Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire au Sahel et en Afrique de l Ouest JUIN 2006

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1 Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire au Sahel et en Afrique de l Ouest JUIN 6 Une installation progressive de la campagne agricole au Sahel avec localement des retards non préoccupants pour le moment Résumé Au 20 juin 6, le cumul de la pluviométrie estimée indique des zones de déficit faible à modéré sur la plupart du Sahel et le reste de l Afrique de l Ouest. Les zones où les conditions sont au dessus de la moyenne sont la plupart situées dans la zone agricole du Tchad, le nord ouest du Niger et une grande zone qui s étend du sud est de la Mauritanie au centre ouest du Mali en descendant vers l ouest du Burkina Faso et se prolongeant sur une grande partie du nord de la Côte d Ivoire et du Ghana. Comparé à une situation moyenne (1995-5), l installation de la campagne au 20 juin 6 est globalement en retard de 1 à plus de 3 décades dans plusieurs localités de la région notamment dans les grands bassins céréaliers du nord du Nigeria et de la zone nord Guinée, extrême sud du Mali, extrême sud ouest du Burkina Faso, nord Ghana, nord Bénin et nord Togo. Le niveau de la couverture, de développement et la vigueur de la végétation reflétés par l indice de la végétation est encore limité aux zones soudaniennes des pays du Sahel sur un axe allant du centre du Sénégal jusqu au sud du Tchad. Il faut cependant noter que sur le plan agro climatique, les retards constatés dans l installation de la saison ne sont pas encore préoccupants. Il y a un grand espoir de les voir se combler dans les décades à venir notamment au Sahel où la saison est à ses tout débuts. Un suivi rapproché et un croisement d informations et de données complémentaires doivent être menés afin de déterminer l impact que ce retard pourrait avoir sur la production agricole, l élevage et le mode de vie des populations dans les zones pastorales du Nord du Sahel et dans les zones de déficit modéré du Nigeria, du Togo, du Bénin et du Ghana. Sur le plan alimentaire, la situation est globalement satisfaisante dans la région. L évolution générale des marchés céréaliers en juin 6 continue à être satisfaisante avec des conditions d accessibilité aux céréales proches de la moyenne et nettement meilleures que celles ayant prévalu l an dernier à la même période. Une pluviométrie cumulée faible à modérée et mal répartie Les premières pluies ont débuté au Sahel dès la première décade du mois d avril 6 au Sud du Burkina Faso, du Mali et du Tchad. Elles se sont lentement étendues vers le nord de la région avec une répartition spatiale très inégale. Ainsi, la pluviométrie cumulée estimée du début du mois d avril 6 à la deuxième décade de juin 6 (Figure 1a) est restée faible et le plus souvent localisée dans les pays côtiers où la saison tire normalement vers sa fin. Elle a été modérée dans la zone soudanienne du Sahel et beaucoup plus faibles et éparses au centre et au nord du Sahel où la saison est à ces débuts. Ainsi, le centre et le sud des pays côtiers (Nigeria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d Ivoire) ont en général enregistré des cumuls estimés entre et plus de 1 mm. Dans la zone soudanienne du Tchad, le centre nord du Nigeria, le sud ouest du Burkina Faso, le sud du Mali, l est du Sénégal et une bonne partie de la Guinée Bissau, de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone, les cumuls estimés se situent entre 100 et 400 mm. Au Sahel proprement dit où la saison est encore à ses débuts les cumuls varient de 0 à 100 mm. Au 20 juin 6 et comparativement à la moyenne (1995-5) (Fig.1b), le cumul de la pluviométrie estimée indique des zones de déficit accentué sur la Guinée, la Sierra Leone et la moitié ouest du Liberia, des zones de déficit faible à modéré sur la plupart du Sahel et le reste de l Afrique de l Ouest. Le déficit modéré est sensible sur la moitié ouest du Nigeria, le RESEAU DE SYSTEMES D ALERTE PRECOCE CONTRE LA FAMINE DE L USAID USAID FAMINE EARLY WARNING SYSTEMS NET WORK COMITE PERMANENT INTER-ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE DANS LE SAHEL PERMANENT INTERSTATES COMMITTEE FOR DROUGHT CONTROL IN THE SAHEL

