRET DU TABAGISME

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Programme de réhabilitation respiratoire

Le traitement en effet est, au début, une épreuve pour tout le monde : la malade d abord, les parents ensuite et même les thérapeutes.

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Organisation - Organisatie. Avantages - Voordelen. Mutualité socialiste du Centre, Charleroi et Soignies 317

Les postures, l appareillage Point de vue du médecin MPR. Dr. P. LUBLIN MOREL CMPR de COUBERT 2011

Charte nutritionnelle

Carte de soins et d urgence

Atrovent HFA 20 mcg/bouffée solution pour inhalation en flacon pressurisé (bromure d'ipratropium)

.( /.*!0) %1 2"+ %#(3004) 05' 203 .(.*0"+ ) '!2"+ %#(30+ 0!"%) 4!%2) 3 '!%2"+ %#(30! &' 4!!% .+.*0%!!'!(!%2" !

Diplômes d'université

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

La santé bucco-dentaire au cabinet OMS. Problèmes majeurs. Santé bucco-dentaire et santé générale. Santé. Déterminants sociaux et santé bucco-dentaire

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

Leucémies de l enfant et de l adolescent

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Que deviennent les aliments

MIEUX COMPRENDRE VOTRE TRAITEMENT. LA RADIOTHÉRAPIE DES CANCERS DES Voies Aéro-Digestives Supérieures

SANTÉ. E-BOOK équilibre. stop. cholesterol diabete hypertension. Réduire le cholestérol, l hypertension et le diabète SANS MEDICAMENT!

L ostéopathie au service des professionnels

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Transcription:

Dysphagie dans la SLA. Généralités et Particularités. Dr Zicot A-F - 07/03/2015 1

Merci à Mr Brugman, Mme Lejeune et aux autres organisateurs de ce congrès. Merci aux membres de la cellule «déglutition» du CNRF, à l équipe Logopédique, aux Diététiciennes et au service des cuisines pour toute l aide apportée au quotidien et la bonne collaboration. 2

Plan de l exposé Physiologie de la déglutition en quelques mots. Particularités dans la SLA. Conséquences. Explorations. Solutions ( ou pas.). 3

Particularités dans la SLA. l amyotrophie linguale est le signe «emblématique» de l atteinte bulbaire et aussi l élément-clef entrainant la dysphagie ( souvent avant la perte de force de la musculature pharyngée et/ou laryngée et des muscles suspenseurs du larynx) Les muscles masticateurs sont aussi atteints, expliquant les difficultés d occlusion buccale et de préparation du bol alimentaire, les difficultés à boire à la paille, etc Même sans atteinte bulbaire évidente, des difficultés peuvent survenir dans le cadre d une dyspnée et/ou polypnée liées au syndrome pulmonaire restrictif. 4

Particularités dans la SLA. l amyotrophie linguale est le signe «emblématique» de l atteinte bulbaire et aussi l élément-clef entrainant la dysphagie ( souvent avant la perte de force de la musculature pharyngée et/ou laryngée et des muscles suspenseurs du larynx) Les muscles masticateurs sont aussi atteints, expliquant les difficultés d occlusion buccale et de préparation du bol alimentaire, les difficultés à boire à la paille, etc Même sans atteinte bulbaire évidente, des difficultés peuvent survenir dans le cadre d une dyspnée et/ou polypnée liées au syndrome pulmonaire restrictif. 6

Physiologie : séquençage en phases Phase pré-pré -orale volontaire Phase pré-orale volontaire Phase orale volontaire phase pharyngo-oesophagienne réflexe phase oesophagienne réflexe ( sauf avaleurs de sabres) 7

Phase pré-pré-orale 8

Phase pré-orale 9

Phase orale volontaire lèvres occlusives. Dents et mastication efficaces. Langue mobile dans tous les axes. 1

Phase pharyngo-laryngée réflexe Elévation du voile Elévation du larynx et projection antérieure du larynx Bascule de l'épiglotte Fermeture de la glotte = apnée Contraction pharyngée Ouverture du Sosup 11

Phase oesophagienne Ouverture du sphincter oesophagien supérieur et progression du bol alimentaire dans l oesophage supérieur ( musculature striée) Progression dans l oesophage ( musculature lisse) Ouverture du sphincter oesophagien inférieur 12

Dans la SLA La perte de force du piston lingual est souvent prédominante lors des atteintes bulbaires. Ce sont donc souvent les «solides» qui posent problème le plus rapidement, avec des difficultés qui s accentuent donc avec la consistance. Dans les stades avancés de l atteinte bulbaire, le larynx ne se ferme plus ( sphincter glottique) et des FR importantes, même pour la salive, peuvent survenir. 13

