Rapport d étude diagnostic portant sur les activités de loisirs physiques et de pleine nature en Corse



Documents pareils
Compte rendu de la journée technique du mardi 23 septembre organisée par ODIT France à la Maison du Tourisme Paris

Avec près des deux tiers des

Typologie des séjours en Bourgogne en 2007 Suivi de la Demande Touristique 2007

L IMPACT DE LA MUTUALISATION SUR LES RESSOURCES HUMAINES

Master professionnel Urbanisme : stratégie, projets, maîtrise d ouvrage (USPMO)

Sociologie des joueurs en ligne

CRT Picardie. Enquête auprès des acteurs du tourisme

L a d é m a r c h e e t l e s o u t i l s p r o p o s é s

1. STRUCTURATION FEDERALE BI POLAIRE

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE CONVENTIONS COLLECTIVES. Convention collective nationale

L emploi lié au tourisme dans le Territoire de Belfort

- CONSEIL RÉGIONAL DE LA MARTINIQUE

Site(s) (lieux où la formation est dispensée, y compris pour les diplômes délocalisés) :

Séminaire éducation Focus Rythmes scolaires Compte-rendu 11 mars 2014

DOSSIER DE PRESSE. Assises du Tourisme Vendredi 21 novembre 2014 Pied-de-Borne

Modification de la Réforme du classement des Offices de Tourisme

Compte rendu de la réunion du 15 décembre

Rapport d évaluation du master

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

PLEIN PHARE SUR LA CLAUSE SOCIALE

ÉDITORIAL. Chiffres Clés. 29% des emplois. 11% des établissements employeurs de la région

Septembre N 87 L édition 2010 du Game Fair en Loir-et-Cher Profil des visiteurs et impact économique. Enquête réalisée du 18 au 20 juin 2010

Comité syndical 29 avril 2015 à Janzé

L emploi des jeunes dans les entreprises de l économie sociale et solidaire

Dossier de consultation pour une mise en concurrence AGENCE DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE DES

FORMULAIRE DE DEMANDE DE CLASSEMENT D UN OFFICE DE TOURISME DE CATEGORIE I 1/7

DE LA STRATEGIE LEADER. Appel d offres Novembre 2014

La construction du projet associatif. un outil d aide à la structuration

POUVOIR D ACHAT : la condition de vie des travailleurs

Axes de travail et plan d action 2015

A. Secteur des services aux entreprises

Panorama. de l économie sociale et solidaire

FORMULAIRE DE DEMANDE DE CLASSEMENT D UN OFFICE DE TOURISME DE CATEGORIE II 1/7

APFP. Les Pays, moteurs de stratégies de développement territorial et de gouvernance locale. Contribution de l Association de

Contrat d étude prospective de l emploi et de LA formation de la filière santé dans le Nord-Pas de Calais. Synthèse des résultats

«Donnons envie aux entreprises de faire de la Formation continue à l Université!» (Stand D07) La formation continue à l Université Fiche expérience

Mutualisation des compétences

Renforcer la mobilisation du droit commun

Atelier A7. Audit de la gestion globale des risques : efficacité ou conformité?

FICHE TECHNIQUE : METTRE EN PLACE UNE GPEC

Déplacement en corse de. Olivier buquen. délégué interministériel à l intelligence économique

CDC Entreprises présente son étude annuelle : Le capital investissement dans les PME en France

CONTRIBUTION DU CH-FO Le dialogue social et la gestion des ressources humaines

L environnement du conseil en évolution professionnelle et les premiers questionnements

Le système d accréditation n est pas un système basé sur la conformité à la. de ce fait, il se différencie

Les compétences des permanents face à la nouvelle activité que constitue le recrutement en CDI et en CDD

Position de l ASTEE sur l innovation en matière de services d eau et de déchets

Responsable d agence

Préparation des contrats de ville. Réunions Chefs de projet Novembre 2014

L ANALYSE DU «PARC SOCIAL DE FAIT» PARISIEN EN 2003 : UNE ANALYSE TERRITORIALISÉE DES PROFILS D OCCUPATION DES PARCS ET DES QUARTIERS

Direction des Ressources Humaines 14/10/04 CLASSIFICATION DU GROUPE CREDIT COOPERATIF

PROJET DOUGORE 2011 SUR LA DECENTRALISATION AU TOGO

Observations sur l avant-projet de loi, Loi sur l aménagement durable du territoire et l urbanisme

3 e partie L OFFRE D HÉBERGEMENT

L évolution des parts modales des déplacements domicile-travail

Séminaire du 17 octobre 2014 «La gestion des milieux aquatiques dans la loi MAPTAM et le SAGE : quels enjeux pour la Baie de Saint Brieuc?

