RENFORCER LES COMMUNAUTÉS RURALES DU CANADA: Moins nombreux et plus âgés : Population et démographie : Les défis du Canada. Un rapport pancanadien

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1 RENFORCER LES COMMUNAUTÉS RURALES DU CANADA: Moins nombreux et plus âgés : Population et démographie : Les défis du Canada Un rapport pancanadien

2 Ce document a été produit dans le cadre de l initiative Renforcer les communautés rurales du Canada par le Dr. Bakhtiar Moazzami, pour le compte d Essential Skills Ontario, Decoda Literacy Solutions, le Saskatchewan Literacy Network, Literacy Newfoundland and Labrador et RESDAC. Les points de vue et les interprétations figurant dans la présente publication sont ceux de l auteur et ne représentent pas nécessairement ceux du gouvernement du Canada ou d Essential Skills Ontario., Decoda Literacy Solutions, le Saskatchewan Literacy Network, Literacy Newfoundland and Labrador ou RESDAC. 2

3 CONTENTU 1 INTRODUCTION 3 PARTIE I: LES TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES AU CANADA RURAL ET URBAIN 7 PARTIE II: CARACTÉRISTIQUES SOCIOÉCONOMIQUES COMMUNES AU CANADA RURAL

4 INTRODUCTION Au Canada, la prospérité économique est fondée sur les produits de base et l exportation des ressources naturelles provenant des régions périphériques et rurales. En plus de faire partie intégrante de l environnement et du tissu culturel de notre nation, les petites villes et les communautés rurales des quatre coins du pays produisent les ressources naturelles permettant la croissance des villes et des banlieues. Néanmoins, plusieurs communautés rurales et éloignées peinent à survivre. Le vieillissement des populations, l absence d infrastructures nécessaires à un avenir prospère, la migration des jeunes vers les centres urbains, le capital humain diminué et les mouvances économiques ne sont que quelques-uns des défis auxquels font face plusieurs petites communautés canadiennes. Le Canada rural constitue 95 p. cent de la masse continentale. Selon la façon dont on définit le terme «rural», de 19 à 30 p. cent des Canadiens habitent une région rurale 1. La taille de la population rurale varie considérablement selon la province ou le territoire. En 2011, la part de population rurale atteint jusqu à 53 p. cent à l Île-du-Prince- Édouard et diminue à 14 p. cent en Colombie-Britannique 2. Renforcer les communautés rurales du Canada est une initiative pancanadienne qui s est penchée sur les incidences des changements démographiques sur les régions rurales et urbaines dans quatre provinces du pays, soit la Colombie-Britannique, Terre-Neuve-et-Labrador, l Ontario et la Saskatchewan. L étude s est attardée aux quatre groupes de population suivants : 1. L ensemble de la population. 2. La population francophone, définie comme les personnes ayant le français comme langue maternelle. 3. La population autochtone, telle que le définit Statistique Canada, soit toute personne ayant déclaré appartenir à au moins un groupe autochtone, c est-à-dire Indien de l Amérique du Nord, Métis ou Inuit, et/ou toute personne ayant déclaré être un Indien des traités ou un Indien inscrit tel que défini par la Loi sur les Indiens du Canada, et/ou toute personne ayant déclaré appartenir à une bande indienne et/ou à une Première nation. 4. La population immigrante, définie comme les personnes ayant le statut d immigrant reçu ou de résident permanent au Canada, ou l ayant déjà eu. Nous avons examiné les tendances démographiques passées, présentes et futures dans les régions rurales et urbaines en accordant une attention particulière au degré de ruralité. Nous avons analysé certaines tendances socioéconomiques existant dans les régions rurales et urbaines. Nous avons en outre exploré les facteurs expliquant les écarts de revenu entre les régions rurales et urbaines. Pour ce faire, nous avons défini des indices du capital humain pour les régions rurales et urbaines et constaté qu une grande partie de ces écarts de revenu provient des différences dans la composition du capital humain de leur population active respective. 1

