L AFPA à l heure de l investissement sur l expérience des seniors



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Transcription:

L AFPA à l heure de l investissement sur l expérience des seniors Édito Les mesures «retraite» et «emploi des seniors» prévues par le PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) de 2009 sont en discussion auprès du gouvernement et des partenaires sociaux depuis le 22 septembre 2008. Elles portent sur la suppression totale de la mise à la retraite d office dans le secteur privé (sauf dérogation), à partir du 1 er janvier 2010, sur l instauration, à la même date, d une pénalité financière (1 % des salaires) en faveur de l emploi des seniors et sur l obligation pour les branches et les entreprises de 300 salariés et plus, d assortir la négociation triennale sur la mise en place d un dispositif de Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, d une action sur «l emploi des salariés âgés.» Quelle que soit l issue des débats engagés, la tendance en faveur du maintien et du développement des compétences des actifs de plus de 45 ans constatée ces dernières années se confirme. L AFPA s est impliquée, dès 2004, dans l insertion ou le maintien dans l emploi des seniors à travers le programme national «Âge et travail» cofinancé par l État et le Fonds Social Européen. Elle propose aujourd hui une ingénierie et une offre de services adaptées aux actifs de plus de 45 ans et accompagne les entreprises, les branches et les territoires dans leurs politiques «seniors». Les actions fixées par le Plan national d action concerté pour l emploi des seniors 2006-2010 ont été poursuivies. Il s agit de «développer les nouveaux outils de la formation professionnelle à destination des plus de 45 ans et l offre de services du Service Public de l Emploi en matière de qualification professionnelle.» Dans ce cadre, le bilan à mi-carrière a été expérimenté en 2007, principalement auprès des personnes licenciées pour raison économique, à l occasion de plans de sauvegarde de l emploi initiés par l État. Dans le prolongement des Assises nationales et régionales seniors intervenues depuis le printemps 2007, plusieurs opérations ont été initiées sur l ensemble du territoire, en collaboration avec les Services Publics de l Emploi Régionaux. L AFPA y a participé, notamment à travers des diagnostics d employabilité et d accompagnement des actifs de plus de 45 ans, en Provence-Alpes-Côte d Azur ainsi qu à travers des diagnostics territoriaux concernant les demandeurs d emploi en Auvergne, Haute-Normandie, Lorraine, Pays de la Loire, PACA, Midi- Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais. Près de 30 000 actifs de plus de 45 ans sont entrés en formation à l AFPA en 2007, soit 16,6 % du total des entrées, principalement dans les fonctions de services (tertiaires et techniques), dans le commerce, le tourisme, le bâtiment et les travaux publics. Elle est prête à répondre qualitativement et quantitativement, aux prochaines mesures gouvernementales, en mettant son expérience au service des personnes, des entreprises et des territoires. n Pierre Boissier, Directeur général de l afpa n visa compétences n 8 3

Sommaire Magazine édité par l AFPA (Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes) 13, place du Général de Gaulle 93108 Montreuil Cedex Directeur de la publication : Pierre Boissier Rédactrice en chef : Chantal Attané Tél : 01 48 70 50 07 chantal.attane@afpa.fr Chef de rubrique : Danièle Ginisty Tél : 01 48 70 51 77 daniele.ginisty@afpa.fr Rédaction : - Françoise Casenave francoise.casenave@afpa.fr - Philippe Tranchart philippe.tranchart@wanadoo.fr Avec la collaboration du réseau des chargés de communication régionaux de l AFPA. Secrétaire de rédaction : Chantal Malfait Tél : 01 48 70 54 00 chantal.malfait@afpa.fr Directeur artistique : Jean-Christophe Wiart Infographie et Maquette : Edith Tessier - Jocelyne Réali DDE/UAG Impression : AFPA Service Édition Photo de couverture : Phovoir Crédit photo : p.6, 9 et 10, J. Grison - p. 12 Pierre Gleize/ Réa - p.14 - p.16, DR AFPA/F. Marion - 18 et 19, 29, 35 et 36, Thierry Baïze - p.20, Phovoir - p.21 Danièle Ginisty - p.22, 23, Phovoir - p.24 Gilles Gaillard p.25 et 26, Phovoir - p.26 DR AFPA Rhône-Alpes - p.27, Gate Gourmet p.28, et 38, Phovoir - p.31 à 34, Corinne Ohayon/Corinne Zarzavadjian p.37, Jean-Christophe Vincent. Dépôt légal : 035908/02 juin 2006 ISSN : 1952-3637 Toute reproduction, traduction ou adaptation des textes et documents publiés dans cet ouvrage est interdite sauf autorisation écrite du directeur de la publication et ce, conformément aux dispositions de la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d auteur. Glossaire des sigles page 39 4 n visa compétences n 8

Sommaire 6 6 14 15 27 27 31 Emploi-Formation Le point sur l actualité politique et professionnelle du secteur Réforme de la formation professionnelle : «un projet de loi avant la fin de l année» 8 RSA : le projet de loi devant le Parlement 8 Orientation budgétaire : réduction des dépenses de l État pour la «mission Travail et emploi» 8 Fusion ANPE-UNÉDIC : organisation et missions du nouvel opérateur 9 Seniors : «un début de prise de conscience», selon l ANDRH 10 Certification professionnelle : vers une logique de compétences 11 Travailleurs handicapés : la VAE trace sa route Régions Les compétences, levier du développement territorial Région PACA : Au parfum des grandes technologies 16 Jean-Jacques Blanc, directeur régional AFPA PACA : «proximité, réactivité, diversité» 18 EUREST : une formation menée au plus près des besoins du territoire 20 Formation et développement durable : l AFPA PACA s engage 21 À Avignon, maçon s écrit au féminin 22 En direct des régions Entreprises Recruter, former, reconvertir, valider actions exemplaires et portrait LSG Gate Gourmet : reclassement réactif après liquidation 29 Olivier Penard : devenir «l employeur préféré» 30 Brèves Dossier Les matinales de l AFPA 31 Recruter et former autrement 32 AREVA/TRIMATEC : trouver des gens qui ont la patte 33 ADECCO : repérer et gérer les potentiels 34 SADE/Véolia Environnement : panacher les réponses 35 35 Métiers et stratégies Des hommes qui agissent et innovent pour faire évoluer les pratiques La préqualification, gage de réussite future 37 La Maison E : premier chantier-formation de rénovation «Éconologique» 38 Les pages de l innovation l AFPA à l heure des formations de perfectionnement n visa compétences n 8 5

Emploi-formation Réforme de la formation professionnelle «Un projet de loi avant la fin de l année» Une négociation interprofessionnelle, des groupes de travail dédiés à des sujets spécifiques et une concertation entre l État et les régions : un document d orientation gouvernemental précise la méthode et les priorités de la future réforme de la formation professionnelle. «L objectif du gouvernement est de présenter un projet de loi portant réforme de la formation professionnelle avant la fin de l année 2008», indique le document d orientation qui a été adressé aux partenaires sociaux en juillet dernier. Ce texte, qui «détermine les principaux sujets sur lesquels le gouvernement souhaite qu une négociation interprofessionnelle s engage» précise, de façon parfois extrêmement détaillée, «les principales priorités de la réforme à conduire et les points sur lesquels les partenaires sociaux sont appelés à négocier.» Le caractère prioritaire de la réforme de la formation professionnelle y est nettement souligné : «Pour atteindre le plein-emploi d ici à 2012, ( ) il est indispensable de moderniser les outils de notre politique de l emploi pour répondre aux nouveaux défis. Composante essentielle de la modernisation du marché du travail engagée depuis un an, la réforme de notre système de formation professionnelle est donc une priorité pour le gouvernement.» Le document d orientation encadre le contenu de la négociation, en le situant dans la continuité des huit axes de progrès dégagés par le groupe de travail piloté, entre mars et juin, par Pierre Ferracci : «Ces axes doivent permettre de répondre à quatre objectifs, prioritaires pour le gouvernement, de la réforme annoncée de la formation professionnelle.» Les partenaires sociaux ont engagé le 30 septembre une négociation interprofessionnelle sur la base de ces quatre objectifs : «renforcement du lien entre formation et emploi» ; «(bâtir) un système plus juste»; «un système plus efficace» ; «rendre l individu acteur de son parcours professionnel.» Parallèlement à cette négociation, trois groupes de travail multipartites se pencheront sur les sujets spécifiques : l orientation tout au long de la vie ; la qualité de l offre et de l achat de formation ; la validation des acquis de l expérience. Le groupe dédié à la VAE devra «identifier les obstacles au développement de l outil» et faire des propositions en vue «de le simplifier, de favoriser sa lisibilité et son accessibilité, notamment sur le plan financier.» Par ailleurs, «le gouvernement mènera une concertation avec l Association des Régions de France sur les conditions permettant notamment une meilleure coordination des politiques publiques de formation professionnelle au niveau national et régional.» n Philippe Tranchart 6 n visa compétences n 8

