Mémoire C.A.F.I.P.E.M.F.

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1 Mémoire C.A.F.I.P.E.M.F. La place des TICE dans une pédagogie de cycle : Quelles démarches mettre en œuvre pour permettre aux élèves d acquérir les compétences du B2i? Eric LE RUYET - Mars 2005

2 Ce mémoire se base essentiellement sur un travail effectué auprès d élèves de cycle 3 (CE2, CM1 et CM2) mais il ouvre également quelques perspectives vers les cycles 1 et 2. Je tiens à remercier très sincèrement M. Karl SURAULT dont le questionnement et les conseils ont permis d approfondir et de structurer ce travail. Que les collègues de l école soient également très chaleureusement remerciées pour leur aide et leur participation active aux divers projets relatés dans ce mémoire.

3 Sommaire p 3 Introduction p 4 I - TICE et pédagogie p 6 1- Historique rapide des TICE p 6 2- Usages a. L ordinateur comme outil d entraînement et de remédiation p 6 b. L ordinateur comme «outil évolué» p 7 3- Textes officiels a. BO n 42 du 23 novembre 2000 p 8 b. Le B2i niveau 1 p 8 c. Programmes de 2002 p 8 4- Enjeux a. Au niveau de la société p 8 b. Au niveau du B2i p 9 II Choix pédagogiques p 9 1- Repères théoriques : apprentissage et évaluation p 9 2- La pédagogie de projet : une nécessité p La place du maître p La place des élèves p 12 a. L élève expert p 12 b. L élève non-expert p 13 III Progression / Evaluation p Ce que prévoit le B2i p Proposition de programmation des compétences sur les 3 cycles p Le «Carnet de bord B2i» p 17 IV Quels projets pour quelles compétences? p Journal scolaire p Site Internet d école p Réalisation d exposés p 21 a. Pour exposition en classe p 21 b. Sous forme de cédérom p Un projet : «Les enfants d Ulysse» p Correspondance scolaire p 23 a. Correspondance institutionnalisée p 23 b. Echanges autour de projets ponctuels p Tutorat p Ateliers de travail individualisé p Tableau de croisement «projets / compétences» p 26 Conclusion p 28 Bibliographie p 29 Annexes p

4 Introduction : Le développement de l usage des technologies de l information et de la communication à l école (TICE) est aujourd hui une priorité nationale. L enjeu est de permettre à chacun, dès le plus jeune âge, de disposer de clés qui lui permettront de comprendre de manière critique cette nouvelle culture. Face à ce développement sans précédent des outils de traitement de l information dont la puissance est sans commune mesure avec ce qui se faisait auparavant, l école doit s adapter et apporter à tous les élèves les bases nécessaires à la maîtrise de ces outils. Les textes officiels précisent que «Toute personne est concernée par l usage, désormais banalisé, d outils informatiques. [ ] Le rôle de l éducation nationale est de dispenser à chaque futur citoyen la formation qui, à terme, le mettra à même de faire des technologies de l information et de la communication une utilisation raisonnée, de percevoir les possibilités et les techniques des traitements informatisés, de faire preuve d esprit critique face aux résultats de ces traitements, et d identifier les contraintes juridiques et sociales dans lesquelles s inscrivent ces utilisations» 1. Ce texte fondateur du Brevet informatique et Internet (B2i) a été confirmé par les programmes de l éducation nationale de L objectif du B2i est de spécifier un ensemble de compétences significatives dans le domaine des TIC et d attester leur maîtrise par les élèves ; la somme de ces compétences constitue le bagage minimum que tous les élèves doivent acquérir au cours de leur scolarité à l école et au collège. Il ne s agit pas de faire de l informatique pour l informatique mais de faire en sorte que les TIC soient utilisées à l école comme n importe quel outil traditionnel (livre, cahier dictionnaire, crayon ) au service des apprentissages. Face à cette question, les enseignants se sentent parfois démunis pour deux raisons principales : le matériel et les pratiques de classe. - Certains collègues font en effet le constat que, malgré le matériel installé progressivement dans les écoles, un ou deux ordinateurs au fond d une classe ne permettent pas de faire travailler tous les élèves et d atteindre les compétences du B2i. Si ce problème est bien entendu à prendre en considération, il devrait se régler progressivement par un meilleur équipement et également par une évolution des pratiques de classe. - L intégration des TICE dans la classe peut également conduire à une remise en question de l enseignement traditionnel, basé souvent sur des pratiques frontales de «Distillation du savoir» (P. Meirieu) 3. En effet, utiliser l outil informatique en classe conduit, ne seraitce qu en raison des contraintes matérielles, à un travail en petits groupes autour d un projet individuel (dont l origine peut venir des élèves eux-mêmes ou de l enseignant) ou collectif (journal scolaire ou site Internet d école ). L intégration généralisée des TIC devrait conduire à privilégier des pratiques dans lesquelles l élève doit s orienter dans un système de ressources (apprentissages contextualisés) et l enseignant se placer en position de facilitateur. 1 BO n 42 du 23 novembre BO n 1 du 14 février Hors série «Programmes et horaires d enseignement de l école primaire». 3 «Transmettre, oui mais comment?», Sciences humaines, n 36, mars, avril, mai

