ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS en 2008



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QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS en 2008 Premièrement : introduction Les banques en activité au Liban sont restées dans une large mesure à l abri de la crise financière mondiale qui s est nettement aggravée en septembre 2008. Preuve en est : le gouvernement libanais n est pas intervenu pour soutenir le marché de l intermédiation financière, et la Banque centrale n a pas injecté de nouvelles liquidités ni réduit les taux d intérêts sur les instruments de la politique monétaire. A souligner aussi l absence de tout déséquilibre dans les relations et transactions interbancaires, de même, aucune mesure n a été prise pour restructurer et capitaliser les banques, ou pour assurer des liquidités manquantes ou traiter des actifs toxiques ou pourris comme cela a été le cas à l étranger. Au contraire, les dépôts auprès des banques ont nettement augmenté affichant un taux de 15,6 % après que le secteur bancaire libanais ait démontré être un abri sûr pour l épargne cherchant des opportunités de placement stables. L activité des emprunts bancaires n a pas ralenti et les profits n ont pas reculé. Au contraire, les crédits ont augmenté de 22,6 % pour le secteur privé et de 18,2 % pour le secteur public, alors que les profits nets ont augmenté de près de 30%. Cette performance du secteur bancaire est due à plusieurs facteurs : premièrement les banques opèrent dans le cadre de restrictions et de plafonds qu elles se sont imposées ellesmêmes en plus de ceux imposés par les autorités monétaires et de contrôle. Ainsi une politique conservatrice a été appliquée en matière de placements dans les créances titrisées et dans les dérivés financiers à hauts risques, avec nécessité d assurer en contrepartie un certain seuil de liquidité. Deuxièmement, les banques libanaises ont opté pour la diversification de leurs emplois, évitant la concentration de leurs placements directs auprès d institutions financières internationales et n ont pas eu par ailleurs de placements dans les banques internationales qui se sont effondrées. Troisièmement, les banques libanaises se basent principalement sur leurs dépôts comme source de financement, (ceux-ci constituant 84 % du total actif/ passif) et non sur les marchés du crédit et financier des pays développés. Quatrièmement, le fait de conserver un niveau élevé de liquidités en livres libanaises et en devises étrangères, a joué un rôle principal dans la sauvegarde du secteur bancaire. Sans compter le niveau important atteint par les fonds propres, la solvabilité élevée réalisée par le secteur suite à plusieurs années d efforts continus de la part de la Banque centrale et des banques, ainsi que l amélioration continue de la qualité du portefeuille des crédits. Finalement, alors que la crise financière mondiale s est déclenchée sur fond de crise des subprimes sur le marché immobilier aux Etats-Unis, le secteur de l immobilier au Liban a connu durant les dernières années une croissance normale, dictée par l offre et la demande. Il est à noter que les crédits immobiliers (autres que les prêts- logement aux particuliers), constituent près de 5 % seulement de l ensemble de l actif. Par ailleurs les dispositions rigoureuses des circulaires de la BDL requièrent du bénéficiaire du prêt d assurer de ses propres fonds la couverture d un pourcentage minimal du montant du projet immobilier à financer. Le dysfonctionnement des marchés financiers internationaux a constitué un motif additionnel pour les directions des banques et les autorités compétentes pour poursuivre les efforts visant à renforcer la solidité, la capacité et la résilience du secteur bancaire et financier à absorber tout choc potentiel, et de suivre de plus près tout développement ou effet négatif sur le portefeuille crédit des banques lié à la baisse de l activité économique générale ou à des rectifications dans certains secteurs, et ce, en plus de la consolidation des mesures de prudence et de contrôle. Dans ce cadre, s inscrit le souhait des autorités monétaires aux banques de limiter la distribution des dividendes à 25 % des profits de l année 2008 et d œuvrer pour la réactivation de la loi sur la fusion des banques. Par ailleurs un recul du rythme de croissance du secteur bancaire ainsi que de ses profits est prévu en 2009 en raison du ralentissement possible de l activité économique locale ainsi que des économies arabes et internationales, avec tout ce que cela entraîne en terme de baisse d activité des travailleurs à l extérieur, de leurs revenus, de leurs transferts vers le Liban, ainsi que de la baisse des investissements directs étrangers et de la baisse de la demande externe sur les produits et services libanais. Sans compter les répercussions du ralentissement des économies de la région et des troubles persistants dans les marchés financiers internationaux, sur les portefeuilles de crédits, sur les titres financiers qui sont évalués au cours du marché, sur les revenus des fonds d investissements liés aux banques, sur les revenus des services bancaires privés, ainsi que sur les revenus des investissements à l étrangers et autres revenus. I- CARACTÉRISTIQUES DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS A la fin de l année 2008 le nombre des banques opérant au Liban a atteint 64 banques, réparties entre 52 banques commerciales (dont 4 banques islamiques) et 12 banques d affaires et de crédits à moyen et long termes. Le nombre de branches ou agences des banques commerciales opérant au Liban a atteint 860 agences, celui des banques d affaires 17. Il y a ainsi au Liban 64

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 plus de 2 agences bancaires pour chaque 10 mille personnes, soit un taux de bancarisation élevé en comparaison avec les pays arabes et les pays émergents, et quasi-équivalent à celui des pays développés. La distribution des agences bancaires sur les régions libanaises correspond à la distribution géographique de l activité économique. En plus de leur large réseau d agences, les banques offrent les services bancaires à travers les services de la banque électronique via l Internet et le téléphone, ou à partir des cartes bancaires, de crédit et de débit. A la fin 2008, le nombre de distributeurs automatiques (ATM) mis au service des clients a atteint 1140 machines (300 distributeurs environ pour chaque un million de personnes), réparties entre les régions libanaises comme le montre le graphique ci-dessous. Alors que le nombre de terminaux de paiement électronique (POS) a atteint 13332 machines et le nombre de cartes bancaires en circulation, aussi bien de crédit que de débit, a atteint 1563958 cartes (environ 415 cartes pour chaque mille personnes). Source: Banque du Liban Le secteur bancaire libanais est depuis toujours ouvert à l étranger. Sur le marché libanais opèrent huit branches ou succursales de banques arabes et étrangères et onze banques commerciales libanaises à participation majoritaire arabe et étrangère et quatorze bureaux de représentation de banques étrangères. Les banques traitent également avec plus de 225 banques correspondantes répandues dans les quatre coins du monde, indice de la diversification et de la faible concentration des avoirs extérieurs des banques libanaises auprès de leurs banques correspondantes à l étranger. 65

