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Documents disponibles sur www.math.polytechnique.fr/ laszlo Un peu de topologie Enseignants : F. Golse (golse@math.polytechnique.fr), Y. Laszlo (laszlo@math.polytechnique.fr), C. Viterbo (viterbo@math.polytechnique.fr) N hésitez pas à contacter (difficultés, coquilles dans poly, questions scientifiques...) l un de nous ou votre professeur de PC et surtout de passer au laboratoire (CMLS) pour discuter. Les amphis 1 (topologie) et 7,8,9 (fonctions holomorphes) sont assurés par YL, 2,3,4 (intégration, Fourier) par FG et 5,6 (Hilbert) par CV. Henri Lebesgue Georg Cantor Émile Borel Espaces métriques Une distance d : X X R + est une application symétrique vérifiant : 1) L inégalité triangulaire. 2) d(x, y) = 0 ssi x = y. On dit que X est un espace métrique. Exemple fondamental. X partie d un evn, d(x, y) = x y. Importance du choix des normes : l automobiliste choisira sur X = C 0 ([0, T ], R) la norme N = sup(vitesse) (nombre de points) ou N 2 = (vitesse)2 (consommation). Ex C 0 (R) avec d (f, g) = min(1, sup f g ) distance de la convergence uniforme. Adhérence Comme pour les normés, on définit la notion d ouvert, fermé et de convergence des suites. On se souviendra que Terminologie F fermé dans X X F ouvert dans X. Une suite extraite de (x n ) est une suite de la forme x ϕ(n) avec ϕ. Les limites des suites extraites de la suite (x n ) sont ses valeurs d adhérence. Prop. (x n ) converge ssi elle a une unique valeur d adhérence. 1) L adhérence Ȳ de Y X est l ensemble des valeurs d adhérence dans X des suite à valeurs dans Y : c est le plus petit fermé de X contenant Y. 2) Y X dense dans X ssi Ȳ = X.

Ex Q dense dans R, R[t] dense dans (C 0 ([0, 1]), sup [0,1] ) mais pas dans C 0 (R) muni de d (f, g) = min(1, sup f g ) (exo). Observation : x valeur d adhérence de (x n ) ssi De même, x Ȳ ssi ɛ > 0, card({k x k B(x, ɛ)}) =. ɛ > 0, B(x, ɛ) Y. Distance et adhérence Pour Y X, on pose d(x, Y ) = inf y Y d(x, y). On a d(x, Y ) = 0 x Ȳ. L inégalité triangulaire donne Corollaire L ensemble des valeurs d adhérences de la suite (x n ) est {x k, k n}. n et donc d(x, Y ) d(x, Y ) d(x, x ) x d(x, Y ) est continue. Métriques complets Une suite (x n ) de X est de Cauchy ssi ɛ > 0 n tel que p, q > n d(x p, x q ) ɛ. Toute suite convergente est de Cauchy : Prop. Soit Y X complet. Alors Y complet ssi Y fermé. Ex. R n, C n normés sont complets, (Q, ) ne l est pas. Un produit fini de métriques (X i, d i ) complets, muni de la distance somme d((x i ), (y i )) = i d i (x i, y i ), d(x n, l) ɛ/2 pour n n 0 d(x p, x q ) ɛ pour p, q n 0. Prop.Une suite de Cauchy converge ssi elle a une suite extraite convergente Faux sans la cond. Cauchy. X est complet si toute suite de Cauchy converge. est un métrique complet. C 0 ([ 1, 1]) muni de N (f ) = sup f est complet. C 0 ([ 1, 1]) muni de N 2 (f ) = f 2 ne l est pas (cf. poly). Importance des normes en dimension infinie. Critère de complétude des evn Un evn est complet ssi toute série abs. convergente converge.

Si xn <, alors suite de Cauchy donc converge. n k=0 Soit (x n ) de Cauchy. On construit par récurrence (x nk ) extraite avec x nk+1 x nk 2 k. La série (xnk+1 x nk ) est abs. convergente donc convergente et la suite extraite x nk converge et donc également x n. x k Fermés emboîtés dans un complet Définissons le diamètre d une partie X d un métrique par diam(x ) = sup d(x, y) R + = [0, ]. x,y X Théorème des fermés emboîtés L intersection d une suite décroissantes de fermés non vides F n d un complet dont le diamètre tend vers 0 est réduite à un point. Unicité : si et donc d(x, y) = 0. x, y F n, on a diam(f n ) d(x, y) Existence : on choisit x n F n. Si p q, Le problème des sous-recouvrements ouverts finis x p, x q F p donc d(x p, x q ) diam(f p ) 0. Ainsi, (x n ) de Cauchy converge vers x X. Fixons p. On a x = lim n x n+p, limite d une suite d éléments de F n+p F p. Donc p, x F p car F p fermé. Mais ]0, 1[= n>0]1/n, 1 1/n[ n a pas de sous-recouvrement fini.