5 Il faut également préciser que cela est confirmé par la volonté manifeste des concepteurs et rédacteurs du B2i qui semblent aller bien au-delà de l évaluation de simples compétences «informatiques» en «poussant» les enseignants à modifier leurs pratiques et en rendant l élève plus acteur de ses propres apprentissages Plusieurs années de pratique du B2i ont permis de constater qu au sein de l école (école de quatre classes dans laquelle tous les enseignants utilisent quotidiennement l ordinateur pour leurs préparations de classe et également avec les élèves), nous attendions, comme beaucoup d autres, le cycle 3 (et même la dernière période du cycle 3) pour valider les acquisitions alors que les élèves utilisaient l outil dès le cycle 1. Il nous a donc semblé essentiel, conformément aux orientations du B2i et au principe de suivi continu des acquisitions qui y est préconisé («feuille de positionnement»), de mettre en place un «carnet de bord B2i» dès le cycle 1 (2 e année de petite section). Ce carnet de bord suivra l élève jusqu au collège en lui permettant de mieux prendre en charge ses acquisitions dans la mesure où elles lui sont connues et où il lui sera demandé de s auto-évaluer (sous la forme «Je pense savoir faire») avant que l enseignant ne valide la compétence. A travers ce mémoire basé sur une pratique quotidienne de l outil informatique, nous allons essayer de montrer qu il est tout à fait possible de permettre aux élèves d atteindre les compétences du B2i à travers des projets liés aux disciplines traditionnelles. Il représente donc en quelque sorte une proposition d évolution sans révolution des pratiques existantes basées sur des partis pris théoriques et orientées vers la démarche de projets associée au tâtonnement expérimental (essai/erreur) et à l auto-évaluation des élèves à partir d activités et d outils. Après un rapide rappel sur l historique, les usages, les textes officiels et les enjeux régissant les TICE, sera proposée, à partir de choix pédagogiques explicités, une démarche permettant aux enseignants de mettre en place et d évaluer les compétences visées par le B2i dans leur classe. Il s agira de montrer qu il est possible de mettre en parallèle les projets mis en œuvre au sein de la classe (journal scolaire, site Internet, réalisation d exposés sur des sujets divers, réalisation d un cédérom, correspondance scolaire, tutorat ) avec les compétences du B2i. Dans le cadre de ce mémoire, toutes les compétences ne pourront pas être approfondies pour chacun des projets décrits ; des choix seront donc faits en fonction de la pertinence entre le projet mené avec les élèves et la compétence du B2i qu il est supposé permettre d évaluer

6 I - TICE et pédagogie 1- Historique rapide des TICE Dès les années 70, une réflexion officielle montre une prise de conscience des bouleversements qu engendrera l informatique dans la vie quotidienne et la nécessité d y associer l école (expérience dite des «58 lycées»). Différentes expériences seront ensuite menées jusqu en 1985, année de mise en œuvre du «Plan Informatique pour tous», qui peut être considéré comme la première véritable expérimentation d envergure nationale avec l installation de plus de machines (Thomson TO7, MO5 ) dans les établissements scolaires et la formation de plus de enseignants. Cette expérimentation a permis une première prise de conscience des usages possibles de l outil informatique (logiciels de type «exerciseurs», traitement de texte, DAO, communication ) et de l intérêt que lui portait les élèves. Elle n a pas pour autant permis d obtenir les résultats escomptés dans la mesure où le manque de convivialité des machines et les problèmes techniques nombreux (le crayon optique souvent récalcitrant en étant un exemple récurent) ont confiné l outil entre les mains des enseignants «passionnés/bricoleurs», les autres ayant abandonné plus ou moins rapidement. L arrivée des premières machines fonctionnant sous Windows 3 en 1985 puis Windows 95 en 1995 ou sous Mac OS va apporter la convivialité qui manquait et permettre une meilleure appropriation de l outil. Progressivement, avec l aide des municipalités, les machines vont s installer dans les classes et les usages se développer. Si en 1989, la loi d orientation indiquait que «l informatique doit être un outil d enseignement» conduisant à des «situations pédagogiques nouvelles», les programmes de 1995 ne comportaient que quelques lignes concernant l informatique (intégrée au «sciences et technologies») mais prônaient une utilisation «raisonnée d un ordinateur et de quelques logiciels dans le cadre de l enseignement des champs disciplinaires» 4. L usage des TIC à l école est encore facultatif, les enseignants étant seulement incités à utiliser l outil informatique. Ce n est qu en 2000 qu est mis en place du Brevet informatique et Internet (B2i) 5. Les nouveaux programmes de précisent les compétences du premier niveau du brevet informatique et Internet et le B2i devient obligatoire à la rentrée 2002/2003. On est donc passé d un usage facultatif à un usage obligatoire En février 2004, une lettre adressée aux Rectrices et Recteurs d Académie 7 par le ministre de l éducation précise que le développement de l usage de l Internet est une priorité nationale. 2- Usages On peut distinguer deux grandes catégories d usage des TICE : a. L ordinateur comme outil d entraînement et de remédiation. 4 Arrêté du 22 février Bulletin Officiel n 42 du 23 novembre Bulletin Officiel du 14 févr. 2002, Numéro hors-série «Horaire et programmes d enseignement à l école primaire» 7 BO n 9 du 2 février

7 Il s agit d utiliser des programmes de type «exerciseurs» qui proposent des activités ou jeux qui viennent en complément des activités scolaires traditionnelles. Ils sont souvent utilisés comme outils d aide aux élèves en difficulté. L usage de ces outils ne semble pas avoir été privilégié par les concepteurs du B2i. En effet, même si certains sont reconnus officiellement pour leur «intérêt pédagogique» 8, se pose le problème de la difficulté de leur intégration dans les apprentissages de la classe. Ils sont donc très souvent utilisés de manière décontextualisée et on est en droit de se poser des questions quant à leur efficacité réelle d autant que certains d entre eux ne disposent pas de module d enregistrement des résultats et encore moins de véritables outils d évaluation pour l enseignant (hormis des logiciels d aide à la lecture comme ELSA 9 ). Il serait néanmoins dommage de ne pas les utiliser dans la mesure où ils peuvent favoriser la motivation des élèves dans la réalisation d exercices qui, dans leur version papier, sont parfois considérés comme rébarbatifs. Le nombre de ces logiciels proposés par les éditeurs est important et il peut être difficile d effectuer un choix mais il semble utile de privilégier ceux qui permettent une entrée simple, c est à dire adaptables à différentes pratiques de classe, et qui proposent au minimum un début d évaluation des élèves permettant à l enseignant de consulter les activités effectivement réalisées. b. L ordinateur comme «outil évolué» Il s agit dans ce cas des grands usages de l outil informatique comme aide à la réalisation de projets. C est ce genre d outils qui est mis en avant dans le B2i. Ces outils sont : - Le traitement de texte, - La publication Assistée par Ordinateur (PAO) - Le traitement d images - Les logiciels de navigation sur Internet - Les logiciels de messagerie électronique - Les tableurs et bases de données - Les logiciels de création hypermédia - Les dictionnaires et encyclopédies sur cédérom ou dévédérom Ces outils sont utilisés de manière transversale dans les activités quotidiennes de la classe. Les principaux usages 10, pour les élèves comme pour les enseignants, sont donc : - La recherche d information - La communication - La production - L édition et la publication - L apprentissage autonome 8 Voir liste RIP (Reconnu d Intérêt Pédagogique) sur le site 9 E.L.S.A. (Entraînement à la Lecture Savante) édité par l A.F.L. (Association française pour la lecture) 10 Voir le site