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Emirats arabe Unis qui se distinguent par un important volume d opérations et de liquidités, par des marges bancaires élevées, et une forte présence de la main d oeuvre libanaise, et ceci en plus de leur présence dans les pays avoisinants tels la Syrie, la Jordanie et l Egypte. Notons que la BDL et la CCB suivent de près cette expansion en encadrant les banques par des réglementations et des mesures strictes de contrôle. Ainsi selon les dernières données disponibles, 17 banques libanaises se sont déployées dans 25 pays à l étranger, à travers 79 unités bancaires (28 branches de banque libanaise, 29 banques affiliées, 2 banques soeurs, 2 branches dans la zone franche syrienne, et 18 bureaux de représentation). Les banques affiliées ou soeurs possèdent également un réseau de 141 agences dans les pays susmentionnés (l implantation bancaire à l étranger est détaillée dans le tableau n 20 de l annexe statistique). Source: Banque du Liban Les banques libanaises ont continué en 2008 leur expansion régionale avec le soutien et l encouragement des autorités monétaires, afin de diversifier leurs services en conformité avec l évolution de l industrie bancaire mondiale, et afin d assurer une diversification de leurs risques et de leurs sources et types de revenus, et également pour accroître leur part du marché ainsi que leurs profits. Cette expansion à l étranger s est caractérisée par l ouverture de succursales, de bureaux de représentation, de fonds d investissement et d institutions financières dans les pays d Afrique, ainsi qu une plus grande pénétration dans les pays du Golfe notamment au Qatar en Arabie Séoudite et aux Les banques libanaises accordent un large éventail de services bancaires (aux particuliers et aux sociétés) qui comporte en plus des services bancaires traditionnels les services bancaires modernes tels ceux de la banque de détail, les services privés, la gestion des moyens modernes de paiement, les opérations fiduciaires, ainsi que les services de consultation, d assurance et d investissement. Le nombre de banques qualifiées de banques universelles (Universal Bank), en raison des services d intermédiation financière, des services d assurance et d investissement, ainsi que d autres services de la banque moderne qu elles accordent, s est accru. En outre, le marché libanais s est ouvert depuis le début de l année 2004 à la finance islamique et à l application de ses règles et principes à travers les contrats fiduciaires et plus tard avec la promulgation de la loi régissant la création de banques islamiques. La BDL a également émis une série de dispositions relatives, à la constitution de banques islamiques, à l exercice de leurs opérations et activités, à leurs états financiers, ainsi qu aux exigences des normes internationales de la finance islamique en matière de bonne gouvernance, de connaissance du client (Know Your Customer) et de la transparence. Par ailleurs les services des banques islamiques ne s adressent pas uniquement aux musulmans mais sont offerts à tout le monde. Les principaux services accordés par les banques en activité au Liban Retail banking Financement des sociétés Banque privée Finance islamique Banque électronique et cartes de crédit Services d assurance Services de conseil Opérations fiduciaires Marchés financiers Financement du commerce 66

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Le secteur bancaire libanais se caractérise également par son intégration profonde dans l économie libanaise. Ce secteur est considéré comme le principal bailleur de fonds de l économie nationale, tant dans le secteur public que privé. En effet, la part de l actif des banques investie dans l économie libanaise, y compris les dépôts auprès de la Banque du Liban, a atteint environ 80% du total actif à fin 2008 (soit 113256 milliards de L.L.) contre environ 20% pour les emplois à l extérieur du Liban. Cependant la part des emplois à l extérieur atteint plus de 35% si on prend en considération les emplois de la BDL à l extérieur du pays, et la part des ressources bancaires dont les revenus sont générés à l extérieur de l économie libanaise dépasse les 40%. C est ce qui explique la capacité du secteur bancaire libanais à dépasser en volume le Produit Intérieur Brut ou PIB du pays. Les créances à l économie ont atteint 46,5 milliards de dollars à fin 2008. D autre part, les banques commerciales demeurent le principal pôle pour mobiliser l épargne, preuve en est la base de leurs dépôts qui a dépassé 79 milliards de dollars américains à la fin 2008 soit près de 265% le montant du PIB. Les banques constituent également l intermédiaire principal pour l entrée des capitaux au Liban et pour le financement d une grande partie du déficit de la balance des paiements courants. En outre, le secteur bancaire porte dans ses registres, la plus grande partie des avoirs extérieurs du pays. Source: Banque du Liban Le secteur bancaire libanais contribue pour environ 4,8% au PIB, alors qu il n emploie qu un faible pourcentage ne dépassant pas 2% de la main d oeuvre libanaise globale, ce qui confirme sa productivité élevée. Ce secteur attire les hommes d expertise, de compétence et de qualification de haut niveau, comme en témoigne la hausse continue du taux d employés titulaires de diplômes universitaires, et qui a atteint en 2008 environ 64% du nombre total des employés dans le secteur qui était de 18632 employés. Les directions des banques accordent une attention particulière pour l amélioration des capacités humaines de tous les grades, en gardant constamment au courant l employé, des développements les plus importants dans l industrie bancaire mondiale, à travers des sessions de formation à l intérieur et à l extérieur de la banque, notamment celles organisées par l Association des Banques du Liban (Se référer à la partie 3 du présent rapport). Durant les quelques dernières années, les autorités monétaires et de contrôle ainsi que les directions des banques, ont pris de nombreuses mesures qui sont, dans leur totalité, en harmonie avec les normes et les principes adoptés par l industrie bancaire mondiale et qui sont publiés par la Banque de Règlements Internationaux (BRI ou BIS), le Fonds Monétaire International FMI, le groupe GAFI et d autres parties concernées par la stabilité financière internationale. Par ailleurs les banques libanaises sont reconnues pour être en conformité avec les normes internationales de l industrie bancaire. Les différentes mesures prises se sont axées sur la poursuite de la lutte contre le blanchiment d argent, l expansion du champ d application des règles de comptabilité et d audit internationales, ainsi que le développement du travail administratif et comptable en vue d améliorer la transparence et l application de la gouvernance. Le niveau actuel de transparence financière au Liban est considéré, selon les organismes internationaux, comme satisfaisant et conforme aux meilleures pratiques internationales. Ceci montre que les banques libanaises sont ouvertes aux exigences de contrôle du marché et du public. Pour revenir à la question de la lutte contre le blanchiment des capitaux, les banques ont accordé durant les quelques dernières années une importance accrue à cette question, en instituant des unités spécialisées dans chaque banque et en respectant les dispositions des circulaires de la Banque du Liban (BDL) et de la Commission d enquête spéciale ainsi que les mesures relatives à la connaissance du client (Know Your Customer), et en organisant de nombreux séminaires spécialisés dans ce domaine. Notons à cet égard que la Commission d enquête spéciale a reçu 249 demandes d enquête en 2008 relatives à 226 cas portant surtout sur des opérations de falsification, de financement du terrorisme, de fraude de fonds privés et publics et de trafic de drogue. Les banques restent parmi les plus importantes sources d informations avec 62 demandes d investigation en provenance du secteur bancaire durant l année indiquée. 67

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 III- ACTIVITÉ BANCAIRE A la fin 2008, le total actif / passif des banques commerciales opérant au Liban a atteint 142090 milliards de L.L. (soit l équivalent de 94,3 milliards de dollars U.S.) contre 123999 milliards de L.L. en 2007, enregistrant ainsi un taux de croissance de 14,6% en 2008 contre un taux plus faible de 10,7% en 2007. Le volume du secteur bancaire est très élevé comparé à celui de l économie libanaise (près de 320%) ce qui démontre la grande capacité des banques à attirer l épargne de l intérieur et de l extérieur, et explique l expansion bancaire vers l extérieur dont le rythme s est accru au cours des quelques dernières années. 1- Ressources du secteur bancaire* Les dépôts demeurent la principale ressource des banques commerciales opérant au Liban et constituent le moteur principal du total bilan des banques, et leur part représente 83,5% dans le total Passif à fin 2008. Cette part importante des dépôts a préservé les banques comme nous l avons mentionné plus haut de la crise financière internationale qui est une crise de crédit, de confiance et de liquidités. Par ailleurs comme ces dépôts sont de nature à court terme (actuellement de 90 jours en moyenne), donc rapidement convertibles d une monnaie en une autre, les banques adoptent une politique de placement basée sur le maintien de taux élevés de liquidité en livres libanaises et en devises étrangères. Les banques visent en contrepartie à renforcer continuellement leurs ressources à moyen et long termes pour assurer le financement de divers secteurs économiques productifs ainsi que le logement, et également pour augmenter leurs fonds propres et mieux parer aux risques d asymétrie de maturité. Les banques y parviennent à travers l émission de certificats de dépôts et d autres obligations, de récépissés de dépôts globaux (GDR s) et d actions ordinaires et préférentielles, en plus d autres instruments financiers. Et également à travers des lignes de crédit à moyen et long termes octroyées par des institutions et des fonds arabes et internationaux et dont une partie a été ratifiée après la conférence de Paris 3. Le tableau ci-dessous montre l évolution des principaux postes du passif des banques commerciales opérant au Liban, de par leur valeur absolue et leur importance relative par rapport au total durant la période allant de fin 2006 à fin 2008. Tableau n 1: Ressources du secteur bancaire en fin de période (En milliards de L.L.et en pourcentage) 2006 2007 2008 Valeur % Valeur % Valeur % Dépôts du secteur privé résident 77366 69.1 86981 70,2 99908 70.3 Dépôts du secteur public 1579 1.4 1163 0,9 1331 0.9 Dépôts du secteur privé non résident 14128 12.6 14454 11,7 17345 12.2 Engagements envers le secteur financier non-résident 4236 3.8 6108 4,9 6490 4.6 Fonds propres 8718 7.8 9439 7,6 10705 7.5 Autres postes du passif 5937 5.3 5854 4,7 6311 4.5 Total 111964 100.0 123999 100.0 142090 100.0 Source: Banque du Liban * On entend par secteur bancaire dans ce rapport les banques commerciales opérant au Liban uniquement sans les banques d affaires ou de crédit à moyen et long termes. Le total actif / passif des banques d affaires a atteint 6271 milliards de L.L. à fin 2008 contre 5041 milliards de L.L. à fin 2007 et 4975 milliards de L.L. à fin 2006. 68

