Revue de la littérature: glomérulonéphrite extramembraneuse. Denis FOUQUE Hôpital Edouard HERRIOT Groupe Rénal Cochrane Lyon

Documents pareils
INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Le dropéridol n est pas un traitement à considérer pour le traitement de la migraine à l urgence

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

Hépatite C, les nouveaux traitements

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

Traitement médical de l incontinence SIFUD PP FMC

Evolution des paramètres de la transplantation rénale depuis 10 ans - Illustration à partir du rapport d activité de DIVAT

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Farzin Beygui Institut de Cardiologie CHU Pitié-Salpêtrière Paris, France. Probability of cardiovascular events. Mortalité CV

Objectifs pédagogiques Lecture critique d article

Donneurs vivants Risques à long terme. Cours de transplantation Univ. Montréal et McGill 5 avril 2013

Cibles Nouveaux ACO AVK. Fondaparinux HBPM HNF. Xarelto. Eliquis Lixiana. Pradaxa PARENTERAL INDIRECT ORAL DIRECT. FT / VIIa.

ALK et cancers broncho-pulmonaires. Laurence Bigay-Gamé Unité d oncologie thoracique Hôpital Larrey, Toulouse

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Ordonnance collective

Faciliter la transition de la guérison à la palliation en favorisant la communication entourant le choix de soins 16 avril e congrès du Réseau

S. Kernéis, T. Ancelle, V. Naneix-Laroche, N. Amrane, JP. Leroy, T. Hanslik, O. Launay

Planification d une substitution rénale: que faut-il savoir?

Les grandes études de télémédecine en France

Méthodologie documentaire spécifique au repérage d actions de terrain

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

Les reins sont foutus

Greffe de moelle osseuse: Guérir ou se soigner?

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

2. Rechercher les études

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

Qu avez-vous appris pendant cet exposé?

Quantification de l AgHBs Pouquoi? Quand?

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

9. Les registres d essais cliniques

Le financement du prélèvement et de la greffe d organes La région Centre face aux défis de la greffe

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

Pharmacovigilance des nouveaux anticoagulants oraux

Atelier santésuisse du Expériences en Grande- Bretagne: Mesure des résultats au niveau du NHS

Cluster I care Rhône Alpes propose une rencontre professionnel / industrie en mode Living Lab

Point d Information. Le PRAC a recommandé que le RCP soit modifié afin d inclure les informations suivantes:

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

Qui et quand opérer. au cours du traitement de l EI?

«Quelle information aux patients en recherche biomédicale? Quels enseignements en retirer pour la pratique quotidienne?»

TRAITEMENT DE L HÉPATITE B

DON ET GREFFE D ORGANES EN TUNISIE. Dr Mylène Ben Hamida Centre National pour la Promotion de la Transplantation d Organes

PRISE EN CHARGE DE L HEPATITE CHRONIQUE C EN 2009

Épidémiologie des maladies interstitielles diffuses

Avis 29 mai XYZALL 5 mg, comprimé B/14 (CIP : ) B/28 (CIP : ) Laboratoire UCB PHARMA SA.

Évaluation du risque cardiovasculaire dans le contexte de l hypertension artérielle et de son traitement

Dr Marie-Pierre CRESTA. Agence de la biomédecine SRA Sud-Est/Océan Indien. Juin 2014

Traitements de l hépatite B

Impact de la publicité sur les professionnels

Evidence-based medicine en français

Virus de l hépatite B

QUELLES SONT LES OPTIONS DU TRAITEMENT DE LA LMC?

Etude MAPT (Multidomain Alzheimer Preventive Trial)

Innovations thérapeutiques en transplantation

LA GROSSESSE APRÈS TRANSPLANTATION RÉNALE. Session 3. Recommandations pour planifier une grossesse. Professeur Maryvonne Hourmant.

Validation clinique des marqueurs prédictifs le point de vue du méthodologiste. Michel Cucherat UMR CNRS Lyon

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

La recherche clinique au cœur du progrès thérapeutique

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Algorithme d utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Communiqué de presse. Direction Communication Externe/Interne Sylvie Nectoux TEL : sylvie.nectoux@boehringeringelheim.

