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1 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site Ce texte est protégé par les droits d auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l autorisation de l auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival ) doit s acquitter des droits d auteur et la troupe doit produire le justificatif d autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. 1

2 Visages masqués D Agnès Bert-Busenhardt Compagnie.les.folies.d.agnes@wanadoo.fr Comédie dramatique 20 minutes Pas de décor. Costumes : Seul impératif : Elle doit porter un masque de Venise, un loup avec des dentelles serait plus pratique. Distribution : Lui : Philippe Beauvert. Elle : La femme masquée. Tout public. Résumé : Résumé : Venise, Décembre, deux heures du matin Lui, d habitude si pétri de certitudes, est perdu. Il s est fait voler son passeport, son argent et son seul repère : ses clefs d hôtel, tombent dans le canal. Une femme masquée apparaît. Qui est elle? Pourquoi ne veut elle pas dévoiler son identité? Par quelle magie va -t-elle lui faire retrouver ses rêves enfouis? AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site Il est protégé par les droits d auteur. En conséquence avant son exploitation, vous devez obtenir l autorisation de l auteur auprès de la SACD. Le réseau national des représentants de la SACD veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de la représentation, la structure de représentation doit s acquitter des droits d auteur et la troupe doit produire le justificatif d autorisation à jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n est pas une recommandation mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. 2

3 Lui : Je suis paumé. Ça fait quinze fois que je passe là. C est toujours le même canal! Cette flotte, ça pue! Et, j ai plus rien! Plus de papiers, plus de fric, rien On m a tout piqué. Je sais juste comment je m appelle : Philippe Beauvert! A la poste, à la banque, ils disent tous Beauverte. Ça m énerve! Beauverte, ouais, comme Flauberte, comme un arbre verte, comme un cheval verte. Tout ça, c est bien beau, mais t es paumé. Largué de chez largué T as juste cette bouteille de vodka. Boire de la vodka à Venise! Manger des nems à Prague! Boire du saké à Vienne.c est ça être multiculturel. A ta santé, mon vieux! «A Venise, c est plein de touristes!» Et ben, pas au mois de décembre, et pas à deux heures du matin! Y a personne! Si t avais pas eu l idée d entrer dans cette espèce de bistrot, t aurais encore ton passeport Je sais pas comment ils ont fait. Ah, ils étaient bien sympas surtout la nana blonde. Je lui ai offert son cocktail, un grand verre avec un petit parasol bleu J aurais pas dû. Enfin, j ai quand même les clefs de mon hôtel. C est déjà ça Il était au bord d un canal, ouais, mais lequel? A la tienne! Au moins, tu t en souviendras. Chambre numéro 27. Mais où? Y a toujours les mêmes ponts et cette flotte Y a bien l adresse en tout petit, mais j arrive pas à lire (Voulant boire en même temps, il fait tomber les clefs dans le canal) Merde! Merde de merde! Non, mais, c est pas vrai! J ai même plus ces putains de clefs! Je vais sauter, faut que je les retrouve Je vais sauter! Elle (portant un masque de Venise) : Monsieur! Non! Lui : Faut que je saute! Elle : Non! La vie est belle! Lui : Vous trouvez vous! Je viens de perdre mes clefs, je suis paumé, on m a piqué mes papiers, mon fric Elle : C est pas une raison pour vous tuer. Lui : Me tuer? Elle : Je vous en prie. On ne doit pas mourir à Venise. A Venise, il faut vivre. Lui : Oui, et pas se faire pigeonner! Pourquoi vous portez ce masque? Elle : Nous sommes à Venise. Lui : oui, mais c est pas le carnaval! Elle : Je reviens d un bal Chaque nuit, il y a des soirées merveilleuses. Vivaldi sort ses violons et le vin coule à flots Lui : Des pièges à touristes! 3

4 Elle : Pièges? Non. Rêves de vie. Lui : Oui, et ben moi, je suis plutôt dans le cauchemar. J ai tout perdu. Elle : Vous êtes vivant. Lui : Oui, mais on m a piqué mes papiers! Elle : ça vous empêche pas de savoir qui vous êtes. Lui : Non, je m appelle Philippe Beauvert, vert comme un arbre vert. Et vous? Elle : Quelle importance! Lui : Vous voulez pas me dire votre nom? Elle : Lequel? Quel nom voulez vous me donner? Lui : On naît avec un nom. Moi, je m appelle Philippe Beauvert. Elle : Comme un arbre vert, je sais. Lui : Je suis né en 19 (le comédien donnera l année de sa naissance ou celle qu il veut ) J habite en France, à Lyon. Et vous? Elle : Je n ai pas d âge. J habite à Venise. Lui : Et vous apparaissez à deux heures du matin, masquée Elle : Oui, les canaux sont ma maison. J entends certaines plaintes Lui : Allez, arrêtez! Vous avez fini une soirée bien arrosée et maintenant, vous cherchez un client. Mais, j ai plus un rond! Elle : Vous vous trompez souvent? Vous trichez tout le temps? Lui : Moi? Tricher? Avec qui? Elle : Avec vous. Lui : Vous osez même pas me dire votre nom, votre âge et c est moi qui triche! Elle : Depuis combien de temps vous avez pas pleuré? Lui : Pleurer? Elle : Oui, de vraies larmes Pas sur votre fric, mais sur les êtres qui vous ont quitté. Lui : Moi, on ne me quitte pas, Madame, je quitte! 4

