Discours de la Directrice générale de l UNESCO Irina Bokova, à l occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de l Holocauste

Dimension: px

Commencer à balayer dès la page:

Download "Discours de la Directrice générale de l UNESCO Irina Bokova, à l occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de l Holocauste"

Denise Dufour
il y a 6 ans
Total affichages :

Discours de la Directrice générale de l UNESCO Irina Bokova, à l occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de l Holocauste UNESCO, le 27 janvier 2014 Monsieur le Président du

1 Discours de la Directrice générale de l UNESCO Irina Bokova, à l occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de l Holocauste UNESCO, le 27 janvier 2014 Monsieur le Président du Mémorial de la Shoah, Eric de Rothschild, Monsieur le Ministre d Etat, János Lázár, Monsieur le Président de Yad Vashem, Rabbin Meir Lau, Monsieur Samuel Pisar, Mesdames et Messieurs les représentants de la communauté juive de Hongrie, Chers étudiants du Lycée BERTHELOT, Mesdames et Messieurs, Je prends la parole avec une émotion d autant plus vive que j étais ce matin, comme chaque année, au Mémorial de la Shoah, pour rendre hommage aux victimes de l Holocauste. DG2013/216 original : français

2 Nous honorons leur mémoire le jour de la libération du camp Nazi d Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques. Le souvenir est essentiel pour honorer les disparus. La mémoire des morts doit aussi nous aider à protéger les vivants, à lutter contre le racisme, l antisémitisme, le négationnisme, aujourd hui, maintenant. Cette ambition est davantage qu une déclaration générale de principe c est la réalité de notre travail quotidien, pour informer, diffuser, enseigner le respect par la connaissance de l histoire. C est notre engagement permanent pour éduquer les jeunes générations et prévenir, par l enseignement de l Holocauste, les futurs génocides et les violences de masse. Cet effort est au cœur de la construction de la paix : c est ma conviction profonde et c est pourquoi j ai voulu dès le début construire et développer le programme de l UNESCO pour l éducation à l Holocauste. Aujourd hui encore, malgré les difficultés financières, je l ai poursuivi et amplifié, avec nos partenaires, par des programmes éducatifs, des manuels, de nouvelles chaires UNESCO, des dizaines d expositions depuis 4 ans sur Les Justes, sur le parcours d Helen Berr, sur Le sort des enfants, sur les Cultures juives en Europe pendant la guerre DG/2013/216 - Page 2

3 et par des colloques internationaux comme aujourd hui et les années passées : «Pourquoi enseigner l holocauste» (2013) «Les Dimensions internationales de l Holocauste» (2012) «Comment enseigner ce sujet difficile à l école» (2011) Nous travaillons pour intégrer cet enseignement dans les programmes partout dans le monde, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe y compris en Hongrie, M. le Ministre, où nous travaillons ensemble pour transmettre l histoire dans toute sa complexité, dans toute sa vérité. Nous avons publié aujourd hui notre guide sur l éducation à l Holocauste qui recense les pratiques des enseignants à travers le monde Avec l institut Georg Eckert de Braunschweig, nous sommes en train de dresser la cartographie complète des représentations de l Holocauste dans les programmes scolaires du monde entier, avec le soutien des Etats-Unis un travail de référence. Nous le faisons parce que le génocide des juifs et les crimes des nazis et de leurs collaborateurs est une attaque envers toute l humanité, qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. 27/01/ :00:05 - Page 3

4 Et c est aussi pour alerter les consciences et transmettre ces valeurs universelles que le camp d Auschwitz-Birkenau est inscrit au patrimoine mondial de l UNESCO. Ce travail n est pas tourné vers le passé : c est un outil contre le racisme, l antisémitisme, le négationnisme aujourd hui. Je me souviens avec émotion de la projection en 2011 à l UNESCO du film de Claude Lanzmann, Shoah, en persan et en turc, retransmis par satellite pour la première fois en Iran, en partenariat avec le projet Aladin. Je me souviens des courriers de témoignages bouleversants de jeunes iraniens qui ne savaient rien de ce génocide, et qui ont ouvert les yeux. Voilà notre réponse au négationnisme, à l antisémitisme. J ai aussi co-dirigé avec le Maire de Paris un voyage à Auschwitz-Birkenau, toujours avec le projet Aladin, et plus de 150 personnalités politiques et religieuses d Europe, d Afrique, du Moyen Orient des Imams, des prêtres, des rabbins. Jamais je n oublierai les mots du Grand Mufti de Bosnie- Herzégovine, Mustafa Ceric, dans le froid du camp de la mort : «Nous devons enseigner à tous nos jeunes ce qui s'est passé ici, qu ils soient dans des mosquées, dans des églises ou des synagogues.» DG/2013/216 - Page 4