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 1-1 Dépôts A la fin 2008, le total des dépôts auprès des banques commerciales, qui comprend les dépôts du secteur privé résident et non résident et ceux du secteur public, a atteint les 118584 milliards de L.L. (soit l équivalent de 78,7 milliards de dollars) contre 102598 milliards de L.L. (soit 68,1 milliards de dollars) à la fin 2007. Ainsi le total des dépôts a enregistré une hausse importante de 15,6% en 2008 après une croissance satisfaisante de 10,2% en 2007. Ce taux de croissance des dépôts devrait cependant se replier en 2009 avec les prévisions de baisse des transferts de fonds vers le pays qui vont être plombés par la récession économique mondiale, la hausse du taux de chômage, et surtout par le ralentissement de la croissance économique dans les pays du Golfe avec ses conséquences sur l emploi de la main d œuvre libanaise, l assèchement des liquidités excédentaires, le recul des investissements intérieurs ainsi que des investissements directs étrangers. En 2008 et surtout durant la deuxième moitié de l année, un volume important de dépôts est rentré au Liban, une partie provenant de dépôts de résidents placés à l extérieur du pays et qui y sont retournés de crainte des retombées de la crise financière dans le monde, une autre partie provenant de non résidents attirés par des rendements élevés et sûrs. Par ailleurs des montants importants ont été convertis du dollar vers la livre afin de bénéficier de la marge des taux d intérêt entre le dollar et la livre sur le marché de Beyrouth qui jouit en outre d une stabilité monétaire durable. Ainsi le total des dépôts s est accru de 5,7 milliards de dollars au cours du deuxième semestre 2008, provenant de la hausse des dépôts en livres de l équivalent de 5,4 milliards de dollars contre une hausse des dépôts en dollars de 312 millions de dollars seulement. Source: Banque du Liban Les dépôts bancaires sont concentrés dans la ville de Beyrouth et dans ses banlieues. La part de cette région a constitué, en effet, 67,2% du total des dépôts fin septembre 2008 (les dernières données disponibles), répartis sur 50,3% du nombre total des déposants, alors que 32,8% seulement du total des dépôts reviennent aux autres régions, répartis sur 49,7% du nombre total des déposants, ce qui indique une différence au niveau de la moyenne des dépôts entre la ville de Beyrouth et ses banlieues, d une part, et le reste des régions libanaises, d autre part. Le portefeuille des certificats de dépôts émis par les banques qui rentre dans les dépôts des banques, s élevait à 783 millions de dollars fin 2008 contre 853 millions de dollars fin 2007. En analysant les dépôts du secteur privé, résident et non résident, il apparaît que les dépôts en livres se sont accrus de 55,2% en 2008 contre une hausse plus faible de 5,6% en 2007. Quant aux dépôts en devises étrangères, ils se sont accrus de 4% seulement en 2008 contre une hausse de 12,5% en 2007. Ainsi le taux de dollarisation des dépôts du secteur privé (résident et non résident), a progressivement mais nettement reculé pour atteindre 69,6% à fin 2008 contre 77,3% à fin 2007. La baisse de la dollarisation ayant caractérisé l année 2008 sur le plan monétaire. Source: Banque du Liban 69

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 janvier 2009 de respecter le plafond de 4% pour les taux d intérêt créditeurs sur les nouveaux dépôts ou dépôts renouvelés en dollars qui sont égaux ou supérieurs à un million de dollars et pour toutes les échéances égale et inférieures à six mois. Le conseil a également souhaité d orienter progressivement ce plafond vers la baisse pour prendre en considération la baisse importante et généralisée des taux d intérêt internationaux qui atteignent actuellement entre 0,3 et 0,4%. Quant aux dépôts en livres libanaises, le conseil d administration a recommandé aux banques de ne pas dépasser le plafond de 7,5% pour les taux d intérêt créditeurs servis sur les dépôts égaux ou supérieurs à 500 millions de L.L. et qui sont à terme inférieur ou égal à six mois. Ce plafond devrait également baisser progressivement, entraîné par la baisse du rendement des Bons du Trésor à échéances d un à six mois ainsi que des certificats de dépôts émis par la BDL. Source: Banque du Liban D un autre côté et toujours à propos de la concentration, les 10 premières banques au Liban ont attiré près de 80,9% du total des dépôts des clients à fin 2007, et les cinq premières banques 59,5% environ. Source: Banque du Liban Evolution des taux d intérêt créditeurs Les taux d intérêt créditeurs sur les nouveaux dépôts ou dépôts renouvelés en livres libanaises ont baissé progressivement mais faiblement à partir du début de l année 2007 jusqu à la fin de l année 2008 variant en 2008 en tant que moyenne mensuelle entre un niveau minimal de 7,18% et un niveau maximal de 7,35% et atteignant 7,22% à fin décembre 2008. Quant aux taux créditeurs sur les nouveaux dépôts ou dépôts renouvelés en dollars, ils ont affichés une baisse continue et plus importante que la baisse enregistrée sur la livre, passant de 4,69% en décembre 2007 à 3,33% en décembre 2008. Ces taux ont suivi l évolution générale des taux d intérêt sur les marchés internationaux qui ont été entraînés vers le bas par les multiples baisses du taux de base du dollar effectuées par le Federal Reserve Bank depuis septembre 2007 et qui a reculé de 5,25% à une marge allant de zéro à 0,25% à fin 2008. Source: Banque du Liban Il est à noter que le conseil d administration de l ABL, a recommandé aux banques membres dans sa circulaire émise en 70

