DÉLÉGATION DU BAS-RHIN

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1 DÉLÉGATION DU BAS-RHIN du S ou v e nir f ranç ais Sommaire : Le mot de la Déléguée générale... 2 Nos peines... 3 Congrès départemental à Truchtersheim... 4 Conférence de Jean-Laurent Vonau sur le camp de Schirmeck... 6 Mémoire de guerre Albert Hagemann...10 Plan «Sussex 1944» Connaissez-vous le site Internet «Le Souvenir Français»? Hommage : souvenons nous du 6 juin 1944, par Hubert Denys BENFELD Sortie à Sigolsheim BISCHWILLER Cérémonie du 8 mai BRUMATH Escapade en Haute-Vienne MARMOUTIER Perpétuer la mémoire OBERNAI Inauguration de la stèle des aviateurs anglais, forêt du Willerhof SELESTAT Devoir de mémoire Châtenois au camp du Struthof Avec le Souvenir Français sur les traces des Passeurs Une tranche d histoire bien vivante...31 Jebsheim : Le Souvenir Français explique aux jeunes l histoire du petit Jérôme...31 STRASBOURG - Ville Port du Rhin. Fusillés il y a 65 ans Une stèle en mémoire du Réseau «Alliance» VALLEE de la MOSSIG Chanter l Europe avec le Souvenir Français Stèle du Kronthal : inauguration solennelle WOERTH Quatre projets phares Lembach : en souvenir des Diables Bleus Sur les traces des Turcos La commémoration du 6 août Paroles d un ascète Sagesse SEPTEMBRE 2008 N 11

2 Le m o t d e la Déléguée génér ale Certes le Souvenir français existe depuis 1872 Certes nous sommes l association la plus vielle de France, Mais nous savons nous adapter aux technologies actuelles.. Une nouvelle impression de notre journal départemental. La création d un site sur Internet Ces nouveautés reflètent notre adaptation au monde actuel, mais les missions proposées par notre fondateur restent les mêmes.. Bon courage à tout le monde à l occasion de cette nouvelle rentrée. Votre dévouée Mireille Hincker 2 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

3 Nos peines Mon ami Othon DAHL ( ) par Louis MORGAT Jeudi 14 février, notre ami Othon DAHL nous a quitté à l âge de 74 ans. Souvenons-nous. Othon Dahl était le fils d un jeune militant chrétien du Palatinat ayant quitté le Reich en 1933 à cause du nouveau régime pour s installer dans le nord de l Alsace. Ce qui se passa en , était dur à vivre pour ce père et pour sa famille (arrestation par les Français en 1939, par les Allemands en 1941, Stalingrad). Othon, né en 1934, fut donc officier de réserve dans l Armée française : major d une promotion de 800 élèves-officiers environ. Pendant la guerre d Algérie, il fut affecté à l Ecole d Enseignement Technique installée à Issoire (Puy de Dôme) au profit de jeunes Algériens sélectionnés. Il faut préciser qu il était enseignant et qu il deviendra le directeur adjoint du collège de Woerth. Il se rendait en mission en Algérie (en principe tous les deux mois) pendant une à deux semaines pour «jauger» les garçons, entre 12 et 15 ans, présélectionnés par des officiers des S.A.S. Conduit par un chauffeur, avec leur seul armement individuel, sans autre protection ni accompagnateurs, il parcourait le pays (quartiers musulmans des villes, plaines, djebels) pour aller vers les SAS (Sections Administratives Spécialisées). Othon Dahl poussait plus loin la sélection initiale opérée par ces sections sous la direction de leur capitaine ou de leur lieutenant (des officiers d élite souvent en danger) et il dressait la liste définitive des futurs élèves d Issoire. Ces missions «diront quelque chose» à ceux qui se sont parfois trouvés isolés dans quelque endroit «sensible» de l autre côté de la Méditerranée... Éventualité : mine, rafale. Othon parlait peu de ces «raids» à deux. Je tiens à en sauvegarder une trace. Othon Dahl fut donc Maire après avoir été Adjoint à son prédécesseur ( ). Un maire remarquable. Quand je fis sa connaissance, en décembre 1983, pour effectuer ma 2 e enquête publique, j ai découvert un homme volontaire, sympathique compétent et dévoué, ayant préparé un dossier parfait (projet de construction d une caserne de pompiers et d une station de bus à Woerth). Rarement, au cours des 77 enquêtes suivantes, je devais trouver une telle perfection. A la fin de la 5 e et dernière séance, j eus droit à une visite du Musée et à une reconnaissance sur la colline en haut de laquelle le Kronprinz Frédéric de Prusse donnait ses ordres, le 6 août En 1995, je savais à quoi m en tenir sur la qualité du guide-historien quand j ai proposé la visite de ce champ de bataille à l occasion de la venue en Alsace de nos camarades varois, l année suivante. Othon a déployé une activité débordante au service de ses concitoyens et de ses camarades : - Délégué général adjoint du Souvenir Français du département du Bas-Rhin : ses conseils ont toujours été appréciés et jusqu à son dernier souffle il est resté soucieux de l avenir du Souvenir Français voyant l érosion des effectifs et malheureusement le désintérêt des jeunes pour les missions de notre Association. C était un plaisir de le retrouver dans les congrès et autres réunions. Naturellement de nombreux membres de cette association, dont la Déléguée générale, Madame Hincker, et des présidents de comité étaient présents aux obsèques. Entre autres, il avait été : - Président fondateur du S.I.V.O.M. de la Haute Vallée de la Sauer, - Président de l Institution «Le Liebfrauenberg», un lieu de conférence et de séjour avec méditation (version protestante du Saint-Odile), - Membre fondateur de l A.O.R. de Haguenau-Wissembourg. Modeste, il ne recherchait pas les honneurs. En récompense de tout ce qu il a fait en Alsace, à Issoire, en Algérie, dans l enseignement et les réserves il n était que chevalier de l Ordre National du Mérite et, cela depuis 2004 seulement sur demande de camarades et amis motivés. L église protestante de Woerth était déjà pleine, le 14 février, plus d une demi-heure avant le début de l office de «La Remise à Dieu». Derrière sa chère épouse Alice, ses enfants et petits-enfants : des maires, des élus, des professeurs et autres enseignants, des officiers et des sousofficiers de réserve ou en retraite, la Délégation départementale du Souvenir Français (dont les colonels Schenk et Durupt, anciens délégués), de nombreux habitants de Woerth et surtout des dizaines d anciens élèves d Othon Dahl, certains avec les yeux humides. Othon avait demandé qu aucune intervention élogieuse ne soit prononcée. Le faire-part portait un petit texte du pasteur martyr Dietrich Bonhoeffer. La cérémonie fut célébrée dans un grand recueillement par Madame le Pasteur, de Woerth, Adrienne Robivelo, originaire de Madagascar, ancienne étudiante de la Faculté de Théologie de Strasbourg (avec une année à Göttingen), donc parfaitement bilingue. Un être d une qualité exceptionnelle vient de nous quitter. Il croyait au Ciel. Alors il nous observe, de là où il est, avec son sourire bienveillant. «Ordne unsern Gang, Jesu, lebenslang» et «Prends ma main dans la tienne» Lien 67 - N 11 - Septembre

4 CONGRèS DÉPARTEMENTAL L assemblée, au nombre d environ 250 participants, est ouverte à 9 h 30. Le colonel G. Beyl, président du comité de Truchtersheim présente le déroulement de la journée ainsi que l équipe qui a préparé celle-ci. La Déléguée Générale Mad. Hincker donne le programme du congrès lui même. Elle remercie M. Justin Vogel, maire de Truchtersheim, vice-président du Conseil régional d Alsace et son conseil municipal ainsi que la population de Truchtersheim pour l accueil réservé au Souvenir Français. et se dit impressionnée par le pavoisement du village. Elle remercie également le comité de Truchtersheim et son président pour la préparation d une journée qui va se révéler très réussie. et qui, cette année,est placée sous la présidence du Général Gérard Delbauffe président général nouvellement nommé. Au nom de l ensemble des participants elle lui souhaite la bienvenue. Après avoir remercié les nombreux membres du Souvenir Français ainsi que les 38 porte-drapeaux une minute de silence est observée en mémoire des Déportés dont c est la Journée Nationale ainsi que des membres de l association décédés depuis le dernier Congrès Départemental. Elle expose les activités du Souvenir Français du Bas-Rhin qui compte membres répartis en 38 comités et félicite la création du comité de Bischwiller piloté par M. Bartholomé. Elle rappelle les principaux temps forts de l association : Edification du «Mur des noms» de Kilstett M. Justin Vogel, maire de Truchtersheim Mme Hincker, déléguée pour le Bas-Rhin Gl G. Delbauffe, président général Col G. Beyl, président du comité de Truchtersheim Arrivée des officiels Cérémonie à l occasion du départ du Gl de Percin, président national pendant une décennie. Accueil et pilotage de 19 jeunes tunisiens du Lycée Flaubert de La Marsa guidés par leur professeur alsacien venus sur les «Traces des soldats tunisiens pendant les combats de la libération de l Alsace» Inauguration d une stèle à Ranrupt rappelant le crash d un bombardier de la RA.F. en présence des enfants du navigateur Inauguration d une autre stèle à Hochfelden en mémoire d un bombardier britannique en présence d officiers RAF «Concert de la Fraternité» grâce à la municipalité de Strasbourg et les musiciens de l Armée de Terre du Nord-Est en présence de invités issus du monde combattant et de la garnison militaire de Strasbourg Inauguration par la municipalité allemande de Pforzheim d une stèle en mémoire de 25 martyrs du réseau «Alliance» exécutés dans la proche forêt le 30 novembre 1944 en présence de 58 proches des disparus. Remise du drapeau au nouveau comité de Bischwiller 4 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

5 TRUCHTERSHEIM - 27 avril 2008 S ajoutent les activités de certains comités qui s investissent en déplaçant des scolaires sur des lieux de mémoire, comme par exemple : Brumath qui est allé à Oradoursur-Glane, le «Sentier des passeurs» Salm- Moussey, le ravivage de la Flamme de l Arc de Triomphe par le comité d Illkirch (avec l UNC), les sorties avec des scolaires par les comités Val de la Mossig, Sélestat, Benfeld, Wissembourg, Woerth, Geispolsheim, Ostwald, Saales et Sarre-Union. avec en préliminaire une conférence sur le sinistre camp de Tambow. Des projets sont présentés : Voyage à Paris le 17 octobre avec passage au quai Branly devant le Monument aux Morts des opérations en Afrique du Nord ( ), visite de l Historial Charles de Gaulle aux Invalides et ravivage de la Flamme de l Arc de Triomphe Voyage du comité de Brumath dans la région toulousaine. En 2009 sera célébré le centenaire de l inauguration du monument du Geisberg près de Wissembourg. Il y a lieu de souligner l autorisation donnée en 1909 par le Kaiser Guillaume II au Souvenir Français pour réaliser le monument et pour organiser la cérémonie. Le 17 octobre 2009 une cérémonie sera organisée ; vu la forte symbolique de ce monument elle devrait avoir une portée dépassant largement la section du Bas-Rhin. En vue de la création par le Mémorial d Alsace-Moselle d un «Mur des noms» des Alsaciens morts lors du deuxième conflit mondial, un recensement sera organisé. Cette action doit être soutenue activement par le Souvenir Français. Parmi les projets 2008 il y a la constitution d un «Conseil des Sages» qui devrait résoudre les conflits à quelque niveau que ce soit dans l association. M. Justin Vogel, maire de Truchtersheim se déclare honoré d avoir vu sa commune choisie par le Souvenir Français pour accueillir son Congrès départemental Il salue le Général Delbauffe, président général de l association, la Déléguée générale du Bas-Rhin Mireille Hincker ainsi que Gilles Beyl, président du comité de Truchtersheim M. Marc Ephritikhine présente un DVD portant sur un inventaire mémoriel du Bas-Rhin faisant suite au travail entamé par le Colonel Schenk dans les années 90. Le comité de Sélestat a servi d exemple. En fonction des disponibilités de M. Ephritikhine, l ensemble des comités de la section du Bas-Rhin devrait bénéficier de cette nouvelle forme d information qui peut être utilisée, non seulement par les comités, mais également par les établissements scolaires et les bureaux d information. Après la mise en place du site Internet de la section Bas-Rhin par M. Christian Ball, M. Ephritikhine a accepté d alimenter le contenu du site. Le général Delbauffe procède à la remise de distinctions à quelques adhérents particulièrement actifs au sein de l association Col Schenck Page d accueil du site internet Lt-Col Lefevre Lien 67 - N 11 - Septembre

