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1 Université Evry Val d'essonne UFR Lettres Langues Arts Master 2 Musique et Arts du spectacle Alice Paillereau ~ «La diffusion de la musique classique vivante en France et sa démocratisation. Un exemple concret : le festival des Folles Journées de Nantes édition 2012» ~ Mémoire de fin d'études préparé sous la direction de Monsieur Philippe GUMPLOWICZ Année universitaire 2011/2012

2 Alice Paillereau Mémoire Master II,

3 Paul Verlaine Alice Paillereau Mémoire Master II,

4 Sommaire REMERCIEMENTS... 5 INTRODUCTION... 6 PARTIE I La démocratisation de la musique classique vivante en France A. La musique classique en France ) Qu'appelle-t-on "musique classique"? ) Quelle vision de la musique classique aujourd'hui? a. Une musique jugée "élitiste" et inaccessible b. Classe sociale et goût musical : quelle relation? B. Démocratiser la musique classique en France ) Les différents moyens pour la rendre accessible a. L'importance de la médiatisation : émissions télévisées, radio b. L'implication locale en matière de démocratisation ) Le parcours de la chef d'orchestre Française Zahia Ziouani C. Musique classique vivante : la solution? PARTIE II Un exemple concret : le festival des Folles journées de Nantes A. L'importance de la Culture à Nantes B. Le projet Folles journées ) Le concept ) En France puis à l'étranger : les raisons d'un succès grandissant C. L'édition 2012 : "Le sacre russe" ) 4 & 5 Février a. Entre découverte musicale et accessibilité b. Culture musicale classique et "goût pour" la musique classique c. Entre concerts et conférences de qualité ) Un évènement "populaire" a. Le mélange des styles musicaux b. La musique classique auprès des jeunes publics c. Folles journées : agir auprès des publics empêchés ) Quels publics aux Folles journées 2012? CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES Alice Paillereau Mémoire Master II,

5 Alice Paillereau Mémoire Master II,

6 Remerciements Dans le cadre de ce mémoire de fin d'études, j'ai choisi de travailler sur un thème particulièrement intéressant pour moi. J'ai eu conséquemment la chance d'aller au festival des Folles journées de Nantes. Aussi, je remercie d'abord vivement toutes les personnes qui ont eu la gentillesse de répondre à mes questions, entre deux concerts. Je remercie également Monsieur Gumplowicz de m'avoir permis de travailler sur ce sujet qui me tenait à cœur. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

7 Introduction En France, les festivals de musique classique aujourd'hui sont de plus en plus nombreux, notamment parce que leurs organisateurs souhaitent rendre un maximum accessible cette musique et casser l'image de musique "élitiste" qu'on lui colle trop souvent. Dans ce mémoire, j'ai décidé de travailler sur cette question de démocratisation de la musique classique et sur la sensibilisation de cette musique auprès des différents publics. Dans un premier temps, j'ai voulu étudier la vision de la musique classique en France qui, je dois dire, est partagée en plusieurs avis. Il y a d'abord ceux, appartenant au monde de la musique classique pour la plupart, qui pensent que la musique classique est réservée à une certaine catégorie de personnes, qui ont généralement une bonne culture musicale classique, issus d'un milieu social plutôt aisé ou ayant par exemple étudié au Conservatoire. D'autres, de catégorie sociale moindre et représentant le "grand public", sont certainement influencés par ceux-là et par cette "généralisation" : ils pensent donc également que la musique classique est réservée à cette fameuse "élite illusoire" et s'interdisent d'en écouter. Enfin, la dernière catégorie de personnes, et ils sont de plus en plus nombreux, comprend les personnes qui pensent que la musique classique peut être accessible à tous, et qu'il est utile de faire un maximum pour la démocratiser et diversifier les publics. C'est sur ces points principaux que j'ai voulu réfléchir et amorcer un début de réponse à ces questions que beaucoup de personnes se posent aujourd'hui. Faut-il nécessairement connaître la musique classique pour savoir l'apprécier? La culture musicale est-elle donc intimement liée au goût musical? En somme, les goûts musicaux ont-ils un rapport direct avec le milieu social dont nous sommes issus? Existe-t-il des éléments extérieurs qui peuvent développer ou changer nos goûts musicaux? Alice Paillereau Mémoire Master II,

8 Qu'appelle-t-on "musique classique"? Pourquoi lui colle-t-on une image élitiste et inaccessible? Comment démocratiser ce genre musical aujourd'hui et diversifier ses publics? Musiques du passé et époque moderne ne peuvent-elles définitivement pas s'entendre? La Culture aujourd'hui n'est-elle pas l'une des seules solutions qui existe pour rapprocher les gens et faire coexister les différences? Toutes ces questions, et beaucoup d'autres, que je me suis posées dans ce travail, m'ont aidée à me forger mes propres opinions à ce sujet et m'ont aidée à construire une réflexion je l'espère à peu près cohérente. J'ai choisi de diviser mon travail en deux parties distinctes pour une clarté plus évidente. Dans un premier temps, j'étudierai la vision de la musique classique, suivant les différents avis que j'ai pu évidemment rencontrés ainsi que cette relation entre milieu social et goût musical que Pierre Bourdieu a notamment évoquée dans l'un de ses ouvrages, La distinction. J'évoquerai ensuite les différents moyens mis en œuvre en France pour démocratiser la musique classique en me posant par exemple la question de savoir si le spectacle vivant s'avère la solution pour cette démocratisation musicale. Dans une seconde partie, j'ai choisi de me concentrer sur l'un des plus grands festivals de musique classique : les Folles journées de Nantes, auquel j'ai eu la chance de participer le week-end du 4 au 5 Février J'aborderai en premier lieu l'importance de la culture dans la ville de Nantes, pour me centrer ensuite sur l'édition 2012 du festival ayant pour thématique générale : "Le Sacre russe, de 1870 à nos jours". En étudiant dans le détail les différents aspects de cette édition 2012, j'analyserai les choses d'un point de vue sociologique, culturel et économique, en essayant d'être la plus concise possible. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

9 La musique classique en France reste une musique appartenant au passé, peut-être estce pour cette raison que beaucoup de personnes pensent qu'elle ne peut être qu'écoutée par des gens cultivés, s'intéressant à l'histoire de la musique et au passé. Mais l'écoute d'une musique, quelle qu'elle soit, va sûrement chercher beaucoup plus loin que cela, et ce n'est pas pour rien que l'on dit souvent que la musique est un langage universel. Contrairement aux connaissances théoriques que nous pouvons acquérir au fil des années, l'écoute de musique ne nécessite pas d'apprentissage particulier. Voilà pour quelles raisons j'ai voulu décoder ce que voulaient sous-entendre les personnes qui affirment que pour apprécier la musique classique, il faut en connaître les particularités et l'histoire. Le célèbre ténor, aujourd'hui disparu, Luciano Pavarotti, disait : «Vous n avez pas besoin d un cerveau pour écouter de la musique.» Cette phrase peut paraître de prime abord quelque peu simpliste, mais pour moi, elle résume tout, et constitue ce sur quoi j'ai principalement travaillé dans le cadre de ce mémoire de fin d'études. A l'aide de mes enquêtes personnelles, des articles de revues littéraire ou sociologique que j'ai pu lire, des différentes personnes rencontrées lors du festival et d'autres nombreux éléments, j'ai tenté d'effectuer un travail cohérent et intelligible, en donnant mon avis quand cela s'avérait nécessaire et en restant neutre quand cela me l'obligeait également. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

10 PARTIE I La démocratisation de la musique classique vivante en France A) La musique classique en France 1. Qu'appelle-t-on "musique classique"? Afin de préciser les différentes caractéristiques de la musique classique, il est nécessaire de revenir aux origines de celle-ci et d'établir dans le même temps une comparaison entre la définition qui lui était attribuée par le passé et ce que l'on entend exactement par "musique classique" aujourd'hui. Le terme "classique" en musicologie désigne en vérité une très courte période de l'histoire de la musique, de la fin du XVIIIème au début du XIXème siècle, celui-ci correspondant aux débuts de la période romantique. Au sens strict, ce terme désigne donc la musique produite dans le monde occidental entre 1750 et 1820 environ. La musique classique appartient à la catégorie des musiques savantes, regroupant la musique de chambre (symphonie, sonate, quatuor à cordes), l'opéra, les œuvres chorales : toutes les œuvres composées durant cette période de la vie musicale appelée Classicisme. Dans le dictionnaire, le mot "Classicisme" est défini comme suit : «Doctrine littéraire et artistique se signalant par une recherche de l'équilibre, de la clarté, du naturel ; Ensemble de tendances et de théories qui se manifestent en France au XVIIème siècle et qui s'expriment dans des œuvres littéraires et artistiques considérées comme des modèles.» 1 Il est pour moi essentiel d'évoquer ce point-là dans le sens où lorsque le terme "musique classique" est employé aujourd'hui, il regroupe plutôt les musiques du passé, de Bach à Mendelssohn, avant le XXème siècle, correspondant aux débuts de la musique contemporaine. 1 Petit Larousse, 2006 Alice Paillereau Mémoire Master II,

11 Par conséquent, le terme "classique" s'est, pour ainsi dire, généralisé. Il est important de le noter car on oublie souvent les origines exactes d'un mot, et en l'occurrence, nous pouvons constater que le mot "classique" en musicologie, tel qu'il est utilisé aujourd'hui par la plupart des personnes, a perdu son véritable sens. Les compositeurs clés de cette période musicale classique restent principalement Haydn, Mozart et Beethoven. D'un point de vue plus musicologique, la structure d'une musique appartenant à la période "classique" est aisément repérable. Les trois formes spécifiques de cette période sont la sonate, la symphonie et le quatuor à cordes. Etudions plus en détails l'une de ces formes musicales : la forme sonate. Celle-ci est définie comme suit dans le dictionnaire : «Plan du premier mouvement de la sonate classique, constitué par l'exposition, le développement et la nouvelle exposition de deux thèmes.» 2 Cette forme particulière est peut-être la plus utilisée dans les œuvres musicales dites "classiques" et reste facilement "repérable" dans les symphonies ou les concertos composés pendant cette période, même pour les auditeurs pas forcément initiés. La structure de la forme sonate dans un morceau est toujours la même, composée de trois mouvements : exposition, développement, réexposition. 2 Petit Larousse, 2006 Alice Paillereau Mémoire Master II,

12 Cette structure très propre au style classique, simple et très "cadrée", a finalement été une réaction aux excès des formes musicales appartenant au style baroque 3. C'est en cela que le style "classique" est reconnaissable en musique et qu'il n'a rien à voir avec d'autres styles musicaux, pourtant catalogués comme appartenant à la "musique classique" aujourd'hui, devenu un terme "générique". Il est important de souligner que le grand public n'entend pas forcément le bon sens du mot et que par conséquent, beaucoup d'amalgames sont faits à ce sujet. La musique classique appartient, certes, aux musiques du passé, mais le terme "classique" se rapporte à une période musicale bien définie. Il est important de le savoir. 2. Quelle vision de la musique classique aujourd'hui? a. Une musique jugée "élitiste" et inaccessible Lorsque l'on parle de "musique classique", la catégorie des musiques savantes apparait logiquement dans notre esprit. De là, l'image de la musique classique est forcément influencée par la catégorie à laquelle elle appartient. Etudions quelles sont les origines des préjugés sur la musique classique et pour quelles raisons l'image de celle-ci est de ce fait faussée. La catégorie "musique savante" sous-entend qu'il existe d'autres catégories de musiques, et rien que le fait de rattacher la musique classique et l'opéra aux musiques savantes ne fait qu'accentuer l'écart creusé entre les genres savant et populaire et, de ce fait, n'attire pas vraiment les gens qui ont alors tendance à "idéaliser" la musique classique, en la jugeant guindée et élitiste. L'appellation "musique savante" fait ainsi fuir ceux qui auraient envie d'écouter du Classique dans le sens où cela sous-entend qu'elle serait supérieure aux autres musiques : la musique classique se coupe donc elle-même des publics, par son appartenance à un genre "savant", susceptible d'impressionner les personnes non initiées. 3 Période musicale s'étendant du début du XVIIème siècle au milieu du XVIIIème siècle. Du portugais barroco, qui désigne des perles de forme irrégulière. En musique : ornements, extravagances, expressivité Alice Paillereau Mémoire Master II,

13 Un extrait du film Fauteils d'orchestre 4 illustre bien cette idée : la scène se joue entre Albert Dupontel, interprétant le rôle du pianiste Jean-François Lefort, et Cécile de France, interprétant quant à elle le rôle de la jeune serveuse montée à Paris, Jessica. Le dialogue entre ces deux personnages illustre bien notre propos. Voici les phrases qui s'en dégagent : Jean-François Lefort (J-F) : Vous allez quelques fois aux concerts? Jessica (J) : Euh, ça me viendrait pas à l'idée hein J-F : Et pourquoi? J : Bah parce que J'aime bien la musique mais comme ça quoi. Le classique ça m'a jamais Enfin, j'connais mal en fait. (Jean-François Lefort joue un air au piano : le thème de "Ah vous dirais-je maman") J-F : Vous connaissez? J : Bah ouais! (Jean-François Lefort et Jessica se mettent à chanter : "Ah vous dirais-je maman ce qui cause mon tourment, papa veut que je résonne comme une grande personne, mais je sais que les bonbons valent mieux que la raison") J-F : Mozart J : Oh! J-F : Ca me rend fou J : Bah, j'ai jamais appris moi, j'ai aucune éducation musicale! J-F : Ne vous excusez pas! Ne vous excusez pas, c'est moi qui m'excuse. J : Bah non, pourquoi? J-F : Parce que vous avez 20 ans, parce que vous chantez juste, et parce que ça vous viendrait pas à l'idée d'aller aux concerts, parce que pour vous c'est C'est un monde à part, un monde chic, cher. Non? 4 Film réalisé en 2005 par Danièle Thompson. Synopsis : "Une actrice populaire mais rêvant de cinéma intimiste, un pianiste surdoué qui rêve de jouer devant un public ignorant et naïf, un collectionneur qui vend en un soir toute l'œuvre de sa vie, une jeune provinciale qui tente sa chance à Paris car sa grand-mère lui a dit : "je n'avais pas les moyens de vivre dans le luxe, alors j'ai décidé d'y travailler. " Alice Paillereau Mémoire Master II,