5 Le présent rapport vise à rassembler les constats des quatre études réalisées, pour vérifier s il existe des éléments communs aux régions rurales qui pourraient constituer le fondement d une approche unifiée du développement économique au sein des régions rurales et des petites villes du Canada. Avant d examiner les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des régions rurales, nous devons définir le terme «rural». La notion suscite un éternel débat entourant la question de savoir s il s agit d un concept géographique, d une représentation sociale ou encore d une culture et d un mode de vie. Ce rapport est axé sur les classifications géographiques des régions rurales. Il existe au moins six façons de définir les régions rurales, chacune mettant l accent sur des critères différents, par exemple la taille de la population, la densité de la population et le contexte du marché du travail. Il résulte de ces diverses définitions des estimations différentes relatives aux populations rurales et urbaines. Statistique Canada suggère d utiliser la définition «région rurale et petite ville» (RRPV) comme point de départ ou repère pour l examen de la population rurale du Canada. Il s agit de la population vivant dans les villes et municipalités situées à l extérieur des zones de migration quotidienne des grands centres urbains, c est-à-dire ceux qui comptent habitants ou plus 3. Statistique Canada fait également référence à la population rurale selon la définition du recensement qui fait référence aux populations vivant à l extérieur d agglomérations comptant habitants et plus et une densité démographique de 400 habitants ou plus au kilomètre carré. 2

6 PARTIE I: LES TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES AU CANADA RURAL ET URBAIN CANADA La Figure 1 illustre la population rurale au Canada, en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Ontario et en Saskatchewan, en fonction de la définition du recensement et celle se rapportant au concept de «région rurale et petite ville». Figure 1: Population rurale en 2011 Canada Colombie-Britannique Ontario Saskatchewan Terre-Neuve-et- Labrador Rural- Recensement Région rurale et petite ville L emploi de définitions différentes a également pour effet de modifier la part de population rurale dans les provinces, comme le démontre la Figure 2. En moyenne, environ 19 p. cent de la population canadienne vivait dans les régions rurales de recensement en La part de la population rurale dépasse 40 p. cent à l Île-du- Prince-Édouard (53 %), au Nouveau-Brunswick (48 %), en Nouvelle-Écosse (43 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (41 %). La population rurale représente respectivement 33 et 28 p. cent de l ensemble de la population en Saskatchewan et au Manitoba. En moyenne, environ 38 p. cent de la population dans les six provinces mentionnées habite les régions rurales. La Colombie-Britannique et l Ontario affichent les parts les plus faibles de population rurale. Figure 2: La part en pourcentage de la population rurale en 2011 Canada Colombie-Britannique Ontario Saskatchewan Terre-Neuve-et- Labrador Rural- Recensement Région rurale et petite ville La population rurale représente respectivement environ 19 et 17 p. cent de l ensemble de la population au Québec et en Alberta. La part de population rurale au Canada et dans les provinces décline en raison du vieillissement de la population, à laquelle s ajoutent la migration de sortie des jeunes et l incapacité d attirer ou de retenir les immigrants (Figure 3). La population rurale peut être désagrégée en quatre zones, selon les flux de navettage de la population active vers tout centre urbain ou centre de population. Ces zones sont appelées les zones d influence métropolitaine (ZIM) et sont classées selon qu elles soient fortes, modérées, faibles ou nulles. Les régions à ZIM forte sont celles où au moins 30 p. 3