Emploi-formation Quatre priorités pour une réforme Renforcer le lien entre emploi et formation «Sécuriser les parcours professionnels» Il s agit de «mieux orienter et cibler l effort de formation vers les primo-entrants sur le marché du travail qui souffrent d un déficit de formation (ainsi que vers) les actifs (salariés ou demandeurs d emploi) qui ont besoin d une mise à niveau de leurs compétences pour poursuivre dans de bonnes conditions leur parcours professionnel ou prendre un nouveau départ.» Le gouvernement ne souhaite pas pour autant la création de dispositifs spécialisés supplémentaires : il demande aux partenaires sociaux de «favoriser une meilleure allocation des moyens existants en fonction de la situation concrète des personnes.» Cette redistribution de ressources, ajoute-t-il, doit aussi «permettre de mieux répondre aux besoins de compétences des entreprises dans les territoires et les différents secteurs.» «Accroître les capacités d anticipation, d analyse et d évaluation de l ensemble du système de formation professionnelle.» Les partenaires sociaux sont invités à «négocier sur les conditions dans lesquelles les observatoires de branches peuvent mieux articuler leurs travaux avec, au niveau national, ceux du Centre d Analyse Stratégique ( ) et, au niveau régional, ceux des Observatoires régionaux de l Emploi et de la Formation.» Rendre plus juste le système de la formation professionnelle Établir les conditions d un «droit à la formation différée» Ce droit s adresserait aux jeunes sortis sans diplôme de l enseignement secondaire, et plus généralement aux salariés sans diplôme. La réponse pourrait prendre la forme d une «accélération du développement des formations en alternance», de «remises à niveau sur les savoirs de base», ou d une «certification des compétences et qualifications via la VAE.» Améliorer l accès à la formation dans les PME et TPE Plusieurs pistes sont suggérées : «développer la négociation d entreprise» ; «développer la mutualisation des fonds de la formation professionnelle au profit des PME/TPE» ; «simplifier les conditions de mise en œuvre juridiques liées à l obligation de dépense et aux lourdeurs administratives qui en découlent.» Renforcer l efficacité du système Améliorer la qualité de l offre de formation «Il est nécessaire de mettre en place un mécanisme indépendant de labellisation de l offre de formation pour donner aux utilisateurs (collectifs ou individuels) des garanties dans le choix des formations, et permettre aux organismes une reconnaissance large de la qualité de leurs formations.» Renforcer le pilotage stratégique et clarifier les compétences respectives des acteurs Envisager l institution d un «débat d orientation annuel sur les priorités des politiques de formation professionnelle au niveau national ( ) entre l État, les régions et les partenaires sociaux.» «Au niveau régional, une meilleure coordination sera également recherchée entre les trois principaux financeurs de la formation que sont l État, les partenaires sociaux et les régions». Il reviendrait au Comité de Coordination régional de l Emploi et de la Formation professionnelle de «définir les orientations stratégiques et les priorités. ( ) Cette définition des orientations et de la programmation se ferait dans le cadre du PRDF. Elle prendrait en compte les problématiques territoriales au niveau des bassins d emploi.» Faire évoluer le métier des OPCA et réformer leur gouvernance «Il s agit d inciter les OPCA à améliorer leur présence au niveau territorial et à développer un service de proximité auprès des entreprises, notamment PME et TPE, en matière d ingénierie de formation.» Cela passe notamment par une réorganisation visant à «renforcer la surface financière (des OPCA), à réaliser des économies d échelle et à améliorer la transparence et la bonne gestion des fonds collectés.» Le document d orientation gouvernemental propose notamment de «relever le seuil de la collecte pour l agrément des OPCA à un montant minimum de 100 M.» Permettre à l individu d être acteur de son parcours professionnel Conforter le CIF et le DIF «Le CIF et le DIF constituent des outils importants de la sécurisation des parcours pour les actifs. Ils contribuent également à la promotion sociale et professionnelle par le renforcement des compétences», souligne le document d orientation. Ils sont néanmoins perfectibles. Pour le DIF, il convient «d améliorer sa portabilité.» Quant au CIF, son développement «doit être poursuivi», grâce à une rationalisation du réseau des organismes collecteurs : «Cela peut passer par la mise en place d un niveau national interprofessionnel de collecte, ce qui conduit à envisager le retrait des agréments des FONGECIF en tant qu organismes collecteurs interprofessionnels au niveau régional, ainsi que la suppression des AGECIF et le retrait de l agrément des OPCA de branche au titre du CIF.» Mieux informer les personnes et les entreprises Outre l évolution du métier des OPCA, le document d orientation suggère de «faciliter l accès à l information pour les salariés et les demandeurs d emploi» ; «simplifier administrativement le recours aux dispositifs de VAE et de formation» ; «associer plus étroitement la personne à la mise en place de son parcours de formation.» n Ph.T visa compétences n 8 n 7

Emploi-formation RSA Le projet de loi devant le Parlement Le Conseil des ministres a adopté le projet de loi sur le Revenu de solidarité active (RSA). Ce dispositif porté par Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives, a été testé dans 34 départements. Le projet de loi prévoit sa généralisation à partir du 1 er juillet 2009. Le RSA se substituera au Revenu minimum d insertion (RMI) et à l Allocation pour parent isolé (API). Il est destiné à réduire la pauvreté et à encourager le retour à l emploi, en permettant à ses bénéficiaires de cumuler une partie de leur ancienne allocation et leur salaire. Un «diagnostic personnalisé» évaluera la situation personnelle et familiale du bénéficiaire, la nature de ses besoins d insertion, sa distance à l emploi, son projet d insertion, ses besoins en accompagnement et «les sujétions particulières» auxquelles il est astreint. Les allocataires «disponibles pour occuper un emploi» seront orientés vers l ANPE et élaboreront un projet personnalisé d accès à l emploi. «S il apparaît que des difficultés tenant notamment aux conditions de logement, à l absence de logement ou à leur état de santé font temporairement obstacle à leur engagement dans une démarche de recherche d emploi», ils seront orientés vers des services «compétents en matière d insertion sociale», et concluront avec le Conseil général un contrat énumérant les moyens de surmonter les difficultés : «prestations d accompagnement et de formation» et «calendrier des démarches et actions à entreprendre.» Le RSA sera, pour l essentiel financé par les crédits précédemment affectés au RMI et à l API ainsi que par une taxe de 1,1 % sur les revenus du patrimoine et des placements, instaurée par le gouvernement dès le 1 er janvier 2009. Orientation budgétaire Réduction des dépenses de l État pour la mission «Travail et emploi» «À partir de 2010 ( ) les moyens de la formation professionnelle seront mieux orientés vers les demandeurs d emploi et les salariés en situation de fragilité, dans le cadre du dispositif de sécurisation des parcours professionnels» : c est ce qu indiquait Éric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, à l occasion du débat d orientation des finances publiques organisé en juillet dernier à l Assemblée nationale. Ce débat, sans vote, n est qu une étape préparatoire de la Loi de Finances qui devrait être présentée au Parlement au quatrième trimestre. Le gouvernement prépare pour la première fois une programmation budgétaire pluriannuelle des dépenses de l État sur la période 2009-2011, avec pour objectif l équilibre des finances publiques en 2012. Les crédits prévus pour la mission «Travail et emploi» sont en diminution constante sur ces trois ans : de 12,48 M votés en Loi de Finances initiale pour 2008, ils passent à 11,86 M en 2009 (- 5 %), à 10,9 M en 2010 et à 10,69 M en 2011 (soit une baisse totale de 14 % entre 2008 et 2011). Toutefois, ce chiffrage n inclut pas le financement du Revenu de solidarité active (RSA), dont les modalités n étaient pas arrêtées lors de l élaboration du budget triennal. (D après l AEF) n Philippe Tranchart Fusion ANPE-UNÉDIC Organisation et missions du nouvel opérateur La création juridique du nouvel opérateur issu de la fusion entre l ANPE et l UNÉDIC interviendra le 1 er janvier prochain. «Pôle emploi» est le nom qui a finalement été retenu. Un document soumis aux instances représentatives du personnel indique que l organisation de la nouvelle instance sera «résolument orientée vers le service aux clients (demandeurs d emploi et actifs, allocataires, employeurs, collectivités territoriales).» Elle prendra «en compte la diversité des territoires et la nécessité de délivrer ses principaux services en proximité, tout en garantissant une offre de service nationale cohérente.» Un document de travail développe une organisation en quatre niveaux fonctionnant «selon le principe de subsidiarité.» Le niveau national «élabore la stratégie, conçoit les politiques, définit l offre de service nationale, pilote la performance, assure le management du réseau et assure la maîtrise des risques.» Le niveau régional décline la stratégie nationale en l adaptant à la région, programme les moyens régionaux, conduit les partenariats régionaux, pilote la politique de co-traitance et de sous-traitance. Le niveau territorial met en œuvre la stratégie régionale en l adaptant aux caractéristiques du territoire, programme ses moyens, conduit les partenariats territoriaux, supervise les agences polyvalentes et les unités spécialisés du territoire. Le niveau local est composé des «agences polyvalentes et des unités spécialisées qui produisent et délivrent des services dans une logique de proximité.» Selon Dominique-Jean Chertier, président du Conseil d administration de l instance provisoire. «Il faut offrir un service plus humain, plus personnel, avec la mise en place d un conseiller référent pour chaque demandeur ( ) Nous devons aussi aller plus au devant des entreprises,( ) travailler également sur l orientation des demandeurs. C est fondamental.» n Philippe Tranchart 8 n visa compétences n 8