14 J : Ouais J-F : J'en ai marre Ca vous étonne? J : Bah ouais quand on joue si bien J-F : Vous, par exemple, vous êtes serveuse. Un jour, vous avez plus envie d'être serveuse : tout le monde comprendra. Mais Vous êtes pianiste, personne ne comprend, même pas vous qui allez jamais aux concerts. Le pianiste est dans cet extrait bien conscient du réel décalage qui existe entre le monde de la musique classique et les gens comme Jessica, faisant partie de la catégorie que l'on nommerait le "grand public". Il en est tellement conscient qu'il souhaite d'ailleurs se détacher de ce "système", et a désormais la volonté de jouer du piano dans les hôpitaux, les prisons, les petites salles accessibles aux gens qui ne connaissent pas cette musique. Le deuxième extrait du film qui illustre cela se situe vers le milieu de celui-ci. Le dialogue se fait entre Jean-François Lefort et sa femme, Valentine : Valentine (V) : Nous avons des contrats pour 6 ans, Jean-François, signés. Jean-François (J-F) : Tu me quitterais? Réponds V : Je t'aime parce que quand tu joues j'ai envie de pleurer. Si tu étais plombier ou banquier, je ne t'aurais jamais regardé, c'est ça que tu veux entendre? J-F : Je suis pianiste, je serai pianiste toujours. C'est ma vie. Mais je ne veux plus de tout ça. J'ai envie de jouer dans les hôpitaux, dans les forêts, pour les enfants malades dans les hospices, dans les prisons, dans les salles de 5000 ou personnes, qui n'y connaissent rien à la musique. Mais je ne veux plus de ce rituel, de ce costume. J'veux quitter ce putain de système, Valentine. C'est son souhait le plus cher : il va réussir à s'éloigner de ce système qu'il critique tant et dans lequel il n'est pas à son aise, ce qui nous conforte dans l'idée que l'on peut réussir à démocratiser la musique classique par de simples moyens, et que cela est réalisable dans la vraie vie également. L'image élitiste de la musique classique en France peut être cassée, il suffit de le vouloir et de savoir user de bons moyens. Alice Paillereau Mémoire Master II,

15 De nos jours, les mots ou expressions auxquels la majorité des personnes pensent en entendant parler de musique classique sont entre autres : "ennuyeux", "pour les riches", "pour les vieux". Les origines de cette image "guindée" de la musique classique remontent, je pense, à assez loin : ces mots ("ennuyeux", "riches", "vieux") peuvent nous faire penser à des "idées reçues", venant du fait que la musique classique appartient aux musiques "du passé" et qu'à l'époque de Louis XVI par exemple, celle-ci était jouée dans des cercles restreints, à la Cour du roi : cette image de musique du passé réservée "aux riches" est restée et aujourd'hui, beaucoup de gens pensent toujours, peut-être à tort, que celle-ci n'a pas évolué Parallèlement, la musique classique n'est pas énormément diffusée en radio et en télé, ce qui n'incite évidemment pas les gens à la découvrir. L'émission Classic Classique animée par Alain Duault depuis 22 ans sur RTL a récemment été supprimée ; Christian Merlin 5 s'exprimera à ce sujet : «Nos élites étant de moins en moins imprégnées de cette culture, ils suivent la pensée dominante selon laquelle n'a de valeur que ce qui est immédiatement accessible au plus grand nombre. "Ca n'intéresse personne", entend-on alors. Rien d'étonnant, si on ne la diffuse plus : cercle vicieux bien connu.» 6 En effet, beaucoup de gens se disent : "ce genre de musique ne m'intéresse pas, cela ne va pas changer ma vie si j'en écoute pas". Or, ne dit-on pas que la musique appartient le plus souvent au registre de l'émotion? Elle touche en premier lieu l'auditeur et a des vertus thérapeutiques indéniables (musicothérapie par exemple) : c'est l'incroyable pouvoir qu'elle exerce sur celui qui écoute qu'il faut défendre pour combattre ces préjugés consistant à penser que "la musique classique est élitiste, réservée seulement aux riches ou aux vieux, et n'intéresse pas." Voilà pour quelles raisons les quelques moyens de démocratisation de la musique classique, sur lesquels nous reviendrons plus tard, sont à respecter, et les gens qui en sont à l'initiative à saluer. 5 Critique musical au Figaro, professeur de musicologie à l'université de Lille III 6 Christian Merlin, «La musique classique se meurt à la radio et la télé», le Figaro, Octobre 2011 Alice Paillereau Mémoire Master II,

16 Hormis ceux qui étudient un instrument au Conservatoire ou en école de musique, les jeunes générations aujourd'hui sont peut-être celles qui ont la vision la plus négative de la musique classique en général, ceci s'expliquant par des raisons diverses : l'éducation, les relations, la société qui peuvent influer sur leurs goûts musicaux. Nous allons à présent étudier cette notion de goût musical, en lien avec le milieu social duquel les gens sont issus, que Bourdieu a notamment évoquée dans son ouvrage La distinction 7. b. Classe sociale et goût musical : quelle relation? Pierre Bourdieu, sociologue Français, évoque cette question du goût dans l un de ses ouvrages en développant l idée selon laquelle le goût musical découlerait du milieu social dans lequel nous évoluons : «Il n y a rien qui, autant que les goûts en musique, permette d affirmer sa " classe", rien par quoi on soit aussi infailliblement " classé"» 8 Si nous suivons cette idée, alors cela voudrait signifier que les musiques savantes regroupant musique classique et opéra seraient plus écoutées par des personnes issues des hautes classes sociales, que le rap et le R'N'B seraient plus écoutés par des jeunes de banlieue de milieu plutôt défavorisé, ou encore que les styles pop/rock seraient plus écoutés par des étudiants de milieu modeste, appartenant aux classes moyennes. En nous appuyant sur l'étude réalisée par Philippe Coulangeon, s'étendant sur plusieurs années ( ), ainsi que mes enquêtes personnelles réalisées sur le terrain lors du festival des Folles Journées de Nantes 2012, nous allons analyser cette hypothèse évoquée par Bourdieu, qui aurait un peu tendance à "généraliser". 7 La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Editions de Minuit, Ibid. Alice Paillereau Mémoire Master II,

17 Tout d'abord, la question de l'éclectisme musical est à étudier. Les plus éclectiques restent les personnes appartenant aux classes supérieures, en toute logique puisque ce sont ceux qui disposent d'un accès privilégié aux genres légitimes et enrichissent donc leur répertoire culturel en se frottant aux genres moins légitimes. Ensuite, en 2008 l'offre musicale est évidemment plus abondante et plus diversifiée qu'en ; Par conséquent, nous assistons à une montée de l'éclectisme des goûts et des habitudes d'écoute. Enfin, les jeunes générations en milieu scolaire sont attirées par le R'N'B, la pop les disques "commerciaux", contrairement aux musiques savantes qui sont quant à elles enseignées en conservatoire par exemple. Tout cela contribue bien évidemment à la formation des goûts musicaux d'une personne, qui est également réputée particulièrement sensible à l'influence du milieu d'origine et du niveau d'études. Selon Bourdieu, les pratiques et les goûts culturels ne sont pas seulement socialement différenciés mais aussi socialement hiérarchisés 10, c est-à-dire que les individus seraient classés selon leurs attitudes culturelles : par conséquent, nous assisterions à une opposition classes populaires/classes dominantes. Philippe Coulangeon reprend également cette idée dans l'un de ses ouvrages, Sociologie des pratiques culturelles : «La différenciation des goûts musicaux met simultanément en jeu la position et l'origine sociales, le niveau d'études, l'âge et le sexe.» 11 En somme, selon Philippe Coulangeon, l'attrait pour les genres savants (musique classique et opéra) dépend souvent du niveau social et du niveau d'études de l'individu alors que l'attrait pour les genres populaires (variétés, rock, rap, techno, musiques du monde ) diffère beaucoup plus faiblement selon le double critère du diplôme et de l'appartenance socio-professionnelle. Par exemple, il ne viendrait pas forcément à l'idée à un jeune fan de rap d'aller écouter un concert de musique classique, même si celui-ci est gratuit. Ce que je veux signifier à travers cette idée, c'est qu'en général, nous restons "figés" dans nos habitudes, qu'elles soient musicales ou autres. 9 Source : Philippe Coulangeon, «Les métamorphoses de la légitimité classes sociales et goût musical en France ( )», éditions le Seuil, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Editions de Minuit, Philippe Coulangeon, Sociologie des pratiques culturelles, Chapitre IV la montée de l'éclectisme des goûts, éditions La Découverte, 2010, page 56 Alice Paillereau Mémoire Master II,

18 Comme le dit le sociologue Antoine Hennion dans l'un de ses ouvrages 12, «on n'aime pas directement une musique inconnue, on aime la musique qu'on est prêt à aimer». Bethany Brison, sociologue américaine, rejoint encore cette même idée dans son livre Anything but heavy metal 13 : si les membres des catégories supérieures expriment un éventail de goûts plus large et plus diversifié que celui des autres catégories et débordant très largement le cadre des genres savants, ils manifestent aussi une distance assez prononcée à l'égard de genres tels que le rap ou le heavy metal, qui sont par ailleurs les plus appréciés par les catégories les plus faiblement diplômées et situées au plus bas de la hiérarchie sociale. Nous n'essayons pas, pour la plupart d'entre nous, d'ouvrir un peu plus nos oreilles et de découvrir des styles musicaux que nous connaissons moins : c'est ce qui est dommage aujourd'hui et c'est principalement pour cette raison qu'il est utile d'essayer de rendre accessible des musiques comme le classique par exemple, à des publics non-initiés. L'Ecole a également son importance, dans le sens où c'est notamment en milieu scolaire que l'individu se forge une personnalité, prend goût à des activités, etc. Aussi, elle tient un rôle essentiel, comme le rappellera Philippe Coulangeon dans un article publié en 2003 : «Il est primordial d'impliquer l'école le plus tôt possible dans ce cercle cumulatif de l'amour de l'art, de manière à corriger le plus possible les inégalités engendrées par la disparité des pratiques familiales en matière culturelle.» 14 Il est donc indispensable de multiplier les moyens de démocratisation culturelle, et ce dès le plus jeune âge, pour accorder aux individus un minimum d'ouverture culturelle, si celleci n'est pas assez grande dans leur milieu familial. Car il est prouvé que c'est dans l'enfance que se forge l'intérêt pour la culture. En effet, 41 % des personnes qui ne pratiquaient par exemple aucune activité culturelle pendant l'enfance se tiennent en retrait des loisirs culturels à l'âge adulte La passion musicale, une sociologie de la médiation, éditions Métaillé, American Sociological Review, Vol 61 n 5, Octobre Philippe Coulangeon, «Quel est le rôle de l'école dans la démocratisation de l'accès aux équipements culturels?», Les publics de la culture, sous la direction d'olivier Donnat, Paul Tolila, Source : «Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l'enfance», Revue INSEE Première, n 883, Février 2003 Alice Paillereau Mémoire Master II,

19 En sociologie de la musique, nous pouvons donc constater que la famille et l'école jouent un rôle primordial dans la construction des goûts musicaux de l'individu. Néanmoins, bien que cette théorie puisse s'avérer pour le moins véridique, ce que l'on nomme les "sociabilités de groupes" (qui constituent les soirées entre amis, fêtes, concerts ) font quant à elles partie des occasions idéales pour les individus : elles permettent de discuter, d'échanger leurs avis sur telle musique, tel artiste, tel album. Et c'est à partir de là que peuvent évoluer les goûts musicaux : ceux-ci ne restent donc pas "figés" et peuvent être modifiés au fil des années et des rencontres. Ayant étudié cette notion de goût musical défini par le milieu social, nous allons à présent orienter la suite de notre propos sur la politique et les moyens de démocratisation de la musique classique qui existent en France, mais dont les tentatives restent pour l'instant peu fructueuses, même si la situation s'améliore nettement par rapport à il y a quelques années. B) Démocratiser la musique classique en France 1. Les différents moyens pour la rendre accessible Avant d'entrer dans les détails de la démocratisation de la musique classique, il est nécessaire de faire un bref retour en arrière sur l'histoire de la démocratisation culturelle en France. En effet, la politique de démocratisation culturelle en France ne date pas d'hier puisqu'elle a été amorcée par André Malraux. Le décret fondateur de cette politique de démocratisation de la culture date du 24 Juillet 1959 : «Il s'agit de rendre accessible les œuvres capitales de l'humanité et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des œuvres de l'art et de l'esprit qui enrichissent.» Alice Paillereau Mémoire Master II,

20 Les objectifs de cette politique culturelle étaient notamment : la conservation et la mise en valeur du patrimoine, l'aide à la création et à sa diffusion, l'éducation artistique et le développement des pratiques culturelles des Français, la diffusion de la Culture à tous les Français. En somme, la politique de Malraux constituait principalement la diffusion de l'art au plus grand nombre. En 1966, un Comité de Sauvegarde de la musique est créé, ainsi qu'un service de la musique. La seconde personne, nommée à la tête de ce service, qui a œuvré pour cette démocratisation de la culture en France, est Marcel Landovski. La politique culturelle musicale ne va pas cesser de se développer par la suite, et les actions de démocratisation en faveur des publics, notamment des concerts de musique classique, deviendront très vite une priorité : des orchestres et des opéras régionaux seront créés, ainsi que des conservatoires nationaux, des écoles nationales de musique, etc. Le troisième protagoniste de cette démocratisation culturelle Française reste Maurice Fleuret, à la tête de la Direction de la musique et de la danse 16 entre 1981 et Une nouvelle politique de la musique sera centrée autour de l'objectif de démocratisation : la fête de la musique sera créée, chaque 21 Juin, apparaîtra également la notion de "développement culturel", et les moyens financiers augmenteront. Le problème de l'accès à la culture pour tous est donc intégré depuis longtemps, mais la politique de démocratisation de la musique classique reste tout de même toujours difficile à mettre en place, tant les mentalités ont du mal à "évoluer" à ce sujet, comme nous avons pu l'étudier précédemment. En 2008, une étude démontrant l'échec de la démocratisation de la culture est faite, beaucoup s'interrogeant même sur la nécessité d'un ministère de la Culture et se demandant pourquoi persévérer dans des politiques à ce point inefficaces. 16 Créée en 1969 Alice Paillereau Mémoire Master II,

