NOTE DE CONJONCTURE JANVIER 2015
RÉTROSPECTIVE DES MARCHÉS FINANCIERS EN 2014 ET PERSPECTIVES 2015 Après plusieurs années de hausse des marchés, 2014 n a pas tenu ses promesses sur tous les continents. L année reste marquée par un retour de la volatilité, ce qui n empêche pas certains marchés actions internationaux de terminer l année en hausse significative. Notre tropisme franco-français nous fait peut-être oublier que de nombreux indicateurs sont au vert dans le monde. L année qui débute ne sera certainement pas sans risque mais de réels espoirs de reprise pointent déjà à l horizon et il faudra être prêt à saisir les opportunités boursières qui ne manqueront pas de se présenter. Les mots-clefs de tout investisseur doivent être : vigilance et réactivité. BILAN BOURSIER DE L ANNÉE 2014 2014 : UNE ANNÉE BOURSIÈRE DIFFICILE À RÉSUMER EMPRUNTS D ÉTAT : POURSUITE DE LA BAISSE LES PÉRIPHÉRIQUES SE REDRESSENT Résumer l évolution des marchés financiers en 2014 relève de la gageure tant la volatilité a été le maître mot de l année écoulée. Début 2014 les anticipations des intervenants professionnels étaient très consensuelles. Selon eux, les taux longs des grandes puissances économiques mondiales étant très bas, ils devaient donc s orienter à la hausse au cours de l année. Cette prévision les avait conduits à préférer les investissements dans des actifs à risque offrant un meilleur rendement en raison de leur valorisation attractive. Les consensus sont faits pour être mis en échec. L année 2014 n a pas fait exception. Les marchés ont connu des comportements erratiques que l on peut résumer ainsi : - Les marchés des emprunts d État ont poursuivi leur hausse en raison de la baisse très significative des taux (États Unis de 2.88% sur le 10 ans à 2.17% ; Allemagne de 1.87% à 0.50% et la France de 2.46% à 0.74%). Ces niveaux de financement des États sont historiquement bas et reflètent l aversion au risque croissante des intervenants tout au long de l année. Les emprunts des États périphériques européens (Espagne, Italie, Portugal) ont également baissé. Les intervenants ont salué les efforts budgétaires de ces pays même si pour certains le chemin restant à parcourir est encore long. Seuls les États fragilisés par la baisse du prix du baril comme le Venezuela ou la Russie ont connu un envol de leurs taux d intérêt et un effondrement de leur marché obligataire. La dette privée offrait début 2014 un potentiel d appréciation significatif, les spreads étaient en effet encore élevés.
REBOND DE LA DETTE PRIVÉE DE BONNE QUALITÉ RISQUES SUR LA DETTE À HAUT RENDEMENT LES MARCHÉS ÉMERGENTS : UNE GRANDE HÉTÉROGÉNÉITÉ POURSUITE DE LA HAUSSE AUX ETATS-UNIS LE DÉCROCHAGE EUROPÉEN LES FACTEURS DE DÉSTABILISATION DES MARCHÉS EUROPÉENS SE MULTIPLIENT LA FRANCE ET LE ROYAUME UNI À LA TRAÎNE. Sur le segment de la dette avec une bonne signature, la performance a été significative. L indice ITraxx de 125 entreprises européennes est passé de 70 à 59 marquant la réduction du risque. Les fonds investis sur ce segment de marché ont largement profité de cette baisse des spreads. La dette privée d entreprises à la signature dégradée n a pas connu le même parcours. C est aux États Unis qu au mois de mars sont apparus les premiers signes de la dégradation des obligations à haut rendement. En octobre, ce mouvement s est accentué ; le segment a été particulièrement affecté par les risques de faillite de sociétés pétrolières outre atlantique, les investisseurs redoutant une crise de liquidité. Les marchés actions des pays émergents ont été déstabilisés par des facteurs géopolitiques et macroéconomiques comme la hausse du dollar et la baisse des matières premières. Toutefois, malgré des phases de baisse marquées pendant l année, la plupart des indices des pays émergents terminent l année en hausse (Inde : 35% ; Chine : 10%). Aux États unis, 2014 devait être une année de poursuite de la hausse. Les entreprises américaines non financières ayant démontré leur capacité à se restructurer après la crise, elles devaient maintenir leur mouvement de revalorisation boursière. Après un démarrage un peu poussif en janvier, le marché américain a tenu ses promesses et tous les compartiments de la bourse américaine ont progressé entre 8.5% pour le Dow Jones et 14% pour le Nasdaq. Alors qu au début de l année, les bourses européennes calquaient leur progression sur les marchés outre atlantique, le mois de juin a marqué une rupture dans la performance avec un décrochage des marchés européens. La valorisation des actions européennes restait particulièrement attractive par rapport à celle des sociétés américaines mais les intervenants se sont alors focalisés sur les perspectives peu réjouissantes de l économie du vieux continent, renforcées par des anticipations de déflation. La remontée du dollar qui débute en mai a également un impact négatif sur les marchés européens. Les investisseurs américains sont tentés de rapatrier leurs avoirs et de réaliser leurs positions en Europe, alimentant ainsi les flux vendeurs. Après le trou d air d octobre, sur fond d inquiétude sur la capacité de la BCE à redynamiser la croissance européenne, les indices d actions européens se redressent en novembre grâce à des résultats d entreprises supérieurs aux attentes. La volatilité s est fortement accrue au cours des douze derniers mois atteignant en octobre les 25 points, niveau de mi-2012. Les performances annuelles des marchés en Europe sont cependant assez hétérogènes et traduisent des anticipations très différentes entre les économies des pays. Le Royaume-Uni et la France sont les marchés en retard mais les raisons de ces sous performances sont très différentes. Les intervenants anticipent la remontée des taux par la Bank of England alors que les marchés sanctionnent en France une économie affectée par une absence de réformes structurelles (Royaume-Uni : -2.5% ; France : -0.5%). D autres pays européens affichent des belles performances sur l année comme l Allemagne : 3%, la Suisse : 10% ou l Espagne : 4%.