Emploi-formation Seniors «Un début de prise de conscience», selon l ANDRH En 2005, l Association nationale des DRH avait fait réaliser une étude nationale sur la gestion des âges en entreprise. Trois ans plus tard, elle réédite l opération en demandant à Inergie Opinion de mener une seconde enquête sur le même thème. Cette étude réalisée en ligne du 12 mars au 7 avril 2008 auprès de 527 directeurs et cadres de la fonction RH «dresse un état des lieux et mesure l évolution des pratiques mises en place par les entreprises auprès des salariés de plus de 50 ans depuis 2005.» Les résultats témoignent d un «marché de l emploi plus dynamique» : 2/3 des entreprises ont recruté des quinquagénaires, alors qu elles n étaient que 1/2 dans ce cas en 2005. En revanche, dans les entreprises ayant réduit leurs effectifs, les quinquas sont davantage touchés qu auparavant. L ANDRH observe «un début de prise de conscience, porté majoritairement par les grandes entreprises.» Cela se traduit par «des politiques globales visant à favoriser le transfert et la gestion des compétences et à améliorer les conditions de travail» plutôt que par des mesures spécifiques, qui stigmatiseraient les seniors. Ce constat est à nuancer par «un constat alarmant : toujours aucun projet en la matière pour près de la moitié des entreprises, notamment celles de moins de 500 salariés.» «L image des seniors est plutôt positive aux yeux des DRH», qui soulignent leur compétence technique et leur capacité de recul. Les DRH dressent par ailleurs un «bilan mitigé du Plan national 2006.» Deux sur trois jugent efficaces les mesures portant sur le transfert des compétences, le cumul emploi retraite pour les bas salaires et la retraite progressive ; mais «la moitié d entre eux sanctionne l efficacité du CDD senior, de la non discrimination par l âge à l embauche et de la campagne nationale de communication.» L ANDRH suggère donc des mesures incitatives telles que le cumul emploi retraite (sans limitation aux bas salaires), une surcote pour les années d activité supplémentaires, ou un allègement progressif de charges à partir de 55 ans. Elle propose aussi de généraliser l accompagnement individualisé tout au long de la carrière, de favoriser les accords de branche ou d entreprise et la GPEC territoriale et de développer les nouvelles formes d emploi (groupement d employeurs, portage salarial ). n Philippe Tranchart Lignes directrices gouvernementales Le gouvernement a présenté aux partenaires sociaux un document sur la «mobilisation en faveur de l emploi des seniors» qui présente quelques mesures souhaitables pour «inciter les employeurs à adopter une gestion active des âges et à mieux intégrer les seniors dans leur gestion des ressources humaines ( ) inciter les assurés à prolonger leur activité au-delà de 60 ans (et) favoriser le retour vers l emploi des seniors.» Le gouvernement propose notamment que les entreprises de plus de 300 salariés, ainsi que les branches professionnelles négocient et concluent «avant la fin de l année 2009 des accords favorisant l emploi des seniors.» Il envisage par ailleurs de supprimer les limites d âge et de laisser au salarié la décision de passage à la retraite, quel que soit son âge. De même, il souhaite voir cesser les «pré retraites de fait» (départ négocié des seniors puis prise en charge par l ASSÉDIC jusqu à liquidation de la pension). Il propose également d autoriser sans restriction le cumul emploi retraite pour les personnes de plus de 65 ans et pour celles de plus de 60 ans avec une carrière complète. Pour les autres, «le cumul ne sera possible que dans certaines limites.» D autre part, en travaillant plus longtemps, les personnes pourraient bénéficier d une surcote : «Une personne qui travaillerait 5 ans après 60 ans et au-delà de la durée nécessaire pour bénéficier d une retraite à taux plein, verrait sa pension de retraite augmenter de 25%.» Enfin, le gouvernement veut relever l âge de la dispense de recherche d emploi, avant sa suppression complète en 2012. visa compétences n 8 n 9

Emploi-formation Emploi-formation Certification professionnelle «Vers une logique de compétences Comment s orienter efficacement parmi 15 000 diplômes ou titres professionnels? Comment donner aux entreprises des garanties suffisantes de compétence? Un colloque organisé en juin par le Conseil régional Languedoc- Roussillon fait le point. «La certification professionnelle est un sujet apparemment technique, mais en réalité éminemment politique» : les quelque 15 000 diplômes ou titres professionnels forment un vrai maquis, «qu il faut clarifier si l on veut permettre à chacun de s y retrouver», souligne Maryse Arditi, vice-présidente de la région Languedoc-Roussillon. Sujet politique? Jean-Paul Denanot, président de la commission Formation de l Association des Régions de France, approuve : «Le diplôme ou le titre professionnel est une reconnaissance sociale, qui repose sur l idée de l égalité des chances : il s agit donc de l un des symboles de la République.» Mais au fil du temps, divers acteurs - ministères, branches professionnelles, organismes de formation ont accumulé titres, diplômes et CQP (Certificats de qualification professionnelle). Pourquoi pas? questionne Jean-Pierre Dufour, vice-président de la Région Aquitaine : «Un paysage complexe n est pas forcément insécurisant, car il permet à chacun de trouver sa niche.» À condition toutefois de disposer d une carte fiable : c est à la Commission nationale de certification professionnelle (CNCP) qu il revient de l établir. La mission de cet organisme est de bâtir et de gérer le Registre national de la certification professionnelle (RNCP). Les titres y sont normalement inscrits après examen du dossier. Mais il en existe aussi qui sont inscrits «de droit» : les titres et diplômes délivrés sous l égide des ministères de l Éducation nationale, du Travail ou de l Agriculture sont introduits directement au RNCP par les ministères concernés, sans intervention de la CNCP. «Cela pose un problème de cohérence», admet Georges Asseraf, président de la CNCP. Cependant, l analyse qu impose l examen des titres les fait évoluer dans un sens positif, ajoute-t-il : «Partant d une logique académique, on va vers une logique de compétences. La certification met au centre le concept de compétence et impose une démarche de mise en avant des finalités professionnelles des cursus, et non des niveaux de savoir. En mettant ainsi l accent sur la finalité des apprentissages, on engage une véritable révolution culturelle. C est en ce sens que travaille l AFPA», explique Vincent Destival, directeur de l Ingénierie. «Notre certification repose sur la capacité à tenir un emploi. Les épreuves organisées en situation de travail sont particulièrement performantes sur les premiers niveaux de qualification : on compte 6 % d illettrés dans nos formations, et ils réussissent aussi bien que les autres.» L inscription d un titre au RNCP constitue une garantie pour les titulaires du diplôme, pour les entreprises et les organismes de formation, souligne Vincent Merle, professeur au CNAM : «La généralisation de parcours éclatés rend plus criante encore la nécessité d un système de reconnaissance permettant la sécurisation.» Toutefois, le travail d instruction est lent : 5 118 titres étaient certifiés en mai dernier, soit environ le tiers de ceux qui existent sur le marché. Et il reste des redondances : «La CNCP n a pas le pouvoir d interdire les doublons. Ne pourrait-on envisager de lui donner au moins la possibilité de proposer des fusions possibles?» n Philippe Tranchart 10 n visa compétences n 8

