Accompagner un élève avec autisme dans sa scolarisation

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1 Accompagner un élève avec autisme dans sa scolarisation I. L autisme L autisme fait partie d un ensemble de troubles que l on appelle TED ou plus récemment Troubles du Spectre Autistique (TSA). Il en est l exemple le plus connu avec le syndrome d Asperger. Les TSA toucheraient 1 personne sur 166 (voire 1 personne sur 88 selon une étude publiée le 30 mars 2012 par le Center for Disease Control and Prevention), dont 4 garçons pour 1 fille. L autisme est un trouble du développement caractérisé par des perturbations dans 3 domaines : une altération qualitative des interactions sociales (posture inadéquate, regard fuyant, difficultés à décoder leurs propres sentiments et ceux d autrui ) une altération qualitative de la communication (retard ou absence de langage parlé, écholalie = répétition régulière de phrases ou de mots, une utilisation déplacée des pronoms comme «il» ou «tu» à la place de «je» ) un répertoire de comportements, d intérêts et d activités restreints et répétitifs (ex : la crainte des changements, la difficulté à anticiper, certaines stéréotypies gestuelles, agitation des mains, balancements d avant en arrière...). Attention : Cela veut dire que la communication verbale et les interactions sociales sont parfois très difficiles, certainement pas que les personnes avec autisme ne s expriment pas ou ne communiquent jamais. Le développement est anormal ou perturbé avant l âge de 3 ans dans ces 3 domaines. Il existe différents degrés d autisme. Les formes d autisme varient d un sujet à l autre. Cependant des anomalies demeurent identifiables dans les 3 domaines définis auparavant de façon plus ou moins prononcée. II. L adaptation de l environnement La compréhension du langage - Réduire le verbal autant que possible afin de ne pas noyer l élève dans un flot de paroles. - Donner les consignes une par une. - Eviter les doubles consignes. - Simplifier au maximum les consignes : faire des phrases courtes avec une seule information. Pour un élève, on pourra utiliser sujet+verbe+complément. Pour un autre, on utilisera uniquement le verbe. - Inclure l élève autiste dans les consignes collectives. «Toi aussi X, tu ouvres ton livre page 37.» - Solliciter l attention conjointe : je lui parle alors il me regarde et m écoute. - Souligner ce qui est important car l élève a des problèmes de tri sélectif : il ne fait pas de différence entre les informations importantes et les superflues. - Utiliser les pictogrammes ou le langage écrit le plus possible car l élève porteur d autisme est avant tout visuel. Pour lui expliquer quelque chose, il est préférable de passer par l écrit, les images afin de ne pas le mettre en difficulté. - Dire à l élève ce qu il doit faire précisément. Il faut dire «marche lentement» au lieu de «ne cours pas». - Utiliser des phrases affirmatives au lieu des phrases négatives. «Silence» au lieu de «ne parle pas». En effet, l élève peut ne traiter que l information «parle» et donc continuer à parler. - Féliciter sur ce que l élève a réussi à faire précisément. «Bravo, tu as bien réussi à poser ta multiplication». Tél : Page 1

2 - Expliciter ses propres états émotionnels à l élève, sans crier ni s énerver. «Regarde-moi. Je suis fâché. Il est interdit de» - Eviter les phrases ambigües comme «C est l heure» (l heure de quoi?), «Viens voir ta colle» - Eviter les expressions imagées comme «Prends la porte», «Passe aux toilettes», «Tu me casses les pieds» - Eviter les doubles sens et l ironie comme «Eh bien bravo!» quand il a fait une bêtise. - Eviter les petits noms comme «mon lapin», «bonhomme» Utiliser des supports visuels En fonction du niveau de l élève, on pourra utiliser des supports visuels différents. Certains comprendront les photographies, d autres les pictogrammes et quelques uns pourront accéder à la compréhension de supports écrits. Les objectifs des supports visuels : - Pour palier aux troubles du langage (retard, absence, utilisation inappropriée, difficultés de compréhension). - Pour faciliter la communication (l enfant peut avoir un classeur de communication et communiquer par échange d images). - Pour aider à mieux comprendre les situations, le déroulement des activités - Pour la permanence de la consigne. De plus, cela permet à chaque personne de donner la même consigne. SILENCE Je reste calme. Je lève le doigt pour prendre la parole. - Pour favoriser l autonomie grâce à des séquences qui expliquent quoi faire quand on rentre en classe - Pour faciliter la transition entre deux activités en montrant le pictogramme de l activité suivante. - Pour que l élève exprime ses états émotionnels (triste, content, énervé ). - Pour qu il obtienne de l aide grâce au pictogramme «Aide-moi». Structurer le cadre - Définir des aires d activités (coin regroupement, coin lecture, cantine ) en y apposant des supports visuels. - Utiliser des repères visuels : étiquette du prénom sur le porte-manteau, pictogrammes sur les étagères pour en indiquer le contenu - Structurer l environnement physique immédiat : table de l élève avec sa photo et son prénom, avec un sousmain - Faire attention aux stimuli extérieurs qui peuvent perturber l élève (bruit, lumière ). - Placer l élève au premier rang, pas devant le bureau, pas directement près de la fenêtre (l AVS du côté de la fenêtre puis l élève), avec un camarade de l autre côté. Structurer le temps - Se repérer dans le temps en utilisant un emploi du temps visualisé (emploi du temps avec photos, pictogrammes ou écrit). Tél : Page 2