Compacité Un espace métrique X est compact 1) Si de tout recouvrement ouvert on peut extraire un recouvrement fini, ou (équivalent, passer au complémentaire) 1 ) Si toute famille de fermés d intersection vide admet une sous famille FINIE d intersection vide. a) Si Y X et X compact alors Y compact ssi X fermé. Cor. Une intersection décroissante K i de compacts non vides est non vide.sinon K j = et K N = K j avec N = sup(j FINI ). J FINI J FINI b) L image continue d un compact est compacte. Théorème de Dini Toute suite décroissante f n C 0 (X, R), n 0 de fonctions continues à support compact convergeant en tout point vers 0 converge uniformément, ie lim n sup X f n (x) = 0. Pour ɛ > 0, posons F n = {x F f n (x) ɛ}. La suite F n décroît comme f n et F n (fermé dans le compact support de f 0 ) est compact. Comme lim f n (x) = 0 pour tout x, on a F n = et donc N F N = (une intersection décroissante de compacts est ). On a donc n N F n = et donc 0 sup f n ɛ. Théorème de Borel-Lebesgue Soit X métrique. Alors X est compact ssi toute suite a une suite extraite convergente. En particulier un compact est complet. On doit montrer : l intersection décroissante de compacts {x k, k n} n 0 Nombre de Lebesgue Soit U i recouvrement ouvert de X séquentiellement compact. Il existe δ > 0 tel que x X i, B(x, δ) U i. est non vide. Sinon, comme X est compact, N {x k, k N} =, une contradiction. On montre le lemme clef : Boules de Lebesgue d'un recouvrement ouvert d'un compact

Sinon, on construit x n tel que n i B(x n, 1/n) U i. Si x = lim x ϕ(n), ϕ, on a x U j et donc B(x, 1/N) U j pour N >> 0. Comme une contradiction. lim x ϕ(n) = x et lim 1/ϕ(n) = 0, on a B(x ϕ(n), 1/ϕ(n)) B(x, 1/N) si N >> 0, Si toute union finie des U i est X. Soit δ un nombre de Lebesgue. On construit (récurrence) x n telle que (abus) B(x n, δ) U n et x n U 1,, U n 1. Si d(x m, x n ) < δ pour m < n, on aurait x n B(x m, δ) U m. On a donc d(x m, x n ) δ pour m n et donc x n n aurait pas de suite extraite convergente. Appl. a) Un compact est complet. b) Un produit fini de métriques compacts est un métrique compact (avec la distance somme). Ex. [ A, A] compact (dichotomie), donc également ([ A, A] N, N 1 (x) = x i ). Appl. : f C 0 (compact, R) bornée et atteint ses bornes. Compacts de R N Lemme. Les compacts de (R N, N 1 ) sont les fermés bornés. Un compact est fermé et borné (contenu dans un nombre fini de boules). Réci., si X R N est fermé borné, pour A assez grand on a Corollaire du lemme X [ A, A] N qui est compact. Tous les normes de R N sont équivalentes. (Bolzano-Weierstraß) Les compacts de l evn R n sont les fermés bornés. Faux pour les normés de dim infinie et pour les distances. preuve de l équivalence des normes Applications de la compacité vers la mesure Soit Ω ouvert de R N et C c (Ω) le R-espace vectoriel des fonctions continues à support compact et Λ : C c (Ω) R une forme linéaire positive, ie f 0 Λ(f ) 0. Application fondamentale de Dini Soit f n C 0 (Ω, R), n 0 suite décroissante de fonctions continues à support compact convergeant en tout point vers 0. Alors lim Λ(f n ) = 0. Soit Ω K compact en dehors duquel f 0 (et donc tous les f n par décroissance de (f n )) est nul.

g=1 sur K La fonction continue ξ g(ξ) = sup(1 d(ξ, K)/ɛ, 0) vaut 1 sur K et 0 en dehors du compact K ɛ Ω. Donc K Le compact K ɛ = {ξ R N d(ξ, K) ɛ} K K є vérifie pour 0 < ɛ << 1 K ε Ω g=0 en dehors de K є K K ɛ Ω pour. U Détails. On a donc g C c (Ω) et f n = gf n. Ainsi, 0 Λ(f n ) = Λ(gf n ) sup(f n )Λ(g) et on applique Dini. Quelques mots sur la dénombrabilité On dit qu un ensemble X est dénombrable s il est en bijection avec une partie de N, i. e. si on peut numéroter pour N X [poser X = {x 1,, x n, n card(x )} x 1 = inf(x ), x n+1 = inf x X {x > x n}) pour 1 n < card(x ).] Propriété Une partie d un dénombrable, l image d un dénombrable sont dénombrables. Preuve Applications : 1) Un produit fini de deux dénombrables est dénombrable. Il suffit (récurrence) de prouver que N 2 est dénombrable. Mais (n, m) 2 n 3 m l identifie à une partie de N. 2) Une réunion dénombrable X n de dénombrables est dénombrable. Il suffit d écrire 3) X n = {x n,i, i 0} et de considérer (n, i) x n,i. Z ±1 N {0} et Q = n N 1 n Z sont dénombrables.

Dénombrabilité et topologie de R Un ouvert U de R est réunion dénombrable disjointe d intervalles ouverts disjoints. Pour x U, soit I x la réunion des intervalles ouverts contenant x : c est le plus grand intervalle ouvert contenant x. Si I x I y, on a J = I x I y intervalle ouvert contenant I x, I y et donc (maximalité) J = I x = I y. Ainsi, les I x sont disjoints ou confondus 2 à 2. Considérons l ensemble de parties de U F = {I x, x U}. On a Mais F dénombrable : pour tout I F, (densité des rationnels). choisissons un rationnel f (I ) Q I L application f : F Q est injective et donc F dénombrable. f(i) f(j) + + U = I (union disjointe). I F injectivité de f I J Argument diagonal de Cantor I = [0, 1[ (et donc R) n est pas dénombrable. On suppose I = {x n, n 0}. On écrit le développement (propre) en base 10 x n = k 1 a k,n 10 k. On pose a n = 2 si a n,n = 1 et a n = 1 sinon : n, a n a n,n. On pose x = k 1 a k 10 k = x n dév. propre. Si n tel que x = x n, on a a n = a n,n, contradiction. Fin de l amphi.