7 cent de la population active se déplace vers les plus grands centres urbains pour y travailler. Les régions à ZIM modérée sont celles où entre 5 et 30 p. cent de la population active se déplace vers les plus grands centres pour y travailler. Les régions à ZIM faible comprennent celles où le flux de navettage se situe entre 0 et 5 p. cent. Les régions à ZIM nulle sont celles où personne ne fait la navette vers les centres urbains pour y travailler. Figure 4: Répartition en pourcentage de la population rurale en 2011 Figure 3: La part en pourcentage de la population rurale Colombie- Britannique Terre-Neuve-et- Labrador À partir du recensement de 2011, la Figure 4 démontre la répartition en pourcentage de la population rurale dans diverses régions en Canada Colombie-Britannique Ontario Saskatchewan Terre-Neuve-et- Labrador ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Une majorité, soit 39,1 p. cent de la population rurale canadienne vit dans les régions rurales à ZIM modérée. Environ le tiers habite les régions rurales relativement éloignées, ayant des liens faibles, voire aucun lien, avec les centres urbains. Parmi les quatre provinces faisant l objet de l étude, l Ontario présente la part la plus faible de population rurale vivant dans les régions relativement éloignées (17,1 %), suivie de Terre-Neuveet-Labrador (48,4 %), de la Colombie-Britannique (49,3 %), et de la Saskatchewan (60,8 %). L un des facteurs importants touchant les régions rurales et Figure 5: Diversité linguistique et culturelle en 2011 Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador Autochtone Immigrante 4

8 urbaines du Canada se rapporte à leur diversité culturelle et linguistique, comme l illustre la Figure 5. La majorité des Francophones vit dans les centres urbains (Figure 6). Environ 78,6 p. cent des immigrants de Terre- Neuve-et-Labrador vivent dans les centres urbains. La proportion d immigrants vivant dans les centres urbains augmente à 85,9 p. cent en Saskatchewan, 94,9 p. cent en Colombie-Britannique et à 97,2 p. cent en Ontario. Figure 6: Répartition géographique des Francophones et des Autochtones en 2011 Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Population autochtone vivant dans les réserves Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Population autochtone vivant hors réserves Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM De la même manière, la majorité des Autochtones habitant hors ZIM faible réserve vit dans les centres urbains. Par ailleurs, une grande partie de la population autochtone vivant dans les réserves habite des régions relativement éloignées affichant de faibles liens ou aucun lien avec les centres urbains. À l aide de la méthode de projection par cohortes et composantes, nous avons établi des projections sur les populations rurales et urbaines, à partir de l année de référence, soit 2011, jusqu à l an 2025 (Figure 7) 4. Les projections démographiques établissent des extrapolations à partir des données historiques, en se fondant sur des hypothèses relatives aux futurs taux de fécondité, taux de mortalité et flux migratoires. L exactitude des projections est directement proportionnelle à la taille de la population et à son taux de croissance historique, et inversement proportionnelle à la durée de la période de projection. Nous avons utilisé les données démographiques détaillées issues des recensements 5

9 de 2001 et de 2011, obtenues de Statistique Canada. Nous avons également obtenu les taux de fécondité selon l âge pour les régions rurales et les petites villes ainsi que pour les régions urbaines en Nous avons présumé que les taux de fécondité demeureraient les mêmes pendant la période de projection. Nous avons aussi présumé que les flux migratoires pendant la période de projection seraient les mêmes qu en 2001 et en Figure 7: Projections relatives à la population rurale Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador On prévoit que la population rurale décline dans toutes les provinces pendant la période de projection. Le taux de déclin diffère selon les provinces. On estime que la population rurale diminuera de 19,3 p. cent à Terre-Neuve-et- Labrador, de 17,2 p. cent en Ontario, de 12,2 p. cent en Colombie-Britannique et de 4,0 p. cent en Saskatchewan. 6

