Le CICR en Afrique. Un engagement à long terme

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1 Le CICR en Afrique Un engagement à long terme L Afrique est le deuxième continent le plus peuplé au monde après l Asie. Elle compte 53 pays et plus de 960 millions d habitants, soit environ 14 pour cent de la population mondiale. Les pays africains ont pris diverses mesures pour stimuler leur développement économique et social, et ont réalisé des progrès considérables au fil des ans. Néanmoins, l instabilité politique, les catastrophes naturelles et la violence ont entravé les efforts déployés dans de nombreuses régions. Un certain nombre de pays africains sont encore déchirés par des conflits armés ou d autres situations de violence, et ce sont systématiquement les civils qui paient le plus lourd tribut. Des millions de personnes sont déplacées, contraintes de quitter leur foyer. Beaucoup sont séparées de leur famille, privées de liberté, blessées, tuées ou exposées à des dangers, au pillage et au harcèlement, et n ont plus accès à des services sociaux. Bien souvent, les blessés ne reçoivent pas les soins médicaux dont ils ont besoin, les mères ne disposent que d une eau de mauvaise qualité pour cuisiner et de nombreux enfants sont abandonnés à leur sort, privés de la protection et de l amour de leurs parents. Des efforts permanents sont nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires. Toute personne devrait avoir accès à de la nourriture, à de l eau potable, à des soins médicaux et à des infrastructures d assainissement. De plus, l ensemble des parties à un conflit doivent veiller au respect de la dignité et de la vie des civils, du personnel médical et des personnes qui ne participent plus aux combats, notamment les détenus et les blessés. Quant aux travailleurs humanitaires, ils doivent pouvoir s acquitter de leurs tâches sans entrave. Ce sont là des obligations qui découlent du droit international humanitaire, applicable à toutes les parties à un conflit tant les États que les acteurs non étatiques. Chaque année, l action du Comité international de la Croix- Rouge (CICR) en Afrique représente la moitié des engagements de l institution dans le monde. Le CICR compte plus de collaborateurs sur ce continent, dont la plupart sont recrutés à l échelon local. Ses opérations au Soudan, en République démocratique du Congo, en Somalie et au Tchad figurent parmi

2 Ouganda Personnes déplacées, avec des articles ménagers et des outils agricoles distribués par le CICR. les plus vastes qu il déploie dans les différentes régions de la planète. En dépit des conditions de sécurité difficiles et du manque d infrastructures dans de nombreuses régions, le CICR est parvenu à aider des millions de personnes depuis sa première opération en Afrique en Il collabore étroitement avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour apporter assistance et protection aux personnes touchées par les conflits armés ou d autres situations de violence, même s il faut pour cela pouvoir se rendre dans des zones très reculées. Durant les périodes de transition, une fois que les hostilités actives ont pris fin, le CICR maintient sa présence jusqu au rétablissement d un environnement pacifique et à l intervention des organisations d aide au développement. Il adapte ses activités en fonction de l évolution des besoins. Personnes déplacées Au cours des quarante dernières années, des millions de personnes à travers tout le continent ont été obligées d abandonner leur foyer en raison de conflits et d autres situations de violence. Forcées de trouver refuge loin de chez elles, elles perdent bien souvent le peu de biens qu elles possèdent et se trouvent dans une grande détresse. Dans de nombreuses régions, les personnes déplacées sont exposées à des actes d une extrême violence et à des abus en tout genre, du fait de l absence de structures étatiques et de l anarchie généralisée. Elles sont en proie aux attaques, à la faim et à la maladie, d autant plus qu elles ne disposent pas d abri adéquat. Par la force des choses, des milliers de familles sont dispersées, privées de tout soutien et inquiètes au sujet de leurs proches malades, blessés ou détenus. C est notamment le cas des quelque 2 millions de personnes déplacées au Darfour (Soudan). Pour de nombreuses populations, les périodes de déplacement se prolongent durant des années, voire des décennies, sans interruption, comme dans le nord de l Ouganda. «Nous avons dû fuir notre village il y a plus de 20 ans, après avoir été brusquement réveillés par des coups de feu au milieu de la nuit. Si nous