6 CONGRèS DÉPARTEMENTAL M. Justin Vogel M. Ch. Muller, 98 ans M. Jean-Laurent Vonau, professeur à l Université Robert Schumann de Strasbourg, conseiller général du canton de Soultz sous Forêts et vice-président du conseil général du Bas-Rhin, un des instigateurs du Mémorial d Alsace-Moselle de Schirmeck présente une conférence de grande qualité sur le Camp d internement de Schirmeck (Sicherungslager de Schirmeck-Vorbrück) On pense généralement que le régime de ce camp était doux, comparé au régime du camp «d en haut» Or, parfois, c était aussi horrible qu au Struthof. L emplacement fut retenu depuis 1930 pour servir un programme d évacuation des communes situées en avant de la ligne Maginot. Six baraques en bois furent édifiées. En juin 1940 cela devint un camp allemand, désigné sous le nom de Sicherungslager Vorbrück. Le gauleiter Wagner va s en servir,alors qu en Moselle, son «collègue» Bürckel expulse les opposants, lui, veut rééduquer par le «travail». Il y expédie d abord des Alsaciens, puis, à partir de 1942 ce sera le tour d Allemands, de Mosellans et enfin de M. Jean-Laurent Vonau Polonais. Le régime de ces derniers est particulièrement dur et assimilable à une entreprise d extermination, comme au Struthof. Les 6 baraques sont mises en service dès le 2 août Le «chef» du camp Karl Bück est arrivé en juillet et il a fait entreprendre aussitôt des travaux et met en place une garnison de «gardiens» en vue du fonctionnement de son «Erziehungslager» (camp de rééducation). Les durées d internement vont d abord de 15 jours à 3 mois. En 1941 ce sera 6 mois et en mois. Karl Bück renouvelle son contingent de détenus, (les nouveaux arrivant le mercredi), des anciens étant libérés (et surveillés) ou ayant cessé de vivre. Mme Dominique Romain-Carcy, directeur départemental des Anciens combattants, remet l insigne de porte-drapeau 6 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

7 TRUCHTERSHEIM - 27 avril 2008 Les futurs détenus arrivent des prisons de Strasbourg, Colmar et Metz. À l arrivée au camp on est d abord tondu avant la présentation à Karl Bück. Il faut alors «débiter» une formule allemande, même pour les francophones. La moindre faute dans l expression du texte entraîne une série de coups pour le malheureux. Karl Bück est un ancien officier de l Armée allemande de la 1 ère Guerre mondiale au cours de laquelle il a été blessé grièvement (amputation de la jambe gauche). C est un nazi fanatique. L alimentation des détenus est pauvre : ceux qui font des travaux forcés reçoivent calories ; les autres détenus mangent encore moins. Il y a naturellement des accidents de santé. Un jour, un Polonais réussit à dérober un lapin au clapier et il le mange cru. Surpris par des gardiens, il reçoit une bastonnade mortelle. Une sinistre brute qui s appelle Weber, forgeron de métier, avec une force herculéenne, oblige ses victimes à compter les coups. Le camp est agrandi à la fin de 1943 de 11 nouvelles baraques. Les n 12, 13 et 14 sont réservées aux femmes. Elles compteront jusqu à 300 personnes. Il y a une salle des fêtes en dur celle-là. Chaque dimanche Bück s adresse aux détenus. Périodiquement il envoie des détenus au Struthof où ils seront exécutés. Le camp est entouré d une double rangée de barbelés électrifiés avec des miradors aux 4 coins du site. Des chiens formés à la méchanceté «patrouillaient» dans le camp. Bück roulait aussi à l intérieur du camp en traction-avant 11 CV et n hésitait pas à heurter les détenus. Avec les alsaciens, outre les Lorrains en 1941, les Polonais et aussi les Hollandais et quelques allemands arrivèrent à partir de 1942, les maquisards des Vosges (en partie alsaciens) capturés de l autre côté de la Ligne des crêtes et aussi des parachutistes britanniques, des S.A.S venus soutenir les maquis, mais écrasés sous le nombre et le matériel de l armée allemande. Il y aura aussi 107 membres du réseau «Alliance» qui seront transférés au Struthof à l approche des Alliés pour être massacrés dans la nuit du 1er au 2 septembre. En 1944 il y avait détenus dont 300 femmes. D autres femmes étaient de l autre «bord» : certaines de ces volontaires venaient de la vallée de la Bruche et parmi elles se «distinguaient» les deux sœurs Lehmann. Les travaux étaient organisés par des commandos «sérieusement» encadrés. Il y a trois sortes de commandos : 1. les commandos extérieurs envoyés dans des chantiers et des entreprises ; 2. les commandos intérieurs chargés des travaux dans le camp ; 3. les commandos dans les cellules les plus durs. Les bâtiments B6 et B11 étaient disciplinaires (plus encore que les autres!) c est là qu étaient enfermés les membres du réseau «Alliance». Le réveil était à 5 h 00 en été, à 6 h 00 l hiver. Les commandos les plus nombreux étaient envoyés chez Daimler- Benz (Gaggenau-Bade) et dans Photo Essor 1994 des entreprises travaillant sur les voies ferrées. Ils comptaient 300 détenus chacun. Plus durs étaient les commandos chargés de ravitailler le camp en bois et en charbon. Encore plus durs les travaux dans les carrières de Hersbach. À signaler les travaux de construction en dur de la piste du terrain d aviation d Entzheim ; les jeunes recrues de la Luftwaffe (Flak) eurent pour certaines d entre elles un comportement odieux. Un groupe de jeunes soldats se distrayaient en enterrant les prisonniers jusqu au cou et, autour de la tête qui dépassait, ils posaient des canettes vides. Ils tiraient des balles sur ces bouteilles qui partaient en morceaux. Il arriva que le malheureux fût touché à la tête, souvent mortellement. Il y eut, en 4 ans, environ 340 commandos, qui n existèrent pas tous en même temps. Dans le camp deux chiens de berger féroces étaient lâchés en liberté la nuit. Comme les baraques étaient fermées à clé, l évasion était carrément impossible. Pourtant quelques évadés la tentèrent. La quasi-totalité des évadés furent repris : alors un régime très dur leur fut infligé et à partir de l été 1943 ils furent abattus aussitôt. On pense que sur les milliers de détenus au moins quatre réussirent à s évader sur les quelques 150 qui firent la tentative. Lien 67 - N 11 - Septembre

8 CONGRèS DÉPARTEMENTAL Photo Essor 1994 Le recrutement des 70 gardiens a été effectué parmi des Allemands ayant eu des ennuis avec la justice. 5 d entre eux, condamnés de droit commun, étaient de véritables brutes. Une trentaine de gardiens sont compréhensifs : ils ferment volontiers les yeux sur les «fautes» des détenus. L infirmerie manque de moyens. Le médecin SS Blanck se livre en à des expériences médicales sur les prisonniers en leur faisant des piqûres qui entraînent souvent la mort dans les 15 minutes. On peut le comparer au sinistre Dr Hirth, plus «célèbre» avec ses «expérimentations à la Faculté de Strasbourg et au Struthof sur des détenus du camp «d en haut». Les chiens étaient dressés à l image de leur maître. Le plus violent fut sans doute le chien «Alf» de Walter Muller. Paul Malaisé et un co-détenu furent ainsi déchiquetés par l animal et ils durent être abattus par deux autres gardiens. L évacuation du camp eut lieu en septembre 1944 vers Gaggenau près de Baden-Baden. Le 17 septembre eut lieu un bombardement aérien qui fit un tué (gardien). Le 20 novembre, à l approche de la VIIème Armée américaine(gal. Patch) Karl Bück part pour Gaggenau. Le camp est libéré le 23 novembre alors qu il reste encore 300 femmes détenues. Les installations sont intactes, comme au Struthof. La Wehrmacht va s accrocher en Alsace de la fin novembre à la mimars, mais assez loin de Schirmeck. Le camp de La Broque servit ensuite à interner ceux qui étaient favorables au IIIème Reich en Alsace. Il s agissait d étrangers, d Allemands et aussi de nazis et de collaborateurs locaux. Ces internés appartenaient à 40 nations différentes ; il y eut même 5 américains qui avaient pour seul tort de porter un nom à consonance allemande. Bien entendu, ces derniers furent rapidement libérés. En février 1945, on comptait dans le camp 191 Allemands, 700 Français et 375 étrangers (total 1258) En automne le camp devint un espace pénitentiaire, dont les détenus étaient là pour des raisons n ayant rien à voir avec la guerre ou la politique. En 1954, le camp fut désaffecté, puis le terrain fut vendu en 1992 à un particulier qui y construit un lotissement. La salle des fêtes où Bück faisait ses discours du dimanche fut détruite. Quant à Karl Bück, condamné à mort à trois reprises, il fera seulement 10 ans de prison et mourra dans son lit en Photo Essor Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

9 TRUCHTERSHEIM - 27 avril 2008 Clôture du congrès par le Général G. Delbauffe. Le Congrès départemental de Truchtersheim est l un des premiers congrès qu il préside depuis sa nomination il y a un an. Il évoque la commission Kaspi, du nom de l historien, voulue par le chef de l Etat : il s agit de faire connaître les travaux de mémoire auprès du public, des autorités et des élus. Pour le moment, la Commission travaille sur le 90 e Anniversaire de la fin de la guerre Il dénonce aussi le rôle d une «association» qui voulait exploiter l opération «Bougies de la mémoire» à des fins commerciales. L idée est bonne, car elle amène les spectateurs d une cérémonie à en devenir des acteurs. L opération «Flammes de la Mémoire» que le Souvenir Français a rejetée devient l opération «Flammes de l Espoir». L essentiel des travaux est la remise en état de tombes de morts pour la France, c est-à-dire en-dehors des nécropoles et des cimetières militaires. Le cas le plus délicat concerne des tombes de corps restitués aux familles si celles-ci disparaissent. Il y a là un éparpillement et un risque de Mireille Hincker et le Général Gérard Delbauffe disparition de toute trace de morts pour la Patrie. Il conseille d effectuer des regroupements dans des petits carrés militaires établis au chef-lieu de canton. Le président général pense que les stèles ne devraient pas être édifiées trop longtemps après l évènement qu elles rappellent et qu une stèle pourrait rappeler plusieurs évènements à la fois. Enfin, il évoque le nouveau règlement intérieur et les statuts qui vont être revus et devraient éviter les querelles de personnes, notamment à l occasion du renouvellement des présidents de comité, parfois source conflit. Il reconnaît qu il manifeste «une méthode assez directive» mais qu il faut s y habituer La venue par la venue de l ensemble des maires de la Communauté de communes de Truchtersheim, tous ceints de leur écharpe, est une agréable surprise. L ensemble des participants accompagné par le corps de sapeurspompiers et de la Fanfare municipale de Truchtersheim traverse le village pavoisé pour aller faire un dépôt de gerbe au Monument au Morts. Après le Vin d Honneur offert par la municipalité de Truchtersheim et un sympathique déjeuner, chacun rentrera chez lui, très content d avoir pris part à cette belle journée à Truchtersheim. L année prochaine le congrès départemental se tiendra à Wissembourg. Dépôt de gerbe au monument aux morts Lt-Col Louis MORGAT Lien 67 - N 11 - Septembre