21 Les solutions pour résoudre ce problème sont certes de plus en plus nombreuses mais peinent encore à trouver de bons résultats. En effet, la médiatisation aujourd'hui est importante : que ce soit par la télévision ou la radio, la culture doit être diffusée pour être regardée ou écoutée, et appréciée par le plus grand nombre de personnes possible, de tout âge et de toute catégorie socio-professionnelle. Or, la musique classique aujourd'hui souffre d'un vrai manque de médiatisation, bien que certains efforts soient fournis pour tenter de la "démocratiser" à travers la télévision, comme nous allons l'étudier. ~ a. L'importance de la médiatisation : émissions télévisées, radio L'une des émissions télévisées créées dans le but de rendre accessible la musique classique et dont le succès a été relativement bon, est La boîte à musique, proposée et animée par Jean-François Zygel, sur France 2. Alice Paillereau Mémoire Master II,

22 Jean-François Zygel anime La boîte à musique tous les étés depuis 2006, le jeudi soir vers 22h30. Depuis 2007, la formule de l'émission a légèrement évolué et la durée est passée de 90 à 110 minutes. Chaque émission est consacrée à un thème (et non plus à un compositeur) : l'opéra, les claviers, la nature, la musique de chambre, la danse, en public et en compagnie de plusieurs personnalités françaises. Elles entourent Jean-François Zygel sur le plateau, qui leur fournit des explications en direct sur des œuvres classiques, avec humour et originalité, reprenant par exemple des thèmes au piano. Des musiciens classiques sont également invités dans l'émission et viennent interpréter des morceaux en relation avec la thématique (musique de chambre, opéra, orchestre, etc). L'émission évolue encore en reprenant pour huit rendez-vous au cours de l'été Les thèmes abordés sont alors : musique et cinéma, la musique française, les modernes, les classiques, les romantiques, la sensualité, pochette surprise, l'improvisation. L'émission est reconduite au cours de l'été 2009, avec un nouveau décor, puis au cours des étés 2010 et 2011, le jeudi en deuxième partie de soirée. La boîte à musique existe donc depuis cinq saisons déjà et ce concept permet non seulement aux invités (généralement des personnalités connues : comédiens, chanteurs, humoristes, écrivains ) d'apprendre à mieux connaître ce genre de musique souvent méconnu mais permet également, en parallèle, aux téléspectateurs d'apprécier petit à petit cette musique, puisqu'ils en apprennent un peu plus à chaque émission. Le succès de l'émission a réellement prouvé que la télévision reste un outil de démocratisation musicale très efficace. Jean-François Zygel dira à ce sujet : «Ce succès prouve deux choses. Premièrement, que beaucoup de gens peuvent aimer l'immense répertoire de la musique classique, ses huit siècles de création, de chefs-d'œuvre de tous les pays, et ce, dans tous les domaines. Deuxièmement, ce succès montre qu'il faut renouveler la manière dont la musique classique est traditionnellement présentée, avec cet apprêt "bourgeois" qui lui nuit tant» Alice Paillereau Mémoire Master II,

23 Voilà pour quelles raisons les émissions de ce genre devraient être plus nombreuses sur les chaînes publiques Françaises, ce qui n'est malheureusement pas le cas, peut-être notamment parce que les producteurs n'ont pas assez confiance en ce genre de musique et qu'ils n'osent de ce fait pas multiplier les émissions qui créeraient peut-être pourtant de l'intérêt pour la musique classique de la part d'un certain nombre de téléspectateurs, pas forcément experts mais désireux de connaître. La deuxième émission qui a également tenté de démocratiser la musique classique, en appliquant ce fameux "mélange des genres", est la Grande Battle, diffusée sur France 2 le 6 Décembre en prime-time et animée par Nagui et Jean-François Zygel. Là encore le concept était simple : dix groupes de musique ont été sélectionnés pour "revisiter les classiques", à leur sauce (rock, jazz, rap, électro, métal ) mais dix œuvres classiques étaient imposées : La Symphonie n 5 de Beethoven, Carmen de Bizet, La Symphonie n 9 de Dvorak, Roméo et Juliette de Prokofiev, le Boléro de Ravel, la Chevauchée des Walkyries de Wagner, les Quatre Saisons Eté de Vivaldi, le Lac des cygnes de Tchaïcovski, la Symphonie n 40 de Mozart et le Beau Danube bleu de Strauss. Alice Paillereau Mémoire Master II,

24 Les œuvres classiques étaient donc assez connues mais France 2 a tout de même osé et pris un risque en diffusant cette émission en prime time. Plus les émissions de ce genre se multiplieraient, plus la musique classique serait regardée et appréciée par les téléspectateurs. La médiatisation est très importante pour la diffusion de la culture et elle est malheureusement trop rare en ce qui concerne la musique classique. Des chaînes comme Arte diffusent peut-être plus de concerts mais ce sont les chaînes les plus regardées (TF1, France 2, M6) qui devraient oser et tenter de créer des émissions du même genre que La boîte à musique ou La grande battle, et ce plus régulièrement. La seule émission diffusée sur une chaîne publique et durant laquelle des concerts de musique classique sont interprétés en direct live reste Les victoires de la musique classique, sur France 3. Les victoires de la musique ont été créées en 1986 mais celles de la musique classique n'ont eu droit à une cérémonie distincte qu'à partir de Certes, les victoires de la musique classique permettent la mise en avant d'un large panel de musiques interprétées par différents musiciens mais le bémol réside dans le fait que cette émission n'est évidemment représentée qu'une seule fois par an, ce qui ne suffit par conséquent pas à toucher assez de nouveaux publics. Alice Paillereau Mémoire Master II,

25 b. L'implication locale en matière de démocratisation Comme nous l'avons dit, le concert de musique classique souffre d'une mauvaise image et véhicule des représentations souvent négatives, pour les personnes qui n'y sont pas vraiment habituées ou qui méconnaissent cette musique. Les acteurs locaux en France et en particulier les directeurs artistiques et les musiciens essaient donc d'améliorer cette perception en agissant à deux niveaux : la forme et le contenu. D'abord, la forme du concert classique aujourd'hui doit obligatoirement évoluer : on ne peut plus donner des concerts comme on les faisait aux 18 ème ou 19 ème siècles. Il faut donc réfléchir à de nouvelles manières d'attirer du public en adaptant la forme des concerts, ce qui passe nécessairement par une réduction de la durée des concerts : lors des festivals régionaux en effet, la durée des concerts classiques ne dépasse généralement pas une heure. Ensuite, cela passe également par une ouverture plus grande au public, une ambiance conviviale, une certaine souplesse au niveau des tenues vestimentaires, des concerts donnés à l'extérieur des salles traditionnelles, pour lutter contre ce côté "inaccessible", "fermé" et "élitiste" qui nuit à l'image de la musique classique. Ensuite, sur le contenu, certaines œuvres classiques sont évidemment totalement méconnues et de ce fait difficiles d'accès pour un certain nombre de personnes. Or, la meilleure façon de toucher un large public est de jouer des œuvres connues de tous, comme dans l'émission la Grande battle, principalement composées par Mozart, Beethoven ou Schubert par exemple. La deuxième solution est également d'ouvrir ce répertoire à d'autres genres musicaux qui seront alors adaptés pour être joués "classiquement", de "mélanger les genres" en quelque sorte. Par exemple, l'orchestre National de Lyon s'ouvre de plus en plus à d'autres répertoires, tels que les musiques du monde, le jazz, ou encore les musiques de films. Les acteurs locaux se démènent donc pour adapter les concerts classiques et pour que ceux-ci soient plus attractifs pour tous ceux qui, dans la forme et le contenu, peuvent ressentir une trop grande distance entre cet art et leur propre univers. Enfin, les actions locales consistent également à attirer de nouveaux publics : pour démocratiser la musique classique, il faut diversifier les publics. Alice Paillereau Mémoire Master II,

26 La première façon d'en attirer de nouveaux est d'agir auprès de ceux qui ont déjà des pratiques culturelles, notamment dans le secteur du spectacle vivant, comme la danse ou le théâtre mais pas des concerts de musique classique. Dans ce cas-là, sont créés des spectacles pluridisciplinaires, qui allient danse, musique et théâtre, qui permettent donc de découvrir un autre univers culturel et peuvent ainsi donner envie de venir écouter la musique seule. La seconde façon d'attirer de nouveaux publics réside notamment dans le fait de cibler des publics particuliers, comme ceux constitués par les enfants par exemple. En effet, le travail de sensibilisation des enfants à la musique classique représente aujourd'hui un grand défi pour les acteurs culturels locaux, comme nous l'étudierons notamment dans la seconde partie de ce travail portant sur le festival des Folles journées de Nantes. Bon nombre d'actions sont menées dans ce sens : l'organisation de classes musicales, des interventions ponctuelles d'artistes en milieu scolaire, des concerts adaptés, ludiques et explicatifs, etc. Aussi, le fait d'agir auprès des publics empêchés 17 est de plus en plus courant et très apprécié car les artistes se déplacent souvent d'eux-mêmes et les spectacles donnés dans des établissements de ce genre sont importants dans le cadre de cet élargissement du public. Des représentations au niveau local sont donc souvent données dans des hôpitaux, des maisons de retraite ou encore des prisons, et c'est, je pense, une très bonne façon, de rendre accessible la musique classique. Enfin, beaucoup de personnes disent souvent qu'elles ne veulent pas assister aux concerts classiques principalement à cause de leurs tarifs. Nous aurons l'occasion d'en parler plus en détails dans la troisième sous-partie de ce point mais nous pourrions penser que le prix d'un concert classique devient presque une "excuse" pour ne pas y aller : en effet, certains concerts de variété ou de rock sont bien souvent aussi chers, voire plus chers, que les concerts de musique classique Mais si nous prenons en considération cette idée, pour démocratiser la musique classique dans les petites villes ou régions par exemple, il faut bien sûr agir en modifiant le prix du concert, dans le but d'attirer plus de gens, si tant est que ce soit la seule raison pour laquelle ces gens ne viennent pas aux concerts. Or, la question du prix ne constitue forcément pas le principal problème. 17 Correspondent aux personnes qui ne peuvent pas se rendre à des spectacles pour des raisons médicales (personnes malades, personnes âgées) ou d'emprisonnement. Alice Paillereau Mémoire Master II,

27 L'action sur la politique tarifaire, sur laquelle nous reviendrons dans la deuxième partie de ce travail avec le festival des Folles journées de Nantes, est donc primordiale pour inciter les personnes à venir aux concerts et pour diversifier les publics. Il faut un accès facilité à la culture, il est donc essentiel de mettre en place une bonne politique tarifaire mais il faut également trouver d'autres alternatives pour faire connaître cette musique. Tous les acteurs culturels locaux, qu'ils soient musiciens, directeurs artistiques ou encore enseignants réfléchissent à ces différentes manières d'agir pour essayer d'élargir et diversifier le public des concerts de musique classique : la démocratisation et la diversification des publics représentent bien un objectif essentiel, voire une priorité. L'atout majeur de l'implication locale réside essentiellement dans la relation de proximité. En effet, les actions restent considérablement plus efficaces lorsqu'il existe cette relation directe et cette proximité avec les publics : nous l'étudierons dans la deuxième partie de ce mémoire avec la ville de Nantes et son implication dans le festival des Folles journées. Un bel exemple d'action locale en matière de démocratisation de la musique classique réside également dans le travail de Zahia Ziouani, jeune chef d'orchestre Française et directrice du conservatoire de musique de Stains, en banlieue parisienne. Nous allons revenir sur son travail, sur ses projets et son ambition, ayant au fond un même objectif : sensibiliser les publics de banlieue, qui ne connaissent pas forcément cette musique et qui n'y ont surtout pas forcément accès. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

28 2. Le parcours de la chef d'orchestre Française Zahia Ziouani Zahia Ziouani, jeune femme d'origine algérienne âgée de 33 ans, dirige aujourd'hui son propre orchestre, Divertimento, et est à la tête du Conservatoire de musique de Stains en région parisienne (93). Nous allons revenir sur son parcours atypique et pas toujours facile qui lui a permis de se faire une place dans le monde fermé de la musique classique et de devenir l'une des rares femmes chefs d'orchestre en France qui a largement participé à développer le concept de démocratisation de la musique classique, notamment à travers son travail en banlieue parisienne. Ses débuts de musicienne se sont faits au Conservatoire de Pantin (93) dans lequel elle a commencé la guitare, à l'âge de huit ans. Ensuite, elle étudia la musicologie à la Sorbonne et fit la rencontre du grand chef d'orchestre Sergiu Celibidache, qui la forma pendant deux ans entre la France et l'allemagne. Son ambition était forte dès le début et à l'âge de 20 ans, elle crée son propre orchestre, Divertimento: «Comme dans la plupart des milieux, celui de la musique nécessite d avoir un réseau... N en n ayant aucun à l époque, pas question pour moi d attendre dix ans avant de diriger! La solution était de monter mon propre orchestre. Il a fallu que je m impose, que je propose un contenu artistique solide, que des musiciens me fassent confiance. Étape par étape, nous avons réussi. Aujourd hui, douze ans après, notre orchestre est reconnu et nous nous produisons partout dans le monde.» 18 Avoir créé cet orchestre lui a donc permis de "s'implanter" à Stains et de réussir à sensibiliser des publics pas forcément habitués à entendre de la musique classique. Sa détermination est forte et son ambition est toujours aussi grande, nous pouvons le remarquer lorsqu'elle est par exemple interrogée à ce sujet : «Enseigner en Seine-Saint-Denis est très important pour moi. Soyons clairs, l égalité des chances n existe pas. Au conservatoire de Stains, je veux donner plus que des cours de musique aux jeunes. Nous organisons des sorties aux musées, des concerts. Nous voulons offrir à ces jeunes toute la culture générale nécessaire dont ils manquent pour accompagner leur progression dans la musique.» «Zahia Ziouani, chef d'orchestre à 32 ans : "Mixité, respect de l autre : la musique transmet des valeurs fondamentales"», Salamnews, n 22, Décembre Ibid. Alice Paillereau Mémoire Master II,