LE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE

Contrat de Destination «Voyage dans les Alpes» Volet 4 : observation, Intelligence économique et territoriale

ACCORD DU 9 DECEMBRE 2014 PORTANT MODIFICATION DE L ACCORD RELATIF A L EGALITE PROFESSIONNELLE DANS LA BRANCHE CREDIT MUTUEL DU 21 MARS 2007

2.1 - Améliorer l offre de soins sur le Pays

C H A R T E D E S M A I S O N S D E S E R V I C E S P U B L I C S

Projet de loi de cohésion sociale / Propositions d amendements

C ) Détail volets A, B, C, D et E. Hypothèses (facteurs externes au projet) Sources de vérification. Actions Objectifs Méthode, résultats

PRÉSENTATION D EXTENDAM

AG ECONOMIE, EMPLOI, INDUSTRIE Section Paris 2 ème 28/02/2013

Conséquences des changements de mode de vie sur la production et la distribution des biens de consommation : résultats d une étude du CRÉDOC

Base nautique. Hébergement : 135 lits. Base de plein air

CAHIER DES CHARGES Pour la mise en œuvre d une maison de santé pluridisciplinaire En Lot-et-Garonne

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

Règlement du concours «Les Etoiles du Tourisme»

MASTER 1 MANAGEMENT PUBLIC ENVIRONNEMENTAL CONTENU DES ENSEIGNEMENTS

NOTE SUR L APPLICATION DE LA TAXE DE SEJOUR AU REEL ET LES DIFFICULTES LIEES A L INTERPRETATION DU BAREME Mise à jour 15 avril 2008

Résultats de l enquête Sport & Entreprise. mars 2009

quelles sont les spécificités du système de gouvernance des PME - PMI?

Deux outils élaborés en concertation avec les professionnels du tourisme régional

SOMMAIRE. 1. Le contexte p La démarche p Les critères par activité p. 4 et 5 Pêche VTT Pédestre Équestre

FICHES TECHNIQUES DES ACTIONS MENEES Bilan 2013

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

Accompagnement renforcé du public PLIE Cadre de référence de Plaine Commune, Le PLIE

Comportement Web des touristes québécois

Bilan de saison 2014 et propositions d actions 2015 Finistère > Ouest Cornouaille. Bilan de saison 2014 Agence Ouest Cornouaille Développement

CONTRAT DE PRESENCE POSTALE TERRITORIALE

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

Document de Consultation des Entreprises Préfecture de Corse

COMMUNICATION PREPAREE PAR M. BRUNO ROBINE AU NOM DE LA COMMISSION DE L EMPLOI ET DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Thème 2 : Le rôle du «secteur informel» dans l intégration régionale

Observatoire des courtiers d assurance. Point 0 - Avril 2011

CONTRAT DE VILLE DE NOUVELLE GENERATION

CHARTE DU SPORT DE HAUT NIVEAU

Le point de vue de l UNSA

ISBN-13 : Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009

Licence Economie-gestion

ASSEMBLÉE DES COMMUNAUTÉS DE FRANCE

Etude sur les Maisons des Services Publics en Europe (hors la France)

Epargne : définitions, formes et finalités.

Programmes Opérationnels Européens CADRE D INTERVENTION (FONDS FEDER)

C.R.I.T.E.R. Centre de Ressources et d Ingénierie du Tourisme en Espace Rural

Conférence de presse BearingPoint SP2C

«Panorama transfrontalier de l économie sociale et solidaire»

Le Président, Bordeaux, le 15 septembre 2011

Transcription:

Rapport d étude diagnostic portant sur les activités de loisirs physiques et de pleine nature en Corse Rapport final version provisoire Le lundi 26 novembre 2007 Docteur en sciences de gestion Expert près la Cour d Appel de Bastia Professeur associé à l Université de Corse 25bis, rue Luce de Casabianca 20200 Bastia tel. (495) 31 85 96 Email : marcsimeoni@aol.com www.marcsimeoniconsulting.com

