Quelles explorations après la première embolie pulmonaire?

Documents pareils
Prise en charge de l embolie pulmonaire

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

Utilisation péri-opératoire des filtres caves

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

COMPLICATIONS THROMBOTIQUES DES SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS: ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE

DIAGNOSTIC DE L EMBOLIE PULMONAIRE DANS LE CONTEXTE PERI-OPERATOIRE

Après la prévention veineuse

PREVENTION DE LA MALADIE THROMBO- EMBOLIQUE VEINEUSE (MTEV) EN PERI- OPERATOIRE QUOI DE NEUF?

Nouveaux anticoagulants oraux (NOAC)

Contention Veineuse chez la Femme Enceinte

ELIQUIS MC Traitement des thromboembolies veineuses et prévention des récidives JUIN 2015

ALK et cancers broncho-pulmonaires. Laurence Bigay-Gamé Unité d oncologie thoracique Hôpital Larrey, Toulouse

Conférence de consensus THROMBOPHILIE ET GROSSESSE PRÉVENTION DES RISQUES THROMBOTIQUES MATERNELS ET PLACENTAIRES

Anticoagulation chez le sujet âgé cancéreux en traitement. PE Morange Lab.Hématologie Inserm U1062 CHU Timone Marseille

Qui et quand opérer. au cours du traitement de l EI?

Et si c était une embolie pulmonaire? Pierre Baril

Principe d un test statistique

La Maladie Thrombo-Embolique Veineuse (MTEV) et sa prise en charge médicamenteuse

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Validation clinique des marqueurs prédictifs le point de vue du méthodologiste. Michel Cucherat UMR CNRS Lyon

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

Maladie thrombo embolique veineuse IADE. D.SCARLATTI Praticien Hospitalier Cardiologie I4C

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Maladie thrombo embolique veineuse IADE

Evaluation péri-opératoire de la tolérance à l effort chez le patient cancéreux. Anne FREYNET Masseur-kinésithérapeute CHU Bordeaux

Cancer bronchique primitif: données épidémiologiques récentes

Traitement antithrombotique : les nouvelles lignes directrices

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

Objectifs pédagogiques Lecture critique d article

Prévenir la thrombo-embolie veineuse: mission possible!

Épidémiologie des maladies interstitielles diffuses

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Thromboembolie veineuse et traitement antithrombotique pendant la grossesse

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Nouveaux anticoagulants Evolution ou innovation? 10 Février 2011

Comment évaluer. la fonction contractile?

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

Infospot. Les nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) Octobre - Novembre - Decembre 2014

voie extrinsèque voie intrinsèque VIIa IXa XIa XIIa IX XI prothrombine Xa, V, Ca, PL thrombine IIa facteurs contact XII fibrinogène fibrine

Docteur, est-ce que je fais une phlébite? Alain Beaumier

Pharmacovigilance des nouveaux anticoagulants oraux

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

Revue de la littérature

Rôle de l ARCl. V Grimaud - UE recherche clinique - 18 mars Définitions

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Transplantation pulmonaire et mucoviscidose. Optimiser la prise en charge médicale

Les anticoagulants oraux: des AVK aux «NOACs» NOACs ou NACOs? Bandes des rues de Mexico responsables d incivilités permanentes

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

B08 - CAT devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs

Cibles Nouveaux ACO AVK. Fondaparinux HBPM HNF. Xarelto. Eliquis Lixiana. Pradaxa PARENTERAL INDIRECT ORAL DIRECT. FT / VIIa.

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Essais précoces non comparatifs : principes et calcul du nombre de sujets nécessaire

TVP fémorale. Systématisation. La TVP : écho-doppler JP Laroche Unité de Médecine Vasculaire CHU Montpellier. Thrombus mobile

Les nouveaux anticoagulants ont ils une place aux Urgences?

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 14 mars 2012

Atelier N 2. Consultation de patientes porteuses d une maladie générale

Contraception après 40 ans

En dehors de la FA, quelles sont les autres indications validées ou à venir?

Nouveaux Anticoagulants. Dr JF Lambert Service d hématologie CHUV

Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

INCONTINENCE URINAIRE

Les anticoagulants oraux directs: Pr. David SMADJA Service d hématologie biologique, HEGP, Paris Inserm UMR-S 1140, Université Paris Descartes

journées chalonnaises de la thrombose

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Avis 29 mai XYZALL 5 mg, comprimé B/14 (CIP : ) B/28 (CIP : ) Laboratoire UCB PHARMA SA.