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 1-2 Fonds propres A fin 2008, les fonds propres des banques ont enregistré une hausse de 13,4% après la hausse de 8,3% enregistrée en 2007. La part des fonds propres dans le total bilan consolidé a atteint 7,5% fin 2008 et 28,4% du total des créances au secteur privé, alors que la moyenne des fonds propres dans le total Passif n avait pas dépassé 5% (avant la crise financière internationale) pour les cinq plus grandes banques américaines et internationales. confiance des investisseurs et des déposants, et également financer leur déploiement à l extérieur. Cette augmentation des fonds propres se fait par l élargissement de la base de leur actionnariat vers de nouveaux actionnaires à travers l émission d actions ordinaires et préférentielles et par l utilisation des profits pour le renforcement des fonds propres. Les banques ont eu également recours à l émission de récépissés de dépôts globaux (GDR) et d obligations subordonnées même si ces dernières restent faibles par rapport au total des fonds propres (4,9% à la fin de l année 2008). Par mesure de prudence la BDL a souhaité que les banques injectent la plus grande partie de leurs profits dans leur fonds propres, sachant toutefois que les banques libanaises ont déjà réinvesti durant les dernières années (un peu plus d une décennie) plus de 80% de leurs profits pour renforcer leurs fonds propres. 2- Emplois du secteur bancaire Source: Banque du Liban Par ailleurs, le ratio de solvabilité du secteur bancaire libanais, calculé conformément aux coefficients de pondération des risques de l accord de Bâle 1, a dépassé le taux de 18% en 2008 comparé à des taux allant de 11 à 12% en moyenne pour les grandes banques internationales et avant la crise financière internationale. Ce taux atteint par le secteur est élevé et dépasse de loin le taux requis par le Comité de Bâle 1 (8%) ainsi que celui requis par les autorités monétaires libanaises. En outre le taux de solvabilité du secteur bancaire libanais calculé selon les critères de Bâle II est de 12% environ, alors que le taux requis par le nouvel accord est toujours de 8% mais avec une approche différente des risques bancaires. Notons que, suite à l extension et au développement de la crise financière internationale, de nombreuses requêtes se sont élevées pour demander des procédures de contrôle plus sévères, la révision des exigences en fonds propres correspondantes aux produits structurés et à ceux du hors bilan, et le renforcement de l application des trois piliers de l accord de Bâle II. Les banques libanaises cherchent à consolider leurs capitaux et leurs provisions parallèlement à l expansion du volume et de la nature de leurs avoirs, notamment ceux affectés de coefficients de pondération élevés tels les crédits accordés au secteur privé, et ce, afin de répondre aux exigences de Bâle II, augmenter la Les banques commerciales opérant au Liban adoptent dans l emploi de leurs ressources une politique prudente en matière de prise de risque et suivent des règles sévères de contrôle, et répartissent leurs emplois selon les exigences de liquidité, de profitabilité, de diversification des risques et également en fonction des opportunités de placement rentables et des besoins en liquidités. Elles veillent dans la gestion de leurs ressources à assurer un niveau requis de liquidité en livres libanaises et en devises, afin de renforcer la confiance dans le secteur bancaire et lui permettre de faire face rapidement aux situations imprévisibles auxquelles le pays est souvent confronté. Cette politique prudente s est avérée judicieuse avec la situation d instabilité financière mondiale qui s est déclenchée soudainement et rapidement. En 2008 le taux de liquidité a accusé une légère baisse due à l augmentation des créances accordées au secteur privé. L élément à relever dans la nature des emplois des banques est leur grande exposition aux risques souverains ou risques pays, la part de leurs crédits au secteur public et dépôts auprès de la BDL représentant 54,3% du total des emplois à fin 2008 contre 50,0% à fin 2007. Les banques au Liban ont accru ainsi en 2008 leurs emplois souverains au moment où les plus grandes banques internationales comptaient sur leur gouvernement et leur banque centrale pour les renflouer en fonds et liquidités nécessaires pour assurer leur survie et éviter l effondrement. Par ailleurs les banques assurent aussi le financement nécessaire au secteur privé résident (particuliers et sociétés), les crédits octroyés à ce secteur ayant représenté près de 73% du PIB en 2008. Le tableau ci-dessous montre l évolution des principaux postes de l Actif des banques commerciales de par leur valeur absolue 71

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 et leur importance relative par rapport au total entre la fin 2006 et la fin 2008. Ainsi la part des avoirs liquides et des créances au secteur privé résident et des créances au secteur public s est accrue à fin 2008 par rapport à fin 2007 alors que la part des avoirs extérieurs dans le total a diminué avec la baisse notable du rendement de ces avoirs. Tableau n 2: Emplois du secteur bancaire en fin de période (En milliards de L.L. et en pourcentage)* 2006 2007 2008 Valeur % Valeur % Valeur % Réserves monétaires* 29338 26.2 29851 24.1 39113 27,5 Créances sur le secteur privé résident 23091 20.6 26762 21.6 31750 22,3 Créances sur le secteur public 31193 27.9 32423 26.1 38314 27,0 Avoirs extérieurs 24746 22.1 31220 25.2 28834 20,3 Immobilisations et actifs non classés 3596 3.2 3743 3.0 4078 2,9 Total 111964 100.0 123999 100,0 142090 100.0 Source: Banque du Liban * Billets monétaires et pièces métalliques en LL + dépôts auprès de la BDL 2-1 Crédits au secteur privé résident A la fin de l année 2008, les crédits bancaires accordés au secteur privé résident, qui restent soumis, comme nous l avons mentionné plus haut, à des normes sévères de contrôle, se sont élevés à 21062 millions de dollars environ, enregistrant ainsi une hausse significative de 18,6% en 2008, après avoir également enregistré une hausse importante de 15,9% en 2007. La hausse notable de ces crédits en 2007 et 2008 est attribuable principalement au financement des sociétés et hommes d affaires libanais dans leur expansion à l étranger ainsi qu au financement des secteurs économiques dynamiques à l intérieur du pays et aux particuliers résidents. Mais de manière générale la croissance du volume de ces crédits est liée à l activité économique existante ou prévue du pays, qui influe à son tour sur la demande de crédits ainsi que sur la politique de financement des banques. Le volume de ces crédits est également influencé par les niveaux des taux d intérêt ainsi que par les autres possibilités d emplois rentables pour les banques. En tenant compte des crédits accordés aux non résidents, le total des crédits au secteur privé se sont accrus de 22,6% en 2008 contre une hausse de 20% en 2007. Cependant un repli de ces taux de croissance est prévu pour 2009 avec les risques de ralentissement de l activité économique locale et régionale et de récession mondiale et leurs conséquences sur la baisse de la demande de crédits, du financement des opérations commerciales et du recul de l empressement des banques à octroyer des crédits avec l accroissement des risques de ces crédits. Il est à signaler, à cet égard, que ces crédits sont devenus nets des intérêts non réalisés sur les créances non performantes ainsi que sur les créances douteuses en vertu de la circulaire intermédiaire de la BDL n 138 du 24/5/2007 Source: Banque du Liban 72

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Par ailleurs, le taux de dollarisation des crédits octroyés au secteur privé résident reste élevé, atteignant 84,0 % à fin 2008 contre 84,3% à fin 2007 et 84,0% à fin 2006. Ce taux reflète le niveau élevé de dollarisation de l économie. Reste à souligner que le rapport crédits /dépôts en devises a augmenté à 40,1% à fin 2008 contre 33,9% à fin 2007, en raison de la hausse de l octroi de crédits d une part et de la stabilité relative des dépôts en devises d autre part. a- Crédits subventionnés et crédits bénéficiant de facilités et d exemptions au niveau de la réserve obligatoire Le gouvernement oeuvre dernièrement, en coordination et coopération avec la Banque du Liban, pour l adoption de mesures financières incitatives, qui viendront s ajouter aux autres mesures sociales et fiscales, afin de faire face aux éventuelles retombées néfastes indirectes de la crise sur le Liban, dont notamment le retour d une partie de la main d œuvre libanaise travaillant sur les marchés régionaux et internationaux. Parmi ces mesures, figurent celles visant à relancer les crédits surtout en livres libanaises, en les dotant de conditions favorables telles la bonification des intérêts des crédits pour les nouveaux projets et de nouvelles exemptions de la réserve obligatoire. Ces mesures vont ainsi accroître les crédits en livres avec le recul de la dollarisation des dépôts et favoriser la création d emplois et l aide au développement économique. Ces mesures viennent en outre s ajouter aux nombreuses autres mesures prises au cours de la période précédente afin d aider les secteurs productifs, soutenir les crédits au logement, et faciliter le mécanisme des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises qui sont garantis par la société «Kafalat», et ce, à travers la réduction du coût des crédits octroyés. Rappelons que les autorités monétaires et financières avaient pris après la fin de la guerre de juillet 2006, et en coordination avec les banques, de nombreuses mesures visant d une part à venir en aide aux propriétaires de logements et d établissements ayant subi des dommages directs ou indirects, et d autre part à préserver la qualité du portefeuille de créances des banques. Parmi ces mesures citons : la possibilité de rééchelonner les crédits garantis par la société «Kafalat» sur un ou deux ans supplémentaires, la prorogation d un an des crédits subventionnés, ainsi que les montages financiers établis par la BDL permettant de couvrir 60% du coût de remplacement des biens et immeubles endommagés par la guerre. Le tableau ci-dessous présente en détails l évolution des crédits subventionnés et ceux bénéficiant d exemption de la réserve obligatoire Tableau n 3: Les créances bonifiées et bénéficiant d exemption de la réserve obligatoire En fin de période, en milliards de L.L. 2006 2007 Sept 2008 1- Les créances bonifiées à moyen et long termes 2- Les créances bonifiées garanties par Kafalat 3- Les créances bonifiées accordées s/protocole signé avec la BEI 4- Les créances bonifiées accordées par les sociétés de leasing 5- Les créances bonifiées accordées par la IFC 6- Les créances bonifiées accordées pour le financement du working capital 7- Les créances bonifiées accordées par la AFD 1796 466 96 82 - - - 2005 598 118 98 - - - 2243 739 199 109 39 10 0,3 TOTAL (1+2+3+4+5+6+7) 2440 2819 3319 Les créances utilisées et bénéficiant d exemption des engagements soumis à la réserve obligatoire Les créances utilisées et bénéficiant d exemption de la réserve obligatoire 1080 1347 1284 1723 1385 2116 Source: Banque du Liban 73

