Les notes de l observatoire des métiers DIRECTION DES RESSOURCES HUMAINES NOVEMBRE 5 MCPI : Métier de chercheur-e, profils et itinéraires Présentation des travaux portant sur la caractérisation professionnelle Louis Bonpunt, Florence Bouyer, Florence Egloff, Caroline Lanciano-Morandat, Marie Noëlle Poger, Michèle Postel, Lise Sibilli CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Louis Bonpunt, Florence Bouyer, Florence Egloff, Caroline Lanciano-Morandat, Marie Noëlle Poger, Michèle Postel, Lise Sibilli. Le groupe MCPI (signataires ci-dessus) tient tout particulièrement à remercier celles et ceux qui ont pris la peine de remplir la grille de caractérisation professionnelle leur permettant ainsi de valider leur méthodologie et d apporter quelques premières données sur les parcours des chercheur-e-s, données encore très préliminaires, mais prometteuses. Le groupe MCPI remercie aussi Nicole Aballéa, Jean-Paul Boisson et Eric Gervasoni de la délégation régionale Côte d Azur qui ont rendu possible cette expérimentation. Le CNRS souhaite acquérir une meilleure connaissance du métier de chercheur-e pour le valoriser auprès de son environnement politique et social et pour améliorer sa gestion de ressources humaines. Une caractérisation précise des activités de ses chercheur-e-s s est avérée nécessaire pour assurer un meilleur suivi des parcours professionnels, adapter les dispositifs de mobilité, ajuster les formations, et ainsi apprécier l ampleur des activités exercées par les personnels de la recherche. Un groupe de travail pluridisciplinaire, MCPI, initié et piloté par l Observatoire des métiers 1, est engagé depuis deux ans dans une étude visant à mieux décrire les activités du métier de chercheur-e à partir de leur représentation de leurs activités. Ce projet n interfère pas avec les modalités et les objectifs propres de l évaluation scientifique. Le groupe MCPI est arrivé à la conclusion que la seule distinction entre activités dites de recherche et activités dites annexes est insuffisante en terme de description de la réalité des différents profils professionnels existants dans les unités CNRS. De la même manière, cette distinction ne permet pas d identifier les différentes «situations-repères» existantes au cours d une carrière individuelle et marquantes pour la trajectoire de chaque individu. L objectif de la démarche proposée d une description détaillée et ordonnée des différentes activités professionnelles composant le métier de chercheur-e, est donc aussi bien de mesurer comment les chercheur-e-s remplissent l ensemble des missions qui sont les leurs, que d identifier le type d activités qu ils ou elles privilégient selon le moment de leur carrière, leur âge, leur discipline, leur sexe Il s agit ainsi de construire des situations-types de recherche à partir des différentes catégories d activités des chercheur-e-s (de la production à la direction scientifique par exemple). 1 L Observatoire des métiers a pour mission, auprès de la DRH, d assurer une veille en terme de caractérisation des métiers de la recherche. Le groupe de travail porteur du projet MCPI est composé de sept personnes dont les membres de l équipe de l observatoire, deux chargés de mission ayant une connaissance approfondie du milieu de la recherche et une sociologue dont les travaux portent sur le marché du travail des scientifiques. Une collaboration a été menée avec le LEST. 1
Méthodologie : A partir de l analyse d une trentaine d entretiens menés auprès de chercheur-e-s et de l étude de rapports d activités, le groupe MCPI a construit un référentiel. Le dispositif d enquête a alors été de demander aux chercheur-e-s de répartir le temps moyen annuel (en %) 2 qu ils consacrent à chacune de ces activités proposées dans le référentiel. Un des choix méthodologiques repose donc sur le postulat que les déclarations des enquêté-e-s sont intéressantes en soi sans avoir été validées par aucune instance (DU, CN, ). Le référentiel d activités : Les activités professionnelles ont été décomposées et classées en trois niveaux d analyse du plus global (niveau 1) au plus détaillé (niveau 3). Cette typologie permet d ordonner une masse d informations à partir de critères simples et harmonisés. Ainsi, le niveau 1 identifie sept activités professionnelles génériques comme étant constitutives du métier de chercheur-e. (Niveau 1) Construction du projet de recherche (Niveau 2) Définir, positionner, stopper un thème/projet de recherche et/ou un champ d'investigation (Niveau 3 : exemples) Effectuer une veille scientifique (bibliographie, documentation, congrès) Formuler des hypothèses de recherche Examiner la faisabilité scientifique (Niveau 2)Elaborer des modes d'approches, des démarches, des protocoles (Niveau 3 : exemples) Concerter les personnes compétentes ou spécialisées, rechercher des partenariats Prévoir et négocier les conditions de mise en œuvre du projet Préparer la collecte de données/ échantillons, enquêtes Réalisation du projet de recherche Réaliser des études théoriques Procéder à des expérimentations/recueillir des données Effectuer des simulations numériques Activités en appui à la conduite des expériences/au recueil des données Exploitation et diffusion des résultats Exploiter, interpréter les résultats Rédiger et diffuser les connaissances scientifiques produites Coordination et évaluation scientifique Animation scientifique Expertise académique Formation par la recherche et enseignement Formation par la recherche Enseignement Se former Interactions avec l environnement Partenariat / valorisation Diffusion de l'information/société Fonctionnement du dispositif de recherche Activités liées à la vie collective de l unité Budget / finances Direction / Management Organisation / administration 2 Il ne s agit en aucune manière du nombre total d heures travaillées par un chercheur-e oul consacrées à telle activité, mais du temps relatif et moyen qu il ou elle lui réserve par rapport aux autres activités qui occupent son temps. 2
