PAROLES DE FEMMES ISSUES D UNE ÉTUDE QUALITATIVE SUR LES PERCEPTIONS DU DÉPISTAGE ORGANISÉ DU CANCER DU SEIN.

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1 PAROLES DE FEMMES ISSUES D UNE ÉTUDE QUALITATIVE SUR LES PERCEPTIONS DU DÉPISTAGE ORGANISÉ DU CANCER DU SEIN. Ipsos Santé / Institut National du Cancer Octobre 2005

2 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 1 INTRODUCTION Un an après la généralisation du dépistage organisé du cancer du sein, l Institut National du Cancer a souhaité donner la parole aux femmes de 45 à 74 ans concernées par ce dépistage, ou près de l être. Une étude qualitative, conduite par IPSOS Santé en septembre 2005, a permis de recueillir, dans 8 villes à travers la France, les témoignages de plus de 70 femmes. Nous présentons dans ce document 21 témoignages de femmes issus de ce travail d enquête de terrain. Les regards de femmes dépistées ou non, récentes utilisatrices du dépistage organisé ou habituées du dépistage individuel, issues de différents milieux sociaux, se croisent ici pour nous permettre de mieux comprendre les freins et les motivations à la pratique du dépistage organisé du cancer du sein. Le rapport d analyse de cette étude qualitative est disponible sur le site de l Institut National du Cancer : 1

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4 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 3 PROFIL DES FEMMES RENCONTREES Alice, 51 ans, habite l agglomération de Rouen, employée dans une pharmacie, est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Anissa, 58 ans, habite l agglomération de Nantes, secrétaire, utilisatrice régulière du dépistage individuel Ariane, 57 ans, habite en banlieue parisienne, retraitée, ne s est jamais fait dépister Audrey, 53 ans, habite à Paris 12 ème, hôtesse en recherche d emploi, est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Chantal, 59 ans, habite à Lille, agent immobilier, ne s est jamais fait dépister Colette, 67 ans, habite en périphérie de Lyon, retraitée gestionnaire de transport, est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Danièle, 47 ans, habite l agglomération de Nantes, professeur, utilisatrice régulière du dépistage individuel Françoise, 58 ans, habite dans les environs de Lille, formatrice en entreprise, utilisatrice du dépistage organisé Garance, 56 ans, habite l agglomération de Rouen, ne s est jamais fait dépister Gisèle, 68 ans, habite à Paris 15 ème, retraitée, est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Jacqueline, 67 ans, habite à Lille, retraitée, utilisatrice du dépistage organisé Jeanne, 53 ans, habite à Lyon, ajointe administrative dans la fonction publique, utilisatrice du dépistage organisé Josette, 60 ans, habite à Paris 18 ème, retraitée, utilisatrice du dépistage individuel Marilyne, 56 ans, habite Nantes, animatrice en centre de loisirs, utilisatrice du dépistage organisé Marthe, 60 ans, habite dans les environs de Lyon, hôtesse standardiste, ne s étant jamais fait dépister Mémona, 53 ans, mère au foyer, habite dans les environs de Toulouse, est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Mireille, 60 ans, habite l agglomération de Nantes, retraitée, ne s est jamais fait dépister Pauline, 72 ans, habite l agglomération de Rouen, utilisatrice du dépistage organisé Solange, 60 ans, habite dans les environs de Lille, au chômage (comptable de profession), est passée du dépistage individuel au dépistage organisé Sylvie, 51 ans, habite à Toulouse, sans profession, utilisatrice du dépistage organisé Viviane, 49 ans, habite dans les environs de Lille, secrétaire, utilisatrice du dépistage individuel 3

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6 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 5 ALICE Alice a 51 ans, elle travaille dans une pharmacie comme étalagiste. Elle est mariée et mère de trois enfants. Elle n a pas de problème de santé particuliers. Elle considère qu elle va relativement peu chez le médecin, qu elle n aime pas prendre de médicaments et aller passer des examens. Pourtant, elle se fait suivre de manière régulière par son gynécologue et passe les examens de routine. Elle a déjà passé environ cinq mammographies depuis ses quarante ans, la dernière, en 2004, était dans le cadre du dépistage organisé. Moi, je suis une mauvaise malade parce que je ne supporte pas de prendre des médicaments, d aller dans des hôpitaux. Quand je suis malade, il faut que ça passe tout de suite ( ). Je suis suivie par un gynécologue parce que j ai eu trois césariennes. C est lui qui me prescrit ma mammographie tous les deux ans. Je vais faire des frottis chez mon gynécologue tous les deux ans aussi. Je fais des analyses de sang parce que j ai un groupe négatif. Faire attention à sa santé, c est se faire suivre, faire des analyses de sang, faire attention, essayer de ne pas manger trop gras, contrôler son diabète et son cholestérol.» La mammographie est un examen qu Alice fait depuis ses quarante ans : Je fais des mammographies tous les deux ans pour dépister le cancer du sein, pour éviter le cancer. Quand on passe le cap des 50 ans, on nous dit qu on est plus sujette à un cancer du sein à cause des traitements hormonaux. J en ai fait cinq ou six. Je crois que c était au moment de ma pré-ménopause, vers la quarantaine. C est ma gynéco qui m a conseillée.» Certains membres de sa famille ont été victimes d un cancer. Pour Alice, cancer du sein rime avec ablation : C est une maladie qu on gère très mal, on n a pas de remèdes. On prolonge mais ( ). J ai des gens de ma famille qui sont partis à cause d un cancer : mon beau-frère et mon oncle. Si vous voulez, le cancer me fait peur parce que je me dis que ce sont des gens qu on voit aujourd hui bien ; la chimio, ça les déglingue complètement. On les voit se dégrader et je trouve ça un peu dommage. Ce n est pas un raisonnement que moi je tiens mais je me dis est-ce qu il ne vaut pas mieux les laisser partir maintenant que de les prolonger? ( ) Si on a un cancer du sein, il faut faire une ablation du sein. ( ) Moi, j ai une amie qui a eu le cancer du sein, ils lui ont fait l ablation du sein. Elle a été prolongée de deux ans mais après c est revenu.» «Quand on passe le cap des 50 ans, on nous dit qu on est plus sujette à un cancer du sein à cause des traitements hormonaux.» «Si on a un cancer du sein, il faut faire une ablation du sein.» «Moi, j ai une amie qui a eu le cancer du sein, ils lui ont fait l ablation du sein. Elle a été prolongée de deux ans mais après c est revenu.» 5

