Se préparer à aller étudier à l'étranger

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1 Se préparer à aller étudier à l'étranger Il faut généralement plus de six mois pour accomplir toutes les formalités d'admission dans une université étrangère. Voici comment réussir au mieux ce marathon. Le dossier de candidature Incontournable sésame, le dossier ne doit pas être pris à la légère. «Dense et différent du mode de sélection français, le dossier doit se préparer de nombreux mois à l'avance, assure Matt Symonds, conseiller éducatif auprès des écoles. Le premier piège dans lequel tombent les étudiants est le délai!» Petit tour d'horizon pour répondre au mieux aux demandes des établissements. Le niveau scolaire Les bulletins à fournir remontent très en amont dans le temps. Pour un niveau bac, les notes seront examinées dès la troisième. Et pour un niveau master, dès le bac. Pas d'inquiétude : l'essentiel reste d'avoir de bons résultats l'année avant le départ. Pas question donc de négliger ses performances sous prétexte qu'on s'apprête à changer de pays. A ces bulletins s'ajoutent des tests standardisés, pour comparer plus efficacement les postulants entre eux. La lettre de motivation Attention : c'est le moyen de faire la différence. Mode de sélection à l'américaine, copié par la majorité des établissements étrangers, la lettre de motivation tient plus de la dissertation que du courrier. «Ce n'est pas en dépassant son voisin de quelques points à ses tests qu'on sortira du lot, estime Matt Symonds. Seule la lettre va véritablement retenir l'attention des sélectionneurs.» D'où l'intérêt d'en maîtriser l'art.

2 Pourtant, les étudiants français sont encore nombreux à la négliger. «Les erreurs classiques consistent à préparer une lettre commune, ou à tenter d'imiter les écrits de ceux qui ont été reçus», prévient Zachary Wyman, coach auprès des étudiants. La lettre de motivation répond à plusieurs exigences. Premier impératif, justifier d'un projet précis. Pour ce faire, il s'agit de donner une cohérence à son parcours. A savoir, retracer son cursus universitaire en expliquant ses choix, les liens qui les unissent, et son objectif final. En fait, vous devez impérativement montrer comment vous en êtes arrivé à vouloir ce diplôme et aucun autre. «La tendance française, qui consiste à empiler les diplômes sans se poser de question n'est pas universelle, explique Thomas Albertini, de Worldiploma. Il faut exposer en

3 quoi faire le programme auquel on aspire est indispensable à son projet, ce qui a aussi l'avantage de flatter l'université d'accueil.» Mais, à en croire les experts, le principal défi pour les Frenchies reste l'indispensable personnalisation de cet écrit. «Les Français sont bloqués par ce type d'exercice, ils restent fixés sur leurs notes, constate Matt Symonds. Il faut prendre le temps d'y réfléchir, d'en discuter, avant de se lancer.» Un seul mot d'ordre : évoquer ses passions, ses centres d'intérêt, le milieu d'où l'on vient. En d'autres termes, parler de soi. «L'essai doit être réellement introspectif. Plus on est authentique, plus ça marche, assure Zachary Wyman. Il ne faut surtout pas chercher à gommer les fausses notes: les Anglo-Saxons croient au droit à l'erreur et au développement. Il faut se montrer tel qu'on est, avoir une approche originale, personnelle sur chaque sujet, pour se faire repérer.» La lettre de recommandation Les universités demandent une lettre de recommandation, voire plusieurs si l'on souhaite intégrer un master. Là aussi, pas question de s'y prendre au dernier moment. Qu'il soit professeur ou employeur, il est indispensable de choisir un interlocuteur motivé, puisqu'il devra dresser le portrait le plus personnel possible de son poulain. Le CV Evidemment, le CV doit être traduit. Il est composé de trois parties : la formation, l'expérience professionnelle et les centres d'intérêt. Côté scolaire, le cursus doit être aussi détaillé que possible. «Il est nécessaire de préciser le volume horaire et le contenu exact des matières enseignées. Souvent disponible en anglais dans les facultés en raison des accords d'échanges internationaux, un syllabus peut être joint», explique Thomas Albertini. Côté professionnel, il est recommandé d'accompagner la description des stages des coordonnées de quelques interlocuteurs. «Ils ne sont quasiment jamais contactés, mais cela montre qu'on ne craint pas un éventuel appel», ajoute le fondateur de Worldiploma. Les examens Plusieurs examens sont requis pour intégrer des universités étrangères. «Afin de s'y entraîner efficacement, il faut compter entre deux et six mois de préparation suivant le niveau», explique Simone Abbou, directrice du centre Kaplan à Paris, organisme leader sur le marché de la préparation aux examens de langue. Comptez plusieurs semaines pour obtenir les résultats. Voici un récapitulatif des tests les plus courants. Les tests de langue: Ils sont valables pendant deux ans. Test of English as Foreign Language (Toefl) Le Toefl est un examen destiné à évaluer le niveau d'anglais académique d'un étudiant. Il est exigé par la quasi-totalité des universités américaines. Il est constitué de quatre épreuves (compréhension écrite, compréhension orale, expression orale, expression écrite), et dure environ 4 heures.

