BANQUE STRATÉGIE. Assurance vie. S adapter aux taux bas. cahier de prospective bancaire & financière DOSSIER



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BANQUE n 340 Octobre 2015 ISSN 0762-4077 Mensuel - 70 euros STRATÉGIE cahier de prospective bancaire & financière DOSSIER Assurance vie S adapter aux taux bas La chute des taux à des niveaux proches de zéro, voire négatifs, met à mal le modèle de l assurance vie. Sont en jeu la rentabilité et, parfois, la solvabilité des acteurs. L industrie doit s inventer un nouvel avenir, fait de produits plus risqués pour l épargnant que les assureurs devront apprendre à commercialiser. 4 Sommaire VEILLE STRATÉGIQUE 24 Gestion alternative Évolution et régulation financière des hedge funds Wafa Kammoun Masmoudi, École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis

Dossier Assurance vie S adapter aux taux bas Dossier réalisé par Séverine Leboucher Voilà plus de 30 ans que les taux d intérêt ne cessent de baisser. Une manne pour les produits d épargne massivement investis en obligations, comme l assurance vie en euros. Mais en touchant le plancher de 0 % sous l effet du Quantitative Easing de la BCE, les taux ont mis fin à ce cycle faste. Comment dégager des marges quand les coupons des titres achetés ne couvrent même pas les coûts de fonctionnement? Comment réduire les rendements servis aux assurés sans provoquer leur fuite? «À moyen terme, un environnement de taux d intérêt bas persistant met sous pression la rentabilité et plus généralement le business model du secteur de l assurance», met ainsi en garde le Haut conseil de stabilité financière 1. Le superviseur européen, l EOIPA, surveille de près la situation depuis 2011 (lire p. 8). Les stress-tests menés en 2014 ont ainsi montré la vulnérabilité de près d un quart des compagnies d assurance face à un scénario «à la japonaise» de taux durablement très bas. Pour l exercice ORSA de fin 2015, l ACPR a aussi demandé aux assureurs français de tester deux scénarios, l un laissant les taux très bas sur le long terme, l autre envisageant leur hausse brutale. L un des impératifs de l industrie est de freiner la collecte des fonds en euros. Les chiffres de l Association française de l assurance semblent indiquer qu un mouvement s enclenche : depuis le début de l année, 9,1 des 17,3 milliards d euros de collecte nette ont concerné des supports en unités de compte. Mais la part de ces derniers dans l encours total reste encore inférieure à 20 % et les statistiques sur la collecte nette ne font pas apparaître le risque que constitue le réinvestissement des obligations arrivant à échéance (lire p. 5). Les assureurs lancent également peu à peu la commercialisation des nouveaux supports dits «Euro-Croissance», institués par un décret de septembre 2014, et qui permettent de dégager des marges de diversification pour l investissement des primes. Certains assureurs ont converti leurs supports euro-diversifiés (lire p. 10), d autres ont créé un fonds nouveau (lire p. 13), parfois récemment comme l Afer en juin dernier. Le démarrage du nouveau dispositif est toutefois poussif, du fait, là encore, des taux bas. Selon le Trésor, la collecte représentait en mai environ 100 millions d euros par mois et un stock de 1,5 milliard compte tenu des contrats transformés 2. Pour stimuler la collecte, François Villeroy de Galhau, dans son rapport sur l investissement 3, avait pointé trois leviers d action possibles : une fiscalité favorable, que le futur gouverneur de la Banque de France ne privilégie toutefois pas ; l accélération de la baisse des rendements servis sur les fonds euros, qu il va vraisemblablement continuer de préconiser une fois devenu gouverneur ; la mutualisation d une partie des réserves latentes entre le fonds euros et le fonds Euro-Croissance. Ce dernier point devrait faire l objet d un décret qui prévoit un transfert temporaire de certains actifs en plus-values latentes dans une proportion encore en discussion 4. Ces mesures suffiront-elles à préserver la rentabilité et la solvabilité des assureurs vie? Probablement une diversification vers des activités de prévoyance, moins sensibles au risque de taux, sera également nécessaire. Faut-il d ailleurs chercher à sauver le modèle de l assurance vie en euros? Rien n est moins sûr pour Christian Gollier, professeur à la Toulouse School of Economics, qui voit dans ce défi des taux bas l occasion de repenser en profondeur le financement long terme de l économie (lire p. 20). 1. Rapport annuel, juin 2015. 2. Audition de la Commission des finances du Sénat, le 6 mai 2015. 3. Rapport d étape sur le financement de l investissement des entreprises, 26 août 2015. 4. En consultation à l heure où nous écrivons. Banque & Stratégie n 340 octobre 2015 3