Sommaire 1. Quelques éléments de méthodologie 4 1.1. Les objectifs de l étude 4 1.2. La méthodologie employée 7 1.2.1. Les différentes phases de la mission 8 1.2.2. Les sources d information 11 1.2.3. Les limites de la démarche d investigation 14 2. Les APPN en Corse : faits et enjeux 16 2.1. Le cadre général de l activité 16 2.1.1. Une première approche documentaire 16 2.1.2. Une analyse institutionnelle 24 2.2. Une analyse statistique secondaire 27 2.2.1. Le travail d inventaire 28 2.2.2. Les caractéristiques des entreprises 34 3. La perspective des entreprises du secteur 49 3.1. La conduite d une enquête qualitative 50 3.1.1. Les conditions de réalisation de l enquête 50 3.1.2. Les thématiques convergentes 53 3.1.3. Les thématiques divergentes 79 3.2. Les enseignements de l étude de terrain 98 3.2.1. Une typologie économique des acteurs privés sectoriels 98 3.2.2. Les facteurs bloquants du développement sectoriels 100 3.2.3. Les hypothèses économiques proposées 108 4. La conduite d une enquête quantitative 112 4.1. La conduite des opérations techniques de mesure 112 4.1.1. La rédaction du questionnaire 114 4.1.2. La réalisation effective de l enquête 117 2

4.2. Les résultats empiriques 124 4.2.1. Le cadre statistique et typologique 124 4.2.2. La validation des hypothèses 135 4.2.3. L élaboration d un canevas analytique global 152 5. Vers la définition d une politique publique spécifique 157 5.1. Le cadre général de la politique publique dédiée 158 5.1.1. Du diagnostic aux préconisations 158 5.1.2. Les choix stratégiques proposés 160 5.1.3. L encadrement de la démarche 161 5.1.4. Le recours à l Approche Cadre Logique (ACL) 163 5.2. Le contenu de la politique publique 165 5.2.1. Composante A : L appui à la structuration et à la performance du secteur privé 165 5.2.2. Composante B : La mise en œuvre d une politique intégrée et sélective de soutien public 179 5.2.3. La synthèse sous forme de cadre logique 205 5.3. Une proposition de mise en œuvre de la politique publique 216 5.3.1. Le cadre budgétaire global 216 5.3.2. Une illustration du phasage au moyen d un chronogramme 218 Liste des tableaux 221 Liste des figures 223 Annexes 225 3

1. Quelques éléments de méthodologie Il semble important, à ce stade initial du l exposé du travail, de détailler les conditions dans lesquelles ont été conduites l étude : outre la présentation traditionnelle du périmètre du travail effectué par les consultants, qui est nécessaire à la compréhension des résultats exposés, cette étape revêt, dans ce cas précis, un rôle et un intérêt particuliers, en raison du caractère exigeant de la méthodologie employée et de la qualité très hétérogène des informations statistiques utilisées. 1.1. Les objectifs de l étude La mission confiée à notre cabinet avait pour objet de contribuer à la définition d un plan de développement au bénéfice de la filière des Activités de loisirs Physiques et de Pleine Nature (ci-après notées APPN) de Corse : l ATC souhaitait définir une stratégie embrassant l ensemble de ces activités, sur la foi d un diagnostic économique objectif. Les paramètres environnementaux, issus du contexte économique et sectoriel, ont largement participé à la délimitation du contour de cette mission. Trois séries de facteurs, ordonnés par spécificité croissante, peuvent ainsi être distinguées : a) Une problématique sectorielle importante au regard des enjeux touristiques Dans un contexte mondial de croissance du tourisme et d accentuation de l intensité concurrentielle, le rôle direct et indirect des APPN dans les filières commerciales se trouve majoré. A l heure où la compétitivité des territoires s évalue à l aune de leur capacité à structurer leur offre sous forme de produits touristiques complets, plus qu à celle à promouvoir au sens strict, l offre de loisirs devient un facteur essentiel de la différenciation. La Corse en ce qu elle rassemble en un périmètre réduit une remarquable diversité de paysages préservés, se prête particulièrement à la réalisation de prestations de service 4