LES CO-INFECTIONS VIH-VHC. EPIDEMIOLOGIE, INTERFERENCES. Patrice CACOUB La Pitié Salpêtrière, Paris

Hépatite C une maladie silencieuse..

La ventilation non invasive aux soins intensifs

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

Transplantation pulmonaire et mucoviscidose. Optimiser la prise en charge médicale

Le sevrage de la trachéotomie

Aspects juridiques de la transplantation hépatique. Pr. Ass. F. Ait boughima Médecin Légiste CHU Ibn Sina, Rabat

Hémorragies cérébrales et nouveaux anticoagulants

L analyse documentaire : Comment faire des recherches, évaluer, synthétiser et présenter les preuves

Effets sur la pression artérielle rielle des traitements non-médicamenteux

Traitement de consolidation dans les cancers de l ovaire

Démarrage du prélèvement d organes et de Tissus sur donneurs décédés au Maroc

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Présenté par Mélanie Dessureault, inf. clin. et Caroline Fortin, AIC radio-oncologie

Les nouveaux anticoagulants dans la Fibrillation atriale en pratique

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

Orthèse Narval O.R.M. L orthèse innovante et confortable dans le traitement du SAOS

Risques et dispositifs médicaux. «Responsabilités encourues» Isabelle Lucas-Baloup. 12, 13 et 14 octobre 2010

Nouveautés dans Asthme & MPOC

L ANGINE. A Epidémiologie :

Anticoagulation chez le sujet âgé cancéreux en traitement. PE Morange Lab.Hématologie Inserm U1062 CHU Timone Marseille

Le case management de transition (CMT) Une illustration de pratique avancée en soins infirmiers

Au Luxembourg, au , 10 personnes attendaient un rein, deux reins provenant de donneurs décédés luxembourgeois ont pu être greffés en 2007.

Dépistage du cancer colorectal :

La recherche clinique de demain ne se fera pas sans les paramédicaux

Evaluation du risque Cardio-vasculaire MOHAMMED TAHMI

Traitement des hépatites virales B et C

Cas clinique Enquête autour d un cas IDR vs IGRA Pr Emmanuel Bergot

Place de l interféron dans le traitement de l hépatite B chez le patient co-infecté VIH

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

Placebo Effet Placebo. Pr Claire Le Jeunne Hôtel Dieu- Médecine Interne et Thérapeutique Faculté de Médecine Paris Descartes

UN MODÈLE DE RÉFLEXION ÉTHIQUE : LES DONNEURS VIVANTS

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Transcription:

Revue de la littérature: glomérulonéphrite extramembraneuse Denis FOUQUE Hôpital Edouard HERRIOT Groupe Rénal Cochrane Lyon

Niveaux de preuve (levels of evidence) Ia: Grands essais randomisés contrôlés Ib: Revues systématiques (méta-analyses) II: Petits essais randomisés contrôlés III: Essais prospectifs contrôlés non randomisés IV: Essais rétrospectifs V: Cas cliniques Comités d experts et conférences de consensus? Sackett, Chest 1989 et Cochrane Handbook

glomérulonéphrite extramembraneuse «L Affaire Ponticelli» NEJM 1984, 1989, 1992, KI 1995, JASN 1998 A:1 g CS IVx3 puis 0,5 mg/kg/j/27 j puis arrêt B: chlorambucil 0,2 mg/kg/j/31 j puis arrêt reprise cycles A-B-A-B pour un total de 6 mois

Ponticelli (suite) patients inclus sans IRC ou modérée (<150 µmol) fonction rénale estimée par S Créat. protéinurie (g/j) C T inclusion 5.3 6.2 24 mois 5 2.3* 10% sortie pour effets secondaires (T)

Ponticelli (suite et fin?) 2ème volet: (NEJM, 1992) CS vs CS + chlorambucil 3ème volet: (JASN, 1998) CS + chlorambucil vs CS + cyclophosphamide...