2 nord du Togo, du Bénin, le centre est du Burkina Faso, la moitié sud ouest du Niger, l ouest du Mali, et l est de la Guinée Conakry. Les zones où les conditions pluviométriques sont au dessus de la moyenne sont localisées au nord du Sénégal, dans la zone agricole du Tchad, le nord ouest du Niger, le sud est de la Mauritanie, le centre ouest du Mali, le sud ouest du Burkina Faso et le nord de la Côte d Ivoire et du Ghana (Fig.1b). Figure 1a : Cumuls de la pluviométrie estimée du 1 er avril au 20 juin 6 Figure 1b : Anomalies des cumuls de la pluviométrie estimée au 20 juin 6 comparée à la moyenne de la même période Source : NOAA, carte USGS/Sahel Régional corroborée par le réseau FEWS NET Source : NOAA, carte USGS/Sahel Régional corroborée par le réseau FEWS NET Un démarrage tardif et hétérogène de la saison agricole 6/07 Les pluies ont été en général précoces au sud du Sahel mais leur irrégularité spatio-temporelle et leur faible importance par endroits, n ont pas permis un démarrage effectif de la saison agricole dans plusieurs localités. La Figure 2a montre la décade au cours de laquelle les conditions ont été en général favorables pour le déclenchement des semis. Elle montre que dans la zone soudanienne des pays Sahéliens tels que le Tchad, le Burkina, le Mali et au nord des pays côtiers comme la Cote d Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria les conditions d humidité sont devenues favorables pour les semis dès le mois d avril. Un peu plus au nord de cette bande est-ouest et à l ouest du Mali les conditions sont devenues favorables pour les semis au début du mois de mai, puis au début du mois de juin au sud du Sénégal et en Guinée Bissau. Comparé à une situation moyenne (1995-5) (Fig.2b), l installation de la campagne au 20 juin 6 est globalement en retard de 1 à plus de 2 décades dans plusieurs localités de la région notamment dans les grands bassins céréaliers du nord du Nigeria et de la zone nord de la Guinée, de l extrême sud du Mali, de l extrême sud ouest du Burkina Faso, du nord du Ghana, du Bénin et du Togo. Figure 2a : Début de la saison au Sahel et au nord de quelques pays d Afrique de l Ouest Source : USGS, carte USGS/Sahel Régional corroborée par le réseau FEWS NET Figure 2b : Anomalies d installation de la campagne au 20 juin 6 comparée à la moyenne de la même période Une situation favorable avec une avance de 1 à 3 décades est à noter dans la plupart de la zone agricole du Tchad, au nord est du Nigeria, moitié sud du Mali, au sud et à l extrême est du Sénégal. Source : USGS, carte USGS/Sahel Régional corroborée par le réseau FEWS NET Une mosaïque de zones en avance et des zones en retard pouvant atteindre 4 décades se retrouve centrée sur le centre et l est du Burkina Faso. Cette zone s étend à l extrême ouest du Niger, au nord du Bénin et au nord ouest du Nigeria. 2