orientées vers la nature au sens large, et plus particulièrement vers la conduite d activités sportives. Le secteur insulaire des APPN, s il est apparemment bien inventorié dans la mesure où ses acteurs souhaitent faciliter leur mise en marché, demeure encore largement inconnu dans ses caractéristiques économiques et on ignore notamment ses véritables capacités intrinsèques de développement. b) La spécificité insulaire Du point de vue des APPN, cette spécificité s exprime selon plusieurs dimensions et contraint diversement l expansion de la filière : i) La dimension géographique Si le relief tortueux de l île associé à la pauvreté des infrastructures de transport est généralement considéré comme un handicap en matière de développement, il représente bien plus un avantage dans le domaine des APPN en offrant un «terrain de jeux» et d aventure apprécié, particulièrement en association avec le littoral, en dépit des contraintes d exploitation supplémentaires s exerçant sur les entreprises du secteur. Par ailleurs, la démographie faible et les phénomènes de désertification confient de fait aux APPN un rôle d aménagement du territoire en accroissant le nombre de résidents sur place et en contribuant grandement à l attraction de flux touristiques. Ce phénomène est d ailleurs explicitement pris en compte par le cahier des charges qui préconise à juste titre une exploration de la fonction spatiale des APPN. Au total, la diversité physique des territoires recèle certainement des potentialités intéressantes d aménagement mais complique singulièrement, en contrepartie, la tâche des politiques publiques en favorisant l hétérogénéité des structures économiques. ii) La dimension touristique Dans le contexte actuel de structuration de la politique touristique de la Corse, à l aune de la définition de la politique de soutien des offices de pôle et du changement de programmation, l importance de la localisation des activités dans la création de dynamiques infrarégionales semble accrue : sa prise en compte par la politique publique de l ATC notamment, jouera un rôle déterminant dans la constitution de l identité marketing des territoires et dans l étalement de la saison, fortement tributaire de l offre de loisirs connexes. 5

iii) La dimension économique La recherche d un positionnement économique d ensemble semble nécessaire à l organisation de la politique de développement d une île marquée par la faiblesse insigne du secteur privé et par un PIB par habitant inférieur à la moyenne nationale de près de 25 % : la Corse définit ainsi de manière croissante sa politique globale de développement autour de l axe environnemental, comme en témoigne par exemple l accent mis sur le domaine des énergies renouvelables. Le pendant touristique de ce choix plus large réside dans un positionnement nature accentué, attribuant une place de choix aux APPN comme facteur de capture de la valeur ajoutée mais aussi comme moyen de promotion. c) La modification de la répartition institutionnelle des prérogatives La Corse bénéficie d un dispositif institutionnel original dont la compréhension semble indispensable à l entendement des enjeux associés à la présente mission. La Collectivité Territoriale de Corse assume ainsi de nombreuses prérogatives en matière de politiques publiques, selon les termes de la loi du 22 janvier 2002 : plus particulièrement, elle s est vue confier un rôle de chef de file en matière de développement économique et d aménagement du territoire. L organisation de ces compétences s effectue selon une démarche croissante de territorialisation : ce phénomène suppose une prise en compte pondérée des spécificités microrégionales 1 dans la mise en œuvre de politiques sectorielles formalisées. En effet, la modification de la répartition des compétences à l aune de la loi du 22 janvier rend plus nécessaire encore une organisation volontariste des prérogatives pour œuvrer à une stratégie commune de développement, qui devra s intégrer aux divers documents 1 Les directives figurant dans les délibérations de l Assemblée apparaissent en la matière particulièrement éclairantes : «La majeure partie des interventions de la CTC a en fait clairement vocation à être territorialisée. L approche par territoire ne doit cependant pas réduire l action de la Collectivité Territoriale en matière d aménagement et de développement à l addition des interventions dans les 7 à 8 bassins de vie. Les besoins des territoires, notamment en matière d équipement, seront déterminés préalablement à toute intervention significative de la CTC, qu elle soit ou non maître d ouvrage et identifiés à partir des sources statistiques fournies par l INSEE (recensement de 1999 actualisé) ou de toute autre source fiable (diagnostics, études sectorielles ).La préoccupation de la Collectivité, au-delà des divers zonages demeure l équilibre entre les différentes parties de la Corse et le renforcement des solidarités rural/urbain, littoral/intérieur. Ses propres objectifs stratégiques ou opérationnels prévaudront et les implantations d équipements majeurs de rayonnement et d intérêt régional continueront de relever de ses propres choix. Ils seront naturellement actés dans le PADDUC. Dans cadre, la constitution de Pays structurés par des intercommunalités doit devenir un objectif majeur de la Collectivité Territoriale, car ils permettent de parvenir à une forme aboutie de la territorialisation des politiques publiques». 6

