LE DIAGNOSTIC ENERGETIQUE EN INDUSTRIE: le bon moyen pour arriver à ses fins, dès lors que l on ne confond pas la fin et les moyens.
LE DIAGNOSTIC D HIER ET D AUJOURD HUI: Le diagnostic énergétique est un outil qui s inscrit dans un contexte en forte évolution, voire de révolution énergétique en l occurence. Son emploi, sa portée sa méthodologie, voire son intitulé a évolué au fil des décennies. Cette évolution est intimement liée à la problématique qui lui est directement associée, à savoir l efficacité énergétique (EE). Ainsi, du temps de mon Grand-Père, Jean Barrault développait son expertise d Ingénieur Thermicien dans le cadre de gros projets de chaufferies (Paquebot Normandie par exemple). Nous étions alors, avant et après guerre dans le paradigme énergétique du charbon. En cette période post-révolution industrielle, la fourniture d énergie sous toutes ses formes était loin d apporter les même garanties de qualité et de fiabilité qu aujourd hui. De fait, l efficacité énergétique était alors associée à une problématique de fiabilité et il s agissait alors de diagnostiquer ces dysfonctionnements: Révolution industrielle EE = Fiabilité énergétique
Mon Père a quant à lui a exercé son métier d Ingénieur Thermicien en étant d abord industriel dans les années 60, à savoir constructeur et installateur de chaudières vapeur. Cette période des années soixante fut marquée par une transition énergétique très nette au profit des produits pétrolier et du Fuel Lourd en particulier en Industrie. D un point de vue économique, nous vivions alors la période faste des 30 glorieuses qui imposait aux industriels une priorité simple: croître et répondre à la demande très forte de l époque. L essentiel des moyens financiers se devaient d être consacrés à l outil de production, malgré une relative vétusté des installations énergétique. L efficacité énergétique avait alors pour contrainte principale de «produire plus à moyens constants» «30 glorieuses» EE = Produire plus à moyens constants A cette époque, le diagnostic énergétique n existe que sous sa forme embryonnaire, en particulier en raison de la faiblesse des outils disponibles, notamment de mesures, et l enjeu principal était de cerner et traiter par les énergies un certain nombre de pistes d amélioration de productivité des Process ou de Qualité des produits.
Les années 70 et les chocs pétroliers successifs ont conduit à un bouleversement psychologique, économique voire culturel: l énergie a un coût et devient un enjeu à part entière pour la performance financière et la compétitivité des entreprises. Cette période voit d ailleurs l émergence et le développement massif du gaz naturel en tant qu énergie de substitution. D un point de vue économique, c est aussi l émergence d un phénomène aujourd hui bien connu, à savoir la mondialisation des échanges, la globalisation de la compétition économique bloc après bloc, hémisphère après hémisphère. Cela contribuera à intensifier l enjeu clé au fil des décennies qui est de «produire à moindre coût». mondialisation EE = Produire à moindre coût Le diagnostic commence à poindre son nez sous des appellations diverses telles que l audit ou l expertise énergétique. En 1977 est d ailleurs né un diagnostic obligatoire (expertise triennales suivant l arrêté du 5 juillet 1977), qui a impulsé une première vague significative d études, le plus souvent globales.
Successivement des Agences gouvernementales tels que l AFME (Agence Française pour la Maîtrise de l Energie) puis l ADEME ont pris en main la promotion et le développement de ces démarches, à ceci près que l action entreprise par les industriels a régulièrement oscillé au cours des années 80 à 90 au gré des variations du prix de l énergie. Il semble qu aujourd hui nous vivions une période de transition énergétique dont l Efficacité Energétique constitue un élément clé, d un point de vue économique d abord, le Kwh économisé étant le moins cher, mais aussi aujourd hui d un point de vue environnementale. Le temps de la pénurie et du «Peak Oil» approche avec son cortège de hausse des prix de toutes les énergies, amplifiée maintenant par le coût croissant des émissions carbonées. Transition Energétique EE = Produire à moindre coût, anticiper et gérer la pénurie et maîtriser l impact environnemental Le diagnostic énergétique qui longtemps été perçu comme une fin en soit, considérant que l industriel prenait en main le plan d action qui en découle a certainement vécu. Il reste un outil essentiel de la démarche, d ailleurs entériné dans la norme ISO 50 001, mais il s inscrit nécessairement dans un schéma et un dispositif global qu il convient de décrire.