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Source: Banque du Liban Source: Banque du Liban b- Nature et répartition des crédits Les statistiques relatives à la nature des crédits accordés par le secteur financier, montre que la plupart de ces crédits sont des crédits à découvert sans garanties (overdrafts). En fait, la part de ces crédits a constitué environ 35% du total des crédits utilisés à fin septembre 2008, suivi par les crédits immobiliers (22%). Les statistiques relatives à la répartition des crédits sur les secteurs économiques montrent que ces crédits continuent à se concentrer dans les secteurs du commerce et des services malgré la baisse de leur part à 41,0 % à la fin de l année 2008 en comparaison avec l année 2007. Elle montre de même la baisse de la part des prêts personnels à 18,3 % et celle de l industrie à 12,8 %. Par contre, les parts du secteur de la construction et du bâtiment (15,5 %) et de l intermédiation financière (7,4 %) ont augmenté, tandis que la part de l agriculture (1,0 %) reste quasiment stable et réduite. A noter que les crédits bancaires pour ce secteur, reflétant les crédits directs et non les crédits indirects liés aux coopératives et aux importateurs, ont augmenté de 17,7 % en 2008. Les crédits agricoles ne comportent pas les crédits octroyés pour le commerce en gros des produits agricoles, des animaux et des insecticides. Ne sont pas comptabilisés non plus les crédits octroyés au commerce en détail des équipements et machines agricoles. Les crédits agricoles comprennent les crédits bonifiés à moyen et à long termes, ceux bonifiés et garanties par Kafalat et ceux signés en vertu de protocoles avec la Banque européenne d investissement (BEI) et la Société financière internationale, et qui ont tous augmenté de 19 % durant les neuf premiers mois de l année 2008. Ce qui signifie que le réseau des banques au Liban dirige de manière efficace les mécanismes de financement bonifiés qu ils soient internes ou externes, non seulement pour le secteur agricole, mais aussi pour d autres secteurs productifs comme l industrie, le tourisme, la production artisanale et les techniques spécialisées. 74

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Tableau n 4: Répartition des crédits du secteur financier sur les secteurs économiques En fin de période Décembre 2006 Décembre 2007 Décembre 2008 Valeur (%) Valeur (%) Valeur (%) (milliards de L.L.) (milliards de L.L.) (milliards de L.L.) Commerce et services 12387 42,31 14952 43,04 17266 41,02 Construction et bâtiment 4317 14,75 4757 13,69 6502 15,45 Industrie 4058 13,86 4650 13,39 5403 12,84 Prêts personnels 5613 19,17 6770 19,49 7707 18,31 Intermédiation financière 1385 4,73 1870 5,38 3105 7,38 Agriculture 328 1,12 362 1,04 426 1,01 Autres secteurs 1187 4,06 1376 3,96 1683 4,0 Total 29275 100,00 34737 100,00 42092 100,00 Source: Banque du Liban En ce qui concerne la répartition de ces crédits sur les régions et les bénéficiaires, et en raison de la concentration de la population et de l activité économique à Beyrouth et ses banlieues, les crédits restent largement concentrés dans cette région et au profit de ses habitants : 82,7% de la valeur totale des crédits et 58,9% du nombre de bénéficiaires à fin septembre 2008. Source: Banque du Liban Source: Banque du Liban En ce qui concerne la répartition de ces crédits par tranches, les statistiques recueillies à fin septembre 2008 montrent que les crédits dépassant 1 milliard de L.L. représentent 76% de la valeur totale des crédits, répartis sur 2,1% seulement des bénéficiaires dont le nombre s élève à 4368 constitués de particuliers, de petites et moyennes entreprises et de grandes sociétés. 75

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Tableau n 5: Répartition des crédits selon la valeur et les bénéficiaires (En pourcentage fin septembre 2008) Selon la valeur Selon le nombre de bénéficiaires Moins de 5 millions de L.L. 0,04 3,39 5 25 millions de L.L. 3,68 53,80 25 100 millions de L.L. 7,58 31,25 100 500 millions de L.L. 8,26 8,26 500 1000 millions de L.L. 4,26 1,21 1000 5000 millions de L.L. 16,81 1,49 5000 10000 millions de L.L. 10,21 0,29 10000 millions de L.L. et plus 49,16 0,31 Total 100,00 100,00 Source: Banque du Liban Finalement, notons qu en matière de concentration, les dix premières banques ont monopolisé environ 78,9% de la valeur totale des crédits bancaires accordés au secteur privé en 2007, alors que la part des cinq premières banques a atteint 58,8% environ. c- Evolution des taux d intérêt débiteurs En 2008, les taux d intérêt sur les crédits nouveaux ou renouvelés en livres libanaises ont connu un léger recul par rapport à l année précédente au cours de laquelle ces taux avaient affiché une certaine stabilité. Ceci s explique par l évolution semblable des taux d intérêt sur les dépôts en livres libanaises. Le taux d intérêt débiteur moyen en livres libanaises a atteint 9,96% en 2008 contre 10,26% durant les deux années 2006 et 2007. Parallèlement à la baisse des taux d intérêt sur les dépôts en dollars sur le marché de Beyrouth, le taux d intérêt moyen sur les crédits nouveaux ou renouvelés en dollars, a poursuivi en 2008 la baisse commencée en 2007 mais à un rythme plus accentué pour atteindre en moyenne sur la période 7,48% en 2008 contre 8,32% en 2007. De son côté, l ABL recommande périodiquement aux banques membres, d adopter des taux d intérêt débiteurs «prime rate» sur la livre libanaise et le dollar, sur la base de l étude des taux d intérêt sur le marché de Beyrouth établie selon les composantes du coût dans le secteur bancaire, et allant de pair avec les changements prévalant sur le marché des dépôts en livres libanaises et en dollars sur ce marché. Dans la dernière circulaire publiée à cet égard le 14 janvier 2009, l Association a recommandé d adopter un taux d intérêt débiteur «prime rate» sur la livre libanaise de 10,00% et sur le dollar américain de 8,25%. Suite au souhait et encouragement de la Banque du Liban d établir un taux de référence des intérêts en dollar sur le marché de Beyrouth afin de l adopter à la place du Libor comme référence dans les contrats de prêts car ce dernier ne reflétait plus le coût des ressources en dollar sur le marché libanais, l Association a décidé de calculer un taux moyen débiteur de référence en dollar pour le marché de Beyrouth appelé Beirut Cost Rate BCR, qui comporte en plus du coût moyen des dépôts en dollar, le coût moyen d exploitation du secteur. Ce taux a été fixé à 5,56% et circularisé aux banques pour être adopté à partir du premier avril 2009. Ce taux va servir de base ultérieurement pour le calcul du Prime rate. 2-2 Crédits au secteur public Le secteur bancaire contribue de manière principale et depuis longtemps au financement d une partie importante des besoins du secteur public, même si le volume de ce financement varie d une période à l autre suivant différents facteurs notamment, les liquidités disponibles des banques et les besoins de financement du secteur public. A la fin 2008, les crédits bancaires accordés au secteur public ont atteint près de 38314 milliards de L.L. (soit l équivalent de 25,4 milliards de dollars) contre 32423 milliards de L.L. (soit l équivalent de 21,5 milliards de dollars) à la fin 2007. Ces crédits ont ainsi enregistré une hausse importante en 2008 de 18,2% parallèlement à la hausse importante des ressources bancaires en livres, en contrepartie d une faible hausse en 2007 76