de planification en cours d élaboration (Contrat de plan Etat région ; Document Unique de Programmation). Cette action collective doit en outre tenir compte des spécificités avérées de l île en matière de politique de développement des filières : la multiplicité des acteurs institutionnels, investis de compétences parfois concurrentes en matière de développement économique dans un contexte de décentralisation 2, fait peser une contrainte majorée de coordination de l action publique sous peine d encourir une dilution importante des effets de cette même action. Dans ce contexte, l étude de la filière APPN en Corse réclame la mise en œuvre de solutions inductives, prenant en compte la dimension fortement spécifique du secteur, plus que l application de solutions stéréotypées, importées de tel ou tel territoire fondamentalement différent. Dans cette perspective générale, le recours à un conseil externe devait offrir une contribution technique de nature à permettre l atteinte de trois objectifs principaux : Offrir à l ATC une vision sectorielle juste, mêlant aspects qualitatifs et quantitatifs, des APPN ; Evaluer les perspectives de développement des acteurs et des dynamiques territoriales ; Elaborer un plan stratégique de développement formalisé autour d un système d axes et d objectifs. 1.2. La méthodologie employée La présentation de la méthodologie portera successivement sur les différentes phases de la mission puis sur les sources d informations consultées qui ont conditionné la délimitation du périmètre de l étude. On notera que la mise en œuvre de cette méthodologie s est effectuée sous le contrôle continu des services de l ATC par le biais d échanges de mails, de contacts téléphoniques et de réunions, notamment : 2 Cf. les compétences particulières dévolues à la Collectivité Territoriale de Corse par la Loi du 22 janvier 2002 7

Réunion du 21 février à Bastia avec Mr Serge Mari Réunion du 16 mai 2007 à Ajaccio avec Mr Jean-Marie Cottoni Réunion du 1 er juin 2007 à Ajaccio avec Mr Serge Mari. 1.2.1. Les différentes phases de la mission En préambule, si la finalité de la politique publique réside bien dans un développement touristique plus rémunérateur et mieux positionné commercialement, il convient de préciser que les moyens de la promotion sectorielle comme du diagnostic ne doivent toutefois pas se limiter aux marchés touristiques, sous peine d obtenir une analyse parcellaire des phénomènes étudiés. Pour répondre aux besoins identifiés précédemment, il semblait nécessaire de mener à bien une démarche double, associant les techniques de l analyse économique sectorielle à celles du management public, dans l esprit de se forger une vision générale des enjeux sectoriels et des modalités d adaptation à développer en corollaire. Afin de respecter ces principes d intervention, l exécution de la mission de diagnostic et de rédaction pour atteindre ces objectifs s est articulée autour de deux phases successives, comme l indique le cahier des charges. Phase n 1. Une approche descriptive et typologique des acteurs Cette première approche sectorielle avait pour but de favoriser l acquisition d une connaissance pointue du secteur des APPN, sur la foi de laquelle élaborer un dispositif de soutien efficace. Dans cette optique, outre l étude quantitative sur laquelle le cahier des charges insiste légitimement, on s est appliqué à mettre en œuvre au cours de cette phase des outils de nature différente afin de brosser le portrait fidèle du secteur : pour contribuer plus utilement à la définition de politiques publiques de soutien au développement et pour fédérer pratiquement l action des protagonistes de terrain, ce diagnostic initial requerrait l ajout explicite d une approche qualitative, afin de caractériser la filière en identifiant ses atouts et ses handicaps et surtout de souligner les facteurs bloquants de son développement. La mesure statistique permit par la suite de dresser le cadre macroéconomique de l analyse et cela semblait effectivement pertinent étant donné la pauvreté globale de l information statistique adressée à l île en général et à son économie en particulier. 8

Mais la connaissance sectorielle ne pourra durablement progresser qu au moyen d un pendant qualitatif de l étude statistique, en raison notamment du caractère fortement informel des structures assurant la conduite de ces activités d APPN. Phase n 2. Le cadre prospectif et les recommandations associées L ensemble de ces informations a constitué l embase d une approche prospective sous la forme d un plan d actions structuré en axes de développement. Ces derniers se découperont en objectifs majeurs et connexes. Le schéma présenté page suivante reprend l articulation de ces divers aspects du travail en explicitant leur insertion dans le corps du rapport. 9

Analyse documentaire et statistique (chapitre 2) L étude qualitative (chapitre 3) Les processus de management du secteur Les facteurs bloquants Les hypothèses de l étude quantitative L étude quantitative (Chapitre 4) Réalisation de l étude Typologie des acteurs Validation des hypothèses Figure 1. L articulationméthodologique Plan stratégique de développement (Chapitre 5) Principes d élaboration Axes stratégiques Mise en œuvre opérationnelle 10