5 Voilà notre réponse à tous les racismes. Notre réponse, c est la reconnaissance des archives de Yad Vashem et des témoignages des survivants comme élément fondamental de la mémoire collective, par leur inscription dans le registre de la Mémoire du Monde de l UNESCO, gardien du patrimoine documentaire de l humanité. Notre réponse, c est reconnaître et faire vivre les cultures que les Nazis ont tenté d effacer, comme le Yiddish, lors du colloque international organisé ici en 2012 avec le B nai B rith. Notre réponse, c est le colloque organisé en 2013 : «Qu avons nous appris du passé?», avec Adama Dieng, Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention des génocides. Etudier, comparer l Holocauste avec d autres génocides comme le génocide au Rwanda dont l UNESCO va commémorer le 20 ème anniversaire peut aider à construire la paix. Nous continuerons d y consacrer tous nos efforts, avec rigueur, avec détermination, contre toutes les formes de racisme et d antisémitisme, d hier et d aujourd hui. Mesdames et Messieurs, L'histoire nous apprend que l'humanité est capable du pire comme du meilleur. Le meilleur ne peut jamais être tenu pour acquis. Faire le meilleur nécessite de la volonté. Cela demande de l engagement. 27/01/ :00:05 - Page 5

6 Cela suppose des mesures - ne jamais renoncer, défendre les valeurs que nous partageons, des droits humains et de la dignité, de tolérance et de respect. Cela signifie ne jamais transiger dans la lutte contre l antisémitisme, contre le déni. C est une exigence non négociable. Cette lutte n admet aucun compromis. C'est pourquoi se souvenir du passé est si important, et pourquoi l'éducation est si essentielle - pour transmettre cette histoire, changer les mentalités, lutter aujourd'hui contre toute forme de haine et de discrimination, contre toute nouvelle forme de racisme et d'antisémitisme. Il s'agit d'une lutte pour la dignité, pour le meilleur de l humanité. Je tiens à remercier notre partenaire principal aujourd'hui, le Mémorial de la Shoah, qui accompagne l'unesco et partage son expertise, son expérience et ses réseaux J en suis profondément reconnaissante. Je tiens à remercier tous ceux qui travaillent avec l'unesco dans sa lutte pour la mémoire, contre l'antisémitisme. Merci, Docteur Samuel Pisar, Ambassadeur honoraire de l'unesco et Envoyé spécial pour l'éducation de l'holocauste, de nous prêter la force de votre voix, la clarté de vos convictions. Merci aux délégations de la France, de l'allemagne, de la Grèce et de la Hongrie pour leur soutien sans faille à l'action de l'unesco. Merci à la délégation de la Pologne pour l'exposition sur l'action de Jan Karski. DG/2013/216 - Page 6

7 Merci à tous nos partenaires, en particulier la Fondation Shoah de l Université de Californie du Sud - L'Institut pour l'histoire et l'éducation visuelle, fondée par Steven Spielberg à Los Angeles, avec lesquels l'unesco est associée en présentant une exposition de témoignages vidéo, et où l'unesco a créé une nouvelle chaire UNESCO sur le génocide éducation. Merci encore une fois au président de Yad Vashem, le Grand Rabbin Yisrael Meir Lau, dont la présence est un grand honneur. Et plus que tout, j'exprime mon vif remerciement aux enseignants et aux élèves qui sont avec nous ce soir. Ma gratitude particulière va au Lycée Berthelot, de St Maur des Fossés, à Mme Pascale Porel et à ses élèves, qui ont visité Auschwitz -Birkenau en décembre et m ont écrit afin de partager leur émotion et exprimer le désir de se joindre à l' action de l'unesco - c'est pourquoi je les ai invités aujourd'hui, c'est pourquoi cette école se joint au Réseau mondial des écoles associées de l'unesco, afin que nous puissions unir nos forces dans la lutte contre toute haine, contre l'antisémitisme. Parce que l'éducation est la base la plus solide pour la paix, la tolérance, le respect, la compréhension mutuelle. Parce que changer les mentalités c est changer le monde. Et je me tourne maintenant vers ces étudiants et j emprunte les mots d'elie Wiesel : «Le passé est toujours dans le présent, mais l'avenir est encore dans nos mains» L'avenir est entre vos mains, chers étudiants - et nous allons travailler avec vous pour concevoir un avenir plus juste plus pacifique, pour tous. 27/01/ :00:05 - Page 7

8 C'est l'engagement de l'unesco et c est de mon engagement personnel, et je ferai tout pour le faire avancer. DG/2013/216 - Page 8

Documents pareils

27 Janvier : Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'holocauste

27 Janvier : Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'holocauste "Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli" (Elie Wiesel) Quand ils ont arrêté les communistes,