Le diagnostic énergétique d aujourd hui est bien sûr le fruit de cette évolution, et même le cumul de cette progression dans la mesure où l efficacité énergétique impose aussi la fiabilité, la productivité, la qualité, la performance financière et économique. Le diagnostic est donc l instrument clé de cette démarche, associé de manière incontournable à la mesure, car comme le veux l adage: «on ne comprend bien que ce que l on mesure bien». DIAGNOSTIC Productivité Fiabilité MESURE Maîtrise des coûts Efficacité Energétique
Dans un contexte initial plus ou moins flou, le diagnostic énergétique intervient en premier lieu comme un moyen de clarifier une situation. Cela constitue la phase d état des lieux indispensable pour cerner l état de performance générale d un site, les voies d optimisation et les moyens à déployer. EFFICACITE? CAPACITES? QUALITE? RISQUES? kwh Electricité Gaz naturel Fuel Eau Tonnes de produits kwh/ton
Dans cette démarche, la progressivité a son importance. Ainsi, là où la pratique 20 ans en arrière consistait à déployer d emblée un audit global sous la forme d un large râteau englobant tous les sujets, y compris à faibles enjeux, la pratique a évolué vers une étape préliminaire qui constitue le radar à partir duquel le diagnostiqueur et l industriel peuvent cibler les axes prioritaires, tout en gardant une vision globale de la problématique. PREDIAGNOSTIC ENERGIES PLAN DE MESURAGE Actions immédiates & potentiels d optimisation Quels indicateurs et dans quel but? DIAGNOSTICS INSTRUMENTES Investigations approfondies, plan d actions détaillés: solutions & rentabilités SUIVI & PILOTAGE Atteindre les objectifs, les pérenniser, les améliorer
LE PRE-DIAGNOSTIC ENERGETIQUE Objectifs: Etablir un état des lieux de l efficacité énergétique globale d un site Identifier les faiblesses et marges d optimisation Evaluer d un point de vue qualitatif le degré de maturité d un site, et donc de son encadrement, à la démarche d Efficacité Energétique Cerner les pistes d économies, les moyens et la méthode à déployer ainsi que les rentabilités escomptées Elaborer et suivre un plan d action à court et moyen terme au moyen d indicateurs pertinents Intégrer les pistes de moyen terme dans un véritable Schéma Directeur Energies Caractéristiques de cette mission: Durée: courte (4 à 8 jours) Complexité: élevée en raison de la durée et de la faiblesse des informations disponibles Périmètre: Global, toutes énergies, Utilités et process principaux Instrumentation: faible (mesures ponctuelles) Caractère applicatif des solutions: faible, l objectif principal étant de cerner les enjeux et de permettre de bâtir un programme dont les perspectives de rentabilité seront maîtrisées
LE DIAGNOSTIC ENERGETIQUE Objectifs: Etablir un état des lieux détaillé et ciblé Etablir les coûts énergétiques spécifiques réels des Utilités à partir d une campagne de mesures complète, réalisée sur une durée et une période représentative de l activité du site. Identifier les points de dysfonctionnement et d inefficacité énergétique, analyser leur origine et les contremesures adéquates Décrire de façon précise les solutions à implémenter et les modes opératoires permettant d atteindre les objectifs de gains Elaborer une feuille de route avec l Industriel Caractéristiques de cette mission: Durée: longue (mesures et présence terrain au moins 7 jours, mission d ensemble très variables suivant les tailles de sites et la complexité des sujets: en moyenne 10 à 20 jours) Complexité: relative au projet et au degré d implication du site (équipe Process notamment) Périmètre: en général ciblé Instrumentation: complète pour opérer un bilan fiable et efficace Caractère applicatif des solutions: élevé, les solutions doivent pouvoir émerger et être formulées sous une forme «clé en main».
