UNESCO, le 10 décembre 2007
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- Sylvaine Beauregard
- il y a 6 ans
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1 Discours de M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de l UNESCO, à l occasion du lancement officiel des activités de l UNESCO pour le 60 e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l homme UNESCO, le 10 décembre 2007 Excellences, C est pour moi un immense honneur de vous accueillir à l UNESCO à l occasion du lancement des célébrations du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l homme. Comme vous le savez, c est un moment particulièrement solennel pour notre Organisation, dont l Acte constitutif se fixe comme but principal «de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l homme et des libertés fondamentales pour tous». Aujourd hui même, le Haut Commissariat aux droits de l homme à Genève lance le cycle des cérémonies qui vont marquer tout au long de l année 2008 l anniversaire de la Déclaration universelle. Nous y prenons une part active, et notre rencontre d aujourd hui est une première contribution à cet effort conjoint des Nations Unies. J adresse d ailleurs ma reconnaissance à Monsieur Bacre Ndiaye, qui représente auprès de nous Madame Louise Harbour. Permettez-moi aussi d adresser mes remerciements très sincères aux différents invités qui ont accepté de répondre aujourd hui à notre invitation. Je remercie tout d abord de sa présence M. Michel Doucin, Ambassadeur aux droits de l homme et représentant de la République française. A travers vous, c est DG/2007/160 Original : français
2 la voix de la France, pays de la Déclaration des droits de l homme et du citoyen de 1789, que nous accueillons. Je tiens également à saluer chaleureusement deux grands acteurs de l histoire récente des droits de l homme, qui ont accepté de partager avec nous leurs réflexions sur les enjeux et défis de la Déclaration universelle des droits de l homme : Monsieur l Ambassadeur Hector Gross Espiell, Délégué permanent de l Uruguay auprès de l UNESCO ; et Monsieur le Professeur Karel Vasak. Enfin, mes remerciements vont aux différents experts qui nous parleront de l avenir des droits relevant des domaines de compétence de l UNESCO : Madame Virginia Bonoan Dandan, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels ; Madame Camilla Croso, coordinatrice générale de la Campaňa Latinoamericana por el Derecho a la Educación (CLADE) ; Madame Yvonne Donders, Directrice adjointe du Amsterdam Center for International Law ; et Monsieur Kwamé Karikari, Directeur exécutif de la Media Foundation for West Africa. Nous sommes tous appelés aujourd hui à redoubler d efforts pour que l idéal commun proclamé en 1948 par l Assemblée générale des Nations Unies, réunie à Paris, au Palais de Chaillot, devienne une réalité. Cette mobilisation de chacun exige d abord une réaffirmation solennelle de la valeur indivisible et universelle des droits reconnus par la Déclaration. L UNESCO, pour sa part, est née de la conviction qu une paix durable ne pouvait être établie que sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l humanité, ainsi que sur le respect des droits de l homme et de la justice. Soixante ans plus tard, il n est pas inutile pour une organisation comme la nôtre, qui a adopté plus de trente conventions, recommandations et déclarations en rapport avec les droits de l homme, de revenir, de façon critique et lucide, sur la pertinence des différents droits relevant de nos domaines de compétence. Je pense d abord au droit à l éducation, essentiel à la réalisation d une véritable éducation pour tous, et garantie nécessaire d une pleine participation de chacun à DG/2007/160 - Page 2
3 la vie politique, économique et culturelle des sociétés. A cet égard, la promotion de la Convention de l UNESCO concernant la discrimination dans le domaine de l enseignement (1960) devra continuer de guider notre action. Je pense également au droit de prendre part à la vie culturelle, aujourd hui reconnue comme priorité tant il est vrai que nous vivons dans des sociétés de plus en plus multiculturelles, soucieuses de la reconnaissance de leurs identités, langues et traditions. Là aussi, je suis heureux de constater que des instruments tels que la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ou la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, nous aident aujourd hui à renforcer ces droits. Il me faut à présent mettre un accent renouvelé sur le droit à la liberté d opinion et d expression. L UNESCO, seule agence des Nations Unies à disposer d un mandat pour défendre la liberté d expression et la liberté de la presse, est en effet consciente de la nécessité, vérifiée chaque jour, de défendre avec vigilance ces droits universels, indispensables à la construction durable de sociétés libres et démocratiques. Fort de ce constat, je me rendrai moi-même à Maputo, au Mozambique, le 3 mai 2008, pour remettre le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano, à l occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Enfin, il convient d évoquer le droit à bénéficier du progrès scientifique et de ses applications. C est là une préoccupation majeure de nos sociétés modernes, confrontées à des révolutions scientifiques et technologiques très rapides dont les incidences, à la fois juridiques et éthiques, bouleversent nos vies quotidiennes. L UNESCO, qui a placé depuis plusieurs années déjà l éthique des sciences et des technologies, et notamment la bioéthique, au cœur de ses priorités, devra là aussi continuer à faire preuve d audace et de vigilance. Sur tous ces sujets, de nombreuses avancées peuvent être constatées. Mais nous devons aller au-delà d une énumération des acquis, aussi précieux soient-ils. Tout d abord, de nombreuses questions, zones de non-droit ou d incertitudes, restent d actualité. Je pense notamment aux progrès qui restent à faire en matière DG/2007/160 - Page 3
