stochastique Arnaud Debussche 1 and Julien Vovelle 2 Congrès SMAI 2011 Limite diffusive d une équation cinétique

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Transcription:

Limite diffusive d une équation cinétique stochastique Arnaud Debussche 1 and Julien Vovelle 2 Congrès SMAI 2011 1 U. Rennes, ENS Cachan Bretagne 2 U. Lyon 1

Une équation cinétique stochastique Soit (V, µ) un espace mesuré où µ est une mesure finie. Soit a L (V ; R d ), d 1. Soit T d le tore de dimension d. On s intéresse à la limite ε 0 du problème t f ε + 1 ε a(v) xf ε = 1 ε 2 Lf ε + 1 ε f ε m ε (t), (1) dans R + t T d x V v, avec condition initiale f ε (0) = f 0 dans T d x V v, (2) où L est un opérateur dissipatif et m ε (t) un processus stochastique ergodique centré.

Equation déterministe L opérateur L est Lf = V fdµ f, f L 1 (V, µ). Alors L est en effet dissipatif car Lf fdµ = Lf 2 L 2 (V,µ), f L2 (V, µ). V Les vitesses sont centrées et non-dégénérées au sens où a(v)dµ(v) = 0, K := a(v) a(v)dµ(v) > 0 V V

Equation déterministe, Limite diffusive Dans le cas déterministe m ε 0, la densité ρ ε := V f ε dµ converge lorsque ε 0 vers la solution ρ de l équation de diffusion t ρ div(k ρ) = 0 dans T d (0, + ) avec donnée initiale ρ 0 = V f 0dµ (voir Degond, Goudon, Poupaud 2000 par exemple).

Partie aléatoire De la forme dx ε (t) = F (x ε (t), m ε (t)) + 1 ε G(x ε (t), m ε (t)). On suppose que le processus pilote m ε (t) a l échelle m ε (t) = m(ε 2 t) où m(t) est un processus de Markov homogène stationnaire mélangeant. Si G 0, on a alors x ε (t) x(t) où dx dt = F (x(t)), F (x) := R F (x, n)dν(n), où ν est la mesure invariante de m(t). Cas G 0, F 0?

Exemple 1 En dimension 1. Soit α > 0 et m la solution stationnaire de l équation dm(t) = cm(t)dt + dβ(t), où β(t) est un mouvement brownien sur R. G(x, n) = xn.

Exemple 1 Calculs : Autrement dit, t m(t) = e α(t s) dβ(s), t R, ( 1 t ) x ε (t) = x 0 exp m ε (s)ds, t > 0. ε 0 x ε (t) = x 0 exp ( εα 1 (m ε (t) β(ε 2 t) ), t > 0.

Exemple 1 Or, en loi, εβ(ε 2 t) = β(t) et εm ε (t) 0 donc, en loi, x ε (t) x(t) := x 0 e α 1 β(t), qui est la solution de l équation de diffusion (sous forme Stratonovitch) avec Q := α 2. dx(t) = x(t) Q 1/2 dβ(t),

Exemple 2 m(t) est un processus de Poisson de paramètre λ à valeurs dans { 1, 1} et G(x, m) = xm. Alors, de même, x ε (t) = x 0 exp ( εn(ε 2 t) ), N(t) := t 0 m(s)ds.

Exemple 2 m(t) est un processus de Poisson de paramètre λ à valeurs dans { 1, 1} et G(x, m) = xm. Alors, de même, x ε (t) = x 0 exp ( εn(ε 2 t) ), N(t) := t 0 m(s)ds. Soit 0 = t 0 < t 1 <... < t n <... la suite aléatoire des temps de saut du processus m. Soit ξ n la variable aléatoire ξ n = (t 2n 1 t 2n 2 ) (t 2n t 2n 1 ). Les ξ n sont i.i.d de loi de densité λ 2 e λ t sur R.

Exemple 2 Soit k(t) l entier aléatoire défini par t k(t) t < t k(t)+1, et soit, pour n N, ν n (t) = k(nt) 2t. On a alors, pour ε = n 1/2, εn(ε 2 νn (t) 1 t) = n νn (t) S ν n(t)t + o(1), S k := ξ 1 + + ξ k. Comme m saute en moyenne à la fréquence λ, on a νn(t) n loi. λ 2 en

Exemple 2 Par le Théorème de Donsker (avec temps aléatoire), on a alors, en loi, ( ) λ x ε (t) x(t) := x 0 exp σ 2 β(t), où β est un mouvement brownien et σ la variance de ξ j. On calcule σ 2 = 2 λ 2, c est-à-dire que, là encore, x est solution de l équation limite de diffusion avec Q := λ 1. dx(t) = x(t) Q 1/2 dβ(t),

Une équation cinétique stochastique Soit (V, µ) un espace mesuré où µ est une mesure finie. Soit a L (V ; R d ), d 1. Soit T d le tore de dimension d. On s intéresse à la limite ε 0 du problème t f ε + 1 ε a(v) xf ε = 1 ε 2 Lf ε + 1 ε f ε m ε (t), (3) dans R + t T d x V v, avec condition initiale f ε (0) = f 0 dans T d x V v, (4) où L est un opérateur dissipatif et m ε (t) un processus stochastique ergodique centré.