29 Divertimento est un orchestre qui compte aujourd'hui soixante musiciens permanents, avec trente autres musiciens qui viennent en plus régulièrement, ce qui constitue un ensemble de quatre-vingt-dix musiciens dans son intégralité. Zahia Ziouani en parle comme l'un de ses "bébés" et est consciente qu'au regard de son parcours pour le moins original, son orchestre "lui ressemble" : «C'est un projet atypique dans la mesure où je veux le rendre accessible à tous les publics et le développer dans tous les lieux, à la fois dans les salles prestigieuses traditionnellement dédiées à la musique classique, mais également, et surtout, partout ailleurs.» 20 La principale ambition de Zahia Ziouani constitue en quelque sorte à dresser des ponts entre les mondes auxquels elle appartient, qui vivent côte à côte mais sans vraiment se comprendre, et à abattre des murs invisibles, entre Paris et sa banlieue, entre la musique classique et les milieux populaires, entre la France et l Algérie, ses deux patries : «Ceux qui n'ont pas les moyens de découvrir la musique classique, ou ne s'en autorisent pas l'accès, il faut aller vers eux et leur faire rencontrer ce monde si riche, si varié. J'ai ainsi mené de nombreuses actions éducatives et de sensibilisation auprès du public scolaire, du public associatif, des familles de Stains et d'autres villes, afin de les inciter à venir au concert ou à pratiquer un instrument.» 21 A travers son parcours, son travail et les différents projets qu'elle veut concrétiser, Zahia Ziouani donne également confiance aux jeunes de banlieue, qui n'ont pas forcément une bonne image d'eux-mêmes, dû au fait que la banlieue est souvent stigmatisée par les médias notamment. Le fait de rendre accessible cette musique aux jeunes de banlieue et de leur permettre de pratiquer un instrument les hisse forcément vers le haut et c'est en ce sens que nous nous devons de travailler, pour aider à casser cette image de musique "réservée à une élite" : 20 Zahia Ziouani, La chef d'orchestre, éditions Anne Carrière, 2010, page Ibid. page 136 Alice Paillereau Mémoire Master II,

30 «Mon combat est clair : je cherche à ce que l'on me considère pour ce que je fais et non pour mes origines, l'exotisme de mon prénom ou mon lieu de résidence ( ), que la diversité soit perçue comme une chance et non un danger, et que l'image de la banlieue change non seulement à l'extérieur mais aussi pour ses habitants afin qu'ils cessent de la vivre comme une fatalité.» 22 C'est le combat de Zahia Ziouani et cela devrait le devenir pour beaucoup d'acteurs culturels Français. Elle a d'ailleurs récemment été décorée "Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres" par le ministre de la culture, Monsieur Frédéric Mitterrand 23, qui lui a livré un discours dont voici un extrait : «Par votre talent, votre sensibilité et votre générosité, vous contribuez au rayonnement de la musique classique dans le monde et dans nos villes. Votre engagement en faveur de la sensibilisation à la musique et de l accès à la culture pour tous est à la fois remarquable et exemplaire. Pour toutes ces raisons, je suis très heureux, chère Zahia Ziouani, au nom de la République française, de vous faire chevalier de l ordre des Arts et des Lettres.» Le monde de la culture en France reconnait largement son travail ainsi que son implication au service de la musique classique et de sa démocratisation. Et cette idée confirme le fait que nos goûts musicaux, même s'ils peuvent être définis par notre milieu social, peuvent évoluer, en fonction d'un certain nombre de caractéristiques. Alors "oui", la musique classique a sa place en banlieue! En réalité, comme il a été dit dans un reportage qui lui était consacré, «Zahia Ziouani montre que la musique classique est accessible à tous, pour peu qu'on y mette de la passion et des moyens, comme à Stains.» Ibid. page NB : Le 12 Avril Reportage TF1 "Zahia Ziouani, un chef d'orchestre hors du commun", Journal de Laurence Ferrari, 10 Février 2011 Alice Paillereau Mémoire Master II,

31 Les jeunes qu'elle encadre, au conservatoire de Stains par exemple, prennent exemple sur elle et peuvent être influencés par sa réussite, c'est l'une de ses forces à travers le travail qu'elle fournit en banlieue : «Tout le monde peut être maître de sa vie. La musique, c est comme le sport : si on est déterminé, on y arrive.» 25 En étudiant le parcours et le travail de Zahia Ziouani, nous avons pu constater que le spectacle vivant tient une importance considérable en matière de démocratisation de la musique classique, notamment parce que ce sont principalement les concerts qui peuvent attirer des publics différents : à Stains par exemple, la musique classique fait désormais partie de la vie culturelle de la ville et attire de plus en plus de publics, notamment grâce à Zahia Ziouani. Nous pouvons donc nous demander si la musique vivante ne constituerait pas l'une des meilleures solutions permettant de rendre accessible la musique classique et de diversifier les publics; C'est la question que nous allons étudier dans ce dernier point. C) Musique classique vivante : la solution? En France, les festivals de musique sont de plus en plus présents et deviennent même des formes privilégiées de diffusion de la culture : chaque style de musique peut être représenté dans un festival, et cela est donc également vrai pour la musique classique, dont les festivals se multiplient chaque année. Alors, pourquoi ce "phénomène festival" en France? Et pourquoi serait-ce le spectacle vivant la solution au problème du manque de fréquentation des concerts de musique classique? Tout d'abord, il est évident que le spectacle vivant contribue largement à «à la diffusion des œuvres, à la promotion des genres artistiques et à l'irrigation culturelle des territoires» 26, notamment parce qu'il représente une bonne occasion de présenter des œuvres en direct au public. 25 «Zahia Ziouani, chef d'orchestre à 32 ans : "Mixité, respect de l autre : la musique transmet des valeurs fondamentales"», Salamnews, n 22, Décembre Luc Benito, Les festivals en France Marchés, enjeux et alchimie, 2001 Alice Paillereau Mémoire Master II,

32 Plus spécifiquement, les festivals restent attirants car ils mettent plus à l'aise que les concerts donnés dans une salle comme la salle Pleyel par exemple, et les tarifs sont plus abordables. De plus, le festival en lui-même présente un certain intérêt pour les objectifs de démocratisation de la musique classique, d'une part parce que les tarifs sont évidemment plus abordables et d'autre part parce qu'un festival donne l'opportunité d'attirer de nouveaux publics. Pour que les concerts dans des salles parisiennes soient "attrayants" pour le grand public, il faut que les tarifs soient plus abordables, comme lors de la Folle nuit à Gaveau organisée par René Martin chaque année, durant laquelle les concerts classiques sont à un maximum de 10 euros. J'ai pu assister à l'un de ces concerts 27 et je peux confirmer le fait que le public était assez mélangé : des enfants étaient accompagnés de leurs parents, des gens simples comme des gens plus "snobs" étaient présents, des étudiants. J'ai donc bien remarqué la différence avec un concert auquel j'avais eu la chance d'assister gratuitement à la salle Pleyel, grâce à quelqu'un qui m'avait offert une place : les personnes qui assistent à ce genre de concert sont issues de classes sociales élevées, cela ne fait aucun doute quand on observe les publics, comme j'ai l'habitude de le faire. Il semble donc évident que les tarifs des concerts classiques soient tout de même une explication à leurs faibles fréquentations car les festivals ou les concerts organisés avec une politique tarifaire abordable attirent beaucoup plus de personnes que les concerts dans les salles dédiées aux concerts classiques. C'est bien la preuve que la démocratisation de la musique classique et la diversification des publics passe tout d'abord par une politique tarifaire abordable et un concept un minimum attrayant. ~ 27 La folle nuit à Gaveau Claire Désert, le 26 Novembre 2011 à 15 heures, salle Gaveau Alice Paillereau Mémoire Master II,

33 Les avantages d'un festival de musique classique sont par conséquent nombreux. En effet, ils permettent dans un premier temps de toucher un public large et considérablement plus diversifié que dans telle ou telle salle parisienne. L'avantage principal constitue le fait que l'on peut retrouver en un même lieu aussi bien un public de réels passionnés qu'un public de touristes, venus "un peu par hasard, parce qu'ils passaient par là", ou encore un public d'une provenance par exemple plus locale, venu "parce qu'un festival avait lieu près de chez eux". Ensuite, étant donné que dans la plupart des cas, les festivals de musique classique ont lieu chaque année, leur popularité peut s'accroître et attirer de nouvelles personnes l'année suivante, et ainsi de suite. De plus, l'organisation d'un festival nécessite de faire agir des acteurs culturels locaux, comme nous l'avons vu dans une partie précédente en étudiant l'importance de l'implication locale en matière de démocratisation musicale, et constitue ainsi une bonne occasion de mobiliser également la population locale, de créer de nouvelles formes de convivialité. La musique classique souffrant d'un véritable manque de reconnaissance, le concept du festival est de ce fait particulièrement adapté, à sa diffusion et à la diversification sociale et culturelle de ses publics : démocratisation et intégration sociale vont souvent de pair; Les organisateurs de festivals et les acteurs culturels locaux l'ont bien compris Ils agissent ainsi tous pour essayer de "dénicher" de nouveaux publics, tant la musique classique reste méconnue et de ce fait, quelque peu désaimée. Les actions locales ont, à mes yeux, plus d'impact que toutes les autres en matière de démocratisation de la musique classique et le festival reste, à mon avis, le concept le plus adapté pour rendre un maximum accessible cette musique à des publics diversifiés. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

34 Nous sommes réellement au cœur de l'une des plus importantes problématiques du milieu culturel aujourd'hui : celle de la démocratisation musicale, initiée il y a presque plus de 50 ans par André Malraux. Nous allons à présent insister sur l'implication des acteurs locaux, que nous avons déjà évoqués précédemment, dans ce concept d'élargissement et de diversification des publics, en étudiant le cas particulier d'un festival de musique classique Français, les Folles journées de Nantes, édition 2012, auquel j'ai eu l'opportunité d'aller cette année et sur lequel j'ai travaillé pour pouvoir illustrer avec précision les arguments que j'essaie d'apporter et tenter de répondre aux différentes problématiques et aux questions que je me pose dans ce travail de recherche. Entamons cette seconde partie en analysant dans un premier temps l'importance de la culture dans la ville de Nantes. ~ Alice Paillereau Mémoire Master II,

35 PARTIE II Un exemple concret : le festival des Folles journées de Nantes A) L'importance de la culture à Nantes Il me parait important d'analyser quelle place occupe la culture à Nantes pour ensuite nous centrer sur un des évènements culturels les plus importants de cette ville, devenu le festival de musique classique l'un des plus réputés dans le monde, celui des Folles journées. Les acteurs culturels locaux à Nantes ont essayé d'inventer de nouvelles formes de manifestations qui permettent de décloisonner les genres et les publics : à travers des évènements réguliers, Nantes a en quelque sorte inventé une "culture de rendez-vous" et le festival des Folles journées est particulièrement emblématique de cette démarche-là. Mais nous allons voir que ce n'est pas le seul rendez-vous culturel à Nantes, en étudiant chacun d'entre eux dans le détail. ~ Le premier évènement culturel nantais qui a son importance se nomme Les Rendezvous de l'erdre et a lieu chaque année à la fin du mois d'août. En 2012 ce sera la 26 ème édition de ce festival qui accueille tous les ans plus de spectateurs sur quatre jours. Les types de musique représentés sont autour du Jazz et la particularité des Rendez-vous de l'erdre réside dans le fait que les participants naviguent sur des voiliers ou des bateaux motorisés, venus de France et d Europe entre l Ile de Versailles et le bassin Ceineray : les passants ont donc l occasion d admirer de nombreux navires anciens (toues, gabarres, navires à vapeur ) à quai, et d'écouter en même temps de la musique, du blues à l'électro et du jazz traditionnel aux formes les plus contemporaines. Chaque année, plus de 300 musiciens jouent environ 110 concerts. Alice Paillereau Mémoire Master II,

36 En ce qui concerne l'organisation de cet évènement, les acteurs culturels locaux sont évidemment mobilisés, mais également les associations nantaises, les collectivités territoriales et partenaires privés, afin de mettre en valeur à la fois la richesse du patrimoine naturel de l'erdre mais également le dynamisme de la scène Jazz de Nantes et sa région en somme. Le Printemps des Arts est un autre évènement culturel important à Nantes. Fondé en 1984 par le metteur en scène Philippe Lénaël, ce festival a pour thématique générale la musique ancienne sur la période des XVII ème et XVIII ème siècles; Il fait appel chaque année aux interprètes, ensembles vocaux et orchestres les plus réputés en Europe et dans le monde, en étant attaché à la promotion de jeunes artistes les plus talentueux. A travers le Printemps des Arts, on assiste en quelque sorte à une redécouverte de la musique ancienne et de l'engouement que celle-ci a suscité dans le public. Alice Paillereau Mémoire Master II,

37 Entre ces deux évènements qui représentent assez bien la diversité culturelle de Nantes et les différentes associations œuvrant pour la diffusion de l'art pour les jeunes publics par exemple, la ville de Nantes est vraiment ancrée dans la diffusion artistique et a réussi à inventer cette fameuse "culture de rendez-vous". Jean-Mars Ayrault, le maire de Nantes, confirme cet état de fait : «La culture est au cœur de Nantes. Elle est source de notre dynamisme. Elle est un facteur d'émancipation pour chacun. C'est un irremplaçable créateur de lien social, un outil éducatif et de lutte contre les inégalités.» 28 La place qu'occupe la Culture au cœur de la ville de Nantes est par conséquent assez grande et les actions locales sont nombreuses, ce qui attire de plus en plus de publics, comme nous l'avons étudié dans une partie précédente. La proximité avec les publics que permet l'action locale en matière de démocratisation culturelle est plus efficace que n'importe quel autre moyen : c'est en cela que réside l'importance de l'implication locale pour la culture en France. C'est pourquoi j'ai choisi d'axer mes recherches sur la démocratisation de la musique classique et la diversification des publics, en m'intéressant à un festival en particulier, qui fait partie des évènements culturels récurrents de Nantes : le festival des Folles journées. ~ 28 Thierry Guidet, «La Folle journée de Nantes : une ville à l'unisson», Place publique, 2009, page 43 Alice Paillereau Mémoire Master II,