10 GUERRE MÉMOIRE de GUERRE de HAGEMANN Albert La Seconde Guerre mondiale éclata le 1 er septembre 1939, quand l appariteur et les cloches des deux églises nous annoncèrent, vers 17 heures, et par un temps radieux, l évacuation du village. Dans le courant de la matinée, des rumeurs avaient couru dans le village au sujet d une éventuelle évacuation. Le village était trop près de la frontière allemande, et au cours de l été, des masques à gaz nous avaient été remis par la mairie. Cette évacuation, on l attendait déjà depuis plusieurs jours, des valises avec le strict nécessaire étaient prêtes. L appariteur passa dans le village vers 17 heures, et au son de sa clochette nous annonça l ordre d évacuation : la population devait avoir quitté le village dans les deux heures. Pour un premier septembre, ce fut une très belle journée, très chaude, mais pleine de tristesse. Mes parents préparèrent la voiture et deux vaches comme attelage. Le nécessaire fut chargé, matelas, couvertures, valises, vêtements, bijoux, souvenirs, de quoi vivre pour quelques jours sur la voiture ; les autres bêtes, cochons, poules, lapins, furent lâchés dans la nature. Après un dernier regard vers la maison, en pleurant, moi sur la charrette à côté de ma mère, mon père fit partir les vaches en direction de la sortie du village, vers le sud-ouest, route de Sarre-Union, Sarrewerden. Au milieu du village, nous chargeâmes encore notre grand-mère, qui habitait une autre maison, et n avait pas de moyen de locomotion. Mon frère aîné, Auguste, partit sur le vélo. D autres personnes avaient leurs motos ou autos, non réquisitionnées par l autorité militaire. Après notre départ, les soldats français prirent place dans nos maisons, couchèrent dans nos lits et dégustèrent le bon vin de nos caves. Le premier arrêt fut à la sortie de Sarre-Union pour laisser reposer les vaches, leur donner à manger et à boire au pâturage, et pour nous restaurer, pique-nique forcé. La première étape, la nuit tombée, était à Bistroff-sur-Sarre. On dormit sur les matelas étalés sur la voiture, tellement la nuit était douce, même chaude. C est seulement vers quatre heures du matin qu on sentit une petite fraîcheur, et il fallut se couvrir pour se rendormir. Le jour levé, nous repartîmes vers Niederstinzel ; c était le deuxième jour.là, nous avons couché dans une grange sur de la paille et des visiteurs nocturnes, rats, souris, nous ont tenu compagnie en nous passant dessus! Le lendemain, troisième jour, départ pour Bisping. L avance pendant la journée était très lente; il y eut des bouchons, des arrêts et des croisements de convois militaires qui allaient vers le front. A Bisping, nous fûmes plus gâtés, puisqu on nous donna la salle de la mairie; la nuit fut plus confortable et nous couchâmes sur nos matelas étendus par terre. A partir du deuxième jour, un ravitaillement avait été organisé par les troupes françaises et on touchait du pain frais, des sardines, conserves, chocolats, boissons, etc... Mon père qui travaillait comme cheminot a dû nous quitter entre-temps, réquisitionné par la S.N.C.F. La dernière étape nous amena à Tarquimpol, près de l Etang du Stock, étape finale, d où nous aurions dû être chargés dans les trains en gare de Mulcey ou Blanche-Eglise, en Moselle. Là, une famille du village mit une chambre à coucher à notre disposition et ce fut une première nuit dans un bon lit chaud. La veille du départ en train direction Limousin -à Bersac sur Rivalier, Haute- Vienne; à 40 km au nord-est de Limoges, mon père, qui avait été affecté à la gare de triage de Berthelming, trouva un logement chez des particuliers et vint nous chercher avec une camionnette, ce qui nous a permis de rester dans la région. Vaches et voiture sont restées sur place chez le cultivateur, cette dernière nous la récupérâmes après le retour au village en juin-juillet A la gare de Berthelming où travaillait mon père, ma grand-mère faisait la cuisine pour une vingtaine de cheminots dans un wagon S.N.C.F. et nous l aidions. Au bout d un mois, mon père fut affecté à Fénétrange-Schalbach et région. A Fénétrange, il trouva un logement chez la famille Bricka, rue de Sarrebourg. Nous avons donc déménagé dans ce grand immeuble avec plusieurs logements et une ancienne teinturerie de laines. Nous habitions au premier étage et y restâmes jusqu à la fin des hostilités dans notre région, juillet C est à Fénétrange que j ai appris à fabriquer des maquettes d avions en bois de balsa, chez un copain du village. L hiver fut très froid, après une inondation à l automne, nous faisions du patinage à côté de la Sarre, tout était gelé. Au printemps, par un temps splendide, j allais me promener à Niederstinzel, à quelques kilomètres de 10 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

11 GUERRE là, pour retrouver un ami d enfance et de classe, Altmeyer Louis, dont la famille logeait chez un cultivateur dans le village voisin, Diedendorf. On se retrouvait de temps en temps sur les hauteurs de Niederstinzel, chacun faisant sa part de chemin. C est sur ces hauteurs que j ai vu les premiers combats d avions dans le ciel de France, un Lundi de Pentecôte, et entendu les premiers tirs de canons. C est à Fénétrange que je vis le passage et la retraite des troupes françaises, l entrée des troupes allemandes qui envahirent notre pays le juin, le premier avion allemand, un Fieseler- Storch, qui atterrit dans les prés derrière le village. A ce moment-là, on songeait au retour dans notre village; C est en juin-juillet 1940, que nous pûmes enfin retrouver notre village meurtri par le retrait des troupes françaises. Il était en piteux état, maisons détruites, ponts sautés, carrefours et maisons environnantes détruits par minage par les soldats français pour retarder l avance des troupes allemandes, laissant des cratères d une vingtaine de mètres de large et 5 à 8 mètres de profondeur.dans d autres quartiers, maisons détruites ou brûlées, toitures démolies par tirs d obus. Dans les maisons mêmes, meubles détruits, chambres délabrées, etc... Nous avons retrouvé la nôtre avec un grand trou dans le mur du pignon côté nord, direction de l Allemagne; un canon y avait été placé dans le fenil pour combattre les Allemands au cas où ils arriveraient de ce côté. La maison avait été vidée, de certains meubles que nous avons retrouvés par la suite dans d autres habitations ou abris militaires. Les premiers jours, mon ami Louis Altmeyer et Ernest Ehrhardt, qui étaient rentrés eux-aussi, et moi-même, passions notre temps à courir dans les champs et forêts, à visiter les abris militaires pour ramasser des boîtes en fer pleines de plaquettes de poudre, avec lesquelles nous faisions des feux d artifice. Nous en remplissions des boîtes de conserve vides, avec une mèche, cela faisait une bombe que nous allumions pour obtenir un grand boum. C était dangereux, mais l inconscience de la jeunesse qui ne connaît pas le danger nous donnait ce plaisir. Les autorités civiles allemandes s installèrent et ce fut le début de l occupation allemande, du régime nazi, de la jeunesse hitlérienne, de la politique de Hitler, de la méfiance des S.A., des cartes alimentaires et de certaines restrictions. Au début, nous mangions à la cuisine militaire installée dans la cour de la maison des sœurs par l autorité allemande. Les premières soupes populaires -Eintopfgericht, où tout était mélangé, viande, légumes, pommes de terre, etc - nous furent servies par cette «Gemeinschaftsküche» - cuisine communautaire - sous les ordres de la sœur allemande «Schwester Meda», célibataire mais qui avait déjà «donné un enfant au Führer». Nous nous installions au fur et à mesure qu on nous fournissait meubles, outils de travail, etc. La «Gemeinschaft» (travail collectif) fut instaurée. Tous les habitants du village devaient y participer selon leur métier et compétences : après le retour des évacués de Haute-Vienne au mois de septembre, les champs ont été cultivés en communauté (Arbeitsgemeinschaft) et tous les hommes et jeunes filles furent réquisitionnés pour ce travail. Je fus affecté aux réparations et à la remise en état de marche des machines agricoles, faucheuses et autres, aux Etablissements Rudolph Ernest à Diemeringen, du fait que j avais fait une année d apprentissage comme ajusteur et que la mécanique m intéressait. C est là que j ai gagné mon premier salaire, distribué à la mairie dans la grande salle, et que je fis la connaissance de mon épouse, car c était aussi l âge où on commençait à regarder un peu les filles Je m intéressai à l une d elles, qui plus tard devint ma femme, Irène Specht. Elle travaillait aussi dans les champs avec l Arbeitsgemeinschaft et les jours de paye on se voyait à la Mairie, ainsi que les dimanches, lors des promenades sur la route de Voellerdingen avec d autres copains et copines, ce qui était notre passetemps du dimanche après-midi. Plus tard, en automne 41, quand l Arbeitsgemeinschaft fut dissoute, je travaillais dans l organisation Todt (O. T.) travaux publics, dans une forge à Sarre- Union, puis à Herbitzheim au barrage de la Sarre. L hiver fut très rigoureux et il tomba tant de neige qu il y eut des congères de 1,5 à 2 rn de haut sur la route de Herbitzheim et Dehlingen, et que tous les jeunes hommes furent réquisitionnés pour déblayer les routes: un jour mon ami Louis était dans mon équipe sur la route de Herbitzheim, c était un petit bonhomme qui s amusait à faire le singe en marchant sur les congères et d un seul coup la neige céda et mon petit Louis disparut. A toute vitesse nous avons creusé un chemin de plus de deux mètres pour le libérer! L hiver suivant fut très froid aussi, mais avec moins de neige. Je travaillais au barrage à Herbitzheim, à briser la glace d une épaisseur de 20 à 30 cm. Plus tard, ce fut la démolition du barrage sur la Sarre : le béton miné une fois sauté à la dynamite, nous devions enlever les gravats avec des brouettes toute la journée par un froid rigoureux. Pour me rendre au travail, matin et soir, je prenais mon vélo, une pédale fabriquée en bois, un pneu troué rembourré avec un autre bout de pneu et ligaturé avec une ficelle. Les temps n étaient pas toujours au beau fixe; nous apprîmes à connaître la tyrannie hitlérienne, la Jeunesse hitlérienne, le Heil Hitler, l évasion de beaucoup de nos camarades vers l intérieur de la France, le R.A.D. (Reichsarbeitdienst) et l incorporation de force dans la Wehrmacht et la guerre en tant que soldat. Tout doucement les lois allemandes avaient été instaurées en Alsace et en Lorraine. Nous avons dû faire le service des travaux RAD ainsi que le service militaire et avons été incorporés de force dans la Wehrmacht. Au mois de mars-avrii 1942, nous avons passé la visite médicale : «K V, der Nächste» - Bon pour le service, au suivant. Le 17 avril 42, premier grand départ pour moi, au R.A.D., avec rassemblement à Saverne à la Halle au Blé. Ma destination était la ville de Munster dans le nord-est de l Allemagne, en Westphalie. De la gare de Munster à notre camp à Handolf-Hornheide, nous allâmes à pied, nos valises encore lourdement chargées de vivres, vêtements, et autres articles. Il faisait très chaud pour un mois d avril et une sueur acide nous coulait sur le visage. En cours de route, nous eûmes droit à une halte sur le côté de la route pour une pause-café, café fait avec de l orge grillé. Ah, que ça avait bon goût! Arrivé au camp, premier rassemblement et affectation à nos baraquements, distribution d uniforme et droit au déjeuner militaire «Eintopfgericht». Nos vêtements civils furent renvoyés à la maison dans nos valises, de suite, sur ordre de nos supérieurs. Le goût de l exer- Lien 67 - N 11 - Septembre

