Séminaire DESC MIT- 19 avril 2016 «Infection et Gériatrie» Cas clinique #1

Documents pareils
Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

4eme réunion régionale des référents en antibiothérapie des établissements de Haute-Normandie

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Otite Moyenne Aiguë. Origine bactérienne dans 70 % des cas. Première infection bactérienne tous âges confondus

L ANGINE. A Epidémiologie :

Les Infections Associées aux Soins

VACCINS ANTIPNEUMOCOCCIQUES

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

Définition de l Infectiologie

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

La stratégie de maîtrise des BHRe est-elle coût-efficace? Gabriel Birgand

PSDP et usage des pénicillines - ESAC

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

MODULE D EXERCICE PROFESSIONNEL NOTION MÉDICO-ÉCONOMIQUE DES DE RADIOLOGIE ET IMAGERIE MÉDICALE. Dr F Lefèvre (1-2), Pr M Claudon (2)

S. Kernéis, T. Ancelle, V. Naneix-Laroche, N. Amrane, JP. Leroy, T. Hanslik, O. Launay

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

Docteur, j ai pris froid!

Vivre en santé après le traitement pour un cancer pédiatrique

Rôle de l ARCl. V Grimaud - UE recherche clinique - 18 mars Définitions

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

CONCOURS DE L INTERNAT EN PHARMACIE

Urgent- information de sécurité

Prévenir... par la vaccination

Prise en charge de l embolie pulmonaire

prise en charge médicale dans une unité de soins

La ventilation non invasive aux soins intensifs

ANTIBIOTHÉRAPIE PAR VOIE GÉNÉRALE. Infections ORL et respiratoires basses

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

LA VIE APRES VOTRE INFARCTUS

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Charges virales basses sous traitement: définition impact virologique. Laurence Bocket Virologie CHRU de Lille

Ouverture d un pavillon médical : Mesures mises en œuvre pour la mise en eau et suivi bactériologique

Structure des revenus des médecins (hors système forfait)

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Streptocoque B :apports des tests en fin de grossesse, nouvelles propositions.

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

prise en charge paramédicale dans une unité de soins

Profil médico-économique de plerixafor en remobilisation dans le myélome multiple

Cas clinique Enquête autour d un cas IDR vs IGRA Pr Emmanuel Bergot

Infections nosocomiales

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Club Santé. «Vaccination : quelle évolution pour une meilleure prévention?» Dimanche 16 octobre 2005

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

admission aux urgences

MINISTERE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

EVALUATION DE L AUTOSURVEILLANCE DE

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Vaccination contre la grippe saisonnière

QUI PEUT CONTRACTER LA FA?

Traitements de l hépatite B

Existe t il des effets pervers à l identification du portage de BMR?

La télémédecine, complément nécessaire de l exercice médical de demain. Dr Pierre SIMON Président de l Association Nationale de Télémédecine (ANTEL)

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

A C T I V Méningites à pneumocoque de l Enfant en 2007

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

FORMULAIRE DE DECLARATION DU RISQUE PERTE DE PROFESSION INSTRUMENTISTE ARTISTE LYRIQUE LUTHIER

Évaluation de la pertinence d un nouveau vaccin antipneumococcique conjugué au Québec INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

3 ème rencontre autour de la DCP

PLACE DES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS ORAUX CHEZ LE SUJET AGE

Centre Régional de soins Psychiatriques «Les Marronniers» MSP

La gestion des risques en hygiène hospitalière

Hépatite C une maladie silencieuse..

Infection à CMV et allogreffe de cellules souches hématopoïétiques : Expérience du Centre National de Greffe de Moelle Osseuse, Tunis.