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 de 3,9% seulement à cause des liquidités disponibles en livres plus réduites. Notons cependant que les banques avaient souscrit durant les deux mois d octobre et novembre 2007 à des bons du Trésor en livres libanaises de la catégorie de 60 mois en remplacement des certificats de dépôts en livres émis précédemment par la BDL dans le cadre de sa politique visant à diminuer sa part dans le financement de la dette publique. Le portefeuille des banques en bons du Trésor en livres s est accru pour atteindre 22607 milliards de L.L. à fin 2008 contre 15664 milliards de L.L. à fin 2007, alors que leur portefeuille en Eurobonds a baissé à l équivalent de 15608 milliards de L.L. venant de 16696 milliards de L.L. durant les deux mêmes périodes respectivement. Suite à ce qui précède, la part des crédits en livres libanaises dans l ensemble des crédits accordés au secteur public a augmenté de 48,5% à fin 2007 à 59,3% à fin 2008 alors que la part des crédits accordés en devises a baissé de 51,5% à 40,7% à la fin de ces deux mêmes années respectivement. 2-3 Avoirs extérieurs Les avoirs extérieurs représentent une partie essentielle des emplois des banques commerciales, et leur part dans le total actif des banques a atteint à fin 2008 20,3% contre 25,2% à fin 2007. Ces avoirs extérieurs composés en grande partie de dépôts auprès des banques non résidentes ont atteint 19127 millions de dollars à fin 2008 contre 20710 millions de dollars à fin 2007. Ainsi ces avoirs ont baissé de 7,6% en 2008 après avoir enregistré une hausse de 26,2% durant l année 2007. Les dépôts auprès des banques non résidentes, malgré leur rendement relativement bas, restent un pilier pour les banques dans la gestion de leur ressources, puisqu ils sont considérés comme un moyen essentiel de protection contre toute crise de confiance pouvant entraîner un retrait des dépôts en dehors du secteur bancaire comme ce fut le cas durant les deux années 2005-2006. De fait, ces avoirs liquides avaient joué alors un rôle important dans la limitation des opérations de retrait des dépôts puis leur retour progressif. Mais à la fin de l année 2008, ces dépôts ont reculé à 11390 millions de dollars contre 14553 millions de dollars à la fin 2007, enregistrant ainsi une baisse de 21,7%. Cette baisse en 2008 s explique par la baisse des taux d intérêt sur le dollar sur les marchés extérieurs et par le recours à d autres placements rentables en dollars exprimé par la hausse des créances en devises, alors qu en contrepartie les ressources en devises n ont que très légèrement haussé durant cette période. Alors que la forte hausse de 18,9% enregistrée par ces dépôts en 2007 avait été causée par une hausse importante des dépôts bancaires en devises, tandis que la BDL n avait pas eu besoin durant cette période d émettre de certificats de dépôts en dollars. Notons que les dépôts auprès des banques non résidentes, qui sont nets des engagements restent élevés, atteignant 7085 millions de dollars à fin 2008 et représentant 13,1% de l ensemble des dépôts en devises étrangères. Les autres avoirs extérieurs des banques ont augmenté de 7,9% en 2008 contre une hausse de 40,4% durant l année 2007. Ces avoirs constitués essentiellement par des emplois dans les banques sœurs ou affiliées (Egypte, Syrie, Jordanie, Soudan, Algérie, Turquie.) ont atteint 3759 millions de dollars à fin 2008 contre 3484 millions de dollars à fin 2007. Par ailleurs, les créances des banques au secteur privé non résident ont haussé jusqu à 3978 millions de dollars à fin 2008 contre 2673 millions de dollars à fin 2007, accusant une hausse de 48,9% en 2008 après avoir enregistré une hausse de 57,4% en 2007 due au financement par les banques de particuliers non résidents ou de projets à l extérieur appartenant à des non résidents. 2-4- Dépôts auprès de la Banque du Liban Les dépôts des banques commerciales auprès de la Banque du Liban, constituent également un des principaux emplois bancaires, et leur part dans le total actif des banques a atteint à fin 2008 27,3% contre 23,9% à fin 2007. Ces dépôts sont composés de dépôts à vue et à terme (dont les certificats de dépôt) en livres libanaises et en devises étrangères ainsi que des réserves et emplois obligatoires. A la fin de l année 2008, les dépôts des banques commerciales auprès de la Banque du Liban ont atteint 38790 milliards de L.L. contre 29589 milliards de L.L. à la fin 2007 enregistrant ainsi une hausse notable de 31,1% en 2008 contre une hausse de 1,6% seulement en 2007. Par ailleurs la part des dépôts en devises représente plus de 60% du total de ces dépôts. En 2008, l évolution de ces dépôts a été influencée, par les souscriptions des banques commerciales aux émissions de certificats de dépôts en livres libanaises et en dollars par la BDL, par la hausse importante des dépôts auprès des banques (surtout en livres ) et par suite du montant plus élevé des provisions ou de réserves obligatoires correspondantes à constituer, et finalement par la baisse notable des taux d intérêt servis sur les dépôts des banques auprès de leurs banques correspondantes à l étranger. 77

