Item 251 : Insuffisance mitrale (Evaluations)

Documents pareils
S o m m a i r e 1. Sémiologie 2. Thérapeutique

Les maladies valvulaires

Item : Souffle cardiaque chez l'enfant

Maladie des valves. Changer leur évolution. Rétrécissement aortique Insuffisance aortique Insuffisance mitrale Rétrécissement mitral

Tronc Artériel Commun

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Les différentes maladies du coeur

INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

Le traitement de l'insuffisance cardiaque chez le chien

Endocardites. Le candida albicans est parfois mis en cause, retrouvé sur culture en milieu de Sabouraud.

Comment évaluer. la fonction contractile?

La prise en charge de votre cardiopathie valvulaire

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

UN PATIENT QUI REVIENT DE LOIN. Abdelmalek AZZOUZ GRCI 29/11/2012 Service de Cardiologie A2 CHU Mustapha. Alger Centre. Algérie

LA CHIRURGIE CARDIO-VASCULAIRE Les enjeux, les possibilités chirurgicales, le suivi de l'opéré

Insuffisance Cardiaque de l Adulte.

La pompe cardiaque, le débit cardiaque et son contrôle

Cardiopathies ischémiques

sur la valve mitrale À propos de l insuffisance mitrale et du traitement par implantation de clip

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

Épreuve d effort électrocardiographique

Prise en charge du patient porteur d un dispositif implantable. Dr Philippe Gilbert Cardiologue CHU pavillon Enfant-Jésus

Notions de base Gestion du patient au bloc opératoire

Le cliché thoracique

Recommandations pour le diagnostic et la prise en charge de l insuffisance cardiaque du sujet âgé

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

Bilan avant un marathon:

Programme de prise en charge et de suivi en anticoagulothérapie

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

Point d information Avril Les nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran et rivaroxaban) dans la fibrillation auriculaire : ce qu il faut savoir

Insuffisance cardiaque

QUI PEUT CONTRACTER LA FA?

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

Prise en Charge de la Fibrillation Auriculaire

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

journées chalonnaises de la thrombose

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 10 mars 2010

Le chemin d un prompt rétablissement

CATALOGUE ÉLECTRONIQUE D INDICATEURS DE QUALITÉ DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE CARDIOLOGIE INDICATEURS DE QUALITÉ POUR L INSUFFISANCE CARDIAQUE

SOMMAIRE RECOMMANDATIONS DE LA SFC I. ÉVALUATION DU RISQUE D ÉVÉNEMENTS APRÈS IDM 698 II. THÉRAPEUTIQUES MÉDICAMENTEUSES 705

Dr Pierre-François Lesault Hôpital Privé de l Estuaire Le Havre

Livret d information destiné au patient MIEUX COMPRENDRE LA FIBRILLATION ATRIALE ET SON TRAITEMENT

Les cardiopathies congénitales à shunt gauche-droite

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Pathologie cardio-vasculaire

compaction ventriculaire gauche sur la fonction ventriculaire chez l adulte

LIRE UN E.C.G. Formation sur le langage et la lecture d un ECG destinée aux techniciens ambulanciers de la région Chaudière-Appalaches

236 - FIBRILLATION AURICULAIRE JM Fauvel 2009

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Les anticoagulants oraux: des AVK aux «NOACs» NOACs ou NACOs? Bandes des rues de Mexico responsables d incivilités permanentes

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

B08 - CAT devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs

Cas clinique: Mr A.M A.M A.M. 1940;Resynchro avant-après. Resynchronisation avant et après 12 mois: RX thorax.

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Guide du médecin traitant. L invalidité. dans le Régime de rentes du Québec. Édition 2015

Déclaration médicale Prise d effet le 1 er octobre 2012

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Cas clinique n 1. Y-a-t-il plusieurs diagnostics possibles? Son HTA a t elle favorisé ce problème?

Les Jeudis de l'europe

Le VIH et votre cœur

LA CARDIOMYOPATHIE HYPERTROPHIQUE (CMH) O.DUBOURG

Accidents des anticoagulants

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

XARELTO (RIVAROXABAN) 2,5 MG - 15 MG - 20 MG, COMPRIMÉS PELLICULÉS GUIDE DE PRESCRIPTION

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

Farzin Beygui Institut de Cardiologie CHU Pitié-Salpêtrière Paris, France. Probability of cardiovascular events. Mortalité CV

Synthèse. O. Hanon. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2013 ; 11 (2) :

Item 182 : Accidents des anticoagulants

admission directe du patient en UNV ou en USINV

Vous et votre traitement anticoagulant par AVK (antivitamine K)

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

1 - Que faut-il retenir sur les anticoagulants oraux?