7 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 6 Alice obtient de l information sur le cancer du sein grâce au corps médical, à ses lectures dans la presse féminine, à la presse santé et aussi lors de discussions entre femmes : Les gynécos vous en parlent beaucoup plus. Ils vous demandent si vous avez fait les mammographies ; le médecin généraliste aussi quand j étais sous traitement hormonal, m a demandé à quand remontait ma dernière mammographie. Dans la salle d attente du médecin, il y a des petites affichettes sur le dépistage ( ). Je lis Femme Actuelle, Biba, Match, Elle, Top Santé ou Santé Magazine, ça dépend de mon humeur. Ce sont des mensuels. Dedans ils parlent du dépistage en disant que si on n a pas fait de mammo depuis un certain temps, il faut consulter. Si on a plus de 50 ans, il faut consulter aussi. Cette maladie, il faut la prendre à temps. Si on attend, c est trop tard. ( ) Entre nous, entre femmes, on en parle. Des amies. Quand je passe ma mammographie, je dis à mes amies qui ont à peu près le même âge que moi tu as passé la tienne?. On sait qu une personne de notre entourage peut avoir un problème donc on en parle» Elle va se faire dépister pour connaître son état de santé même si elle trouve l examen désagréable : «Entre nous, entre femmes, on en parle.» «Ça me rassure de savoir que je n ai rien. Le cancer du sein c est quand même un cancer de mutilation.» «Ce n est pas douloureux mais ce n est pas agréable. Si vous avez un radiologue qui le fait bien, ça va.» «Si on est d accord pour participer à un double dépistage, le gynéco renvoie les mammographies à un centre qui se trouve sur Paris.» Ça me rassure de savoir que je n ai rien. Le cancer du sein c est quand même un cancer de mutilation. ( ) L ablation et puis les souffrances, la chimio et tout ce qui va avec, le traitement Quand vous voyez la chimio, je peux vous dire qu après vous allez vous faire dépister. ( ) Ce n est pas douloureux mais ce n est pas agréable. Si vous avez un radiologue qui le fait bien, ça va. On vous met le sein sur un petit plateau et on l aplatit avec une tablette qui est dessus. Quand vous faites la mammographie, vous avez le sein qui est coincé. ( ) S il vous pince mal le sein, ça n est pas agréable. Il faut aussi que le radiologue nous mette à l aise parce que c est quand même un examen». Alice a passé sa dernière mammographie en 2004 dans le cadre du dépistage organisé. L examen a été fait au même endroit, à la clinique de son gynécologue, où elle avait l habitude d aller en individuel. Les conditions : accueil, matériel, disponibilité des équipes, Alice n a pas noté de différence si ce n est la double lecture. Maintenant, le gynécologue garde votre mammographie pour la remettre à un centre de dépistage qui refait un contrôle sur la mammo qu il voit. ( ) C est le gynécologue qui m a dit qu ils faisaient partie d un autre centre de dépistage. Eux regardent de nouveau la mammographie pour voir si le premier ne s est pas trompé. C est un doubledépistage. ( ) Si on est d accord pour participer à un double dépistage, 6

8 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 7 le gynéco renvoie les mammographies à un centre qui se trouve sur Paris parce qu ils sont encore plus perfectionnés dans la vision de la mammographie et ils peuvent dire s ils ont laissé passer quelque chose. Mais ils vous demandent si vous êtes d accord ou pas. ça se fait de plus en plus le double dépistage.» La lettre d invitation qu elle a reçue est perçue par Alice comme un rappel à l ordre : De recevoir cette convocation, ça fait qu on n avance pas le prix de la mammographie. Ça nous fait un petit rappel aussi. Si c est une femme dont le médecin ne lui parle pas, comme elle reçoit ça de la Sécu, elle se dit mon médecin ne m en a pas parlé, je vais lui en parler. ( ) Là, j ai reçu la lettre avec les relevés où il y a les remboursements. Il y a marqué n oubliez pas la mammographie si vous avez plus de 50 ans. C est plus un petit rappel. Ils disaient que c était le dépistage, que c était gratuit, qu on pouvait le passer n importe où, que c était gratuit pour les femmes de plus de 50 ans. ( ) Mais je préfère, même si ce n est pas remboursé, me faire dépister.» Alice reconnaît qu il est difficile de convaincre les non dépistées. Elle raconte le comportement d une de ses amies : J ai une amie qui s en fout. Elle n a pas envie de montrer ses seins. En plus, ce sont souvent des radiologues. C est rare que ce soient des femmes. Elle trouve qu elle n est pas concernée. Le jour où elle sentira quelque chose, elle verra mais pour l instant, ce n est pas son truc. Je ne sais pas ce qu il faut dire. Insister sur le fait que le cancer du sein c est important. ( ) Elle me dit ça va être un mec, je n ai pas envie, et si jamais je dois avoir un cancer du sein, j aurai des symptômes. Je lui dis oui ma chérie mais ça sera trop tard à ce moment-là. Mais bon, elle dit qu elle est en pleine forme, qu elle fait du sport. Ça lui passe par dessus la tête.» «La lettre, c est plus un petit rappel. Si c est une femme dont le médecin ne lui parle pas, comme elle reçoit ça de la Sécu, elle se dit mon médecin ne m en a pas parlé, je vais lui en parler.» «J ai une amie qui s en fout ( ). Elle trouve qu elle n est pas concernée. Le jour où elle sentira quelque chose, elle verra mais pour l instant ce n est pas son truc.» 7