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 janvier 2012

Nouveaux anticoagulants oraux : gestion des accidents hémorragiques

Maladie thrombo-embolique veineuse (135) Docteur Jean-Luc BOSSON Juillet 2002 (Mise à jour Janvier 2005)

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

RIVAROXABAN ET TESTS DE BIOLOGIE MEDICALE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

A C T I V Méningites à pneumocoque de l Enfant en 2007

Les petis signes de T21 : comment ça marche et à quoi ça sert? Christophe Vayssière (Toulouse) DIU d echographie 2011

LA CONTRACEPTION SUR L INFORMATION REÇUE EN

NACO et Angioplas>e. Guillaume CAYLA Service de cardiologie CHU de Nîmes Groupe ACTION Pi>é Salpêtrière

L Incontinence Urinaire au FEMININ. Examen paraclinique. Résidu Post Mictionnel. Examen pelvien

Rapport sur les nouveaux médicaments brevetés Iressa

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

NAVELBINE voie orale

Hémorragies cérébrales et nouveaux anticoagulants

PRINCIPE ET FONCTIONNEMENT DES DÉFIBRILLATEURS AUTOMATIQUES IMPLANTABLES (DAI)

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

INTERNISTES: EMBOLIE PULMONAIRE S DESMARAIS INTERNISTE, CSSS PIERRE- BOUCHER 2014

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

PRISE EN CHARGE DES LESIONS SPINCTERIENNES ANALES DU POST-PARTUM : DU CURATIF AU PREVENTIF

Cancer de l ovaire. traitements, soins et innovation. traitements adjuvants et de consolidation. juin 2009

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

Gestion des anticoagulants oraux directs dans le cadre de l urgence

NOUVEAUX ANTITHROMBOTIQUES. ARRES ASSPRO Genève 10 novembre 2012 Zuzana Vichova DAR Hôpital Cardiologique Lyon

Le Centre de documentation du C.H.T. Est situé au rez de chaussée du Bâtiment T 7 Avenue Paul Doumer BP J Nouméa.

EVALUATION DE L AUTOSURVEILLANCE DE

TUBERCULOSE Nouveautés 2009

Transcription:

Quelles explorations après la première embolie pulmonaire? Olivier Sanchez Université Paris Descartes Faculté de Médecine Service de Pneumologie et Soins Intensifs Hôpital Européen Georges Pompidou Paris DES de Pneumologie Juin 2009

La MTEV: une maladie plurifactorielle Acquis Génétiques Autres Immobilisation déficit en AT F VIII Plâtre déficit en PC F IX Traumatisme déficit en PS F XI Chirurgie majeure F V Leiden fibrinogène Contraception F II 20210A TAFI THS dysfibrinogénémie TFPI Cancer F XIII 34val homocystéine Age Obésité SAPL

Risque de récidive de MTEV 570 patients 67 ans ; 44% d hommes 1er épisode de MTEV sans cancer ni SAPL EP: 29%; TVP: 57% 4 groupes A: post-opératoire: 24 semaines d AC B: grossesse ou post-partum (2 mois): 27 sem d AC C: idiopathique: 26 sem d AC D: facteur de risque non chirurgical (plâtre, voyage,op ): 24 sem d AC Récidive MTEV à 2 ans: 11% Baglin T et al Lancet 2003 362:523-26

C: MTEV idiopathique Récidive cumulée:19.4% D: facteur de risque non chir Récidive cumulée: 8.8% A: MTEV + post-opératoire Récidive cumulée: 0% Baglin T et al Lancet 2003 362:523-26

Risque annuel de récidive de MTEV selon la présence d un facteur de risque réversible après arrêt des anticoagulants taux de récidive MTEV RR Étude n réversible idiopathique BTS 712 0,9% 6,9% 8,0 Levine 398 1,9% 14,2% 7,9 Schulman 898 3,4% 9,0% 2,7 Prandoni 250 2,4% 12,1% 5,1 Pini 187 1,5% 11,1% 7,3 Pinède 720 5,2% 8,9% 1,7 Baglin 570 2,9% 7,8% 2,7 2,9% 9,3%

Faut-il réaliser un bilan à la recherche d une thrombophilie biologique?

Thrombophilie et risque de récidive de MTEV 474 patients avec un 1 er épisode de MTEV sans cancer Suivi moyen 7,3 ± 2,7 ans Christiansen JAMA 2005

Thrombophilie et risque de récidive de MTEV Christiansen JAMA 2005

Recommandations pour la recherche d une HAS 2005 thrombophilie biologique Am Coll of Obst and Gynecol (2000); Am Coll of Med Genetics (2001); British Commitee for Standard Haematol (2001); ACCP (2004); SFGH (2001); Conférence de Consensus «thrombophilie et grossesse» (2003) RPCA; FV Leiden; FII G20210A < 50 ans: TVP et/ou EP inexpliquée ou récidivante Femme enceinte: TVP et/ou EP, ATCD familiaux de MTEV prouvés, ATCD personnels de MTEV, ATCD de fausses couches Sujet asymptomatique apparenté au 1 er degré d un sujet ayant une mutation du FV ou FII et exposé à un risque de thrombose:? GEHT SFMV 2008 En cours

Faut-il rechercher un cancer?

