Alice ROUYER REHAL, 10 juillet 2014. Alice ROUYER LISST Université Toulouse II Le Mirail/ Jean Jaurès



Documents pareils
Mettre en place de plateformes inter-opérables mutualisées d informations et de services.

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

«Politique des ARS pour les seniors»

Proposition : LE SALON BTOB DES TECHNOLOGIES ET SERVICES POUR LES SENIORS

Contrat d étude prospective de l emploi et de LA formation de la filière santé dans le Nord-Pas de Calais. Synthèse des résultats

L approche éthique en gérontechnologie

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Définition, finalités et organisation

LA NOUVELLE TÉLÉASSISTANCE

Capteurs pour la santé et l autonomie. Nouvelles approches technologiques. pour le suivi sur les lieux de vie

DOSSIER DE PRESSE. Une nouvelle activité vient de voir le jour. «Le BTP Gériatrique»

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

Région Midi-Pyrénées, un territoire innovant pour la silver économie

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

Appel à projet. Bourse Charles Foix édition Silver Valley - tous droits réservés

Comment réussir le déploiement de votre communauté B2B et réduire les coûts de votre chaîne logistique?

Télésurveillance à domicile de patients chroniques et pratiques collaboratives : arrêt sur image vu d un Industriel

Le décret du 2 mars 2006 a institué le Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique de niveau V.

Le projet de loi relatif à l adaptation de la société au vieillissement

BLEU CIEL D EDF, L EXPERTISE D EDF AU SERVICE DES ÉCONOMIES D ÉNERGIE

Allocution d ouverture de Jean DEBEAUPUIS, Directeur Général de l Offre de soins

Atelier «Vieillissement de la population et habitat»

NOUVELLES TECHNOLOGIES

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Baromètre de l innovation

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

EDUCATEUR SPECIALISE ANNEXE 1 : REFERENTIEL PROFESSIONNEL

La Téléassistance Active

Des prestations au service des entreprises des filières innovantes et des entreprises de croissance

Projet de santé. Nom du site : N Finess : (Sera prochainement attribué par les services de l ARS) Statut juridique : Raison Sociale :

DOSSIER DE PRESSE

Proyecto Telemedicina

PRDFP Le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles. cohérence. Concertation. Innovation.

La télésanté clinique au Québec: un regard éthique par la CEST

Délivrance de l information à la personne sur son état de santé

Comment la proposer et la réaliser?

2.1 - Améliorer l offre de soins sur le Pays

ARRÊTÉ du. relatif au cahier des charges de santé de la maison de santé mentionné à l article L du code de la santé publique.

Partie I Stratégies relationnelles et principes d organisation... 23

Bien vieillir à domicile : accompagner les seniors

10 ENGAGEMENTS, 30 PROPOSITIONS DE LA MAJORITÉ DÉPARTEMENTALE «Avec vous, une Saône et Loire innovante et attractive»

Synthèse du «Schéma Directeur des Espaces Numériques de Travail» A l attention du Premier degré (doc réalisé par Les MATICE 76)

Management des organisations et stratégies Dossier n 10 Veille et intelligence économique

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Le processus de professionnalisation du cadre de santé : Cadre de santé ou Cadre de soins?

PROGRAMME D INTERET GENERAL ADAPTATION DES LOGEMENTS AU VIEILLISSEMENT ET AUX HANDICAPS. Bilan DECEMBRE 2010

Document de travail «Conduite de l évaluation interne dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes» Mars 2011

Les projets d investissement en PME

Le service public hospitalier et la vulnérabilité : Les équipes mobiles de gériatrie. Pr Nathalie Salles Pôle de Gérontologie CHU Bordeaux

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS SOLIDARITÉS

PÉRENNISER LA PERFORMANCE

Bernard BONNE Président du Conseil général de la Loire

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Marketing stratégique : Du diagnostic au plan marketing stratégique

Présentation Mobilité CRESTEL

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

Cliquez pour modifier le style du titre. Emergence de projets

CONFERENCE NATIONALE DU HANDICAP. Relevé des conclusions

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

CAHIER DES CHARGES Pour la mise en œuvre d une maison de santé pluridisciplinaire En Lot-et-Garonne

pas de santé sans ressources humaines

Retours d expériences ATELIER EQUILIBRE. Viviane Granseigne Animatrice et formatrice d Ateliers Equilibre et Prévention des Chutes

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR ÉPREUVE DE MANAGEMENT DES ENTREPRISES BOITIER PHARMA

Des compétences numériques à la littératie numérique

Solution. collaborative. de vos relations clients.

