République du Bénin RENCONTRE DE HAUT NIVEAU SUR L EAU ET L ASSAINISSEMENT POUR TOUS DECLARATION DES MINISTRES BENINOIS EN CHARGE DE L EAU ET DE L ASSAINISSEMENT A WASHINGTON DC LE 10 AVRIL 2014 Avril 2014 Présentée par : Dorothée Akoko KINDE-GAZARD, Ministre de la Santé Barthélémy KASSA, Ministre en charge de l'eau Jonas A. GBIAN, Ministre de l'economie et des Finances
Préambule Les Ministres béninois en charge de l eau et de l assainissement associés au Ministre de l Economie et des Finances réaffirment l intérêt du gouvernement du Bénin pour les questions d'eau et d assainissement dans la réduction de la pauvreté. Tous les documents, politiques et stratégies de développement expriment le souci de l accès aux services essentiels pour tous, notamment les plus défavorisés. Ainsi le Bénin a adopté les grandes conventions et déclarations visant à réduire l extrême pauvreté dans le monde : OMD, Déclaration de Paris, Déclaration de e'thekwini, Déclaration de la Réunion de Haut Niveau de Washington 2012. 1- Principaux indicateurs sectoriels Eau : Dans les 5 dernières années, le Bénin a fait des progrès rapides qui ont permis d améliorer l accès aux sources d eau potable améliorées et à leur utilisation. Selon le Programme conjoint de suivi de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement (JMP), le Bénin a atteint son Objectif du Millénaire pour le Développement pour l eau potable en 2010 et plus de 78,4% de l ensemble de la population a, à présent, accès à une source d eau améliorée. Assainissement et Hygiène : Dans le même temps, dans ce sous secteur, peu de progrès ont été réalisés avec seulement 14% de la population ayant accès à des installations sanitaires améliorées ; 54% de la population qui pratiquent toujours la défécation à l air libre et moins de 30 % de la population se lavent les mains avec du savon ou des cendres. Disparités : On observe une grande disparité entre les zones rurales et les zones urbaines, tant au niveau départemental que communal. En effet, selon les données de l'eds (2012), 77,3% des ménages en zone rurale pratiquent la défécation à l'air libre contre 25,0% en milieu urbain. Ainsi, par exemple, le département du Littoral (Cotonou) enregistre la plus faible proportion de ménages ne disposant pas de latrine ou toilette (9,4%), alors que les taux les plus élevés sont observés dans les départements de l Atacora (92,2%), de l Alibori (92,1%) et des Collines (87,8%). Même en ce qui concerne l eau potable, où de nombreux progrès ont été réalisés, un écart sensible persiste en termes d'accès entre les zones urbaines (avec 86,4%) et les zones rurales (avec 72,1%). En outre, en milieu urbain, les inégalités entre les
quartiers urbanisés et les zones d'habitat spontané sont criantes. En conséquence, dans ces dernières zones, on note une prolifération des systèmes d'approvisionnement en eau à l'initiative de privés qui ne respectent aucune norme et délivrent de l'eau non potable. Impact sur la santé, l économie, la pauvreté et les autres secteurs : l OMS estime que le Bénin perd chaque année plus de 100 millions de dollars US (l équivalent de 1% du PIB), à cause de son mauvais système d assainissement. L Enquête Démographique et de Santé (EDS 2012) montre que la mortalité et la morbidité infantiles sont à leur niveau le plus élevé dans les régions où les taux de défécation à l air libre sont les plus importants (Alibori, Zou, Couffo, Atacora, Collines). 2- Vision à long terme et priorités pour 2016 Vision à long terme : le Bénin est déterminé à parvenir à l accès universel à l eau et à mettre fin à la pratique de défécation à l'air libre d'ici 2025. De façon stratégique, le Bénin a pour objectif de réduire de 77% (2013) à 47% (2017) le taux de défécation à l air libre en milieu rural et d'offrir un ensemble minimum de prestations WASH à 100% de la population d ici 2025. Le Bénin fera d une priorité la prestation de services de base en termes d'accès à l'eau et à l'assainissement dans les communes rurales les plus pauvres possédant les taux de malnutrition les plus élevés ainsi que dans les habitations informelles dans les quartiers urbains et péri urbains. Priorités entre 2014 et 2016 : Concernant l'accès à l'hygiène et l'assainissement des ménages, entre 2014 et 2016, le Bénin portera ses efforts sur un renforcement des capacités dans le but de réduire de façon notable la défécation à l'air libre et favoriser la prestation de services intégrés à bas coût dans les milieux déshérités. Il concentrera ses efforts sur la création de ressources financières, institutionnelles et humaines pour intensifier les programmes d assainissement dans les communautés des communes les plus défavorisées. Concernant l'accès à l'eau potable, le Bénin compte élaborer une nouvelle stratégie nationale d'approvisionnement en eau potable qui permettra de revisiter le concept d'équivalent point d'eau, de redéfinir de nouvelles normes et de nouvelles cibles en
matière d'aep dans le but rendre le service de l'eau potable davantage plus accessible aux populations. Les moyens de contrôler la qualité de l'eau et d'agir sur la préservation de cette qualité seront mis au cœur d'une stratégie intersectorielle autonome et durable. Conformité avec les priorités nationales : le renforcement des capacités des administrations locales, du secteur privé et la délégation des pouvoirs aux services déconcentrés sont conformes aux priorités nationales de décentralisation, de déconcentration et d'amélioration du Partenariat Public Privé. 