9 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 8 ANISSA Anissa a 58 ans. Elle est mère de trois enfants et grand-mère de quatre petits enfants. Secrétaire dans la fonction publique, Anissa est une femme dynamique, qui pratique le tennis de manière assidue. Suite à une opération gynécologique et à des antécédents familiaux en matière de cancer du sein, elle se fait suivre régulièrement par son médecin généraliste et sa gynécologue. En matière de santé, Anissa est consciencieuse. Elle passe ses examens de contrôle de manière régulière. Elle n hésite pas à prendre des initiatives en matière de prévention et de participer aux bilans proposés par son travail. «Je vais voir ma gynécologue régulièrement, je fais des examens. Je suis en traitement hormonal.» «Je fais des examens tous les deux ans pour les seins et une écho des seins.» «J ai des antécédents, ma mère a eu deux cancers du sein.» «Le cancer, ça se guérit bien à partir du moment où c est pris à temps.» Depuis quelques années, je vais bien facilement tous les trois mois chez le médecin généraliste. Il y a deux ans j ai eu des fibromes ( ). Depuis ce moment là, j avoue que j ai souvent des petits problèmes de santé, des choses qui ne vont pas mais qui ne sont pas particulièrement liées ( ). Autrement je fais de l acuponcture. Là, disons que c est par à coups ( ). Si je me sens un peu moins dynamique, pour retrouver de l énergie ou si j ai un gros rhume, je me fais soigner par mon acuponcteur. En matière de prévention, je prends des vitamines naturelles que je trouve en parapharmacie ou en pharmacie. ( ) Mais autrement, je m achète toujours un cocktail, en fonction de la publicité dans la pharmacie. J en prends tous les jours, une fois par jour. Ça me conforte! ( ) Là, je vais commencer des soins chez le dentiste, je vais en avoir pour un an. J y vais bien tous les six mois sauf quand quelque chose de plus est envisagé. C est de ma propre initiative. Pour les bilans [glycémie et dosage du cholestérol], ça se passe au travail parce que tous les quatre ou cinq ans, on peut avoir un bilan ou à la demande des médecins ( ). Et puis je vais voir mon gynécologue régulièrement et je fais des examens. ( ) Tous les six mois pour un examen et pour une prescription parce que je suis en traitement hormonal. Je fais des examens tous les deux ans pour les seins et une écho des seins. ( ) Je vais en privé. C est ma gynéco qui m a donné le nom du cabinet, qui me l a conseillé même». Anissa répond sans hésiter que le principal problème de santé qui l inquiète, c est le cancer et particulièrement le cancer du sein en raison d un contexte familial. J ai des antécédents. Ma mère a eu deux cancers du sein. Le deuxième, l année dernière avec ablation. Ma belle-sœur aussi, c est quelqu un dont je suis très proche et qui a eu deux cancers du sein avec deux ablations. Elle a eu de la chirurgie plastique parce que c était 8

10 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 9 quelqu un de jeune. Elle avait moins de 50 ans sur le premier, 45 je crois, et 52 après. Enfin, elle a eu des ablations. Donc elle était contrôlée mais le deuxième cancer n était pas visible à la mammographie mais à l IRM. Ça s est confirmé à ce moment là donc il y a eu un peu de temps de perdu. Elle a eu de la chimio, enfin quelque chose de lourd. ( ) Je suis plus inquiète pour le sein et le cancer de la femme, de l utérus. Moi, de ce coté là, ça va. Je me suis fait tout enlever [l utérus] donc je n y pense plus mais je suis quand même entourée de gens qui ont eu des cancers. Amis, famille. Enfin, des gens qui ne sont pas morts sauf une personne qui est morte d un cancer de la peau ( ). Le cancer, ça se guérit bien à partir du moment où c est pris à temps.» Anissa considère le dépistage du cancer du sein comme un gain de temps contre la progression de la maladie. Le dépistage consiste à voir si on a une petite tumeur aussi minime soit elle, qui ne peut pas être faite au niveau du palpage si elle n est pas très avancée. Ca permet de voir quelque chose qui n est pas visible, en tout cas pas palpable. ( ) Les avantages du dépistage c est de prévoir, de pouvoir prendre quelque chose à temps, de gagner du temps sur la maladie.» Anissa se fait dépister de manière individuelle depuis plus d une quinzaine d années. J ai commencé il y a très longtemps. Ma première mammographie, c était vers quarante ans sur le conseil de la gynécologue, pas à cause de mes antécédents familiaux mais parce que j avais quarante ans. ( ) Depuis 48 ou 50 ans, je fais le dépistage tous les deux ans dans le même centre depuis 6 ans. ( ) Ça se passe très bien.» Elle raconte son expérience du dépistage individuel : On nous fait rentrer dans une pièce qui est à coté des appareils. On nous demande de nous déshabiller. On fait l examen. C est un examen normal. Quand on rentre de nouveau dans cette salle, on nous demande de ne pas nous rhabiller. Il y a une lecture afin de voir s il y a une autre mammographie qui va se faire, s il y a quelque chose qu ils ont mal pris ou un petit doute. On attend. On en repasse une autre. Il n y a pas systématiquement d échographie. S il y a une échographie, souvent la personne, elle parle. Elle dit tout va bien, je ne vois rien alors que pour la radio, rien. Après la radio, de nouveau salle d attente et après on est reçue par la personne qui a lu la radio et qui nous dit et nous fait un papier pour la gynéco. Ça dure une bonne heure. Une heure, une heure et demie.» «Les avantages du dépistage, c est de gagner du temps sur la maladie.» «Je fais le dépistage dans le même centre depuis 6 ans.» «S il y a une échographie, souvent la personne elle dit tout va bien, je ne vois rien alors que pour la radio, rien.» «Les centres sont surbookés, donc ce n est pas facile de prendre rendez-vous quand on travaille.» «C est une mammo gratuite tous les ans. J ai reçu des courriers plusieurs fois.» 9