4 de droit à l éducation pour les filles et d égalité entre les sexes, à la protection des droits des minorités, ainsi qu à l accès et au partage aux ressources naturelles, telles que l eau douce. D autre part, il nous faut continuer à réfléchir sur les avancées du droit, ces «droits émergents» qui sont autant de défis communs à notre compréhension du monde, et qui reflètent une demande sociale et politique nouvelle de la part des sociétés. La santé, l alimentation, la bioéthique, le logement, l environnement sont ainsi des domaines qui appellent de notre part une réflexion attentive. Enfin, je reste convaincu que tous nos efforts resteront vains si nous ne mettons pas un accent décisif et prioritaire sur l éducation aux droits de l homme. Un tel constat appelle de notre part un regard neuf sur cet enseignement, qui tienne compte des exigences contemporaines liées à un dialogue serein entre les cultures et les religions, comme des préoccupations éthiques liées aux évolutions de la science. C est là un immense chantier auquel l UNESCO entend contribuer de façon substantielle, en mettant notamment au service des enseignants des manuels révisés et des méthodologies novatrices. C est pour répondre à l ensemble de ces défis que l UNESCO a préparé un Plan d action, que nous mettrons en œuvre tout au long de l année 2008, en coopération étroite avec le Haut commissariat aux droits de l homme et l ensemble du système des Nations Unies. Ce Plan, que nous continuerons d affiner en consultation avec l ensemble de nos Etats membres, comme nous l a demandé la Conférence générale lors de la 34 e session, sera une opportunité de mobiliser tous nos partenaires. Il nous permet d ores et déjà d envisager de nombreuses activités régionales, avec un accent particulier sur la question de l enseignement des droits de l homme et l avenir des droits de l homme au regard des nouveaux défis sociaux et éthiques. Je suis également heureux d annoncer que la 61 e Conférence annuelle des ONG, qui se tiendra en septembre 2008 à l UNESCO, en partenariat avec le Département de l information publique des Nations Unies, sera consacrée au soixantième anniversaire de la Déclaration universelle. DG/2007/160 - Page 4
5 Naturellement, je forme le voeu que tous les Etats membres, les Commissions nationale auprès de l UNESCO et l ensemble de nos partenaires se mobilisent activement pour nous aider à mettre en œuvre les nombreuses actions spécifiques prévues dans le cadre de ce Plan d action. Il me reste à présent à vous exhorter à garder confiance dans les idéaux de la Déclaration universelle de Ce texte a permis de consacrer l indivisibilité des droits de l homme, politiques, sociaux et économiques. Au-delà, il nous aide à repenser le caractère central de la notion de dignité humaine. Lorsque les droits de l homme sont violés, c est en effet la dignité humaine, c est-à-dire la part d humanité que chaque individu porte en soi, qui se trouve niée. Je ne pourrais clore de meilleure manière qu en invitant à présent Messieurs les Professeurs Héctor Gros Espiell et Karel Vasak à me rejoindre. J ai en effet le grand honneur de leur remettre à chacun, au nom de l UNESCO, une médaille qui symbolise la valeur inestimable de leur contribution aux droits de l homme, ainsi que notre profonde reconnaissance pour le travail qu ils ont accompli aux côtés de l UNESCO dans ce domaine. Monsieur le Professeur Héctor Gros Espiell, vous êtes l Ambassadeur et Délégué permanent de l Uruguay auprès de l UNESCO. Eminent expert en droit international, vous avez été ministre des affaires étrangères, Président de la Cour interaméricaine des droits de l homme et membre du Comité international de bioéthique de l UNESCO, au sein duquel vous avez joué un rôle essentiel lors de l élaboration de la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l homme en Monsieur l Ambassadeur, j ai l honneur de vous remettre la médaille d argent Aristote de l UNESCO. [Le DG remet la médaille d argent Aristote] DG/2007/160 - Page 5
6 Monsieur le Professeur Karel Vasak, vous êtes un spécialiste internationalement reconnu des droits de l homme. Vous avez été le premier Secrétaire général de l Institut international des droits de l homme à Strasbourg fondé par René Cassin, Directeur de la Division des droits de l homme et de la paix à l UNESCO de 1976 à 1981, et un théoricien novateur des dimensions internationales des droits de l homme. Monsieur le Professeur, je vous remets la médaille argent Gandhi de l UNESCO. [Le DG remet la médaille d argent Gandhi] En cette journée inaugurale du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l homme, je lance donc un appel solennel à la mobilisation de tous, organisations internationales, autorités nationales et locales, enseignants, communautés scientifiques et artistiques, organisations non gouvernementales, pour que cette anniversaire soit couronné de succès. Je souhaite que de nombreuses initiatives soient prises à travers le monde entier et que la Déclaration universelle des droits de l homme devienne le symbole effectif d un monde de dignité et de justice pour tous. Je vous remercie de votre attention. DG/2007/160 - Page 6
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