Emploi-formation Travailleurs handicapés La VAE trace sa route Plus de 250 personnes ont assisté au colloque «Valorisation des compétences et Handicap», organisé en Pyrénées Atlantiques, pour faire le point sur les actions innovantes de Validation des acquis de l expérience dans les établissements protégés, ainsi que sur les dispositifs juridiques, pédagogiques et financiers permettant de les accompagner. Des pionniers ouvrent des pistes de progrès à exploiter. Le dispositif de Validation des acquis de l expérience (VAE) et ses différents outils sont-ils en mesure de favoriser la reconnaissance des compétences des personnes handicapées au sein des Établissements et Services d aide par le travail (ESAT) ou dans les Entreprises adaptées (EA)? Quels sont les freins et comment les lever? C est à cette question qu a tenté de répondre le colloque «Valorisation des compétences et Handicap*», organisé par les partenaires du Plan départemental d insertion des personnes handicapées, le 13 juin dernier dans les Pyrénées Atlantiques, à Salies de Béarn, avec les professionnels et les acteurs politiques régionaux concernés. La DDTEFP a financé la journée ainsi que le processus de réflexion et d action engagé depuis 2004. De la difficulté d accéder au droit à la VAE Le dispositif de VAE existant repose sur deux modalités différentes, ont rappelé Pierre Colas, responsable VAE au centre AFPA de Bordeaux et Sylvie Pellerin, conseillère au Dispositif académique de validation des acquis (DAVA) de Bordeaux. Les épreuves de l AFPA consistent en une mise en situation professionnelle réelle ou reconstituée jointe à des éléments de preuve : «C est au pied du mur que l on évalue le maçon», tandis que l Éducation nationale évalue son candidat sur dossier : «Le maçon doit expliquer, par voie écrite, comment il fait le mur.» Alors, que choisir? L obtention du diplôme de l Éducation nationale ou l obtention du titre professionnel délivré par le ministère du Travail auquel prépare l AFPA? «Dans chaque département, il y a des points relais conseils à même d orienter vers la certification la mieux adaptée aux compétences du candidats», rappelle Sylvie Pellerin. Ensuite, comment accéder à la VAE? «Le droit existe à travers la loi de 2005 sur «l égalité des droits, des chances, la participation à la citoyenneté des personnes handicapées. Mais dans le vécu, l égalité d accès à ce droit s avère difficile», affirme Béatrice Serraj, coordinatrice du Schéma régional de formation des personnes handicapées Aquitaine. Afin de favoriser l accès à la VAE des personnes handicapées, diverses réflexions et actions ont été menées sur le sujet. Elles commencent à porter leurs fruits, tant au niveau pédagogique, qu au niveau des structures d accueil, de la professionnalisation des acteurs ou encore du financement de la formation. Ainsi, rappelle Thierry Boulisssière, chef de projet à la DGAS, «un décret de janvier 2006 précise que les organismes de formation de droit commun doivent adapter leur pédagogie et leur organisation aux besoins des personnes handicapées et il en va de même pour les organismes en charge de la validation des acquis.» «La région doit booster auprès des acteurs de terrain sa mise en application», insiste Béatrice Serraj. Pour les publics en difficulté, l accompagnement est un facteur majeur de la réussite du parcours de VAE, ont souligné les intervenants. Concrètement, selon les procédures choisies, il s agit d aider le candidat à remplir son dossier pour lui permettre de repérer et d expliquer les compétences qu il met en œuvre ; c est aussi le préparer à la mise en situation devant le jury : «Voilà ce qui t attend» ; c est le préparer à l entretien final avec le jury et c est bien sûr aménager un plateau technique en cohérence avec le handicap du candidat lorsque l épreuve l exige. «Centrer l organisation du travail sur les compétences plutôt que sur les déficiences» Dans les structures spécialisées comme les EA ou les ESAT, toute la difficulté est d articuler la formation et l accompagnement de la personne à son projet de VAE, avec les impératifs de production et les exigences économiques. Jean-Paul Tremblay, directeur de l ESAT «Les ateliers du Poher à Carhaix», y est parvenu en mettant en place une organisation apprenante : «Cela signifie que nous avons intégré les actions de formation aux pratiques de travail, que nous favorisons la professionnalisation sur la base de référentiels métiers, que nous reconnaissons l évaluation comme un outil de développement et de reconnaissance des compétences. Cette dynamique qualifiante est centrée sur les compétences des personnes et non pas sur les déficiences. Cette approche, au service du développement des salariés, permet du visa compétences n 8 n 11

Emploi-formation même coup aux salariés d être au service du développement de la structure,» explique-t-il. Évidemment, pour que ce scénario modèle fonctionne, il faut que le dirigeant de l établissement soit partie prenante, mais pas seulement : «C est à la fois un engagement d établissement mais surtout, des engagements à plusieurs, dans un collectif, un réseau de personnes et de structures décidées à construire et valoriser les compétences des ouvriers», déclare Sophie Capdepon, directrice de l ESAT Saint Pée-ADAPEI 64. L organisation apprenante suppose donc aussi, que l ensemble des acteurs soient professionnalisés et sensibilisés aux spécificités des situations de handicap, du prescripteur et du financeur au jury d évaluation en passant par les moniteurs et les encadrants techniques. «Le risque majeur, dans le milieu protégé notamment, serait de laisser la pression économique dominer l activité de production», alerte Hervé Prévost, responsable de formation à l Institut des métiers de la formation de l AFPA. «Nous assistons aujourd hui à une évolution salutaire de l état d esprit du moniteur qui ne se vit plus seulement comme accompagnant la réalisation d une tâche mais aussi comme un encadrant de personnes porteuses de compétences.» François Banizette, directeur du CIBC 64 et 40, discerne un autre risque : «des fois, la VAE ne marche pas comme prévu. Il revient aux personnes qui, dans les établissements, sont au plus près des usagers et des ouvriers, de dédramatiser la situation pour ne pas les destabiliser.» La valeur ajoutée sociale Ultime problème mais non le moindre : comment financer les démarches innovantes valorisant la reconnaissance des compétences acquises par les travailleurs handicapés? Là encore, des progrès significatifs ont été réalisés, rappelle Thierry Boulissière. Grâce à l arrêté de juillet 2007, l État peut compenser les contributions acquittées par les ESAT auprès des OPCA qui prendront en charge les dépenses d actions de formation, de validation des acquis et d accompagnement. Cet arrêté s est décliné en convention cadre avec l UNIFAF, le FAFCA (OPCA des activités agricoles) et l ANFH (OPCA des personnels hospitaliers). Sur le plan individuel, «les compétences acquises par la formation ou par l expérience professionnelle puis reconnues par une certification, sont valorisées en termes de ressources nettes disponibles pour les travailleurs handicapés des ESAT, dans la mesure où ces derniers peuvent verser une prime d intéressement à leur personnel, sans qu elle soit prise en compte dans le calcul du minimum social qu est l Allocation aux adultes handicapés (AAH).» En Aquitaine, le FONGECIF et les OPCA ont la possibilité de doubler l accompagnement standard de 24 heures à 48 heures, pour tous les publics dits prioritaires, dont notamment les travailleurs handicapés. Ce colloque l aura largement démontré : un cadre juridique, des organisations pédagogiques, des financements spécifiques sont désormais posés. La dynamique est lancée. «Dans une société habituée à taxer la valeur ajoutée, à quand le concept de valeur ajoutée sociale?» propose Patrice Leguy en guise de conclusion. n Chantal Attané * Pour accéder aux différentes interventions de ce colloque allez sur le site : http://www. pdithsudouest.org/spip.php? rubrique 129 ou www.pdithsudouest.org rubrique Actualités/Colloque VAE et Handicap ou www.pdithsudouest.org rubrique VotrePDITH/64-Pyrénées Atlantiques/ Colloque 12 n visa compétences n 8