Traiter la goutte sans être débordé

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

IMR PEC-5.51 IM V2 19/05/2015. Date d'admission prévue avec le SRR : Date d'admission réelle : INFORMATIONS ADMINISTRATIVES ET SOCIALES

Hépatite C, les nouveaux traitements

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

UN PATIENT QUI REVIENT DE LOIN. Abdelmalek AZZOUZ GRCI 29/11/2012 Service de Cardiologie A2 CHU Mustapha. Alger Centre. Algérie

Tests de détection de l interféron γ et dépistage des infections tuberculeuses chez les personnels de santé

Evaluation du risque Cardio-vasculaire MOHAMMED TAHMI

Professeur Diane GODIN-RIBUOT

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

o Non o Non o Oui o Non

Transcription:

Séminaire DESC MIT- 19 avril 2016 «Infection et Gériatrie» Cas clinique #1 Dr Sébastien Gallien Service d immunologie et maladies infectieuses Hôpital Henri Mondor, Créteil

Conflits d intérêt J ai, ou ai eu durant les trois dernières années, une affiliation, des intérêts financiers (rémunération/ bourse/ honoraires) ou intérêts autres avec un organisme industriel ou commercial de type : Bourse/ Honoraires Orateur/ Consultant Invitation à des Congrès Avec les sociétés : Gilead, Astellas, Janssen

Correction/discussion

Vous êtes sollicité pour un avis auprès de Me X.X. âgée de 81 ans, qui vit à domicile Antécédents : Insuffisance cardiaque traitée par bisoprolol et furosémide Troubles cognitifs modérés : MMS = 24/30 Contexte : hiver, épidémie grippale Clinique : toux, fièvre à 39 C, altération de l état général depuis 48 heures Examen clinique: TA : 130/80 mmhg ; Pouls = 80/min ; FR = 20/min au lit; SaO2 94% Ronchi et sibilants diffus, crépitants à droite Examens complémentaires Na = 135 mmol/l ; K= 3,5 mmol/l ; protides = 70 g/l ; AST = 20 ; ALT = 24 ; urée = 12 mmol/l ; créatinine = 75 μmol/l CRP = 50 mg/l ; GB = 20 000/mm3 Bandelette urinaire négative

Q1. Quelle est votre prise en charge immédiate (sans le traitement antiinfectieux )?

Q1. Prise en charge immédiate Hospitalisation (isolement respiratoire) Mise en condition Oxygénothérapie, VVP Radiographie thoracique Recherche microbiologique: ECBC, PCR virale (aspiration nasopharyngée)

Hospitalisation (isolement respiratoire) 1 critère = évaluation à l hôpital

Q2. Ranger par ordre de fréquence les agents pathogènes suivants responsables de pneumopathies communautaires chez les sujets âgés Grippe Legionella pneumophilia Mycoplasma pneumoniae VRS Pneumocoque

Q2. Fréquence des agents pathogènes à l origine des pneumopathies communautaires chez les sujets âgés 1. Grippe 2. Pneumocoque 3. VRS 4. Mycoplasma pneumoniae 5. Legionella pneumophilia Fréquence

Cohorte observationnelle de PAC chez les adultes (n=2320) 97% avec prélèvements microbiologiques Incidence pneumonie 24,8 cas/an/10 4 sujets (23.5-26.1): avec l âge Groupe d âge (annés) Incidence annuelle des pneumonies (IC 95%) nb cas /10 000 adultes 18 49 6,7 (6,1 7,3) 50 64 26,3 (24,1 28,7) 65 79 63 (56,4 70,3) 80 164,3 (141,9 189,3)

Q3. La PCR grippe est positive. Quel traitement anti-infectieux proposez-vous?

Q3. Traitement anti-infectieux proposé Amoxicilline + acide clavulanique 3g/j pendant 7 jours Oseltamivir 150 mg/j pendant 5 jours

Q4. Ranger par ordre de fréquence les bactéries suivantes à l origine de coinfections de grippes chez les sujets âgés Pneumocoque Staphylocoque doré Haemophilus influenzae Klebsiella pneumoniae Streptocoques

Q4. Fréquence les bactéries à l origine des co-infections de grippes chez les sujets âgés 1. Staphylocoque doré 2. Pneumocoque 3. Streptocoques 4. Haemophilus influenzae 5. Klebsiella pneumoniae Fréquence

Cohorte 4765 adultes hospitalisés avec grippe documentée Pneumonie (29%) âge 75 ans (OR 1.27 ([1.10 1.46], EPAHD (OR 1.37 [1.14 1.66]), bronchopneumopathie chronique (OR 1.37 [1.18 1.59]), immunodépression (OR 1.45 [1.19 1.78] Mortalité X6

Q5. Quelles sont les complications possibles chez cette patiente?