MTEV et cancer occulte Prévalence de survenue d un cancer après une MTEV: 5% Facteurs de risque Idiopathique et récidivant TVP bilatérale Membres supérieurs Délai de survenue 6 à 12 mois après le diagnostic de MTEV Maximal la première année Types de cancers révélés Poumons, pancréas, estomac, ovaires, foie, reins, lymphomes + souvent métastatiques

MTEV et cancer occulte Intérêt d un dépistage systématique? Interrogatoire, examen clinique, radio thorax, NFS Extensif: marqueurs, TDM, échographies Études rétrospectives: la clinique suffit Études prospectives comparant les 2 stratégies OR 1,8 (1,3 2,5) Buller J Thromb Haemost 2007

J Thromb Haemost 2002 Étude randomisée 201 patients MTEV idiopathique Recherche exhaustive (n=99): marqueurs, hémoccult, TDM, fibroscopies Surveillance clinique (n=102) Suivi 2 ans Cancer occulte diagnostiqué: pas de différence 13 / 99 (13,1%) contre 10/102 (9,8%) Délai diagnostique + court: 1,0 mois contre 11,6 mois (p<0,001) Mais mortalité liée au cancer identique: 2,0% contre 3,9%

MTEV et cancer occulte Pas de bénéfice démontré d une recherche exhaustive en terme de morbidité et mortalité et rapport coût efficacité La recherche de cancer doit être guidée par les bonnes pratiques cliniques Interrogatoire Examen clinique complet + touchers pelviens NFS, bandelette urinaire et radio thorax Femme: mammographie + FCV Homme: PSA Autres examens guidés par la clinique

Faut-il faire une scintigraphie en fin de traitement?

Fréquence des séquelles d EP Nijkeuter Chest 2006

Fréquence des séquelles d EP 320 patients avec EP 244 survivants à 1 an Scinti V/Q chez 235 pts Obstruction vasc 15%: 90% Obstruction vasc 5%: 75% Miniati Medicine 2006

Aim of the study To evaluate the rate of residual perfusion defects after an episode of symptomatic PE To evaluate the risk factors and the clinical significance of the scintigraphic abnormalities

Methods All patients admitted to our institution with an acute and objectively diagnosed PE (01/99 01/06) All patients who were alive 7 to 12 months after the initial episode and after informed consent : V/Q scan: Perfusion defect: residual pulmonary vascular obstruction 10% Echocardiography 6 minutes walk test NYHA functional class

Follow-up according to residual perfusion defect Variable All (n=254) Residual perfusion defect 10% No (n=181) Yes (n=73) p Time from PE diagnosis to follow-up visit, months, median (quartile) Length of anticoagulant therapy, months, median (quartile) 12.0 (8-13) 12.0 (8-13) 12.0 (8-14) 0.92 6.0 (6-9) 6.0 (6-8) 7.0 (6-12) 0.02 On anticoagulant treatment at follow-up visit, n (%) 83 (33) 47 (26) 36 (49) 0.0002 Dyspnea o No dyspnea, n (%) o NYHA I - II, n (%) o NYHA III - IV, n (%) 144 (57) 84 (33) 26 (10) 115 (64) 54 (30) 12 (7) 29 (40) 30 (41) 14 (19) 0.004 Distance covered during 6-minute walk test, m, mean (SD) 411 (109) 427 (99) 374 (122) 0.004 Systolic PAP, mmhg, mean (SD) 33 (10) 31 (8) 39 (12) <0.001 Residual vascular obstruction, mean, % (SD) 8 (14) 1 (2) 24 (16) <0.001 Chronic thromboembolic pulmonary hypertension, n (%) 12 (5) 0 12 (16) <0.001 Sanchez et al soumis

Facteurs de risque de séquelles: analyse multivariée Variable Odds ratio [CI 95%] p Age, * 1.35 [1.11 1.63] < 0.01 Délai diagnostique, 1.17 [1.04 1.31] < 0.01 Obstruction vasculaire pulmonaire initiale 1,34 [1.16 1,55] 0.0005 ATCD de MTEV 2,06 [1,03 4,11] 0,04 Odds associé avec une augmentation de * 10 ans, 10 jours, 10% Sanchez et al soumis

30% des patients présentent des séquelles scintigraphiques un an après un épisode symptomatique d embolie pulmonaire. L âge, le délai diagnostique, l importance de l obstruction vasculaire pulmonaire et des ATCD de MTEV sont des facteurs de risques indépendants de séquelles. Les patients avec séquelles sont plus dyspnéiques, ont une PAPs plus élevée, et une distance parcourue au test de marche diminuée. Sanchez et al soumis

Conclusion L identification d un facteur de risque de thrombose est très important Conditionne le risque de récidive et donc la durée du traitement anticoagulant L impact de la connaissance d une thrombophilie biologique sur la prise en charge des patients est incertaine La recherche d un cancer occulte doit être guidée par le bon sens clinique La recherche de séquelles scintigraphiques d EP est sans doute utile mais la signification clinique reste incertaine Document de référence utile en cas de suspicion de récidive? NON, la scinti est rarement utilisée comme test diagnostique Facteur de risque de récidive? Impact sur le développement ultérieur d une HTP-PE? Systématique si dyspnée persistante avec une échocardiographie