Résumé en français de l étude sur la situation de la classe moyenne en Suisse (Traduction et résumé de l étude réalisée en 2010) Sur mandat d Employés Suisse Traduction de Virginie Jaquet, Employés Suisse Le texte allemand fait foi
Table des matières Table des matières... 2 Principales définitions de l étude... 3 Principaux résultats... 4 L évolution des revenus... 4 L inégalité de revenu... 5 La mobilité de revenu... 6 Les différences régionales de revenu... 6
De 1970 à 2010, la part des recettes fiscales et des cotisations aux assurances sociales par rapport au produit intérieur brut, c'est-à-dire la quote-part fiscale, a sensiblement crû. Par contre, les revenus réels n ont pas augmenté. Une étude réalisée en 2005 sur mandat d Employés Suisse avait permis de constater qu après déduction des taxes obligatoires (impôts, cotisations aux assurances sociales) et des dépenses régulières (loyer, intérêt hypothécaire, primes aux assurances privées), les ménages suisses de la classe moyenne n avaient pas plus d argent à disposition pour leur consommation et leurs loisirs en 2001 qu en 1990. Depuis 2000, la quote-part fiscale est restée stable et les revenus réels ont de nouveau sensiblement augmenté de 0.7 % par année. Comment se répercute cette évolution sur la classe moyenne? en 2010, Employés Suisse a souhaité réaliser une actualisation de l étude réalisée en 2005. La mise à jour couvre la période 2005-2008 et les données nécessaires pour la réaliser ont été mises à disposition par l Office fédéral de la statistique. Le but de l étude est de répondre aux questions suivantes : Comment a évolué la classe moyenne ces dernières années et comment se profile son avenir? Est-ce que le revenu moyen a plus fortement augmenté que les bas revenus et les revenus élevés ou le contraire? Une charge de plus en plus importante sur la classe moyenne due aux impôts et taxes peut-elle être constatée? Que reste-t-il après déduction des impôts, des cotisations aux assurances sociales et des coûts fixes (primes d assurance maladie, loyer)? Dispose-t-on du même revenu avant et après déduction? Combien de personnes sont entrées et sorties de la classe moyenne? Dans la classe moyenne, les personnes ont-elles plutôt gravi les échelons ou le contraire? Comment se différencie la situation de la classe entre les régions de Suisse? Principales définitions de l étude L analyse menée dans l étude différencie trois types de revenu : Le revenu brut du ménage est calculé en prenant en compte le salaire brut (avant les déductions sociales), les revenus provenant d une activité indépendante, les revenus issus de transferts tels que les rentes et les pensions alimentaires, les intérêts, les prestations en nature de l employeur, les cadeaux, les produits issus de son propre jardin, les remboursements, etc. Le revenu disponible se calcule sur la base du revenu brut duquel les déductions obligatoires sont soustraites telles que les contributions aux assurances sociales (AVS/AI, prévoyance professionnelle, etc.), les impôts, les primes de l assurance maladie de base, les transferts réguliers de prestations à un autre ménage (pension alimentaire) ou l impôt foncier. Le revenu disponible correspond seulement à environ 70 % du revenu brut Le revenu disponible à court terme d un ménage correspond au revenu disponible duquel sont soustraites les dépenses contraignantes régulières du ménage à long terme par exemple les dépenses liées à l habitat et les cotisations au 3 ème pilier. Le revenu disponible à court terme correspond à environ 54% du revenu brut.