Emploi-formation agenda n 21 octobre Redonner du sens au travail? Colloque organisé par la Chambre syndicale des centres de bilan de compétences, l université Paris Diderot et le Centre international de recherche, formation et intervention psychologiques, au Palais du Luxembourg, salle Monnerville, 15 ter rue de Vaugirard, Paris 6 ème. Contact : edith.marseille@noos.fr ou 06 67 51 24 66 n 28-29 octobre 1 er forum mondial de l éducation et la formation tout au long de la vie : colloque organisé par le Comité mondial pour l éducation et la formation tout au long de la vie, à Paris, au Conseil régional d Île-de- France (28 octobre) et à l Unesco (29 octobre). Contact : contact@3worldforum.org n 4 novembre 15 ans de parcours modulaires qualifiants, 15 ans d innovation méthodologique au service des entreprises et des salariés : journée organisée par le FORTHAC à l espace Eurosites, 28 avenue Georges V, Paris 8 ème. Contact : x.royer@forthac.fr n 20 novembre Le développement durable : la loi vous l impose, vos clients vous le réclament, quelles conséquences pour votre plan de formation : «Matinale» organisée par l AFPA à la Tour Eiffel. Contact : Event Planner Communication Tél. : 06 22 74 48 35 n 20-21 novembre Mobilités professionnelles : quels leviers? Colloque organisé par l Institut national de l orientation et de l insertion professionnelles de l AFPA à l école supérieure de commerce de Lille. Contact : http://www.inoip.afpa.fr/inoip/colloque 2008/accueil.htm n 27, 28, 29 novembre Le nouvel Éducatec-Éducatice : salon des professionnels de l éducation, Paris Expo Porte de Versailles Hall 7.2 Contact : Tél. : 01 41 18 60 62 n 16, 17 décembre Les Assises de la formation professionnelle et de l emploi : colloque organisé par Les Échos conférences à l espace Étoile Saint Honoré à Paris. Contact : Bérénice Malcorpi, 01 49 53 63 63 Tél. : 01 49 53 68 74 Ministères Bertrand Martinot, conseiller en charge des questions sociales auprès de Nicolas Sarkozy, succède à Jean Gaeremynck à la tête de la Délégation générale à l emploi et à la formation professionnelle. Bernard Saint-Girons est nommé délégué interministériel à l Orientation. Il était directeur général de l enseignement supérieur depuis mars 2007. Institutions Jean-François Pilliard, délégué général à l UIMM et président de l AFPA, est chargé d une mission de promotion du contrat de professionnalisation auprès des personnes sans qualification, par Martin Hirsch, haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et Laurent Wauquiez, secrétaire d État chargé de l Emploi. Il a été également désigné chef de file du MEDEF de la négociation sur la formation professionnelle. Christine Pujol et Danièle Deleval sont élues, respectivement présidente et vice-présidente de l Union des métiers et des industries de l hôtellerie (UMIH). Entreprises Agnès Laot est nommé directrice de la diversité et de la vie au travail au groupe Élior. visa compétences n 8 n 13

Régions Région Provence-Alpes Côte d Azur 14

Provence Alpes-Côte d Azur Chiffres clés 4 818 000 habitants 31 400 km 2 8,8 % de chômage 6 départements : Alpes de Haute-Provence, Hautes Alpes, Alpes Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse PACA Au parfum des grandes technologies L espace alpin et l espace méditerranéen se côtoient en PACA et la positionnent comme l interface des pays du bassin méditerranéen. Elle possède aujourd hui le 3 ème potentiel technologique et scientifique de France. Le tertiaire y représente une part prépondérante dans la valeur ajoutée. PACA est au troisième rang national pour l attractivité des investissements étrangers. Le choix du site de Cadarache pour l accueil du réacteur de fusion expérimental ITER et la labellisation de 8 pôles de compétitivité par le gouvernement témoignent de son potentiel d innovation et de développement économique. Région la plus ensoleillée de France, elle offre un cadre de vie particulièrement attractif. Elle figure parmi les régions les mieux dotées en matière de patrimoine naturel et d équipement de loisirs. Ces atouts l ont positionnée comme une destination touristique leader en Europe. La ville de Grasse en fait la capitale mondiale du parfum. 1 er fabricant et exportateur mondial d hélicoptères 1 er pôle microélectronique d Europe du sud 1 ère plate-forme pétrochimique française 1 ère technopole européenne à Sophia-Antipolis 4 ème région française dans les éco industries n visa compétences n 8 15

Régions Interview... Jean-Jacques Blanc «Proximité, réactivité, diversité» «Une AFPA de proximité, réactive à la diversité des besoins des territoires et des entreprises qui y sont implantées» : telle est l approche de l AFPA en Provence- Alpes-Côtes d Azur. Jean-Jacques Blanc, directeur régional AFPA PACA Quelles sont les compétences prioritaires dont la Région PACA a besoin pour répondre aux besoins des entreprises, tant dans les secteurs prioritaires que dans les secteurs en développement ou en tension? Comment se positionne l AFPA pour y satisfaire? Jean-Jacques Blanc : Le tissu économique de PACA est majoritairement constitué de PME-PMI. Une étude récente de l Observatoire régional des métiers en Région PACA constate que 42 % des PME concernées par les problèmes de recrutement, refusent des commandes par manque de maind œuvre qualifiée! C est particulièrement vrai du secteur des industries mécaniques, confronté à une très forte concurrence internationale. Or, beaucoup de PME/PMI n ont pas les moyens d améliorer leurs performances, y compris en termes de compétences et de formation. Leur compétitivité en pâtit, l emploi aussi. Le tissu atomisé des entreprises de PACA positionne donc l AFPA comme Conseil aux entreprises. Elle leur propose du sur mesure et construit avec elles leur référentiel emploi d activité et compétences. Parallèlement à cette problématique des métiers sous tension, PACA connaît 5 grands secteurs en développement. L AFPA PACA a structuré son offre en conséquence. Le transport et la logistique représentent 54 000 emplois dont 40 000 emplois liés à l activité portuaire. Pour le grand sud, en effet, PACA est un carrefour ferroviaire, aérien, routier, maritime et fluvial (axe Rhodanien). L AFPA propose des réponses sur des formations de niveaux I à V, pour satisfaire les demandes des entreprises sur les lieux d échanges de notre Région : Avignon, Istres, Marseille, Nice. Dans l hôtellerie restauration, l offre diversifiée (tourisme de loisirs et de sports, d affaires, thermal, culturel, etc.) permet d envisager un développement constant des emplois. L AFPA propose des interventions selon les besoins des différents territoires, avec des initiatives spécifiques au sein même des entreprises. Les formations sont également articulées avec les saisons pour permettre notamment aux saisonniers de se former en dehors des périodes d affluence. Les Métiers de la mer (transport maritime, plaisance, grande plaisance) se développent grâce à la densité des ports (25 % des places nationales en PACA). Les technologies marines comptent 125 entreprises dont 88 % dans le Var et les Bouches-du-Rhône. La sécurité maritime, le nautisme, les ressources énergétiques et biologiques marines, l environnement et l aménagement du littoral mobilisent quelque 21 000 emplois. L AFPA est présent à Marseille sur son site de la Pointe Rouge et apporte des réponses sur d autres zones du secteur maritime. Sur le volet des nouvelles réglementations liées à l environnement, l AFPA PACA investit de gros moyens : les premiers plateaux techniques «développement durable» ont vu le jour en 2005 au centre de la Valette à Toulon, qui maîtrise aujourd hui la totalité de l offre du Solaire. L offre de formation sur le développement durable s est développée dans deux autres centres de la Région intégrant des modules liés aux besoins du secteur du bâtiment, gros consommateur d énergie (mono-mur, peinture, enduit, etc.). Ces équipements ont permis à l AFPA de nouer divers partenariats et de signer, notamment, une importante convention avec la société Conergy SAS. L AFPA PACA a également mobilisé et sensibilisé ses stagiaires et ses salariés au développement durable : tri des déchets industriels dans les formations, tri des papiers à la Direction régionale. Modules environnement durable éco-construction et énergie renouvelable. Au centre de Gap, les logements sont chauffés en panneaux solaires depuis 15 ans. 16 n visa compétences n 8