étions restés chez nous, nous serions certainement tous morts. Vivre dans un camp n est pas facile, mais au moins nous nous y sentons en sécurité. Depuis que mon époux est décédé, je dois m occuper de mes enfants toute seule.» Joséphine Akello, 42 ans, mère de quatre enfants, déplacée en Ouganda Les personnes déplacées qui franchissent une frontière internationale sont désignées sous le nom de «réfugiés», tandis que celles qui restent dans leur pays d origine sont des «personnes déplacées à l intérieur de leur pays» (ou «déplacés internes»). Les déplacés internes font partie de la population civile touchée par les conflits armés et autres situations de violence. À ce titre, ils sont au cœur du mandat du CICR, qui est d apporter protection et assistance aux victimes de la guerre. Le CICR s emploie à prévenir les déplacements, à garantir que les familles déplacées aient des ressources suffisantes pour faire face à leur situation, et à aider les déplacés internes qui décident de rentrer chez eux à rétablir leurs moyens de subsistance. En outre, il vient en aide aux communautés hôtes, qui partagent bien souvent toutes les ressources dont elles disposent avec les personnes déplacées et ont donc tout autant besoin d assistance. En 2008, le CICR a prêté assistance à 2,4 millions de personnes en Afrique. La plupart d entre elles étaient des déplacés internes au Soudan, en Somalie, en Ouganda, au Kenya et en République démocratique du Congo. L institution a distribué des articles ménagers de première nécessité (tels que des couvertures, des assortiments d ustensiles de cuisine et des jerrycans) à près de 2 millions de personnes déplacées à l intérieur de leur pays et à quelque autres civils en Afrique. De la nourriture (notamment de la farine de blé, du maïs, des haricots et de l huile) a été distribuée à plus d un million de déplacés internes et à résidents et rapatriés. Environ déplacés internes et plus d un million d autres civils ont bénéficié d un soutien agricole/vétérinaire et de projets microéconomiques. En 2008, le CICR a fourni un accès à l eau potable à plus de 1,2 million de déplacés internes, ainsi qu à plus de 7 millions de résidents et de rapatriés sur le continent africain.

3 Privés de soins de santé adéquats Dans de nombreux pays africains, la population n a pas accès aux soins de santé les plus élémentaires. Il faut souvent un jour entier pour se rendre à l établissement médical le plus proche si l on vit dans une zone rurale. Dans les situations de conflit, ce trajet peut s avérer trop dangereux en raison des mauvaises conditions de sécurité. Les malades et les blessés sont alors privés des soins dont ils ont besoin. De nombreux postes de premiers secours, centres de santé et hôpitaux sont en sous-effectif, et manquent souvent de médicaments et d autres articles essentiels. Un grand nombre de femmes doivent accoucher sans assistance médicale appropriée et dans des conditions d hygiène précaires. Les médecins et le personnel infirmier, qui font souvent preuve d un grand dévouement, doivent parfois risquer leur vie pour venir en aide à des patients dans les zones de conflit, comme au Darfour ou en Somalie. «J ai été blessée par une balle perdue alors que je rentrais chez moi. Je saignais et ne pouvais plus marcher. Mon beau-frère n a réussi à m amener à l hôpital que deux jours plus tard. La douleur était telle que je m étais évanouie. Les médecins m ont sauvé la vie, mais j ai perdu une jambe.» Farah Yusuf, 32 ans, blessée en Somalie L objectif du CICR est de faire en sorte que les victimes de conflits et d autres situations de violence aient accès à des soins de santé essentiels. Ses activités dans ce domaine sont variées, allant du déploiement d équipes chirurgicales et médicales à la formation du personnel médical et à la fourniture de médicaments et d équipements médicaux. En 2008, le CICR a soutenu 177 centres de santé en Afrique prodiguant des soins à environ 1,7 million de personnes chaque mois. En outre, 69 hôpitaux et 8 postes de premiers secours ont reçu le soutien du CICR. Dans ces hôpitaux, les médecins ont été en mesure de réaliser plus de opérations sur des blessés par balle, tandis que les postes de premiers secours ont pris en charge blessés. Par ailleurs, le CICR a soutenu 20 centres de réadaptation physique. Familles brisées enfuir pour survivre. Un voisin nous a emmenés, à Kigoma, ma sœur et moi. Je me souviens à peine du visage de mes proches, mais j ai hâte de rentrer à la maison.» Asende Kubwa, 12 ans, République démocratique du Congo République démocratique du Congo Des proches séparés