Drôles de chroniques hospitalières

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Lucille Bonnet
il y a 8 ans
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1 Gérard Hainaux Drôles de chroniques hospitalières L humour peut guérir Publibook

2 Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires PARIS France Tél. : +33 (0) IDDN.FR R.P Cet ouvrage a fait l objet d une première publication aux Éditions Publibook en 2013

Son impression sur papier est strictement réservée à l acquéreur et limitée à son usage personnel.

3 À ma belle-mère en maladie d Alzheimer, lors d une consultation, le médecin demande : «Qu est-ce qui vous plaît dans la vie?» Après un moment d absence et de réflexion, venu de son subconscient, d un air ému et angélique elle répondit : «La vie».

5 Pré-ambulatoire Ambulatoire : qui laisse au malade la possibilité de mener une vie active. Je dois avant tout vous avouer que rien ne me prédisposait à vous raconter tout ça. Peut être un léger goût pour la langue française. Cyrano de Bergerac adolescent ou quelques poèmes appris par cœur pour séduire les filles à la même époque. Mais rien de très particulier si ce n est que l aide d un poète professionnel dans ces jeunes situations amoureuses ne peut que soutenir l approche balbutiante d un apprenti amoureux. Eh bien! Ne croyez pas ça. Dans le meilleur des cas, mes conquêtes semblaient trouver le temps long face à mes propos pompeux d un autre âge alors qu elles n attendaient qu un geste de ma part pour aller flirtouiller derrière la haie voisine à l abri du regard des parents ou dans un recoin de mur rarement derrière l église malgré les idées reçues. Et quand je dis flirtouiller c était flirtouiller. Les premiers baisers, l effleurement furtif d un sein et c est tout. Nous étions au début des années 60. Mais excusez moi je m égare. Rien donc ne me prédisposait à ce conte d auteur puisqu à ce jour mon père âgé de 91 ans vit toujours chez 9

Mais rien de très particulier si ce n est que l aide d un poète professionnel dans ces jeunes situations amoureuses ne peut que soutenir l approche balbutiante d un apprenti amoureux. Eh bien!

6 lui avec sa seconde épouse, et que ma mère à 93 ans prend deux fois l an l avion pour quitter sa résidence de personnes âgées de Cannes et venir nous voir à Lyon. Cette longévité parentale me laissait augurer encore de belles années devant moi. J envisageais même le centenaire. Hélas! A 65 ans, après une vie travailleuse de 43 années somme toute enrichissante, je me suis retrouvé face à la maladie. La surprise fût d autant plus grande qu en 43 ans j avais dû m arrêter au plus une semaine pour cas d impossibilités majeures. Dont 3 jours d une vraie grippe, cloué au fond du lit à essayer d émerger. Et encore, j avais eu le tact de faire ça alors que j étais en congés pour le week end pascal. La classe! Donc une belle santé florissante au fil des années. Et là après quelques mois de retraite le clash l imprévu l impensable le machin qui te tombe dessus. Mais toujours élégant, il ne s agit pas du petit truc à moitié mal fini que l on soigne en quelques jours à coups d antibiotiques, et dont on parle légèrement au marché avec les relations. Non! Le vrai machin qui fait sérieux, avec lequel le traitement te fait perdre tes cheveux ta barbe et quelques kilos. Mais comme depuis longtemps j avais fait mienne la devise des Kennedy : NE PAS SE LAISSER ABATTRE, il est évident que je n allais pas me laisser faire par un machin sournois, hypocrite, qui chemine caché. 10

A 65 ans, après une vie travailleuse de 43 années somme toute enrichissante, je me suis retrouvé face à la maladie.

7 C est pourquoi pour mieux l affronter j ai décidé de le personnaliser et de lui donner un nom. Je l appelle Marcel. Comme je n en connais pas dans mon entourage je ne risque de vexer personne. A nous deux Marcel. 11

9 J ai dit que je l appellerai Marcel. Février 2012 Eh bien! Marcel, tu me fais chier Mais malgré lui il faut positiver. Il est primordial de positiver. Bon! D accord! D abord je commence par virer toutes les offres internet des Conventions obsèques et autres rentes viagères. Je positive. Les promos de vacances immédiates je les laisse de côté même avec 70 % de réduction. Y a des malheureux qui en ont besoin Je positive Bientôt je vais faire des économies de shampooing et de coiffeur Je positive Il faut toujours positiver Encore un exemple. Ces temps ci je dors moins. Maintenant à 4 H du matin je suis debout Eh! bien, j allume les pièces, je mets le lave vaisselle ou le lave linge en marche, même s ils sont vides. J invite les voisins à une surprise partie improvisée, et c est la fête. Car nous avons la chance d avoir un compteur électrique avec tarif de nuit allégé. Génial! Non? Merci E.D.F. Alors je positive et j en profite. En fait, je monte discrètement devant mon ordinateur sans trop éclairer pour ne pas réveiller Mireille (si elle 13

Les promos de vacances immédiates je les laisse de côté même avec 70 % de réduction.

10 dort) et comme un écrivain maniaque je note ce qui me passe par la tête. Je positive Mais, au fait, comment sait-on si on positive? 14

11 On y est on y va. Encore que le «on» est impersonnel et que cette affaire est très personnelle 9/02/2012 Bon! L aventure commencait bien. Un personnel accueillant, souriant, aux petits soins. A telle enseigne qu après l installation de mon bidon de secours hydratant relié à son long tuyau diffuseur, pas moins de 3 assistants sont venus à tour de rôle me faire les mêmes examens. Le coeur qui sonne juste, les poumons qui soufflent et aspirent bien, le tatage des ganglions en bon état, et tout et tout. Tout ça vous met en confiance pour la suite des événements. Y a que la troisième infirmière ou plutôt jeune toubib en fait, interne qui n a fait qu à me raconter toutes les misères qu elle allait me faire. Biopsie avec un gros brocard pour bien aller racler mon os. Ah! La nouvelle vient de tomber : il parait que c est un trocard Est ce que je lui parle de mon gros brocard moi? Et que demain ce sera une ponction lombaire, et qu on m en fera une à nouveau avant de partir, et même que j aurai droit à en avoir 2 à chaque séance. Bouf! elle m a un peu refroidi celle là. C est normal, elle avait les mains glacées pour me faire toutes les papouilles. Enfin! elle est mignonne. 15

Le coeur qui sonne juste, les poumons qui soufflent et aspirent bien, le tatage des ganglions en bon état, et tout et tout. Tout ça vous met en confiance pour la suite des événements.

12 Le seul hic, c est qu aujourd hui par -9 dehors, le chauffage de ma chambre est en panne. Ce qui fait que je conserve mes doudounes en polaire pilou-pilou et chaussettes en pure laine douce de jeune alpaga-mérinos qui tient chaud. Du coup, Mimi est allé à la maison chercher une couverture polaire, pour qu on ne me retrouve pas congelé. Et surtout pour qu on ne dise pas : «Il est où le Gégé super sweet de chez Zéno? Facile! Il est en chambre froide» Et puis on est aux petits soins pour moi. On m a emmené faire une échographie cardiaque, en chaise roulante toute neuve avec suspensoir pour mon baril de rhum blanc, poussé par un pousseur et à côté un agent causeur chargé de faire la conversation. Je crois que le pousseur est un jeune en formation, qui ne sait pas trop causer encore. 16

Du coup, Mimi est allé à la maison chercher une couverture polaire, pour qu on ne me retrouve pas congelé. Et surtout pour qu on ne dise pas : «Il est où le Gégé super sweet de chez Zéno? Facile!

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