Provence Alpes-Côte d Azur Les activités relevant des Services à la personne ont créé le plus d emplois en 2007. La plupart des centres AFPA de PACA proposent des formations aux métiers de ce secteur. Autres «valeurs sûres» de PACA : le bâtiment, l industrie et l ensemble des emplois tertiaires liés à ces métiers. Grâce à son implantation en réseau, l AFPA propose des formations sur ces secteurs dans les 6 départements de la Région. Enfin, l AFPA s organise pour répondre aux grands chantiers régionaux (mise en place des infrastructures, développement et construction industrielle). Elle intervient notamment en matière de recrutement sur le Terminal Logistic 2XL et en formation de terrassement pour tout le dispositif ITER. Quelles sont les grandes priorités du Conseil régional en matière d emploi et de formation (publics, secteurs, dispositifs...) et comment l AFPA adapte-t-elle son offre de services pour y répondre? J.-J.B : La Région s engage dans la construction d un Service public régional de formation permanente et d apprentissage qui entend :. garantir la liberté de choix et l égalité d accès à des services de qualité,. offrir des dispositifs de formation professionnelle continue et d apprentissage à même de lutter contre l exclusion sociale et économique,. développer la cohérence et la complémentarité des actions, depuis l accueil, l information sur les métiers et les formations, l orientation professionnelle à toutes les étapes du parcours individuel jusqu à l accès à la certification, à la promotion sociale et à l emploi, en mobilisant toutes les voies possibles de la formation qualifiante. Elle considère l AFPA comme un acteur majeur de ce projet. Dans le cadre de la mise en œuvre de la décentralisation, la Convention tripartite État-Région-AFPA a permis à l AFPA de resserrer ses liens avec le Conseil régional et d adapter ses prestations au regard des orientations politiques de la Région, qui porte le plus grand intérêt à l ensemble de l offre AFPA. En 2008, l AFPA PACA réalise ainsi plus de la moitié de ses recettes avec la Région. À titre d exemples, elle participe aux Comités territoriaux emploi et formation (COTEF) et à la réflexion sur le programme régional de formation ; elle est force de proposition et intervient dans le cadre du Dispositif d appui aux innovations locales et aux projets de territoires ; elle accompagne les investissements mobiliers dans le cadre du CPER (Contrat de projet État Région). Quel bilan, quel enseignement, tirez-vous aujourd hui, de la convention tripartie État-Région-AFPA? J.-J.B : L AFPA PACA a su se faire connaître et reconnaître par le Conseil régional. Le travail engagé avec les services du Conseil régional a aussi permis aux équipes de l AFPA de mieux prendre en compte la dimension de proximité, d augmenter ainsi sa réactivité par rapport aux besoins immédiats des territoires et des entreprises qui y sont implantées. Nous sommes passés d une vision macro à un système d échange plus ouvert avec l ensemble des acteurs économiques et sociaux. Les services de la Région intègrent maintenant l AFPA comme un acteur structurant des Territoires. L un des meilleurs exemples est la participation de l AFPA aux PRIDES (Pôles régionaux d innovation et de développement économique solidaire). Précisément, une des originalités de PACA réside dans l instauration de ces Prides, dans le cadre de son Schéma régional de développement économique. Comment l AFPA s inscrit-elle dans cette dynamique visà-vis des entreprises adhérentes et dans quels domaines plus spécialement? J.-J.B : Avec les PRIDES, la Région met en place l une des pièces maîtresses de sa stratégie de développement économique pour Provence-Alpes- Côte d Azur, adoptée en juin 2006. L objectif est de renforcer les entreprises pour renforcer l emploi. Ce réseau leur permet d améliorer leur performance globale et de passer d une logique de développement individuelle à une logique de projets collaboratifs. Au total, avec le dernier-né, la Région a labellisé 21 PRIDES. Elle vient ainsi de labelliser «PRIDES» un réseau de 200 entreprises et structures diverses de la filière mécanique, baptisé «Solutions et systèmes industriels». L obtention de ce label, 100 % made in «Région Provence-Alpes-Côte d Azur», est conditionné au respect d un cahier des charges qui joue à fond la carte du développement durable, de l humain, de l emploi. L AFPA s inscrit dans le développement durable. Elle a intégré le PRIDES EnviroBat. Et d une manière plus générale, l AFPA a intégré cette dynamique de performance et d innovation. n Propos recueillis par Chantal Attané L AFPA sur le grand chantier «Iter» L installation du réacteur expérimental thermonucléaire international «Iter» sur le site de Cadarache (Bouches-du- Rhône) doit débuter en 2009-2010. Mais avant, il faut préparer le terrain. Trois gros chantiers, qui vont employer pas moins de 1 200 ouvriers, sont en train de s ouvrir : 1 000 professionnels du bâtiment seront recrutés par les entreprises retenues, 200 vont être formés et proposés par l AFPA. Elle mobilise pour l occasion six de ses sites, d Avignon à Nice dont celui de la Treille, à Marseille, le plus grand de France, sur quatre métiers : conducteur d engin de travaux publics, coffreur bancheur, canalisateur et constructeur de voirie et réseaux divers. Les travaux porteront sur l aménagement d une route hors gabarit par laquelle transiteront les pièces du futur réacteur, le terrassement des 180 hectares où prendra place «Iter» et la construction du lycée international de Manosque pour les enfants des ingénieurs qui viendront travailler sur le site. n visa compétences n 8 17

Régions EUREST Une formation menée au plus près des besoins du territoire Pour répondre au formidable développement que connaît la zone Euroméditerranée et aux besoins de main-d œuvre dans la restauration, EUREST, marque du groupe Compass, a accepté de mettre ses restaurants à disposition pour former des demandeurs d emploi du centre ville de Marseille. L AFPA de son côté a détaché un formateur sur ces sites. Opération réussie qui a déjà permis à un public majoritairement éloigné de l emploi de se qualifier. «Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez le sans cesse et le repolissez.*» Le poète a raison. Mais seuls des partenariats qui s établissent sur le long terme, permettent de repolir pour arriver au meilleur. C est le cas du partenariat exemplaire qui existe depuis 2003 entre l AFPA et la société EUREST, marque du groupe Compass spécialisé dans la restauration collective, implanté à Marseille sur le périmètre Euromediterranée. Un dispositif original et performant, élaboré dans le respect de l intérêt de toutes les parties prenantes et répondant aux exigences des financeurs, s est mis peu à peu en place. Déjà, une bonne soixantaine de personnes éloignées de l emploi ont bénéficié de cette action de formation. On se félicite des résultats, puisque 75 % de ces personnes ont obtenu leur titre professionnel d agent polyvalent de restauration et trois sur quatre étaient en emploi, trois mois plus tard. Des restaurants mis à disposition par EUREST À la genèse de l histoire se trouve Euroméditerranée, l ambitieux projet d aménagement urbain et de développement des quartiers centre et nord 18 n visa compétences n 8