11 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 10 Selon elle, le dépistage présente peu de contraintes par rapport au bénéfice tiré : Ça serait vraiment souhaitable qu il soit obligatoire parce que vous voyez ma mère qui ne faisait pas partie de la génération qui allait voir le gynécologue, son premier cancer, c est le hasard. Elle a vu qu elle avait une énorme boule. C est vraiment le hasard. Si elle avait eu une obligation ( ). En plus, c est quelque chose qui se fait facilement. Ce n est pas fatigant même si c est un peu désagréable, même si on vous aplatit la poitrine. Ce n est même pas une prise de sang, c est rien, ( ) mais ça demande beaucoup plus de temps. On attend quand même. Il faut compter une bonne heure. ( ) Pour moi, les endroits qui peuvent le faire c est systématiquement un centre de radiologie donc comme il y en a beaucoup, ça va. Sauf qu on est conseillé sur certains centres [par la gynécologue]. On va sur un centre dont on est satisfaite. ( ) Par contre, ils sont surbookés donc ce n est pas facile de prendre rendez vous quand on travaille, aux heures qui nous conviennent. ( ) C est toujours plus de 100 euros, il faut avancer l argent. Ce n est pas remboursé intégralement mais la mutuelle suit. ( ) Le fait qu il y ait des antécédents, ça compte énormément. On peut vraiment le maîtriser, ça serait dommage. On est en contrôle permanent à ce niveau. On a l impression, à la limite, que ça limite les risques.» Anissa connaît le dispositif de dépistage organisé : «Ça m arrangerait quelque part de ne pas avancer les sous.» «D après ma gynéco, la mammographie proposée n était pas une mammographie complète.» «Par contre la fiabilité des résultats, moi je vous dis non : c est moins fiable.» «C est comme si le gouvernement nous disait pour votre bien-être, pour votre santé, c est un cadeau!» Il y a l information comme quoi on peut se faire dépister, on reçoit le papier du gouvernement, je ne sais pas si c est du gouvernement ou du ministère, qui est envoyé et qui nous propose une mammographie. Pour moi, c est une mammographie qu on peut faire et on n avance pas l argent. C est une mammo gratuite en fait tous les ans, enfin j ai reçu des courriers plusieurs fois. ( ) Je me demande si ça ne fait pas six ou sept ans, la première fois où j ai reçu le papier. Ça remonte. J ai reçu le papier j avais 50 ans.» Même si elle reconnaît que l initiative est bonne et pourrait être arrangeante pour elle financièrement, Anissa n y participe pas. Elle invoque d abord des raisons de calendrier J allais le faire, comme ça, je n allais pas avancer d argent. Ca m arrangeait quand même quelque part de ne pas avancer les sous. ( ) Le problème c est que vous pouvez la recevoir mais vous avez déjà votre mammographie d il y a six mois. Donc ce n est pas la peine d y aller. Comme je suis suivie par ma gynécologue, c est elle qui détermine la période. A partir du moment où je vais recevoir un papier, ça ne va jamais correspondre pile poil au moment où je dois le faire. Il ne faut pas désorganiser.» 10

12 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 11 puis explique avoir été dissuadée par sa gynécologue : En plus, j en avais parlé à ma gynécologue, justement parce que j avais ce papier là, et elle me l avait déconseillé. D après elle, la mammographie proposée n est pas une mammographie complète. ( ) Elle m avait dit que ce n était pas une mammographie précise. Moi, je suis restée là-dessus. Je déchire le papier systématiquement surtout à partir du moment où ça m a été déconseillé. Quitte à la faire, faisons la bien. ( ) Alors maintenant, il faudrait que je lui demande si c était comme ça au départ et si c est comme ça aujourd hui parce que ça fait longtemps que je ne lui en ai pas reparlé.» Anissa imagine le dépistage organisé assez similaire au dépistage individuel. Une seule différence de taille à ses yeux : la fiabilité. Je pense que tous les radiologues sont à peu près au même niveau d équipement. Donc au niveau du matériel, il n y a pas de différence. Ils sont quasiment tous conventionnés. ( ) Je pense que l accueil doit très bien se passer, les compétences des professionnels de santé, normal. Par contre, la fiabilité du résultat, moi, je vous dis non : c est moins fiable.» Anissa juge malgré tout positivement l initiative, au moins sur le principe : Pour moi, c est positif, ça permet aux femmes d être alertées. La première fois, elles ne vont peut être pas le faire mais la deuxième, elles vont réagir. ( ) Le positif c est que ça permet de vous dépister le plus rapidement possible afin d éviter des opérations, éviter que la maladie ne progresse trop. ( ) Pour moi, dans ma tête, c est du gouvernement ou du ministère de la Santé. C est comme si le gouvernement nous prenait en charge et nous disait pour votre bien-être, pour votre santé, c est un cadeau. Enfin ce n est pas un cadeau mais c est quelque chose qu on peut considérer d agréable. ( ) Ca ne me paraît pas être la Sécu parce que je pense qu aujourd hui ce n est pas tellement leur rôle. La Sécurité sociale, c est plus dans le remboursement.» Mais elle ne se sent pas concernée par le dépistage organisé. Il est destiné selon elle à des femmes qui ne bénéficieraient d aucun suivi gynécologique : Je pense qu il est très bien pour les personnes qui n ont pas de suivi. ( ) Ça concernerait les gens qui ne vont pas voir le gynécologue régulièrement, qui n ont pas de contraception, pas de traitement hormonal après la ménopause. ( ) A mon avis, ce sont des gens qui vont «Ça concernerait les gens qui ne vont pas voir le gynécologue régulièrement, qui n ont pas de contraception, pas de traitement hormonal» «Il faut vraiment que je sache si c est le même examen.» «Je ne serais pas prête à changer de centre parce qu il est de qualité.» «Quand le médecin verrait sa cliente, il lui donnerait cette feuille et il lui dirait il faut faire ça.» 11

13 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 12 plus en médecine générale que vers la spécialisation du gynécologue et qui vont faire cette radio là. Leur docteur va leur dire «allez-y.» ( ) Si je n étais pas suivie par un gynécologue, ça serait bien de se dire «tiens, je peux aller faire mon dépistage, pas besoin de téléphoner à mon docteur.» Ça évite pleins de choses. ( ) Pour les personnes âgées qui ne sont pas d une génération qui vont voir le gynécologue, c est dommage que pour elles que ce ne soit pas obligatoire. Elles n ont pas de gynécologues, elles ne le font jamais. ( ) C est sûr qu à 90 ans, ça ne vaut pas le coup mais à 70 ans, je pense que là, il devrait y avoir une obligation.» Anissa a choisi de ne pas bénéficier du dépistage organisé. Elle a besoin d être convaincue de la qualité de ce dépistage Ce qui pourrait me faire changer d avis c est que la prochaine fois, je pourrais en discuter avec ma gynécologue en lui disant que j ai reçu des papiers et en lui demandant si ça tient toujours ce qu elle m a dit. ( ) Il faudrait vraiment que je sache si vraiment c est exactement le même examen, si l examen est aussi précis puisque j ai un doute à ce niveau-là.» Anissa ne veut au fond pas à avoir à changer ses habitudes : Mais a priori il n y a pas grand-chose qui pourrait me faire basculer parce que ça ne va pas me correspondre. Il faudrait que la feuille arrive au moment où j en ai un de prescrit, que ça arrive à ce moment là. Et ensuite que mon centre de radiologie me prenne puisque je ne sais pas s il est conventionné. Je pense que oui puisque je suis remboursée mais je ne serais pas prête non plus à changer de centre si le centre où je suis ne le fait pas parce qu il est de qualité. Il y a un bel espace, c est très agréable. Il est spacieux.» Elle pense que si l information d un dépistage organisé passait par le médecin, les femmes seraient davantage incitées à y participer. Si maintenant on a une obligation d avoir un médecin traitant, que ce soit lui qui en dispose et que quand le médecin verrait sa cliente, il lui donnerait cette feuille et dirait il faut faire ça. ( ) Ca aurait un impact. Il y aurait une communication, un dialogue. Le médecin pourrait avoir un paquet sans nom écrit dessus et quand il voit sa patiente de plus de 50 ans, il lui donnerait.» 12