5 Elle : Vous avez même quitté vos rêves. Lui : On peut pas croire aux rêves dans cette société. Ça rapporte pas. Il faut faire du chiffre! Elle : Et alors là, on arrive à mourir riche! Lui : Je suis pas riche! Elle : C est pas moi qui le dis Lui : Vous me fatiguez! (boit) Moi, j ai réussi! Je suis responsable d un gros service expédition, dans une énorme boîte! Je gagne plein de fric. J ai une maison, un jardin. Je me suis fait tout seul! Elle : (méprisante) Qu est ce que vous faites à Venise? Lui : Je suis venu Je suis venu à cause de Claire. Elle : Qui est ce? Lui : Ma mère. Elle : Vous êtes venu pour retrouver votre mère? Lui : Je la retrouverai jamais. Elle est partie en cinq semaines ; cinq semaines d hôpital. Elle est rentrée souriante, elle a fait rire toutes les infirmières. «Dans deux jours, Mesdemoiselles, je suis partie. Lundi, je suis partie.» Et puis, on a compté les lundis. Le dernier, elle m a souri et elle a fermé les yeux. Elle : Et vous avez pas pleuré? Lui : Non, je suis retourné au boulot. Y avait des camions de marchandises à expédier. Elle : Mais, vous êtes là Lui : Oui. Sur sa table de nuit, j ai trouvé un billet pour Venise. Juste un billet aller, sans le retour ; j ai pas compris. Elle : Vous êtes venu quand même. Lui : Oui, et je sais plus l adresse de mon hôtel. J ai plus de clef, plus rien. Elle : Vous avez peur? Lui : Peur? Un peu quand même Je suis perdu! Elle : C est pas moi qui le dis! Lui : Arrêtez votre cinéma! Si vous voulez pas me dire votre nom, au moins, vous pouvez boire un coup de vodka. 5

6 Elle : Non merci. Et, qu est ce que vous avez fait du petit garçon? Lui : Quel petit garçon? Elle : Celui qui avait peur. Celui qui croyait que sa grand mère morte venait lui raconter des histoires toutes les nuits? Celui qui voulait devenir médecin? Lui : On peut pas soigner la terre entière. Elle : Oui, on ne peut pas supporter toute la misère du monde sur ses épaules. C est bien ça? Lui : Oui. Elle : C est bien ce que vous répétez? Lui : Oui. Et alors? Elle : Rien. Lui : Je suis pas superman, moi. Je suis pas Peter Pan. Je sais pas voler. J ai peur en avion. Elle : Vous vous souvenez plus? Lui : De quoi? Elle : Abracadabra! La formule de votre grand mère. Vous l avez pris si souvent pour une fée. Lui : J ai grandi! Elle : Non. Vieilli! Des petites vitamines le matin pour être performant, au top du top! Et, vos cachets le soir pour dormir. Par dessus, un petit coup de vodka, juste pour oublier de vous regarder dans les miroirs. Lui : Y a pas de miroir ici. Elle : Si! Il y a l eau du canal. Lui : Qu est ce que vous voulez à la fin? Rentrez chez vous, laissez moi! Demain, il fera jour. Elle : Mais, oui, vous faites pas de souci Demain, vous allez retrouver vos petites pilules et votre statut, le statut d un des hommes les plus importants de votre entreprise! Lui : Vous pouvez pas comprendre. Je me suis fait tout seul! Elle : Vous l avez déjà dit. Et, vous en avez écrasé plus d un. Lui : Jamais, jamais j ai fait ça. 6