Sommaire Assurance vie S adapter aux taux bas 5 Prospective «Avec des OAT à 1 %, les pertes futures sont certaines» Cyrille Chartier-Kastler, Facts & Figures 8 Solvency II Mitigating Low Yield Risks with High-quality Risk Management Petr Jakubik, EIOPA 10 Contrats Euro-Croissance et Vie Génération Une solution au problème des taux bas? Benoît Courmont et Carl Guével, AG2R La Mondiale 13 Euro-croissance «Une diversification nécessaire à l équilibre du contrat» Isabelle Perchereau, Predica 15 Le point de vue de l actuaire Les taux bas : changement de paradigme? Pierre Thérond, Galea & Associés, ISFA 18 Assureurs vie français Des taux d intérêt très bas, source de pression sur les profits Marc-Philippe Juilliard, Charlotte Chausserie-Laprée et Lotfi Elbarhdadi, Standard & Poor s 20 Macroéconomie Réorienter l assurance vie vers le financement des investissements longs Christian Gollier, Toulouse School of Economics & BANQUE STRATÉGIE 18, rue La Fayette 75009 Paris Fax : 01 48 24 12 97 Avis aux lecteurs. Les articles publiés dans Banque & Stratégie n expriment que le point de vue de leurs auteurs. Le contenu de ces articles n engage pas Revue Banque qui n entend pas prendre position à leur égard. Directeur de la publication : Valérie Ohannessian Secrétaire général : Pierre Coustols Rédacteur en chef : Élisabeth Coulomb Rédacteurs : Sophie Gauvent (54 02) ; Séverine Leboucher (54 15) ; Laure Bergala (54 14). Secrétariat de rédaction : 1 er SR, Alain de Seze (54 17) ; Christine Hauvette (54 10). Maquette : 1 er maquettiste, Emmanuel Gonzalez (54 12) ; Alexandra Démétriadis (54 18) Directrice marketing et commercial : Valérie Dumas-Paoli (54 19) Publicité : Isabelle Conroux (54 20) Conception graphique : Rampazzo & Associés Pour nous contacter, devant chaque numéro, ajouter l indicatif 01 48 00. SERVICE ABONNEMENTS : REVUE BANQUE Pauline Étienne, 18 rue La Fayette 75009 Paris Tél. : 33(0)1 48 00 54 26 Fax : 33(0)1 48 00 54 25 E-mail : service.abonnement@ ISSN 0762-4077/CPPAP 0616 I 84975 - Imprimé à Nancy (54) par BIALEC - Dépôt légal 3 e trimestre 2015. La reproduction totale ou partielle des articles publiés dans Banque & Stratégie, sans accord écrit de la société Revue Banque SARL, est interdite conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. 4 Banque & Stratégie n 340 octobre 2015

SÉMINAIRES Matinée Lundi 30 novembre 2015 8h30-12h45 FINANCEMENT DE L ÉCONOMIE : VERS UN NOUVEL ÉCOSYSTÈME 8 h 00 Accueil des participants et petit-déjeuner 8 h 30 Ouverture Par Marie-Anne BARBAT-LAYANI, directrice générale, FBF 8 h 45 Discours introductif Par Martin MERLIN, directeur, marchés financiers, direction générale de la stabilité financière, des services financiers et de l union des marchés des capitaux, Commission européenne Inscription sur 9 h 00 Le financement des entreprises par le marché : une évolution inéluctable? Thierry GIAMI, président de l Observatoire du financement des entreprises par le marché Jean-Hervé LORENZI, président, pôle de compétitivité mondial, Finance Innovation Fabrice PESIN, médiateur national du crédit aux entreprises Caroline TRICOCHE, déléguée régionale IDF nord, Société Générale 9 h 45 Une régulation ajustée? Frédéric VISNOVSKY, secrétaire général adjoint, ACPR Sébastien RASPILLER, sous-directeur du financement des entreprises et du marché financier, direction générale du Trésor 10 h 45 Pause 11 h 00 Des outils adaptés à la transition financière? Stéphane GIORDANO, président, AMAFI Pierre-Henri CASSOU, président, Observatoire des Fonds de Prêts à l Économie Jean Baptiste BELLON, président de la SFAF Marc LEFÈVRE, directeur du listing, Euronext Lieu Auditorium de la FBF 18, rue La fayette 75009 Paris Tarifs 500 euros ttc (416,67 euros HT) Contact Magali Marchal Tél.: 01 48 00 54 04 marchal@ Pour plus d infos : 11 h 45 Les entreprises et les investisseurs : un écosystème satisfaisant? Frédéric COIRIER, vice-président du METI et président du directoire, Poujoulat Guillaume ROBIN, président, Middlenext et président directeur général, Thermador Groupe Antoine LISSOWSKI, président de la Commission et du Bureau des affaires économiques et financières, FFSA 12 h 45 Clôture de la séance et cocktail apéritif En partenariat avec