14 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 13 ARIANE Ariane a 57 ans. Elle a trois enfants et deux petits-enfants. Aujourd hui à la retraite, elle était auparavant secrétaire dans une mairie. Ariane n a jamais passé de mammographie. Pourtant son gynécologue lui prescrit régulièrement l examen. C est l appréhension du résultat qui la dissuade d aller se faire dépister. J ai le même médecin généraliste depuis cinq ou six ans. Je n y vais pas souvent. Une fois tous les trois ou quatre mois pour la gorge ou des petits problèmes d articulations. J ai de l arthrite dans les épaules. J ai une légère décalcification. ( ) Je suis suivie par un gynécologue depuis longtemps, régulièrement depuis ma dernière grossesse donc depuis 31 ans.» Se maintenir en bonne santé, c est pour Ariane surveiller son alimentation et passer des examens de santé régulièrement : L alimentation saine, surtout très équilibrée. Le contrôle médical, gynécologique, faire une mammographie par exemple. Mais j ai l intention de la faire. Le reste, je suis suivie, il n y a pas de problèmes.» Ariane n a pas encore fait de dépistage du cancer du sein mais la maladie l inquiète : Je ne connais pas la cause du cancer du sein mais je dirais que c est répandu. ( ) Le cancer du sein, c est la perte de la féminité. Maintenant, certains cancers vont tellement vite qu on se demande quand on vous l annonce, si ce n est pas trop tard. ( ) L ablation du sein. C est surtout ça. Le mot cancer, ça ne rassure pas : la perte des cheveux et tout le reste On se demande si on s en sortira.» Le dépistage du cancer du sein est un examen qu elle appréhende : Ça évoque une crainte du résultat quand même. C est ça qui me fait peur : la crainte de l attente du résultat. J entends tellement de gens qui ont le cancer du sein. Justement, ça fait l effet contraire! On appréhende. ( ) La peur n évite pas le danger, c est ça. C est vrai que j y pense et peut être que je vais le regretter si je ne le fais pas.» «Maintenant, certains cancers vont tellement vite qu on se demande quand on vous l annonce, si ce n est pas trop tard.» «C est ça qui me fait peur : la crainte de l attente du résultat.» 13

15 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 14 Elle craint le résultat mais aussi la façon dont on risque de lui annoncer une mauvaise nouvelle : On a toujours peur que le médecin ne dise pas la vérité. Je suis déjà tombée avec des médecins qui étaient assez cruels dans leurs mots. C est de ça dont on a peur. C est la crainte qu ils me disent qu il y a un gros problème et la façon de me le dire aussi. Parfois, ils ne sont pas très diplomates dans leur propos.» Le cancer et le dépistage sont des sujets qu elle évoque avec son entourage et son gynécologue : Entre femmes, on n en parle pas vraiment. On parle plutôt du dépistage du cancer de l utérus. Mais du sein, on n en parle pas vraiment. C est tabou en fin de compte. Dans les médias, on commence à en parler. ( ) A chaque fois mon gynécologue m en parle. Il me dit il faut la faire. Il me fait toujours une ordonnance pour une mammographie. ( ) Avec ma sœur, on en parle un peu mais vaguement. Elle me dit je suis allée faire une mammographie, il faudra le faire. C est tout, ça s arrête là.» Le dépistage organisé, elle en a pris connaissance grâce aux médias et à la lettre d invitation qu elle a reçue : «Je suis déjà tombée avec des médecins qui étaient assez cruels dans leurs mots. C est ça dont on a peur.» «A chaque fois mon gynécologue m en parle. Il me fait toujours une ordonnance pour une mammographie.» J ai reçu un papier, j étais en vacances. J ai eu un deuxième papier qui me disait si vous ne le faites pas, ça sera tant pis. Donc ce n est pas une obligation mais ça devrait l être. ( ) Les médias, le gouvernement ont voulu mettre au premier plan de la recherche, de la guérison. Ils en parlent pour faire reculer le mal. ( ) Moi, j en ai eu connaissance par la télévision mais le dépistage est gratuit maintenant. Toutes les femmes peuvent le faire. Il n y a plus de problèmes d argent, c est la gratuité et ils vous indiquent un endroit précis, vous n avez pas à chercher.» Ariane a plutôt une vision positive du dispositif du dépistage organisé : Ça doit être indolore. Ma sœur m a dit qu elle ne ressentait rien, que ça se passait bien. ( ) D après ce que j ai vu à la télévision, la qualité du matériel ne doit pas être mauvaise. J espère que l accueil est agréable, qu ils mettent à l aise les gens.» 14

16 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 15 Ariane reconnaît l avantage de la double lecture proposée dans le dépistage organisé : C est mieux. S il y en a un qui ne voit pas quelque chose, l autre peut le voir. L autre peut donner un diagnostic sur quelque chose qui lui semble bizarre. C est bien.» Ariane craint en revanche qu on lui impose un centre et qu on ne lui prête pas assez attention : Je crois qu ils ont beaucoup de travail donc ils ne doivent pas être beaucoup à l écoute du patient. C est du social, donc ils doivent faire un peu à la chaîne... Ils n ont pas beaucoup de temps à consacrer au patient. ( ) On n a pas le choix du médecin. Ils nous envoient dans un dispensaire ou dans un endroit qu ils ont choisi. Ça peut être un endroit où ils sont moins performants que d autres.» Ariane ira se faire dépister mais pense se rendre dans un endroit spécialisé dans le dépistage du cancer du sein. J irai mais du coté des grands hôpitaux, ceux qui traitent vraiment le cancer comme Villejuif. Je pense qu ils ne se tromperaient pas. Je pense que je partirai plus tranquille si eux me disaient vous n avez rien.» Pour inciter au dépistage, la lettre devrait selon Ariane, insister sur plusieurs points : Que c est un examen rapide et simple, sans conséquence, gratuit. Moi, j aimerais bien qu ils expliquent ce qu ils font et qu ils donnent des explications claires sur le résultat de l examen.» «Il n y a plus de problèmes d argent, c est la gratuité et ils vous indiquent un endroit précis, vous n avez pas à chercher.» «C est du social, donc ils doivent faire un peu à la chaîne...» 15