4 Sa version internet (TOEFL ibt), la plus courante, est notée sur 120. La plupart du temps, il faut obtenir au moins 90 pour un bon master, voire 100 pour les masters les plus sélectifs. Coût : 152. International English Language Testing System (Ielts) Comparable au Toefl, la version académique de l'ielts a été conçue par l'université de Cambridge. Cet examen d'une durée de trois heures est généralement demandé par les formations anglo-saxonnes autres qu'américaines, mais une large part des établissements outre-atlantique l'accepte également. Contrairement à son équivalent américain, il comprend un entretien, ce qui lui fait remporter un succès croissant. Trois autres épreuves (compréhension orale, compréhension écrite, expression écrite) complètent le test. Examen noté sur 9, le score à obtenir est d'au moins 7 pour un master de bon niveau. Coût : 170. Test of English Language for International Communication (Toeic) Bien que parfois conseillé car plus court, le Toeic s'adresse en fait davantage à ceux qui souhaitent tester leur niveau d'anglais dans un cadre professionnel. Il est néanmoins accepté dans certains cas par les universités, notamment pour les cursus scientifiques. Coût : 77. Et aussi... En Allemagne : le DSH ou le TestDaf. En Italie : le Cils ou le Celi. Les tests de niveau : «Pour un élève français, le niveau pose moins de difficultés, estime Simone Abbou. En revanche, il faut se familiariser avec la terminologie et la façon différente d'aborder les problèmes. Un QCM suppose d'être moins pointilleux mais plus rapide qu'en France.» Autre conseil de la directrice : «Les écoles ayant accès aux résultats pendant cinq ans, essayer de ne pas passer ces tests plus de deux fois, sauf en cas de scores très faibles. Mieux vaut s'entraîner au maximum avant l'examen.» Scholastic Assessment Test (SAT) Le SAT est un examen généraliste nécessaire pour intégrer la plupart des premiers cycles des universités américaines. Réparti en trois épreuves (mathématiques, analyse de textes, expression écrite) d'une durée totale de quatre heures, il évalue les connaissances des candidats sous forme de QCM. Chacune des sections étant notée sur 800, obtenir 650 par section est un bon score. Des SAT subjects, tests par matière, peuvent être demandés en complément. Coût : 70 $. Graduate Management Admission Test (Gmat) Le Gmat est un examen élaboré pour les étudiants en gestion qui désirent intégrer un MBA. Compétences verbales, mathématiques et rédaction analytique sont toutes trois vérifiées. C'est