1.2.2. Les sources d information Plusieurs démarches concomitantes ont été ainsi conduites afin de combiner les sources d information. Source n 1. Les recherches documentaires Cette étude initiale de la filière repose sur un certain nombre de démarches méthodologiques : La collecte d informations statistiques auprès des organismes publics (Observatoire du tourisme de l ATC, INSEE, services déconcentrés de l Etat) ; La collecte d informations statistiques auprès d acteurs privés (syndicats professionnels, organismes de formation) ; La synthèse statistique des informations commerciales disponibles et recensées par l ATC ou ses relais territoriaux ; Le recensement des acteurs identifiés de la filière, notamment les entreprises structurées dotées d un savoir-faire reconnu ; La production d une cartographie reflétant l intensité de l offre sur les microrégions insulaires. La construction de ce qu on pourrait dénommer une grille de connaissances s est heurtée en pratique, comme cela était d ailleurs prévu, à la forte hétérogénéité des indicateurs statistiques mobilisables. Les données nécessaires à l analyse ne sont pas toutes disponibles dans tous les domaines de requête comme cela sera explicité infra. De plus, les nombreuses données produites par les institutions et organismes ne sont pas toujours cohérentes entre elles ni de qualité équivalente, obligeant à l abandon de certaines sources d informations. Source n 2. Une étude qualitative Il s agissait par ce biais de décrire de façon lisible, notamment à partir de monographies d entreprises, l ensemble de l offre pouvant concourir au développement économique et stratégique de la filière pleine nature. Cette phase d investigation de terrain constitue également le préalable indispensable à la conduite d une enquête quantitative plus large, dont l ambition est de traiter des problématiques managériales et économiques complexes. 11

Parmi les interlocuteurs rencontrés, on a privilégié volontairement les acteurs privés qui représentent les «praticiens» de la filière. Afin de conduire à bien cette consultation, on a donc procédé selon la technique des entretiens dits semi-directifs, en recourant à un guide d entretien spécifique. Le guide d entretien utilisé à cette fin a donc revêtu une grande importance et est reproduit à l annexe n 2 du rapport. On notera que ces éléments ont irrigué toute la réflexion méthodologique aval débouchant sur la réalisation de l enquête quantitative. Ils ont permis l élaboration d un cadre d interprétation global des mesures statistiques directes réalisées par la suite. Le schéma présenté page suivante illustre le rôle essentiel de cette étape dans la méthodologie globale. 12

Analyse première des informations existantes Recherche documentaire : éléments administratifs, économiques, Collecte et retraitement des informations secondaires : statistiques diverses (brutes ou exploitées) Utilisation des éléments issus de l étape I de l étude : descriptif général de la population d entreprises La formulation d hypothèses économiques Recherches qualitatives Elaboration de guides d entretien spécifiques Réalisation des entretiens (logique de réplication) Collecte des documents spécifiques (structure de l offre, largeur et profondeur de la gamme) Détermination d un corps d hypothèses Se prêtant à vérification empirique Mettant en relation les caractéristiques des entreprises et leurs besoins d accompagnement La réalisation de l étude quantitative 13

Source n 3. Une étude quantitative Dans le prolongement de la modélisation supra, le schéma page 112 reprend les diverses phases de l enquête, en soulignant son articulation avec les étapes précédentes. On noteera ici que le questionnaire employé devait répondre à certain nombre d exigences techniques : il constitue en effet un des éléments essentiels de l enquête. Il est l instrument d enregistrement et de stockage de l information. C est pourquoi il convient d accorder beaucoup de soin à sa préparation et minimiser ainsi les biais statistiques (erreurs qui orientent les résultats d une enquête et susceptibles de fausser les conclusions) en rendant le questionnaire facile à remplir et incitatif. Son élaboration doit tenir compte d un certain nombre de contraintes dont le contenu est esquissé infra. Le pré-test qui a précédé son administration a permis d ajuster cet outil de recueil des informations aux exigences manifestes du terrain, comme cela est repris à la page 119. Au total, on a souhaité obtenir par ce traitement statistique, un certain nombre d informations : La fiche signalétique des entreprises du secteur (taille, âge, implantation, CA, effectifs, activités effectives, ) ; Les caractéristiques de leurs clientèles (origine, CSP, fidélité, hébergement) ; La liste de leurs principales difficultés en matière de management, recrutement, formation, commercialisation ; Leurs attentes en matière d accompagnement ; Leurs anticipations en matière de recrutement ; Leurs pratiques en matière de partenariats ; Une cartographie plus précise de l activité. 1.2.3. Les limites de la démarche d investigation Comme cela sera précisé par la suite, les caractéristiques générales du secteur demeurent un sujet d interrogations ; plusieurs explications peuvent être avancées : Les insuffisances globales du système de suivi statistique insulaire ; L hétérogénéité des intéressés et de leur représentation institutionnelle, qui disposent, parfois, d un suivi parcellaire, propre à leur secteur d intervention ; 14