8 3- Textes officiels a. BO n 42 du 23 novembre 2000 et le B2i niveau 1 Le BO n 42 du 23 novembre 2000 définit de manière très précise les compétences du B2i niveau 1 (Voir annexe n 1) ; c est le texte de référence du B2i qui sera repris dans les programmes de Ce texte propose également à destination des élèves et enseignants une feuille de positionnement dont une adaptation est proposée en annexe n 2. Il semble essentiel de préciser que l esprit du B2i est d utiliser les TIC dans des situations qui présentent un véritable intérêt pour les élèves au sein des différents champs disciplinaires précisés dans les programmes de l école. Les quatre derniers grands domaines du B2i en attestent : 2. Adopter une attitude citoyenne face aux informations véhiculées par les outils informatiques. 3. Produire, créer, modifier et exploiter un document à l aide d un logiciel de traitement de texte. 4. Chercher, se documenter au moyen d un produit multimédia (cédérom, dévédérom, site Internet, base de données de la BCD ou du CDI ). 5. Communiquer au moyen d une messagerie électronique. Le premier des cinq domaines représentant quant à lui une sorte de «minimum technique» nécessaire à la communication autour de l outil et à sa manipulation : 1. Maîtriser les premières bases de l outil informatique. b. Programmes de 2002 Les programmes de «Qu apprend-on à l école élémentaire?» confirment les compétences du premier niveau du brevet informatique et Internet et précisent que ces compétences «font l objet d un travail régulier dans l ensemble des domaines d apprentissages, tout au long de l école primaire. L annexe V du B.O.E.N. du 14 février 2002 est proposée en annexe n 3 de ce mémoire. Les technologies de l information et de la communication sont nommées explicitement et intégrées dans le domaine des «Sciences expérimentales et technologie». Ces programmes confirment le passage d un usage facultatif à un usage obligatoire des TICE dans la mesure où les élèves doivent maîtriser les compétences de base avant d entrer au collège, ces compétences étant validées par un brevet. 4- Enjeux a. Au niveau de la société : La présence des TIC dans l ensemble des domaines de la société contemporaine est évidente dans de très nombreux secteurs d activités, à tel point qu un indicateur économique a même été créé 12 et ces outils font dès aujourd hui parti de notre culture et le feront encore davantage demain. 11 Bulletin Officiel du 14 févr. 2002, Numéro hors-série «Horaire et programmes d enseignement à l école primaire» 12 NASDAQ : Réseau d'information télématique et de cotation des entreprises créé par l'association nationale des courtiers aux Etats-Unis (Système de cotation sur les valeurs des nouvelles technologies ) - 8 -

9 L avènement de l ordinateur et de la logique de réseau (dont l Internet est l exemple le plus caractéristique) qu il implique a conduit à de nouveaux modes de communication (messagerie, groupe ou liste de diffusion, forum, chat ) et à de nouvelles approches de la recherche d information (Cédérom, moteurs de recherche, forums ). Ces bouleversements fournissent une occasion - intéressante à saisir - de remettre sur le devant de la scène pédagogique des «formes de pensées» qui ne prennent plus en compte l individu seul mais l ensemble des phénomènes qui interagissent autour de lui (L. Vygotski parlait dès le début du XX e siècle de «conflit socio-cognitif») ; d autant plus qu en 2005, on constate toujours autant de pratiques basées sur un paradigme transmissif. Face à cette réalité, la prise en compte réelle dans l enseignement de la psychologie cognitive relève d une véritable démarche pédagogique. Comme d autres acteurs, l école, parce qu un de ses rôles est de préparer des futurs citoyens, doit s adapter afin de répondre aux attentes de la société de demain en format tous les enfants aux nouvelles technologies. Elle a également un rôle essentiel à jouer afin de limiter les conséquences de ce qu on appelle la «fracture numérique». b. Au niveau du B2i Michel Serre affirme que «Toute l histoire le démontre, à chaque changement de supports a correspondu une transformation du savoir» 13. A ce niveau, l enjeu du B2i semble bien être double : à la fois permettre aux élèves d acquérir des compétences et les valider mais également faire évoluer les pratiques des enseignants, en les orientant vers un positionnement différent par rapport aux contenus. En effets, nous avons quitté l école de Jules Ferry dans laquelle l enseignant dispensait un savoir pour entrer dans l école du XXIe siècle où son rôle n est plus seulement de transmettre mais d organiser le savoir ; il devient progressivement un médiateur de l information. Les réticences sont encore nombreuses mais il faut bien se rendre à l évidence ; aujourd hui, les sources d information (télévision, Internet ) sont tellement présentes au quotidien que le problème pour l école n est plus de savoir si l on doit utiliser l ordinateur dans la classe mais comment on peut le faire afin d aider au mieux les élèves à en faire un atout dans l ensemble des apprentissages. L enseignant ne peut plus être seulement «celui qui sait et qui transmet» mais il doit devenir «celui qui aide à organiser et à comprendre». La mise en place progressive du B2i montre qu il ne s agit plus de se demander s il faut ou non utiliser les TIC à l école mais plutôt de se poser la question suivante : - Comment faire pour intégrer les TIC dans chacun des grands domaines définis par les programmes de l Education nationale où leur usage peut être une réponse pertinente pour aider et faire progresser les élèves? II Choix pédagogiques 1- Repères théoriques : apprentissage et évaluation G. Brown et M. Atkins (1988) 14 définissent l apprentissage «comme la mise à disposition de l élève d occasions où il puisse apprendre. C est un processus interactif et une activité intentionnelle. Les buts peuvent être des gains dans les connaissances, un 13 Michel Serres, Où se trouve le savoir aujourd hui, Dialogues, n 50, juillet G. Brown & M. Atkins, Effective teaching in higher education, Routeledge,