Le diagnostic énergétique: un champs d investigation en profondeur ---------------------------------------------------- Niveau 1: Energies primaires & Utilités Niveau 2: Distribution Niveau 3: Utilisations Process MAITRISE DE LA GENERATION: - Quantité/capacité - Qualité, fiabilité - Performance énergétique MAITRISE DE LA FOURNITURE: - clés de répartition fiables - comptabilité analytique énergétique - management de la performance ---------------------------------------------------- MAITRISE DE L UTILISATION: - aide à la décision - aide au pilotage performant - «symbiose énergétique» - coûts spécifiques
Le diagnostic énergétique un lien intime avec l ingénierie En effet, nombre des pistes d optimisation énergétiques identifiées dans les diagnostics ont pour origine une mauvaise ingénierie, hors il ne peut pas y avoir de bonne ingénierie sans un diagnostic initial sérieux. De même, les pistes identifiées dans le cadre du diagnostic nécessitent une ingénierie de qualité pour les mettre en œuvre et arriver au résultat escompté. Le bon sens veux que par exemple on ne lance pas la construction d un bâtiment sans une étude de sol ou sans avoir optimisé les surfaces déjà disponibles. La caractère très diffus et souvent mal maîtrisé de l énergie conduit souvent à faire l impasse de ce diagnostic dont les apports seront pourtant essentielles: - Quelles sont les pistes d optimisation de l existant, tant au niveau des moyens de production, que des usages des énergies et Utilités? Quelle en est l incidence sur mes capacités disponibles? - Quel est le profil de mes besoins actuels et les pointes? Est-ce améliorable? - Sur ces bases quelles sont les pistes et solutions potentielles qui se dégagent? Que décider et suivant quels critères? Les impacts sur les investissements (CAPEX) et les coûts d exploitation futurs (OPEX) peuvent être considérables. Hors fondamentalement, ce qui n est pas conçu et dimensionné de matière optimale dès l origine est très compliqué à rétablir a posteriori, en particulier des faibles rentabilités que cela engendre.
Norme et référentiel EN 16 001 et ISO 50 001: Depuis peu la normalisation s est emparée de l efficacité énergétique en entreprise sous la forme successive de ces deux normes, simple et pratiques. Elles constituent des guides simples et clairs d une démarche correctement construite. Dans ce cadre, le diagnostic et la mesures ressortent comme étant des piliers incontestable de la démarche. Il peut être très utile de s en inspirer voire de tendre vers cette certification. Cela ne procure pas les pistes d économies, mais la bonne approche pour y parvenir. www.afnor.org Référentiel BPX 30-120: Outre les normes citées précédemment, l AFNOR fut à l initiative d un référentiel de bonne pratique du diagnostic énergétique en Industrie. Ce référentiel est d ailleurs systématiquement utilisé aujourd hui par l ADEME pour cadrer la prise en charge de ces missions au titre de son dispositif d aide à la Décision. Une norme Européenne est en cours d écriture, ce qui contribuera à cadrer davantage le contenu et les modalités de cette mission. www.ademe.fr
PROFIL DU DIAGNOSTIQUEUR Bien entendu, il est délicat d établir un profil type du diagnostiqueur, mais un certain nombre de critères clés doivent être pris en compte: - niveau: en raison de la complexité des problématiques abordées les intervenants doivent avoir un niveau ingénieur ou équivalent - la compétence en thermique est importante, complétée par une expérience dans un environnement industriel d au moins 5 ans. - L intervenant se doit d avoir une vision globale et donc, outre certaines spécialités, il doit être capable de diagnostiquer toutes les Utilités industrielles d un site. Les références en la matière sont à regarder de près. - L intervenant doit maîtriser l outil de la mesure et disposer de moyens suffisants pour réaliser par lui-même des campagnes de mesures significatives en nombre et en complexité. - L intervenant ou ses collègues doivent disposer de compétences et expériences confirmées en Ingénierie pour être mesure de garantir le cas échéant le résultat final. - L intervenant doit disposer de garanties de probité et d objectivité dans ses prescriptions.
En conclusion: Le diagnostic est un moyen clé de parvenir à améliorer l efficacité énergétique d un site industriel, mais de fait, il ne constitue pas une fin en soit. Le diagnostic est une étape de bilan pour bâtir un projet, un plan d actions, à partir d éléments factuels et validés par un Expert, confronté aux contraintes du sites (budgets, seuils de rentabilité, capacité des équipes, Process, Qualité, Sécurité, Réglementation, ), et aux ambitions de sa Direction. Le diagnostic est fondamentalement un travail d équipe entre le Consultant, qui est le Maître d Œuvre de la démarche, et l équipe du site. C est ce travail collaboratif qui fait émerger les solutions les plus pertinentes et permet leur concrétisation dans un deuxième temps. Le diagnostic est indissociable de la mesure et doit constituer le point de départ d une démarche durable de suivi de la performance énergétique, et donc de création d indicateurs et d animation par un pilote énergies. Enfin, le diagnostic ne doit pas être un simple recueil de bonnes pratiques, ni un registre de «YAKA FAUKON», mais il faut qu il aboutisse concrètement au «Comment fait-on», pour lequel l ingénierie apportera une contribution clé.
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