Expérimentation Ce dispositif a été expérimenté sur la population des chercheur-e-s rattachés aux unités de la délégation Côte d Azur et visait les personnels CNRS, autres EPST, Universités, thésards et post-doctorants recensés par la délégation. L objectif de cette expérimentation était, d une part de tester la pertinence du référentiel d activités, en terme de contenu et de structuration (pertinence des niveaux de description ) tout en mesurant la faisabilité de l exercice dans le but d étendre l enquête à une population plus importante, et d autre part de commencer à élaborer des typologies de profils professionnels existants. L enquête a été réalisée sous forme de questionnaire informatisé 3 avec récupération automatique des données dans une base informatisée. Elle avait préalablement fait l objet d une communication de la direction de la délégation auprès des directeurs d unités dans le cadre d un séminaire régional et auprès de l ensemble des chercheur-e-s via la lettre de la délégation Côte d Azur. Sur un ensemble de 7 personnes abonnées à cette lettre, 7 questionnaires de ce type ont été renseignés : Fig.2 : Exemple de la page «Construction du projet de recherche» du questionnaire Les résultats : Globalement l activité des chercheur-e-s calculée à partir du temps de travail déclaré par les individus se répartit de la façon suivante : 3 Le questionnaire électronique et la base de recueil de données ont été élaborés par un étudiant en informatique en collaboration avec les deux chargées d études de l Observatoire des métiers 3
Production de connaissances 66.1% Construction du projet 15.3% Réalisation du projet 26.7% Exploitation et diffusion des résultats 15.3% Coordination et évaluation scientifique 8.9% Formation par la recherche et l enseignement, 17.7% Valorisation économique, scientifique et culturelle de 4.6% connaissances Fonctionnement du dispositif de recherche.6% Tableau 1 : Pourcentage du temps passé à une activité (n=7) Quant au premier objectif, l expérimentation montre que le référentiel fonctionne, avec quelques adaptations mineures à apporter. La mesure en pourcentage de temps/année a été jugée pertinente. Enfin, le temps de renseignement, qui demande un investissement en qualité comparable au renseignement du CRAC (compte rendu annuel d activité des chercheurs CNRS) a été évalué à 45 minutes. Les chercheur-e-s ayant rempli ce questionnaire avaient la possibilité de faire part de leurs remarques. Il y a eu quelques remarques sur la complexité de l interrogation, mais surtout des demandes d information sur les procédures de gestion des ressources humaines pour les chercheur-e-s. En ce qui concerne le deuxième objectif, les premiers résultats obtenus sont riches, mais compte tenu de la taille de la population enquêtée, il est pour le moment difficile de mesurer l «effet pur» d une variable : l âge, le statut, la discipline, le sexe... Cependant, certaines caractéristiques de profils d activités de chercheur-e-s sont perceptibles. On citera pour exemple que dans l échantillon enquêté, les chercheurs des EPST consacrent 72,2% de leurs activités à la production de connaissances et,7% à la formation par la recherche et à l enseignement tandis que les enseignants-chercheurs s investissent à 42,1% dans la première activité et à 45,8% dans la seconde. EPST Universités Doc+Postdocs Total (7 réponses) Production de connaissances 72.2 42.1 76.6 66.1 Formation par la recherche et enseignement Valorisation économique,scientifique et culturelle des connaissances Fonctionnement du dispositif de recherche.7 45.8 12.5 17.7 4.8 3.1 7.2 4.6 12.3 9. 3.6.6 Total Tableau.2 : Les activités selon le statut professionnel 4
doct/post-doc CR/M C 8 DR/PU 8 8 Fonctionnement du dispositif de recherche Production des connaissances 8 Formation par la recherche et enseignement Valorisation économique scientifique et culturelle Fig.3 : Les activités selon le niveau hiérarchique Si ce résultat était prévisible au regard des missions des différents statuts, on constate qu à l intérieur du cadre B, c est-à-dire de la population des CR et des MC, les activités sont très différenciées, tandis qu elles le sont moins lorsque ce sont les cadre A (DR et PU) qui sont concernés. Les données correspondantes, rassemblées ci-dessus, montrent que les différences entre métiers diminuent avec la montée en hiérarchie. Quelle suite à cette expérimentation? Cette phase d expérimentation à petite échelle démontre la faisabilité et permet de confirmer la pertinence des choix opérés par le groupe de travail. La direction du CNRS est convaincue de l intérêt de poursuivre l expérimentation à plus grande échelle, probablement à l ensemble d une DIR en l étendant éventuellement aux ingénieur-e-s de recherche. Le groupe MCPI va se doter d un comité de pilotage construit en lien avec la direction scientifique générale du CNRS. Pour les personnes le souhaitant, des données plus détaillées sont disponibles auprès de l Observatoire des métiers ou de Caroline Lanciano-Morandat au Laboratoire d économie et de sociologie du travail (LEST) 5