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 III LES BANQUES ET LA GESTION DES RISQUES 1- Les risques d asymétrie de maturité (Mismatch Risk) et les risques de taux d intérêt Les risques d asymétrie de maturité liés au portefeuille des crédits bancaires octroyés au secteur privé sont considérés faibles. Bien que les dépôts bancaires soient, dans leur majorité, à court terme, (plus de 75% sont à moins de trois mois d échéance), les crédits accordés au secteur privé sont pour la plupart de nature courante, et les taux d intérêt correspondants sont revus périodiquement. La situation est différente en ce qui concerne les crédits bancaires octroyés au secteur public qui représentent une partie importante des emplois des banques et qui engendrent un coût pour les banques en cas d augmentation des taux d intérêt sur la livre libanaise et le dollar (ce qui n est pas le cas actuellement), car ces crédits ont des échéances plus longues évaluées à environ 622 jours pour les bons du Trésor en livres libanaises à fin 2008, et près de 4,7 ans pour les Eurobonds émis hors Paris 2 et Paris 3. Notons toutefois que ces Eurobonds ne représentent que 16% du total actif des banques en devises étrangères et 100% de leurs fonds propres. Cependant, malgré le court terme des dépôts bancaires, la base de ces dépôts est restée en grande partie stable même durant les périodes très critiques, reflétant la fidélité du déposant et sa confiance dans sa banque, ce qui équivaut pour cette dernière à des dépôts placés à longue échéance. Durant les deux années 2007 et 2008, les taux d intérêt créditeurs sur la livre libanaise sont restés presque stables avec une légère tendance à la baisse, alors que les rendements sur les placements en livres se sont légèrement améliorés en 2007 avant de reculer en 2008 provoquant ainsi une légère hausse des marges des banques sur la livre libanaise durant ces deux années de 0,9% et 1,2%. Quant aux marges sur le dollar, elles se sont réduites en 2007 en raison de l augmentation des intérêts payés sur les dépôts en devises accompagnée par une légère baisse des rendements des placements en devises. Mais en 2008, les marges en dollar se sont stabilisées avec la baisse des rendements des emplois en devises accompagnée d une baisse à un rythme presque similaire des intérêts payés sur les dépôts en devises étrangères. 2- Risques de change (Exchange Rate Risk) Ces risques demeurent largement contrôlés grâce aux mesures prises précédemment par la BDL concernant les positions de change, et qui interdisent aux banques au Liban de prendre des positions de change autres que les positions opérationnelle et structurelle pour la protection du capital. Les positions de change ouvertes (Open Foreign Exchange position) ne peuvent pas dépasser 1% des fonds propres de base. De même, les banques sont autorisées à constituer un maximum de 60% des fonds propres de base en devises étrangères. Cependant il est nécessaire de signaler que les banques restent exposées aux risques indirects de détérioration du taux de change de la livre à cause de la détérioration possible de la qualité du portefeuille de crédits en devises accordés à des clients dont les revenus sont en livres libanaises, qu ils soient des particuliers ou des sociétés. Toutefois, les banques prennent pour ces crédits les garanties nécessaires et qui sont pour la plupart évaluées en devises. Par ailleurs, les banques restent exposées aux risques de taux de change dans leurs placements dans les Eurobonds libanais car la part des revenus en devises de l Etat dans l ensemble de ses revenus n est pas importante. Toutefois le risque de détérioration du taux de change de la livre libanaise n est nullement soulevé actuellement avec le calme prévalent sur le marché monétaire et à l ombre de la persistance du gouvernement et de la Banque centrale dans la politique de stabilisation du taux de change et surtout avec le niveau historique atteint par les réserves officielles en devises étrangères. 3- Risques de crédit Les banques travaillent à différents niveaux pour contenir les risques de crédits. Elles adoptent une politique prudente dans l octroi des crédits, réunissent des dossiers plus fournis en informations sur les clients et consolident le rôle de leurs unités de gestion des risques. Les banques exigent également les garanties nécessaires, constituent les provisions adéquates pour ces crédits, et révisent la classification de leurs crédits d une manière périodique conformément aux instructions des autorités monétaires et de contrôle. Elles consolident de même leurs fonds propres qui ont couvert 28,4 % des crédits au secteur privé résident et non résident à la fin de l année 2008. De même, la création du Bureau de renseignement sur les crédits Credit bureau, en collaboration avec la Société financière internationale IFC, et qui travaillera parallèlement à la Centrale des risques, pour compléter les informations de celle-ci en s intéressant aux catégories de consommateurs non couverts par elle ainsi qu à certains types d informations et d analyses qui ne font pas partie de ses compétences. Ce bureau pourra contribuer de manière efficace dans 78

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 l évaluation des risques de crédit du demandeur de prêt et dans l assainissement du portefeuille créances des banques. Notons à cet égard que les autorités monétaires et de contrôle avaient œuvré précédemment en vue d assainir les portefeuilles des banques, des créances non performantes (NPL) relatives à des établissements du secteur privé. La BDL avait permis également aux banques de soustraire les créances irrécouvrables entièrement provisionnées de leur bilan et les enregistrer dans le hors bilan. Ainsi, la qualité du portefeuille des crédits s est améliorée, et le ratio des créances non performantes (NPL) nettes des provisions et des intérêts non réalisés par rapport à l ensemble des créances nettes est estimé actuellement à près de 4 % contre des taux plus importants durant les années précédentes. De même, les provisions constituées par les banques couvrent pratiquement plus de 70 % de leurs créances douteuses. Mais les risques de crédit pourraient augmenter avec de nouvelles créances douteuses provoquées par le ralentissement économique prévu au Liban et dans la région, et après la hausse importante des crédits octroyés en 2007 et 2008 au secteur privé, ce qui nécessite la constitution de provisions supplémentaires et la non distribution des profits. De même, l exposition des banques aux risques souverains en 2008 a augmenté comme nous l avons mentionné plus haut. En effet, la part des crédits au secteur public et des dépôts auprès de la Banque du Liban a augmenté pour atteindre 54,3 % de l ensemble des emplois en 2008, alors qu elle avait reculé à 50% à la fin 2007 venant de 53,6% à la fin 2006. Il est à noter que les hausses enregistrées sont en livres libanaises, alors que les crédits au secteur public en devises ont baissé en valeur absolue et en proportion. 4- Risques de liquidité Le secteur bancaire libanais se distingue par des taux de liquidité élevés, selon tous les critères, ainsi les risques de liquidité sont bien maîtrisés. Le maintien d un seuil minimum de liquidité en livres mais surtout en devises étrangères constitue la stratégie adoptée par les banques depuis plusieurs années. Cette stratégie vise principalement à la sauvegarde et au renforcement de la confiance dans le secteur bancaire, et à la flexibilité face à des situations critiques soudaines. L importance du maintien d une liquidité élevée est apparue lors des développements survenus en 2005 et 2006 et dernièrement au cœur de la crise financière internationale, car la liquidité élevée en devises des banques leur a permis de préserver la confiance des déposants dans le secteur bancaire, de limiter les transferts à l étranger et de maîtriser la stabilité monétaire. Le ratio de liquidité globale en livres libanaises et en devises, soit les réserves, le portefeuille des bons du Trésor en livres libanaises et en devises sur moins d un an et les avoirs extérieurs sans les crédits au secteur privé non résident, a atteint environ 57% du total des dépôts et des autres engagements fin 2008. 5- Risques de solvabilité Le secteur bancaire libanais se caractérise par un taux de solvabilité élevé selon les critères de Bâle et selon les meilleurs critères adoptés dans l industrie bancaire mondiale. Suivant les données des autorités monétaires et de contrôle, le taux de solvabilité du secteur a atteint 18% en 2008 selon l accord de Bâle 1 et environ 12% selon les critères de l accord de Bâle 2, dépassant ainsi largement le taux requis par le Comité de Bâle et qui est de 8%. Notons que le calcul du taux de solvabilité selon les critères de Bâle 2, s effectue par une pondération des risques des placements bancaires en devises auprès de l Etat et de la BDL qui soit conforme à la notation des risques souverains au Liban, soit le coefficient de pondération des risques 100% (au lieu de 20% et 0%). Soulignons que les banques au Liban entreprennent depuis des années les préparations nécessaires pour appliquer l accord de Bâle 2 à tous les niveaux, principalement : l augmentation des fonds propres à travers l émission d actions ordinaires et préférentielles et la mise en réserve d une partie des profits, l amélioration de la gestion de tous les risques bancaires (risques de crédits, risques du marché et risques opérationnels), la consolidation de leur contrôle interne, le renforcement du rôle des unités d audit, l amélioration des principes et méthodes d administration et de gestion, l augmentation de la transparence par une meilleure communication des états financiers des banques, ainsi que d autres mesures rentrant dans le cadre de Bâle 2. 79