10 PARTIE II: CARACTÉRISTIQUES SOCIOÉCONOMIQUES COMMUNES AU CANADA RURAL Il existe plusieurs similarités au sein des régions rurales du Canada : le déclin de la population, la migration de sortie des jeunes, le vieillissement de la population, les niveaux de capital humain peu élevés, une part relativement faible de personnes en âge de travailler et une population immigrante de petite taille. Par ailleurs, plus de la moitié des Autochtones dont le nombre atteint 1,4 million et faisant partie des Premières Nations, des Inuits et des Métis, habite le Canada rural. Les économies rurales sont très diverses. D une part, on trouve les communautés à industrie unique qui dépendent seulement de l agriculture, de la foresterie, des mines, de la pêche, de la chasse et de la trappe, de l exploitation pétrolifère ou gazière ou encore du tourisme. D autre part, il existe également des communautés présentant des économies mixtes. Certaines régions rurales jouissent de solides économies, alors que d autres souffrent de chômage chronique et de pénuries d emplois. Selon un récent rapport de Statistique Canada, on comptait au pays environ 1,1 million d entreprises ayant des employés salariés en Quelque 21,6 p. cent de ces entreprises étaient situées dans les régions rurales et petites villes (Figure 8). Figure 8: Pourcentage des entreprises situées dans les régions rurales Le rapport indique que la et les petites villes selon la taille des effectifs en 2007 proportion d entreprises situées dans les régions rurales et petites villes variait selon la taille de l entreprise. En 2007, environ 24,7 p. cent de l ensemble des entreprises comptant 1 à 4 employés étaient situées dans les RRPV. De plus, en comparaison Toutes les entreprises avec le Canada, les régions rurales présentaient une proportion plus élevée d entreprises comptant 1 à 4 employés. Environ 18 p. cent de l ensemble des entreprises rurales au Canada étaient engagées dans les industries primaires. La proportion d entreprises des industries primaires varie de 16 p. cent dans les régions rurales ayant des liens étroits avec les centres urbains, à 30 p. cent dans les régions éloignées. Seulement 5 p. cent des entreprises rurales sont situées dans des zones éloignées, en dépit du fait que la majorité des ressources naturelles inexploitées du pays se trouvent dans les régions rurales relativement éloignées. La construction, les services de distribution, les services sociaux et personnels ainsi que la fabrication constituaient le reste des activités industrielles dans les régions rurales 6. 7

11 Figure 9: Taux de chômage dans les régions rurales et urbaines du Canada en 2011 Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Les régions rurales partagent une autre caractéristique : leur taux de chômage relativement élevé (Figure 9). Le taux de chômage augmente avec le degré de ruralité. Les régions ayant de faibles liens, ou aucun lien, avec les centres urbains affichent les taux de chômage les plus élevés. Il s agit de régions où on constate un fort potentiel de croissance lié aux ressources naturelles, qui requiert cependant le développement d infrastructures en plus de la coopération entre Autochtones et non Autochtones, deux facteurs qui sont dans une large mesure absents à l heure actuelle. Figure 10: Taux de dépendance dans les régions rurales et urbaines du Canada Les taux de chômage élevés engendrent une plus grande dépendance aux paiements de transfert gouvernementaux (Figure 10). Or, le niveau de dépendance aux paiements de transfert gouvernementaux augmente plus le degré de ruralité est élevé. Colombie-Britannique Urbaine Terre-Neuve-et-Labrador ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Il existe un lien clair et signifiant entre les taux de chômage et de dépendance, qui sont tous deux influencés par l environnement économique régnant dans les diverses régions. Le portrait est semblable lorsqu on s attarde au revenu d emploi moyen dans les régions rurales et urbaines du pays (Figure 11). Plus le degré de ruralité augmente, plus le revenu moyen décline. La seule exception émerge dans les régions rurales ayant un faible lien avec les centres urbains, où le revenu moyen est plus élevé que le revenu des régions ayant un lien modéré aux centres urbains. Statistique Canada rapporte que les collectivités des zones d influence métropolitaine faible font souvent 8