12 GUERRE cice et de la discipline nous fut inculqué très vite, lors de la distribution de notre outil de travail et d exercice, qui était la bêche. Avec cette bêche, nous travaillions la terre, faisions des exercices et des parades. Cette bêche qui servait à tout devait luire lors des parades. Alors c était l astiquage au papier émeri et produits spéciaux pour faire miroir...si elle n était pas astiquée à 100%, c était la consigne, pas de sortie le samedi ou dimanche, qui était le moment d écrire une lettre à mes parents, frère, Irène et copains. Tous les jours, il y avait la théorie, l exercice et les travaux manuels à la bêche : travaux de terrassement, aplanir les terrains, irriguer les ruisseaux, faire des canalisations et irrigations dans les terrains marécageux où l on souffrait des piqûres de moustiques, étant donné que nous travaillions en short et torse nu. Non loin de notre camp se trouvait le terrain d aviation militaire de Munster, d où décollaient les Heinkell 111, bombardiers, et les Messerschmitt 109, avions de chasse qui escortaient les Heinkell lors de leurs raids vers l Angleterre. C est là que nous avons été affectés par la suite pour l entretien de ce terrain. Le premier contact de chez nous fut l envoi de paquets avec des friandises, gâteaux, et autres choses rares, chocolats, bonbons, etc que nous devions partager avec tous les autres «Arbeitsmänner» (travailleurs) de notre chambre. Les Alsaciens recevaient plus de paquets que les Allemands, étant donné que l Alsace-Lorraine était encore mieux lotie du point de vue ravitaillement. La première, visite de nos parents après 2 ou 3 mois, fut un grand jour, et qui passa trop vite, le soir même de leur arrivée. Les premiers signes d une gastrite firent leur apparition après trois mois, lors de travaux au terrain d aviation. Je ne digérais pas bien le pain noir de tous les jours. D abord ce furent des crampes d estomac et des renvois, qui disparaissaient encore assez vite. De jour en jour, ces maux augmentèrent jusqu au jour où j eus tellement mal que je me roulais sur la piste d envol des avions et qu on me transporta à l infirmerie et à l hôpital de Munster, où l on constata après avoir fait des radios, une légère gastrite qui me donna droit à un régime pendant huit jours avec cuisine légère et pain blanc. Au bout de huit jours, de nouveau pain noir et cuisine comme tout le monde. A la longue l estomac s habitua, mais non sans mal. Au bout de quatre mois, notre compagnie fut transférée en Poméranie, à Falkenburg qui appartient aujourd hui à la Pologne. Les travaux que nous faisions, hors des exercices journaliers, étaient la récolte des pommes de terre pour les cultivateurs qui manquaient de main d œuvre. Enfin le grand jour arriva où on nous annonça la fin de notre service de 6 mois et le 24 septembre 1942, c était la rentrée dans nos foyers. Mais, ô catastrophe, à peine rentrés, on nous annonça l incorporation de force dans la Wehrmacht. Après trois semaines de congé, c était de nouveau le départ. Le 16 octobre, je pris la direction de Borna, près de Leipzig, via Sarrebrück -Francfort -Erfurt -Weimar -Leipzig et Borna, où j ai été affecté chez le «Panzer Jäger Ausbildungsabteilung 4 Antichar». Là, ce n était plus la bêche qu on maniait, mais le fusil et le canon antichars 37 sur roues. Le matin, réveil à 6 heures, toilette, prise du café, sport, exercices physiques, course d endurance, appel, exercices, tir à balles réelles, tir au canon antichar sur cible mobile, nettoyage, instruction, etc C était notre menu journalier, midi, déjeuner et le soir à 19 H, souper et le repos était bien mérité. Le soir j en profitais pour écrire les lettres à la famille et à Irène. Pendant toute cette période d exercices en 1943 j ai eu la chance d avoir plusieurs permissions de 8 à 15 jours. Quel plaisir de revoir la famille et sa chère amie qu on aimait, mais moment malheureusement toujours trop court et laissant des larmes au départ. Ma plus belle permission a été du 14 au 30 septembre Là, pour la première fois, j ai eu le droit avec Irène de faire une sortie en vélo pour aller au cinéma à Sarralbe, le dimanche 19 septembre, car dans ce temps-là, les sorties des filles étaient strictement contrôlées par leurs parents. C était la ballade des amoureux en vélo par un temps merveilleux pour voir le film «Die goldene Stadt», film d amour dramatique, qui se terminait par le suicide par noyade dans un lac, d une jeune fille enceinte et délaissée par son amant. C était l avant-dernière permission avant de partir au front russe, et la plus amoureuse. De retour à l armée, un matin on est parti pour un exercice de tir à longue distance m et plus, au champ de tir distant de 14 kilomètres. Départ à 6 heures par un temps de brouillard et pluvieux. Arrivés sur place après une marche de presque trois heures, nous étions mouillés jusqu aux os, et le brouillard persistait toujours. A 10 heures, l ordre du retour fut donné sans avoir tiré une balle. Au retour, nous chantions toujours, et vers 11 heures le soleil revint et nous sécha jusqu à l arrivée au casernement. En arrivant à ce dernier, l ordre vint pour une nouvelle chanson, et ça ne marchait plus, ça chantait mal, tellement nous étions essoufflés. «Ah, vous ne voulez plus!» s écria le sous-officier, et ce fut l alerte aux gaz. il fallait mettre les masques à gaz, chanter, marcher jusqu à ce que l un d entre nous tombe à terre à moitié mort. On lui enleva le masque à gaz, lui fit des mouvements de respiration jusqu à ce qu il reprît connaissance et vie. Cet exercice rapporta un gros blâme pour le sous-officier de la part de ses supérieurs, qui considéraient que cet exercice était inhumain, ce qui nous fit à tous un grand plaisir. Plus tard, je passai le permis de conduire sur une voiture à chenillettes. Après l avoir réussi, je fus nommé pour l école de conducteur de char parce que notre compagnie allait être dotée de canons antichars 88 sur châssis. J ai passé mon permis de conducteur de chars sur un châssis Skoda (tchèque) qui avait une boîte de vitesses automatique avec 21 vitesses. Je le réussis avec mention «bien». Par la suite, je fis des exercices avec des chars antichars sur châssis du Panzer II, III et IV au champ de manœuvres de Zedlitz à 3-4 kms de Borna. Tous ces exercices étaient la préparation au départ pour les combats en Russie et en Italie et le reste du front de l est. J aimais la conduite des chars, les exercices, le nettoyage et le contrôle de mon moteur pour le prochain exercice. La mise en état du moteur fut effectuée par les «Panzerwart» mécaniciens. De temps en temps, il arrivait d un de nos engins qu il restât sur le terrain suite à une panne de moteur, carburateur obstrué, allumage défaillant ou autre, ce qui n a jamais été le cas sur notre char. De ce fait, j ai eu la chance de rester en caserne en 12 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

13 GUERRE Allemagne jusqu en mai 1944 parce que mon supérieur, un sous-officier de mon groupe, ne m a jamais mis sur la liste de départ pour le front jusqu au jour où lui-même partit au front russe. Avant de partir, il me fit venir à son bureau et m avertit que maintenant je devais m attendre à partir au front ; c est ainsi que j appris que c était lui qui m avait retenu aussi longtemps que possible, et je l en remerciais chaleureusement. Pour me récompenser en plus, il me fit encore une demande de permission de week-end, qui me fut accordée pour 5 jours avec trajet, ceci en mars Le dimanche matin, je reçus un télégramme de mon unité qui demandait mon retour immédiat à la caserne. Pour retarder le départ de ce dimanche au soir, je fis un faux tampon en bois - j étais assez bricoleur que j apposai par-dessus d autres et je partis le soir. A Sarrebrück, le train était bourré de soldats et je dus attendre le suivant, encore un tampon en plus de la Bahnhofskommandatur, et le départ se fit seulement le soir vers 21 heures. En arrivant le lendemain matin vers 11 heures, je constatai que le gros de notre compagnie était déjà parti et je dus me joindre au «Nachtruppe» qui emmenait les caisses de papiers et documents. C était le départ pour la Russie, un voyage de 3000 kilomètres. Le 28 mars, départ pour Mielau en Pologne, via Dresde - Cottbus - Deutsch -Eylau. Le 30 mars, arrivée au baraquement près de Mielau. En avril, on avait encore de la neige et de la pluie. De temps en temps, on avait droit à une sortie pour Mielau ou dans le village Nosaschewo (Borosne), village très pauvre. Début mai, nous étions toujours à Mielau. Les jours passèrent, avec des exercices antichars, etc, à lire des romans et écrire des lettres, jusqu en juin. Dans ces baraquements, les punaises faisaient la foire la nuit. A peine la lumière éteinte, ça piquait de partout et on se grattait inlassablement. Un soir, je me couchai sur la table qui se trouvait au milieu de la pièce, croyant que là les punaises ne m atteindraient pas. Dès qu il a fait nuit, re-belote, ces bestioles tombaient du plafond pour nous sucer le sang. Le lendemain matin, on décida à trois de monter une tente à l extérieur pour y dormir. Après excavation d une dizaine de centimètres de terre, montage de la tente, nous fîmes une rigole autour de la tente pour laisser écouler l eau de pluie en cas d orage, ce qui arriva la même nuit. Nous avons dormi comme des loirs, tandis que nos camarades se marraient, en croyant que nous étions inondés dans notre tente. Nous avons passé une bonne nuit, tandis que les autres veillaient! Début juin, ce fut de nouveau le départ vers le front. Nous fûmes cantonnés en arrière position près de Smolensk, à Starap-Bischow, non loin de la Bérésina, un fleuve comme le Rhin et qui est un affluent du Dniepr. Là nous avons reçu 10 tanks antichars et 3 chars russes T34 pris aux Russes, lors de leur retraite. Les trois chars T34 furent confiés aux Alsaciens-Lorrains ou Autrichiens, qui euxaussi avaient été incorporés dans l armée allemande et qui tous ne semblaient pas très fiables pour notre commandant. Je devins donc conducteur d un T34 dont l équipage se composait de 4 hommes : le conducteur, le radio, le tireur et le commandant du char qui était en même temps viseur. De suite, nous sommes partis en position d attente près de la rive de la Berezina. Nous avons enfoui nos chars dans la terre, une sorte de large tranchée. il y avait juste la tour avec le canon qui sortait de la terre. La nuit, nous couchions à tour de rôle dans le char, deux qui dormaient et deux qui montaient la garde. Pendant la journée, j eus le temps d écrire la dernière lettre à la maison et à Irène pour lui dire que j avais reçu sa lettre où elle m informait que son père et elle avaient été déportés en Allemagne à Schelklingen près de Stuttgart pour y travailler. Sa mère était restée à la maison alitée et malade du cancer. Elle me faisait part de son chagrin et de son désespoir. Je lui répondis que j allais me plaindre auprès des autorités pour la faire rapatrier, étant donné qu elle était ma fiancée, mais tous ces espoirs prirent une autre tournure. C était la dernière lettre qui lui parvenait et moi non plus ne recevrai plus de courrier. Après huit jours d attente, les Russes attaquèrent au nord et au sud de notre position et ont avancé très vite pour nous encercler. Ordre fut donné par notre Haut-Commandement de nous replier et de battre en retraite. C était maintenant au tour des Allemands de fuir les Russes et c est à ce moment-là que commencèrent des péripéties qui durèrent 15 mois. Nous nous sommes retirés pendant deux à trois jours et avons pris une nouvelle position. Nous dormions dans les maisons vides, pleines de poux et de punaises partout. Je couchais sur la table pour éviter les punaises, mais impossible de dormir : lumière allumée, c était le repos ; lumière éteinte, c était la ruée des punaises sur moi et je m enfuis dehors avec un copain pour dormir sous une tente : enfin le repos, mais pas pour longtemps. A 4 heures du matin, l ordre est venu de contre-attaquer l avance des chars russes, sauf les trois T34 parce que le commandement n avait pas confiance en l équipage (Honneur). A six heures, soit deux heures après le départ pour l attaque, un motard de renseignement nous fit savoir que déjà six de nos antichars avaient été abattus et les équipage brûlés vifs ou abattus en sortant du char. Alors que nous croyions que maintenant notre tour d attaquer était venu, un nouvel ordre de retraite nous parvint pendant que nous attendions les quatre antichars rescapés. Pendant cette retraite les Russes nous poursuivaient et les chars allemands P4 restaient enlisés dans les marécages et nos T34 les en sortaient. Il m est arrivé d accrocher deux chars allemands à mon T34 et de les désembourber. Lors d un recul dans un sentier en forêt, mon commandant donna l ordre d arrêter et de faire demi-tour sur place, me donna des positions de placement précises, donna l ordre au tireur d orienter le canon et le mot «feu» nous fit basculer un peu : c était mon baptême du feu et le premier char russe abattu qui explosa et brûla. De nouveau, demi-tour et la fuite sans arrêt pendant plusieurs jours. Au bout de 4 ou 5 jours, nous avons dû passer le pont d un grand fleuve et juste après notre passage le pont a sauté et le dernier char T34 est resté de l autre côté et a été fait prisonnier. Le jour suivant, le canon du deuxième T34 a éclaté par suite de surchauffe et l équipage a quitté le char pour faire retraite sur un camion. Au bout de deux jours, mon char aussi s arrêta, par manque de fioul. Nous l avons fait sauter et brûler avec tous nos effets personnels. Nous n avions plus que nos vêtements de combat et le strict nécessaire dans une musette et de quoi manger pour un ou deux jours, mon revolver et des munitions, et la retraite continuait avec nos camions tant qu on avait de l essence, ce qui venait à nous Lien 67 - N 11 - Septembre