10 approfondissement de compétences en «résolution de problèmes» ou encore des changements dans les perceptions, les attitudes, les valeurs et le comportement.» On se rapproche là du constructivisme, modèle d apprentissage qui s appuie sur le fait que chacun dispose de connaissances et de compétences à l aide desquelles il va résoudre des problèmes et construire de nouvelles connaissances. On peut dire également que, dans ce modèle, la construction de nouvelles connaissances se fait par réorganisation des conceptions antérieures, réorganisation provoquée par la confrontation à un problème que ces conceptions initiales ne permettent pas de résoudre et qu il vient déstabiliser ; le rôle de l enseignant étant de fournir un «étayage» facilitant une réorganisation à un autre niveau. Apprendre suppose donc : - Maîtriser (s appuyer sur) certaines connaissances. Cela implique de «prendre conscience de ce qu on sait». - Avoir un projet (problème à résoudre). - Avoir l intention d apprendre. - Echanger avec les autres (interaction / coopération). Le rôle de l enseignant n est bien entendu pas d attendre que tout vienne de l élève mais de le mettre dans des conditions facilitatrices en lui donnant un cadre : proposer un problème motivant à résoudre, fournir des ressources, des aides au bon niveau et au bon moment, des interactions, de la coopération Concernant l évaluation, Charles Hadji 15 précise qu est «formative toute évaluation qui aide l élève à apprendre et à se développer, autrement dit, qui participe à la régulation des apprentissages et du développement dans le sens d un projet éducatif». On peut donc en déduire que, pour être efficace, c est à dire utile à l ensemble des acteurs du processus éducatif, l évaluation doit permettre à l enseignant d être informé des effets de son travail, afin de pouvoir éventuellement adapter son action. Elle doit également permettre à l élève de se situer, non par rapport aux autres, mais au sein de son propre processus d apprentissage. Cette évaluation doit le conduire à savoir où il en est, à prendre conscience de ses difficultés et à devenir ainsi acteur véritable de ses apprentissages afin de parvenir à une reconnaissance de ses lacunes ou erreurs et à les corriger. Qu en est-il des TICE et du B2i? 2- La pédagogie de projet : une nécessité Comme on l a vu auparavant, les élèves doivent acquérir les compétences du B2i, non pas en «faisant des leçons d informatique» mais à travers des projets concrets qui ont un sens réel pour eux, qu il s agisse de situations de recherche d informations, de mise en forme de ces informations, de communication La vie de la classe offre de très nombreuses possibilités d utilisation des outils informatiques. L intention des concepteurs du B2i étant d intégrer les TICE dans une démarche qui a du sens pour les élèves, à savoir qu ils doivent être en situation réelle de recherche et qu ils 15 Charles hadji, L évaluation démystifiée, ESF,

11 doivent être capables de se situer dans cette situation et par rapport à l outil informatique qu ils utilisent. Cette intention est manifeste si l on observe les deux points clairement prioritaires : - Une évaluation en continue par l élève lui-même, puis validée par l enseignant. - Une validation dans le cadre de projets intégrés à la classe (exemples : rédaction d un journal scolaire, rédaction d un roman, correspondance ). La pédagogie de projet paraît être la plus appropriée à l orientation affichée qui vise à faire que l apprentissage soit le résultat d une volonté de l élève dans la mesure où elle repose sur une question réelle à résoudre. La démarche réflexive est la suivante : «J ai un problème à résoudre et je cherche la solution la plus pertinente pour le résoudre. C est parce que je pense que l ordinateur y répond de manière efficace que je vais l utiliser». Les principales étapes nécessaires à la réalisation d un projet (collectif ou individuel) 16 sont donc les suivantes : Temps 1 : A partir de la question initiale, définir les besoins et organiser les étapes de la réalisation du projet. Temps 2 : Réalisation avec, à certains moments, la nécessité de relancer et/ou de réguler le projet. Cette régulation implique au niveau de l enseignant de prévoir des moments d évaluation (individuelle ou collective). Temps 3 : Remise du travail fini (présentation, publication ) Temps 4 : Evaluation finale (Le résultat répond-il à la question initiale?) 3- La place du maître L apport des nouvelles technologies et en particulier la quantité impressionnante d informations auxquelles chacun (adulte comme élève) est confronté est sans commune mesure avec nos possibilités d assimilation, particulièrement celle des enfants. Le maître ne doit pas se sentir dessaisi de son «pouvoir de transmission». En effet, ce n est pas sa place qui est en question mais simplement son rôle : il n est plus seulement le vecteur de l information mais il doit prioritairement aider les élèves à organiser les informations qui leur parviennent et établir une certaine cohérence entre elles. Cette tâche est, il est vrai, probablement beaucoup plus difficile à mettre en œuvre, parce qu elle suppose, en dehors d une certaine maîtrise des aspects techniques, un mode d approche auquel les enseignants ne sont pas toujours préparés. L outil informatique leur offre cependant une large possibilité d échanger facilement avec des collègues autres que ceux de l école des comptes rendus d expériences de classe, des documents, de demander un avis, de découvrir différentes manières d aborder un problème Les sites Internet facilitant ces échanges sont nombreux et nous ne citerons ici que quelques-uns des plus connus : - Cartables.net (à destination des enfants et enseignants) - Momes.net (à destination des enfants et enseignants) - Café pédagogique (à destination des enseignants) 16 Groupe de recherche d Ecouen dirigé par J. Jolibert, Former des enfants producteurs de textes,

