Sabrina Rouviere. Entrailles de Femmes. Auto-psy collective

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Thierry Labrie
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2 Sabrina Rouviere Entrailles de Femmes Auto-psy collective

3 Sabrina Rouviere, 2018 ISBN numérique : Courriel : contact@librinova.com Internet : Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

4 À toutes les femmes qui ont éclairé mon chemin, À ma sœur Sarah,

5 «Créer, voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui la rend légère.» Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra.

6 Note d intention Pas évident d être une femme au XXIe siècle... même en France! Benoîte Groult 1 écrivait dans son ouvrage Ainsi soit-elle : «Au siècle dernier, pour être respectable, il ne s agit pas d être mère, il s agit d être mariée». Elle nous raconte que jusqu à la fin du XVIIIe siècle, les filles séduites ou les veuves enceintes étaient tenues de faire une déclaration de grossesse aux autorités locales. La fille-mère dont l enfant mourait avant d avoir été baptisé encourait la pendaison. Aujourd hui, les femmes sont actives, elles décident. Elles ont la liberté de faire ou pas un enfant, de se marier ou pas, d avorter, de divorcer, de prendre une contraception, d adopter, de faire carrière, d aimer une femme... Avant les femmes étaient soumises, passives. Derrière leurs fourneaux ou à devoir écarter les jambes, elles subissaient une société où l homme prenait toute la place. Aujourd hui - en France - les femmes sont libres. Elles ont le choix. Mais quels choix? Ces deux dernières phrases résonnent en boucle dans ma tête. Je dévore l ouvrage en question. Je suis en mars Catharsis.

7 Certaines phrases d un livre qu on lit bien au chaud sous la couette, des mots que l on entend dans la rue au détour d une conversation, des pensées partagées entre amis dans des moments impromptus peuvent nous faire l effet d une révélation, d un électrochoc ou bien d un bonbon délicieux qu on laisserait fondre éternellement sous notre palais. «Pas évident d être une femme au XXIe siècle... même en France! Aujourd hui en France les femmes sont libres. Elles ont le choix. Mais quels choix?» Je me pose la question. Introspection. Je ne sais pas répondre à voix haute. Il faut que je m arme de mon cahier et de mon stylo, que je note, que je rature... J ai été habitée plusieurs jours avant de pouvoir accoucher de quelques réflexions. Puis déferlement de mots qui glissent sur les feuilles. Une auto-thérapie comme il m est souvent arrivé de faire après un grand chagrin, une révolte intérieure qui avait besoin de «sortir». L (a)ncrage sur le papier. Et puis, soudain, l envie d interroger, de demander aux autres femmes, de leur donner la parole. Parce que j en avais assez de me justifier, sans préavis, sur le fait que je n étais pas «encore» mère. Parce que j étais à un âge où les femmes autour de moi devenaient mères et souvent sans se poser de questions. Parce que moi, je m en posais sûrement trop.

8 Parce que j ai été, à plusieurs reprises, témoin de confidences d une beauté sans nom. Parce que j ai été, à certains instants, plongée dans des intimités douloureuses auprès de femmes qui n osent pas dire et qui s expriment tout à coup et non comme une poésie apprise par cœur à l école maternelle. Parce que j ouvrais toujours de grands yeux devant la détermination de femmes homosexuelles qui me confiaient sereinement et en toute conscience leur désir d enfant. Parce que je me sentais démunie face à mes amies qui ne pouvaient pas devenir mères. Et pour des tas d autres raisons qui n ont pas encore fait surface... Je me suis lancée dans cette belle aventure humaine et j ai demandé à des femmes de partager leurs visions des choses au sujet de la féminité et de la maternité. Je ne saurais dire ce qui m habitait vraiment à ce moment-là. Comme dirait Pierre Soulages 2 : «C est ce que je fais qui m apprend ce que je cherche». Je n avais pas idée de l ampleur du travail ni du temps que cela allait me demander. Néanmoins, je compris vite que le sujet devait être abordé sans retenue ni honte. Avec de l humour ou les larmes au bord des yeux, je souhaitais que chacune puisse aller au cœur de ses entrailles. J ai fait le choix de partager ces écrits de manière anonyme afin que les plumes soient plus «légères», c est-à-dire plus détachées. La difficulté de ce projet résidait, d une part, dans le fait que le sujet est très intime. D autre part, écrire demande une disponibilité d esprit et d emploi du temps (donnée dont nous manquons tous) et toutes les femmes

9 ne sont pas à l aise avec l écriture. Ainsi, j ai reçu des mails, des lettres, des messages sur Messenger, de très longs textos sur mon portable. J ai aussi interviewé et retranscrit au plus près de l intention de ma source (enfin je l espère), j ai pris des notes n importe où, n importe quand, j ai écouté des conversations où je n étais pas invitée, et j ai lu... beaucoup beaucoup d ouvrages sur la Femme et sur la Mère. Je me suis immergée pendant deux ans dans un bain de femmes. La tête hors de l eau face à chacune de mes invitées. Je désirais ainsi ressentir leurs émotions, permettre aux vibrations d être corporelles. En parallèle de mon cheminement intérieur et de mes découvertes, je voulais être habitée par chaque histoire sans la penser, sans émettre de jugement, sans subjectivité. J ai interrogé toutes les générations. Des femmes de différents milieux sociaux et de différentes cultures. J ai sélectionné 100 regards. 100 chemins de vie, 100 cheminements qui ont eu une résonance en moi. J aurais pu demander à 200, 500, 1000 femmes, âgées de 9 à 99 ans, de témoigner à ce sujet mais je ne cherchais pas à mener une enquête sociologique ni à faire une étude pour l INSEE. L essentiel est, pour moi, de faire écho. De vous proposer, à vous lecteurs, ces chemins... Peut-être que vous vous retrouverez à la croisée de certains, peut-être que vous cheminerez vers des terres jusqu alors inexplorées... L essentiel est pour moi d ouvrir des portes... et pourquoi pas trouver des clés! Je souhaitais un collectif d écriture à 100 mains. Pari réussi. Merci à vous toutes, plumes de cet ouvrage. Bonne lecture.

10 Mon texte d appel Salut les Nanas, Salut à vous, filles de, et peut-être mères, grands-mères, belles-mères, épouses, célibataires, célibattantes, divorcées, séparées sans enfants, en couple recomposé avec des enfants, libertines, homo, bi, mères porteuses... Je viens vous parler d un projet qui mûrit dans ma tête depuis quelques mois. Un projet intime pour lequel j ai besoin de votre participation. Simone de Beauvoir a écrit «On ne naît pas femme, on le devient», je m interroge sur la suite : «On ne naît pas mère,...» En quelques mots, en dessins, en photos, en chansons, en de longues pensées philosophiques, j aimerais partager avec vous cette intimité. Que signifie pour vous, être femme aujourd hui, au XXIe siècle? Comment envisagez-vous la féminité? Comment exprimez-vous votre féminin? Peut-on être femme et mère? Comment vivez-vous le fait de pouvoir donner vie? Quels choix vous habitent? Comment? Pourquoi? J aimerais recueillir votre témoignage à ce sujet. N hésitez pas à partager votre expérience avec votre personnalité. Parce que la pudeur fait taire les âmes en souffrance. Parce que la vie passe à cent à l heure et qu on prend trop rarement le temps de se poser. Parce qu il est temps de rallumer les lumières, de se dire les choses. Parce qu il est toujours intéressant d écouter comment un mot résonne. Parce que les femmes d aujourd hui doivent pouvoir dire sans le

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