17 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 16 AUDREY Audrey a 53 ans. Elle est célibataire et sans enfants et actuellement en recherche d emploi. Elle a un médecin traitant et un gynécologue qui se connaissent et qui la suivent depuis environ trente ans. C est sur le conseil de sa gynécologue qu Audrey a commencé à se faire dépister du cancer du sein. Après six mammographies en individuel, elle a bénéficié d un dépistage organisé en J ai le même médecin depuis trente ans je dirais. Je vais le voir quand je ne suis pas bien, pour renouveler les ordonnances, une fois tous les trimestres. ( ) La gynécologue c est la même depuis 30 ans aussi, en liaison avec mon médecin traitant. Elle m a été indiquée par elle. Je fais partie des gens qui sont tout à fait dans le protocole du gouvernement pour le médecin traitant. Moi, je suis très contente.» Audrey se fait suivre pour des problèmes thyroïdiens : J ai un peu de problèmes thyroïdiens, hypothyroïdie. Ca fait sept ans. J ai un peu de tension, un peu de circulation, les jambes lourdes. J ai un traitement par ampoules.» Audrey pense avoir une bonne hygiène de vie : alimentation, un peu de sport et contrôle de santé régulier : «Je vais le voir quand je ne suis pas bien, pour renouveler les ordonnances, une fois tous les trimestres.» «Je fais une mammo tous les ans» Manger très sainement, c est ce que je fais. Prendre soin de sa santé c est faire attention à son hygiène de vie au niveau alimentaire quitte à se priver d autres choses Je fais un peu de sport, je fais de la natation et de la marche. ( ) Je ne bois pas, je ne fume pas. Je fais tous les ans un vaccin antigrippal, je vais régulièrement une fois par an pour vérifier les dents. Pour le cholestérol et le diabète, c est un bilan prescrit tous les ans par mon médecin.» Audrey se fait suivre pour le dépistage du cancer du sein depuis de nombreuses années et doit y aller annuellement depuis 2004 : Je fais une mammo tous les ans. J ai des nodules dans un sein mais je n ai rien de cancéreux. En tout, j ai eu peut être six ou sept mammographies en tout, tous les deux ans. Je ne m en rappelle plus.» 16

18 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 17 Pour elle, le dépistage permet de suivre le vieil adage du «mieux vaut prévenir que guérir» : C est les avantages de la prévention. Si on a quelque chose, on se soigne tout de suite avant qu il ne soit trop tard. Mieux vaut prévenir que guérir. C est toujours mieux de savoir ce qu on a. Si on a quelque chose, on le détecte tout de suite avant que ça puisse évoluer.» Le dépistage du cancer du sein, c est un thème qu elle aborde parfois avec ses amies mais davantage avec sa gynécologue : La gynécologue fait un toucher, elle me palpe, elle me prescrit échographie ou biopsie. Elle fait le nécessaire. Après, je vais dans un autre labo dans mon quartier. J en parle un peu avec le gynéco mais comme je n ai rien de spécial. ( ) A l occasion, quand la conversation arrive là-dessus, avec mes copines, un peu ma famille, les femmes qui ont mon âge, essentiellement.» Audrey regrette qu il n y ait pas plus d informations sur le dépistage du cancer du sein : On n entend pas grand-chose. Le plan anti-cancer du gouvernement, c était bien mais je trouve que ça s est ralenti actuellement. Je ne trouve pas qu il y ait beaucoup de pub. Je trouve que c est comme le sida Les campagnes de prévention contre le sida ont été à mon avis plus performantes. On voit plus de publicité là-dessus.» Audrey décide de participer au dépistage organisé quand elle reçoit l invitation : J avais reçu dans ma boîte aux lettres quand il y a eu le programme du gouvernement. J avais reçu un papier et j y suis allée. J y suis allée avec une amie. J ai pris rendez-vous.» Audrey a l habitude de changer régulièrement de centre. Cette fois-ci, elle est globalement satisfaite des conditions de l examen même si elle note un changement au niveau de l accueil : J ai montré mon papier. L accueil était peut-être moins bien que quand j y vais seule mais je n aime pas trop ce labo. ( ) C était gratuit «Si on a quelque chose, on le détecte tout de suite avant que ça puisse évoluer.» «La gynécologue fait un toucher, elle me palpe, elle me prescrit échographie ou biopsie.» «J avais reçu un papier et j y suis allée. J y suis allée avec une amie.» «L accueil était peut-être moins bien que quand j y vais seule.» 17

19 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 18 alors Je n avais pas emmené mes mammographies précédentes. Le médecin m a dit c est incroyable!, et je n y suis pas retournée.» Pour elle, la double lecture proposée dans le dépistage organisé n est pas un point essentiel pour garantir la fiabilité de l examen : Je pense que ce n est pas ça qui est le mieux. Il lit la même chose. C est mieux s il y a une double lecture mais ce n est pas ça le plus important. Je raisonne comme quelqu un qui va voir un seul médecin. Je suis le même généraliste depuis des années et des années. J ai cette optique-là, j ai horreur d aller prendre trente-six avis. Je fais confiance. Je suis peutêtre plus longue à choisir mon médecin mais je fais confiance. Pour le gynéco, pareil. Evidemment, c est plus de sécurité une double lecture, mais ce n est pas pour moi le plus important.» Dans le dépistage, le plus difficile pour Audrey est le résultat de l examen : La crainte, le stress qu on découvre quelque chose. ( ) Le stress du résultat mais je pense que pour le sida, c est un stress plus important que pour une mammographie. La solitude aussi. Moi, j ai fait l examen l an dernier pour les nodules, on m a fait une biopsie. Ce n est pas évident quand même d y aller seule. Dans la salle, les femmes étaient quand même accompagnées.» «C est mieux s il y a une double lecture mais ce n est pas ça le plus important.» «Ce n est pas évident quand même d y aller seule. Dans la salle, les femmes étaient accompagnées.» Selon Audrey, il serait bon d insister sur la chance qu ont les femmes de pouvoir se faire dépister: Chaque fois qu on offre quelque chose de gratuit dans ce pays, on n insiste pas assez sur la chance qu on offre aux gens. Pour la plupart des gens, tout leur est dû, tout est acquis. Il faut que dans l argumentaire, le ministère de la Santé se mette en avant, que ce n est pas normal ; il y a des pays où ça ne se fait pas.» 18