12 Sur la commune d Inzinzac-Lochrist, à la suite du constat que chaque enseignant possédait des documents qu il aurait pu mettre à disposition des collègues ou que certains collègues recherchaient des documents sans savoir qu ils étaient disponibles dans «l école d à côté», a été mis en place en septembre 2002, un site Internet 17 ( permettant de consulter une liste, d emprunter et/ou de proposer des documents. La proximité et le nombre limité d écoles concernées devaient permettre un fonctionnement simple sous la forme : - Consultation du site - Contact par téléphone ou par courriel du(de la) collègue concerné(e) afin de définir les modalités pratiques du prêt - Récupération et retour du matériel directement à l école. Cette simplicité semble être un minimum indispensable pour garantir une utilisation réelle du site. Cette expérience, acceptée par tous au départ comme une idée intéressante et qui pouvait être utile au quotidien, a malheureusement été un échec dans la mesure où le nombre d enseignants qui utilisaient au quotidien l outil informatique dans leur préparation de classe était insuffisant (5 sur 20). L évolution de la population enseignante et l installation de l ADSL dans l ensemble des écoles de la commune devraient permettre de relancer cette idée à la prochaine rentrée scolaire ; un petit forum d échange de pratique pouvant aisément y être intégré. 4- La place des élèves S il n est pas nécessaire ici d insister sur le fait qu au sein de toutes les classes on trouve des élèves plus ou moins performants en fonction des activités proposées, des moments de la journée ou des difficultés personnelles, on peut néanmoins constater que la très grande majorité d entre eux est particulièrement attentive et intéressée dès qu il s agit d utiliser l outil informatique et ce quelle que soit l activité proposée. On constate également que certains élèves «experts» acquièrent très rapidement, soit à l école, soit parce qu ils sont équipés à domicile, des compétences que l enseignant peut (doit) utiliser afin de favoriser la coopération, élément indispensable à la réussite de tout projet collectif. a. L élève expert Parce qu il peut aider ses camarades et donc permettre à l enseignant de travailler avec un autre groupe d élèves, il peut être très utile à la réalisation de projet de classe. Prenons l exemple d une activité réalisée en décembre 2004 au sein de la classe (19 élèves de CM1 et CM2, 8 ordinateurs en réseau). Le projet des élèves consistait à fabriquer des calendriers qui devaient être mis en vente au profit de la Coopérative scolaire (l école est adhérente à l OCCE, Office Central de la Coopération à l Ecole, depuis 1993) avant les vacances de Noël, la réalisation devant être rapide (2 à 3 séances programmées sur une semaine). Chaque élève devait réaliser un dessin, le numériser puis l intégrer dans un calendrier généré à l aide d un logiciel de PAO (Microsoft Publisher). L utilisation de deux élèves «experts» a permis de réaliser le projet dans les temps prévus. L un d entre eux s est 17 Site mis en page et en ligne par Eric Le Ruyet, sur proposition des collègues de la commune

13 chargé de «tutorer» ses camarades au niveau de la numérisation des dessins puis de leur sauvegarde dans un répertoire préparé au préalable par l enseignant. Une fois le dessin scanné, son auteur passait sur le second ordinateur animé par un autre tuteur «expert», chargé de l aider à récupérer le dessin enregistré sur le premier PC en utilisant le réseau interne à l école (8 ordinateurs de type PC sont connectés par câble), à l intégrer dans la «page calendrier» du logiciel de PAO puis à l imprimer. Un troisième atelier consistait à plastifier le calendrier ; cet atelier étant placé sous la surveillance de l enseignant en raison des risques que peut présenter une plastifieuse (chaleur). Cette petite expérience montre que l outil informatique est tout à fait adapté à la réalisation de projets variés au sein d une classe. Correctement utilisé, il conduit à responsabiliser les élèves eux-mêmes en leur permettant de prendre en charge leurs apprentissages et conduit ainsi progressivement à la multiplication des «élèves experts» au sein du groupe. Il est bien entendu que cette pratique du «tutorat» à des limites dans la mesure où un «élève qui sait» à parfois tendance à «faire à la place» plutôt qu à «aider» (quel enseignant n a pas été confronté lui-même à ce problème) ; mais l expérimentation faite dans la classe montre que cette situation évolue au fur et à mesure des différents projets mis en œuvre et que «celui qui ne sait pas» exige rapidement de pouvoir également «faire» et non se contenter de «regarder». L enseignant doit bien entendu rester vigilent afin d éviter les dérives et de s assurer que tous les élèves participent réellement au projet. b. L élève non-expert Confronté à une pratique régulière de l outil informatique dans le cadre de projets divers, les élèves sont tous progressivement mis en situation de réussite, tant au niveau de leur maîtrise de l outil informatique que des autres compétences visées par le projet. De plus, la motivation créée par l utilisation des TICE favorise les échanges réels entre les élèves. L utilisation d outils de type «exerciseurs» (ex. : logiciels d entraînement à la lecture, de remédiation en mathématiques ou en français ) permet également à des élèves «non experts» ou en difficulté face à une notion du programme (hors TICE) de se trouver en situation de réussite face à la machine dans la mesure où ces outils sont conçus pour être utilisables le plus simplement possible par tous. Une des difficultés pour les enfants dans l utilisation des TICE étant le nombre important de tâches réalisables à l aide de l ordinateur et donc la difficulté de les maîtriser toutes, on peut tout à fait imaginer pour les élèves non-experts une répartition des tâches à effectuer au quotidien. Cette démarche à l avantage de mettre à tous les élèves de se trouver à un moment ou un autre en situation de réussite et de préparer la validation de quelques compétences du B2i. Proposition de répartition de tâches hebdomadaires (ou mensuelles) : - Des élèves sont chargés d allumer et d éteindre les ordinateurs (dans un premier temps sous le contrôle d un «expert», enseignant ou autre élève). - Des élèves se chargent de la réception du courrier électronique, de sa lecture et, éventuellement, de sa distribution. - Des élèves sont chargés de la réponse aux messages électroniques. - Des élèves sont chargés de la recherche d informations sur cédéroms encyclopédiques ou sur dictionnaires lors des projets collectifs