38 B) Le projet Folles journées 1. Le concept Nantes est une ville de cultures, comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer dans ce travail. La musique est donc au centre des activités culturelles de la ville et le festival des Folles journées de Nantes, créé par René Martin, ne cesse d'attirer des publics en s'étendant de surcroit aujourd'hui dans plusieurs pays étrangers, victime de son succès. L'idée originale de départ est donc signée René Martin : à la suite d'un concert du groupe de rock U2 à Nantes, il imagine le concept du festival des Folles journées : réunir autant de monde pour un concert de rock est possible, alors pourquoi pas pour des concerts de musique classique? C'est la question que René Martin s'est posée et c'est celle-ci qui est à l'origine du projet Folles journées. René Martin a eu l'idée de donner le nom Folle journée au festival tout simplement en référence à la pièce de Beaumarchais intitulée «Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée», devenue Les Noces de Figaro de Mozart, premier compositeur "invité" en L'objectif de René Martin à partir de l'année 1995 est en réalité d'avoir en premier lieu la volonté de faire descendre la musique classique de sa tour d'ivoire, casser ce côté élitiste qui lui colle à la peau. Pour attirer un maximum de personnes, René Martin se devait bien évidemment de mettre en place certaines conditions, paraissant évidentes : il a donc tout d'abord choisi d'appliquer une politique tarifaire abordable, puis de regrouper le festival en un week-end les premières années, qui se multiplieront en cinq jours ensuite, et enfin le fait que chaque concert n'excède pas 45 minutes. Ces trois conditions-là ont été remplies pour la création du festival des Folles journées et en ont fait sa réputation : ce sont majoritairement ces conditions qui ont d'ailleurs attiré tant de personnes, d'abord à Nantes puis dans les différentes villes étrangères par la suite. Alice Paillereau Mémoire Master II,

39 2. En France puis à l'étranger : les raisons d'un succès grandissant 29 Le festival des Folles Journées, à l'origine duquel se trouve son directeur artistique René Martin, a tout de suite attiré des milliers de personnes et eu un impact assez important sur la mentalité et le goût musical des différents publics, peut-être plus que ce que René Martin l'imaginait au départ. Depuis l'année 1995, les Folles journées n'ont cessé d'attirer de plus en plus de gens et c'est majoritairement grâce à cela que René Martin et son équipe ont pu l'étendre jusqu'à l'étranger. 29 Pour prendre l'exemple d'une pianiste étrangère adepte du festival, nous pouvons citer la pianiste Etsuko Hirose car le festival, même s'il s'est étendu dans plusieurs villes étrangères, garde pour les artistes étrangers une saveur toute particulière à Nantes : «C'est vraiment un moment spécial pour moi. Cela me permet de voir beaucoup d'artistes, dont certains que j'admire énormément.» 29 Pianiste japonaise Etsuko Hirose, habituée du festival des Folles Journées Alice Paillereau Mémoire Master II,

40 Et seule la musique compte pendant ces quelques jours. Etsuko Hirose avoue par exemple d'ailleurs ne connaître de Nantes que l'hôtel et la Cité des Congrès Par conséquent, seule compte la musique. Etsuko Hirose ajoute : «La Folle Journée permet à des gens qui ne sont pas habitués à la musique classique de la découvrir, il y a beaucoup d'enfants, de jeunes publics. Et ils reçoivent la musique avec beaucoup d'attention, de curiosité. En tant qu'artiste, je le ressens fortement.» En ce qui concerne le nombre de billets vendus, il a en réalité considérablement augmenté chaque année et par conséquent le festival est devenu de plus en plus réputé, de plus en plus populaire. Par exemple, avec une moyenne atteinte depuis 2007 de spectateurs ( à Nantes et plus de en région), la Folle Journée de Nantes est devenue l'un des plus grands évènements de musique classique en Europe et, pour illustrer cet état de fait, le festival est par exemple passé de spectateurs, 180 artistes et 35 concerts à spectateurs (dont scolaires), artistes et 250 concerts en Pour résumer cela en un bref historique, la première édition en 1995 avait ainsi réuni spectateurs, celle de 2001 en avait réuni , celle de 2003 environ , et celle de 2011 plus de Il est donc somme toutes logique que pour la 18 ème édition du festival ayant eu lieu cette année, le nombre de spectateurs ait atteint les billets vendus. D'année en année, le succès du festival se confirme et nous fait dire qu'il constitue réellement la plus grande fête populaire de la musique classique : c'est un festival à nul autre pareil où se croisent tous les publics, des mélomanes avertis, amateurs et profanes, jeunes et moins jeunes, aux enfants et familles. Pour étudier l'évolution de la popularité du festival, nous pouvons dire que depuis 2002, le week-end précédent l'évènement à Nantes, des concerts sont également donnés en région, pour ensuite s'élargir depuis 2005, à dix villes des Pays de la Loire en plus de Nantes : Challans, Cholet, Fontenay-le-Comte, La Roche-sur-Yon, La Flèche, Laval, Sablé-sur-Sarthe, Saint-Nazaire, Saumur, L'Île-d'Yeu et Fontevraud-l'Abbaye (Centre Culturel de l Ouest). Alice Paillereau Mémoire Master II,

41 Et, ces dernières années, le succès a été tel que La Folle Journée a été exportée dans d'autres villes du monde : notamment Lisbonne (de 2000 à 2006), Bilbao depuis 2002, à Tokyo depuis 2005, à Rio de Janeiro depuis 2007, en Pologne à Varsovie et au Japon à Niigata en Encore plus récemment décidé, en septembre 2012, le Canada aura sa Folle Journée à Montréal. ~ Dès lors, nous pouvons nous dire que le budget d'un festival de cette ampleur-là se doit d'être sérieusement géré. Les Folles journées constituent un évènement musical qui a longtemps été produit par la Cité des Congrès mais ce festival est depuis l'année 2005 géré par une SAEML 30 présidée par Yannick Guin et dirigée par Michèle Guillossou. La SAEML ne se cantonne cependant pas à la simple gestion financière : elle assure également l'ensemble de l'organisation de l'évènement, à l'exception bien sûr de la programmation, quant à elle entièrement décidée par René Martin et son équipe du CREA. 31 Le prix réduit des places et l'accueil d'artistes de renommée internationale sont donc rendus possibles grâce à l'investissement des financeurs publics : la Ville de Nantes, principal financeur, qui s'applique à médiatiser l'événement, le Conseil régional des Pays de la Loire, le Conseil général de la Loire-Atlantique, l'etat. De plus, lors du festival, et j'ai pu le constater par moi-même, les transports publics mettent en place des navettes régulières et gratuites pour les détenteurs d'un ticket, ainsi que des billets de train TER à 10 euros pour toute la région : la ville de Nantes met par conséquent beaucoup de choses en œuvre pour que cela se passe du mieux possible durant le festival. ~ 30 Société d'economie Mixte Locale 31 Centre de Réalisations et d'études Artistiques à Nantes Alice Paillereau Mémoire Master II,

42 D'autres éléments sont également caractéristiques de ce concept gagnant : les artistes qui acceptent des cachets inhabituellement faibles pour se produire, les médias partenaires (Ouest France, Télérama, Le Monde de la musique, France Musique, Arte, Mezzo), les commerçants locaux qui relaient l'événement et les sponsors quant à eux de plus en plus nombreux chaque année. Les différents actionnaires de la SAEML La Folle Journée se répartissent en réalité comme suit : Ville de Nantes 61 % Conseil Régional des Pays de la Loire 15 % Conseil Général de Loire-Atlantique 6 % Caisse des Dépôts 10 % CCI Nantes Saint-Nazaire 6 % Centre de Réalisations et d'études Artistiques 1% La Cité, le centre des congrès de Nantes 1% Michèle Guillossou dira à ce sujet : «L'équilibre financier est l'un des objectifs signés à la SAEML. La Culture a un coût, il ne faut pas avoir peur de dire les choses ( ) Par exemple, si les dépenses dépassent les prévisions, il faudra augmenter le prix des places, ce qui ne nous paraît pas souhaitable, ou bien rechercher de nouveaux partenaires.» 32 René Martin ne le cache pas non plus : il faut des moyens pour créer un festival aussi important, inviter des artistes prestigieux, conquérir autant de publics en si peu de jours. Aussi, il en demande un peu plus chaque année. A ce propos, l'adjoint à la Culture à Nantes, Monsieur Jean-Louis Jossic, considère cette réalité "normale" puisque l'importance d'un évènement culturel est toujours proportionnelle au budget nécessaire pour sa création mais il faut savoir parallèlement jouer de prudence : 32 La Folle journée de Nantes : une ville à l'unisson, Place Publique, Thierry Guidet, 2010, page 27 Alice Paillereau Mémoire Master II,

43 «C'est normal qu'un directeur artistique qui bouillonne d'idées veuille plus de moyens, comme il est normal que la ville soit prudente : les innovations n'attirent pas forcément un public nouveau. Cela dit, je n'entends aucune critique sur les sommes allouées à la Folle Journée. Son succès public et son esthétique irréprochable en font une manifestation intouchable.» 33 En 2009, le budget de la Folle journée approchait donc les 3,8 Millions d'euros HT, ce qui représente une somme tout de même non négligeable pour un festival de musique classique. Aucun festival en France n'approche un budget aussi élevé, ce qui prouve aussi que les Folles journées constituent réellement le festival classique le plus populaire et le plus important d'europe. Les raisons de ce succès grandissant sont donc multiples : nous pouvons citer évidemment les tarifs des concerts, oscillant entre 5 et 25 Euros, ainsi que leur durée relativement courte permettant d'en enchaîner plusieurs en une seule journée. Ce concept assez simple et attrayant a donc plu au point d'être exporté dans les différentes villes étrangères préalablement citées, et c'est en réalité assez logique pour René Martin et toute l'équipe du CREA, qui fournissent un travail tout de même conséquent : en effet, chaque année, il leur faut planifier environ 250 concerts sur cinq jours dans les différentes salles de la Cité des Congrès de Nantes, gérer l'alternance des orchestres, les passages d'une salle à l'autre, l'intendance des musiciens, la gestion du matériel, réguler les mouvements du public dans la cité, proposer des animations de qualité sur le kiosque de la grande halle, etc. Cela constitue un travail titanesque et c'est donc bien normal qu'ils soient ainsi récompensés. Le travail fourni pour ce festival est réellement proportionnel au succès que celui-ci a à travers ces quelques villes du Monde. Nous allons à présent étudier plus précisément le festival des Folles journées de Nantes à travers l'édition 2012 de celui-ci, auquel j'ai eu la chance d'aller les 4 et 5 Février de cette année, et sur lequel je vais donc me centrer dans cette dernière sous-partie, afin d'analyser notamment le concept de démocratisation musicale classique Français à travers le festival des Folles journées 2012 ayant pour thématique générale : 33 La Folle journée de Nantes : une ville à l'unisson, Place Publique, Thierry Guidet, 2010 Alice Paillereau Mémoire Master II,

44 «Le Sacre Russe, de 1870 à nos jours» Nous allons donc étudier les différents éléments caractéristiques de cette édition, en évoquant les quelques conférences et concerts auxquels j'ai eu l'opportunité d'assister durant ces deux jours. Parallèlement, grâce aux enquêtes que j'ai menées "sur le terrain", nous pourrons étudier les caractéristiques des différents publics présents, afin d'effectuer une sorte d'analyse sociologique en prenant par exemple en considération l'âge, la catégorie socio-professionnelle et les goûts musicaux des personnes constituant ces publics. Cela nous aidera à tenter de répondre aux problématiques que je me suis posées dans ce travail de recherche, notamment celles concernant la culture et le goût en matière de musique classique. Nous étudierons également le fait que la musique classique soit de plus en plus jouée dans des lieux inédits, et c'est notamment le cas lors du festival de Nantes. C) L'édition 2012 : "Le Sacre Russe" 1. 4 et 5 Février 2012 La 18 ème édition du festival des Folles journées de Nantes avait lieu du 1 er au 5 Février, et j'ai décidé d'y aller le week-end, du samedi 4 au dimanche 5 donc. Je voulais assister à quelques concerts et quelques conférences, et entre chaque concert interroger des personnes venues au festival à l'aide de questionnaires que j'avais préalablement préparés. 34 Les observations et analyses que j'ai pu faire relèvent donc autant de recherches d'ordre musicologique que sociologique. 34 Cf. Annexe 1 Alice Paillereau Mémoire Master II,

45 a. Entre découverte musicale et accessibilité Lorsque j'arrive à la Cité des Congrès de Nantes, les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont ceux que j'ai utilisés dans cette première sous-partie : "découverte" et "accessibilité". Et nous allons notamment étudier le fait que beaucoup de personnes constituant les différents publics ont pensé la même chose. Il est important de spécifier que pour la première année, une nouvelle "scène" a fait son apparition : celle du Lieu Unique 35. Et pour la 18 ème édition, 300 manifestations étaient prévues, il fallait donc deux lieux prestigieux : celui de la Cité des Congrès et celui du Lieu Unique, environ deux cent mètres les séparant. Ceci constitue également l'une des raisons pour lesquelles les Folles journées attirent, et attireront, de plus en plus de monde chaque année : l'agencement des salles dans la Cité des Congrès et même entre le Lieu Unique et la Cité, qui permettait aux spectateurs de circuler librement d'une salle à l'autre ou d'un bâtiment à l'autre. Il était donc facile de venir assister à plusieurs concerts par jour, tout étant parfaitement agencé et coordonné pour cela. 35 Scène nationale de Nantes, espace d exploration artistique, de bouillonnement culturel et de convivialité qui mélange les genres, les cultures et les publics, pour les différents domaines de l art : arts plastiques, thé tre, danse, cirque, musique, mais aussi littérature, philo, architecture et arts gustatifs. Alice Paillereau Mémoire Master II,