Principaux résultats L évolution des revenus Dans la présente étude, la classe moyenne représente le 60% intermédiaire des ménages. Plus précisément, la classe moyenne désigne les ménages se situant en dessus du 20% des ménages les plus pauvres et en dessous du 20% des ménages les plus riches. Elle représente donc toujours 60% de la population. Un ménage d une personne de la classe moyenne a un revenu annuel entre 49'000 francs et 116'000 francs. Un ménage de deux adultes et deux enfants a un revenu entre 103'000 francs et 244'000 francs. Le revenu d équivalence est utilisé pour faire des comparaisons entres les différents types de ménages. En effet, pour un même revenu, une personne seule aura un niveau de vie plus élevé qu un ménage composé de deux adultes et deux enfants qui doit supporter des coûts plus importants. En 2008, les ménages ayant un bas revenu (1 er quintile) disposaient d une part de 9.8% du revenu brut total, 9.5% du revenu d équivalence disponible et 7.2 % du revenu d équivalence disponible à court terme. La classe moyenne inférieure (2 ème quintile) disposait pour les trois catégories de revenus, respectivement d une part de 14 %, 14.3 % et 13.3%. La classe moyenne intermédiaire (3 ème quintile) avait une part presque équivalente des trois catégories de revenu, soit environ 18 %. La part du revenu brut touchée par la classe moyenne supérieure était de 23.1 %, celle du revenu d équivalence disponible de 23.3 % et celle du revenu d équivalence disponible à court terme de 24.1 %. Quant aux ménages avec un revenu élevé, ils disposaient en 2008 de 35.2% du revenu brut, de 34.7% du revenu d équivalence disponible et de 37.2 % du revenu d équivalence disponible à court terme. Le tableau ci-dessous permet de voir les différentes parts de revenu à disposition de chaque classe de revenu de 2006 à 2008. Tableau 1 : Parts de revenus par catégorie de revenu et classe de revenus Classe de revenu Revenu brut d équivalence Revenu d équivalence disponible Revenu d équivalence disponible à court terme 2006 2007 2008 2006 2007 2008 2006 2007 2008 Ménage à bas revenu 9.9% 9.5% 9.8% 9.6% 9.2% 9.5% 7.5% 7.0% 7.2% Classe moyenne inférieure 14.2% 14.1% 14.0% 14.5% 14.3% 14.3% 13.7% 13.4% 13.3% Classe moyenne intermédiaire 18.1% 18.0% 18.0% 18.4% 18.3% 18.2% 18.2% 18.1% 18.1% Classe moyenne supérieure 23.1% 23.0% 23.1% 23.4% 23.3% 23.3% 23.8% 24.2% 24.1% Ménage à revenu élevé 34.7% 35.5% 35.2% 34.1% 34.8% 34.7% 36.9% 37.3% 37.2% Sources : HABE (2006 à 2008) 1, propre présentation L évolution de la part du revenu d équivalence disponible pour chaque classe de revenu (1 er - 5 ème quintile) de 2000 à 2008 a aussi été analysée. Il faut cependant noter que l évolution doit être observée en deux périodes distinctes, 2000-2005 et 2006-2008, car la base de données utilisée pour les deux périodes n est pas identique. Pour les ménages avec un bas revenu, la part varie de 9.6% a 10 % entre 2000 et 2005 et de 9.2% à 9.6% entre 2006 et 2008. Cette part ne varie pas de façon marquée pour la classe moyenne inférieure. Elle est au minimum de 14.3 % et 14.7 % au maximum. Pour les ménages de la classe moyenne intermédiaire, la part du revenu d équivalence disponible se situe entre 18 % et 18.5 % pour 1 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/infothek/erhebungen quellen/blank/blank/habe/01.html, état au
la même période. Quant à la classe moyenne supérieure, sa part de revenu d équivalence disponible varie aussi faiblement. Elle est au minimum de 23 % et au maximum de 23.4 %. Les ménages de la classe moyenne supérieure voient peu évoluer leur part de revenu d équivalence disponible surtout depuis 2006. La seule classe de revenu connaissant une variation de la part de revenu d équivalence disponible importante est celle des revenus élevés. En effet, sa part de revenu d équivalence disponible passe de 35 % à 33.7% entre 2000 et 2008. Cependant, sur l ensemble des classes de revenu, une faible variation de la part à disposition de revenu d équivalence disponible peut être constatée, surtout entre 2001 et 2005, période durant laquelle aucune variation importante n apparaît. L inégalité de revenu Pour calculer l inégalité de revenu, le coefficient de Gini, qui mesure l inégalité de distribution des revenus, a été utilisé. Plus la valeur du coefficient approche de 1 plus l inégalité est importante et plus elle s approche de 0, moins l inégalité est marquée. Comme pour l évolution de revenu, deux périodes doivent être distinguées 2000-2005 et 2006-2008 (cf. Graphique 1). Durant la première période, le coefficient de Gini varie de 0.276 au plus haut niveau à 0.259 au plus bas niveau. Entre 2006 et 2008, l inégalité de revenu s accroît. Cela s explique entre autres par le fait que les revenus élevés ont