par le conflit armé sont réunis grâce à l aide du CICR. Ne pas savoir ce qu il est advenu d un fils ou d un frère parti au combat, d une mère ou d un grand-père resté dans un village, ou d un enfant perdu lors d affrontements est sans doute l une des pires souffrances engendrées par la guerre. Il arrive bien trop souvent que les membres les plus jeunes d une famille se perdent dans la panique générale, soient séparés de leurs parents et se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un camp pour personnes déplacées. Bien trop souvent aussi, ils deviennent orphelins et risquent d être adoptés illégalement ou victimes de trafic d êtres humains. «J ai été séparé de mes parents à l âge de 4 ans, lorsque des combats ont éclaté dans notre village. Nous avons tous dû nous En période de conflit, les services postaux et téléphoniques sont souvent interrompus, et il arrive que les contacts directs soient impossibles. Dans de telles circonstances, le CICR aide les familles à retrouver leurs proches et à communiquer avec eux au moyen de messages Croix-Rouge. Tous ceux qui le souhaitent peuvent échanger des nouvelles à caractère strictement personnel avec leur famille. Les messages sont collectés, envoyés et distribués par le CICR en coopération avec des volontaires des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Dans la mesure du possible et s il y a lieu, le CICR organise des regroupements familiaux. La priorité est de réunir les enfants avec leurs parents, ou d autres personnes vulnérables, comme les personnes âgées. «J ai perdu ma femme et mes deux fils il y a longtemps. Toute ma vie a été pleine de tristesse, mais aujourd hui je revis. Peu m importe de mourir demain. Je ne suis plus seul, je suis enfin auprès de mon frère. Mon rêve est devenu réalité.» Salih Ashgar, 87 ans, Soudan En 2008, sur le continent africain, le CICR a récolté plus de messages Croix-Rouge et en a distribué plus de Il a réuni avec leur famille 704 mineurs non accompagnés ou séparés de leurs proches et 109 enfants soldats démobilisés.

4 Tous les détenus ont droit à un traitement humain. Détenus vulnérables En Afrique, des dizaines de milliers de personnes sont détenues à la suite de conflits armés et de troubles internes. La privation de liberté rend les personnes vulnérables, tant vis-à-vis des autorités détentrices qu à l intérieur même de la prison. Cette vulnérabilité est particulièrement aiguë en période de conflit ou de violence interne, lorsque l emploi excessif et illégal de la force peut se banaliser et que les déficiences structurelles sont encore aggravées. Les délégués du CICR visitent les lieux de détention pour évaluer les conditions de détention et le traitement qui est réservé aux détenus. Le cas échéant, ils encouragent les autorités détentrices à apporter les améliorations nécessaires, conformément aux normes reconnues sur le plan international. Le CICR fait part de ses préoccupations aux autorités de façon confidentielle. Il fournit des rations alimentaires lorsque le niveau nutritionnel de l alimentation est particulièrement faible, soutient les structures médicales et contribue à l amélioration des conditions d hygiène s il y a lieu. participent pas ou plus aux hostilités, notamment les femmes et les enfants, les blessés et les détenus. Il limite également les méthodes et moyens de guerre. La responsabilité de respecter le droit international humanitaire incombe au premier chef aux parties au conflit, tant les gouvernements que les groupes armés non étatiques. Le CICR s emploie à promouvoir le respect de cette branche du droit, veille à son application et contribue à son développement. En 2008, le CICR a organisé dans toute l Afrique des ateliers et des séances d information sur le droit international humanitaire à l intention de dizaines de milliers de membres des forces armées, de police et de sécurité, ainsi que des membres de groupes armés non étatiques. Le droit international humanitaire a également été intégré à la formation des forces de maintien de la paix de l Union africaine. En 2008, le CICR a visité quelque détenus dans plus de lieux de détention en Afrique. Plus de cas ont fait l objet d un suivi individuel. Violations des règles de la guerre Un conflit est toujours synonyme de souffrances et de destruction. Néanmoins, un plus grand respect du droit international humanitaire, également appelé «droit des conflits armés», permet de prévenir beaucoup de souffrances. Le droit international humanitaire protège les personnes qui ne Libéria Un délégué explique le mandat du CICR à des membres des forces de sécurité.