L OUTIL NUMERIQUE CARACTERISTIQUES ET FONCTIONNALITES

La démarche d intelligence économique

MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES, DE LA SANTÉ ET DES DROITS DES FEMMES SANTÉ

PRESENTATION DU LIVRE BLANC 2013 I TELEMEDECINE 2020

Dossier de presse. Adaptation des logements à la perte d autonomie : Des moyens renforcés pour Mars 2013

Réingénierie du Diplôme de Masseur Kinésithérapeute. Point d étape Organisations professionnelles COPIL Journée UIPARM 3 octobre 2014

MONITEUR-EDUCATEUR ANNEXE I : REFERENTIEL PROFESSIONNEL. Le moniteur-éducateur intervient dans des contextes différents :

BABEL LEXIS : UN SYSTÈME ÉVOLUTIF PERMETTANT LA CRÉATION, LE STOCKAGE ET LA CONSULTATION D OBJETS HYPERMÉDIAS

blgpec : Où en est mon établissement? Sommaire :

Formations Développement personnel. Ressources humaines. Management. Bureautique. Vente. Hygiène.

Télémédecine, télésanté, esanté. Pr. François KOHLER

POUR LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE D EST ENSEMBLE

Pour une entreprise plus performante

Les personnes handicapées ont les mêmes droits

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

Nous avons besoin de passeurs

Innovation Capital annonce le lancement du fonds d investissement sectoriel SISA dédié à la filière Silver économie

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

IMMED Monitoring vidéo porté

DOSSIER DE PRESSE. Salon de la Santé et de l Autonomie Pavillon 1 Stand L22

Des solutions de croissance pour les PME du logiciel

REFERENTIEL STRATEGIQUE DES COMPETENCES DU RESPONSABLE DE FORMATION EN ENTREPRISE INTERVENTION DU 13 OCTOBRE DE VERONIQUE RADIGUET GARF (*) FRANCE

Journées de formation DMP

LA DÉPENDANCE DES PERSONNES ÂGÉES

LES MODES D ADAPTATION ET DE COMPENSATION DU HANDICAP : Les personnes handicapées motrices à domicile (enquête HID 1999)

Les seniors, une cible délaissée

TIC et Santé à domicile

e-cap Sensibilisation, formation de formateurs, accompagnement des projets de e-formation Retour d expérience Agnès Colin de Verdière

Transcription:

Alice ROUYER REHAL, 10 juillet 2014

L habitat intelligent : pourquoi?

Quel contexte? Deux processus congruents : le vieillissement démographique la prolifération des dispositifs intelligents dans notre quotidien et dans notre cadre de vie. Les principaux destinataires et usagers des dispositifs intelligents seront les classes d âge élevées

Quels enjeux? L habitat intelligent «au service du besoin d autonomie des personnes âgées» est à la croisée de plusieurs enjeux: Adapter l habitat aux situations de handicap ou aux incapacités fonctionnelles liées à la progression en âge : mieux vivre à domicile en étant âgé (accessibilité, levée des «barrières») Faire du domicile le lieu du «care» : de la prise en charge médicale et médicosociale des patients âgés (réduire les coûts) Faire de l habitat intelligent un catalyseur de développement de hautes technologie (développer la Silver économie)

Quels acteurs? De très nombreux acteurs concernés Acteurs de l habitat (collectivités locales, bailleurs, promoteurs constructeurs, concepteurs) Acteurs de l accompagnement social ou «soutien à domicile». Associations, entreprises Acteurs de la prise en charge médicale (médecine de ville, professions paramédicales, etc.) Concepteurs, grands opérateurs techniques (réseaux, appareils, logiciels, etc )

Quels objectifs poursuivis? Offrir des logements ergonomiques adaptés aux plus âgés Acteurs de l habitat (collectivités locales, bailleurs, promoteurs constructeurs, concepteurs) Acteurs de l accompagnement social ou «soutien à domicile». Associations, entreprises Sécuriser (téléassistance), éviter l isolement et optimiser le management du care E-sante : diagnostic et suivi du patient fragile ou dépendant à distance, chez lui Acteurs de la prise en charge médicale (médecine de ville, professions paramédicale Concepteurs, grands opérateurs techniques (réseaux, appareils, logiciels, etc ) Développer des produits adaptés à cette cible de marché

Quels produits? Deux catégories de technologies à prendre en compte : Technologies du mieux vivre : dispositifs facilitateurs pour la menée des actes de la vie quotidienne dans le logement) ex : la domotique (baisser ses rideaux, ouvrir sa porte, allumer son four, lire son journal, utiliser une tablette numérique, communiquer, etc. enjeu d accessibilité : dispositifs intelligents associés à d autres (design des objets, du mobilier, conception architecturale). Ouverture vers d autres catégories de publics une question : concevoir un design singulier ou un design universel?