vu augmenter leur part de revenu d équivalence disponible, tandis que la classe moyenne inférieure et la classe moyenne intermédiaire ont vu diminuer leur part. L inégalité de revenu mesurée avec le coefficient Gini augmente entre 2006 et 2008 pour les trois niveaux de revenus. La différence de revenu la plus importante entre les ménages est observée au niveau du revenu disponible à court terme (Coefficient de Gini 0.33). Le fait que la classe moyenne soit devenue plus petite ces dernières années pourrait l expliquer, mais cela ne peut malheureusement pas être confirmé avec certitude. Des études allemandes ont néanmoins fait le même constat. De plus, ces études ont montré que la classe moyenne gagnait relativement moins qu il y a 10 ans. Le graphique suivant illustre l évolution de l inégalité de revenu de 2000 à 2008 : Graphique 1 : Inégalité de revenu de 2000 à 2008 (Coefficient de Gini) Coefficient de Gini 0.34 0.32 0.3 0.28 0.26 0.24 0.22 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Remarques : Le coefficient de Gini est calculé sur la base des données en décile. Sources : EVE (2000 à 2005) 2, HABE (2006 à 2008) 3, propre présentation Pour conclure, la comparaison de l évolution des parts de revenu entre 2006 et 2008 montre que les ménages ayant un revenu élevé (5 ème quintile) ont pu légèrement augmenter leur 2 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/infothek/erhebungen quellen/blank/blank/lb_eve/01.htm, état au 3 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/infothek/erhebungen quellen/blank/blank/habe/01.html, état au
part du revenu total. Cette hausse s est faite aux dépens des ménages à bas revenu et de la classe moyenne. Les ménages de la classe moyenne inférieure et intermédiaire (2 ème et 3 ème quintile) perdent, entre 2006 et 2008, 1% de part de revenu. Dans l analyse de l évolution de l inégalité de revenu, la situation économique est aussi à prendre en considération. La baisse des inégalités en 2009 pourrait s expliquer par la crise économique. La Suisse a connu ne croissance négative cette année-là ce qui pourrait favoriser une baisse des inégalités de revenu. La mobilité de revenu La mobilité de revenu se définit comme le fait de passer d une classe de revenu à une autre. Celle-ci est relativement marquée en Suisse. Malheureusement, les seules données à disposition sur la mobilité de revenu ne sont pas actuelles. Les données les plus récentes datent des années 90. Environ un ménage sur dix durant les années 90 a été relégué de la classe moyenne à la classe des bas revenus au cours d une année, tandis qu environ un ménage sur dix est entré dans la classe moyenne. Presque un ménage sur trois ayant un bas revenu a, en l espace d une année, atteint le niveau de la classe moyenne ou celui des ménages avec un revenu élevé. Ces ascensions ou ces chutes ne sont pas définitives souvent dans les années qui suivent une nouvelle ascension ou une nouvelle chute se produit. Les différences régionales de revenu La situation financière des ménages est analysée en lien avec les variables suivante : le niveau des revenus, le niveau des charges obligatoires et le niveau régional des prix (pouvoir d achat). Ces trois variables varient d une région à une autre de la Suisse. En effet, la charge financière des ménages de la classe moyenne due aux impôts, aux primes d assurance maladie et aux coûts de l habitat peut d une commune à une autre fortement varier. Cette charge est dans les cantons urbains, par exemple Bâle-Ville, plus élevée que dans les cantons suburbains tels que Soleure ou Argovie, ou les cantons ruraux tels qu Obwald ou Nidwald. L étude conclut qu il est plus avantageux de vivre dans un canton dans lequel la charge fiscale sur le revenu est faible et de travailler dans un canton où les salaires sont élevés par exemple d habiter à Schwyz et de travailler à Zurich. Cependant, il ne faut pas oublier les coûts engendrés par le fait d être pendulaire. Ceux-ci ne doivent pas être trop importants. En résumé, les données sur les salaires des grandes régions montrent des différences claires de niveau de salaire et de sources possibles de revenu en Suisse. Le tableau cidessous renseigne sur le revenu brut moyen dans les plus grands cantons suisses et sur la différence par rapport au revenu brut moyen suisse.
Tableau 2 : Revenu brut moyen des ménages dans les plus grands cantons Canton Revenu brut moyen des ménages en francs Différence en % par rapport à la moyenne suisse Argovie 9 690 9% Zurich 9 555 7% Genève 9 277 4% Vaud 8 958 0% Berne 8 624-3% Saint-Gall 8 270-7% Lucerne 8 132-9% Tessin 7 796-13% Suisse 8 916 - Source: HABE (2006 à 2008) 4 4 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/infothek/erhebungen quellen/blank/blank/habe/01.html, état au