12 Figure 11: Revenu d emploi moyen dans les régions rurales et urbaines du Canada Colombie-Britannique Terre-Neuve-et- Labrador Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM office de centres de service régionaux. En comparaison avec les autres régions rurales, les communautés ayant de faibles liens avec les régions urbaines présentent également un nombre relativement plus élevé d entreprises de production de services et d entreprises comptant plus de 200 employés 7. On note également qu environ 24 p. cent de toutes les entreprises d industries primaires sont situées dans les régions rurales ayant un faible lien avec les centre urbains 8. L écart de revenu entre les régions rurales et urbaines du pays est considérable. En moyenne, le revenu dans les régions rurales éloignées est moins élevé d environ 30 p. cent que celui des centres urbains. Qu est-ce qui explique cet écart de revenu entre les régions rurales et urbaines? Est-ce l éloignement ou encore l absence de capital humain? Nous nous attardons à cette question un peu plus loin. Les régions rurales éloignées présentent le revenu moyen le plus faible, les taux de chômage les plus élevés et le plus haut pourcentage de personnes recevant des paiements de transfert. Comme il a été noté précédemment, cette situation persiste en dépit du fait que ces régions abritent d importantes ressources naturelles. Il semble que le développement économique soit restreint dans ces régions, faute de développement adéquat des infrastructures. Les lacunes liées Figure 12: Répartition géographique des entreprises selon leur taille dans les régions rurales du Canada Rurale ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM Toutes les entreprises 9

13 aux infrastructures et à l accès au marché constituent des obstacles notables au développement économique des régions rurales relativement éloignées. Comme l illustre la Figure 12, seulement 5 p. cent de toutes les entreprises rurales sont situées dans les régions éloignées. Dans Figure 13: Retour aux études au Canada l ensemble, environ 21,5 p. cent des entreprises rurales sont situées Retour aux (études %) dans les régions rurales ayant des liens étroits avec les centres urbains; 35,7 p. cent sont situées dans les régions rurales présentant un lien modéré avec les centres urbains et 37,8 p. cent dans les Secondaire Métiers Collège Niveau universitaire Diplôme régions rurales ayant un faible lien inférieur au baccalauréat universitaire avec les centres urbains. Nous avons également examiné la composition du capital humain de la population en âge de travailler dans les régions rurales et urbaines. Les indicateurs du capital humain ont été estimés à partir de la productivité de la maind œuvre, telle qu indiquée par les retours aux études selon les niveaux de scolarité. Figure 14: Indicateurs du capital humain dans les régions rurales et urbaines en 2011 Pour estimer les indices du capital humain, nous avons tout d abord estimé les retours aux études à divers niveaux de scolarité au Canada (Figure 13) 9. L estimation des retours aux études augmente à mesure que le niveau de scolarité s accroît, ce qui suggère une productivité plus élevée chez les individus possédant un niveau d instruction supérieur. Colombie-Britannique Terre-Neuve-et- Labrador Urbain Rurale Nous avons par la suite utilisé les retours aux études estimés ou les coefficients de productivité comme pondérations afin de calculer l indice moyen pondéré de la part d individus ayant différents niveaux de scolarité pour chacune des subdivisions de recensement (SDR) du Canada et des provinces 10. Les indices du capital humain estimés pour les régions rurales et urbaines ainsi que ceux de divers groupes de population sont présentés à la Figure 14. Les indices estimés varient de 1, si aucun des résidents de la région n a complété ses études secondaires, à environ 2, si tous les résidents ont 10

14 Figure 15: Indicateurs relatifs à la composition du capital humain dans les régions rurales obtenu un diplôme universitaire. Dans l ensemble, les indicateurs relatifs à la composition du capital humain sont plus faibles dans les régions rurales. Terre-Neuve-et- Colombie-Britannique Labrador ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM La Figure 15 présente la répartition géographique des indicateurs du capital humain dans les régions rurales en Dans l ensemble, les indices du capital humain diminuent plus le degré de ruralité augmente. Les indices sont considérablement moins élevés dans les plus petites communautés rurales et éloignées. Il existe toutefois une exception en Saskatchewan, où l indice dans les régions éloignées est plus élevé que celui des régions à ZIM faible. Nous avons examiné les facteurs Figure 16: Pourcentage des emplois exigeant une éducation postsecondaire expliquant les écarts de revenu entre les régions rurales et Exigences en matière de compétence envers urbaines. On note au moins deux explications concurrentes quant aux écarts de revenu observés. Une explication possible soulève l importance du capital humain pour justifier les écarts de revenu entre les personnes en emploi des régions rurales et urbaines. La logique sous-jacente consiste à ce que les travailleurs des grands centres urbains présentent un capital humain plus élevé et qu ils soient par conséquent plus productifs, ce qui à son tour leur permet d obtenir de meilleurs salaires correspondant au niveau du capital humain des individus en question. Les personnes qui vivent en régions rurales ont un capital humain plus faible et conséquemment, des salaires moins élevés. Cette explication met en lumière les incidences du capital humain sur le revenu potentiel. Dans l ensemble, les travailleurs affichant un capital humain plus élevé sont plus productifs et sont de ce fait mieux rémunérés. 11