Provence Alpes-Côte d Azur de Marseille. «L EPAEM* nous a sollicité pour mener une action citoyenne et mis en relation avec l AFPA», se souvient Marc Giraud, directeur régional PACA du groupe Compass. L emploi est en pleine croissance dans le secteur de la restauration et les bras manquent. L offre de formation est limitée sur Marseille et si l AFPA dispose d une offre importante dans les métiers de la restauration, elle est basée dans son centre d Istres. Trop loin pour des personnes qui ont des problèmes de mobilité. Il fallait innover. Atout de choix, EUREST propose de mettre à disposition le plateau technique dont il dispose sur la zone, en particulier deux restaurants dont Europrogramme, le plus gros, délivre 800 repas chaque midi, avec une qualité élevée des prestations, une vingtaine de plats préparés, une centaine de références présentées. Il est prévu d y accueillir en formation des groupes de stagiaires. Ils seront intégrés à l équipe en place qui compte une vingtaine de personnes. Un formateur de l AFPA doit intervenir directement sur place. «Le facteur clé de réussite a été la présence permanente du formateur sur le site», insiste Hérold Fayolle, gérant du restaurant Europrogramme. Rigueur et exigence d un côté, empathie et souplesse de l autre ont permis à Patrick Farrugia, le formateur détaché, de prendre en compte les attentes de tous. «La cuisine de collectivité est soumise à des contraintes d hygiène très fortes», rappelle-t-il. Un accompagnement et une vigilance de tous les instants du formateur mais aussi l encadrement du chef de production du restaurant et tuteur, actuellement Maurice Dufaut, sont de mise. Car souligne le gérant «pour nous, comme pour nos clients, les stagiaires sont des salariés comme les autres.» Cette mise en situation réelle de travail, face à de vrais clients, fait d ailleurs toute la richesse du dispositif. En douceur L affaire est désormais parfaitement rôdée. Le processus de recrutement a été affiné. Il est maintenant réalisé avec le formateur via la méthode des habiletés développée par l ANPE. Depuis deux ans, un partenariat avec l école de la deuxième chance de Marseille a été signé. Une période de préprofessionnalisation de deux semaines, dans les locaux de l école, permet d acquérir les notions élémentaires d hygiène et de cuisine. Puis, dans le restaurant de l école, une première mise en situation de travail donne l occasion aux stagiaires de se familiariser en douceur, durant dix semaines, aux contraintes du travail en restauration collective, avant le vrai baptême du feu dans les restaurants d EUREST, pendant quatre mois. Ensemble, EUREST et l AFPA ont trouvé le bon dosage du nombre de stagiaires à mixer avec les équipes de travail et la meilleure durée de formation et de mise en situation de travail. Il ont choisi les lieux de stages les mieux adaptés pour une vraie polyvalence des tâches accomplies durant la formation. «Rien à changer», assure aujourd hui Marc Giraud. Il ne reste qu à boucler les financements pour reconduire de nouvelles actions avec, espère-ton, l entrée d autres partenaires dans le dispositif. Le groupe ACCOR, par exemple, qui a déjà participé à l une des sessions de formation dans le passé, devrait à nouveau accueillir des stagiaires dans ses restaurants Ibis et Mercure. n Danièle Ginisty * Boileau, L art poétique. *EPAEM établissement public d aménagement d Euroméditerranée. Kheira Radi : «J adore la cuisine.» «Je le voulais ce diplôme! Mon premier diplôme», se souvient Kheira Radi, fière d avoir obtenu, fin juillet, son titre professionnel d employée polyvalente de restauration. Avec du travail pour effet immédiat. Pour commencer, une mission intérimaire de 20 jours, en août, dans un restaurant de la marque EUREST où elle s est formée avec l AFPA. Après avoir quitté l école à la fin du collège, Kheira avait bien essayé, plus tard, de passer un CAP, mais sans succès. Trop théorique. Sa bête noire, le HACCP, une méthode de maîtrise de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires d origine américaine. Pourtant, avec le soutien de Patrick Farrugia, le formateur de l AFPA, détaché chez EUREST et au sein de l équipe de Maurice Dufaut, chef de production du restaurant Europrogramme, lors de la mise en situation réelle de travail, les choses se sont clarifiées. «Patrick et Maurice nous ont beaucoup aidés. Ils étaient toujours là pour répondre à nos questions et il y avait une très bonne ambiance». De fait, quand Kheira vient en visite, les bises claquent de toutes parts. Maurice ne s en étonne pas, «on a travaillé ensemble pendant 4 mois.» Pour Kheira, cuisiner est une passion qu elle a su communiquer à ses enfants. Ses trois fils s orientent vers les métiers de la restauration. Cette spécialiste de cuisine orientale avait depuis toujours l habitude de régaler famille et amis. Malgré son expérience, il lui manquait une qualification reconnue pour faciliter sa recherche d emploi. C est chose faite. Inscrite chez ADECCO, Kheira est désormais souvent sollicitée pour des missions temporaires. Les tests professionnels passés lors de son inscription à l agence ont pu être allégés car le responsable d ADECCO avait eu l occasion de la voir à l œuvre, en tant que membre du jury d examen. Kheira ne s inquiète plus pour son avenir et espère bien, un jour prochain, décrocher enfin un CDI. n visa compétences n 8 19

Régions Formation et développement durable L AFPA PACA s engage En Région PACA, le développement durable constitue un enjeu majeur sur l ensemble des territoires et fait déjà l objet de nombreux projets et réalisations. L AFPA est au cœur de la démarche, et accompagne le développement durable, à la fois par la formation et par l appui aux professionnels. «Le développement durable passe inévitablement par les énergies renouvelables et les économies d énergie, notamment dans le secteur du bâtiment», explique Bruno Carlier, directeur régional adjoint de l AFPA en PACA. Il suppose également des changements dans nos comportements et nos modes de consommation. De ce point de vue, le tourisme durable trouve toute sa place en PACA, grâce à une volonté commune de respecter, préserver et mettre en valeur durablement les ressources naturelles, culturelles et sociales vis-àvis des nombreux touristes accueillis chaque année. Des formations estampillées développement durable En effet, l utilisation d énergies renouvelables requiert pour les professionnels de véritables qualifications et compétences, d où la nécessité d adapter des formations au regard des labels Qualité mis en place. «Car l idée générale est que le développement durable ne génère pas de nouveaux métiers, mais suppose de faire évoluer les métiers de toujours aux nouvelles techniques liées aux énergies renouvelables. C est le cas du métier de maçon avec le concept d éco construction ou encore celui d installateur en thermique et sanitaire avec l énergie solaire», précise Bruno Carlier. Ainsi, des formations estampillées développement durable s ouvrent en octobre 2008 au centre AFPA d Avignon pour les métiers de maçon, peintre façadier et plaquiste, avec des matériaux liés aux énergies renouvelables et le souci constant d acquérir un comportement éco-citoyen. Le centre de Gap porte pour sa part un projet d éco-cité basé sur les métiers de la charpente et de la couverture, et intégrant leurs compétences : la maison ossature bois d une part, et les panneaux solaires à toiture d autre part. À la rentrée, d autres projets verront également le jour, notamment au centre de formation de Marseille-La- Treille, complétant ainsi le dispositif de formation lancé en 2005 à Toulonla-Valette, centre AFPA précurseur en Région PACA. C est avec l entreprise aubagnaise Giordano, spécialisée en chauffe-eau solaires, que le centre varois a créé un partenariat, notamment pour décerner les labels Qualisol et QualiPV, destinés aux installateurs de systèmes solaires thermiques et photovoltaïques. Enfin, un projet d écohôtel est à l étude en région PACA, sur le modèle de la «Maison E», premier chantier-école de rénovation écologique et économique en région parisienne (voir article p.37). L AFPA active dans «Cap énergie» Le Conseil régional PACA a développé des Pôles régionaux d innovation et de développement économique solidaire (PRIDES) afin de créer une synergie entre les entreprises d un même secteur d activité et de les inciter à coopérer. Pour exemple, le pôle de compétitivité «Cap énergie», dédié aux énergies non génératrices de gaz à effet de serre, accompagne les acteurs de la filière pour faire de la Région un centre d expertise et d innovation en matière d énergies propres. Le centre AFPA de Toulon y participe activement, au même titre que les 190 organismes partenaires. De plus, la Fédération française du bâtiment, la Confédération de l artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) et l AFPA accompagnent la formation des chefs d entreprise, des salariés et des artisans du bâtiment aux économies d énergie. n Chantal Attané Renseignements : www.paca.afpa.fr/ 0 800 02 8000 Contact : stephane.poirier@afpa.fr 20 n visa compétences n 8