Quels produits? Deux catégories de technologies à prendre en compte : Technologies dites de l autonomie : des objets et applications focalisées sur la sécurisation, la surveillance, l assistance afin de répondre aux situations d incapacités avérées, ou d accompagner la prise en charge thérapeutique. Surveillance (téléassistance, détecteurs de chute, réfrigérateurs intelligents etc ) Monitoring (suivi d activité données actimétrique), e-consultation et e- diagnostic. Ex : analyse de la vitesse de marche, sommeil, activité nocturne. Assistance à la prise en charge ex: pilulier intelligent.

L habitat intelligent comme résolution de problèmes? La technique n est pas magique

La technique est magique! Les systèmes intelligents, auto-apprenant, la robotique offrent des potentialités de développement infini. L habitat intelligent met en jeu une pluralité de dispositifs. Stockage et traitement de big data Adaptabilité, apprentissage de routine, individualisation des dispositifs Mobilité, ubiquité Mais les dispositifs sont aussi vulnérables Obsolescence rapide des supports, maintenance, problème d interopérabilité, stockage Etc Attention également à penser l accessibilité des dispositifs en lien avec la sénescence et les pathologies liées à l âge (interactions Homme/machine)

Maturité organisationnelle? Toutes les applications qui peuvent s intégrer dans l habitat mettent en jeu, en arrière plan des organisations plus ou moins complexes. La technique est-elle un gage de leur performance? Quels gains d efficacité espèrent-elles de ces dispositifs? En quoi cela peut-il impacter en retour les institutions /acteurs de la prise en charge? En réalité, ces dispositifs interrogent l efficacité de la prise en charge, la segmentation des acteurs, (séparation hôpital/médecine de ville/accompagnement), leur articulation, leur organisation dans l espace (proximité?)

Maturité organisationnelle? Quelle maturité fonctionnelle? Quelle utilité? Modèle économiques? Qui paye (complexité du financement à l échelle de chaque individu)? Quels sont les «business modèles» qui rendent ces dispositifs rentables? Complexité du droit (respect de la vie privée, règles de circulation de données etc ) Complexité.de la technique (interopérabilité, durabilité des dispositifs)

Liberté/sécurité/autonomie Ces dispositifs questionnent la «société de sécurité» (individualisation/modes de normalisation et d anticipation du «risque»). Rien de tel que le contact humain Intimité : le domicile n est pas l établissement et encore moins l hôpital. Une personne dépendante est «autonome» tant que sa capacité de jugement n est pas durablement affectée. Il y a (encore) un droit à définir les limites de sa prise de risque. La question de la mobilisation des données est un vrai problème (profilage, enjeux d assurance etc.). On mérite sans doute a rester une inconnue..(gouvernement des conduites).

Dynamique de conception Vers des forums hybrides? Une conception principalement technocentrée, focalisée sur l acceptabilité sociale des techniques et non pas de ce à quoi elles servent Une figure de la vieillesse dominée par une approche biomédicale au détriment d une réflexion sur la qualité de vie, y compris aux âges les plus avancés, et/ou en situation de handicap. La nécessité de faire avec les publics concernés et les proches L innovation technique est une innovation sociale à «socialiser»

Recherche Valoriser les consortiums de recherche à la faveur de la structuration des filières sans oublier les SHS. Une grande quantité de domaine de recherches éloignés les uns des autres sont concernés par ses problématiques (sociologie de la vieillesse, gérontopsychologie, sciences cognitives, sociologie de l innovation, droit, économie, recherches sur l habitat, ingénieurs, sciences médicales) Exemple de Grenoble (articulation université/pôle de compétitivité/ Conseil général) Expérience du forum collaboratif de FORAVIQ à Toulouse.

Conclusion

L intelligence de l habitat intelligent c est - De favoriser le design universel - De penser «coûts» et bénéfices organisationnels - De ne pas prétendre résoudre les problèmes d inadéquation des dispositifs du care - De rester «à la main» de l habitant, sous son pouvoir, sans faire fi du paradoxe de l autonomie - De favoriser la qualité de vie à la sécurisation. - Ne pas oublier : la technique ne se substitue pas à l humain.