14 - Des élèves sont chargés de la recherche d information sur les sites Internet dans le cadre des projets collectifs. - Des élèves se chargent de scanner les images et de les enregistrer dans le répertoire prévu par l enseignant en fonction du projet concerné. - Des élèves se chargent de la mise en page du journal scolaire. - Des élèves se chargent d intégrer les documents créés par leurs camarades au sein des pages du site Internet. Cette répartition des tâches permet de se familiariser progressivement avec les divers outils utilisés sans avoir à les maîtriser. Afin de permettre à chacun de savoir à tout moment quelle tâche lui est attribuée, un tableau sous forme de roue peut être installé dans la classe ( G = groupe) : III Progression / évaluation 1- Ce que prévoit le B2i Le B2i définit très précisément des compétences à acquérir et fournit également quelques outils d évaluation (feuille de positionnement). Le point IV décrira une démarche basée sur la pédagogie de projet permettant cette acquisition. Il reste néanmoins à expliciter comment intégrer cette évaluation de manière continue tout au long de la scolarité de l élève. En effet, même si le B2i atteste de compétences évaluées par les enseignants, ce n est pas un examen que l on doit passer à un moment donné et, malgré son nom «brevet», il s agit bel et bien d un contrôle continu «dans le cadre des activités ordinaires». Afin de respecter cet esprit, nous avons essayé au sein de l école de mettre en œuvre deux éléments qui nous paraissent être une première pierre à un travail sur la mise en place et l évaluation des compétences du B2i : - une proposition de programmation des compétences sur les trois cycles de l école primaire. - un «carnet de bord B2i» permettant à l élève de se situer par rapport à l ensemble des compétences à maîtriser et à l enseignant de valider ces compétences. 2- Proposition de programmation des compétences sur les 3 cycles Si les programmes de 2002 ne font référence aux TICE qu à partir du cycle 2, on peut néanmoins les intégrer dans certaines activités de la classe dès le cycle 1 (Deuxième année de petite et Moyenne sections), d autant que l outil informatique est utilisé dans de nombreuses classes maternelles depuis des années

15 En tenant compte des observations précédentes, nous avons essayé au sein de l école de proposer une programmation des compétences sur les trois cycles (à partir d un tableau proposé par le CDRI de Lyon). Programmation des compétences dans le domaine des TICE du cycle 1 au cycle 3 B2i (Brevet Informatique et Internet) Maîtriser les premières bases de la technologie informatique Adopter une attitude citoyenne face aux informations véhiculées Cycle 1 Cycle 2 Cycle 3 Désigner avec précision les différents éléments qui permettent la saisie : clavier, touches, souris. Désigner quelques éléments liés à l ordinateur (clavier, souris, microphone, écran, imprimante, cédérom) Utiliser la souris pour déplacer le pointeur et fixer la position du curseur, ou pour valider un choix. Désigner avec précision les différents éléments qui permettent le traitement, la sortie, la mémorisation et la transmission de l'information : scanneur, unité centrale, moniteur, imprimante, haut parleur, mémoire, disque dur, disquette, lecteur de disquette, cédérom, lecteur de cédérom, modem Maîtriser suffisamment le clavier pour saisir les caractères en minuscules, en majuscules et les différentes lettres accentuées usuelles, pour déplacer le curseur, valider et effacer. Ouvrir un fichier existant, enregistrer dans le répertoire déterminé par l'enseignant un document créé par l'élève. Ouvrir et fermer un fichier. Ouvrir et fermer un répertoire. S'assurer que les résultats ou les documents présentés ou produits par l'ordinateur sont vraisemblables. Savoir que les données et les logiciels ont un propriétaire et respecter cette propriété

16 - 3 - Produire, créer, modifier et exploiter un document à l'aide d'un logiciel de traitement de texte A l'aide d'un logiciel de traitement de texte connu, ouvrir un document existant, le consulter ou l'imprimer. Saisir et modifier un texte. Utiliser le correcteur orthographique (lexique). Modifier la mise en forme des caractères. Créer plusieurs paragraphes, les aligner. Utiliser les fonctions copier, couper, coller. Insérer dans un même fichier du texte et des images pour produire un document facile à lire. Utiliser le correcteur orthographique en sachant identifier certains types d'erreurs qu'il ne peut pas détecter (lexique + grammaire) Chercher, se documenter au moyen d'un produit multimédia Rechercher une information dans un imagier sur cédérom ou dévédérom. Consulter une encyclopédie adaptée sur cédérom ou dévédérom Consulter un cédérom, un dévédérom, un site Internet pour trouver l'information recherchée. Copier, coller ou imprimer l'information trouvée Rechercher des éléments qui permettent d'analyser la validité (auteur, date, source ) de l'information trouvée Communiquer au moyen d'une messagerie électronique Avec l aide de l enseignant, adresser un message électronique. Recevoir et imprimer un message. Adresser un message électronique à un ou plusieurs destinataires. Recevoir et imprimer un message. Répondre à un message ou le rediriger. Identifier le nom et l'adresse électronique de l'auteur d un message reçu. Recevoir et utiliser un fichier de texte, d'image ou de son en pièce jointe. Choisir le moyen le plus approprié pour communiquer une information à un ou plusieurs interlocuteurs : courrier électronique, téléphone, télécopie ou courrier postal