14 GUERRE manquer aussi. Maintenant, c est à pied qu on s enfuyait, sauve qui peut, plus de commandement, plus de compagnie, chacun pour soi : c était la pagaille. L équipage de notre char étant encore au complet, nous arrivâmes un matin à un fleuve grand comme la Sarre, le pont détruit par l aviation russe. Les soldats allemands du génie étaient en train de mettre de nouvelles traverses et planches pour que les troupes en retraite puissent passer. De temps en temps les chasseurs russes arrivaient et mitraillaient les troupes et les soldats du génie, en même temps que les petites bombes lâchées détruisaient ce qui venait d être réparé. Des soldats tombaient dans le fleuve, touchés par balles, d autres sautaient en l air avec les planches suite à l explosion des bombes. J ai eu la chance d arriver sur l autre rive sain et sauf avec deux autres équipiers de notre char. A peine cent mètres plus loin, il y avait des officiers de la Feldgendarmerie qui arrêtaient les troupes qui affluaient de tous les côtés, car c était la pagaille. De nouvelles compagnies furent formées pour la défense. Nous trois, on s était dit : «plus de bataille, on file, on recule». Quand l officier de regroupement nous interpella mon tireur, mon radio et moi-même comme conducteur : «Hé là, vous trois, où est-ce que vous allez?» nous lui répondîmes que nous étions un équipage de char, qui devions nous rendre chez un officier de chars qui se trouvait plus loin sans équipage ; il nous a laissés filer. Evidemment, ce n était pas vrai et notre devise était devenue: «sauve ta peau n importe comment», et nous avons continué la retraite, chacun de son côté. Nous étions comme un troupeau de moutons chassés par les loups, sans berger ni chien de garde. Par la suite, notre équipage se décima ; chacun essaya de trouver une solution pour s en sortir le mieux possible. La chaleur, la soif et la faim nous écrasaient, mais le mal du pays nous fit marcher jusqu à l épuisement. Un après-midi, j étais tellement fatigué que je me couchai à côté de la route, jonchée de cadavres de soldats allemands, dépouillés de leurs vêtements, gonflés par la chaleur et pleins de mouches, et je m endormis. A peine endormi, je reçus un coup de pied dans le derrière par un officier allemand qui me dit : «Hé là, debout, on continue, si tu veux rester, les Russes sont derrière nous, nous sommes les derniers de la troupe.» Alors là, plus de fatigue et c est reparti, toujours à pied. Après une ou deux heures de marche, je vis dans un pré à côté d une ferme délaissée quelques chevaux en train de paître. Je me dis : «tiens, c est une meilleure solution que la marche». J attrapais un cheval pour le monter, mais impossible, il se tournait chaque fois que je voulais monter dessus. Je trouvai une autre solution : au-dehors, devant la ferme, traînaient toutes sortes de meubles, chaises, bancs, vieilles armoires, ainsi qu une table très longue, environ 2,50 à 3 mètres. Quel miracle! Je vais pouvoir me poser sur la table, le cheval à côté, et il ne pourra pas se tourner; mais adieu le miracle, quand je voulus monter sur le côté droit, le cheval chéri se tourna à gauche le long de la table ; rebelote, je vais monter du côté gauche, il se tourna à droite. Après plusieurs essais infructueux, j ai lâché le cheval qui prit le large et la marche à pied continua. Tant qu on avait été en possession de notre char, la nuit on couchait à l intérieur de ce dernier, trois hommes par terre et le quatrième de garde. Maintenant, les nuits se passaient en forêt, couchés sur la mousse. Un matin, on marchait, des centaines de soldats qui se sont rassemblés, dans une vallée verte, verdure du mois de juillet, et de chaque côté des montagnes, une sorte de chaîne, avec par ci et par là des petits sentiers qui mènent l un vers une petite forêt, l autre vers les monts, et nous la troupe marchions sous le beau soleil du matin, direction ouest, vers cette patrie dont nous nous languissions. Mais ce rêve se brisa soudainement dans le crépitement d une mitrailleuse qui nous prit sous son feu nourri, depuis les monts à notre gauche, et tous se mirent à courir aussi vite que possible. De tous côtés, les soldats tombaient comme des mouches. A quelques mètres à ma droite, un tout jeune soldat d à peine vingt ans, comme moi-même, reçut une balle dans la trachée artère et la carotide, et le sang sortait comme un jet de fontaine; après quelques mètres de course, criant «aidez-moi, aidez-moi, maman, maman» et avec cette dernière pensée pour sa mère, il s effondra, raide mort. Malheureusement, il n y avait plus d aide à attendre, chacun s enfuyait pour soi en courant pour sa vie. A ce moment-là, je regardais la mort en face, pris peur, et suppliais la Vierge Marie de me sauver et de me sortir indemne de ce guêpier, en faisant le vœu de faire un pèlerinage à Lourdes si je m en sortais vivant, ce que j ai pu faire en Après quelques centaines de mètres de course, la mitraille venant de la gauche cessa, et nous crûmes être sauvés ; à peine le temps d y croire, le crépitement commença à nouveau du côté droit, et ce fut la même course à la mort. Pendant que cela mitraillait à droite, nous avons vu du côté gauche une camionnette sur laquelle était montée une mitrailleuse et deux hommes, qui avançait sur les hauteurs. Après quelques centaines de mètres de course, nous étions hors de portée de la mitraille de droite, notre groupe avait diminué par suite de nombreux morts et blessés, les survivants fuyaient toujours dans la vallée, de nouveau de la mitraille de gauche et quand le camion de gauche était derrière nous, le camion de droite s avançait et envoyait ses salves. De tous les côtés ça tombait comme des mouches. Après une heure de cette course pour la vie, je pris la décision de sortir du groupe qui restait et m enfuis en solitaire vers la gauche, en direction d un petit bois à environ 200 mètres. Quand le tireur vit que je sortais du groupe, il me prit en point de mire et les balles sifflèrent autour de moi. Une première balle traversa mon pantalon et une deuxième ma musette. Après cette course affolée, et arrivé à la lisière du bois, je m effondrais, mort de fatigue derrière le premier gros tronc d arbre de la forêt, tandis que les balles sifflaient dans les feuilles : Sauvé! Ah, quel bon ange gardien j ai eu à ce moment! J étais KO. Après un repos mérité et une certaine attente, je sortis du bois, le calme étant revenu. Je me cachai dans un grand champ de blé, comme le firent d ailleurs beaucoup d autres. Un nouveau rassemblement se fit, et un général nous commandait pour faire une retraite collective, car seul, on ne pouvait plus : on ne connaissait pas la région et nous n avions pas de carte. L ordre fut donné que tous ceux qui étaient blessés, ou qui n avaient plus d armes ni de munitions devaient rester sur place et se laisser faire prisonniers. Heureusement, j avais encore un fusil, un revolver et des munitions. Maintenant la retraite se faisait à travers des forêts denses, plusieurs kilomètres de profondeur et des dizaines de longueur. La nuit on marchait avec cartes et compas, le jour on dormait en forêt. Il était interdit de se procurer de 14 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