Les nouveautés Pour approfondir les sujets d actualité GOUVERNANCE ET FONCTIONS CLÉS DE RISQUE, CONFORMITÉ ET CONTRÔLE DANS LES ÉTABLISSEMENTS FINANCIERS POST-SOLVABILITÉ 2 CRD4 AIFM Marie-Agnès Nicolet 160 pages, 26 STRATÉGIE ET GOUVERNANCE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES MUTUALISTES Michel Roux 216 Pages, 28 ÉTHIQUE ET RESPONSABILITÉ EN FINANCE QUO VADIS? Paul H. Dembinski 128 pages, 20,50 OPÉRATIONS BANCAIRES À L INTERNATIONAL Philippe Garsuault avec la participation de Stéphane Priami 2 e édition, 352 pages, 45 CASH MANAGEMENT FONDAMENTAUX ET OFFRES BANCAIRES Jérôme Cavaliero et Frédéric Poizat 112 pages, 26 Commandes, informations, catalogue :

Prospective «Avec des OAT à 1 %, les pertes futures sont certaines» INTERVIEW CYRILLE CHARTIER- KASTLER Président fondateur Facts & Figures Les conditions qui ont conduit l assurance vie à devenir le produit d épargne préféré des Français font désormais partie du passé. Le modèle peut encore perdurer quelques années mais le secteur doit effectuer sa mue. Les FinTech, la gestion indicielle et les fonds en euros dynamiques pourraient être des ingrédients essentiels de cette mutation. L industrie de l assurance vie est-elle à un tournant de son existence, du fait des taux bas, ou est-ce seulement la fin d un cycle? Assurément, la période actuelle marque la fin d un cycle de 30 à 40 ans pendant lequel les taux, à partir d un niveau initial très élevé pour mémoire, 15 à 16 % en 1982, n ont cessé de baisser. Ce contexte était très favorable à l industrie de l assurance vie : les obligations achetées les années antérieures produisaient des rendements attractifs par rapport aux titres plus récemment émis. Cela a contribué à intoxiquer les Français vis-à-vis des fonds en euros. Cette histoire-là est en train de prendre fin : le taux des OAT à 10 ans est à nouveau redescendu en deçà de 1 % et la France émet à 3 ans à des taux négatifs. Toutefois, elle ne va pas se terminer tout de suite : les assureurs vie ont encore en portefeuille un stock important d obligations offrant des rendements supérieurs et ils ont constitué une réserve significative au titre des provisions pour participation aux bénéfices (PPB). Selon nos modèles, le secteur devrait servir un taux moyen de 2,25 % en 2015, contre 2,48 % en 2014. Compte tenu de l inertie des fonds en euros, la baisse des rendements devrait être progressive. En imaginant que l on reste à un niveau de taux aussi bas qu aujourd hui ce qui peut très bien se produire, c est à l horizon 2020 que la situation deviendrait périlleuse pour le secteur. Quels facteurs pourraient accélérer le danger? Aujourd hui, le Livret A rapporte 0,75 %. Si les épargnants voient un effet d aubaine dans les taux servis par l assurance vie, la collecte s accélérera et contribuera à diluer les bons rendements issus des investissements antérieurs. Il faut donc rester vigilant : il serait très dangereux d engranger de la collecte sur les fonds en euros, car tout versement devrait être investi dans des obligations nouvellement émises et à très faible rendement. Mais les chiffres du secteur indiquent une forte poussée de la collecte en unités de compte. N est-ce pas une nouvelle rassurante? Il est formellement exact que la collecte nette se fait pour près de la moitié sur des supports en unités de compte (UC), mais ce n est pas représentatif de ce qui se passe réellement. En effet, les assureurs n ont pas que cette collecte nette à investir mais aussi les flux d obligations qui arrivent à échéance. Il faut les recycler en achetant des titres au rendement faible qui diluent le fonds en euros. En sachant que la durée moyenne des obligations en portefeuille est de 6 ans, on peut calculer que ce sont entre 10 et 15 milliards d euros 1 qui arrivent chaque mois à échéance, soit bien plus que le niveau de la collecte nette mensuelle. Le vrai effet dilutif est donc bien sur cette masse-là. En quoi la poursuite du niveau de taux bas menace-t-elle l assurance vie en euros? Lorsqu un assureur achète des OAT à 10 ans qui rapportent moins de 1 %, il engrange des pertes futures. Avec ce rendement, il ne peut pas à la fois délivrer un rendement de 0 % à ses assurés et rémunérer le distributeur, la gestion du contrat et ses fonds propres. Or, sous Solvabilité 2, ces derniers seront le plus souvent deux fois plus élevés qu auparavant. Selon nos calculs, pour que le modèle fonctionne, il faudrait que l actif général rapporte au minimum 1,5 %. Avec des OAT à 1 %, les pertes futures sont certaines. Pour l instant, elles sont diluées dans l ensemble, mais si la situation de taux bas devait durer, le secteur n aurait d autres choix que de fermer ses fonds en euros. Il n y a donc pas péril immédiat, mais la question se pose si les taux restent bas. Or la Fed a décidé de ne pas remonter 1. 83 % de l encours de l assurance vie est sur des fonds en euros, dont 80 % est placé en obligations, soit environ 1030 milliards d euros d obligations détenus par les fonds en euros pendant une durée moyenne de 6 ans, soit 170 milliards qui arrivent à échéance chaque année. Banque & Stratégie n 340 octobre 2015 5