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

F. LAVRAND CHIRURGIE INFANTILE HOPITAL DES ENFANTS CHU BORDEAUX

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Ensemble, soutenons la recherche française dans le domaine des maladies cardiovasculaires. Té léphone :

Réparation de la communication interauriculaire (CIA) Informations destinées aux patients

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

Item 175 : Prescription et surveillance des antithrombotiques

Marchés des groupes à affinités

FICHE 3 Situations les plus fréquentes devant lesquelles l étudiant pourra se trouver Notions de situations clés, prévalentes

TROUBLES DU RYTHME ARYTHMIES, TACHYCARDIES,FIBRILLATIONS, EXTRASYSTOLES, BRADYCARDIES

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

PROGRAMME. Qu est ce que la sélection? Médicale Non médicale. Tarification et compensation Mortalité, surmortalité Loi des grands nombres

Colette Franssen Département d Anesthésie Réanimation CHU Sart Tilman LIEGE

Les bonnes indications de l ECG d effort. Méthodologie et dépistage de l insuffisance coronaire. F DAVID AMMPPU METZ 14 février 2013

La maladie de Takayasu

Carte de soins et d urgence

Transcription:

Item 251 : Insuffisance mitrale (Evaluations) Date de création du document 2011-2012

CAS CLINIQUE Scénario : Vous voyez en consultation dans le cadre d un bilan systématique un homme de 68 ans, ancien tabagique (38 paquets-années), hypercholestérolémique, en très bon état général. À l interrogatoire, il vous parle d un souffle connu depuis plusieurs années À l examen, la TA est à 130/70 mmhg, le patient est apyrétique. Il n y a pas de signes périphériques de décompensation cardiaque. À la palpation, le choc de pointe est étalé et dévié vers la gauche. À l auscultation, le cœur est régulier et vous notez un souffle holosystolique de régurgitation au foyer mitral. La radiographie montre une augmentation de l index cardiothoracique. L échocardiographie-doppler transthoracique confirme l existence d une insuffisance mitrale. Les cordages de la petite valve sont trop longs, la valve est épaissie et redondante avec un aspect de ballonisation. Le ventricule gauche est dilaté à 46 mm en télésystole, 60 mm en télédiastole et avec une fraction d éjection à 56 %, le volume régurgité est de 48 %, la pression artérielle pulmonaire systolique est à 40 mmhg, l oreillette gauche est dilatée, les cavités droites sont normales de même que la valve aortique. Cas clinique : Figure 1 QUESTION 1/6 : Quelles sont les données manquantes à l interrogatoire? La recherche de symptômes (+++) liés à l insuffisance mitrale, à savoir une dyspnée d effort dont il faut préciser la sévérité selon la classification NYHA. Rechercher aussi des antécédents extracardiaques pouvant contre-indiquer une prothèse valvulaire (foyers infectieux dentaires, ORL, digestifs ) ou une anticoagulation orale (antécédents hémorragiques graves, par exemple).

Interroger sur des antécédents familiaux de maladie de Marfan ou autre pathologie du tissu conjonctif. QUESTION 2/6 : Quel est le type d insuffisance mitrale selon la classification de Carpentier? Quel est le nom de ce mécanisme physiopathologique? Quel est le niveau de sévérité de la fuite? Type II de Carpentier. Prolapsus valvulaire mitral, syndrome ou maladie de Barlow. Fuite importante ou grade III, car fraction régurgitante > 40 %. QUESTION 3/6 : Interprétez l ECG. Rythme sinusal. Hypertrophie atriale gauche car durée de P > 120 ms avec aspect en double bosse en DII. Bloc atrioventriculaire du premier degré car PR > 240 ms. QUESTION 4/6 : Quelle thérapeutique proposez-vous à ce patient : médicale ou chirurgicale? Argumentez et développez votre réponse. Il y a deux situations, soit : le patient est symptomatique, dans ce cas l indication opératoire est indiscutable car la fuite est de grade III ; le patient est asymptomatique, dans ce cas l intervention est retenue également car il s agit d une IM importante de grade III avec retentissement ventriculaire et il y a déjà un début de diminution de la fraction d éjection (FE < 60 %). Le pronostic à long terme sous simple traitement médical est moins bon. QUESTION 5/6 : Si vous envisagez la chirurgie, quel type d intervention lui proposez-vous et pourquoi? Le type de chirurgie à envisager est une plastie reconstructrice de la valve. Le mécanisme de l IM dans le cas présent (prolapsus) est en général une excellente indication de plastie plutôt que de remplacement valvulaire. Le pronostic ultérieur est meilleur après plastie