20 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 19 CHANTAL Chantal a 59 ans et travaille comme agent immobilier. Elle n a pas d enfant. Elle a été mariée pendant 20 ans à un médecin. Depuis 20 ans, elle a le même médecin traitant mais elle-même se considère comme une véritable autruche quand il s agit de maladie. Elle ne s est jamais fait dépister et ne l envisage pas, même si la discussion entraîne chez elle une remise en cause de sa position initiale. Pour préserver sa bonne santé, Chantal s impose quelques règles de vie : L hygiène de vie c est surtout une bonne alimentation, pas d alcool, pas de tabac. ( ) Boire beaucoup d eau. Avoir une alimentation variée. ( ) Il y a l alimentation, et surtout, je fais de la marche mais pas de sport. Je ne fais pas de sport du tout. Il faut manger de tout. Plutôt faire soi-même que d acheter tout fait. C est un truc que je m impose.» Chantal ne consulte pratiquement jamais. Sa dernière visite chez le médecin remonte à environ deux ans : J ai une chance folle, je suis rarement malade mais je fais l autruche. C'est-à-dire que je suis peut-être rarement malade mais je ne tiens pas non plus à le savoir. ( ) Des analyses? Je ne fais rien du tout. Je ne sais absolument pas ce que j ai comme cholestérol. Je ne sais rien. Je n ai jamais fait de dépistage du cancer du sein, pas de frottis depuis six ou sept ans. Quand je vois mon médecin, je lui dis de me palper un peu pour voir s il n y a rien mais la palpation, c est déjà trop tard!» Personne dans la famille de Chantal n a été touché par le cancer du sein. La maladie l inquiète notamment pour l atteinte qu elle porte à la féminité : Comme tout le monde, le cancer m inquiète. Le reste des maladies importantes, on sait à peu près comment s en préserver mais le cancer, on ne sait pas. J ai même l impression qu on sait de moins en moins. ( ) Le cancer du sein, c est une atteinte à ma féminité, une atteinte à mon corps. C est une malédiction. Moi, j ai eu une mère en bonne santé, qui n a jamais rien fait du fait de sa génération. Elle n a jamais fait ni de mammo, ni de frottis, ni rien du tout. ( ) C est une maladie qui touche à tout âge, surtout à partir de la cinquantaine et contrairement à ce qu on pourrait croire, on dépiste encore des cancers du sein à 70 ans. On se croit plus en danger dans une période de ménopause entre 55 et 65 ans mais au-delà on constate encore des cancers.» «L hygiène de vie, c est surtout une bonne alimentation, pas d alcool, pas de tabac.» «Je suis peut-être rarement malade mais je ne tiens pas non plus à le savoir.» «Le cancer du sein, c est une atteinte à ma féminité, une atteinte à mon corps. C est une malédiction.» 19

21 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 20 Chantal n est pas sans ignorer l examen de dépistage du cancer du sein et ses objectifs : L objectif, c est effectivement de prendre le problème vraiment très tôt, avoir une meilleure gestion du traitement afin de pouvoir le mener jusqu à une guérison. ( ) Il est recommandé de le faire après 45 ans ou 50 ans. Là, il doit y avoir un peu plus de risques. L hérédité, c est très important. S il y a une hérédité, il faut entamer le processus avant. ( ) Soit c est un dépistage qui est fait spontanément par la patiente sur prescription d un gynéco ou soit par la Sécu qui envoie un courrier assez régulièrement pour donner des adresses.» Cette lettre, elle aussi l a reçue plusieurs fois. Pourtant elle ne s est jamais fait dépister malgré les conseils de son médecin et l insistance de ses amies : «L hérédité, c est très important. S il y a une hérédité, il faut entamer le processus avant.» «Avec moi, mon médecin, il y a longtemps qu elle a démissionné!» «II y a une copine qui m a dit qu elle allait me prendre rendez-vous et qu elle irait avec moi. Je sens que ça va m arriver.» «Si je dois le faire, je ne vois pas pourquoi j irais prendre un radiologue alors que j en ai un à ma disposition dans l organisé.» Avec moi, mon médecin, il y a longtemps qu elle a démissionné! On parle très facilement, elle a mon âge et elle a eu des périodes similaires aux miennes avec la ménopause, on parle, c est agréable. Et elle me dit il faudrait faire des analyses, et je lui ai dit mais vous n avez pas compris que j étais une véritable autruche! Je crois qu elle a dû abandonner et elle ne me voit pas beaucoup donc elle ne peut pas non plus me tarauder beaucoup. ( ) Toutes mes amies en ont fait. Elles disent que ce n est plus la peine de m en parler! Il y en a une qui m a dit qu elle allait me prendre rendez-vous et qu elle irait avec moi. Je sens que ça va m arriver. Elle va venir me prendre chez moi et on va y aller!» Pourtant, Chantal n a pas d a priori sur l examen et ses conditions : A mon avis, c est facile de localiser les centres. Le tout, c est la démarche. A partir du moment où on a décidé, ce n est pas plus difficile que d aller voir un radiologue que vous n avez jamais vu. ( ) Certaines disent que ça fait un peu mal mais je ne crois pas. Tout ce qui est extérieur, ça ne m inquiète pas. C est quand on vient à l intérieur que ça m embête. ( ) C est quand même un radiologue conventionné donc c est un cabinet de radiologie qui fonctionne normalement. Ils sont certainement très disponibles. ( ) Si je dois le faire, je ne vois pas pourquoi j irais prendre un radiologue alors que j en ai un à ma disposition dans l organisé.» Elle trouve le dispositif de dépistage organisé tout à fait louable : C est parfait, c est dans les normes. La tranche d âge est bonne. Si c est nécessaire avant, c est certainement un médecin ou un gynéco qui a 20