17 3- Le «Carnet de bord B2i» Parallèlement à cette programmation, un outil permettant à chaque élève de s autoévaluer et de faire valider chaque compétence a été créé et mis en place cette année au sein de l école. Ce «carnet de bord B2i» (Voir annexe n 4) suivra l élève durant toute sa scolarité, du cycle 1 au cycle 3). Sa mise en forme a été simplifiée le plus possible afin qu il puisse être un outil réellement utilisé par les élèves du cycle 1 jusqu au cycle 3. Il remplacera la «feuille de position» 18 (annexe n 2) qui était utilisée jusqu ici mais seulement par les élèves de fin de cycle 3 (CM). Parallèlement à ce carnet de bord, les élèves de cycle 3 peuvent s auto-évaluer et se situer sur leur «carnet de bord B2i» par l utilisation libre (dans le cadre de moments disponibles) du logiciel CAP B2i 19 qui propose des tests d évaluation pour le B2i (niveau 1 et niveau 2). Il s'agit d un «gratuiciel» de 36 exercices (17 concernent le B21i niveau 1) associés à un module administrateur. Manque encore à ce dispositif la réalisation d outils d évaluation des compétences du B2i ciblés de manière plus précise au sein de chacun des projets qui seront listés dans le point IV. Cela permettrait d éviter que l évaluation du B2i ne soit reportée en fin de projet au lieu d être un élément intégré au projet lui-même. Ces outils feront l objet d un travail complémentaire à ce mémoire. IV Quels projets pour quelles compétences? ou Comment valider les compétences du B2i à partir des projets de la classe Comme nous l avons vu précédemment au travers des intentions de ses rédacteurs, l esprit du B2i est d utiliser les TIC à l école primaire de manière intégrée dans un contexte d apprentissage. En effet, c est bien «dans le cadre ordinaire des disciplines» que les enseignants sont amenés, selon un principe de suivi continu, à vérifier les compétences spécifiées. La vie de la classe offre dans les différents champs disciplinaires, de nombreuses occasions d utiliser les TIC et d atteindre les objectifs fixés par la B2i au travers de projets mettant en jeu la recherche, le traitement et la production d informations ainsi que leur communication, tout cela en développant l esprit critique et la responsabilisation. Dans ses recommandations, le rapport de l Inspection Générale de l Education Nationale (Rapport Bérard) 20 indique qu il est nécessaire de «déterminer et dire clairement les apports spécifiques des réseaux à l enseignement dans les différents champs de l école primaire» et de «privilégier les usages simples à forte valeur ajoutée pédagogique». C est dans ce cadre que s intègrent les projets et expériences qui vont être décrits ci-après. Nous allons donc essayer de montrer comment il est possible, à travers un certain nombre de projets, intégrés dans le cadre des disciplines de l école primaire, de permettre aux 18 Référence : note de service n du (BO n 42 du ) 19 CAP B2i a été créé par Marc Bizet, enseignant au collège Pablo Picasso de Harfleur (76) 20 Inspection générale de l Education national, L école et les réseaux numériques, A. M. Bardi et J. M. Bérard, rapport n , juillet

18 élèves d utiliser les TIC et de travailler les compétences du B2i de manière transversale. Pour chacun des projets décrit succinctement un parallèle sera fait avec les compétences du B2i. Il ne s agit pas, bien entendu, d une liste exhaustive, mais d un ensemble de propositions que chacun peut adapter à sa propre classe. 1- Journal scolaire L école publie le «P tit Kerglaw», à raison de 2 à 3 numéros par an, depuis Ce journal est aujourd hui inscrit non seulement dans la vie de l école mais également dans la vie du quartier (parents d élèves, grands-parents, voisins, anciens élèves ). La rédaction d un journal scolaire vise à faire prendre conscience à l enfant : - de la notion de communication inhérente à ce type d écrit - de l importance de la rigueur (orthographe, présentation) nécessaire à tout travail dont la vocation est d être diffusé - de la nécessité de respecter la notion d actualité - de la complémentarité entre le texte et l image Il permet également de donner du sens aux divers écrits pratiqués en classe (compte rendu d activité, recherche documentaire, création poétique ) et d intégrer l ensemble des élèves de l école (du cycle 1 au cycle 3) à un projet commun ; que ce soit par la réalisation de dessins ou la rédaction de textes. La diffusion auprès des autres enfants de l école, des familles au sens large, des amis, des voisins et des correspondants est une source de motivation pour les élèves. Naturellement, parce qu ils vont être lus à l extérieur, ils ont la volonté de bien faire, tant sur le plan de l expression écrite, de l orthographe que des illustrations Le journal scolaire n est pas une activité nouvelle au niveau des écoles mais le passage de l imprimerie utilisée par Freinet à l ordinateur lui a donné une autre dimension, ne seraitce que par le regard que l on peut porter sur le travail fini (proche des «vrais journaux») et par la suppression de certaines tâches répétitives (imprimerie). Au niveau du B2i, le journal scolaire permet de travailler les compétences suivantes : Maîtriser les premières bases de l outil informatique par une utilisation régulière de l outil informatique et les échanges qu elle implique, le vocabulaire spécifique s acquiert progressivement, de même que la manipulation de la souris, des fichiers et dossiers. Adopter une attitude citoyenne face aux informations véhiculées par les outils informatiques rédiger un article et publier une information impliquent une responsabilisation de chacun, faute de quoi on s expose aux critiques pour information erronée ou pour copie. L expérience montre que l enfant prend très vite conscience de cela et les débats au sein de la classe sont fréquents ; la vigilance de l enseignant à ce sujet restant bien entendu indispensable. Produire, créer, modifier et exploiter un document à l aide d un logiciel de traitement de texte les activités de production d écrits à l aide de l outil informatique permettent de travailler

19 Chercher, se documenter au moyen d un produit multimédia (cédérom, dévédérom, site Internet, base de données de la BCD ou du CDI) rédiger un journal implique nécessairement d effectuer des recherches documentaires à un moment ou un autre. Comment s élabore un numéro? Au fil des ans, le nombre de pages du journal a été fixé pour des raisons pratiques (temps nécessaire à la correction et à la reprographie ) à 20 ou 24. Chaque classe réalise ses propres pages (feuille A4 complète dans la mesure du possible). Au sein de la classe CM1 et CM2, une première réunion est organisée afin de définir les rubriques du numéro. Un élève anime la réunion alors que deux autres se chargent de prendre des notes (liste des rubriques et des rédacteurs inscrits). - Les articles sont ensuite rédigés, individuellement ou en petits groupes, à des moments spécifiques définis par l enseignant ou lorsque les enfants disposent de temps ou parfois à domicile. - Un ordinateur sert de machine de référence sur laquelle sont sauvegardés les documents créés par les élèves. Afin de simplifier le travail (enregistrement, recherche ), l enseignant a fixé une organisation des fichiers (Cf. copie d écran ci-dessous) séparant les différents documents (textes bruts au format WORD, textes mis en page sous Publisher, images, documents divers, sauvegarde de pages Internet, de fichiers venant d encyclopédies ). Chaque élève peut ainsi (seul ou avec l aide d un camarade ou de l enseignant) effectuer ses recherches, saisir ses articles et les sauvegarder dans le répertoire prévu. Cela se fait directement au travers du réseau câblé de l école (10 ordinateurs de type PC en réseau pour les classes primaires) ou par l intermédiaire de disquettes si les textes ont été tapés sur des ordinateurs d ancienne génération non connectés au réseau (chaque élève dispose pour cela de sa propre disquette). S il n a pas eu la possibilité de corriger la version papier du travail, l enseignant peut ensuite effectuer une première correction numérique ; l élève étant bien entendu encouragé à utiliser le correcteur orthographique