Conséquences de la dysphagie Restriction des apports alimentaires par fatigue/crainte. et dénutrition qui accentue encore la fonte musculaire. Fausses-routes avec : Encombrement respiratoire «haut» chronique, accentuation de la perte d intelligibilité de la parole. Episodes de dyspnée aigue. Infections respiratoires basses. 14

Mise au point/dépistage des troubles de la déglutition. Anamnèse. Observation des repas. Mesure du poids!!! Bilan des praxies buccofaciales. Eventuellement, test de dépistage. Bilans médico-techniques : Transit pharyngo-oesophagien, FEES ( fibroscopie de déglutition), testing IOPI, SpO2 durant les repas. 15

Fonctionnement «Cellule Déglutition» au CNRF diet. Nursing Patient SLA Staff med/ Pluri Plu Logo ORL LOGO DIET FEES IOPI/SpO2 16 RX déglut

Procédure «dysphagie» ( formation nursing 02/2014) Nursing Logo Dossier Transf. Patient Suspicion dysphagie BPN Anam. Diet. Sonde La mise en place ET le changement d un régime «Dysphagie» = Décision Médicale/ Mesure transitoire Team logopédique Selon évolution si aval. Régime transitoire/ arrêt alimentation ( Logo-Médecin) Avis ORL Dysphagie Rx Déglutition Mise en place d un régime dysphagie / sonde/suivi logo Dr Zicot CNRF

FEES 18

RX déglutition 19

IOPI Testing de la pression linguale par un senseur facile à utiliser pour le dépistage de la perte de force linguale et pour le suivi de la rééducation. 20

Prise en charge de la dysphagie Adaptations diététiques/textures. Prise en charge logopédique. Alimentation/hydratation entérale par voie de sonde ( Nasogastrique, Gastrostomie, Jéjunostomie) 21

Le cas particulier de l hypersialorrhée. Solutions thérapeutiques. Dr Zicot A-F - 07/03/2015 22

L hypersialorrhée Est définie par un excès de salive soit absolu ( hyperproduction), soit relatif ( par stagnation/non évacuation). ( norme : en moyenne 0,4 à 0,8 ml par min : soit de 500-1200 ml par jour ( 70 % par les glandes parotides). Entraine un encombrement buccal et pharyngé-laryngé et des bavements, ainsi qu une aggravation des troubles praxiques. Peut favoriser les inhalations salivaires et les phénomènes de dyspnées et d infection des voies respiratoires inférieures. 23

Traitements médicamenteux. Traitement anticholinergique médicamenteux : Atropine sulfate, Scopolamine, Robinul mais avec des effets secondaires potentiels : constipation, sécheresse oculaire, atonie intestinale, nausées, rétention urinaire, arythmies et tachycardies 24

Radiothérapie Radiothérapie ( photons): 20 G sur les aires parotidiennes ( 2/3) et les aires sous-maxillaires en 4 fois. Efficacité moyenne obtenue durant 6 mois. 34% d effets secondaires durant le traitement. 10Gy peuvent être proposés chez les patients particulièrement débilités. 25

Radiothérapie. Radiothérapie 3D ( électrons) : efficace durant une moyenne de 7 mois à la dose de 16-20Gy répartis sur les aires parotides et sous maxillaires ( fractionnement : 5). Moins d effets secondaires qu avec l irradiation par photons. 26

Toxines botuliques. Première publication en 2000 par Pal et assoc. (patients PK) Pub Med 05/2014 : «Drooling-Botox» : 33 articles «Drooling-treatment-botulinum toxins» : 195 articles. 27

28

Utilisation du Botox dans l hypersialorrhée au CNRF Utilisation du Botox à la dilution de 100 U pour 5 ml de NaCl. Aiguille : 29 G ( 0,33*12 mm) Dose moyenne de départ : 50 U dans chaque glande parotide en un, deux ou trois points. Contrôle à un mois et compléments si nécessaire ( éventuellement glandes sous maxillaires : 20-30 U). Suivis sur de longues périodes ( plusieurs années) assez rares car décès.

Résultats Réponses individuelles, fonction de l âge, du pattern de sécrétion salivaire ( pathologie de départ), des co-médications. 1/2 très bons répondeurs pour une dose moyenne de 100 U (efficacité de 4-8 mois) 1/4 répondeurs, parfois insuffisants, compléments nécessaires ( 50 U supplémentaires en moyenne) 1/4 répondeurs, mais cliniquement, pas suffisant ou insignifiant : méthode d injection?

Merci pour votre attention. 31