15 GUERRE quoi manger et boire individuellement, car un groupe de ravitaillement avait été formé qui devait nous procurer la nourriture et la boisson dans des fermes ou villages. Un soldat passa outre cet ordre de ne pas piller, fut attrapé et condamné à mort sur le champ. Un peloton d exécution fut formé et à peine à cent mètres de ma position, l homme fut exécuté. Quelques coups de feu claquèrent, puis silence de mort. La faim et la soif se firent sentir de plus en plus, car avec deux ou trois tranches de pain sec et un peu d eau par jour, on était bien affamé. Une nuit un camarade inconnu marchait à côté de moi et me dit : «Eh, toi, tu as une lampe de poche, on pourrait aller se ravitailler nous-mêmes», on traversait un petit village ; ça ne m a pas plu du tout, alors il me dit: «donne-moi ta lampe, j y vais moi-même». Je lui donne la lampe de poche, et le suit, de peur et de faim. Alors on rentre dans une maison de paysan, lui, le premier avec la lampe, il scrute l obscurité et voit le paysan et sa femme, couchés sur le four (les fours étaient dans la pièce d habitation). Dans un placard, il vit deux ou trois poissons secs, il ne les prit pas et continuait à chercher autre chose, pain, etc, moi toujours derrière lui. A ce moment-là des coups de mitraillettes claquèrent, les partisans ayant vu la lumière dans la maison nous tiraient dessus à travers les fenêtres. Pris de panique, il me donna la lampe de poche, me bouscula pour pouvoir sortir le premier, à la sortie un coup de feu claqua, un cri «ils m ont eu». C était vers minuit, une heure et il faisait clair de lune. Un partisan était caché derrière une porte dans l escalier de la cave et au clair de lune il avait vu passer la silhouette et pu bien viser la tête du premier qui sortirait. Pour le suivant, de peur qu il ne riposte, il a dû se cacher dans la cave et n a plus tiré. Le suivant c était moi : encore une fois, mon ange gardien avait bien travaillé. On s est tout de suite occupé de mon camarade en revenant vers la troupe. Il avait une balle dans la nuque qui avait traversé la tête et était sortie entre le nez et l œil gauche, mais il était vivant. On lui a fait un bandage autour de la tête, on l a installé sur un cheval, parce qu on savait qu il ne pouvait plus marcher à pieds, et ne pouvait pas survivre. Le jour on se cachait dans la forêt, alors on lui a fait un tombeau en mettant du branchage dedans, parce qu il commençait à délirer et perdre la mémoire. A quelques centaines de mètres de là, nous vîmes plusieurs colonnes de chars russes T34 roulant sur une grande route direction ouest, vers l Allemagne via la Pologne. A ce moment-là, nous avons su que nous étions encerclés. Le soir, au moment de partir, nous avons dû laisser notre blessé dans son tombeau profond de 30 à 40 cm ; il a fallu le calmer en lui promettant de revenir avec du secours, mais malheureusement c est là qu il est mort, d une mort inhumaine, comme une bête. C est ça, la guerre. Un autre jour, tôt le matin, on marchait en file indienne le long d une forêt sur un petit sentier à travers buissons ; à une dizaine de mètres devant moi un pauvre partisan russe qui avait été fait prisonnier le jour précédent, était sur ses gardes, et remarquant que le soldat qui le suivait lui mettait le revolver sur la tempe, se baissa brusquement et prolongea sa vie de quelques minutes, mais peu après un coup de revolver claqua et le pauvre fut abattu lâchement, de peur qu il n aille dénoncer la troupe en retraite ; il a été balancé dans les haies à côté du sentier. Encore une folie meurtrière de la guerre. Notre marche continua inlassablement, toujours avec l espoir de revoir notre chère Alsace, et nous traversions la forêt pour arriver à la lisière du bois, près d un terrain d aviation. Les soldats russes stationnés sur le terrain, ayant repéré notre présence, nous attaquèrent. Derrière nous, il y avait une clairière : les Russes d un côté, nous de l autre, on se tirait dessus, et pour leur échapper il fallait traverser la clairière. Pour nous avoir, ils ont nourri des tirs de mortier et des avions nous attaquaient avec mitrailleuses et bombes. C était le sauve-qui-peut, on courait, on sautait dans les trous d éclatement des grenades et des mortiers, et arrivés au bout de la clairière nous fûmes sauvés. Nous rentrâmes plus loin dans la forêt pour nous reposer. A chaque coin de forêt, un soldat de garde avait été mis en place. J étais de garde au coin de la forêt, d où on pouvait observer un village. Après deux heures d observation, j ai été relevé par un autre soldat. J avais à peine marché cinquante à cent mètres vers l intérieur de la forêt, vers le rassemblement du gros de la troupe, qu un crépitement se fit entendre dans la cime des arbres derrière moi : c était un obus qui éclatait et tua net mon remplaçant, les partisans nous ayant de nouveau repérés. Une prière ardente de remerciement monta de ma part vers le ciel, Dieu ayant épargné une nouvelle fois ma vie. Et de nouveau la longue marche vers l inconnu, cette retraite si pénible, continua. Il n y avait plus d eau potable, ni de ravitaillement du tout. Dans la forêt dense, il y avait des marécages qu il fallait traverser, et c est là qu on recueillait de la verdure mouillée qu on mettait dans le mouchoir, qu on pressait et dont on buvait le jus ramassé dans un bol. Dans ces mêmes marécages, les chevaux que nous avions encore s enlisaient et s enfonçaient tout doucement jusqu au corps, et impossible de les ressortir. Il fallait leur donner le coup de grâce et les tuer. La faim qui nous tenaillait et nous rongeait l estomac nous amena à découper le cheval en morceaux. Nous avons mangé cette viande crue avec un peu de sel que je possédais encore, sans pain ni autre chose, car nous ne pouvions pas faire de feu, pour ne pas être repérés par les Russes ou les partisans. En raison de cette mauvaise nourriture, j ai fini par attraper la dysenterie, et il ne me restait que deux solutions : continuer la retraite au risque de mourir, ou me rendre aux partisans avec toutes les inconnues que cela comportait. Nous étions près de la frontière polonaise, près de Minsk. Je me décidais pour la dernière solution. La nuit du 21 juillet 1944, le soir du départ de la troupe pour la retraite de la nuit, j ai pris la direction opposée à celle des autres, m étant placé en dernier dans la file. Vers 10 heures du soir, c était le départ, les autres en groupe et moi tout seul marchant dans l inconnu, suivant un sentier qui longeait la forêt, la lune brillait et éclairait le paysage, je n avais plus peur, il ne s agissait plus que de s en sortir vivant. Après 4 à 5 heures de marche solitaire, la fatigue se fit sentir ; le jour commençait à pointer et je distinguai une clairière. Avant d y pénétrer, je me débarrassai de mon fusil et de mes munitions. Il devait être 4 ou 5 heures du matin, et je vis à une centaine de mètres de moi une sorte de hangar en meules de foin. Je m en approchais et constatais que c était une sorte de hangar souterrain circulaire, le toit en chaume avec une petite entrée à l intérieur du foin, abri qui était à la mode dans les pays de l Est et qui faisait réserve de foin pour l hiver. Non loin Lien 67 - N 11 - Septembre

16 GUERRE de là se trouvait une sorte d abreuvoir à moitié plein d eau. C était le moment de se désaltérer et de nettoyer pantalon et sous-vêtements, parce que la dysenterie ne pardonne pas : on se salit de haut en bas. Je mis les vêtements sur le toit de la meule de foin pour les sécher, le soleil pointait son nez au-dessus de la colline et j en profitais pour me reposer quelques heures. Après avoir séché mes vêtements et dormi un peu, il fallut continuer mon chemin. Avant de partir, je me débarrassais encore de mon revolver, que je fourrais à l intérieur de la meule pour ne pas être attrapé avec une arme. Je partis donc dans l inconnu, traversais la clairière en montant la colline. A mi-chemin de la colline, j entendis un aboiement de chien ; je me dis : «Là où aboie un chien, il y a des humains». Je changeais de direction, un peu vers la gauche, en direction de cet aboiement. Arrivé en haut de la colline, et ayant amorcé la descente de l autre côté, je vis au loin quelques maisons et me dit qu il y avait là un village. En m approchant plus près, je vis un homme qui fauchait dans un pré, car c était la saison de la fenaison. Je l appelais «Pan! Pan! Hé, pan!» (pan = Monsieur). Quand il me vit avec mon uniforme gris, il prit sa faux et partit vers le village. Moi, je l appelais toujours, mais lui ne s arrêtait pas, et ainsi je le suivis jusqu au village. Dans le village, qui n était qu un petit hameau, déjà plusieurs bonshommes en armes s étaient rassemblés pour me recevoir, le faucheur les ayant averti ; c étaient des partisans polonais. On était le 22 juillet A la vue de ma misérable créature, amaigri et tout sale, ils ont eu pitié de moi, me laissèrent en vie et me dépouillèrent de mes chaussures, musette, couteau, fourchette et me donnèrent des pantoufles de chez eux. Il devait être 7 ou 8 heures du matin. Les partisans décidèrent de mon sort en discutant entre eux. La décision fut prise de me transférer dans le centre de rassemblement au village d à côté, à un ou deux kilomètres plus loin. Un jeune homme, grand comme trois pommes, à peine âgé de 14 ans, portant un fusil aussi haut que lui, me fit avancer en me faisant signe avec son fusil et en restant à une dizaine de mètres derrière moi, le trajet vers le camp de prisonniers de Wolozyin commença avec la peur au ventre qu il me descende et lui avec la peur que je l attaque, parce que dès que je me retournais vers lui, il me visait, tenant son fusil des deux mains, comme les chasseurs à l affût de lièvres. Après une demi-heure de marche, j eus soif ; je lui fis signe que je voulais boire quelque part. Arrivé à une mare à canards, il exauça mon vœu, me gardant toujours en point de mire et le calvaire continua. En passant à côté d une ferme, une bonne femme me tendit un bol de lait que j acceptai avec de grands remerciements, le jeune gronda et chassa la femme, mais me laissa quand même boire ce lait, qui n était pas un bienfait pour moi, mais un régal, bien qu à peine bu, il fallut faire le nécessaire, mon estomac ne gardant aucune nourriture du fait de la dysenterie. Vers douze heures, nous arrivâmes dans la ville de Wolozyin, juste au moment de la sortie des ouvriers d une usine. J eus droit à des coups de poings et des coups de pied dans le derrière. J eus encore la force de faire quelques mètres, la peur au ventre, entouré d une cohue de Russes qui voyaient en moi un ennemi, et reprendre le chemin vers le camp, toujours suivi de mon jeune gardien apeuré lui aussi par ce triste événement. Après cette longue marche pénible, le jeune me remit aux mains d autres partisans qui m emmenèrent au camp où, dès qu ils ont su que j avais la dysenterie, ils me mirent à part dans une sorte de cave voûtée avec deux ou trois autres soldats allemands atteints de la même maladie ; parmi eux se trouvait un lorrain de Bettborn près de Sarrebourg, nommé Alfred Bader (qui est décédé depuis, après notre rapatriement). Etant les deux plus affectés par la maladie, nous avons été transférés à l Hôpital Civil de Wolozyin ; la maladie étant très contagieuse, les partisans et les autres prisonniers nous évitaient comme des lépreux. On nous mit dans une chambre à part. Dans cet hôpital, il n y avait ni médicaments, ni nourriture. Les familles des malades apportaient de quoi manger -légumes, pommes de terre, poules et autres, pain sec, etc, dont nous profitions. Les gens n avaient pas d argent pour payer leur séjour à l hôpital, puisque les Allemands étaient partis et les Russes de passage. Une brave femme polonaise, infirmière à l hôpital, qui aurait pu être notre mère et qui avait aussi un fils soldat eut pitié de nous et s occupa de notre santé. Je la vis comme la Sainte Vierge qui me sauva la vie en me donnant, ainsi qu à mon copain de misère, des bouts de charbon de bois comme première nourriture et en même temps comme médicament. En le mâchant, ce charbon nous noircissait les dents et guérissait nos intestins. Après deux ou trois jours de ce régime, elle nous donna avec le charbon de bois, quelques morceaux de pain sec noir et nous remit ainsi peu à peu d aplomb. Ayant repris un peu de forces, nous sortions de l hôpital pour organiser notre propre nourriture en allant mendier de maison en maison. En nous voyant, les villageois avaient pitié de nous et nous offraient par ci un morceau de pain sec, par là une tomate verte, des choux, concombres, etc, que nous remettions à l hôpital, mangeant parfois une soupe chaude, gardant le pain sec dans un petit sac en garantie pour la suite. Tous les jours, c était la même promenade de mendicité, nous cachant de temps en temps à la vue de partisans en armes. Un beau matin nous avons toqué à une porte, une femme nous accueillit et nous invita à entrer dans la maison pour nous offrir un repas. A notre grande stupéfaction, elle parlait le français et nous apprîmes par la suite qu elle avait fait des études à Paris. Elle nous offrit une soupe aux légumes et des pommes de terre en robe des champs, la pauvreté régnant là aussi. La table de la cuisine avait un creux au milieu pour mettre les pommes de terre. Nous mangeâmes à notre faim et, à la fin du repas, elle nous offrit des cigarettes, mais n étant fumeur ni l un ni l autre, nous la remerciâmes. Elle en alluma une pour elle après nous en avoir demandé la permission pour ne pas nous déranger et nous remarquâmes qu elle possédait des allumettes françaises. Avant de partir en la remerciant, elle nous invita pour le lendemain et nous avons accepté avec plaisir. Le lendemain, elle nous proposa de nous cacher chez elle jusqu à la fin de la guerre et nous étions d accord. Elle avait déjà un plan tout préparé et la date fut fixée au lendemain. Malheureusement, le lendemain matin, 7 septembre 1944, deux soldats partisans vinrent très tôt pour nous ramener au camp de partisans, ces derniers ayant constaté que notre guérison avait progressé. Notre plan tomba à l eau. Chacun avait un petit sac en toile de jute plein de morceaux de pain sec grillé. Au camp, il fallait coucher dessus en le cachant sous l oreiller, pour le protéger contre le vol de nos codétenus allemands et autres. Nous y restâmes une douzaine de jours et notre provision de pain étant épuisée, nous avons dû nous contenter de deux soupes journalières et d un bout 16 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