20 Une première mise en page est effectuée à partir des documents bruts (traitement de texte) à l aide du logiciel de PAO (Microsoft Publisher) et d une «page guide» (Voir annexe n 5) proposée par l enseignant. Cette mise en page intègre les titres, les illustrations (photos et dessins initialement scannés par les élèves et sauvegardés dans le répertoire «Images») Lorsque toutes les pages sont ainsi réalisées, le sommaire et l éditorial sont rédigés collectivement. Un vote est organisé pour le choix de l illustration de la première de couverture. Les deux dernières tâches sont la reproduction (format A3) et la distribution du journal par les élèves eux-mêmes. Cette rapide description montre qu à travers cette activité liée à la maîtrise de la langue et tout particulièrement de l expression écrite, les TIC sont utilisés dans la plupart des étapes du processus. Si cela n a pas été intégré de manière suffisamment précise jusqu ici, l enseignant détermine dans le cadre de ce projet des «moments étapes» permettant aux élèves de faire un retour sur leur «carnet de bord B2i» afin d évaluer les compétences qu ils ont pu mettre en œuvre et les faire valider. 2- Site Internet d école Elèves et enseignants ont commencé la réalisation du site Internet 21 de l école en Les objectifs étaient les suivants : - Créer pour communiquer. - Fédérer des enfants autour d un projet commun. - Mettre en valeur les productions des élèves. - Mutualiser le travail. - Renforcer la correspondance parents-école. Si la création d un site Internet au sein d une école ou d une classe permet, au même titre que le journal scolaire, de favoriser (entre autres) les situations d écriture ; c est également un prétexte pour effectuer de multiples recherches en fonction des sujets que l on souhaite traiter. De même que pour le journal scolaire, le fait de savoir que leur travail sera diffusé et vu par de nombreuses personnes, les élèves seront plus enclins à réaliser un site soigné et à y intégrer des dessins, schémas, photographies, éventuellement vidéos et montages sonores. Toutes ces actions nécessitent à divers degrés d utiliser les TIC et de travailler les compétences du B2i. L organisation au sein de la classe est très proche de celle du journal scolaire dans la mesure où il s agit également de créer des pages, avec néanmoins un aspect supplémentaire : les liens hypertextes. Il n en demeure pas moins qu il pose des problèmes spécifiques d ordre technique (logiciels complexes, création et gestion des liens hypertexte, mise en ligne ) et nécessite donc la maîtrise de compétences qui dépassent le cadre fixé par les instructions officielles

21 Il est donc important de bien préciser le rôle de chacun (élèves et enseignants) afin d éviter tout malentendu (pour les parents par exemple). A ce sujet, une page du site de l école (Voir annexe n 6) précise l intérêt que peut représenter la création d un site Internet dans une classe et aussi le rôle de chacun dans le projet. De même que pour le journal, le «carnet de bord B2i» est intégré au projet par des «moments étapes». Au niveau du B2i, la création d un site Internet d école ou de classe permet de travailler toutes les compétences déjà mises en œuvre dans le cadre du projet «journal scolaire» mais avec un renforcement de l attitude citoyenne en raison du nombre important de «visiteurs» potentiels. De même, le 4 e grand domaine de compétences (Chercher, se documenter au moyen d un produit multimédia) est également approfondi par un entraînement régulier à la consultation de documents hypermédias (cédéroms et sites Internet) et une meilleure compréhension de la structure arborescente de ce type de documents. Cela favorise également les compétences individuellement dans le domaine de la langue : lecture (de documents ayant des formes très différentes) et production d écrits. 3- Réalisation d exposés a. Pour exposition en classe ou pour le journal scolaire De très nombreux enseignants proposent à leurs élèves de réaliser des exposés. Une pratique régulière de cette activité au sein de la classe (réalisation de travaux sur les pays ou les animaux) permet aux élèves d intégrer dès le début du cycle 3 les outils multimédias dans leurs travaux. L utilisation d outils tels que les sites Internet ou les encyclopédies sur cédérom ou dévédérom nécessite néanmoins une approche méthodologique liée à la spécificité du support et au risque principal qui en découle, à savoir l utilisation systématique de la fonction copier/coller. Rappelons au sujet des deux types d exposés proposés ci-dessus que les disciplines concernées sont la maîtrise de la langue et la géographie (pour les exposés sur les pays) ou les sciences (pour les exposés sur les animaux). Le domaine du B2i concerné est bien entendu le domaine n 4 (Chercher, se documenter au moyen d un produit multimédia ) Afin de permettre aux élèves d utiliser l outil le plus pertinent parmi tous ceux disponibles au sein de l école encyclopédie papier, encyclopédie numérique, sites Internet, dictionnaires, ouvrages documentaires, annuaires ), un travail préalable peut être fait à partir de la fiche de préparation proposée en annexe n 7 et très largement inspirée d un document disponible sur le site de l Académie de Versailles 22. Ce type de recherche et ce mode d approche nécessite du matériel qui n est pas toujours disponible dans les classes mais la même séquence est transférable à un travail sur une simple machine en fond de classe conduite sur une semaine par des élèves répartis par groupes mais ne travaillant pas simultanément. Dans ce cas, les phases de mise en commun et de correction sont reportées jusqu à ce que tous les élèves aient eu l occasion de mener leur recherche