46 Michèle Guillossou, directrice générale de la SAEM La Folle Journée, s'explique : «Afin de respecter l'unité de lieu qui contribue à la réussite du festival depuis sa création, la Ville de Nantes a chargé la Saem de concevoir, de financer, et de mettre en œuvre l'installation qui relie désormais la Cité des Congrès, où se déroule traditionnellement l'événement, avec ce nouveau site.» Une structure de 215 mètres de long et 10 de mètres de large a donc été installée et selon moi, cela a réellement apporté une "touche nouvelle" au festival, permettant de surcroit une augmentation considérable du nombre de concerts, dans les deux lieux que sont la Cité des Congrès et le Lieu Unique. ~ D'abord, la question que l'on pourrait être amené à se poser est : pourquoi peut-on associer les mots "découverte" et "accessibilité" au festival des Folles journées? Les publics présents ont su partiellement y répondre en répondant notamment aux quelques interrogations que j'ai posées à travers mes enquêtes. Aux Folles journées, il y a découverte dans le sens où des artistes inconnus se produisent, des airs de musique classique choisis sur le même thème (en 2012 : la musique russe) et que les gens ne connaissent pas forcément sont joués par des artistes eux-mêmes venus pour réellement partager, des conférences sont données pour que les gens enrichissent leurs connaissances, en plus de ce qu'ils sont venus écouter, etc. A l'image du groupe Le Balcon présent aux Folles journées cette année, dont le jeune chef s'appelle Alphonse Cemin 36 et dont la moyenne d'âge des membres du groupe est de 25 ans, les personnes constituant les différents publics pouvaient assister à une véritable découverte en écoutant les œuvres jouées par ce groupe passionné de musique contemporaine et pour le moins original. Pour définir plus en détails ce que fait ce groupe, c'est un ensemble musical Français, créé en 2008 et basé à Paris. 36 A étudié au Conservatoire national de Paris, dans la classe la plus prestigieuse ouverte aux chefs d'orchestre Alice Paillereau Mémoire Master II,

47 Le Balcon a été fondé par six étudiants du Conservatoire national de Paris, que sont Juan Pablo Carreno (compositeur), Mathieu Costecalde (compositeur), Pedro Garcia- Velasquez (compositeur), Maxime Pascal (chef d'orchestre), Florent Derex (ingénieur du son), et donc : Alphonse Cemin (pianiste). Malgré leur jeune âge, leurs prestations sont incroyablement réussies et très professionnelles. En tant qu'auditeurs qui "découvrons" leurs interprétations, nous sommes véritablement admiratifs de leur travail et de leur professionnalisme : nous ressentons réellement leur virtuosité à travers les interprétations musicales qu'ils nous livrent. Par exemple, de l'interprétation de la pièce de Stravinsky intitulée Le renard, qu'ils ont eu l'occasion d'interpréter en collaboration avec une troupe théâtrale au Lieu Unique pendant le festival, émane une véritable cohésion musicale : cela donnait une pièce burlesque au jeu scénique quelque peu "déjanté", accompagnée d'une musique contemporaine quant à elle admirablement interprétée par les musiciens du Balcon, et je pense personnellement que chaque spectateur a pu apprécier à sa juste valeur le beau mélange entre musique et théâtre sur scène. Alice Paillereau Mémoire Master II,

48 37 Le spectacle vivant détient ces avantages-là : écouter et voir les artistes en direct contribue à faire apprécier la musique, notamment classique, aux différents publics présents. Et le festival des Folles journées s'appuie également sur cette notion de mélange des arts : entre théâtre, danse et musique surtout, les arts se mêlent de façon admirable dans beaucoup de manifestations ayant lieu au cours de ce festival. 37 Répétition du concert d'ouverture de la Folle Journée, dirigée par Alphonse Cemin (au centre). Photo : Rodolphe Escher pour Télérama. Alice Paillereau Mémoire Master II,

49 Un deuxième exemple illustrant cet état de fait et que j'ai eu également l'occasion de voir le dimanche 5 Février est la pièce de théâtre sur la vie du compositeur Tchaïcovsky, intitulée «DANS LA RUSSIE DES TSARS, AVEC TCHAÏKOVSKY» et brillamment interprétée par Ronan Cheviller et Jean-Marie Lorvellec, comédiens jouant respectivement le rôle de Tchaïcovsky et celui de son frère. Pour bien comprendre comment est constituée la pièce, en voici le synopsis : «Nous sommes en octobre Tchaïkovski fait une pause pendant une répétition de sa Symphonie Pathétique, qu il s apprête à diriger pour la première fois. Avec son frère et confident, Modest, il évoque le pressentiment de la mort qui l étreint à la création de cette œuvre, mais aussi les moments plus heureux de son existence, les œuvres clés qui l ont émaillée, le contexte dans lequel elles sont été écrites. Cela lui permet d expliquer ce qui l oppose au Groupe des Cinq, dont les orientations musicales sont très différentes des siennes, ou d évoquer encore le pacte étrange qui l a relié pendant douze ans avec la baronne Von Meck. Neuf jours après la première de cette Symphonie n 6, Tchaïkovski meurt de façon mystérieuse à Saint-Pétersbourg.» Alice Paillereau Mémoire Master II,

50 Les deux talentueux acteurs ont relevé avec brio le défi de jouer 80 fois pendant un mois cette pièce écrite par Patrick Barbier, sur une idée originale de René Martin. Cette pièce de théâtre est véritablement très bien écrite et très bien interprétée, donne au festival un aspect encore plus attrayant, au vu du mélange des genres artistiques dont les organisateurs ont su user. A l'une de mes questions : "Que représente pour vous le festival des Folles journées", beaucoup de personnes présentes ont entre autres répondu : "découverte d'un horizon musical qui m'est peu familier", "une excellente journée de découverte musicale", "un excellent moyen de découverte musicale pour les publics pas habitués (les publics scolaires par exemple)", "bonne occasion de découvrir des compositeurs moins connus et des artistes très variés", "un grand rendez-vous annuel qui mêle accessibilité à la musique classique et convivialité", "découverte d'interprètes, de compositeurs, et tout cela en live" Parmi ces réponses données, il parait évident que les termes "accessibilité" et "découverte" sont deux des mots les plus évocateurs lorsque les différents publics sont interrogés au sujet du festival des Folles journées. De plus, à la question 2 de l'enquête que j'ai créée 38, à savoir : "Musique classique : quel adjectif vous vient à l'esprit?", paradoxalement au vu de ce que beaucoup pourraient penser de la musique classique et de son image "élitiste", 42,5% des personnes sondées ont répondu "accessible", ce qui prouve aussi que les Folles journées sont là pour faire évoluer les mentalités à ce sujet. Pour résumer, plusieurs raisons font de ce festival de musique classique un festival riche car accessible à différentes découvertes musicales, accessible à tous les publics, accessible dans tous les sens du terme finalement. Suivant cet état de fait, nous pouvons nous demander si connaissance musicale et goût musical sont forcément liés, plus précisément, et en d'autres termes : Comme nous l'avons étudié précédemment, et comme l'a écrit Bourdieu, il s'avère que nous sommes tous plus ou moins intéressés par des styles musicaux qui nous sont familiers, que ces goûts aient été forgés pendant notre éducation, pendant notre parcours scolaire ou avec des amis par exemple. Nous allons, dans ce point, analyser d'autres éléments, de registre plus philosophique, qui nous amèneront à développer une réflexion plus profonde. 38 Enquête de terrain personnelle Le festival des folles journées et ses publics 4 & 5 Février 2012 Alice Paillereau Mémoire Master II,

51 b. Culture musicale classique et "goût pour" la musique classique Selon mes premières analyses, la réponse à la question "faut-il connaître la musique classique pour l'apprécier?" semble plutôt pencher du côté du "oui", dans le sens où les personnes habituées à "baigner" dans ce milieu et à écouter ce genre de musique seraient forcément plus à même d'aller assister à des concerts classiques. Mais, ce que pensent certains philosophes ou artistes se situerait en réalité entre les deux opinions, relevant d'une certaine neutralité : en d'autres termes, tous les publics pourraient se sentir concernés par les dires de ces personnes. Par exemple, dans l'ouvrage Le gai savoir, ouvrage écrit par Friedrich Nietzsche et publié en 1882, l'auteur nous dit qu'il faut apprendre à aimer une œuvre musicale et que cet apprentissage-là nécessite des efforts. Le philosophe dit qu'il faut en premier lieu apprendre à discerner l'œuvre musicale : elle nous est parfois inconnue, étrange. Cela peut par exemple être le cas pour des personnes qui écoutent pour la première fois une œuvre classique. Ainsi, en la "discernant" lors de l'écoute musicale, elle devient "identifiée", saisie. La seconde phase que décrit Nietzsche, c'est celle qu'il définit comme étant la "phase de l'effort" : en effet, une fois identifiée, l'œuvre doit alors être supportée L'œuvre implique en fait un effort de notre part pour être identifiée, comprise, et il faut ensuite encore «de l'effort et de la bonne volonté pour la supporter, en dépit de son étrangeté, user de patience pour son regard et pour son expression, de tendresse pour ce qu'elle a de singulier.» Il parle ensuite de la troisième et dernière phase : celle de la fascination, qui nous fait en quelque sorte enfin aimer l'œuvre que l'on écoute. Nietzsche décrit la manière dont nous arrivons à aimer une œuvre musicale, en trois phases. Selon lui, le fait d'aimer immédiatement un morceau est quelque part toujours un peu suspect. Et c'est là que nous arrivons au sujet qui nous intéresse : aimer, par exemple, une œuvre de musique classique ou de jazz implique une éducation. Et cette dernière relève des deux dernières étapes dont Nietzsche nous fait part. Ce n'est en effet qu'en "supportant" telle œuvre de musique classique et en étant "fasciné" par celle-ci que les auditeurs peuvent apprécier la musique classique. Alice Paillereau Mémoire Master II,

52 Nietzsche s'appuie donc sur la notion d'étrangeté, que les publics non-initiés à la musique classique par exemple pourraient ressentir lors d'une première écoute au festival des Folles journées de Nantes : «L étrangeté peu à peu se dévoile et vient s offrir à nous en tant que nouvelle et indicible beauté». Par conséquent, selon cette théorie nietzschéenne, tous les publics, qu'ils soient mélomanes invétérés ou non connaisseurs de musique classique, pourraient se sentir concernés par cette notion, si tant est qu'ils veuillent bien fournir les efforts nécessaires contenus dans les trois phases de l'écoute musicale, dont Nietzsche nous fait part dans cet ouvrage. Il ne suffirait donc pas de "connaître" la musique classique pour l'apprécier : il suffit juste d'avoir la volonté d'écouter et de découvrir un nouveau style musical, que nous n'avons pas forcément l'habitude d'entendre. La question de la culture musicale mêlée à celle du goût musical dans le domaine classique est donc complexe. Pourtant, il existe un lien évident entre ces deux termes. Cela rejoint en réalité la relation raison/émotion souvent rencontrée lors d'une écoute de musique classique : fait-elle appel à notre raison ou à notre cœur? Lorsque certaines personnes disent qu'il faut à tout prix maîtriser un minimum les bases de la musique classique pour pouvoir "y goûter" et en apprécier l'écoute, devons-nous les croire? ~ Le deuxième exemple allant dans ce sens, c'est la musique comme thérapie : les concerts classiques donnés dans les hôpitaux sont interprétés pour des auditeurs pour le coup non-initiés, pas forcément connaisseurs, n'ayant peut-être jamais écouté de musique classique. Et il est pourtant prouvé que la musique aide le patient moralement, car celle-ci touche d'abord le cœur, les émotions, pas l'esprit ni les connaissances musicales d'un individu. C'est en ce sens que les arguments donnés par les personnes pensant qu'il faut connaître les bases de la musique classique pour pouvoir l'apprécier sont quelque peu caduques Alice Paillereau Mémoire Master II,

53 Après, il existe forcément des œuvres musicales qui parlent plus que d'autres à certaines personnes faisant partie du "grand public", comme il en existe même chez les connaisseurs de musique classique, pour qui certaines œuvres ne sont pas "écoutables". Cette idée rejoint ici la notion de goût que nous avons évoquée précédemment. à aimer" Cependant, comme le spécifie Nietzsche dans Le gai savoir, nous pouvons "apprendre Si nous résumons brièvement ce dont nous venons de parler, nous nous posons la question de savoir si nous devons être cultivés et avoir des connaissances musicales pour apprécier une œuvre à l'écoute. Selon mon avis personnel, il n'est pas nécessaire d'être musicien pour apprécier un morceau classique dans le sens où la musique constitue un langage universel. Comme nous le disions, je pense qu'une personne, sans être musicienne, peut ressentir des émotions que transmet la musique : il suffit juste d'avoir des émotions justement. Et, en règle générale, tout être humain en a. Certes, un musicien ou un individu cultivé en termes de musique classique sera peutêtre plus "habité" par le morceau qu'il écoute, parce qu'il connait les différentes notes, les harmonies, la structure de l'œuvre. Mais cela ne signifie pas qu'un auditeur moins cultivé en matière de musique classique ne ressentira pas autant le morceau, émotionnellement parlant. La musique touche le cœur avant toute chose, bon nombre de compositeurs et de philosophes l'ont dit, Nietzsche pour le plus connu d'entre eux et Schopenhauer notamment : «C est un art si élevé et si admirable, si propre à émouvoir nos sentiments les plus intimes, si profondément et si entièrement compris, semblable à une langue universelle qui ne le cède pas en clarté à l intuition elle-même.» 39 De plus, dans l'un de ses ouvrages intitulé le Drame musical grec, Nietzsche citera à nouveau Schopenhauer pour le reprendre à son compte : «La musique touche immédiatement le cœur, car elle est la véritable langue universelle, partout comprise.» Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, trad. Burdeau revue et corrigée par R. Roos, Paris, 1966, page 327 Alice Paillereau Mémoire Master II,