17 GUERRE de pain. Le 19 septembre 1944 au matin, nous fûmes réveillés très tôt : c était le grand départ pour le camp de prisonniers de Minsk qui se trouvait à une quarantaine de kilomètres. Un morceau de pain et de l eau, voilà notre ration de départ pour la route. C était une longue file de prisonniers qui se suivaient : les plus costauds à l avant, les plus faibles à l arrière, pleins de la poussière qui s élevait des routes des champs, comme si c était une caravane de chameaux dans le désert. Au fur et à mesure que le temps passait, la file s étirait et la fatigue se faisait sentir et les jambes s alourdissaient. Plus d un tombait par terre et se relevait de nouveau. Si un malheureux prisonnier ne pouvait plus se relever, un des soldats qui nous accompagnaient de chaque côté de la file, tous les vingt à trente mètres, et fusil en bandoulière, lui donnait le coup de grâce. Plus d un y est resté sur le carreau. Plus le soleil montait au zénith, plus la soif nous tiraillait et nos gorges s asséchaient. Vers midi, il y eut une pause et nous avons eu le droit de nous asseoir sur le bascôté, dans l herbe. Une distribution de pommes de terre cuites à l eau eut lieu et chacun avait droit à une pomme de terre, les chanceux une grosse, les malchanceux une petite ou une à moitié pourrie. En guise de dessert, nous fut servi un bol d eau dans une gamelle que nous avions fabriquée avec une vieille boîte de conserves rouillée, avec un bout de fil de fer comme anse. Après une demi-heure de repos, on repartit, ayant repris un peu de forces, et le long calvaire recommença, que plusieurs ne menèrent pas jusqu au bout. Le soir nous nous reposions dans une vieille grange ou une maison délabrée, pour repartir le lendemain matin, après avoir eu la visite des souris et des rats, ainsi que des puces. Ceci pendant trois jours et, enfin, le 22 septembre 1944, vers quatre ou cinq heures de l aprèsmidi, nous arrivâmes à Minsk au camp de prisonniers, essoufflés, fatigués, et à moitié morts. Là, tout de suite, on nous rassembla, nous compta et nous cantonna dans des grandes pièces avec des lits en bois superposés. Après un bol de soupe chaude, nous avions droit au repos de la nuit. La vie du camp était programmée, réveil, appel, comptage, distribution d un morceau de pain le matin, soupe de choux ou betteraves ou poisson ou autre, légumes invisibles, car c était l eau qui prédominait, ceci midi et soir. Le 2 octobre 1944, tous les Alsaciens- Lorrains devaient se présenter pour contrôle d origine, afin d être transférés dans le camp des Français à Tambow, à 600 kilomètres au sud-est de Moscou. Quelle joie pour nous de nous savoir en route pour être rapatriés et quelle déception plus tard Le 6 octobre 1944, départ pour Tambow dans des wagons à bestiaux, où nous couchions par terre sur de la paille, avec un seau pour faire nos besoins et vidange à chaque arrêt du train. Du pain sec et une soupe par jour lors d un arrêt. Suite au tri dans les wagons, j ai perdu mon copain Bader que je ne revis plus qu après la guerre, et qui plus tard est décédé. Après 7 jours de voyage au même régime, nous nous arrêtâmes dans une grande ville et, de bouche à oreille, nous apprenions que c était la capitale de Russie, la ville de Moscou. Après quelques heures d arrêt où nous avons pu contempler Moscou de loin, avec quelques grands bâtiments, c était de nouveau le départ du train vers Tambow, toujours au même régime, soupe et pain, mal de dos et de côté le matin et fatigue le soir pour se recoucher sur la paille. Enfin le 21 octobre 1944 dans l aprèsmidi, nous sommes arrivés à destination à la gare de Rada, après kilomètres de voyage en chemin de fer, pas loin du camp, dans la forêt de Rada. Tout le monde descendit des wagons en emmenant ses quelques effets personnels. Les gardes russes nous ont mis en rangs par quatre, à coups de crosse s il le fallait, et tout le monde courut pour rentrer au plus vite dans ce camp d espoir. Après quatre kilomètres de marche en colonne, nous avons aperçu l entrée du camp, les deux portes grandes ouvertes et surplombées d une grande étoile rouge, emblème des Russes. Avant d entrer, la «proverka», l appel, le comptage, se fit plusieurs fois avant d arriver au bon compte, suivi de la fouille. Heureusement, j avais caché mon «Soldbuch», livret militaire, dans les caleçons autour de la jambe, et ceci jusqu au rapatriement. Nous voilà en train de franchir le barbelés pour une période de onze mois, en croyant y entrer pour un court séjour. A l entrée du camp, des deux côtés de l allée centrale, s étaient rassemblés d autres prisonniers, venus avant nous et curieux, dans l espoir de faire des retrouvailles d amis ou de connaissances. Nous scrutions cette foule dans cette même perspective et voilà que je crus découvrir le visage d un ami d enfance qui lui-même se posait la même question, vu que nous avions l air de clochards mal lavés, les vêtements sales par suite du long voyage en wagon à bestiaux. Est-ce toi, Albert? Est-ce toi, Louis? Ce fut pour chacun la première réaction et une grande joie nous saisit. Mais la marche continuait vers l entrée d un autre grillage de barbelés, camp dans l enceinte du camp principal, et qui s appelait la quarantaine. Là nous étions isolés des autres prisonniers pendant quatre semaines pour éviter la contamination de maladies. Tout autour de nous émergeaient les toits des baraquements, comme des taupinières au pied de cette forêt qui nous firent une impression lugubre et démoralisante. Nous avons passé tout de suite dans un baraquement appelé le sauna. Là, on se rendait dans un réduit pour se déshabiller et des coiffeurs nous rasèrent les cheveux et tous les poils. Des infirmières russes, pas maigres du tout, nous badigeonnèrent d un liquide contre les parasites qui sentait mauvais et qui brûlait si on avait une plaie. Les vêtements furent déposés sur une sorte de crochet de fer qui passait sur l étuve pour être épouillés. Nous avons passé au sauna où l on suffoquait, où l air était presque irrespirable, et la chaleur humide insupportable. Après nous être lavés dans une cuvette remplie de deux louches d eau savonneuse, nous attendions tout nus d être secs : pas question de serviette, nos vêtements encore humides, mais chauds. Lorsque la porte s ouvrit pour sortir un vent glacial nous accueillit et plus d un a attrapé un coup de froid. Nous avons ensuite marché vers le baraquement qui nous était destiné. Après une longue attente, on nous servit la première soupe à l eau ( ) chaude avant de pouvoir nous allonger sur les bat-flancs munis d un mince «matelas», sac avec des feuilles mortes à travers lequel on sentait tout de suite les planches du lit. Après avoir mangé le bout de pain noir et humide reçu avec la soupe, nous nous endormions, morts de fatigue. La nuit nous fûmes réveillés par les puces qui nous chatouillaient le corps, le matin au réveil, les hanches, Lien 67 - N 11 - Septembre