3- Principaux goulots d étranglement Le Gouvernement du Bénin a travaillé en synergie avec les parties prenantes pour identifier les principaux goulots d étranglement du secteur WASH et de l assainissement en particulier. Cet exercice s'est fait par deux fois en 2012, au cours de l évaluation mondiale annuelle de l'assainissement et de l'eau potable (GLAAS) et de l'élaboration du Cadre d'accélération des OMD (MAF). Il est basé sur des procédures utilisant les méthodes d analyse des goulots d étranglement. Au niveau national, les goulots d étranglement principaux pour l assainissement identifiés sont : l insuffisance de ressources financières du Budget National affectées à l'hygiène et à l assainissement en général, et en particulier à l assainissement en milieu rural et un manque de coordination entre les différentes institutions responsables et les divers intervenants du sous-secteur. Dans les communes rurales les plus pauvres, définies comme prioritaires, les principaux goulots d étranglement sont : l'insuffisance en personnel qualifié et spécialisé ; ainsi que l'insuffisance de capacités financières publiques pour les administrations locales auxquelles ont été transférées les responsabilités de maître d'ouvrage du sous-secteur. De plus, les zones péri urbaines ont été oubliées par les programmes d'hygiène et d assainissement menés par le Gouvernement et on relève une faible connaissance par le Ministère de la Santé, des stratégies d'intervention qui sont les plus susceptibles de fonctionner auprès des populations pauvres des milieux urbains et péri-urbains. Cependant, des méthodes diverses ont été introduites par les
partenaires pendant les situations d'urgence (épidémies de choléra, inondation). Certaines techniques introduites par le secteur privé (nano-filtration, ultrafiltration et osmose inverse). Toutes ces expériences devront être capitalisées et intégrées dans une stratégie nationale. 4- Résumé des progrès accomplis par rapport aux engagements de la Réunion de haut niveau 2012 Engagements portant sur une meilleure définition des priorités au niveau politique : des progrès concernant les engagements portant sur l augmentation des fonds publics destinés au secteur de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement ont été enregistrés. Cependant, les montants affectés au sous secteur de l'hygiène et de l'assainissement demeurent relativement faibles au regard des besoins à satisfaire. Cet engagement d'augmentation des fonds doit être maintenu en 2014, mais avec un accent particulier sur l'hygiène et l assainissement dont le financement devra être transformé en un financement public à long terme. Engagements portant sur la promotion de l établissement d une base de données factuelles solide : des progrès satisfaisants ont été obtenus pour le recensement des points d eau dans les zones rurales et sur la mise en place d'une base de données en matière d'hygiène et d'assainissement de base (BDI-HAB) prenant en compte les ouvrages institutionnels et publics, les comportements et les paramètres sur la qualité de l'eau de consommation. Les nouveaux engagements dans le domaine de la prise de décisions fondées sur des données factuelles porteront sur l'hygiène et l assainissement notamment dans les zones péri urbaines et sur le fonctionnement réel de la BDI-HAB. Engagements portant sur le renforcement des processus nationaux de planification : quelques améliorations dans la coordination sectorielle sont à signaler mais les réformes institutionnelles et organisationnelles en cours dans le secteur de l'eau de l'hygiène et de l'assainissement doivent être poursuivies, particulièrement pour le sous secteur de l'hygiène et de l assainissement.
5. Engagements 2014-2016 Des engagements pris par le Gouvernement du Bénin pour la période 2014-2016, les plus importants sont : Visibilité de l'hygiène et de l assainissement : le Ministère du Développement, de l'analyse Economique et de la Prospective en collaboration avec le Ministère de la Santé doit œuvrer pour faire figurer l élimination de la défécation en plein air dans la prochaine version du document de Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté 2016-2020. Cette priorité devra être reconduite dans la prochaine version du Plan Triennal de Développement Sanitaire en 2015. Financement public de l'hygiène et l assainissement : pour l assainissement, le Ministre des l'economie et des Finances en collaboration avec le Ministre de la Santé travaillera à la mise en place d ici 2015, d un fonds durable pour l'hygiène et l assainissement. Stratégie avec évaluation des coûts pour éliminer la défécation à l air libre dans les Départements/Communes prioritaires : le Ministère la Santé, le Ministère de l'economie et des Finances et le Ministère du Développement, de l'analyse Economique et de la Prospective définiront d ici 2015 une stratégie d'élimination de la défécation à l air libre dans les communes prioritaires et un plan de financement qui sera intégré dans le Cadres des Dépenses à Moyen Terme et fixera des objectifs spécifiques d investissement pour l année 2015. Décentralisation : le Ministère en charge de la Décentralisation collaborera avec le Ministère de la Santé pour élaborer un plan de développement des capacités à destination des administrations locales d ici 2015 et mettre en œuvre concomitamment la feuille de route d'opérationnalisation des compétences au niveau communal élaborée en 2012 pour l'hygiène et l'assainissement de base. Capacités : le Ministère en charge de la Décentralisation collaborera avec le Ministère de la Santé pour intégrer une formation à la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Promotion de l'hygiène et de l'assainissement de Base à la formation générale des Techniciens Communaux en charge des
questions d'eau et d'assainissement. Le Ministère de la Santé en fera de même pour les Agents de Santé en service dans les Communes. Éléments concrets d information : le Ministère de la Santé commanditera une étude comparative des différentes approches en matière d'hygiène et d assainissement dans les zones péri urbaines et urbaines. Les résultats de cette étude seront exploités pour élaborer une stratégie d'intervention spécifique à ces zones. 6- Validation Le Ministère de l'economie et des Finances, le Ministère en charge de l'eau et le Ministère de la Santé ont validé cette déclaration. Les Services Techniques nationaux de l Education, des Administrations Locales, de la Planification et du Développement ont participé au processus de validation ainsi que les Organisations de la Société Civile.