54 L'auteur de la phrase «Sans la musique la vie serait une erreur» et le philosophe allemand Schopenhauer soutiendront donc cet état de fait, bien que leurs avis aient souvent divergé avec d'autres, considérant quant à eux qu'un auditeur se doit de connaître un minimum la musique pour pouvoir l'appréhender avant l'écoute. Il me semblait intéressant d'étudier cette question, en donnant quelques exemples d'auteurs ayant défendu des idées sur le lien certain entre musique et émotion, ainsi que d'autres ayant défendu le fait qu'il faut préalablement avoir une certaine oreille musicale pour pouvoir apprécier les musiques savantes, comme l'opéra ou la musique classique par exemple. Cette notion s'étend bien évidemment au festival des Folles journées, dans le sens où les questions de démocratisation musicale et de diversification des publics sont forcément abordées au sein de cette manifestation. Nous allons analyser cela en détails et ouvrir sur d'autres sujets à travers les concerts et les conférences qui ont eu lieu durant le festival en Février 2012 et auxquels j'ai eu l'opportunité d'assister les 4 et 5 Février. ~ c. Entre concerts et conférences de qualité L'un des nombreux points positifs de ce festival concerne notamment l'accessibilité à des conférences de qualité, et pour un tarif plus qu'abordable (2 Euros). Celles-ci permettent à des personnes pas forcément cultivées en matière de musique classique d'appréhender ce style musical et d'améliorer leurs connaissances, ce qui constitue un véritable plus par rapport aux concerts classiques auxquels ils peuvent assister pendant le festival. Par curiosité, j'ai assisté à l'une des conférences données par André Lischke, professeur à l'université d'evry et spécialiste de la musique russe, intitulée «Sonates et concertos russes au début du 20 ème siècle», dans le Salon Belaïev. 40 Nietzsche, Le drame musical grec, Écrits posthumes, , trad. Backès, Paris, 1975 Alice Paillereau Mémoire Master II,

55 L'autre conférence à laquelle j'ai pu assister était donnée par la musicologue Brigitte François-Sapey, également professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris, et s'intitulait «Petite histoire de la musique russe de 1850 à 1900». Enfin, la dernière conférence intéressante à laquelle j'ai eu l'opportunité d'assister s'intitulait «Entre la Russie et l'occident : Stravinsky», donnée par Emmanuel Reiber, maître de conférences à l'université Paris Ouest Nanterre, chargé de séminaire à l'ens 41 et auteur de plusieurs livres dont Faust, la musique au défi du mythe par exemple. Il s'intéresse notamment beaucoup aux rapports entre musique et sciences humaines de l'époque romantique à nos jours et je peux dire que cela s'est ressenti lors de sa conférence, véritablement passionnante. Ayant eu l'opportunité d'assister à ces trois différentes conférences, je peux donc confirmer l'essentialité et le grand intérêt que représentent celles-ci durant un festival comme celui-ci. Toutes données par des professionnels de la musique, je pense qu'elles sont indispensables au bon déroulement des Folles journées, notamment parce qu'elles offrent la possibilité à tous d'améliorer leurs connaissances en matière de musique classique, en l'occurrence russe, et de permettre quelques "intermèdes" au public, au lieu que celui-ci s'ennuie dans l'attente d'autres concerts Ces intermèdes-là sont également agréables lorsque, en tant que spectateurs, nous passons par la Grande Halle de la Cité des Congrès, située en plein milieu donc à laquelle nous avons forcément accès lorsque nous changeons de salle. En effet, tous les concerts ayant eu lieu dans la Grande Halle étaient gratuits et accessibles à tous. S'il y avait deux concerts à retenir, de ceux auxquels j'ai pu assister, je retiendrai celui de l'ensemble Aperto, ensemble de flûtes traversières de Nantes dirigé par Monsieur Gilles de Talhouët, dont les œuvres jouées m'ont touchée car, malgré le jeune âge de certains membres de l'ensemble, elles étaient exécutées avec un grand professionnalisme et une vraie sincérité. Ensuite, les concerts données par Motion Trio, un trio d'accordéonistes virtuoses, magnifiques interprètes, sont ceux que je retiendrai également pour ce lieu de la Grande Halle. 41 Ecole Nationale Supérieure Alice Paillereau Mémoire Master II,

56 Pareillement, les émissions de radio qui ont été enregistrées dans un studio présent dans le hall de la Cité des Congrès pour l'occasion et auxquelles le public pouvait assister en direct ont été très intéressantes et ont représenté également un vif intérêt pour les personnes présentes. J'ai eu la chance d'aller dans ce studio, parmi le public, et d'assister à une émission diffusée sur Radio Classique, qui recevait le jeune pianiste Alphonse Cemin dont nous avons déjà parlé précédemment et qui a parlé de son groupe Le Balcon, présent aux Folles Journées, et donnant un concert le soir de ce samedi 4 Février dans la salle du Lieu Unique, durant lequel le groupe a revisité l'œuvre de Stravinski intitulée Renard, devenue pour eux et pour nous une histoire burlesque chantée et jouée pour 15 musiciens, 2 ténors et 2 basses. Enfin, pour terminer cette dernière sous-partie, je vais évoquer les quelques concerts auxquels j'ai eu le plaisir d'assister et qui m'ont le plus "marquée" durant ces deux jours de festival. Le premier reste incontestablement celui du Samedi 4 Février, ayant eu lieu dans la salle nommée "Tolstoï" pour l'occasion, donné par la célèbre et regrettée pianiste Brigitte Engerer, dont je voulais absolument parler dans ce travail, tellement son talent et sa générosité sont grands. Elle a notamment joué des œuvres pianistiques de Tchaïcovsky, Une larme de Moussorgski, mais surtout l'œuvre qui m'a particulièrement émue : La séparation, de Glinka, que j'avais eu l'honneur de jouer une fois devant un public, et qui, magnifiquement interprétée par Brigitte Engerer, m'a vraiment plu, pour des raisons de goût personnel certes, mais également parce que j'aime et j'admire beaucoup cette pianiste, malheureusement disparue très récemment. Le second concert que je retiens est encore celui d'un pianiste, dont la technique et la qualité de jeu m'ont impressionnée : celui de David Kadouch, qui a interprété à la suite : le Prélude et Fugue en sol dièse mineur opus 29 de Taneïev, la Sonate Reminiscenza en la mineur opus 38 n 1 de Medtner et les Tableaux d une exposition de Moussorgski. Pour faire bref : absolument sublime. Enfin, le trio Wanderer a interprété la célèbre œuvre de Tchaïcovsky : le Trio pour piano et cordes en La m opus 50, et j'ai trouvé que les trois musiciens avaient fait de ce morceau une œuvre encore plus belle, de celle que j'avais pu par exemple écouter sur CD auparavant. Alice Paillereau Mémoire Master II,

57 ~ 2. Un évènement "populaire" a. Le mélange des styles musicaux Les éléments qui font des Folles journées l'un des meilleurs festivals de musique classique du monde sont divers comme nous avons pu le constater. A travers le travail du groupe Le balcon par exemple, nous pouvons observer le fait qu'ils ont adapté "à leur façon" l'œuvre du Renard de Stravinsky, en mêlant les styles musicaux, et c'est quelque chose que l'on retrouve beaucoup de nos jours : les différents genres de musique se mélangent et s'influencent les uns les autres en quelque sorte. Et, à l'instar de l'émission diffusée sur France 2 La grande battle, dont nous avons déjà parlé précédemment, les musiciens issus de tel milieu musical n'hésitent plus aujourd'hui à tester d'autres styles musicaux, et à faire des adaptations modelées selon leurs propres influences. J'ai déjà assisté, durant l'un des festivals de la Folle journée (pas cette année), à un concert réunissant des jeunes issus de banlieue, plutôt portés sur la musique rap, qui ont justement chanté des textes sur des thèmes musicaux classiques connus, et c'était un véritable moment de partage, un véritable échange entre musique du passé et textes modernes. De plus en plus de personnes adaptent à leur façon des musiques qui ne constituent pas forcément leurs préférences. Ces concerts mêlant les différents styles et les différentes influences sont très répandus dans la musique d'aujourd'hui car ceux-ci plaisent aux publics et c'est en continuant à avoir cette vision de la musique que de plus en plus de publics différents viendront assister à des concerts dont le style musical ne fait au départ pas obligatoirement partie de leurs préférences. C'est comme cela que l'on pourra faire par exemple évoluer les mentalités quant à la réputation de la musique classique, trop souvent jugée "ringarde". Alice Paillereau Mémoire Master II,

58 Parallèlement, des ateliers de retranscription musicale sont organisés dans le but de permettre à de jeunes musiciens amateurs de travailler leur interprétation à partir d'une œuvre choisie dans la programmation de la Folle Journée Tchaïkovski et d'autres compositeurs classiques sont ainsi repris sur des rythmes rock, rapp, slam, reggae, jazz, électro acoustique, hip hop ou pop rock. Ainsi, après s'être entrainée pendant plusieurs mois, une cinquantaine de jeunes issus de différents quartiers sont venus jouer sur scène, participant à l'ouverture du festival vers un large public. Dans la même logique, près de billets à seulement 4,50 euros ont également été émis dans le cadre d'une politique sociale solidaire visant à proposer un événement culturel de qualité même aux plus petits budgets. Par ailleurs, pendant cette édition du festival 2012, le trio d'accordéonistes notamment, présent dans la Grande Halle de la Cité des Congrès, est un bon exemple de ce mélange des genres : avec l'accordéon, qui ne constitue pas forcément l'instrument de prédilection de la musique classique, ils ont démontré que ces deux-là pouvaient tout de même s'accorder et, en adaptant la musique classique à leur propre style, cela donnait un résultat fort appréciable à l'écoute. J'ai d'ailleurs pu constater que ce trio était le plus applaudi, à chacun de leur passage dans la Grande Halle. Pour revenir sur le sujet des publics, qui sont de plus en plus attirés par les "nouveautés" musicales mêlant différents styles, il est évident qu'au festival des Folles journées, les différents spectateurs viennent également parce qu'ils se sentent proches de telle ou telle musique, de tel ou tel artiste. Mais pour les attirer vers un autre genre de musique, qu'ils n'ont pas forcément l'habitude d'écouter, il est nécessaire d'utiliser ce mélange des genres : c'est ce qu'a compris le créateur du festival René Martin, en multipliant les différentes alternatives pour diffuser, avec la meilleure qualité possible, la musique classique sous la forme du spectacle vivant. Parmi ces différents publics, une catégorie est particulièrement présente lors des Folles journées : celui correspondant aux jeunes publics. C'est cette catégorie-ci, leurs goûts musicaux et leur présence aux Folles journées 2012 que nous allons étudier à présent. Alice Paillereau Mémoire Master II,

59 ~ b. La musique classique auprès des jeunes publics Durant ce festival 2012, plusieurs actions ont été menées afin de sensibiliser les plus jeunes à la musique classique, et ce par de multiples façons. D'abord, il existe les ateliers de retranscription graphique, imaginés par l'aquarelliste Anne Gravier. Ces ateliers permettent aux plus jeunes de réaliser des dessins ayant pour thématique de départ la musique classique, en l'occurrence russe. Les plus beaux dessins feront alors l'objet d'agrandissements en vue de la constitution d'une exposition itinérante, après Juin Ce projet se veut également intergénérationnel et c'est ainsi que l'académie de Nantes, l'accoord et l'orpan ont établi une étroite collaboration avec la Folle Journée dans cet objectif. Voici quelques dessins d'enfants réalisés dans le cadre de ce projet : Alice Paillereau Mémoire Master II,

60 Alice Paillereau Mémoire Master II,

61 Parallèlement, beaucoup de scolaires ont assisté aux multiples concerts donnés par les artistes du festival, à l'image des élèves de CE2 et CM1 de l'école Paul Fort de Saint-Brévinles-Pins (44), qui sont même des habitués des Folles journées. Chaque année, les institutrices se renseignent sur le thème qui sera celui du festival et font écouter aux enfants les œuvres associées à ce thème : pour l'édition 2012, les élèves ont donc été préparés en écoutant du Tchaïcovsky. A la sortie d'un des concerts, l'interprétation de Pierre et le loup de Prokofiev, les enfants étaient très enthousiastes et en redemandaient, ce qui prouve une fois de plus que la musique classique n'est absolument pas réservée à une élite, comme on a coutume de le dire. Le deuxième exemple prouvant cet état de fait a eu lieu en région, à la Roche sur Yon (85). En effet, trois cent enfants des écoles yonnaises, issus des quartiers populaires, sont allés assister à un concert dans la plus grande salle du chef-lieu vendéen : le Manège, mettant en scène le pianiste Hervé Billaud, qui interprétait du Moussorgski, autre célèbre compositeur russe. Au regard de l'excellente attention dont les enfants ont fait preuve, Hervé Billaud dira : «Alors que ces jeunes n'écoutent presque jamais de musique classique, j'ai trouvé leur qualité d'écoute formidable» 42 Ces familles aux revenus plutôt "modestes" n'osent généralement pas écouter de la musique classique tellement "on" la dit inaccessible. C'est ce qui est véritablement dommage à notre époque, car la musique classique est accessible à tous, il faut impérativement que cette réalité s'ancre dans les mentalités, quelles qu'elles soient. Rien que pour avoir voulu faire mentir cette idée-là : un grand merci à René Martin. La troisième illustration de cette Action menée auprès des plus jeunes aux Folles journées concerne les ateliers d'éveil musical, menés par deux professionnelles des arts du spectacle : une danseuse, Magalie Le Guillard, et une musicienne percussionniste, Sandrine Mary. L'objectif principal de ces ateliers est en fait de créer du lien avec les jeunes enfants, les sensibiliser par l'écoute, le jeu, l'expérimentation sonore et corporelle, en utilisant la danse et la musique (extraits musicaux de compositeurs Russes en lien avec la programmation) comme vecteurs de communication. 42 Marc Lambrechts, «A la Folle journée, les enfants des quartiers au concert», Ouest France, 30 Janvier 2012 Alice Paillereau Mémoire Master II,