3 - Appréhender la succession des activités et donc anticiper ce qui va se passer et faciliter les transitions. - Estimer les durées : par exemple, le temps qu il reste avant de rentrer à la maison = 3 activités. Utiliser un timer pour visualiser la durée d une activité (ce qui permet de diminuer les troubles de l attention). Utiliser un planning horaire si l élève sait lire l heure. - Obligation de faire l activité visualisée car c est écrit. - Eviter les troubles du comportement lors des temps de récréation en proposant des activités structurées qu il a déjà apprises : toilettes vélo ballon - Prévenir l élève des changements éventuels. Prévoir un pictogramme «imprévu» ou «surprise» au cas où une activité soit annulée. - Prévoir des pauses, en plus des temps de récréation, pour offrir à l élève la possibilité de se reposer pendant quelques minutes. En effet, les élèves porteurs d autisme présentent une grande fatigabilité. Structurer les activités - Présenter l ordre des activités à réaliser. - Permet de rendre l activité obligatoire pour l élève. - Limiter les stimulations visuelles. Sur la table, ne doit se trouver que le matériel de l activité en cours. - Introduire une seule difficulté à la fois en fractionnant l activité. - Visualiser la quantité de travail à effectuer. - Proposer un modèle à reproduire pour aider à la réalisation de la tâche. - Initier l activité avec l élève pour le mettre en route. - S appuyer sur les points forts de l élève, sur ses centres d intérêt - Partir de ce qu il connaît pour lui apprendre de nouvelles choses. - Une fois les compétences acquises, il faut faire varier le contexte pour aider à la généralisation. - Donner toutes les informations par rapport à une situation ou une consigne : ce que l élève ne doit pas faire mais aussi ce qu il doit faire, car il ne comprend pas forcément ce qu on attend de lui. - Eviter de multiplier les supports simultanément (classeur + tableau + manuel + rétroprojecteur). III. Remarques générales Au niveau scolaire : - Le travail en groupe est un exercice difficile car trop de stimulations externes (sonores, visuelles ). Il faut donc privilégier le travail avec seulement un autre élève et/ou l AVS. - Il faut attendre que l élève autiste ait fini ce qu il est entrain de faire pour lui parler, pour lui donner une autre consigne, pour lui donner une feuille - Ne pas hésiter à interroger l élève autiste quand il lève la main afin de le stimuler davantage. - L élève porteur d autisme traite l information d une façon différente et donc plus lente que nous : c est le temps de latence. Il faut donc lui laisser plus de temps pour répondre à une consigne orale ou écrite. Il ne faut pas lui reposer la question immédiatement sinon son cerveau traite l information comme une nouvelle information. Il faut attendre un peu avant de réitérer. Le mieux à ce moment-là est de lui écrire ou de visualiser la consigne. - Un élève autiste est en situation de handicap. De ce fait, il bénéficie d un temps supplémentaire pour les devoirs en classe et les différentes évaluations. Toutefois, il est préférable de privilégier moins de questions pour que l élève n ait pas de travail supplémentaire. - La résolution de problème en mathématiques pose des difficultés à l élève porteur d autisme. Le problème doit être décomposé en sous-questions qui lui permettront ainsi d obtenir le résultat. - L élève autiste peut avoir besoin d aide pour écrire son cours. Il est souvent plus lent que les autres. Afin de ne pas être en décalage avec le groupe classe, et pour éviter qu il ne se sente en «échec», il faut lui proposer que l AVS écrive à sa place. L apprentissage du clavier caché avec un ergothérapeute peut dans certains cas être envisagé. Tél : Page 3