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 IV- PERFORMANCES DU SECTEUR BANCAIRE Le secteur bancaire a enregistré une bonne performance en 2008 malgré la crise financière et économique mondiale survenue au dernier trimestre de l année. Les profits des banques ont augmenté en 2008 de plus de 27 % en comparaison avec les résultats de l année 2007 dépassant le milliard de dollars (chiffre non encore définitif) et le ratio du rendement net sur la moyenne des actifs a atteint 1,17% environ et celui du rendement sur la moyenne des droits des actionnaires près de 15,58%. Cette augmentation est due aux facteurs prix et volume combinés, car le bilan consolidé des banques a augmenté et la marge nette globale a augmenté en même temps. Cependant le développement positif dans les marges d intérêt pourrait s inverser en 2009, surtout avec la chute des taux d intérêt au niveau international dans le cadre des différents plans de relance du crédit, qui pourrait entraîner la baisse des rendements des placements liquides des banques libanaises à l étranger. De même, la baisse des bénéfices en 2009 serait liée à certaines pertes dans les actifs détenus avec la baisse des prix, l augmentation des risques de crédits, l augmentation des provisions et la baisse des commissions et des rendements sur un certain nombre de services bancaires. Les chiffres publiés d un échantillon représentatif de banques libanaises de grand volume et dont le total actif représente près de 82 % du total actif du secteur, montrent que l augmentation des profits net en 2008 a atteint 33 % en raison de la hausse des marges d intérêt de plus de 30 % et de l augmentation des commissions et des autres revenus de plus de 20 %, en contrepartie d une hausse de près de 25 % des charges générales d exploitation ainsi que des provisions nettes qui se sont également accrues après une baisse importante en 2007. Et l impôt sur les profits a lui aussi augmenté. Ceci constitue une preuve supplémentaire que les performances du secteur bancaire libanais n ont pas été affectées par la crise financière mondiale, qui s est répercutée négativement sur les bénéfices des établissements financiers à l étranger ainsi que sur leur développement. Les données disponibles montrent de même un certain recul du ratio coût/ revenu. Les bénéfices nets des banques au Liban (après déduction de l impôt sur les profits) ont augmenté selon les données publiées par la BDL, de 27% durant chacune des années 2006 et 2007. En 2007 ces bénéfices nets ont atteint 1281 milliards de L.L. (soit 850 millions de dollars) contre 1007 milliards (ou 668 millions de dollars) en 2006. La cause principale de la hausse des profits en 2007 revient à la hausse des intérêts nets reçus, des commissions nettes perçues et autres recettes. Le rendement sur la moyenne des actifs après l impôt a augmenté de 0,89% en 2006 à 1,04% en 2007, et le rendement sur la moyenne des fonds propres est passé de 12,46% à 13,42% respectivement durant les deux années mentionnées, sachant que ce rendement est supérieur pour les grandes banques. La comparaison des deux indices du rendement sur la moyenne des actifs avant l impôt (ROA) et celui du rendement sur la moyenne des droits des actionnaires avant l impôt (ROE) entre le Liban, d une part, et les 100 premières banques arabes ainsi que les 100 premières banques mondiales, d autre part, montre que les indices de profitabilité des banques libanaises restent, malgré leur amélioration, notamment au niveau du rendement sur la moyenne des droits des actionnaires (ROE), inférieurs aux indices des 100 premières banques tant arabes que mondiales durant la période étudiée. Cependant la chute en 2008 de grandes banques internationales qui ont subi de grosses pertes et vu fondre leurs capitaux propres, a montré que cette comparaison n était plus valable pour prouver la solidité d un établissement bancaire et sa viabilité ainsi que sa capacité à s accroître et à attirer les nouveaux investisseurs sans que d autres critères liés aux risques du bilan et du hors bilan ne soient eux aussi contrôlés Tableau n 6: Rendement avant l impôt sur la moyenne des actifs (ROA) et sur la moyenne des droits des actionnaires (ROE) ROA ROE 2007 2008 2007 2008 Secteur bancaire libanais 1,04% 1,17% 13,42% 15,58% (non définitif) (non définitif) Banques arabes: les cents premières 2,61% 24,1% Banques internationales: les cents premières 1,08% 27,3% 80

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Le ratio coût/revenu (cost-to-income), mesuré par le rapport entre les frais de personnel et autres frais généraux d investissement sur le produit financier net, a baissé de 58,5% en 2006 à 55,2% en 2007. Il est à noter que les dépenses bancaires vont, en partie, à l ouverture de nouvelles branches ainsi qu aux investissements dans les technologies de l information, la vente et la commercialisation. Le tableau ci-dessous détaille l évolution des revenus et leur répartition. Le total recettes des banques a augmenté de 8466 milliards de L.L. en 2006 à 9385 milliards en 2007, soit une hausse de 10,9%. Cette hausse est due principalement à la hausse des intérêts perçus qui constituent 90% du total recettes notamment celles perçues sur les comptes débiteurs clientèle et sur les bons du Trésor et également celles sur les comptes des banques. Tableau n 7: Répartition des recettes (en milliards de L.L.) Variation % 2006 2007 2007/2006 Intérêts perçus 7692 8378 +8,9 Dont: sur les comptes des banques 3203 3464 +8,1 sur les comptes débiteurs 1758 2013 +14,5 sur les bons du Trésor 2414 2604 +7,9 Commissions nettes perçues 417 527 +26,4 Autres recettes nettes perçues 357 479 +34,2 Recettes totales 8466 9385 +10,9 Source: Banque du Liban Les commissions nettes et autres revenus nets ont haussé de 774 milliards de L.L. en 2006 à 1006 milliards en 2007, soit dans une proportion de 30%. Toutefois, les banques accordent une très grande importance à la diversification de leurs services, dont les opérations bancaires de détail et les services des marchés de capitaux, ainsi que les services de conseil qui leur rapportent des commissions. La part des commissions nettes et autres revenus ont haussé de 26,2% du produit financier net en 2006 (9,1% du total recettes) à 30,3% en 2007 (10,7% du total recettes). Le tableau ci-dessous détaille l évolution des dépenses et leur répartition. Les dépenses ont augmenté de 7459 milliards de L.L. en 2006 à 8103 milliards en 2007, ce qui représente une hausse de 8,6% due principalement à la hausse des intérêts payés sur les comptes créditeurs. 81

QUATRIEME PARTIE ACTIVITÉ ET PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS Durant l année 2008 Tableau n 8: Répartition des dépenses (En milliards de L.L.) Variation % 2006 2007 2007/2006 Intérêts payés 5357 5965 +11,3 Provisions nettes 165 71-57,0 Charges administratives et générales 1501 1622 +8,1 Dont: coût des employés 850 933 +9,8 Autres charges d exploitation 225 214-4,9 Impôt sur les bénéfices 211 231 +9,5 Dépenses totales 7459 8103 +8,6 Recettes totales 7459 8103 +8,6 Source: Banque du Liban Les provisions nettes pour créances irrécouvrables et investissements bancaires ont baissé de 165 milliards de L.L. en 2006 à 71 milliards en 2007, les banques n ayant plus besoin de constituer des provisions supplémentaires avec l amélioration de la qualité de leur portefeuille créances. Les charges d exploitation, administratives et générales, ont augmenté de près de 121 milliards de L.L. soit à un taux de croissance de 8,1%. Cette hausse est due principalement à la hausse des frais de personnel dans une proportion de 9,6% causée en grande partie par l accroissement du nombre des employés dans le secteur bancaire de 16538 en 2006 à 17664 en 2007. Notons que les frais de personnel ont constitué près de 57% de ces charges d exploitation durant chacune des années 2006 et 2007. Quant aux autres charges d exploitation, elles sont assumées par les banques pour couvrir les opérations de modernisation et de développement requises afin de rester en harmonie avec l évolution de l activité bancaire mondiale. Par ailleurs, la valeur de l impôt sur les bénéfices a augmenté de 20 milliards de L.L. pour atteindre 231 milliards de L.L. avec un taux de croissance de 9,5%. 82