7 Elle : Ces petits stagiaires, comme vous les appelez ; ils avaient des fois le même âge que le votre ; ça vous empêchait pas de les mépriser «Sers nous le café, c est tout ce que tu sais faire» Lui : Faut leur apprendre à bosser. Elle : Oui et à vivre! Et puis, les vieux, on les pousse tout doucement. On va voir le patron et puis, on fait «un plan de licenciement vraiment très avantageux t auras pas à le regretter.» Lui : Ils pouvaient pas se plaindre. Elle : Non!! Et, c est pas tout. Lui : (boit) Quoi encore? Elle : Deux ou trois secrétaires très dévouées. Lui : J ai jamais eu de secrétaires. Elle : Non, c est vrai! Alors, parlons de vos collaboratrices. Lui : Elle me trouvait séduisant. Elles ont toujours aimé mon charme. Elle : Et, elle savait pas que vous étiez fiancé. Lui : Fiancé un grand mot. Elle : Elle portait une bague à son doigt, une bague que vous lui aviez offerte. Lui : Je sais plus Qu est ce que vous voulez? Qui vous a payée pour m emmerder? Ma mère? Des mecs de l entreprise? Vous êtes peut être de mèche avec la blonde, oui, celle qui m a piqué tout mon fric? Elle : (elle rit) Vous croyez vraiment? Lui : Alors, qui vous êtes? Enlevez votre masque! Dites moi votre nom, votre âge, votre adresse Elle : Vous devriez venir demain, à un de ces bals de Venise Lui : Demain, si j arrive à trouver mon chemin, je prends le premier avion. Elle : Et vous n aurez rien vu de Venise. Lui : Suffisamment pour avoir envie de me tirer et vite! Elle : Vous ne saurez pas qu à Venise, le masque est fait pour se découvrir ; le masque vous dévoile. 7

8 Lui : Bien sûr!! Elle : On ne triche pas à Venise, on se voile. On se voile une nuit pour se perdre dans la foule. Un corps se glisse dans la peau d un autre. Une peau se colle à la vie d un autre corps, quelques secondes, quelques jours. Lui : On vit dans l illusion. C est le carnaval tous les jours. Elle : Non. Pas l illusion. Le rêve. S imaginer soi, et puis être soi un court instant, rompre les barrières. Croire à l impossible, rêver l autre pour se trouver. Lui : (boit) Je comprends rien. Elle : Vous l attendez encore? Lui : Qui? Elle : Votre Arlésienne. Lui : (boit) Qui? Elle : Vous savez bien Celle que vous espérez à chaque détour, vous la guettez, votre cœur explose quand elle s approche ; mais, lorsqu elle est près de vous, vous vous dites : non! C est pas elle! Elle viendra mon Arlésienne, mais pour le moment, ce ne peut pas être elle. Elle a les cheveux trop courts. J aime pas son parfum. Elle a les jambes trop maigres. Elle a les seins trop lourds. Elle doit pas être sensuelle. Elle a eu trop de mecs. Et vous la cherchez sans cesse Lui : Ces bonnes femmes, elles me collent, elles veulent toutes se marier. Elle : Mais, vous la cherchez toujours Lui : Ma grand mère finissait toujours ces histoires par la même phrase : «un soir, tu découvriras une princesse et vous vous aimerez jusqu à la fin des temps». Elle : Et pour vous c est déjà la fin des temps Lui : Tout ça c est ridicule! Je suis plus un gamin ; j ai rencontré des femmes et j ai vécu Elle : Non. Vous avez baisé cher ami. Vous n avez pas vécu. Vous avez baisé. Et, vous attendez toujours. Lui : Quoi? Elle : Votre princesse arlésienne, cher ami. Lui : Arrêtez de m appeler : cher ami. Je vous connais pas. J en ai marre (boit) Elle : Je sais. 8

9 Lui : Alors, si vous connaissez Venise, sortez moi de là, emmenez moi devant le Consulat. Elle : Et vous allez retrouver votre vie? Oublier Claire, votre grand mère, l Arlésienne. Tout ça n existera plus. Lui : Qu est ce que vous voulez que je fasse? Je peux pas devenir médecin, c est trop tard. Ma grand mère est morte, ma mère aussi Je comprends pas ce que je fais là. Elle : L Arlésienne, Philippe, l Arlésienne Et vous séparer de cet affreux masque Allez, enlève ton masque! Lui : (boit) Très drôle! Elle : Oui, vous avez raison. (se met à rire, lui va rire aussi hystériquement) Lui : Enlève ton masque! (rit) Elle : Toi d abord! (rit) Lui : J en n ai pas! (rit) Elle : Mais si! (roulements de tambours à chaque phrase) Le masque de la gravité! Le masque du sérieux! Celui du bon cadre! Du chef dynamique! De l amant idyllique! Et bientôt, Mesdames et Messieurs! Bientôt! Vous verrez apparaître Le masque du mari infidèle! Et celui du père parfait! (fin des roulements de tambours) Mais ça, cher ami, ce sont des faux semblants. Vous trichez. Lui : Je sais pas faire autrement. Elle : Alors, choisissez un autre visage : Casanova, Arlequin, créatures sans noms, chats de toutes les couleurs, lune et soleil et cherchez là Lui : Mais, l Arlésienne n arrive jamais, même pas à la fin de la pièce Pour obtenir la fin du texte, veuillez contacter directement l auteur à son adresse courriel : compagnie.les.folies.d.agnes@wanadoo.fr 9