4 Il faut également accepter que certains exercices ou devoirs faits à la maison soient écrits par une tierce personne (parent, auxiliaire de vie familiale ) ou tapés à l ordinateur. - Il faut utiliser des codes couleur pour certains apprentissages (pour poser les multiplications, pour repérer les sujet-verbe dans une phrase ). On peut aussi surligner en fluo les informations à savoir dans un cours. - Il faut éviter de mettre l élève porteur d autisme en situation d échec. Il n apprendra pas de ses erreurs. Au contraire, il va persister dans l erreur. Il a donc besoin d être guidé au début d un apprentissage. Au moment de l évaluation, il faut lui signifier ses erreurs et le corriger immédiatement, tout en lui précisant qu il ne peut pas se corriger, que c est l enseignant qui corrige. Il faut lui préciser à chaque fois que tout le monde fait des erreurs, que ce n est pas grave et que la prochaine fois il fera attention. - Il faut utiliser les images, les dessins, les schémas comme un support lors de certains apprentissages. - Pour certains élèves, on pourra utiliser la numération comme support (il y a 5 continents ). Au niveau de la sensibilité sensorielle : Certains élèves porteurs d autisme ont des particularités sensorielles se traduisant par une hypo ou hypersensibilité aux stimuli sensoriels. Au niveau auditif, il peut exister une absence de réponse à des stimuli sonores (sons ou consignes verbales). Inversement, il peut s agir d hyperacousie (hypersensibilité acousique) : c est comme si l élève était en continu dans une boîte de nuit de laquelle il ne peut pas sortir et dans laquelle voix humaines et bruits de petites et fortes intensités ont le même degré d importance. Parfois, l élève peut manifester une attention soutenue aux sons propres qu il émet (ces sons étant déclenchés pour couvrir d autres sons perçus comme gênants). D autres perceptions, comme l odorat ou le goût, peuvent être perturbées (ce qui peut poser problème à la cantine). Il peut y avoir des réponses excessives ou atténuées au toucher, à la douleur ou à la température. Il peut s agir d hypersensibilité tactile : être touché peut être ressenti comme douloureux. Remarque : Il arrive parfois que les élèves avec autisme n adaptent pas leur tenue vestimentaire à la température lors de la journée. Par exemple, X arrive à 8h30 à l école. Il a un tee-shirt, un sweat en polaire et une veste car il fait 7 C. Au cours de la journée, X garde son sweat alors que la température est de 25 C. Si on lui demande s il a chaud, X est capable de dire non alors que son visage est rouge écarlate. Il faut donc être vigilant à ce qu il s habille et se déshabille en fonction de la température au cours de la journée (aussi bien à l intérieur qu à l extérieur). Au niveau du comportement : - Si un élève autiste ne fait pas ce qu on lui a demandé, ce n est pas parce qu il ne veut pas, c est parce qu il ne peut pas : il n a pas compris ce qu on attend de lui. - Il arrive souvent que l élève porteur d autisme coupe la parole ou parle sans lever le doigt en classe. C est un apprentissage qu il doit faire tout comme celui des règles de conjugaison ou des tables de multiplication. - Un élève autiste ne fait jamais exprès. Il ne sait pas quoi faire, comment se comporter Il se peut qu il ne comprenne pas les règles de comportement. Rien ne doit être implicite, tout doit être explicite et visualisé de façon adaptée. - Quand quelqu un se fâche, même si ce n est pas contre l élève autiste, il se sent souvent responsable. Il faut donc lui expliquer que ce n est pas de sa faute, qu on n est pas fâché contre lui, et pourquoi on est en colère contre X. - Il faut toujours valoriser les comportements adaptés de l élève : c est une approche positive. On pointe les bons comportements plus que les mauvais afin d en augmenter leur fréquence. - Les élèves autistes sont sensibles à différents renforçateurs (sociaux et/ou primaires). Il faut donc toujours féliciter l élève par rapport à ce qu il fait et ce immédiatement afin qu il associe l action au renforçateur. «Bravo!», «C est super», «T es un champion» Tél : Page 4

5 IV. En conclusion Il faut garder en mémoire que, pour un élève porteur d autisme, tout est apprentissage. Tout doit être appris même l utilisation des outils de structuration. Comme tout est apprentissage, la concentration est intensive. Il faut donc tenir compte de la fatigabilité de l élève. En général, il est préférable de commencer et de terminer les séances de travail par un exercice facile, qui ne mette pas l élève en échec. Entre le début et la fin de la séance de travail, il faut moduler : - les apprentissages faciles et difficiles - ceux qui demandent le moins de concentration et ceux qui en demandent le plus - ceux qui peuvent être plaisir et ceux qui sont les plus rébarbatifs. Chaque enfant et adolescent porteur d autisme est différent. Ils sont avant tout des enfants et des adolescents avec des centres d intérêt, des niveaux de compétences, des vécus différents mais qui ont tous des besoins d adaptations de leur environnement. Tél : Page 5