22 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 21 pressenti quelque chose et qui demande à le faire à cause de l hérédité, soit en centre, soit par palpation. C est parfait au niveau de la démarche dans la boîte aux lettres. C est personnalisé, on vous écrit. On vous fait prendre conscience que vous avez l âge. ( ) Tous les deux ans, c est un bon rythme. Le médecin est conventionné, on n avance pas l argent donc c est une bonne chose. ( ) Ça concerne tout le monde socialement et intellectuellement. Le fait de vivre en travaillant, on se parle. Il y a des gens dans les campagnes, donc moins en communication, qu on pourrait laisser pour compte. Là, non.» C est la peur qui retient Chantal d aller passer une mammographie : Je ne m en fiche pas. J ai peur. La crainte est plus grande. C est comme pour le reste, on a l impression que c est pour les autres et que même si on en découvre un, on va s en sortir. ( ) Ce n est pas que je n y pense pas. C est que je ne veux pas. Il y a des moments où ça me taraude, je me dis que j exagère. ( ) Pour les autres femmes, c est aussi la peur. Je ne vois que ça parce que tout est mis à portée des gens pour qu ils ne passent pas à côté. ( ) Les femmes non dépistées sont celles qui n ont pas de traitements, pas d antécédents familiaux, qui ont le même âge entre 45 et 70 ans, des peureuses, des inconscientes, qui se disent pourquoi est-ce que ça m arriverait?» Chantal a porté un stérilet et ne prend pas de traitement hormonal pour sa ménopause : Les femmes ont toujours un suivi quelque part, donc il y a toujours un éclairage qui se fait à l extérieur comme par rapport à son médecin, son gynéco ou les tranches de vie. Il y a toujours un contact soit de la pilule, de la grossesse, soit de la ménopause qui fait qu on vous en parle. C est vrai que moi, je n ai pas pris la pilule, j ai mis un stérilet. Ce qui n arrange pas les choses parce que le stérilet vous pouvez le mettre pour 5 ans, voire plus. Tandis que pour le renouvellement d une pilule, vous avez quelqu un qui réitère un peu.» Même si elle lui reconnaît des limites, la palpation reste pour Chantal une méthode douce Pour déceler un cancer, la mammo ou l écho, c est quand même bien meilleur. Mais palper, c est pour moi la façon la moins agressive. La mammo n est pas agressive, ce n est pas une agression physique, mais c est presque une agression mentale. La palpation est encore quelque chose de suggéré. Ce n est pas comme un cliché clac, écoutez Madame, ça ne va pas du tout. La palpation c est plus nébuleux. La démarche n est pas la même. Je n y vais pas pour voir si j ai quelque «C est parfait au niveau de la démarche dans la boîte aux lettres. C est personnalisé, on vous écrit.» «Je ne m en fiche pas. J ai peur. La crainte est plus grande.» «Palper c est pour moi la façon la moins agressive ( ) C est plus tant qu on y est, on vérifie.» 21

23 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 22 chose. C est plus tant qu on y est, on vérifie, c est la découverte au détour d une consultation.» Elle craint d être seule à la sortie de la mammographie si on lui annonce une mauvaise nouvelle : J aurais peut être plus une conversation avec la gynéco, on va discuter un peu, on va rentrer dans une stratégie. Tandis que là, si je vais faire une mammo, c est quelqu un qui va me faire un cliché qui va me dire il y a ça, il faut voir, allez voir ailleurs. Oui, je sors dans la rue et j ai toute la peine du monde qui me tombe dessus.» «La palpation est encore quelque chose de suggéré. Ce n est pas comme un cliché clac, écoutez Madame, ça ne va pas du tout.» «Si c est obligatoire et s il y a une sanction, j y vais.» Elle déclare qu elle irait seulement si une amie la force à s y rendre ou si le dépistage devient obligatoire : Ca va m arriver qu une amie vienne me chercher. Elle l a déjà fait. Et c est bien d être sympa à ce point là! Je ne vais pas la renvoyer parce que sinon, ça va casser un peu notre amitié et ça, ça m embête. ( ) Si c est obligatoire et s il y a une sanction, j y vais. On rend le dépistage obligatoire sinon, par exemple, on n est plus remboursée, je ne sais pas, le tout c est de trouver une sanction. Ça m agacerait mais je serais bien obligée de le faire!» 22

24 7575_210x297Brochure 7/11/05 17:45 Page 23 COLETTE Colette est une retraitée de 67 ans. Elle est mariée, mère de deux enfants et grand-mère de quatre petits enfants, dont elle s occupe beaucoup. Elle aime la nature, pratique la natation de manière régulière avec son mari. Elle se considère en bonne santé. Cependant depuis le décès de sa mère, elle est sujette à de l hypertension artérielle et surveille de près son diabète à cause de ses antécédents familiaux. Colette passe des mammographies depuis l âge de 50 ans. Son dépistage était fait de manière individuelle sur prescription de sa gynécologue qu elle consulte depuis plus de 30 ans. Elle a fait sa dernière mammographie en 2005 ; c était la première fois dans le cadre du dépistage organisé. Pour Colette, «faire attention à sa santé», c est avoir une bonne alimentation et profiter du grand air pour se maintenir en forme : J adore la marche, j adore bouger. J adore la campagne, les champignons, la nature. On lit beaucoup avec mon mari. Pour moi, faire attention à sa santé, c est l alimentation : manger équilibré, des légumes, des fruits. Aussi c est avoir une vie active, ne pas être confinée devant la télé. ( ) On fait de la natation avec mon mari. On va à la piscine deux fois par semaine et on marche presque tous les jours.» Colette consulte régulièrement son médecin pour surveiller sa tension et contrôler son diabète : Je vais chez le médecin tous les trois mois. Depuis le choc du décès de ma mère, je fais de l hypertension. ( ) J ai échappé aux problèmes mais ma grand-mère était diabétique, et Maman l était aussi. Mon médecin me fait un contrôle tous les trois mois à cause de mes antécédents familiaux.» Elle est également suivie par une gynécologue qu elle voit tous les ans et demi pour des examens de contrôle dont la mammographie : Je suis suivie par une gynécologue depuis au moins 30 ans. Je la vois, mettons une fois tous les ans et demi. Elle me fait un frottis et un palpé. ( ) Elle m explique comment bien palper parce qu elle sait que je n aime pas qu on me touche la poitrine. ( ) Elle me fait la prescription pour la mammo. Elle me dit de lui faire adresser les radios, et que s il y a le moindre problème, elle m appelle. ( ) J ai fait ma mammo assez régulièrement tous les deux ans à peu près depuis l âge de 50 ans.» «Mon médecin me fait un contrôle tous les trois mois à cause de mes antécédents familiaux.» «Ma gynécologue m explique comment bien palper parce qu elle sait que je n aime pas qu on me touche la poitrine.» 23