15 Par ailleurs, une autre explication relève de la présence des économies d agglomération, où les plus grands centres urbains offrent aux entreprises un avantage en matière de productivité qui n est habituellement pas accessible aux entreprises des régions rurales. L avantage sur le plan de la productivité est lié aux bénéfices que les entreprises retirent de leur proximité entre elles. Ainsi, les travailleurs des centres urbains présentent une productivité plus élevée de laquelle découlent des revenus supérieurs. Les économies d agglomération Figure 17: Pourcentage de la population en âge de travailler possédant un diplôme postsecondaire en 2011 font référence à la notion d économies d échelle et aux effets de réseau. On s attend à ce que le coût par unité de production diminue alors que la proximité immédiate engendre une division et une spécialisation optimales du travail, l accès aux infrastructures partagées, ainsi que des coûts d intrants moins Colombie-Britannique Terre-Neuve-et-Labrador élevés en raison de la présence de multiples fournisseurs se Urbaine ZIM forte ZIM modérée ZIM faible Aucune ZIM faisant concurrence. On peut aussi ajouter au nombre des avantages, la disponibilité et la diversité de la maind œuvre ainsi que la taille du marché. Nous avons constaté que les écarts de revenu entre les régions urbaines et rurales provenaient des différences sur le plan de la composition du capital humain de leur population active respective. À partir de diverses études menées par le ministère de l Éducation de l Ontario, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, le ministère de l Éducation, des Habiletés et de la Formation de la Colombie-Britannique, le ministère de l Enseignement postsecondaire et du Développement du marché du travail de la Colombie-Britannique, et d autres agences gouvernementales, la firme Miner Management Consultants a établi une estimation des pourcentages de nouveaux emplois exigeant une éducation postsecondaire au cours de prochaines années (Figure 16) 11. Quelle est la réelle disponibilité des compétences chez la population en âge de travailler dans les régions rurales et urbaines du Canada? Comment cela se compare-t-il avec les exigences en matière de compétences présentées à la Figure 16? À l aide de l Enquête nationale auprès des ménages de 2011 et s attardant à la population en âge de travailler (personnes de 15 à 64 ans), la Figure 17 illustre le pourcentage de la population en âge de travailler qui possède un diplôme postsecondaire. 12

16 Il semble que le niveau de scolarité de la population en âge de travailler qui habite les régions rurales et urbaines soient moins élevés que le niveau des exigences estimées en matière de compétences. Le niveau de scolarité décline considérablement plus le degré de ruralité augmente. Autrement dit, si la disparité actuelle persiste entre le niveau de scolarité de la population active des régions rurales du pays et les exigences en matière de compétences pour les futurs emplois, de nombreux travailleurs des régions rurales se trouveront sans emploi et plusieurs emplois ne seront pas pourvus. Un récent sondage mené auprès de 150 dirigeants de grandes entreprises de tous les secteurs et de toutes les régions du pays rapportait que les entreprises n avaient pas été en mesure de pourvoir à quelque emplois entre 2011 et L Alberta, le Québec, l Ontario, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique faisaient partie des provinces qu évoquait le rapport. Plusieurs des répondants indiquaient prévoir une augmentation des pénuries de main-d œuvre au cours des prochains cinq à dix ans, alors que la population vieillit et que l économie prend de l essor 12. J ai aussi sondé plusieurs entreprises multinationales et délocalisées opérant dans le nord de l Ontario. L un des thèmes fréquemment cités par les entreprises portait sur leur incapacité à repérer une main-d œuvre qualifiée dans les régions rurales du nord de l Ontario 13. Compte tenu des incidences du stock de capital humain sur la productivité et la capacité de revenu des populations rurales et urbaines, une approche possible pour maintenir, voire accroitre, la productivité et le revenu consiste à rehausser la productivité en augmentant les investissements touchant l éducation dans les régions rurales 14. De fait, en plus de relever la productivité et le revenu, les investissements en éducation génèrent des répercussions sociales et économiques notables. L objectif devrait être de réduire l écart entre le niveau du capital humain actuel dans les régions rurales et les exigences des futurs emplois en matière de compétences que présente la Figure