GEM et Fonction Rénale Ponticelli Kidney Int 1995

GEM et Survie «off dialysis» Ponticelli Kidney Int 1995

GEM et Protéinurie Ponticelli Kidney Int 1995

Histoire naturelle de la GEM: Schieppati (NEJM 1993) 100 patients suivis sans IRC ou modérée (<150 µmol) fonction rénale estimée par S Créat. protéinurie Contrôle inclusion 5 g/j 60 mois 2 g/j plus sévère si âge > 50 ans; 14 pts IRCT à 6 ans. conclusion: ne pas traiter par immunosuppresseurs

Recherche biblio: GEM et méta-analyse 1. Marx. Prognosis of idiopathic membranous nephropathy: a methodologic metaanalysis. Kidney Int. 1997; 51: 873-879. 2. Hogan. A review of therapeutic studies of idiopathic membranous glomerulopathy. Am J Kidney Dis. 1995; 25: 862-875. 3. Imperiale. Are cytotoxic agents beneficial in idiopathic membranous nephropathy? A meta-analysis of the controlled trials. J Am Soc Nephrol. 1995; 5: 1553-1558. 4. Hebert. Therapy of membranous nephropathy: what to do after the after (meta) analyses. J Am Soc Nephrol. 1995; 5: 1543-1545. 5. Couchoud. Treatment of membranous nephropathy: a meta-analysis. Nephrol Dial Transplant. 1994; 9: 469-470. 6. Juillard L, Fouque D. Traitement des glomérulonéphrites extramembraneuses. Presse Med, 2000;29:924-929.

glomérulonéphrite extramembraneuse: méta-analyses Couchoud (NDT 1994) Imperiale (JASN 1995) Hogan (AJKD 1995) 1. Mortalité 2. IRC terminale 3. Protéinurie: a) correction complète b) correction partielle 4. Créatininémie (fonction rénale)

Nombre de patients à traiter calculé d après la différence absolue du nombre d évènements dans le groupe traité par rapport au groupe contrôle: NNT = 1/D abs (NNT: number needed to treat)

Résultats des Méta-analyses: Amélioration des critères Imperiale (JASN 1995): Rémission complète: Rémission: Mort rénale 4.6 x avec IS 2.3 x avec IS NS Hogan (AJKD 1995): Rémission complète: Rémission: Mort rénale 4.8 x avec IS NS avec stéroides seuls NS

Nombre de patients à traiter Imperiale (JASN 1995): IS vs CS Rémission complète: risque absolu 0.27 (IS) vs 0.08 (contrôle) NNT = 1/0.21 = 5 patients Rémission complète ou partielle: 0.62 (IS) vs 0.28 (contrôle) NNT = 1/0.34 = 3 patients

Cattran KI 1995 GEM et ciclosporine pts avec une GEM évolutive sur 12 mois (190 µmol et protéinurie > 10 g/j) pas de stéroides auparavant randomisation: CsA (3,5 mg/kg/j, n=9) vs placébo (n=8) pendant 1 an pente de Clairance Créat améliorée sous CsA protéinurie (g/j) C T inclusion 12.8 11.5 12 mois 13.5 7*

GEM et ciclosporine (Cattran Kidney Int 2001) GEM résistantes aux CS 18 mois de CsA, 3,5 mg/kg/j CR: complete remission PR: partial remission NR: no remission R: relapse

GEM et nouveaux IS Mycophénolate mofétil (Cellcept R) Large expérience en transplantation Bonne tolérance, 1 à 2 g/j Etude de Choi (Johns Hopkins): pilote, 17 pts dose de 0,5 à 3 g/j Attendre les Essais Cliniques Randomisés!!! Choi et al, Kidney Int 2002

Conclusion Les immunosuppresseurs: réduisent la protéinurie induisent plus souvent des rémissions complètes (+) ou partielles (++) qu un placebo ou stéroides seuls entrainent des effets secondaires certains (15%) Les GEM évoluent lentement avec 70 à 80 % de stabilisation ou guérison spontanée 1. Savoir dépister, suivre et traiter les GEM «à risque» 2. Attendre 6 à 12 mois 3. IEC - AAII