5 un test relativement difficile, dont les questions s'adaptent au fur et à mesure des performances du candidat. Le score est noté sur 800 points. Les deux tiers des participants obtiennent entre 400 et 600. Mais, pour être admis dans les meilleurs MBA, il faut viser un score qui varie entre 650 et 720. Harvard ou Stanford demandent par exemple un score supérieur à 700 points. Coût : 250 $. Graduate Record Examination (GRE) Le GRE est l'équivalent du Gmat pour être admis dans les autres masters. En revanche, on attend d'un candidat qu'il comprenne un vocabulaire plus riche et une langue plus littéraire. Des «subject tests» sont susceptibles d'être requis dans l'une des huit disciplines existantes. Coût : 180 $. Les formalités Si vous décidez de vous expatrier, il est nécessaire d'accomplir différentes formalités avant le départ. Prévoir un financement Sans financement, la plupart des visas ne sont pas accordés, et de nombreuses universités ne prennent pas la peine d'examiner une candidature sans un solide plan de ressources. A moins d'être en mesure d'assurer sans aide l'ensemble des frais, il est indispensable de s'y prendre à l'avance. Même chose pour ceux qui partent en accord d'échange : si les frais de scolarité sont pris en charge par l'établissement d'origine, les étudiants n'en auront pas moins à prévoir de quoi subvenir à leurs dépenses quotidiennes. Obtenir une bourse ou un prêt puis faire rédiger les documents nécessaires par la banque prend du temps. D'autant que faire traduire ces documents dans la langue du pays d'accueil n'est pas tâche aisée. Des prêts spécifiques, parfois assortis d'un remboursement différé, peuvent être octroyés aux étudiants. Mais ils sont plus facilement accordés aux élèves des grandes écoles ou aux titulaires d'une licence, et exigent généralement une caution parentale. Les bourses sont nombreuses. Mais, là aussi, la plupart sont difficiles à obtenir si l'on n'a pas encore de diplôme universitaire. Pour les étudiants Erasmus, des aides peuvent venir s'ajouter à la bourse du même nom, comme la bourse sésame ou la bourse de mobilité, destinée à ceux qui sont inscrits dans des programmes exigeant un séjour à l'étranger. Pour les autres, des aides existent. Concernant les aides publiques, le ministère de l'enseignement supérieur (bourse de mobilité internationale) et les collectivités territoriales (conseils régionaux et conseils généraux) délivrent des sommes plus ou moins élevées.

6 Plusieurs fondations privées octroient des bourses. Certaines sont attribuées en fonction de la destination, comme la bourse de la commission franco-américaine pour les Etats-Unis, ou celle de la Fondation Rotary. D'autres se limitent en outre à une filière particulière, telle la bourse Georges-Besse, réservée aux ingénieurs désirant étudier les nouvelles technologies. Enfin, les gouvernements de plusieurs pays (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Canada, Brésil...) prévoient des bourses pour attirer les étudiants internationaux. Des accords bilatéraux sont aussi prévus entre la France et certains pays étrangers (Nouvelle-Zélande, Pays-Bas...). Trouver un travail sur place ne permet pas d'obtenir des garanties suffisantes pour une banque. Mais un petit job constitue un complément utile pour les dépenses courantes. Attention cependant à la réglementation locale. Par exemple, aux Etats-Unis, un visa étudiant ne permet pas de travailler hors du campus. En Australie, le temps de travail des étudiants internationaux est limité à 20 heures par semaine. Obtenir un visa Il peut s'agir d'une démarche de longue haleine. Notamment pour le Canada et les Etats-Unis, pour lesquels l'obtention d'un rendez-vous peut prendre huit semaines. Trouver un logement Auberges de jeunesse, familles d'accueil et résidences universitaires sont autant de solutions possibles. Pour la colocation en appartement, évitez de choisir vos partenaires par internet. Mieux vaut rester quelques semaines sur un campus, le temps de trouver quelqu'un sur place. Source Le Figaro 3/12/2010