qu après remplacement valvulaire. De plus, la plastie permet d éviter le traitement anticoagulant au long cours nécessaire en cas de remplacement valvulaire. QUESTION 6/6 : Envisagez-vous d autres examens en dehors de ceux déjà réalisés? Justifiez. Oui : ETO, coronarographie, échocardiographie des troncs supra-aortiques, explorations fonctionnelles respiratoires. Avis du stomatologiste et panoramique dentaire. Bilan biologique de routine (NFS, RAI, groupe, ionogramme : urée, créatinine) sérologies VIH et hépatite C après accord du patient. L échocardiographie transœsophagienne permet de préciser davantage l anatomie de la valve mitrale et le mécanisme de la fuite. Certaines ruptures partielles de cordages peuvent passer inaperçues à l échocardiographie transthoracique. Cette technique aide le chirurgien dans sa stratégie opératoire. La coronarographie est indiquée avant la chirurgie dans la mesure où il s agit d un homme de plus de 50 ans avec des facteurs de risque (ex-tabagique, hypercholestérolémie) pour s assurer de l absence de lésions coronaires qui pourraient relever soit de pontages dans le même temps opératoire, soit d une angioplastie. Le coroscanner peut dans ce cas représenter une alternative à la coronarographie avec l avantage d un examen non invasif. Les EFR sont de bonne pratique en raison du tabagisme ancien avant la sternotomie.

CAS CLINIQUE Scénario : Une patiente, âgée de 64 ans, consulte en semi-urgence en raison d une dyspnée d apparition récente, 3 semaines auparavant, et qui va progressivement croissant. Cette dyspnée est apparue alors qu elle nageait à la piscine. Elle a ressenti brutalement une douleur thoracique, puis s est sentie dyspnéique. Depuis lors, sa dyspnée s accentue peu à peu et la gêne maintenant dans les efforts de la vie courante. Dans ses antécédents, on relève une hypertension artérielle traitée par un inhibiteur calcique, une phlébite du post-partum à l âge de 32 ans, la notion d un souffle cardiaque signalé il y a quelques années, non suivi. À l examen, la patiente est en bon état général, apyrétique, non dyspnéique au repos. Elle pèse 65 kg pour 1,62 m. L auscultation révèle un souffle holosystolique 4/6 apexo-axillaire, en jet de vapeur, irradiant le long du bord sternal gauche. Elle n a ni signes d insuffisance ventriculaire gauche, ni signes d insuffisance ventriculaire droite. Toutes les artères périphériques sont perçues. La TA est à 130/85 mmhg. L ECG, en rythme sinusal à 85 battements/min, est dans les limites de la normale. Le cliché de thorax révèle un cœur de taille normale, avec rapport cardiothoracique à 0,52. Les artères pulmonaires sont modérément dilatées dans les hiles. Il existe une accentuation de la trame vasculaire pulmonaire. QUESTION 1/8 : Quel(s) diagnostic(s) évoquez-vous chez cette patiente? Justifiez votre réponse. Insuffisance mitrale (IM) aiguë, suggérée par : les caractéristiques du souffle (holosystolique, apexo-axillaire, en jet de vapeur ) évoquant une IM ; la survenue brutale, accompagnée de douleurs thoraciques et de symptômes d évolution rapide, évoquant une forme aiguë ; la persistance du rythme sinusal et l absence de cardiomégalie radiologique plaidant également en faveur d une forme aiguë. En revanche l existence d un souffle antérieurement connu évoque un «prolapsus» mitral pré-existant, compliqué de rupture de cordages récente. QUESTION 2/8 : Quel(s) examen(s) complémentaires allez-vous demander pour le(s) confirmer?

Echocardiogramme transthoracique (ETT) et éventuellement transœsophagien (ETO). Surveillance de la courbe thermique, réalisation d hémocultures, si la patiente est fébrile, et bilan inflammatoire biologique. Deux dosages successifs de troponine, malgré la normalité de l ECG, afin d éliminer une IM ischémique, d autant que la patiente a eu des douleurs thoraciques. QUESTION 3/8 : Quels en seraient, a priori, les résultats? 1. Échocardiographie-doppler transthoracique et transœsophagienne : affirmation du diagnostic d IM par la visualisation d un flux de régurgitation systolique dans l oreillette gauche au doppler ; quantification de la fuite par la largeur du jet régurgitant à l origine au niveau de sa partie la plus étroite (vena contracta) et surtout méthode de la zone de convergence ou «PISA» (proximal isovelocity surface area) ; appréciation du retentissement de la fuite sur la dilatation du ventricule gauche et de l oreillette gauche, les paramètres de fonction systolique VG (pourcentage de raccourcissement, fraction d éjection), les pressions pulmonaires peuvent être mesurées au doppler à partir d une éventuelle fuite tricuspide ; appréciation du mécanisme de l IM +++ en ETT et en ETO. L échographie transœsophagienne est surtout utile pour préciser le mécanisme et l étiologie de l insuffisance mitrale. Elle est systématique lorsque l on envisage un geste chirurgical conservateur de type plastie, dont l ETO permet le plus souvent de prévoir la faisabilité ; visualisation de valves dystrophiques, parfois très épaissies, «myxoïdes», en cas de maladie de Barlow ; ruptures de cordages plus probable : l une des valves, le plus souvent la petite valve, est éversée dans l oreillette gauche en systole, sans aucune coaptation de son extrémité avec la grande valve ; les cordages rompus sont souvent bien visibles à l extrémité de la valve en ETO (IM type II de Carpentier) ; recherche de végétations valvulaires en cas d endocardite infectieuse ou zone akinétique en cas d infarctus, peu probables ici ; recherche de lésions associées : valvulopathie aortique, insuffisance tricuspide, etc. 2. Si hyperthermie, positivité des hémocultures en l absence d antibiothérapie préalable et présence d un syndrome inflammatoire biologique (élévation de la CRP, hyperleucocytose, etc.) en cas d endocardite infectieuse à l origine de l IM : peu probable dans ce cas.