5 Somalie Le CICR et le Croissant- Rouge de Somalie préparent une distribution d aide à l intention de déplacés internes et d habitants. Sécurité et accès Il arrive que de mauvaises conditions de sécurité limitent l accès aux personnes touchées par des conflits armés ou d autres situations de violence. C est le cas notamment au Darfour (Soudan), dans le sud et le centre de la Somalie et dans l est du Tchad. Dans la région du Sahel, en particulier dans le nord du Niger, les mines terrestres constituent une grave menace. Le CICR parvient toutefois à être présent dans des zones où peu voire pas d autres organisations humanitaires peuvent intervenir. Afin d obtenir le soutien nécessaire pour mener à bien l ensemble de ses activités et assurer la sécurité de son personnel, le CICR maintient un dialogue permanent avec les autorités, les forces armées et les autres porteurs d armes, et leur explique les principes stricts sur lesquels repose son action. L un de ces principes est de mener une action exclusivement humanitaire en faveur de toutes les personnes qui ont besoin de cette aide quelles que soient leur race, leur religion et leur culture, indépendamment des gouvernements et d autres organisations et sans prendre parti dans les conflits. Ces principes permettent en outre au CICR d agir au besoin en tant qu intermédiaire neutre, d un commun accord avec les parties concernées. Au Soudan, par exemple, 60 détenus libérés ont été remis aux autorités compétentes avec l aide du CICR en juillet 2009, à la demande de toutes les parties. Besoins après la fin des hostilités Il est fréquent que les besoins de protection et d assistance subsistent après la fin des hostilités actives, et qu une action de secours doive se prolonger au-delà de la période qui suit immédiatement la fin d un conflit, afin de combler des lacunes jusqu à l arrivée des organisations d aide au développement. Les opérations de développement doivent parfois être reportées pour des raisons de sécurité ou faute de disposer des ressources financières nécessaires. Dans de tels cas, le CICR maintient sa présence et adapte ses activités en fonction de l évolution des besoins. Au lieu de se contenter de distribuer de la nourriture ou d autres articles, il s efforce de mettre en œuvre des stratégies d assistance qui constituent une base solide pour l avenir, notamment en menant des programmes «argent contre travail», en formant le personnel médical dans les hôpitaux publics et en construisant ou en remettant en état des puits. Dans certains pays en période de transition, le CICR continue également de réunir des enfants avec leur famille. «L action humanitaire durant un conflit permet de sauver des vies, d atténuer les souffrances et de protéger la dignité humaine. L action humanitaire en période de transition peut contribuer à stabiliser les communautés et à reconstruire le tissu social, et peut aider la population à retrouver son autosuffisance.» Jakob Kellenberger, président du CICR Coopération avec les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Dans les pays touchés par des conflits armés ou d autres formes de violence, les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le CICR œuvrent ensemble pour atténuer les souffrances en réalisant des opérations humanitaires conjointes. Dans de nombreux contextes, comme en République démocratique du Congo, au Soudan et en Somalie, les Sociétés nationales ont été des partenaires clés pour la fourniture de secours, les activités médicales, le rétablissement des liens familiaux et la promotion du droit international humanitaire. En Somalie, par exemple, le savoir-faire et l aide du Croissant-Rouge de Somalie restent décisifs pour les opérations et permettent au CICR de travailler efficacement et en toute sécurité dans un contexte difficile. Parallèlement, le CICR soutient les Sociétés nationales en prenant diverses mesures de renforcement des capacités en coordination avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

6 En 2009, le CICR assure une présence permanente dans quelque 35 pays d Afrique, avec 23 délégations, 6 missions et plusieurs bureaux nationaux. La délégation pour la Somalie est située à Nairobi, Kenya. La délégation auprès de l Union Africaine est basée à Addis-Abeba, Éthiopie. Plus de 5000 expatriés et employés locaux travaillent pour le CICR sur l ensemble du continent. La Mission du CICR Organisation impartiale, neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d autres situations de violence, et de leur porter assistance. Le CICR s efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes humanitaires universels. Créé en 1863, le CICR est à l origine des Conventions de Genève et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont il dirige et coordonne les activités internationales dans les conflits armés et les autres situations de violence. International Committee of the Red Cross Nairobi Regional Delegation Denis Pritt Road, PO Box Nairobi, Kenya T F nairobi.nai@icrc.org CICR, Septembre, 2009 T / Photos: ICRC/ HEGER Boris/PICCOLO, LEITE Graziella/YAZDI, Pedram/PAMU, Raymonde/LEMBRYK, Wojtek/M. Ben Ahmed Editing and production: Nicole Engelbrecht, Steven Anderson Design & Layout: Jacqueline Omutimba