Journée régionale Hygiène prévention des infections en EMS Animation assistée par les animaux et risque infectieux

Transcription

1 Journée régionale Hygiène prévention des infections en EMS Animation assistée par les animaux et risque infectieux

2 Introduction En France : plus de 61 millions d animaux de compagnie qui contribuent au mieux-être, à l amélioration des conditions de vie (Maurer 2008). Depuis les années 80, NAC : rongeurs, oiseaux, poissons, insectes, singes En établissements de soins : chiens, parfois chats, lapins, poissons, Risques induits : - Résident : refus, phobies - allergies, morsures, griffures, traumatismes (chutes), transmission de maladies infectieuses.

3 Approche juridique Secteur hospitalier : Article 47du décret n 4-27 du 14 janvier 1974 relatif aux règles de fonctionnement des centres hospitaliers interdit la présence des animaux dans l enceinte des structures hospitalières Circulaire du 16 juillet 1984 : une exception pour les chiens guides d aveugles Loi n du 11 février 2005 concernant la citoyenneté des personnes handicapées reconnaît la présence de l animal éduqué auprès d elles, et leur accessibilité dans les lieux publics en compagnie de leur animal d assistance Article R du Code de la santé publique interdit la présence des animaux domestiques dans l enceinte de l hôpital, à l exception des chiens guides d aveugles (hall d accueil, salle d attente)

4 Approche juridique Secteur social et médico-social : Circulaire Franchesci du 11 mars 1986 indique que «les personnes âgées qui ont un animal familier doivent être autorisées à le garder avec elles, dans la mesure où il ne créera pas une contrainte anormale pour le personnel et où il ne gênera pas la tranquillité des autres résidents». Article 30 de l arrêté du 29 septembre 1997 «la présence d animaux de compagnie dans les salles de restauration est interdite à l exception des chiens guides d aveugles» et il interdit toute présence animale dans les cuisines. «Accepter les animaux de compagnie dans les EHPAD est donc une décision du directeur de l établissement, et peut être discutée en comité de direction, avec avis de l équipe d hygiène hospitalière». 4

5 Quel type d accueil? Animal personnel admis en même temps que le résident Animal «mascotte» Animal visiteur accompagné de son maître formé Animal des animations et thérapies assistées par l animal

6 Rappel : Thérapie et animation "zoothérapie", "intervention professionnelle en médiation animale", "thérapie assistée par l animal", "thérapie facilitée par l animal", "thérapie animale", "médiation animale". la thérapie assistée par l animal (TAA) = aide aux thérapies conventionnelles : l animal est un médiateur entre le patient et le thérapeute. Formation de thérapeute (médical, paramédical) + formation en intervention animale l activité/animation assistée par l animal (AAA) = initiée pour motiver le sujet à participer à des activités destinées à améliorer ses capacités, sa qualité de vie, selon un programme établi entre le personnel médical, infirmier, les psychologue et l intervenant. La présence de l animal contribue à aider la personne à se libérer de ses angoisses, à s exprimer, à sortir de son isolement, à être motivée pour le suivi des soins ou de la rééducation

7 La présence animale Intérêt ludique, récréatif Favoriser les liens affectifs et sociaux Valorisation de l'estime de soi Donner envie de participer à une activité Stimuler les capacités cognitive, mnésique, motrice, musculaire et ligamentaire, Donner des repères temporo-spatiaux Permettre de communiquer de façon verbale et non verbale.

8 Les risques induits ANTHROPOZOONOSES = maladies infectieuses animales pouvant se transmettre à l Homme (Brodie,Jour clinical nursing, 2002 ; Piemont, lettre infectiologue, 2000). Des bactéries pathogènes multi-résistantes aux antibiotiques ont été isolées chez des animaux de compagnie et le transfert éventuel de SARM entre les animaux et les humains a été suggéré parmi des chiens de TAA (Enoch, JHI, 2005, R-U. Lefebvre, JHI, 2009, Canada) Cas d une femme qui a présenté une infection à Escherichia coli et Enterococcus faecalis après morsure de son chien (Johnson, ICHE, 2006). Infections de prothèse de hanche à Streptococcus pyogenes isolé chez le chien familial (Sprot, JHI, 2012). La colonisation nasale d un chien de compagnie a été évoquée comme source probable d infections récurrentes à SARM chez un patient diabétique et son épouse (Manian, Clinical infectious diseases, 2003).

9 - Alerte liée à la survenue d un cas de diphtérie avec croup lié à Corynébacterium ulcerans toxinogène transmis par le chien (Hôpital Kremlin Bicêtre, 2003) - Une étude canadienne suggère que les chiens ont été contaminés par Clostridium difficile au cours de leurs visites et de contacts rapprochés avec des résidents (Lefebvre, JHI, 2009). - Augmentation des bêta-lactamases à spectre étendu dans les entérobactéries isolées chez des chiens (Wieler, Inter jour med microbiology, 2011) - Les animaux bénéficient davantage de soins vétérinaires, d hospitalisations et d antibiothérapie et peuvent constituer en réanimation un réservoir de bactéries multi-résistantes en particulier des entérocoques (Ghosh, PLos ONE, 2011).