3 Il faut cependant noter que les retards constatés dans l installation de la saison par endroits ne sont pas encore préoccupants. Il y a un grand espoir de les voir se combler dans les décades à venir notamment au Sahel où la saison est à ses débuts et peut normalement s installer en juillet. Par contre dans les zones pastorales du Nord du Sahel notamment au Niger et dans les zones de déficit modéré du Nigeria, du Togo, du Bénin, la situation doit être considérée différemment : - au nord du Sahel il y a un risque pesant pour le bétail qui est entrain de remonter vers les zones pastorales où il pourrait manquer une régénération des pâturages ; - dans les grands bassins céréaliers du nord et du centre du Nigeria, du Bénin, du Ghana et de la Côte d Ivoire pourvoyeurs du Sahel en cas de déficit, il y a là aussi un risque important de sécheresse de fin de saison de la première campagne. Cette situation pourrait affecter la disponibilité précoce des céréales issues de ces zones, ce qui constitue généralement une étape vers la sortie de la période de soudure au Sahel dès août. Un suivi rapproché et le croisement d informations et de données complémentaires doivent être menés afin de déterminer l impact que ce déficit s il se prolongeait pourrait avoir sur les productions agropastorales. Un développement végétatif hétérogène résultant du rythme d installation des pluies. Sur le plan développement végétatif, les quantités de pluies et leur répartition spatio-temporelle ont eu un impact direct sur la production de la biomasse. Le niveau de la couverture, de développement et la vigueur de la végétation reflétés par l indice de végétation par la différence normalisée (NDVI) (Figure 3a) montre qu en général, le front de végétatif est encore limité au Sahel sur un axe allant du centre est du Sénégal, ouest du Mali, sud est de la Mauritanie et jusqu au sud du Tchad. Comparé à la situation moyenne (1982-4) l analyse du NDVI indique un développement globalement moins bon de la végétation dans le Sahel exception faite de deux grandes zones dont une est centrée sur le sud est du Sénégal, la Guinée Bissau, l ouest du Mali et l ouest du Burkina Faso et l autre centrée sur le sud du Tchad (Figure 3b). D autres zones très localisées de développement de la végétation supérieur à la moyenne apparaissent au sud est de la Mauritanie, au centre est du Ghana, au sud du Bénin, un peu au nord est du Nigeria et au centre ouest du Tchad. Figure 3a : Indice Normalisé de Développement de Végétation au 20 juin 6 au sahel et en Afrique de l Ouest Figure 3b : Anomalies du développement de la végétation au 20 juin 6 comparé à la moyenne de la même période Source : NASA, carte USGS/Sahel Régional Source : NASA, carte USGS/Sahel Régional Des marchés calmes confirmant le caractère non encore préoccupant de la situation pluviométrique Comme le mois précédent, les marchés céréaliers sont toujours globalement stables avec un niveau de prix nettement inférieur à celui de l an dernier à la même période et généralement proche de la moyenne des cinq dernières années. Cela corrobore en partie la conclusion selon laquelle, les conditions actuelles d installation de la campagne ne sont pas encore préoccupantes. 3

4 Sur les marchés céréaliers des capitales sahéliennes, le prix du kilogramme de mil en juin 6, se situe entre 162 frs à Ouagadougou (Burkina Faso) et 193 frs à Niamey (Niger) presque identique qu en mai 6. Il est partout inférieur à celui observé en juin 5 (Graphique 1). Comparé à la moyenne des cinq dernières années à la même période, le prix du mil en juin 6 est plus bas que cette moyenne à Dakar, N Djaména et Ouagadougou. Il est par contre supérieur à la moyenne à Bamako et à Niamey. Sur les marchés frontaliers du Sahel, situés au Nigeria (Jibia, Illela, Mai Adua et Damassak) et au Bénin (Malanville), le niveau du prix du mil en juin 6 se situe entre 132 frs le kilogramme à Damassak au Nigeria et 150 frs le kilogramme à Malanville au Bénin, soit la même fourchette que le mois passé. Par rapport au niveau moyen des prix observés sur les cinq (5) dernières années, on constate que les prix relevés en juin 6 sont inférieurs à la moyenne sur tous les marchés frontaliers du Nigeria et du Bénin (Graphique 2). Ainsi, en juin 6 on continue à observer des prix pratiqués sur les marchés frontaliers nettement inférieurs aux prix pratiqués au