La part de l économie souterraine qui se manifeste par exemple par la présence de multiples structures peu identifiables du point de vue des enquêteurs. Pour des raisons de confidentialité et de disponibilité, l accès aux bases de données fournies par l INSEE n a pu se réaliser que de manière indirecte : les services de l Institut ont en effet réalisé des retraitements qui nous ont été fournis sans qu il soit possible de manipuler directement les données sources, qui mettent en relation les différentes caractéristiques des entreprises concernées. Pour ce motif, il s est avéré impossible de procéder à la réalisation de traitements croisés des informations mettant par exemple en relation l implantation des entreprises avec leur taille mesurée en nombre d employés ou avec leur ancienneté. Cet inconvénient vient sérieusement limiter la portée de la typologie des entreprises qu il est possible de réaliser. Cet outil -dont la valeur initiale était opérationnelle- revêtira donc un aspect essentiellement descriptif. Le problème de la délimitation se focalise donc entièrement sur les contours du secteur concerné : cela conduit nécessairement à formuler un certain nombre de choix dans les domaines observés. Ces choix revêtent un caractère important du point de vue de la cohérence des options méthodologiques retenues dans l ensemble de la mission : des critères pragmatiques ont ainsi guidé la mise au point d une définition, comme cela sera expliqué plus avant infra (cf. p28). 15

2. Les APPN en Corse : faits et enjeux Cette partie permet de resituer le secteur dans son contexte international et local, puis de délimiter les contours du périmètre de l étude et ce, à deux niveaux distincts : En définissant les termes généraux et institutionnels du diagnostic ; Et en proposant une première mesure de la réalité économique et humaine des APPN dans l île, qui dresse le cadre macroéconomique de la réflexion. 2.1. Le cadre général de l activité De nombreuses publications ont traité au cours de ces dernières années de la problématique des activités de pleine nature, apportant de nombreux éclairages sur le fonctionnement sectoriel : une synthèse des éléments les plus pertinents permettra de prendre conscience de la logique économique qui préside au développement du secteur et introduira un rapide panorama des acteurs institutionnels. 2.1.1. Une première approche documentaire Un certain nombre de documents peuvent être ici mentionnés en ce qu ils facilitent la délimitation générale des activités concernées, la compréhension de leur dynamisme et de leur rôle dans la problématique touristique. a) Les tendances du marché français 3 L évolution du marché français permet de mieux comprendre les enjeux généraux comme touristiques du secteur Corse et simultanément d en délimiter la spécificité. 3 AFIT, Les loisirs sportifs de nature : les grandes tendances, 2004 16

i) Evolution et développement des APPN Les chiffres collectés par les divers observateurs soulignent une forte progression du secteur : selon Eurostaf par exemple, ce marché enregistre une progression annuelle de 7% pour les équipementiers pour un chiffre d affaires total de 30 milliards d euros, ce qui représente 25% des articles de sports. La filière apparaît comme un marché au potentiel important dans le développement touristique. En 2000, une enquête insep dénombre plus de 14 Millions de pratiquants âgés de 15 à 75 ans. En termes de proportion, cela représente 1 français sur 3. Les adeptes de sports de nature sont majoritairement des citadins (73% des citadins pratiquent une activité physique de pleine nature, sondage Louis Harris 2002). L accroissement du nombre de pratiquants entraîne une évolution de la perception nature. Cette dernière est synonyme d hygiène de vie et représente même un certain idéalisme politique en matière de protection de l environnement. Toutefois, avec le développement des APPN, la nature représente un terrain de jeu et d aventure où la recherche de sensations multiples est le moteur des adeptes. Ce développement s explique par un contexte favorable à ces pratiques sportives : L accroissement du temps libre Le besoin d un retour à la nature Un nouveau style de vie décontracté La nécessité d être bien dans son corps Le sport envahit le quotidien par le biais notamment des médias. ii) La demande Dans le but d obtenir une typologie de la clientèle, l AFIT dresse un portrait sociodémographique des pratiquants. L âge Deux types de pratiques ressortent : les activités techniques et à sensation, pratiquées par les 25-34 ans et également la tranche d âge la plus représentative du marché, puis celles de détente et de plaisir par les 35-49 ans. 17