Q5. Complications de la grippe chez les sujets âgés Excès de morbi-mortalité avec l âge Décompensation +++ Cardiovasculaire Respiratoire

Cohorte observationnelle des syndromes grippaux en EPADH français 2004/2005-6989 résidents suivis, 93% vaccinés (vs. 1/3 soignants), 64% exposés - 24% d hospitalisations supplémentaires si exposition à grippe, - 367 décès: 36% supplémentaires si exposition à grippe - Causes: infectieuse x2,5, respiratoire x2,72, décompensation pathologie chronique x1,48

Q6. Quelles seraient les mesures supplémentaires à prendre si Me XX était résidente dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes?

Q6. Mesures à prendre en cas de grippe documentée chez résident d EPHAD Documenter une éventuelle épidémie = grippe confirmée microbiologiquement chez 3 cas groupés 48h Traitement des résidents infectés pas de documentation microbiologique si épidémie confirmée symptomatique, antiviral +- antibiotiques (surinfection) /! \ comorbidités Limiter la diffusion de l épidémie Isolement des résidents infectés Prévention de la contamination chez les non-atteints (vaccination, chimioprophylaxie, retarder les admissions si épidémie active) Prévention de la contamination chez le personnel Déclaration à l ARS ( 5 cas en 4j)

Q7. Quelles mesures parmi les suivantes ont montré leur efficacité dans la prévention des infections respiratoires chez les sujets âgés? A. Zanamivir en prophylaxie primaire hivernale B. Vaccination antigrippale personnelle C. Vaccination antigrippale des soignants D. Vaccination anti-pneumocoque personnelle E. Vaccination anti-pneumocoque des enfants <15 ans

Q7. Mesures efficaces dans la prévention des infections respiratoires chez les sujets âgés A. Zanamivir en prophylaxie primaire hivernale B. Vaccination personnelle antigrippale C. Vaccination des soignants antigrippale D. Vaccination personnelle anti-pneumocoque E. Vaccination des enfants <15 ans antipneumocoque

taux vaccination antigrippale Vaccination anti-grippale des soignants 51% 5% 48% 33% Effets de la vaccination des soignants sur la mortalité chez les patients Carman Lancet 2000 355-93

Maisons de retraite où campagne de vaccination du personnel vs. celles sans intervention, significative dans la période d'activité grippale 2003/2004 : 5% de la mortalité globale 9% des syndromes grippaux 7% de consultation en MG 2% des hospitalisations pour syndrome grippal Aucune différence significative constatée dans la période d'activité grippale 2004-2005 (taux bas) ou pendant les périodes sans circulation grippale Hayward BMJ 2006 333:1241

Vaccination anti-pneumocoque Des enfants (Whitney NEJM 2003 348-1737): incidence des infections documentées à pneumocoque après vaccination (1999/2000) Des adultes > 65 ans (Bonten NEJM 2015 372-1114) PAC (Hc+) à sérotypes vaccinaux PAC (Hc-) à sérotypes vaccinaux Autres infections invasives à S.p. de sérotypes vaccinaux

Q8. Quelle efficacité attendez-vous de la vaccination antigrippale chez cette patiente?

Q8. Efficacité de la vaccination antigrippale chez le sujet âgé mortalité par grippe et/ou pneumopathie

Efficacité de la vaccination antigrippale chez le sujet âgé hospitalisation par grippe et/ou pneumopathie

efficacité de la vaccination chez le sujet âgé Yao Vaccine 2011 29-5015 Talbot Infect Control Hosp Epidemiol 2010 31-683

Questions

Conférence: Particularités sémiologiques des infections chez le sujet âgé Dr Hélène VALLET Service de Gériatrie, CHU Pitié-Salpétrière Conférence: Immunosénescence (susceptibilité aux infections, efficacité des vaccinations) - Pr Gaétan Gavazzi, Service de Gériatrie CHU Grenoble