3. Élévation de la troponine en cas de syndrome coronarien aigu responsable de l IM, peu probable également ici. QUESTION 4/8 : Comment expliquez-vous l irradiation ascendante du souffle? Elle est parfois observée en cas de rupture de cordages de la valve mitrale postérieure (ou petite valve), car la fuite est excentrée, directionnelle, orientée vers le septum interatrial et le fond de l oreillette gauche, si bien que le souffle a une irradiation ascendante, le long du bord sternal gauche. QUESTION 5/8 : Quel traitement allez-vous prescrire dans l immédiat? Traitement médical, associant : vasodilatateur, type inhibiteur de l enzyme de conversion (IEC) ; diurétique, de type furosémide ; arrêt du calcium bloqueur. QUESTION 6/8 : Quelle(s) mesure(s) thérapeutique(s) allez-vous proposer ultérieurement? Discuter d une chirurgie rapide, car il s agit d une IM aiguë, probablement volumineuse et mal tolérée. Arguments : c est le cas habituel des IM brutales par rupture de cordages, ici le souffle est intense et les symptômes sont importants. Une plastie mitrale chirurgicale est dans toute la mesure du possible préférée à un remplacement valvulaire mitral, car les résultats à long terme sont meilleurs et l incidence des complications postopératoires bien moindre. La faisabilité d une plastie est précisée par l échographie, ETT et surtout ETO, qui permet de bien visualiser l appareil mitral dans son ensemble et de préciser la nature et l étendue des dégâts anatomiques. QUESTION 7/8 : Quel bilan allez-vous faire auparavant?

Le bilan préopératoire comporte : l appréciation de l état général de la patiente. L âge physiologique importe plus que l âge réel ; la recherche d anomalies cardiaques associées : valvulopathie aortique, sténose coronaire qui peut nécessiter un ou plusieurs pontages associés au geste sur la mitrale ; l état myocardique qui doit être précisé par l échographie (et confirmé par la ventriculographie gauche faite au cours de la coronarographie préopératoire). En général, le ventricule gauche est peu dilaté et normo- voire hypercinétique dans les IM aiguës ; l appréciation de la fonction rénale (taux de créatinine et clairance) ; l appréciation de la fonction respiratoire (exploration fonctionnelle respiratoire, gaz du sang) ; l état des artères périphériques ; recherche notamment d une sténose artérielle périphérique par la clinique et éventuellement par l écho-doppler (écho-doppler des vaisseaux du cou et des artères des membres inférieurs) ; la recherche systématique des foyers infectieux, notamment ORL et dentaires (radiographie ou scanner des sinus, panoramique dentaire, consultations ORL et stomatologique) ; le risque opératoire global qui peut être apprécié au mieux par l Euroscore, algorithme de stratification du risque prenant en compte de multiples facteurs préopératoires et des facteurs de risque chirurgicaux. Dans le cas de cette patiente, le risque opératoire est a priori faible. QUESTION 8/8 : À l issue de la prise en charge, quels documents utiles pour son suivi doivent être remis à la patiente? La patiente doit être munie : d un carnet de porteur de prothèse ou de surveillance postopératoire, qui lui est remis par le service de chirurgie cardiaque à la sortie, et sur lequel figurent le type et la taille de la prothèse ou le type d intervention réalisée ; d un carnet de surveillance du traitement anticoagulant, sur lequel figurent la posologie de l AVK, sa nature, l objectif d INR et les résultats des INR, après plastie mitrale ou mise en place d une bioprothèse, et en l absence d autre indication d anticoagulant, le traitement par antivitamine K est limité à 3 mois ; d une carte d antibioprophylaxie destinée au chirurgien-dentiste en cas de mise en place d une prothèse (après plastie réussie le patient n a plus de risque particulier d endocardite).