Provence Alpes-Côte d Azur À Avignon, maçon s écrit au féminin «Même quand c est dur, qu il faut travailler dehors, dans le froid, je ne me suis jamais sentie aussi bien. Le travail est vivant, différent chaque jour. Moins stressant que mon ancien travail», assure Chantal, ex-formatrice en comptabilité dans un CFPPA*, fière d annoncer qu elle est désormais «maçon», titre professionnel acquis cet été au centre AFPA d Avignon, après 7 mois de stage. Elle a un projet bien arrêté, créer son entreprise et un premier chantier prévu depuis longtemps : construire En sortant du chantier... les bâtiments agricoles dont son mari, oléiculteur dans les Alpilles, a besoin pour agrandir son exploitation. Se lancer dans l agriculture avait été leur projet à tous les deux. Maçon, c est son projet à elle. Une envie qui remonte à l enfance : «c est valorisant de construire, de laisser une trace.» Pas du tout l avis de son mari ni celui de sa famille qui, au début, n ont pas compris ce choix. Sûr qu avec ses grands yeux verts, les larges créoles qui égayent la chevelure noire encadrant son fin visage, ce maçon-là ne correspond pas à l image qu on s en fait. Chantal a dû se battre devant le scepticisme général pour obtenir son entrée en formation. Car si les femmes commencent à investir le second œuvre, il est encore rare d en croiser en train de monter des murs. Sauf dans la Cité des Papes, où Chantal a eu la bonne surprise d avoir une formatrice, Cendrine, autre preuve que le métier se décline avec passion au féminin. Après 10 ans de couture à domicile, comme sa mère, l envie avait pris un jour à Cendrine d aller voir ailleurs. Un bilan de compétences lui suggère le bâtiment puisque pour payer sa faim de voyages lointains, elle avait commencé à bricoler sur des chantiers. La voilà partie pour 4 ans de travail, dans une entreprise artisanale du bâtiment, à temps complet, se formant sur le tas. Suivra une formation qualifiante à l AFPA, section maçonnerie. Soutenue par sa famille, encouragée par son formateur, elle enchaine sur une formation de métreur, au centre AFPA de Toulon. Jongler avec les horaires des gamins à l école, les regards surpris sur les chantiers, elle connait. «Sans son soutien, pas sûr que j aurais tenu le coup», reconnaît Chantal qui se met la pression, voulant réussir à tout prix. Pourtant, tout se passe bien «au pied du mur», sur les chantiers et avec ses collègues. La force tranquille de Cendrine, formatrice à l AFPA depuis 2005, y est pour beaucoup. Elle qui a su allier à son amour du bâtiment, une envie d accompagner, de motiver les plus fragiles. «À L AFPA, dit-elle, on qualifie les gens, on n oublie pas le volet social si besoin est.» Chantal a gagné son pari. La création de son entreprise est en cours. Cette année, son fils Léon, 10 ans, n a pas eu honte de noter sur sa fiche scolaire le métier de sa mère : maçon. n Danièle Ginisty *Centre de formation professionnelle et de promotion agricoles...après avoir quitté leur tenue de travail. n visa compétences n 8 21

Régions Alsace L AFPA et le GRETA, partenaires en Alsace sur un projet d usinage en alternance L AFPA et le GRETA de Mulhouse ont mis en œuvre une action d accès à l alternance pour de futurs professionnels de l industrie. Ainsi, du 15 septembre au 20 décembre 2008, 14 stagiaires de niveaux V et IV suivent un programme construit autour d un premier module de qualification en usinage, articulé avec un contrat de professionnalisation. L objectif final est la préparation d un Certificat de qualification professionnelle de la métallurgie (CQPM) de technicien en usinage et en productique industrielle. À noter, les appuis conjugués de l Union des industries des métiers de la métallurgie (UIMM) et de l Association de développement des formations des industries de la métallurgie (ADEFIM) ont permis de sensibiliser et mobiliser les entreprises pour accueillir et former ces jeunes en alternance. Un bilan positif avec actuellement 9 contrats de professionnalisation signés. Bourgogne AFPA AGEFIPH Cap Emploi : un partenariat résolument opérationnel En Bourgogne, la volonté commune de l AFPA et Cap Emploi de collaborer plus étroitement dans la construction et l accompagnement des parcours vers l emploi des personnes handicapées a permis de formaliser des modalités de coopération qui permettront aux deux réseaux de construire des modes de travail efficaces, lisibles et complémentaires. L objectif est de développer l accès des personnes handicapées aux prestations et aux services de l AFPA et ainsi de favoriser leur insertion professionnelle. L AFPA propose plusieurs prestations spécifiques en direction de ce public, notamment l atelier Ori@dis décider de se former ou pas, les bancs d essai formation, les bancs d essai métier et l aide à la concrétisation du projet de formation. Dans cette optique, l AGEFIPH, Cap Emploi et l AFPA s engagent à optimiser leurs ressources au bénéfice des personnes handicapées à travers une convention qu ils ont signée dans chaque département. Aquitaine Un dernier mascaron pour la Ville de Bordeaux Réalisé par un stagiaire ornemaniste du centre AFPA de Caudéran, ce dernier mascaron, représentant Bacchus, fait partie d une série de six mascarons commandés à l AFPA par la Ville de Bordeaux. Les 5 premiers, cadeaux de Bordeaux à la ville de Québec pour son 400 ème anniversaire, ornent désormais la façade de l hôtel de ville. Pour les formateurs de l AFPA «ce type de commande offre à nos stagiaires l occasion de se frotter, en situation réelle, aux contraintes d un chantier comme les tailleurs de pierre et ornemanistes en rencontrent dans l exercice de leur métier ; ils apprennent ainsi par exemple à organiser leur travail pour tenir les délais.» Le centre AFPA de Caudéran propose des formations de tailleur de pierre et ornemaniste, maçon du bâti ancien et aide appareilleur, celui qui organise et planifie des chantiers de restauration type monuments historiques. Il est partenaire du Musée d Aquitaine Ville de Bordeaux. De nombreuses reproductions exposées ont été réalisées par des stagiaires de l AFPA, le gisant d Aliénor d Aquitaine, par exemple. Champagne-Ardenne Une action innovante du Conseil régional Champagne-Ardenne, la création à Reims d une plate-forme territoriale de formation pour les métiers du tertiaire L AFPA et le GRETA de Reims se sont engagés dans un partenariat, soutenu par le Conseil régional, pour offrir, sur une plate-forme territoriale commune, une nouvelle approche de la formation tertiaire sur Reims, pariant sur l innovation : plus individualisée, plus courte, plus spécialisée, centrée sur les besoins des entreprises partenaires. Dans ce contexte, s ouvre fin septembre la première formation «Évènementiel et communication», conçue par l AFPA et le GRETA, personnalisée, ciblée sur les besoins des entreprises partenaires. 16 candidats, repérés par l ANPE et les Missions locales vont ainsi, pendant cinq mois, aider activement les entreprises dans leurs projets de communication (appui à l organisation d un salon professionnel, à la mise en œuvre d un site web, à la conception d une maquette ou création d un journal ). Une plate-forme réellement innovante qui associe : l l entreprise de l amont à la fin de la formation, pour répondre au mieux à ses besoins et sécuriser le parcours du stagiaire vers l emploi, l l ANPE afin d assurer aux stagiaires un meilleur retour à l emploi, l l AFPA et le GRETA pour mutualiser leurs moyens humains, techniques et pédagogiques et produire une offre qualitative couvrant les besoins du marché. 22 n visa compétences n 8