17 NOTES DE FIN 1 Statistique Canada, Structure et évolution de la démographie rurale du Canada : Mise à jour jusqu en 2006, et Bulletin d analyse Régions rurales et petites villes du Canada, Volume 7, numéro 7. 2 La part de population rurale au Québec (19, 4 %), en Ontario (14,1 %), en Alberta (16,9 %) et en Colombie-Britannique (13,8 %) se situaient en-dessous de la moyenne nationale en Plessis, V.D., R. Beshiri, R.D. Bollman and H. Clemenson, Definitions of Rural, Statistique Canada, Division de l agriculture, décembre 2002, Catalogue No MIE No Cette méthode de projection est la plus utilisée par les planificateurs puisqu elle fournit des renseignements sur la croissance ou le déclin potentiels d une région, selon l âge et le sexe. Le ministère des Finances de l Ontario a aussi recours à la méthode cohortes-composantes dans le cadre de ses projections démographiques à long terme. 5 Statistique Canada, Bulletin d analyse, Régions rurales et petites villes du Canada, Vol. 8, no 3, janvier Ibid, Tableau 3, page Statistique Canada, Bulletin d analyse, Régions rurales et petites villes du Canada, Vol. 8, no 3, janvier 2010, page 1. 8 Ibid, page Le modèle relatif au revenu prend cette forme : lnwage = α + Σβ i S i + X i δ i + ε i, où S i s correspond aux niveaux de scolarité les plus élevés, et où X i s représente d autres variables de contrôle, y compris les catégories d âge, l état matrimonial, etc. et où εi est un terme d erreur. HCI = exp{σβ i. Si shares), où exp correspond à exponentiel et Si shares correspond à la part de la population âgée de 15 à 64 ans ayant un niveau d instruction Si dans une SDR donnée. Cette formule de la mesure du capital humain est fondée sur Hall, R.E. et C.I. Jones (1999), Why do some countries produce so much more output per worker than others?, Quarterly Journal of Economics 114 (1), Voir également Francesco Caselli, Accounting for Cross-Country Income Differences, première ébauche, novembre Rick Miner, People Without Jobs, Jobs Without People, Ontario s Labour Market Future, février Conseil canadien des chefs d entreprise, Second Survey Report: Skills Shortages in Canada, mars Moazzami, B., Survey of Multinational and Multi-locational Firms in Northern Ontario, préparé pour l Initiative fédérale du développement économique pour le Nord de l Ontario, Nous avons réalisé quatre études complémentaires abordant les retours aux études et leurs incidences sur divers indicateurs socioéconomiques au sein de quatre groupes de population (l ensemble de la population, les Francophones, les Autochtones et les immigrants) en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Ontario et en Saskatchewan. Les résultats fournissent des estimations quantitatives des incidences qu ont les niveaux supérieurs de scolarité sur diverses dimensions : la probabilité d être au chômage, le taux d activité, le taux de dépendance, la probabilité de travailler à temps partiel ou à temps plein et le revenu. 17

18 Pour plus de renseignements, visitez renforcercommunautesruralescanada.ca