Limite ε 0 Théorème Soit f ε 0 L2 x,v et ρ 0 := V f 0 dµ. Sous les hypothèses sur la vitesse a ci-dessus et les hypothèses sur m ε ci-dessous, on a : pour tout η > 0, la densité ρ ε := V f ε dµ converge en loi dans C([0, T ]; H η ) vers la solution ρ de l équation dρ = div(k ρ)dt + ρ Q 1/2 dw (t), in R + t T d, avec donnée initiale ρ 0, où W est un processus de Wiener cylindrique sur L 2 (T d ), Q un opérateur positif à trace sur L 2 (T d ) déterminé par le processus m.

Références (résumées) Limite diffusive déterministe (cas linéaire) : Degond, Goudon, Poupaud 2000 et références internes, Limite de diffusion probabiliste : Hasminskii 66 ; Papanicolaou, Stroock, Varadhan 77 ; Ethier, Kurtz 86 ; Fouque, Garnier, Papanicolaou, Sølna 07, Limite de diffusion pour NLS : Marty 06 ; De Bouard, Debussche 10 ; Debussche, Tsutsumi 10, Méthode de la fonction-test perturbée appliquée aux EDPs aléatoires : Gazeau, De Bouard 11.

Méthode de la fonction-test perturbée Problème : On suppose que le processus pilote m ε (t) a l échelle m ε (t) = m(ε 2 t) où m(t) est un processus de Markov homogène stationnaire mélangeant. Soit dx ε (t) = 1 ε G(x ε (t), m ε (t)). (5) Quelle est la limite lorsque ε 0 de x ε?

Convergence en loi Loi du processus (x ε (t), m ε (t)) : générateur L ε ϕ(x, n) = 1 ε G(x, n) xϕ(x, n) + 1 ε 2 Mϕ(x, n), ϕ C 2 b (R2 ), où M est le générateur du semi-groupe associé à m. Si ϕ Cb 2 (R), on a t Eϕ(x ε (t)) = ϕ(x 0 ) + EL ε ϕ(x ε (s), m ε (s))ds. 0 Il faut déterminer le comportement de L ε ϕ lorsque ε 0.

Méthode de la fonction-test perturbée Chercher des correcteurs ϕ 1, ϕ 2 C 2 b (R2 ) tels que, pour la fonction test corrigée on ait où L est le générateur limite. ϕ ε := ϕ + εϕ 1 + ε 2 ϕ 2, L ε ϕ ε (x, n) = Lϕ(x) + O(ε)

Equations de correction Les équations de correction sont Mϕ(x) = 0, (6) G(x, n) x ϕ(x) + Mϕ 1 (x, n) = 0, (7) G(x, n) x ϕ 1 (x) + Mϕ 2 (x, n) = Lϕ(x). (8) La première équation est automatiquement vérifiée car ϕ ne dépend pas de n. Pour résoudre la deuxième équation, il faut savoir résoudre l équation de Poisson associée à M.

Equation de Poisson Pour une assez grande classe de fonctions ψ telles que ψ, ν = 0, l équation Mθ = ψ, ψ C b (R) a une solution θ C b (E), unique sous la condition θ, ν = 0, donnée par θ(n) = M 1 ψ(n) := 0 P t ψ(n)dt. Ici ν est la mesure invariante (loi de m(t)), P t le semi-groupe associé à m(t).

Equations de correction Les équations de correction sont G(x, n) x ϕ(x) + Mϕ 1 (x, n) = 0, (9) G(x, n) x ϕ 1 (x) + Mϕ 2 (x, n) = Lϕ(x). (10) On obtient ϕ 1 = M 1 G x ϕ et Lϕ(x) = G(x, n) x (M 1 G(x, n) x ϕ(x))dν(n). E

Exemples 1 et 2 Ici G(x, n) = xn, Lϕ(x) = nm 1 ndν(n)x x (x x ϕ(x)) E = 1 2 Qx x(x x ϕ(x)), Q := 2E 0 m(0)m(t)dt. On vérifie qu on retrouve Q = α 2 et Q = λ 1 respectivement dans dx = x Q 1/2 dβ.

Limite ε 0 Théorème Soit f ε 0 L2 x,v et ρ 0 := V f 0 dµ. Sous les hypothèses sur la vitesse a ci-dessus et les hypothèses sur m ε ci-dessous, on a : pour tout η > 0, la densité ρ ε := V f ε dµ converge en loi dans C([0, T ]; H η ) vers la solution ρ de l équation dρ = div(k ρ)dt + ρ Q 1/2 dw (t), in R + t T d, avec donnée initiale ρ 0, où W est un processus de Wiener cylindrique sur L 2 (T d ), Q un opérateur positif à trace sur L 2 (T d ) déterminé par le processus m.

Coefficient Q dans l EDPS limite C est l opérateur intégral Qf (x) = k(x, y)f (y)dy, f L 2 (T d ), T d où k(x, y) := E m(0)(y)m(t)(x)dt, x, y T d. R

Merci