Ce tour d horizon des performances des marchés en 2014 nous inspire plusieurs constats : FAIBLE RENTABILITÉ DES ACTIFS SANS RISQUE PRIME DE RISQUE FAVORABLE AUX ACTIONS LES SIGNAUX À SURVEILLER EN 2015 LES FACTEURS GÉOPOLITIQUES L ÉVOLUTION DE L ÉCONOMIE MONDIALE LES POLITIQUES DES BANQUES CENTRALES LE PÉTROLE ET LE DOLLAR Les actifs sans risque offrent désormais une rentabilité particulièrement faible. Ce constat s impose également pour les fonds en euros dont la rentabilité va progressivement décliner en raison des contraintes d investissement des compagnies d assurance. La prime de risque qui mesure la différence de rendement entre les actions et les obligations est de plus en plus favorable à l acquisition d actifs risqués dans une optique de placement à long terme. Quelles anticipations peut-on avoir quant à l évolution des marchés en 2015? Faire des pronostics sur les niveaux des indices boursiers relève de la boule de cristal. Il nous semble plus raisonnable d énumérer les facteurs qui pourront faire évoluer les tendances de marché. Tout au long des prochains mois nous allons analyser des signaux géopolitiques, économiques et monétaires qui seront déterminants pour les actifs financiers. Dans le domaine géopolitique les risques sont nombreux. Bien sûr la Russie et le Moyen Orient sont au cœur de l actualité mais il faudra également observer l évolution des élections en Grèce et dans d autres pays européens comme la Grande Bretagne qui pourraient voir la montée en puissance des partis antieuropéens. L économie mondiale est sans nul doute le point majeur qui déterminera les inflexions des marchés cette année. Nous surveillerons avec attention les États Unis qui devront confirmer la bonne tenue de leur croissance, l Europe qui devra faire face à un double risque de déflation et d absence de reprise et les pays émergents qui devront poursuivre leurs réformes sans déstabiliser leurs économies. On peut également anticiper que les banques centrales vont cette année encore jouer un rôle déterminant avec un pilotage de la politique monétaire qui aura très certainement un fort impact sur les marchés boursiers. L objectif reste toujours la baisse du coût de la dette dans de nombreux pays occidentaux ainsi que le soutien de la croissance. Le resserrement monétaire prévu aux États Unis dépendra non seulement des indicateurs économiques outre atlantique mais également des anticipations de la FED sur sa capacité à gérer une hausse des taux sans ralentir la croissance. Bien sûr, les yeux de tous les économistes et de tous les intervenants de la planète seront rivés sur le prix du baril de pétrole et sur le dollar. Mais les effets de leur évolution restent difficiles à appréhender, d autant qu ils résultent pour une très large part, de facteurs purement spéculatifs. Ainsi, la hausse du dollar contre euro est une bonne nouvelle pour une économie européenne à la traîne, tout comme l est la récente baisse du prix du baril de brut. Mais une poursuite de ces tendances pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la reprise américaine d une part, et sur l état des économies émergentes d autre part. Et il est particulièrement aisé, pour des marchés gavés de liquidités, de passer d un excès d optimisme à un excès de pessimisme, ou vice-versa. Nous verrons probablement se reproduire des épisodes de corrections brutales et rapides, comme celles que nous avons observées en octobre ou en décembre..
Tous ces indicateurs alimenteront nos commentaires au cours de l année et notre objectif sera d analyser au mieux les inflexions durables en écartant les mouvements à courts termes résultant plus d une volatilité excessive que d une réelle remise en question des fondamentaux. OBJECTIF : UNE ANALYSE RIGOUREUSE DES TENDANCES UNE ALLOCATION D ACTIFS DIVERSIFIÉE Il y a également fort à parier que comme chaque année, 2015 nous réservera son lot de surprises qu il nous faudra également décrypter afin de vérifier si de nouveaux signaux pourraient être de nature à modifier durablement l environnement des marchés financiers. Nous devrons donc nous efforcer de nous projeter dans la durée en construisant une allocation d actifs marquée par une très large diversification et une extrême vigilance quant à la qualité de la gestion des fonds et leur réactivité.