Annexe 2 L urbanisation de la plaine du Chablais : un développement à canaliser Un développement dispersé On observe un développement important de l urbanisation dans la plaine du Chablais, en particulier, mais pas exclusivement, sur le territoire des communes de Monthey, Collombey-Muraz et Aigle. Ces trois communes abritent à elles-seules 40% des habitants et 46% des emplois de la région. Ce développement de l urbanisation «colonise» progressivement le territoire comme le montre la carte ci-après. Les noyaux historiques (en brun foncé) du début du 20 ème siècle se sont progressivement étendus, mais de manière parfois assez «pointilliste». En particulier en ce qui concerne les gros générateurs de déplacements, les nouvelles implantations, s opèrent souvent hors de portée des infrastructures ferroviaires desservant la plaine et engendrent ainsi une croissance significative des déplacements individuels motorisés, tout en disqualifiant l usage du transport public. Au-delà du seul développement actuel de l urbanisation, qui se caractérise par un certain «mitage» du territoire, les zones légalisées des communes en question, affectées à la construction (ou à terme affectables à la construction) sont relativement importantes et offrent un potentiel qui s inscrit dans un large périmètre. De plus, on constate une quasi-continuité entre les périmètres communaux de développement. Mais s il y a contiguïté, il n y a pas nécessairement coordination. Celle-ci n est pas facilitée par le fait que l on se trouve non seulement sur les territoires de plusieurs communes, mais également sur deux cantons, sans parler des barrières physiques. 10
Evolution de l urbanisation au 20 ème siècle dans le périmètre Bex Massongex Monthey Collombey-Muraz Aigle Ollon. Sources : voir rapport intermédiaire n 1 (6 mars 2002), planche n 4 11
sur un territoire morcelé Entre les axes structurants que sont : - les routes principales Villeneuve Aigle - Saint-Maurice et Saint- Gingolph Monthey - St-Maurice, sur lesquelles «s alignent» la presque totalité des principales localités de la plaine du Chablais, - deux lignes CFF, - une autoroute, - et le Rhône, constituant autant de coupures dans le sens longitudinal du territoire, franchies ponctuellement, dans ce secteur, par l AOMC, et les axes routiers Monthey-Bex, Collombey-Ollon, Illarsaz-Aigle et Vionnaz-Aigle, il résulte un découpage du territoire en «poches» qui n ont souvent pas de liaisons entre elles autres que par leur périphérie. Cette structure d organisation du territoire va bien évidemment à l encontre d une desserte efficace par les transports publics. En effet, celle-ci devrait être assurée au centre de gravité des zones urbanisées ou urbanisables à terme. De plus, les points d arrêt ne devraient pas être éloignés de plus de 300m de marche effective de l habitat ou des activités à desservir, si l on veut sauvegarder l attractivité du service offert. L accès à pied à ces points d arrêt devrait par ailleurs être au moins aussi favorable que l accès aux possibilités de stationnement des voitures particulières. Un besoin manifeste de vision globale et de cohérence L absence d une vision globale et cohérente du développement de ce vaste territoire «transcantonal» a conduit à envisager l organisation de la desserte de ces poches, de manière «indépendante». Ainsi, à l exemple du périmètre de la zone d activités de la partie aiglonne du pôle Chablais, le système de desserte retenu, prend en compte de manière raisonnable les contraintes locales de l occupation du sol et les zones «gelées» destinées à l extraction de gravier. 12
Desserte en «poche» du périmètre aiglon du «Pôle Chablais», en fonction des contraintes actuelles d occupation et de morcellement du territoire Source : Esplanade Aménagement SA «Lignes directrices et schéma d organisation spatiale du pôle de développement du Chablais vaudois» Rapport final révisé, mars 2004 13
Ce qui semble adéquat, à court voire à moyen termes, peut être apprécié différemment si l on prend un peu de recul dans le temps et dans l espace. On constate alors : - que le secteur aujourd hui voué à l extraction de gravier fait partie intégrante du périmètre du «pôle» et qu il pourra à terme (même lointain) accueillir des activités, - que sur la rive valaisanne du Rhône, d importantes surfaces affectées à la construction se situent dans un «prolongement» nord-sud de ce secteur, sans qu aucune relation soit envisagée entre ces deux zones d activités, en raison de l obstacle que constitue le Rhône. - que du centre de Monthey au centre d Aigle, en passant par Collombey il existe un important territoire urbanisable selon un «axe médian» dont la continuité n existe pas, mais dont la création à moyen ou long terme n est pas assurée, voire qui pourrait être compromise si l on ne prend pas rapidement les mesures conservatoires nécessaires. Entre le centre de Monthey et celui d Aigle, un axe d urbanisation continu se constitue pour lequel il manque une vision globale, en particulier en ce qui concerne sa desserte à long terme par les transports publics 14
Si une cooordination, au travers d une planification commune, n est pas assurée, on prend le risque de voir anéantie toute possibilité d organiser à terme un transport public efficace et compétitif desservant ce vaste territoire urbanisable. On pourrait faire valoir que des secteurs destinés à l extraction de gravier ou au stockage d hydrocarbures ne sont pas vraiment des zones d activités génératrices de déplacements. Ce serait ignorer que ce territoire étant désigné comme zone d activités, le retour à l agriculture par un dézonage est peu vraisemblable et que des mutations dans les types d activités sont monnaie courante sur une échelle de temps plus longue. D autres régions (par exemple l ouest de l agglomération lausannoise) paient aujourd hui le prix fort une absence de volonté politique d aménagement. Les urbanistes avaient pourtant lancé, en vain, un cri d alarme au début des années 70. 15