10 Chiens et chats Principales infections transmises par le CHIEN Par contact, les dermatopytoses : - teigne (Microsporum canis, Trichophyton) - gale sarcoptique (Sarcoptes scabiei var canis) - pulicose (puces Ctenocephalis canis) Par les déjections canines : - toxocarose (Toxocara canis), - hydatidose (Echinococcus granulosus) - coenurose (Tenia), - cryptosporidose (Cryptococcus), - salmonellose (Salmonella enterica), - campylobacteriose (Campylobacter sp.) - fièvre Q (Coxiella burnettii) Par léchage, griffures ou morsures : - pasteurellose (Pasteurella sp.) Principales infections transmises par le CHAT Par contact, les dermatopytoses : - teigne (Microsporum canis ) - gale (Sarcoptes scabei) - pullicose (Ctenocephalis felis) Par les déjections : - toxocarose (Toxocara cati) - diarrhée ( Campylobacter sp.,..) Par léchage, griffures ou morsures : - toxoplasmose (Toxoplasma gondii) - teigne - maladie des griffes du chat ou lymphoréticulose bénigne (Bartonella henselae) - pasteurellose (Pasteurella sp)

11 Chiens et chats Parasites digestifs Ténia Parasites externes Puces : ttt en spray ou pipettes (à associer à une vermifugation) Tiques : ttt en spray ou pipettes (maladie de Lyme) Gales Teigne Portraits : x

12 Chiens et chats Vaccinations Aucune vaccination obligatoire sauf en cas de zone déclarée pour la rage Vaccinations recommandées : Chien : rage, leptospirose Chat : rage Rappel annuel des vaccinations Hygiène Brossage régulier du pelage avant les visites Bain, sinon toilettage Traitement anti-puces Vermifugation (2 à 3 x/an) Hygiène des mains pour les soignants, les résidents

13 Oiseaux (pigeon, tourterelle, perruches ) À installer en dehors des lieux de vie Orntihose (pigeons, volailles ) Psittacose (becs crochus : perroquets, perruches ) = Risque de développer des infections respiratoires Lapins Gale d oreilles Pas de courant d air Recommandations Suivi véto Evaluer les risques (déjections) Personnel responsable du nettoyage de la cage avec périodicité et traçabilité Gants lors des manipulations

14 Poissons et tortues Gants à usage unique avant la manipulation de l aquarium Renouvellement de l eau et nettoyage de l aquarium : périodicité selon le système de filtration avec traçabilité Hygiène des mains : après retrait des gants et contact avec l eau de l aquarium L'aquarium de La Chatelaîne EHPAD de Montmorot, (39) Cercle Aquariophile Jurassien

15 Recommandations AAA N accepter que des animaux de compagnie en bonne santé, éduqués, vaccinés, régulièrement suivis par un vétérinaire. Veiller au suivi vétérinaire : vaccinations, contrôle de la reproduction, tenue à jour du carnet de santé Délimiter les zones où l animal pourra évoluer Evaluer les risques : selon âge du chien, dressage, chutes, morsures, parasites Définir les personnes en charge de l animal : sortie, hygiène, alimentation, suivi véto Traçabilité Conserver le planning des visites de tous les animaux. Conserver la liste des résidents ayant participé à l animation. Eviter le léchage Hygiène des mains après les caresses

16 Mesures d hygiène : Liées à l environnement : Limiter l accès des animaux conformément à la réglementation ou identifier les zones interdites (cuisine, lingerie, salle de soins,...). Liées à la sécurité du résident : Identifier les résidents autorisés à être en contact avec l animal Statut vaccinal à jour, tenue vestimentaire adaptée Exclusion : infection, fièvre, peau non saine (plaie, dermatose, perfusion, cathéter, déficit immunitaire ) Exclusion : sujet représentant un danger pour l animal. Exclusion : contexte épidémique au sein de la structure. Exclusion : animal malade (contexte infectieux) Ne jamais laisser l animal seul avec un résident afin de limiter aussi les risques de morsures. Former le personnel aux mesures de prévention destinées à réduire le risque de zoonose (protection du lit, gants lors des manipulations des cages ) L hygiène des mains devra être réalisée avant et après contact avec l animal par toutes les personnes qui le côtoient (résident, accompagnateur, personnel médical ou paramédical)

17 Mesures de prévention du risque infectieux : Animal Suivi vétérinaire Vaccination Traitement vermifuge et anti-ectoparasite Hygiène bucco-dentaire Environnement : Définir la zone d intervention, son entretien, l entretien du matériel utilisé lors de l activité Organisation En dehors des périodes de circulation de pathogènes ou situations épidémiques Gestion de l animal : de l alimentation, des excrétas, entretien cage (qui? Comment? Fréquence? Traçabilité) L hygiène des mains devra être réalisée avant et après contact avec l animal par toutes les personnes qui le côtoient (résident, accompagnateur, personnel médical ou paramédical)

18 Conclusion Actuellement pas de preuves que les risques présentés par la présence d animaux de compagnie ou de chiens soient supérieurs aux bénéfices apportés par leur présence auprès de personnes fragilisées. A condition qu'ils soient éduqués, en bonne santé, vaccinés et suivis par un vétérinaire, et accueillis dans des conditions précises : locaux définis, auprès de résidents identifiés, selon des mesures préventives, des protocoles d hygiène

19 Sources : 1. Centre de coordination Sud-Est de la lutte contre les infections nosocomiales & associées aux soins, Dr TREYVE 2. Les animaux en EHPAD : règles d hygiène, Annie BRENET hygiéniste, ARLIN Picardie 4. La zoothérapie, une autre thérapie en EHPAD, DIU méd Co Université Paris V Merci au Dr BERJAMY, RF CLIN Merci de votre attention