18 GUERRE les côtes et tous les os nous faisaient mal. Durant la quarantaine, la soupe fut distribuée trois fois par jour, chacun ayant droit à la valeur d une louche, boîte de conserve attachée à un bâton, et le matin on recevait le bout de pain. Le camp étant entouré de quatre rangées de fil de fer barbelé, les visites d autres prisonniers étaient impossibles, mais les curieux essayant de trouver une connaissance étaient tous les jours au rendez-vous de l autre côté des barbelés. Mon ami d enfance Altmeyer Louis, lui aussi, venait tous les jours pour prendre des nouvelles et me communiquer les siennes. La neige fit son apparition et le froid devint de plus en plus vif. Je n avais comme vêtements qu un caleçon, pantalon, et veste de treillis, on me donna en plus un manteau bleu de soldat d avant-guerre. Au fur et à mesure que le temps passait, on s habituait au froid de plus en plus rigoureux. Après quatre semaines de quarantaine, nous avons eu accès à une baraque du camp central. Il y en avait environ une soixantaine pour les prisonniers et une vingtaine d autres. Les baraques, enfouies dans la terre, étaient longues de vingt à trente mètres, larges de dix et hautes de deux mètres. Le sol était en terre battue, balayé journellement avec des balais faits de branches de bouleau. Les prisonniers devaient faire divers travaux ou activités. Certains sont devenus coiffeurs, tailleurs, cordonniers ou autres. D autres ont épluché les pommes de terre, entretenu les bordures des allées et des bancs, évacué la neige. Dans le cadre de la punition, il y avait la corvée de chiottes : malheur à ceux qui y passaient. Main-d œuvre dans les kolkhoses, couper et transporter du bois, extraire de la tourbe, etc. Un matin, lors de l affectation des travaux, j eus la chance d être mis avec le commando kolkhozes pour la fabrication de la choucroute. De très grands tonneaux de plusieurs hectolitres furent remplis de feuilles de choux que nous tassions pieds nus et en marchant en rond dans le fût, au fur et à mesure qu il était rempli d autres choux. Le soir en rentrant, nous cachions un chou entier sous le manteau, qui était mangé cru, si nous ne nous faisions pas attraper en rentrant au camp. Un soir, ça m est arrivé. Le garde me l a confisqué et m a remercié de quelques coups de pieds dans le derrière. L hiver, la neige et le froid faisaient leur apparition et c était la corvée de bois pour chauffer les baraquements qui contenaient entre 150 et 300 prisonniers, selon leur grandeur, puisqu il y en avait deux sortes, grandes et petites. Il y avait un ou deux poêles selon la grandeur de la baraque. La nuit, nous étions réveillés par les punaises qui nous faisaient gratter la peau et nous empêchaient de dormir. Le matin, on sortait en forêt pour chercher des branchages de bouleau pour chauffer nos poêles, et gare à celui qui n avait que deux branches, c était les coups de pied au derrière et il fallait en prendre deux ou trois branches de plus pour les traîner jusqu au camp par un froid rigoureux jusqu à -30. En cas de dépassement des -30, on n avait plus le droit de sortir. A chaque sortie et rentrée, c était le comptage, qui durait parfois plus d une demi-heure et qui nous faisait piétiner sur place pour ne pas nous geler les pieds. Après une quinzaine de jours à ce rythme, je fus affecté au travail dans la cordonnerie pour cause d affaiblissement. Là, je fabriquais des souliers et des bottes avec des semelles en bois et des jambières de vieilles bottes pour les prisonniers en mal de chaussures. Plus tard, on me nomma chef d équipe de l entretien de notre baraque. J étais responsable de la propreté de cette dernière. Avec 3 à 4 prisonniers affaiblis, nous devions balayer chaque matin les allées et couloirs, contrôler si les lits étaient en ordre, si rien ne traînait, entretenir le feu, etc. Entre temps, après la sortie de la quarantaine, j avais retrouvé mon ami d enfance Altmeyer Louis qui lui travaillait comme bûcheron au commando de la forêt et plus tard comme fendeur de bois à la cuisine. C était un travail plus dur et de ce fait il touchait plus de nourriture, une soupe plus épaisse et une gamelle pleine de kacha, sorte de sarrasin moulu et cuit à l eau. En amélioration de notre menu, nous recevions avec la soupe de midi, une cuillerée de ce même kacha. Les premiers mois de notre détention, nous obtenions une portion de «mahorka», un tabac russe grossier, que j échangeais contre du pain ou kacha avec les bûcherons fumeurs ou les fumeurs de la cuisine, ceux-ci ayant toujours du «rabe». Mon ami Louis manquait de chaussettes pour mettre dans ses bottes en feutre. Je lui en fabriquai avec des bouts de tissu, et en retour il me procura de temps en temps une louche de kacha, ce qui convenait bien à ma santé. Par la suite, Louis et moi avons retrouvé un autre camarade de jeu de notre enfance, Ehrhardt Ernest, qui lui aussi se promenait dans le camp et qui avait la fâcheuse habitude de boire de l eau stagnante dans les flaques à côté des allées, ce qui lui ouvrait un chemin direct vers la dysenterie et l infirmerie ou la morgue. Nous lui donnâmes la consigne de ne plus en boire, sinon nous prendrions des mesures sévères envers lui, parce que nous voulions rentrer tous les trois chez nous. Un beau matin, lors d une promenade, nous vîmes Ernest en train de boire de nouveau de l eau stagnante, et nous lui avons mis une bonne raclée en guise de représailles, avec promesse d une deuxième pour l en dissuader ; ceci fut suivi d effet : Ernest n en buvait plus, ce qui lui sauva la vie et lui offrit la chance de rentrer plus tard avec nous dans notre chère Alsace. Les jours passèrent ainsi, l un après l autre. Une ou deux fois nous avons reçu un morceau de papier pour écrire quelques mots à la maison. Nous étions pleins d espoir de recevoir des nouvelles de la maison, après que les papiers mentionnant l adresse de notre famille aient été ramassés par le chef de baraque et soi-disant rendus aux autorités russes. Les jours et les semaines passèrent, mais toujours pas de nouvelles de chez nous. Les jours passèrent, le printemps se pointait avec les premiers rayons de soleil à travers les arbres, et ce fut l été, et toujours le même rythme de vie. Les dimanches, il y avait parfois un match de football pour les bien portants auquel nous pouvions assister. Les mois de mai et juin passèrent ainsi. Un jour la rumeur circula que bientôt nous allions rentrer dans notre pays, mais il fallait attendre encore un mois. Vers la fin juillet, tous les Français devaient se faire inscrire chez les Russes pour être rapatriés. Quelle joie de voir venir ce jour! Nous avons reçu de nouveaux habits, des uniformes russes. Le 1 er août, nous avons été prévenus de notre proche départ et avons eu droit à un meeting d adieu. Ah, quelle joie! Le lendemain 2 août, vers 17 heures, s effectua la sortie du camp et, vers 19 heures, la longue colonne s en alla vers la gare de Rada. Après un embarquement laborieux, et une longue attente, le train quitta la gare de Rata le 3 août entre Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

19 GUERRE et 23 heures, pour un long périple de plusieurs milliers de kilomètres qui nous mena à Voronezh le 4 août, Kursk-Liski- Kharkow le 6 août, Poltava et Kiev le 7, Vinnitsa le 8 et Tchernovtsy le 9 août. Suite à la destruction de nombreuses voies ferrées, nous prîmes différentes directions et nous avions peur d aller vers la Sibérie qui nous hantait pendant les derniers mois. Le 10 août nous remontions vers Stanislau, le 11 à Lemberg, Lublin, Siedlee et le 13 nous arrivions à Varsovie, sur la Vistule, et Kutno. A Varsovie, nous fûmes rassurés, nous avions pris la direction de l ouest. Là, ce fut le premier contact avec la population polonaise qui, elle-même affamée, partageait avec nous le peu qu elle avait. En cours de route, il fallait parfois s arrêter pour nous ravitailler ; la locomotive elle-même n avait plus de quoi se nourrir. Alors, en pleine forêt, c était l arrêt : quelques hommes coupaient des arbres et chargeaient à bloc le tender. On chargea même un tas de traverses de rails! Le 14 août, nous sommes à Poznan- Spaszina-Neu-Bentschen, le 15 nous arrivons à Francfort-sur-Oder. Le pont de l Oder est détruit, nous faisons un arrêt forcé, on change de wagons. On a le temps d aller dans les champs pour chiper des légumes et pommes de terre, avec mon copain Altmeyer Louis. On fait cuire les pommes de terre sur un feu de bois, dans un seau à deux tiers plein, on en mangea tant qu on a failli mourir d indigestion, notre estomac étant trop rétréci. Le 18 août, on quitte Francfort, laissant derrière nous la ville sinistrée, la misère indescriptible, et arrivons vers Berlin, que nous contournons. Le 19 nous passons Belzig et Magdebourg et quittons la zone russe le 20 à Alversdorf. Nous sommes pris en charge par la Croix-Rouge française, en zone britannique. Là nous recevons pour la première fois une nourriture normale et des soins médicaux. Nous assistons à une messe avec communion. L après-midi, nous nous promenons à Schöningen. Le 22 août à 9 heures, départ en wagons voyageurs via Brunswick-Lehrte- Hanovre, où il y a un ravitaillement avec pain, beurre, saucisse, fromage, marmelade, confiture, pain de guerre, soupe et café offert par la Croix-Rouge. On passe à Stadthagen - Minden sur la Weser - Osnabrück - Munster. Le 23 nous touchons un paquet de la Croix-Rouge avec friandises, cigarettes, de quoi manger, café et dessert, petits pains ; nous passons à Wesel et le soir du 24 nous arrivons à Kevelezr, au camp de Bedburg, près de la frontière hollandaise, où nous recevons à nouveau soupe, colis, etc. La nuit nous couchons assez confortablement sous des tentes. La municipalité nous a offert une petite réception animée par les chanteurs de Tambov, avec de la musique, des danses et chants, le tout sous la direction d un instituteur haut-rhinois, M. Mitchi. Le 25 août départ avec ravitaillement chocolat, viande en conserve et pain de guerre. Dans la nuit du 25 au 26, nous arrivons à Eindhoven en Hollande, où, sur le quai de la gare, se trouvent d énormes marmites de café et des stands de pain blanc, gâteaux, etc. Avant de partir après ravitaillement, chacun reçoit encore des cigarettes et un morceau de ruban orange, couleur symbolique des souverains des Pays- Bas. Nous rentrons en Belgique en passant par Hasselt-Mechelen-Schaerbeck- Bruxelles où nous recevons un accueil inoubliable et où les larmes se mettent à couler. Dans un grand hall garni de guirlandes et des portraits géants des chefs alliés, de longues tables sont alignées, avec pour chacun un bol de café, sucre, quatre pains blancs avec beurre, saucisse, confiture, gâteaux secs, chocolat, cigarettes. Tout ceci nous a été offert avec une telle bonté et gentillesse que nous en étions bouleversés. Nous passons à Misseran, traversons la frontière et arrivons à Valenciennes dans la nuit du 27 vers 2 heures 30, la nuit. Nouveau ravitaillement dans un camp, pain, café, sardines et un paquet de Belgique, colis et Frs. Premier contrôle de notre identité : nous devions défiler devant des jeunes gens munis de gros annuaires qu ils consultaient après nous avoir fait décliner notre identité. Les volontaires de la LVF qui faisaient partie du convoi, notamment les animateurs du cabaret «Radio Tambov» ont été repérés et immédiatement arrêtés. C était dimanche, et vers 16 heures, départ via St-Quentin-Laon-Reims-Châlons sur- Marne-Saint-Dizier-Chaumont-Langres- Dijon-Châlons-sur-Saône. Arrivée le 28 vers 17 heures ; nous couchons à la caserne après avoir dîné. Le lendemain, nous sommes soumis à un interrogatoire de la part d officiers du 2 e bureau. Après avoir reçu quelques effets militaires français en remplacement des uniformes allemands ou russes que nous avions portés jusque-là, nous sommes libérés. Le 29 au soir, vers 22 heures, départ du camp, et vers minuit et demi, le 30 août, départ en train de permissionnaires via Dijon-Belfort-Mulhouse-Colmar-Sélestat et Strasbourg. De là, je pris le train pour Diemeringen, où j arrivai vers heures. Aucune administration, ni la presse, n avaient jugé nécessaire de prévenir nos familles de notre arrivée, bien que nous ayons été en contact avec les autorités françaises depuis le 20 août Heureusement, mon copain Altmeyer Louis, pour cause d ordre alphabétique, avait été libéré un jour plus tôt, a pu prévenir mes parents de mon arrivée le lendemain et eux ont pu organiser ma rentrée de Diemeringen. En sortant de la gare, je vis un attelage, un cheval tirant une charrette appartenant à M. Matt Charles et, à côté, en attente, mon père et ma sœur, que je pus prendre dans mes bras en sanglotant de joie de ces retrouvailles après 13 mois de captivité, amaigri, et ne pesant plus que 49 kilos pour mon mètre 82 Vers minuit, nous arrivâmes à Oermingen, devant la maison de ma jeunesse, et grande fut la joie de revoir et d embrasser ma mère. La veillée fut longue, car chacun avait beaucoup de nouvelles à raconter. Et ce fut le sommeil du guerrier fatigué. Le lendemain, après avoir dormi du sommeil du juste, je revis ma chère Irène, triste et joyeuse à la fois, des larmes de joie dans les yeux, elle qui se disait pendant quatre mois «rentrera-til, ne reviendra-t-il plus jamais?». Lien 67 - N 11 - Septembre

20 GUERRE Le lundi, 30 juin la Délégation générale a proposé à ses adhérents une sortie au Musée du Pays de la Zorn à Hochfelden pour visiter une exposition sur le PLAN «SUSSEX 1944» page d histoire exceptionnelle, mais malheureusement peu connue, de l une des actions de renseignement des plus importantes de la Seconde Guerre Mondiale, restituée à travers plus de 350 objets, photos documents originaux (diaporama) Une trentaine de personnes ont ainsi été pilotées par l auteur de l exposition, Dominique SOULLIER, fils d un des agents de renseignements. Depuis des décennies, M. SOULLIER s investit dans cette action de reconstitution afin que cette valeureuse action ne tombe dans l oubli. 20 Lien 67 - N 11 - Septembre 2008

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