Sahel ce qui est une bonne condition pour la poursuite des importations des céréales à partir du Nigeria ou du Bénin en direction du Sahel. Graphique 1 : Niveau du prix du mil dans quelques capitales sahéliennes Juin 6 Juin 5 Moyenne Graphique 2 : Niveau du prix du mil sur certains marchés frontaliers limitrophes du Sahel Juin 6 Juin 5 Moyenne Bamako Dakar Niamey Nd'jamena Ouaga Jibia Illela Mai Adua Damassak Malanville Source : Données SIM Nationaux, Graphique, FEWS NET/Sahel Source : SIMA Niger, Graphique FEWS NET/Sahel Sur le plan tendanciel, en analysant l évolution du prix du mil sur les différents marchés depuis la période des récoltes (Graphique 5 et 6), on remarque que le quasi stabilité observée depuis mars 6 se maintient globalement en juin 6 avec même une tendance à la baisse sur les marchés frontaliers (Graphique 4). Graphique 3 : Évolution post-récolte 5-6 du prix du mil dans certaines capitales du Sahel et comparaison par rapport à Bam ako Dakar Niam ey Ouaga Graphique 4 : Évolution post récolte du prix du mil sur certains marchés frontaliers limitrophes du Sahel et comparaison par rapport à Jibia Illela Mai Adua Damassak Malanville Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avril Mai juin 100 Nov Déc Jan. Fév. mars avril Mai juin Source : SIM Nationaux, Graphique FEWS NET/Sahel Source : SIMA Niger, Graphique FEWS NET/Sahel Toutefois il convient de noter qu à Dakar et à Ouagadougou, les prix ont accusé une légère hausse entre mai et juin 6. Cette remontée n est pas préoccupante et pourrait s expliquer par le fait que ces deux capitales affichent encore les plus bas prix et cela depuis février 6 (Graphique 3). Avec l installation de la campagne, il y a une diminution des approvisionnements à partir des zones excédentaires locales ce qui pourrait amener les commerçants à s aligner sur le niveau régional. La reprise à partir du mois d avril des échanges transfrontaliers entre le Mali et la Mauritanie a amélioré les approvisionnements en sorgho et mil dans le sud est Mauritanien. 4

5 En conclusion, l évolution générale des marchés céréaliers en juin 6 continue à être satisfaisante avec des conditions d accessibilité aux céréales proches de la moyenne et nettement meilleures que celles ayant prévalu l an dernier à la même période. Perspectives La situation alimentaire est globalement satisfaisante dans la région. Si la campagne continue à s installer avec une amélioration des conditions actuelles, sans retard généralisé, il est probable que le bon fonctionnement des marchés se maintienne le mois prochain. Néanmoins, au regard de tout ce qui s est passé au niveau du démarrage de la saison, il est nécessaire de renforcer le suivi au niveau des points suivants : l évolution de la biomasse dans les zones pastorales où si le retard d installation de la saison persiste, il pourrait entraîner des pertes de bétail par suite de concentration des troupeaux et amplifier les conflits entre éleveurs et agriculteurs autour des zones agricoles ; l état effectif de l installation de la campagne et la situation des cultures dans les bassins céréaliers du Nigeria et dans les zones soudaniennes du Burkina Faso et du Mali. Laouali IBRAHIM Pour toute information sur le contenu de ce bulletin, prière contacter les personnes ci-après : Amadou Mactar KONATE Moussa CISSE Salif SOW Alkhalil ADOUM FEWS NET Sahel Tél. (00226) Ouagadougou, Burkina Faso librahim@fews.net Skype : fn-librahim PRA/SA/LCD ; CILSS Tél. (00226) /28 poste 411 Ouagadougou, Burkina Faso amadou.konate@cilss.bf PRA/Marchés ; CILSS Tél. (00226) /28 poste 404 Ouagadougou, Burkina Faso moussa.cisse@cilss.bf FEWS NET/WASHINGTON Tél. (001) WASHINGTON Etats Unis d Amérique ssow@fews.net USGS /AGRHYMET Tél. (00227) Niamey, Niger A.Alkhalil@agrhymet.ne 5

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