ISSN 0762-4077 Mensuel - 70 euros Banque & Stratégie ABONNEMENTS 2015 Je choisis l abonnement à BANQUE & STRATÉGIE coché ci-dessous : DÉCOUVERTE 1 MOIS: 1 n o + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Nouveaux abonnés (offre réservée non renouvelable) 70,00 75,00...... 1 AN : 11 n os + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Tous abonnés 655,00 685,00...... COUPLAGE REVUE BANQUE + BANQUE & STRATÉGIE 1 AN : 23 n os + 2 suppléments + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Offre réservée aux non abonnés 790,00 830,00...... LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE (1) France (TTC) Quantité Total Abonnement annuel 1 compte 185,00... Abonnement annuel 5 comptes (2) 700,00...... TOTAL (TVA : 2,10 % incluse sur le tarif France) (1) Réservé aux abonnés à une des revues du groupe. (2) Au-delà de 5 comptes, nous consulter (bibliotheque@). Société... Nom... Prénom... n 327 Juillet-août 2014 BANQUE STRATÉGIE cahier de prospective bancaire & financière 3 DOSSIER Union bancaire La résolution, et après? À l heure où l Union européenne est en panne de projet, le club plus restreint de la zone euro a donné naissance à l Union bancaire. Cette construction reste à finaliser (mécanisme de résolution imparfait, fonds de garantie des dépôts manquant ), mais elle pourrait bien propager son élan fédéral à d autres domaines économiques et à l Union européenne dans son ensemble. 4 Sommaire VEILLE STRATÉGIQUE 21 Banque centrale Taux négatif et autres mesures d assouplissement monétaire de la BCE : quelles sont les implications potentielles? Éric Dor, IESEG School of Management 28 Établissement de paiement et de monnaie électronique Le nouveau visage du marché des paiements Bruno Joanides et Tatiana Rozoum, Syrtals BANQUE & STRATÉGIE Le complément stratégique et prospectif de Revue Banque 70,00 le numéro Fonction... Service... Adresse... Code postal/ville...pays... Code TVA (pour les pays de la CEE)... Téléphone...Télécopie... E-mail (indispensable)... En application de la loi du 6 janvier 1978, les informations ci-dessus sont indispensables au traitement de votre commande et sont communiquées aux destinataires aptes à les traiter. Elles peuvent donner lieu à l exercice du droit d accès et de rectification auprès de Revue Banque. Vous pouvez vous opposer à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement en le demandant par écrit au secrétariat général de Revue Banque. À retourner au SERVICE ABONNEMENTS REVUE BANQUE 18 rue La Fayette 75009 Paris Tél. : 33(0)1 48 00 54 26 Fax : 33(0)1 48 00 54 25 E-mail : service.abonnement@ Règlement à l ordre de La Revue Banque par chèque par carte bancaire* n Date limite de validité : _ / _ Notez les 3 derniers chiffres du cryptogramme visuel (au verso de votre carte) : _ * Sauf American Express et Diner s Club. Le règlement sur l étranger est à joindre impérativement à la commande et doit être effectué en euros, par chèque payable en France, net de frais. Pour les virements bancaires et CCP, nous consulter. DATE et SIGNATURE BS15 Vos abonnements se poursuivent on line sur Feuilletage, accès illimité aux archives de Banque & Stratégie