Le sexe Les hommes sont largement prédominants pour les activités techniques et à sensation tandis que les femmes s intéressent plutôt aux activités de détente et de bien être. CSP La filière des sports de pleine nature demeure essentiellement fréquentée par une clientèle aisée. Cependant on observe une tendance à l ouverture vers le «grand public». Origine Les citadins alimentent la majorité de la demande (les régions Parisienne et Centre représentant les deux grands bassins émetteurs). En résumé, le marché des APPN concerne prioritairement une clientèle jeune, masculine, aisée et urbaine. iii) L offre Des années 1990 aux années 2000, l offre connaît une évolution avec l apparition de nouveaux espaces de pratique. Jusqu aux années 1990, on observe une diffusion géographique des sites ainsi que des itinéraires de pratique. De plus, l apparition d équipements innovants permet une pratique urbaine des sports de pleine nature (structures artificielles d escalade, parcours artificiels d eaux vives, pistes de ski). Depuis 1992, de nouveaux espaces aménagés apparaissent en milieu naturel : Via ferrata, randonnée, parcours acrobatiques, snow park, stades d eaux vives, etc. On peut résumer ainsi les grandes tendances d évolution des espaces de pratique : De plus en plus fermés et spécialisés De plus en plus payants De plus en plus «technologisés» De plus en plus à partir de territoires «non-dédiés». 18

b) L état de la filière dans l île au lancement de l étude Dans le rapport de stage de Mlle Ottavi fourni par les services de l ATC 4, une consultation des professionnels fait apparaître notamment les opportunités et les menaces du marché des APPN, les freins au développement de la filière ainsi que les principales attentes exprimées. Dimensions Points forts Points faibles Ouverture du tourisme Difficile à structurer car Economie et vers l intérieur filière hétérogène développement Possibilités de création Manque d emploi en local local d emploi dans le rural Manque d emploi qualifié Mauvaise utilisation des Promotion nouvelles technologies (Internet) Vecteur d images positives (APPN : notion Image d activités saines dans une nature préservée) Occupation de Concurrentielle l espace Conflit d usage Contribution à Une gestion non l organisation et la concertée peut avoir des structuration de l espace effets néfastes sur Environnement (débroussaillage, l environnement maintien des chemins) (débroussaillages abusifs) Formations adaptées Manque de formation en aux activités nautiques langues Formation et de sports aériens Manque de formation pour les activités de neige et de montagne Tableau 1. Approche multidimensionnelle des forces et faiblesses sectorielles 44 Aurelia Ottavi, identification des socioprofessionnels des composantes de la filière des activités de loisirs, physiques et sportives de pleine nature, rapport de stage Master tourisme Université de Corse 2004 19

Cette approche objective de la problématique sectorielle recoupe largement les informations de terrain collectées par les consultants. Concernant les facteurs bloquants du développement, les professionnels s accordent à pointer du doigt : l inadaptation des transports le para commercialisme l absence de promotion la lourdeur administrative l importance des charges et des taxes le manque d infrastructures et l obsolescence des infrastructures existantes le poids des investissements le manque d implication des pouvoirs publics. Suivant les lignes de force de cette analyse, souvent polémique et associant des éléments parfois incohérents ou très généraux, les attentes des socioprofessionnels s expriment dans les termes suivants : une collaboration avec le service Promotion de l Agence du Tourisme afin de mieux cibler les actions commerciales ; une aide décisionnelle et juridique, appréciable au regard des lourdeurs administratives ; Une lutte active contre le paracommercialisme matérialisée par la création de postes de surveillance ; L implication des pouvoirs publics dans l aménagement d espaces et dans l amélioration de la qualité d accueil des clients. La connaissance de la demande à l échelon insulaire se limite aux préférences exprimées par les clients en matière d activités mesurées par le sondage effectué par KPMG 5, qui analyse selon une échelle allant de 0 à 5 l intérêt pour les activités proposées. Sur la base des personnes pour lesquelles l intérêt est situé entre 4 et 5, on obtient la répartition suivante, pour les activités de pleine nature puis celles nautiques. 5 KPMG, Les activités pratiquées en 2006, Résultats et analyse, rapport commandé par l AGENCE DU TOURISME DE LA CORSE, 2006 20

Tableau 2. Répartition des activités par priorité pour les clients Sur le fondement des résultats obtenus, KPMG propose une typologie de la clientèle par activité. 21