62 La rencontre et le partage musical avec ces jeunes enfants vont alors permettre de susciter l'envie de découvrir et de faciliter l'approche de la musique classique. Pour plus de détails, la séance, durant 30 minutes, comprend plusieurs étapes ludiques: la présentation avec marionnettes à doigts, la forêt des sons, le miroir magique (corps en illustration musicale), l'expérimentation sonore autour des percussions et le voyage dans l'imaginaire par l'écoute. Ce ne sont que trois exemples démontrant la volonté de sensibiliser les jeunes publics aux Folles journées, mais il reste encore beaucoup d'activités menées dans le cadre de cette sensibilisation et de cette démocratisation. Comme nous pouvons le constater, et comme le dira Michèle Guillossou, directrice de la société qui gère le festival, «un plan d'actions est mené chaque année pour impliquer aussi bien les scolaires que les personnes éloignées de la culture qu'elles soient en situation de précarité, souffrant de handicap ou bien âgées et isolées». C'est précisément de cette catégorie de public dont nous allons à présent parler dans cette dernière sous-partie, publics que l'on nommera les "publics empêchés" afin de généraliser convenablement la catégorie. ~ c. Folles journées : agir auprès des publics empêchés Il est tout d'abord nécessaire d'expliquer le terme "publics empêchés" : la définition précise se résume en réalité comme ceci : «Personnes privées de la totalité des services offerts par une bibliothèque du fait d un handicap (mobilité réduite, cécité, etc.) ou d une impossibilité à se déplacer (personnes hospitalisées, incarcérées, etc.).» Alice Paillereau Mémoire Master II,

63 La première catégorie appartenant aux "publics empêchés" pendant le festival des Folles journées constitue celui des personnes emprisonnées, auprès desquelles bon nombre de musiciens se produisent dans le cadre du festival chaque année. En effet, partenaire du festival depuis 2010, les maisons d arrêt de la région des Pays de Loire, ont reçu des artistes comme Hervé Billaut, Shani Diluka, Claire Désert ou encore Anne Quéffelec, tous les quatre pianistes et invités par le festival. En partenariat avec le CREA (Centre de Réalisations et d Etudes Artistiques), les bibliothèques des différentes MA ont également pu faire découvrir les œuvres et la vie musicale russe (CD, livres) aux personnes détenues. Par exemple, au Centre Pénitentiaire de Nantes, 2 pianistes, Sanja et Lidija Bizjak, ont interprété Le sacre du printemps de Stravinsky pour piano à 4 mains. Par cette manifestation, les personnes détenues ont appréhendé d autres cultures au travers de la musique classique. La pianiste Anne Quéffelec, une habituée du festival des Folles journées de Nantes, en parle très bien puisqu'elle a eu l'occasion de jouer dans la prison de Nantes : «Lors de la Folle Journée, les vibrations ne se limitent pas à la Cité des Congrès. Elles vont jusqu à la prison de Nantes où je jouerai pour la quatrième fois. Loin des médias, c est l occasion d aller vers un nouveau public qui nous offre une écoute incroyable, ainsi que ce rare sentiment, pour nous artistes, de faire du bien aux gens.» 43 Selon elle, cette "parenthèse musicale" à laquelle les détenus ont en quelque sorte le droit de participer les libère de leur quotidien plutôt lourd La musique leur apporte en fait la touche de légèreté qui manque à leur vie en prison. Et Anne Quéffelec a été particulièrement émue de jouer à la prison de Nantes la première fois, notamment par une question posée par un détenu : 43 Rencontre avec Anne Quéffelec, Février 2011 Alice Paillereau Mémoire Master II,

64 «J'ai été, dès ma première "visite" à la prison de Nantes, fascinée par la justesse des questions posées par certains détenus. Je me souviens d'une question que m'avait posée un détenu. Il m'avait demandé : "Pourquoi les gestes des musiciens sont si beaux?" Donc ne peut pas répondre n'importe quoi à une pareille question, et cette sensibilité à la beauté, cette révélation qu'apporte la beauté, à travers des manifestations comme la Folle journée Ca fait œuvre de santé publique si vous voulez, je pense que le Ministère de la santé devrait avoir beaucoup plus recours à des gens comme René Martin» 44 C'est depuis l'année 2002 que le CREA et le Service Pénitentiaire d'insertion et de Probation de Loire-Atlantique se sont associés à la Folle Journée afin de proposer des animations favorisant la découverte de la musique classique, en lien avec la programmation. Projections de films, représentations théâtrales, conférences, rencontres avec des interprètes et concerts sont ainsi planifiés pour permettre aux détenus cette initiation et qu'ils peuvent renforcer, s'ils le souhaitent, par l'écoute de CD et la lecture de publications consacrées aux compositeurs de la Folle Journée. Pour décrire plus précisément l'échange surprenant qui s'installe à chaque concert entre musiciens et détenus, pendant quelques heures, pédagogie et découverte de la musique classique laissent en fait souvent place à l'émotion. Les paroles de Jacques, détenu fidèle de la manifestation, en témoignent : «Nous sommes des privilégiés. Chaque année, je m'enrichis. "Dehors", nous n'aurions jamais eu la chance de parler avec des artistes d'envergure internationale, telle la harpiste Isabelle Moretti ou la pianiste Anne Queffélec! Je ne connais pas la musique, mais j'aime l'écouter, notamment quand je peins dans ma cellule. Grâce à la Folle Journée, je situe mieux les œuvres et les artistes dans l'histoire.» 45 En ce qui concerne les données chiffrées, à l'heure actuelle, environ 9 des 480 personnes détenues à la prison de Nantes ont assisté à une ou plusieurs rencontres de la Folle Journée. 44 Entretien, «Anne Quéffelec, pianiste : "la Folle journée, une grande fête populaire qui démystifie la musique classique"», Arte TV, Blandine Dahéron, «Quand la folle journée s'invite en prison», la Gazette SantéSocial.fr, Juin 2008 Alice Paillereau Mémoire Master II,

65 Toutes les personnes détenues espèrent que la démarche continuera dans les années à venir, car c'est pour eux une façon de rester en contact avec la société : «Si la prison exclut par la sanction, elle ne doit pas devenir un lieu d'exclusion par la culture», dira très intelligemment André Page, directeur du Centre pénitentiaire de Nantes. La deuxième catégorie de "publics empêchés" concerne les personnes hospitalisées. En effet, comme dans le cadre de démarches de musicothérapie, certains musiciens ont été invités à jouer dans des hôpitaux, afin de "faire oublier", le temps d'un concert, le lourd quotidien des malades, comme celui des détenus. Comme nous avons pu le constater dans cette deuxième partie de notre travail, le festival des Folles journées touche chaque année de plus en plus de monde. Et, il permet entre autres l'accès à la culture dans des lieux où celle-ci n'apparaît plus comme une évidence. Ainsi, René Martin a également souhaité associer le CHU de Nantes à ce festival en organisant des concerts dans l'hôpital au profit des patients hospitalisés. Par ailleurs, Art'musik classique, l'orchestre classique du CHU, joue également pour les malades à l'occasion du festival. Pour citer le premier exemple, en 2009, lors du premier concert organisé à l'hôpital de Pirmil de Nantes, Anne Quéffelec était encore une fois la première musicienne invitée par René Martin et son équipe. Le point de départ de ce projet est venu d'une collaboration entre l'association des Petits frères des Pauvres 46 et l'équipe du CREA Association qui accompagne, depuis 1946 et dans une relation fraternelle, des personnes en priorité de plus de 50 ans souffrant de solitude, de pauvreté, d'exclusion, de maladies graves. Association et fondation reconnues d'utilité publique. 47 Anne Quéffelec après son concert à l'hôpital de Pirmil, Février 2009 Alice Paillereau Mémoire Master II,

66 Anne Quéffelec avait prononcé, à l'issue du concert, la phrase suivante : «Au sein d'un hôpital, il n'y a rien de mieux pour la santé, que la beauté», paroles qui font écho à ce qu'elle avait également pensé en jouant à la maison d'arrêt de Nantes. ~ 48 Comme le démontre l'image ci-dessus, un autre concert a de nouveau eu lieu le 3 février 2011 à l'hôpital de Pirmil, où deux pianistes de renom, Claire Désert et Emmanuel Strosser, ont joué pour les résidents. L'orchestration au piano de Claire Désert et d'emmanuel Strosser ont ainsi permis à une centaine de personnes âgées de s'émouvoir et de s'évader le temps d'un après-midi Image : Claire Désert pendant son concert à l'hôpital de Pirmil, 3 Février 2011 Alice Paillereau Mémoire Master II,

67 Et, cette année, c'est la pianiste Claire-Marie le Guay qui a eu l'opportunité de jouer au CHU de Nantes cette fois-ci. Ce concert a été également organisé à l'initiative de l'association des Petits frères des Pauvres. La pianiste a bien évidemment interprété des œuvres en lien avec la thématique de l'édition 2012 du festival : les personnes âgées du CHU de Nantes ont ainsi pu écouter des œuvres de compositeurs tels que Rachmnaninov, Borodine ou encore Scriabine. Les résidents du CHU de Nantes ou de l'hôpital de Pirmil, et les détenus des maisons d'arrêt de Nantes, de Fontenay-le-Comte en Vendée ou d'angers, représentent les principales personnes faisant partie de la catégorie que l'on nomme "publics empêchés", et qui ont ainsi participé, à leur façon, aux concerts donnés dans le cadre du festival des Folles journées de Nantes depuis l'année Quels publics aux Folles journées 2012? J'ai décidé de consacrer cette dernière sous-partie aux observations que j'ai pu faire en enquêtant les 4 et 5 Février 2012, à la Cité des Congrès de Nantes, dans le cadre du festival. J'ai choisi de diviser ces différents publics en quatre catégories : celle des 15/26 ans, celle des 27/39 ans, celle des 40/59 ans, et celle des 60 ans et plus. D'abord, en observant attentivement tous les aspects du festival que nous avons étudiés, un élément principal se dégage indubitablement : les Folles journées nous offrent un regard complètement différent de celui que le grand public pourrait porter en temps général sur la musique classique et fait mentir tous ceux qui penseraient, à tort, que ce genre musical n'est réservé qu'à une certaine catégorie de personnes. Pour donner quelques exemples, une personne que j'ai interrogée lors de mon enquête de terrain, m'a par exemple répondu que selon lui le festival des Folles journées, c'était "le supermarché du classique", mais m'a bien précisé que ce n'était en aucun cas méchant. Selon lui, cette expression résumait seulement le concept du festival, dans le sens où celui-ci nous offrait la possibilité d'assister à de multiples concerts, donnés par beaucoup d'artistes différents, connus ou non, et ce en très peu de temps. Alice Paillereau Mémoire Master II,

68 Comme si, finalement, nous faisions notre "marché", en choisissant à quel concert on veut assister, quel artiste on ne veut surtout pas voir, etc. La majorité des personnes sondées lors de mon enquête étaient, certes, de milieu plutôt aisé : en effet, j'ai interrogé beaucoup de professeurs, quelques médecins, quelques cadres, et une majorité de retraités. Ces observations de départ ne m'ont donc pas rassurée sur la fameuse réputation de la musique classique, dite "guindée" et "réservée à une élite". Mais, fort heureusement, j'ai rencontré beaucoup d'autres personnes qui, par exemple, n'ayant jamais été à un concert de musique classique, profitaient du festival de Nantes pour venir écouter cette musique qui leur était "étrangère". Beaucoup de jeunes étaient présents, de personnes de milieu plutôt modeste au vu de leur métier, beaucoup de personnes au final que l'on considérerait comme non concernées par la musique classique et qui pourtant ont pris le temps de venir au festival, afin d'élargir leur culture musicale. La première catégorie de personnes, présentes aux Folles journées, concerne donc les personnes âgées de 15 à 26 ans. Et, comme le démontre le graphique ci-dessous, au sujet de leurs préférences musicales, le style musical "pop/rock" apparait en première position, la musique classique en second. Cependant, ce sondage confirme bien le fait que les jeunes qui ont l'habitude d'écouter de la musique plus catégorisée "pop/rock" sont ouverts musicalement, pour preuve : ils viennent à un festival de musique classique Graphique démontrant les préférences musicales des 15/26 ans aux Folles journées Enquête personnelle, 4 et 5 Février 2012 Annexe 1 Alice Paillereau Mémoire Master II,

69 Les préférences musicales des 40/59 ans diffèrent avec celles des 15/26 ans, la musique classique apparaissant tout de même en première position, à 31 % : 51 ~ La deuxième question que j'ai posée aux personnes présentes au festival concernait précisément la vision que l'on peut avoir de la musique classique. Ainsi, les 15/26 ans ont répondu à 60 % que l'adjectif qui leur venait à l'esprit quand on leur parlait de musique classique était le mot "reposante", à ma grande surprise car, le mot "élitiste" n'a justement pas été souvent coché par les auditeurs : seulement 20 % des 15/26 ans l'ont en l'occurrence coché. 51 Graphique démontrant les préférences musicales des 40/59 ans aux Folles journées Enquête personnelle, 4 et 5 Février 2012 Annexe 1 Alice Paillereau Mémoire Master II,

70 52 La catégorie des 27/39 ans a quant à elle répondu à 40 % ex-aequo les termes "reposante" et "accessible", et celle des 40/59 ans a également répondu, à 59 %, par le mot "reposante", ce qui m'a également conforté dans l'idée que les jugements concernant la musique classique qui ne pouvait être écoutée que par une élite, étaient complètement erronés Graphique démontrant ce que pensent les 15/26 ans de la musique classique en général Enquête personnelle, 4 et 5 Février 2012 Annexe 1 53 Graphique démontrant ce que pensent les 27/39 ans de la musique classique en général Enquête personnelle, 4 et 5 Février 2012 Annexe 1 Alice Paillereau Mémoire Master II,

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