Newsletter 2-2008 Système de compression 3M Coban 2-bandes et thérapie par la pression négative V.A.C. («VAC») Brigitte Ackermann, infirmière stomathérapeute, spécialiste clinique plaies et cicatrisation Centre Stomathérapie Canton Neuchâtel Dans cet article, l épisode du traitement relaté se situe dans la phase de détersion de la plaie et de préparation à une greffe. La décision des traitements décrits a été prise lors d une consultation qui réunissait, autour de la patiente, l angiologue, le chirurgien et l infirmière spécialiste. Le médecin traitant était informé par rapports écrits. Introduction Lors de la prise en charge d un ulcère de jambe les protocoles sont modifiés selon l évolution de la plaie. L un des aspects du suivi des plaies chroniques est de reconnaître les différents stades de la plaie, d adapter les traitements qui vont permettre l évolution favorable afin d éviter les retards de cicatrisation. L infirmière spécialisée en plaies et cicatrisation est à même de remplir ce rôle en collaboration avec le médecin traitant ou le spécialiste. Un ulcère de jambe demande souvent une prise en charge pluridisciplinaire et les différents intervenants peuvent être nombreux, selon la difficulté du cas, comme par exemple : médecin traitant, chirurgien, angiologue, dermatologue, infirmière spécialiste plaies, infirmières hospitalières ou à domicile, physiothérapeute, bottier-orthopédiste, etc. La coordination de ces différents acteurs sera assurée la plupart du temps par le médecin traitant en collaboration avec l infirmière de référence. Dans d autres cas, c est le spécialiste qui tient ce rôle. L important est de garder une vue globale du patient toute au long du traitement. Présentation et contexte Il s agit d une dame qui a un long passé d ulcères récidivants des deux jambes. Elle souffre d une insuffisance veineuse secondaire à des varices déjà traitées par sclérothérapie il y a plus de trente ans. Elle a déjà été suivi par notre Centre il y a trois ans pour un ulcère de la jambe droite et a déjà bénéficié d une greffe, sans récidive jusqu à ce jour. Malgré le port régulier de bas compressifs de classe II et un stripping de la veine saphène interne de la jambe gauche fait en début 2007, un ulcère est apparu en regard de la malléole interne gauche. Il est à préciser que cette patiente souffre aussi de polymialgie traitée par cortisone. Cet ulcère est donc apparu dans des conditions et des circonstances particulières. Comme l'ont été les ulcères précédents, celui-ci était aussi très inflammatoire, avec une colonisation critique et la douleur particulièrement intense.
Anamnèse Mme F Age : 75 ans Sexe : F Plaies : ulcère veineux malléolaire interne gauche Etat de santé : Bon état général Première évaluation de la plaie : le 1 avril 2007 par le Centre de Stomathérapie Classification CEAP (Classification Clinique, Etiologique, Anatomique, Physiopathologique) C2-6 Ep As3-4 Pr C2-6 = présence de veines variqueuses et ulcère non cicatrisé Ep = étiologie primitive As3-4 = système veineux superficiel : GVS en dessous du genou et PVS Pr = reflux IPS = 0.9 Ancienneté de la plaie : début mars 2007 Localisation : malléole interne gauche Dimensions de la plaie : Longueur 10 cm x largeur 3 cm Etat de la plaie : Stade : fibrineuse à100% Pourtour: inflammatoire Exsudat : peu d écoulement Odeur : non Etat de la jambe : peu d oedème Douleur : douleur surtout la nuit Antalgique per os : Comprimé de Tramadol, Paracétamol 4x/j Antalgique local : application locale d un plaster auto-adhésif, contenant de la lidocaïne, par-dessus le pansement primaire Traitement de la plaie : Objectifs : calmer l inflammation et la douleur maintenir l humidité de la plaie décontaminer favoriser la détersion éviter l œdème agir sur l hyperpression dans les veines La plaie était douchée régulièrement. Dés J 0: Crème avec corticostéroïde et antibiotique, Interface + plaster auto-adhésif antidouleur Orthèse de compression Fréquence du pansement : 3 x par semaine 2
Après 2 semaines: Interface imprégné de miel médical et plaster autoadhésif antidouleur. Installation du Système de compression Coban 2-bandes Fréquence du pansement : 2 x par semaine Protocole utilisé : Douche de la jambe et de la plaie Mousse VAC GranuFoam Pression négative à 100 mm Hg continue Fréquence : 2 x par semaine Après 6 semaines: Alginate légèrement humidifié avec Na Cl 0,9%c et plaster auto-adhésif antidouleur Système de compression Coban 2- bandes Fréquence du pansement : 2 x par semaine Progressivement, l inflammation a diminué ainsi que la douleur. La fibrine est restée longtemps dure et adhérente. La détersion mécanique avec curette et pinces était très difficile même après anesthésie locale avec Emla ou Xylocaïne gel. Elle restait insupportable pour la patiente. Une détersion par asticots a même été tentée mais bien que la patient y soit favorable, elle ne l a pas supporté à cause de l augmentation des douleurs. Au bout de deux mois, une bonne réduction de la surface de la plaie était visible et des zones de bourgeonnement sont enfin apparues. Il n a pas été possible de supprimer le plaster autoadhésif antidouleur. Celui-ci a calmé efficacement la douleur et d autre part a fait fonction de maintien de l humidité du pansement primaire. Puis durant 2 semaines : préparation pour une greffe avec système de pression négative VAC et Système de compression Coban 2-bandes Objectifs du système VAC dans ce cas précis : Décontaminer la plaie (frottis fait avant et après) Favoriser la détersion et stimuler le bourgeonnement 3
Le bandage Coban 2-bandes a été posé de façon à ce que le tuyau du VAC soit maintenu à sa base et libre ensuite le long de la jambe. Pour ce faire, il était posé entre la mousse de rembourrage et la bande cohésive au niveau de la cheville. Le fait que l on puisse couper la bande de mousse en la posant en spica sur la jambe facilite cette technique. 4
Commentaires Après une dizaine de jours, le système VAC a été un bon activateur de la détersion et de la décontamination de la plaie. Il a permis d entamer le bourgeonnement. Le Système Coban 2-bandes a donné entière satisfaction. La peau a été bien protégée grâce à la bande de mousse et les tuyaux du VAC maintenus en bonne place. Quelques semaines plus tard la patiente a été hospitalisée pour une greffe de peau mince. Elle a bénéficié du traitement par VAC avant et après la greffe et a été cicatrisée complètement après huit mois de soins en interdisciplinarité. Conclusion Les systèmes Coban 2-bandes et le VAC font bon ménage et dans ce cas ont permis une continuité des soins très favorable. Cette manière de procéder est simple et efficace. Il est important de rappeler à cette occasion que la thérapie par le VAC sur des ulcères de jambes n empêche pas l utilisation de bandages de compression. Le nouveau système Coban 2- bandes est particulièrement indiqué dans ces cas. Pour éviter des récidives, elle porte des bas de compression de classe 2, système qu elle devra garder toute sa vie. Elle prendra soin de renouveler ses bas tous les six mois. V.A.C. Therapy est une marque de KCI. 5